Dans l’épisode 73, Réplika, Jérémie comprend que les répliques de Lyoko créées par Xana ne peuvent exister que parce qu’elles sont gérées par des Supercalculateurs répartis dans le monde entier, et contrôlés par Xana. Conscient que ces Supercalculateurs ne sont probablement pas équipés de scanners, Jérémie décide de mettre au point un programme permettant d’envoyer ses amis dans le monde réel à partir d’un Réplika, à proximité de son Supercalculateur, dans le but de détruire ces ordinateurs, et, à terme, de vaincre Xana.
I-Fonctionnement
Ce n’est que dans l’épisode 78, Expérience, qu’il y parvient. Le programme, nommé « Translation » par son concepteur, semble inspiré de la méthode employée par Xana depuis la saison 1 pour attaquer sur Terre. L’opération se déroule de la manière suivante.
Le Skidbladnir piloté par Aelita atteint un Réplika et l’infiltre. Arrivé sur le Territoire de Lyoko reproduit, il doit être « branché » ou « arrimé » à une tour pour que Jérémie puisse y avoir accès, le Skidbladnir servant de relais au Supercalculateur. Connecté à cette tour de Réplika, Jérémie l’active ; et, une fois la tour activée, il envoie un ou plusieurs spectres à proximité du Supercalculateur gérant le Réplika (dans un rayon d’environ cent mètres, manifestement). Ces spectres, contrairement à ceux que nous avons l’occasion de voir habituellement dans la série, ne contiennent pas d’instructions pour une tache précise, mais les données numériques (visiblement converties en signaux électriques), des Lyokoguerriers ainsi translatés, et prennent l’apparence que ceux-ci ont sur Lyoko. En résumé, les Lyokoguerriers sont envoyés sur Terre sous forme de spectres polymorphes. Cela implique deux choses. Premièrement, les seules données envoyées dans le spectre sont celles des héros sur Lyoko, et en aucun cas celles des scanners : les épisodes comme Code Terre ou Expérience nous apprennent de manière tacite que lors de la virtualisation, les données se trouvent à deux « endroits ». Il y a celles des scanners, exploitées lors de la rematérialisation, qui contiennent la composition et la structure exacte du corps passé au scanner, et celles qui se retrouvent « dans » le jeu vidéo qu’est Lyoko, et qui contiennent à la fois les informations sur les Avatars, pouvoirs et armes, et celles de l’ « esprit », faute d’un meilleur terme, des héros. Comme seules ces données-là sont exploitées pour la translation, les héros ont, pendant la translation, leur apparence de Lyoko.
II-Intérêt
L’intérêt premier de la translation, on l’a dit, est la raison pour laquelle Jérémie a élaboré le programme : aller sur Terre depuis le Réseau pour détruire les Supercalculateurs ; toutefois, toujours dans ce but, la translation présente de multiples avantages : lorsqu’un Lyokoguerrier est translaté, il a non seulement la force et la rapidité d’un spectre polymorphe classique, mais il possède en plus les armes que le Supercalculateur lui a données sur Lyoko : en effet, les données envoyées aux spectres comprennent également celles des armes, que ce soient les fléchettes de Odd, ou les sabres d’Ulrich. Par ailleurs, les translatés gardent, pendant leur mission sur Terre, contact avec Jérémie, qui, en les localisant, peut également localiser la zone où ils se trouvent, généralement bien gardée, et en obtenir une carte, afin de guider ses amis dans le labyrinthe que représentent généralement ces bases et laboratoires secrets investis par Xana.
Il arrive également que lors de ces missions, les Lyokoguerriers soient attaqués par des Xanatifiés (ou des spectres polymorphes, on ne sait pas trop), des robots, ou des monstres de Xana ; auquel cas leurs armes leur sont pour le moins utiles.
III-Limites
Toutefois, la translation est limitée par plusieurs facteurs. On imagine bien que, dans le cas contraire, ce serait trop facile. Premièrement, la Translation est limitée dans le temps : dans l’épisode 78, nous apprenons que les Lyokoguerriers n’ont qu’un quart d’heure environ pour détruire le Supercalculateur de la base en Amazonie, temps que Jérémie a manifestement pu rallonger, mais probablement pas à l’infini. On peut supposer que cela est dû à la « fragilité » de ces spectres, due elle-même à leur complexité dont il est imaginable qu’elle les rend un peu instables (comme les éléments chimiques qui ont un nombre de nucléons trop important, et qui sont, de fait, dits radioactifs), contrairement à ceux envoyés par Xana, habituellement. Toujours pour cette question de stabilité, comme sur Lyoko, lorsqu’ils sont touchés violemment un certain nombre de fois, ils sont détranslatés automatiquement. Il en va de même lorsque la tour activée par Jérémie est désactivée (ou plutôt activée au compte de Xana) par William qui y entre le Code Xana comme Aelita entre le Code Lyoko. Cela ne déconnecte pas le Skidbladnir de la tour, mais la tour ne servant plus à gérer les translatés, ceux-ci sont détranslatés. Dans ces deux cas, les ex-translatés se retrouvent dans le Skidbladnir, parfois sonnés, parfois pour longtemps (probablement pour les mêmes raisons que lors de la sortie du Scanner, mais cela se manifeste d’une manière différente, puisque l’on passe du monde réel à un environnement virtuel).
Cependant, il est autrement plus gênant que le Skidbladnir soit détruit : dans ce cas-là, les Lyokoguerriers translatés disparaissent sans doute pûrement et simplement, quant à ceux qui ne sont pas dans le sous marin et se battent sur le Réplika pour le protéger, la dévirtualisation leur coûterait la vie, faute de relais entre le Réplika et le Supercalculateur. C’est pourquoi seuls deux Lyokoguerriers à la fois sont translatés, les deux autres étant généralement occupés à empêcher les monstres de détruire le Skidbladnir, et William d’entrer dans la tour. Aelita essaie également de désactiver celle activée par Xana pour semer des obstacles sur le chemin des translatés à proximité du Supercalculateur.
On pourrait se demander également pourquoi lors d’une détranslation, les Lyokoguerriers se retrouvent dans le sous marin et non dans les scanners : en réalité, c’est comme pour les autres spectres. Les données sont envoyées par Xana dans les tours, et sortent dans le monde réel sous forme d’ondes, ou de signaux électriques. La différence, pour la translation, c’est que les données sont dans le Skidbladnir, connecté à la tour. Pourquoi les avatars disparaissent-ils ? Hé bien, parce qu’il n’y en a plus besoin à ce moment-là. Et si les données cessent d’être transmises en permanence, l’Avatar réapparaît, les données des Lyokoguerriers stockées dans le Skidbladnir repassant dedans.
Annexe 1 : Remarques
1-Sensations fortes
La première chose à noter en annexe de cet article sur la translation est que, dès l’épisode 78, Expérience, on remarque, comme de juste, que, du fait que les héros se retrouvent sur Terre, même dans leurs costumes de Lyokoguerriers, ils ont des sensations : on voit, dans Expérience, Odd se plaindre de la douleur provoquée par le renvoi de ses fléchettes, et, dans l’épisode suivant, ses cheveux se décoiffer et l’état de sa tenue changée lorsque survient l’explosion du générateur. On peut donc imaginer que la translation est, particulièrement pour Odd, qui a huit doigts, une queue, et des oreilles, quelque chose de pénible, et qu’il n’y a que leur nature de spectres boostés qui leur confère la résistance qu’ils ont ; toutefois, on peut comprendre qu’à la détranslation, ils puissent être dans un état de fatigue conséquent, qui le rend immobiles sur Lyoko (doit-on en conclure que c’est ce qu’il pourrait se passer si quelqu’un était virtualisé deux fois d’affilée ? Ou la chose serait-elle pire encore, mais dans la même idée ? Dans tous les cas, c’est dangereux, on le sait.)
2-Xana et la translation
Depuis l’épisode 83, Superstition, Xana utilise lui aussi la translation, pour envoyer des Kankrelats contre les héros. On peut s’interroger sur la raison pour laquelle il ne l’a pas fait avant, ne serait-ce que pour les envoyer contre les héros non translatés, sur Terre. Deux hypothèses : soit il n’en a pas vu l’utilité, sachant que le Supercalculateur est équipé de scanners, soit c’est Jérémie qui lui en a donné l’idée et, peut-être, les moyens. Ce n’est pas parce que Xana est un programme qu’il sait tout faire. Il apprend, et peut-être que non seulement, il n’avait jamais envisagé que l’on fasse ça, mais qu’en plus, il n’aurait pas su le faire sans que Jérémie lui en donne les moyens. Jérémie jouerait donc un jeu dangereux, et l’ « ironie bien symbolique » dont j’aurai l’occasion de reparler plus bas pourrait bien donner à Xana les idées qu’il faut pour mettre les héros en fâcheuse posture !
3-Aspect des Lyokoguerriers translatés
Comme vu plus haut, les Lyokoguerriers translatés ont la même apparence que sur Lyoko… A peu de choses près : premièrement, on peut constater quelques différences graphiques (couleur du bandeau d’Ulrich, maquillage de Yumi, Oreilles d’Aelita, absence du logo de Kiwi sur le torse de Odd) ; qu’il est raisonnable d’attribuer à une fantaisie des dessinateurs, mais qu’on peut interpréter scénaristiquement par une évolution spontanée des avatars à l’occasion de la translation, une « propriété émergente », qui se traduit par un phénomène peu significatif.
Deuxièmement, les dessinateurs n’ont de cesse de nous rappeler que les Spectres sont d’originie électrique : lorsqu’un Lyokoguerrier est touché, il « bugge » : il devient flou et semble se dissiper, et vibrer comme si l’image plantait ; et, surtout, comme si le spectre tentait tant bien que mal de garder sa cohésion, tâche à laquelle, on l’a vu plus haut, il ne réussit pas à long terme. De plus, les armes et pouvoirs des héros sont retranscrits sur Terre « comme possible » : les flèches laser de Odd ont, à l’instar des champs de force d’Aelita, un aspect très électrique, contrairement à l’aspect qu’elles ont sur Lyoko. Quant aux sabres et éventails, étant donné que ce sont des objets « permanents », ils ont la même apparence que sur Lyoko. Ces modifications graphiques traduisent l’idée pas toujours évidente dans les autres saisons que les spectres sont bien électriques ; et que, par conséquent, le terme de « spectre » est un abus de langage, faute d’un meilleur mot (sauf dans le sens électromagnétique du terme, auquel cas le terme est plus juste).
4-Pouvoirs ?
Ces considérations nous amènent tout droit au dernier point de cette première annexe : les pouvoirs : nous avons vu les armes des héros sur Terre, mais jamais ils ne se sont servis de leur pouvoir, hormis Aelita (nous y reviendrons). Comment l’expliquer ? Hé bien tout simplement par le fait que la reproduction sur Terre de ces pouvoirs n’est pas possible. La télékinésie plus que les autres, d’ailleurs. Si le Triplicata ou le don de création apparaissent assez fantaisistes, la télékinésie est carrément impossible, à moins de comparer l’effet de ce pouvoir à celui d’un aimant, de toute façon, nettement moins précis. Le don de création, encore, il ne serait pas inadmissible qu’Aelita crée des extensions de son propre spectre pour former des objets, mais cela s’éloigne trop du pouvoir de base. Quant au triplicata, difficile, n’est-ce pas ?
En revanche, Aelita a un pouvoir dit « numérique ». Explicable. Mais il y a, là encore, plusieurs hypothèses. La plus plausible étant celle qui fait intervenir la symbolique du don de création. Dans la saison 1, Aelita a développé ce pouvoir en tant que programme luttant contre Xana. Aussi est-elle à même d’interagir avec Lyoko, et de créer des reliefs sur Lyoko (donc de les programmer) de l’intérieur. Sur Terre, ce pouvoir qui a perduré même après la perte de statut de « programme » se traduit par une possibilité d’interaction avec ce qui est informatique, d’où le « pouvoir numérique ». On pourrait également penser que c’est une propriété émergente du spectre de translation (oui, dans Code Lyoko, on aime ce terme), mais alors on pourrait se demander comment Aelita a fait pour deviner qu’elle pouvait le faire. Le plus plausible est donc de penser que ce « pouvoir » est lié à la réelle nature du don de création, qui n’est pas la même que celle des pouvoirs des autres Lyokoguerriers.
Annexe 2 : Une ironie bien Symbolique
On se souvient tous de ces trois images : une tour verte à laquelle le Skidbladnir est arrimé, des spectres envoyés sur Terre pour faire des dégâts, et un William sous le contrôle de Xana qui désactive la tour en y entrant, au deuxième étage, le Code Xana sur un remix du thème musical d’Aelita dans la tour. Curieux renversement de situation, n’est-ce pas ?
Pendant trois saisons, c’était l’inverse. Xana activait une tour, envoyait un spectre sur Terre, et le Code Lyoko était entré dans la tour activée par Aelita. Dans le cadre de la translation, c’est Jérémie qui attaque Xana, en activant une tour, et en envoyant ses amis sous forme de spectres l’attaquer. Il y a là deux points à soulever.
Premièrement, le caractère bien particulier de la saison 4, qui est en partie un caractère offensif : les héros sont eux-mêmes dans un état d’esprit dû à une situation moins stagnante que dans les saisons 2 et 3 qui se caractérisaient par soit l’absence d’un but, soit un but trop abstrait pour empêcher une certaine lassitude, qui, du fait de son but concret, n’existait pas dans la saison 1. Dans la saison 4, le tout est de ramener William, et de battre Xana. Pour cela, il a fallu voyager, et, à terme, attaquer. Le but est concret, et cela se voit dans l’état d’esprit des héros.
Deuxièmement, comment interpréter ce renversement occasionnel de la situation générale ? Je pense que c’est un moyen scénaristique de montrer au spectateur que si les héros vont vaincre Xana, c’est parce que l’expérience qu’ils ont vécu leur a appris des choses, et les a poussé à évoluer, eux aussi. La translation est un moyen pour les héros de dire à Xana « Maintenant, nous sommes aussi forts que toi », même si ce n’est pas tout à fait vrai. Dans toute série, il y a ce type de parcours initiatique lorsque les héros sont des humains, et à fortiori, jeunes. Ce parcours initiatique, en plus de symboliser en quelque sorte le passage à l’âge adulte, met en valeur des notions dont on comprend, dans la situation de la saison 4, qu’il était obligatoire pour les héros d’acquérir, afin de devenir plus forts, et, plus précisément, assez pour vaincre Xana.
L'anonyme (écrit le 5 octobre 2007) pour www.codelyoko.net
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