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Histoire : Code Utopia


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Écrite par LighThundeR le 02 août 2010 (11082 mots)

Je vous présente ma nouvelle fanfiction. Il s’agit cette fois-ci d’un projet on ne peut plus sérieux auquel je tiens beaucoup et sur lequel je fournis pas mal de travail : les chapitres sont notamment bourrés d’anecdotes et de clins d’œil aux univers que je côtoie, principalement au niveau de la musique. Je pense qu’après l’avoir terminé je rédigerai un chapitre dédié à ces anecdotes pour les partager avec vous.
Mais retournons à nous moutons : cette fanfiction se déroule dans un futur assez conséquent par rapport la série, je dirais au minimum 10 ans après. Elle met en scène de nouveaux personnages et de nouveaux lieux : en bref, pratiquement aucun élément commun avec la série, du moins pour l’instant, mais rassurez-vous, ça va venir, sinon ce ne serait pas une fic de Code Lyoko.
Je pense avoir fait le tour de ce que j’avais à dire, donc je vous laisse le soin de lire ce premier chapitre et de me donner votre avis, qu’il soit bon ou mauvais (bon, je préfère les bons, mais faut savoir se satisfaire de tout dans la vie).
Bonne lecture !

Chapitre 1 : Amorce

J’avance lentement à bord de mon véhicule. Je me dirige lentement mais sûrement vers l’Utopia en face de moi. Les commandes de mon vaisseau ne répondent plus : je suis comme attiré vers cet univers virtuel pour une raison qui m’échappe. J’entends une voix qui murmure à mon oreille :
"Tony..."
Comment a-t-elle fait pour connaître mon nom ? Je m’étais pourtant bien arrangé à ce que personne ne la devine !
"Tony..."
Cette voix se renforçait à mesure que je me rapprochais de cet étrange univers... J’étais maintenant devant le sas d’ouverture.
"Tony...!"
Le sas s’ouvre je rentre dans l’ouverture...

"Tony !"

Je me réveillais en sursaut. J’étais accoudé à la table, dont l’utilité première est, normalement, de servir d’appui pour noter les cours que l’on suivait. J’avais dû m’assoupir, d’où cet étrange rêve. Je tournais mon regard sur la droite et vis Elias me dévisager d’un air sévère :

"Les cours, c’est pas fait pour dormir, Tony !" Me chuchota-t-il.
"Je sais, mais je ne dors pas très bien ces derniers temps...
- Je sais pas ce que tu fais la nuit, mais ça a l’air de beaucoup te fatiguer..." Répondit-il en affichant un sourire moqueur.

Je voulus lui répondre quand j’entendis :

"Tony Portimo !"

Mon voisin et moi-même nous tournâmes vers le professeur qui faisait l’appel.

"Présent ! Répondis-je machinalement."

Il le nota sur son cahier et passa au nom suivant. Je soupirais de soulagement : Elias m’avait réveillé juste à temps, sinon j’aurais pris un sacré sermon...

"T’es quand même fort", me dit-il. "Ça ne fait même pas 5 minutes qu’on est rentrés en cours et tu t’es endormi.
- Oh arrête, j’ai l’impression d’entendre le prof, toujours à nous engueuler dès qu’on fait la moindre connerie...
- En même temps il a pas tort, je te rappelle qu’on passe le bac dans 3 mois...
- Comme si j’avais oublié..."

Ah, ce baccalauréat. Un passage indispensable pour mon avenir mais une vraie plaie dans mon emploi du temps actuel. À mon avis mes parents vont me séquestrer à la maison un mois avant pour être sûr que je révise. Je serai obligé d’éteindre mon profil pendant un moment... J’espère que ça n’empêchera pas l’Équipe d’agir.

Sortant de mes pensées, je me mis à écouter le cours de mathématiques auquel j’assistais. Il était d’un ennui mortel mais je réussis à ne pas m’assoupir une seconde fois. C’était avec un soupir discret que j’accompagnais la sonnerie salvatrice, puis je rangeai rapidement mes affaires pour sortir dans les premiers. Je me retrouvais ainsi dans la cour de l’établissement assez vite, ce qui me permit de me mettre sur le chemin du retour en un temps record. J’arrivais chez moi 10 minutes après être parti de l’école.

Quand je pénétrais dans la maison, mes parents n’étaient toujours pas rentrés de leur travail. J’allais tranquillement dans ma chambre pour poser le sac sur mon lit avant de m’allonger moi-même dessus. J’y restais à réfléchir pendant quelques secondes à des questions qui étaient sans importance maintenant mais qui risquaient d’en prendre d’ici quelques jours : l’histoire du travail le soir tiendrait-elle encore longtemps ? Normalement oui, ils ne venaient jamais sur le lieu que je leur avais dit vu qu’ils finissaient toujours de travailler à des heures pas possibles et n’avaient jamais envie de sortir le soir. De plus, ils ne connaissent pas mon "patron" donc ne peuvent pas l’appeler. Serais-je vraiment obligé de prendre congé pendant une période indéterminée à cause du baccalauréat ? J’ai bien peur que oui, donc il faudra que je prenne des dispositions le plus rapidement possible... C’est sur cette pensée que je décidai de faire mes devoirs maintenant : je n’aurai pas le temps de les faire plus tard, et j’aimerais quand même bien l’avoir, ce bac.

En me relevant, je me retrouvais nez-à-nez avec le miroir fixé à mon armoire. Je me voyais comme j’étais maintenant : pas très grand, les cheveux châtains, ondulés et descendant jusqu’à mes épaules, assortis à mes yeux noisette. Je portais un pantalon gris, large et parsemé de poches ainsi qu’un T-shirt noir uni pour aller avec. Je souris en faisant ce portrait : je me métamorphosais parfaitement.

Je travaillais jusqu’à ce que j’entendis la porte d’entrée de la maison s’ouvrir puis se fermer. Je me dirigeais vers la porte d’entrée et découvris mes parents, qui rentraient dans la maison. Ma mère leva les yeux vers moi, et déclarant en souriant :
"Coucou ! Ça a été au lycée aujourd’hui ?
- Oui, comme toujours !" Lui répondis-je en souriant à mon tour.
Je passais la soirée dans la bonne entente familiale : j’ai discuté avec mes parents d’un peu de tout, comme leur boulot, le lycée, comment tout ça se passait, et tous les autres petits trucs sans importances qui pimentent généralement les discussions. Le repas s’est déroulé dans la même ambiance, et après celui-ci je restais enfermé dans ma chambre le reste de la soirée que je passais à la maison pour continuer mes devoirs, aller sur internet, enfin vivre la vie riche et intéressante d’un adolescent.

Je surfais calmement sur les différents sites et forums sur lesquels j’étais inscrit quand je sentis mon téléphone vibrer, mais pas mon téléphone "social" : il s’agissait de mon téléphone "professionnel". Je pris le téléphone, vérifiai que la porte de ma chambre était bien fermée et décrocha :

"Allô ?
- Caleb ?" Demanda la voix au téléphone.
" Lui-même. Il y a un problème ?
- Oui, tu es en retard. On avait convenu de commencer deux heures plus tôt, à cause de la nouvelle. T’as oublié ?
- Pour être franc, oui complètement. Je me mets en route tout de suite."

Sans plus de discours, je raccrochais mon téléphone. Rha, j’avais complètement oublié la nouvelle ! Rapidement, j’attrapais mon sac et le remplit rapidement des affaires soigneusement cachées dans ma chambre et dont j’avais besoin. Une fois équipé, je sortis de ma chambre et alla voir mes parents qui regardaient la télévision :

"Je pars au boulot, on a besoin de moi !
- OK pas de problème !" Me répondit mon père. "Mais fais attention en rentrant, surtout.
- Comme d’habitude, ne t’en fais pas !" Lui répliquais-je en enfilant mes chaussures.

Rapidement, je sortis de la maison. Je regardais l’heure sur ma montre: je n’avais qu’un quart d’heure de retard, mais je ferais bien de me dépêcher. Je me dirigeais vers le labyrinthe de rues qui menait au centre-ville...



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Chapitre 2 : Nouvelle

Je sortis de la cabine des toilettes publiques dans laquelle je m’étais réfugié le temps de me changer. Je me retrouvais face au miroir des toilettes, fixé au-dessus du lavabo, et contemplai mon "nouveau moi" cette fois-ci : cheveux noirs et lisses, longs jusqu’au milieu de mon dos, yeux bleu clair, T-shirt noir, blanc avec un peu de bleu surplombé d’une chemise noire et blanche et jean noir auquel pend une chaîne sur le côté droit. J’étais totalement quelqu’un d’autre. Je ne suis pas Tony Portimo, à partir de maintenant, je suis Caleb.

Je sortis du bâtiment et me retrouvais en pleine rue. Le soleil était entrain de se coucher, mais il ne faisait pas totalement nuit, donc je n’avais aucun problème à me repérer. Je pris quelques chemins détournés afin de vérifier que je n’étais pas suivi avant d’arriver devant un magasin de bricolage que je connaissais bien. Je le contournais afin de me retrouver devant la porte de service, sur laquelle je frappais trois fois. Au bout de quelques secondes d’attente, la porte s’ouvrit automatiquement, comme toujours.

Je rentrais et me retrouvais dans l’arrière-boutique. Comme toujours, je me dirigeais vers une armoire tout au fond. Une fois arrivé devant, je l’ouvris, me plaçais dedans et refermais le meuble. Malgré l’obscurité qui régnait, je repérais sans mal le fond que je dis coulisser vers le bas. Je me retrouvais face à une porte qui était orné d’un clavier numérique lumineux, me permettant de discerner les 10 chiffres que l’ont pouvait taper, ainsi que le bouton de validation et d’annulation. Machinalement, je rentrais le code, appuyai sur le bouton vert et ouvris la porte. Je me trouvais maintenant dans un étroit couloir, dans lequel se trouvait un escalier sur ma droite : la pièce était tellement étroite que seuls des mesures permettaient de deviner la présence d’un faux mur dans l’arrière-boutique, ce qui rendait l’escalier menant à la cave indétectable, ainsi que la cave elle-même.

Je descendis les escaliers et arrivai dans la grande salle remplie de divers matériels : ordinateurs, générateurs, scanners... Tout le matériel indispensable pour Utopia. Alors que je descendais des escaliers, je vis deux personnes à ses pieds.

L’un était un homme de mon âge environ, cheveux blonds et longs jusqu’aux épaules, bouclés. Il avait les yeux marrons, et portais un T-shirt blanc et un pantalon marron, accompagné d’une ceinture noire. C’était Hexyl, mon second dans cette affaire.

L’autre personne, je ne la connaissais pas : elle avait les yeux verts et les cheveux blond foncé jusqu’aux épaules et complètement lisse. Elle portait une robe simple noire et blanche, ainsi qu’un pantalon noir. À sa vue, je ne pouvais pas m’empêcher de me dire que nous étions assortis au niveau des vêtements, mais je pensais surtout qu’il devait s’agir de la nouvelle venue.

À leur vue, j’affichais un sourire et me dépêchais un peu.

"Excusez-moi, j’avais complètement oublié.
- Pas de problème", me répondit Hexyl. Puis, il désigna la jeune fille : "Je te présente notre nouvelle recrue, Éva.
- Enchantée", répondit-elle en me tendant la main.
"Moi de même", dis-je en lui tendant la main. "Je suis Caleb. Hexyl t’a fait visiter ou pas encore ?
- Je me suis dit que tu te réserverais cet honneur ! Bon, je vous laisse tous les deux."

Il se dirigea vers un un des murs de la pièce et s’assit à un bureau devant un ordinateur, et se mit à taper frénétiquement sur le clavier. Je me retournais vers Éva :
"Bon, viens, je vais te montrer les lieux."

Elle acquiesça d’un signe de tête. Je la sentais... Un peu timide.

Nous parcourûmes la pièce de long en large, et pendant ce temps là, je lui expliquais :

"Là-bas, on a les ordinateurs qui ont en mémoire nos profils. Ceux-là, ils contiennent notre Utopia, Avalon. Les scanners sont au fond, avec les ordinateurs qui nous permettent de nous virtualiser. De quelle équipe étais-tu ?"

Ma question soudaine dut la surprendre, car elle mis quelques secondes avant de répondre :
"De "Wish Of Night", une de vos alliées.
- Ah oui, en effet. Excuse-moi, c’est surtout Hexyl qui s’est occupé du transfert, je ne connais donc pas grand chose sur toi.
- Y a pas de mal, vous n’êtes pas obligé de tout savoir."

J’affichais un petit sourire en coin.

"Tu sais, on est entre amis, tu peux me tutoyer.
- Désolé. L’ambiance n’était pas aussi fraternelle dans mon ancienne Équipe.
- Ouais, je vois. Bon, ici, on est une petite Équipe : on n’a que trois divisions de guerriers, composée de 3 membres chacune. Il y a en tout 3 meneurs qui s’occupent chacun d’une partie d’Avalon : l’un du maintien de l’Utopia, un autre des différents équipements, et le dernier de la virtualisation des guerriers et leur sert de radar.. En plus de tout ça, Hexyl supervise leur travail à tous les trois, il sait s’occuper de tous ses programmes, mais normalement, c’est moi le grand chef. Je suis aussi le "patron" des guerriers, les trois factions sont regroupées en une fonction ont aussi leur rôle : une division qui sert d’éclaireur, une autre de recherche et la dernière de combat, dans laquelle je suis membre. Un des nôtres ayant quitté l’Équipe, un poste guerrier est vaquant, et par chance ça coïncidait avec ton emménagement dans le coin, d’où le transfert. Normalement, le poste vaquant est dans l’équipe de combat, mais chacun des guerriers n’en faisant pas déjà partie passe un test. Celui qui obtiendra le meilleur score gagnera la place vacante, et les deux autres équipes seront remaniées en fonction du test.
- Donc si je comprends bien, il faut que j’obtienne le meilleur score pour faire partie de l’équipe de combat. Et si jamais j’échoue ?
- En fonction de ton score, tu seras mutée dans une des deux équipes restantes.
- Vo... Tu t’es très bien organisé pour cette audition. Et quand est-ce-que je passe ce test ?
- Tout de suite. Tu as bien apporté ton profil ?
- Il est là." Me dit-elle en sortant de sa poche une clef USB.
"Hé bien c’est parfait !" Lui dis-je en prenant la clef et en souriant.

Je l’insérais dans l’ordinateur gérant nos profils. Je téléchargeais le sien dans la mémoire de la machine, avant de crier :

"Hexyl, c’est bon, on a besoin de toi !"

Tout de suite, il se leva et vint nous rejoindre. Il nous briefa rapidement :

"Bon, Caleb t’expliquera le test sur place, après virtualisation. Vous allez être envoyé sur Avalon, dans la Zone Urbaine. Vous allez apparaître à l’effigie de vos profils, comme toujours. Une fois le test terminé, je vous ramènerai ici pour qu’on voit le score avec Caleb et nous déciderons des nouvelles factions. Tu auras les résultats en même temps que tout le monde. C’est bon ?
- Oui !" Répondîmes-nous en cœur.
" Très bien, alors direction les scanners, je vous virtualise tout de suite !"

Éva et moi-même nous nous tournâmes vers les trois cylindres alignés contre les murs. Les écrans situés en haut indiquait les noms de chaque personne à virtualiser dans un scanner. Mon pseudonyme s’afficha sur celui du milieu, tandis que celui d’Éva s’afficha sur celui de droite. Nous entrâmes dans nos scanners respectifs qui venaient de s’ouvrir. Je me tournais face à Hexyl, assis sur le bureau en face.
"Bon, c’est parti !"
Les portes du scanner se refermèrent. Les haut-parleurs me transmirent la voix d’Hexyl :

" Transfert..."

J’entendis le scanner se mettre en route, les lumières s’allumaient.

"Scanner..."

Un rayon blanc circulaire situé à la base du cylindre monta progressivement avant d’atteindre le haut.

"Synchronisation des profils respectifs..."

Avant-dernière étape, afin que nous apparaissions sur Avalon selon nos apparences actuelles et non selon nos vrais apparences : toutes les personnes qui participent à Utopia se déguisent.

’Virtualisation !"

Une grande lumière blanche envahit les scanners...



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Chapitre 3 : Test

Je retombais habilement sur le sol, les genoux se pliant sous mon poids. Je me redressais et vérifiais qu’il n’y avait pas eu de problème lors du transfert : je portais bien ma tenue noire parsemée de motifs bleus, à l’exception de mon pantalon qui, lui, était plus clair. Mes armes, des chaînes attachées à mes poignets, étaient aussi présentes.

Je regardais autour de moi et trouvais Éva à quelques pas de moi, sur ma droite, entrain de regarder le décor autour d’elle. Moi, j’en profirtais pour regarder sa tenue, qui était moins sombre que je ne le pensais : elle portait une combinaison de teintes de bleu différentes : une foncée et une claire. Je remarquais cela dit ses chaussures, qui étaient plutôt des bottes : elles se démarquaient du reste de la tenue du fait de leurs couleur plus sombre et leurs semelles étranges, mais je suis incapable de dire en quoi elles étaient étranges, justement... C’était très troublant.

Je m’avançais vers elle et lui déclarai :

"C’est bon, t’es prête ?
- Oui", me répondit-elle en reportant son regard sur moi.
"Bon, je t’explique le test : tu vas devoir suivre un chemin grâce aux indications d’Hexyl qui va te conduire à une Tour : tu devras récupérer ce qu’on te demandera, et le rapporter ici exactement, mais cette fois tu n’auras pas le droit aux indications d’Hexyl. Mais ce n’est pas qu’une course d’orientation, ce serait trop facile sinon : tu seras confrontée à divers ennemis cachés dans ce territoire, et ils ne seront pas toujours facile à battre. On jugera ton score sur le temps que tu mets, le nombre d’ennemis battus et le nombre de points de vie que tu as perdu. Bien sûr, tu auras des malus en cas de dévirtualisation et ou en cas de destruction de la donnée que tu dois ramener. C’est compris ?
- Oui, mais... Pourquoi t’es venu ici si tu ne participes pas au test ?
- Je t’observe, et je t’aiderai en cas de problème. On sait jamais, un accident peut vite être arrivé...
- Très bien. On peut commencer dès maintenant.
- Hexyl, s’il te plaît ?"

On attendit quelques secondes avant d’entendre Hexyl commence à guider Éva à travers ce labyrinthe. Une fois hors de vue, j’utilisais une de mes chaînes pour monter en haut d’un immeuble : de là, j’avais une vue d’ensemble sur cet entre-las de rues et de bâtiments qui composait le Territoire Urbain d’Avalon. Je regardais un peu partout avant d’enfin trouver Éva : elle devait encore être sur le trajet de l’aller, et était actuellement aux prises avec diverses machines que nous avions placé sur le chemin. Je bougeais un peu sur le toi de l’immeuble avant de repérer la marque indiquant l’endroit de l’interface secrète du territoire, servant généralement aux phases de test comme celle-ci pour pouvoir discuter avec le Guide. Je l’activais et envoyais un message écrit à Hexyl.

"Elle se débrouille comment ?"
"Très bien ! Pour l’instant, elle n’a perdu aucun point de vie, et elle a fait la moitié du chemin alors que le test n’a commencé que depuis deux minutes. Il n’y a que quelques personnes qui avaient réussi cet exploit jusque là !"

Je souris. Il s’agissait d’une bonne recrue pour avoir fait cette performance, comme l’a dit Hexyl, rares sont ceux qui y sont arrivés. Pour tout dire, il n’y avait que deux personnes jusque là qui l’avait fait. Il devait s’agir d’une triste perte pour sa précédente équipe...

J’utilisais l’interface pour voir le test avec plus de détails. Elle était maintenant aux trois quarts du chemin allez et se battait contre les plus forts ennemis de ce chemin. Je remarquais qu’elle utilisait ces bottes comme arme : elle donnait des coups de pieds à ses adversaires et les détruisait grâce à une lame d’énergie qui s’échappait du coup. Ses armes étaient redoutables : elles pouvaient être à la dois armes à distance grâce à ses lames d’énergie et des armes au corps à corps grâce aux coups de pieds puissants qui éloignaient les ennemis et les exposant ainsi aux lames. C’était très ingénieux.

Elle repoussait maintenant les derniers ennemis et rentra dans la Tour, comme on appelle les banques de données des Utopia. Dedans, elle devait retirer un objet qui se virtualiserait et qu’elle devrait amener au croisement où nous avons été virtualisés.

Elle ressortit de la Tour assez rapidement avec la mallette à la main. Elle ne le savait pas, mais elle ne contenait rien du tout : c’était juste un outil au test. Elle s’apprêtait à reprendre le chemin de l’aller quand Hexyl leva un mur qui l’empêchait de le prendre. Elle sembla surprise pendant une seconde mais reprit très rapidement ses esprits et s’engagea dans un chemin alternatif. Là encore, elle battit les monstres avec plus ou moins de difficulté. Quand elle arriva aux trois quarts du chemin, il avait perdu la moitié de ses points de vie, ce qui reste tout à fait admirable vu la difficulté du chemin en question.

Quand je vis qu’elle allait arriver jusqu’à moi au prochain croisement, je sautais du toit de l’immeuble. Je rattéris sur le sol tout en me débrouillant pour ne perdre aucun point de vie. Je me relevais et fis sortir et rentrer mes chaînes en attendant le combat à venir. Une fois encore, elle fut surprise, quand elle me vit me tenir debout dans la rue. Mais une seconde plus tard, elle retrouva son sang-froid.

"Il me semblait que je devais avancer encore un peu avant de retourner à mon point de départ.
- C’est vrai, mais ce ne sera pas aussi facile que tu ne le crois.
- Je me disais bien aussi que tu ne pouvais pas être là juste pour me surveiller." Déclara-t-elle en souriant.

Sans plus de cérémonie, elle commença à m’attaquer : elle dit un salto arrière pour me lancer une lame d’énergie verticale. J’esquivais l’attaque sans problème, et, me rendant compte que j’étais assez prêt, je l’attaquais à mon tour en propulsant une la pointe de ma chaîne vers elle. Elle esquiva ce premier coup, mais ne s’attendait pas à ce que je fasse un mouvement de bras pour changer la trajectoire de la chaîne et ainsi la toucher. Tout de suite après, étant arrivé à la longueur maximale de la chaîne, elle se rembobina pour revenir au niveau de mon poignet. Éva profita de cette opportunité : elle me lança une lame d’énergie que je ne pu éviter. Elle sauta sur l’occasion pour continuer à avancer vers le croisement, mais je réussis à la stopper alors qu’elle n’avait parcouru que quelques mètres, en dégainant ma deuxième chaîne pour la faire tomber et lui enlever quelques points de vie supplémentaire. Elle se retourna vers moi :

"C’est pas très joli d’attaquer quelqu’un dans le dos !
- Il ne faut jamais laisser un ennemi à terre sans être sûr de l’avoir totalement neutralisé."

Je me rendis compte qu’elle était maintenant à quelques pas e notre point de départ. Si elle prenait le temps de reculer rapidement, elle pourrait amener son colis à destination, mais ça représentait aussi un certain risque vu que je pourrais très bien l’attaquer pour lui enlever ce qui lui restait de points de vie. Elle dut avoir la même pensée et choisit la meilleure solution qui s’offrait à elle : elle m’envoya trois lames d’énergie avant de courir vers le croisement. J’esquivais les trois lames sans difficulté mais elles m’infligèrent un certain retard sur mon adversaire, aussi décidais-je d’utiliser mes chaînes pour me déplacer plus rapidement : je les plants dans les murs des immeubles pour me balancer avec, à la manière de Spider-Man. Cette technique était un peu ridicule mais avait le mérite d’être pratique. Je rattrapais mon adversaire juste avant qu’elle ne rentre dans la zone d’arrivée, mais elle m’entendit venir et, plutôt que de se risquer à courir plus vite ou de m’attaquer, elle prit une décision qui m’étonna : elle généra une lame d’énergie qui se dirigea vers l’arrivée et posa la valise dessus, la faisant arriver en un instant. Je me laissais tomber au sol, toujours étonné devant cette étrange mais efficace tactique. Elle se retourna vers moi, un sourire aux lèvres.

"Alors, pas mal, non ?
- Pas mal, mais tu as oublié un petit détail..."

Je tentais de l’attaquer une dernière fois, chose qu’elle avait elle aussi prévue de faire. Après tout, c’était logique, le colis était arrivé, mais elle, n’ayant pas atteint l’arrivée, n’avait pas encore tout à fait mis fin à son test, ce qui faisait qu’on pouvait encore s’attaquer. Nos armes rentrèrent en collision et s’annulèrent ainsi. Éva en profita pour se rendre à l’arrivée sans que je ne la voie. J’entendis la voix d’Hexyl :

"Le test est terminé. Je vais vous matérialiser."

Avant que je n’ai pu faire le moindre geste, mon corps virtuel commençait à disparaître.

Je vis le scanner s’ouvrir et tomba sur un genoux : la matérialisation était décidément bien plus dure que la virtualisation. Cela dit, je repris mon souffle rapidement et sortis du caisson. Ma compagne venait de faire de même. Dans un premier temps, je m’adressais à elle :

"Hé ben, bravo, tu as bien réussi ton coup...
- Merci", répondit-elle alors qu’elle reprenait sa respiration.
" Va t’assoir là-bas pour te reposer, pendant ce temps là je vais rejoindre Hexyl pour voir ton score."

Elle ne se fit pas prier : à peine eus-je dit cette phrase qu’elle alla s’assoir sur la chaise que j’avais désigné. En ce qui me concerne, je me dirigeais vers l’ordinateur où était assis mon ami pour lui demander :

"Alors ?
- Ben... Regarde par toi-même."

Je regardais l’écran d’ordinateur sur lequel était inscrit tous les scores des guerriers ayant passé le test, c’est-à-dire tout le monde. Je regardais au nom d’Éva et restais muet pendant quelques secondes.

"Ouah...
- Comme tu dis. Si tu veux mon avis, son affectation ne fait aucun doute...
- Ça, c’est sûr... Bon, voyons les autres."

Au cours des minutes suivantes, mon compagnon et moi-même délibérâmes et construîmes les nouvelles équipes, puis attendîmes l’arrivée des autres pour pouvoir leur annoncer.

Chapitre 4 : Affectations

La cave spacieuse se remplit lentement : nous avons une heure fixe à laquelle tout le monde est doit arriver. Après cela, nous fermons tous les accès à la cave pour éviter toute intrusion pendant que nous sommes virtualisés ou que nous ne pouvons pas l’empêcher. Bien entendu, il se peut qu’il y ait des retardataires, mais dans aucun cas nous n’ouvrons les portes après l’heure dite.

Chaque personne qui arrivait venait immédiatement nous saluer, Hexyl et moi, puis je leur présentais Eva, qui n’osait pas le faire elle-même. Sa timidité était étrange, mais après tout elle arrivait dans un milieu qu’elle ne connaissait pas, comme quand on change de lycée en pleine année scolaire, donc elle reste compréhensible.

Ce n’est qu’une heure après être sortis des scanners que tous les membres de l’Équipe furent arrivés. N’étant à peine plus d’une dizaine de personnes, nous n’étions pas serrés, même dans cet espace clos. Dès que j’ai remarqué qu’il ne me manquait plus personne, je me mis à l’écart, devant un tableau électronique fixé au mur, et attendis le silence pour que tout le monde m’entende. Quand je vis que tout le monde s’était tu, je commençais :

« - Tout d’abord, bonsoir. Comme vous le savez, ce soir nous allons annoncer les nouvelles affectations. D’ailleurs, je compte sur tout le monde pour réserver un accueil des plus chaleureux à Eva, qui vient de nous rejoindre.»

Je vis l’intéressée détourner le regard alors que tout le monde tournait le sien vers elle. Je ne l’aidais pas vraiment à se sentir plus à l’aise...

« - Bon, après examination des scores que vous avez obtenus suite au test, nous avons décidé des nouvelles affectations avec Hexyl. Si tu veux bien...» Rajoutais-je en me tournant vers ce dernier.

Il appuya sur quelques touches de son clavier le tableau derrière moi s’alluma. Pour l’instant, il n’affichait qu’une page blanche.

« - Je vais vous dévoiler tout ça à travers un organigramme. En ce qui concerne les non-virtualisés, il n’y a aucun changement : Flynn reste aux virtualisations, Karol nous servira encore de guide, et Raven s’occupera du bon maintien des équipements. Est-ce-que ça vous va ?» Demandais-je aux trois intéressés.

Ils hochèrent de la tête tous les trois. En fait, ils avaient l’air content de rester à leurs postes respectifs. N’ayant pas à passer de test, c’est Hexyl qui qui a choisi le maintien de cette équipe en fonction de leur travail. Ils étaient tous les trois dans la meilleure position possible.

«- Très bien. Hexyl supervisera votre travail, comme avant.»

Plus mon dialogue avançait et plus l’organigramme de l’équipe se dévoilait : on voyait maintenant trois cellules portant le nom de Flynn, Karol et Raven étaient toutes les trois reliées à une cellule Hexyl, elle-même reliée à une cellule Caleb. Cet affichage permettait de très bien comprendre la hiérarchie de l’Équipe.

«- Ensuite, en ce qui concerne les trois factions de virtualisés... En fonction des différents résultats que vous avez obtenu aux tests, nous avons pu déterminer qui sera dans quelle équipe. Kratos sera le meneur de l’équipe de recherche, et Sofia sera celui de l’équipe d’éclaireurs. Je reste celui de l’équipe de combat.»

Kratos et Sofia semblèrent contents de leur affectation : en étant à la tête de leurs propres équipes, ils gagnaient en indépendance. Maintenant, les postes les plus convoités restaient ceux de l’équipe de guerriers.

« - Pour la suite, Vlad sera dans l’équipe des éclaireurs. Raine sera dans celle des chercheurs, ainsi que Sheena. Enrik fera partie de l’équipe de combat.»

Le jeune homme eut du mal à contenir sa joie : ce poste était nouveau pour lui et il avait toujours voulu l’atteindre. Maintenant, il ne restait qu’à placer Eva et Pavel. Ce dernier faisant partie de la précédente formation de guerriers, personne ne semblait douter de sa nomination. Je ne pus m’empêcher de faire un sourire en coin en remarquant cela, mais je l’effaçais rapidement avant de continuer.

«- Pavel... Tu seras dans l’équipe des éclaireurs.»

Tout le monde sembla surpris de cette affectation : il avait été l’un des meilleurs de l’équipe, alors comment pouvait-il ne pas être dans l’équipe des guerriers ? Et ne même pas être le meneur de son équipe, qui plus est ? Alors que tout le monde tournait le regard vers la nouvelle venue, je terminais ma déclaration.

«- Ce qui nous laisse Eva dans l’équipe de guerriers.»

Cette dernière sembla très surprise... Et d’autant plus mal à l’aise maintenant que tout le monde avait le regard braqué sur elle. Pavel semblait énervé. Il se tourna vers moi tout en déclarant, furieux :

«- Je veux voir le tableau des scores !
- Hexyl, s’il te plaît...» Me contentais-je de dire. À vrai dire, je m’attendais à sa réaction.

Il ne fallut que quelques secondes pour que les scores s’affichent sur le tableau. Tout le monde découvrit ainsi que Eva avait largement mérité sa place, puisqu’elle avait obtenu le deuxième meilleur score, juste après le mien. Pavel, quant à lui, n’était arrivé que sixième dans le classement, d’où sa place dans une autre équipe... Devant les faits indiscutables des scores, il n’insista pas plus.

« - Bon, maintenant que tout le monde connaît son poste, nous pouvons passer aux choses sérieuses. Hexyl, quelles sont les nouveautés pour aujourd’hui ?»

Celui-ci se leva et pris ma place. Grâce à une télécommande, il fit apparaître une carte du réseau sur le tableau.

«- Hé bien aujourd’hui, pas grand chose. Les Purgatory ont encore essayé de rentrer dans nos données mais ont échoué une fois de plus. Par contre, les Wish Of Night risquent de se faire infiltrer par les Amaranth. Ils voudraient savoir si on peut envoyer nos éclaireurs sur leur Replika en toute discrétion pour savoir si ils vont le faire et quand.
- Ça vous tente ?» Demandais-je en me tournant vers Sofia.

Celle-ci regarda ses co-équipiers qui lui firent comprendre qu’ils étaient prêts.

«- On y va !
- Très bien, alors direction les scanners !» Lui répondit Hexyl.

Ils allèrent tous les trois dans les scanners affichant leurs noms. Pendant ce temps là, je remarquais qu’Eva se dirigeait vers moi. Une fois qu’elle dut à côté, je lui demandais :

«- Contente de ton affectation ?
- Surprise, surtout !» Me répondit-elle, un sourire aux lèvres. «Enfin, je ne m’attendais pas à être deuxième dans le classement...
- Tu sais, tu es faite pour ce poste. Non seulement tu es deuxième dans ce classement, mais tu as obtenu le troisième meilleur score de l’histoire des Arctica..
- Sérieusement ?» Demanda-t-elle, surprise.
«- Sérieusement. C’est le troisième meilleur score après le mien et celui de notre ancien chef.
- Waouh... Je n’en reviens pas... Qui était votre chef avant ?
- Tu ne le connais pas, il ne fait plus partie de l’équipe maintenant.» Répondis-je, un peu évasif.

C’était sa plaque, qui était vaquante. Et c’était un peu à cause de moi qu’il était parti...

«- Tu es rentré dans Arctica il y a combien de temps ?» Me demanda-t-elle alors que j’étais perdu dans mes pensées.
«- Ça fait un peu moins d’un an... Il n’y a pas si longtemps, quoi.
- Et ça fait combien de temps que l’Équipe existe ?
- Cinq ans, il me semble...
- Sérieusement ? Ça a dû être un des premiers Utopia !
- Je ne sais pas...»

Je ne m’étais jamais interessé à l’histoire des Utopia... Ce serait peut-être le moment d’en savoir un peu plus.

«- Les premiers ont été crée il y a 5 ans ?
- Si je me souviens bien, oui.
- Qu’est-ce-que tu sais sur les Utopia exactement ?
- Hmm... Je sais que le premier a été crée par l’armée. Ils l’avaient appelé Carthage, si je me souviens bien. Ils s’en servaient à des fins militaires, pour infiltrer les systèmes informatiques ennemis ou quelque chose du genre...
- Mais comment a-t-on pu le savoir ? Cet Utopia aurait pourtant dû rester top secret !
- Il l’était, mais il a été découvert par un journaliste. Il avait même réussi à voler les plans des machines, qu’il a vendu au marché noir à prix d’or, par des concepteurs de jeux vidéo qui voulaient créer une nouvelle génération de jeux.
- C’est comme ça que les Utopia sont tombés dans le domaine public...
- C’est ça. Alors après il y en a eu un autre de construit, puis deux, puis trois... Et au final, il doit maintenant y en avoir un nombre incroyable dans le monde entier. Mais ça reste illégal...
- Je ne comprends pas pourquoi. Après tout, on ne s’en sert pas aux mêmes fins que les militaires, nous on s’en sert juste comme jeu. Ça pourrait être légal, si on était bien encadré il n’y aurait pas besoin de s’en faire...
- Oui, mais... Ça reste un jeu trop dangereux pour eux, je suppose...
- Certainement...»

Notre façon de se servir des Utopia n’avait rien de malhonnêtes... Savoir que les utiliser pour notre plaisir est interdit est quand même assez rageant... Mais après tout, même si c’est illégal, on prend tous des précautions phénoménales pour pouvoir y jouer, comme cacher les Utopia, utiliser de fausses identités... Mais on ne reste jamais à l’abri que l’on soit découverts...

Il faut que j’arrête de penser à ça. Je continuais à discuter avec Eva, en espérant que la mission se déroulerait bien pour les éclaireurs...



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Chapitre 5 : Avertissement

Comme à son habitude, mon réveil sonna à sept heures tapantes. Mes cours commençaient dans une heure exactement, il fallait donc que je me prépare. Je pris un petit-déjeuner sans me presser, comme à mon habitude : il faut dire, je rentre au plus tôt à minuit chaque soir, alors à force, on finissait par être encore fatigué le matin...

Je m’habillai comme à mon habitude avec un pantalon gris et un T-shirt à l’image d’un de mes groupes préférés, en plus d’une veste à l’effigie de ce même groupe. Je mis mes mes cahiers et mes livres dans mon sac de cours ainsi que mes affaires de sport. Je passai ensuite rapidement dans la salle de bain pour clôturer mon rituel matinal. Il ne me restait plus qu’un quart d’heure avant que les cours ne commencent, alors je me mis en route.

Sur le chemin, je repensai à la mission d’hier soir : l’équipe des éclaireurs s’était introduit sur le Replika sans la moindre difficulté, les personnes censées l’occuper n’étant visiblement pas présentes au moment où on y est allé, ce qui nous a servi à récolter un maximum d’informations sur les Amaranth. Nous avons clairement établi qu’ils comptaient attaquer l’équipe des Wish Of Night dans les prochains jours, il ne leur manque plus que quelques informations avant de passer à l’action. Trouver ces données nous a permis de prévenir nos alliés, qui vont se préparer à l’attaque. Nous allons tenter de l’empêcher dès que nous serons sûrs que l’équipe adverse ne pourra pas défendre son Replika par elle-même. Mais j’avais d’autres choses à penser pour le moment...

Une fois arrivé au lycée, je me dirigeais vers le gymnase pour faire mes deux heures de sport hebdomadaires. C’était assez frustrant d’avoir EPS en premier cours de la journée, mais je me débrouillais bien donc je n’avais pas matière à me plaindre. Dans les vestiaires, je retrouvai Elias qui s’était déjà changé. Dès qu’il me vit, il me lança :

« Dépêche-toi de te changer, Stern va fermer le vestiaires ! »

Malgré cette déclaration, je ne me pressai pas beaucoup plus. Cependant, une fois arrivé devant les portes, j’arrivai derrière le professeur. Il avait sorti ses clefs et était devant la porte du local. Il ne m’avait pas vu arriver, alors je m’exclamai :

« Attendez, monsieur Stern ! »

Il se retourna, m’examina rapidement, puis me demanda :

« Toujours pas changé, Portimo ?
- Non, je viens juste d’arriver monsieur...
- Bon, dépêche-toi, le cours commence dans deux minutes. »

Je ne me fis pas prier : je rentrai dans la pièce rapidement et enfilai mon survêtement, tout en mettant mon téléphone portable dans ma poche pour avoir l’heure sur moi, comme à mon habitude. Je sortis et me pressai vers le terrain de handball. Je rejoignis Elias pour l’échauffement, puis Stern arriva. Il fit l’appel, comme à chaque début de cours, puis nous détailla les exercices que l’on allait faire pour la séance d’aujourd’hui, juste avant les matchs.

« Quelqu’un a des questions ? » demanda-t-il, comme à chaque fois.

Pour une fois, quelqu’un répondit. Ou plutôt, quelque chose : mon téléphone. D’habitude, je le mettais toujours en mode silencieux pour que ce genre d’événements n’arrive pas, j’avais dû oublier cette fois... Tout le monde se tourna vers moi en ricanant, même notre professeur. Pourtant, il me demanda quand même de lui remettre l’appareil.

« Je te le rendrai à la fin du cours. » rajouta-t-il avant de le prendre.

Après ce petit incident, je retournai aux côtés d’Elias, qui me regardait en souriant. Ne voulant pas être désagréable, je m’abstins de tout commentaire. Le reste du cours se déroula sans problème : les exercices étaient faciles, les matchs se sont bien passés... Comme d’habitude.

Une fois les deux heures écoulées, tout le monde se tourna en direction des vestiaires... Tout le monde, sauf moi, qui retournai voir monsieur Stern pour récupérer mon bien :

« Euh, monsieur... Je peux récupérer mon téléphone, s’il vous plaît ? »

Je m’attendais à ce qu’il sorte mon téléphone de sa poche, mais il se contenta de me regarder d’un air sévère. Au bout de quelques secondes, il me demanda :

« Qui c’est, Hexyl ?
- Pardon ? »

J’étais surpris par sa question. Pourquoi me demandait-il ça ? Je ne compris que quand il sortit l’appareil et me montra l’écran, sur lequel était écrit : « Nouveau message : Hexyl ». Quand je vis cela, je crus que mon cœur avait raté un battement : je n’avais pas pris mon téléphone personnel, mais celui que j’utilisais pour contacter l’Équipe !

« C’est un prénom ou un pseudonyme ? » continua le professeur.

Il se doutait de quelque chose... Si jamais il avait lu le message, il avait dû en déduire que j’avais un lien avec une équipe participant aux Utopia ! Cependant, il ne fallait pas que je m’affole. Je me contentais de lui répondre :

« Je ne sais pas, ce n’est pas mon téléphone. Je l’ai trouvé en venant, alors je l’ai pris pour retrouver son propriétaire. C’est pour ça que je suis arrivé un peu en retard ce matin.
- Ce n’est pas le tien ? Donc tu ne sais pas qui est ce Hexyl ?
- Absolument pas. »

J’avais répondu un peu trop rapidement... Il doit se douter que je mens. Il se tut pendant quelques secondes, puis demanda simplement :

« De quelle Équipe tu fais partie ?
- Pardon ?
- Dans quelle Équipe d’Utopia es-tu ?
- Aucune. C’est illégal. »

Encore une fois trop rapide... Je devais faire plus attention. S’il se rendait compte que j’étais tendu, ce serait fichu. Mais il continua sur un ton très calme :

« Bon, écoute, je ne sais pas si tu me dis la vérité, mais si ce n’est pas le cas, il faut que je te dise quelque chose. »

Je me détendis un peu. Au ton qu’il prenait, je me doutais qu’il n’allait rien dire à personne. Mais il n’avait pas terminé :

«Je n’ai rien contre les Utopia. Après tout, ce n’est qu’un jeu, et qui doit être assez addictif. En plus, il n’y a eu aucun accident à déplorer depuis qu’ils ont été mis en ligne. Mais pour l’instant, plus personne ne doit utiliser les Utopia.
- Pourquoi ? demandais-je, surpris.
- Ce ne sont pas tes affaires. Sache juste qu’il ne fait plus aller sur le réseau. »

Sans plus de cérémonies, il me tendit le téléphone. Je l’attrapai et me dirigeais rapidement vers les vestiaires. Je me rhabillai tout aussi vite et sortis du gymnase. J’étais encore sous le choc : si il en avait parlé à quelqu’un, j’aurais pu être renvoyé, ou arrêté... Mais ce qui me faisait le plus peur, c’était son avertissement. En y réfléchissant, il devait juste s’agir d’une manœuvre pour me faire peur et m’inciter à ne plus participer aux Utopia...

Il fallait que j’arrête de m’affoler. Je pris le téléphone et regardais le message d’Hexyl : il ne faisait que me dire que les Amaranth ne seront pas sur leur Replika ce soir, et que nous pourrons donc lancer la mission dès aujourd’hui. Il ne manquait plus que ma confirmation. Je réfléchis quelques instants, puis décidai de lui donner. Je répondis et j’éteignis l’appareil. Cet avertissement devait juste être une menace en l’air...


Chapitre 6 : Mission compromise

« Hey, Caleb, réveille-toi !»

Je sursautai, puis regardai Hexyl, l’air surpris. Avant que je ne pus lui répondre quelque chose, il rajouta :

« Je ne sais pas ce que tu as aujourd’hui, mais t’es très distrait...
- Oui, excuse-moi... Je vais faire plus attention.»

J’avais beau essayer de rester concentré sur la mission, je ne pouvais m’empêcher de repenser à l’avertissement de Stern... J’essayai de me persuader qu’il ne s’agissait que d’un avertissement lancé pour que j’arrête d’utiliser les Utopia, mais je doutais toujours. Pour me changer les idées, je demandai à mon coéquipier :

« Comment ça se passe ?
- Pour l’instant, aucun problème. L’équipe des éclaireurs est partie en avant, ils vont bientôt arriver sur le Replika. Une fois là-bas, ils vérifieront que l’endroit est désert et les deux autres équipes iront les rejoindre. Tiens-toi prêt.
- Pas de problème.»

Je levai les yeux pour regarder l’ensemble des personnes dans la salle. Ceux qui n’étaient pas entrain de pianoter sur les ordinateurs attendaient patiemment de se faire virtualiser pour rejoindre nos camarades. En promenant mon regard sur eux, je croisai celui d’Eva, assise dans un coin, qui devait certainement s’ennuyer. En me voyant, elle se leva et vint vers Hexyl et moi :

« On passe bientôt à l’action ?
- Presque, répondis-je.
- Ils sont bientôt arrivés », rajouta Hexyl en montrant la carte du réseau.

Eva la regarda pour voir la distance qu’il restait à nos coéquipiers avant d’atteindre l’objectif, quand elle fronça les sourcils et demanda, en pointant un point de la carte du doigt :

« Qu’est-ce-que c’est ?»

Intrigué, je me penchais pour regarder ce qu’elle désignait : il s’agissait d’une masse sombre, semblable à...

« Un Replika ?
- C’est impossible, me répondit Hexyl. S’il y avait eu un Replika ici, nous le saurions depuis longtemps.
- Qu’est-ce-que c’est, alors ? enchaîna Eva, une once d’inquiétude faisant trembler sa voix.
- Ça, je n’en ai pas la moindre idée... Continua mon camarade.»

Piqué par la curiosité, je me dirigeai vers Karol, qui servait de guide, et lui demandai de me passer le micro.. Dès que je l’eus accroché à mon oreille, je demandai :

« Sofia, tu m’entends ?
- Cinq sur cinq ! Il y a un problème, pour que tu prennes le micro ?
- Rien de grave, mais il y a un truc bizarre. Regarde ton radar, tu devrais voir un objet inconnu. Vous pouvez aller voir ce que c’est ?
- D’accord, je te dis ce que c’est dès qu’on l’a en vue !»

En attendant qu’elle me recontacte, je gardai le micro à l’oreille, et demandai à Karol d’afficher la carte sur le tableau électronique pour qu’on puisse suivre plus facilement les événements. On y voyait le sous-marin virtuel se diriger lentement vers la cible. Je restai tendu pendant quelques secondes, le temps que Sofia me dise de quoi il s’agissait. Soudainement, j’entendis la voix de cette dernière dans mon oreille :

« Caleb ?
- Oui. Alors ? demandais-je, tendu.
- C’est un Replika, il doit sûrement s’agir de celui d’une nouvelle équipe.»

Je soupirai en fermant les yeux. Ce n’était rien du plus qu’un autre Replika, il n’y avait pas besoin de s’inquiter. Comme l’avait dit Sofia, il devait s’agir d’une nouvelle équipe qui venait de construire son Replika, rien de menaçant en somme. Les yeux toujours fermés, je lui répondis :

« D’accord, bien reçu. Vous pouvez retourner à votre...»

Je ne pus terminer ma phrase quand j’entendis la voix d’Eva s’exclamer :

« Caleb, attends ! Il y a quelque chose derrière eux !»

Je rouvris les yeux et vis sur la carte deux points qui se dirigeaient vers nos amis à toute vitesse.

« Sofia, fais gaffe il y a quelque chose derrière vous !»

La carte nous montra qu’elle avait déjà entamé une procédure pour esquiver ces deux objets, mais ceux-ci firent immédiatement demi-tour pour fondre sur le sous-marin. En temps normal, j’aurais pensé qu’il s’agissait d’un attaque lancée par une équipe ennemie, mais... Pour une raison qui m’échappait, je n’y croyais pas. Je voyai, sur la carte, que Sofia essayait de se placer de façon à neutraliser les ennemis. Ce que j’entendais d’elle dans mon oreillette, c’était simplement les jurons qu’elle hurlait et les ordres qu’elle vociférait à ses co-équipiers. Ils se débrouillaient bien, mais leurs ennemis étaient trop rapides. Si on ne les ramenait pas, ils allaient disparaître dans la Mer Numérique. Sans réfléchir plus que ça, je me tournai vers Flynn et hurlai :

« Ramène-les, sinon ce sera trop tard !»

Il se mit à la tâche, bien qu’il eut l’air dubitatif. Il faut dire, dévirtualiser des personnes qui étaient dans la Mer Numérique était plus difficile que les dévirtualisations classiques, et en plus, cela impliquait de perdre les vaisseaux des éclaireurs, et le reprogrammer risquait de prendre un certain temps. Mais la situation était critique, il fallait le faire. Pendant qu’il pianotait, je vis l’équipe des éclaireurs tenter de repousser l’ennmi, mais rien n’y fit : ils étaient en très mauvaise posture. S’ils se faisaient toucher encore une fois, le sous-marin disparaîtrait. Alors que les assaillants se positionnaient pour lancer l’ultime attaque, j’entendis Flynn dire :
« Matérialisation.»

Je vis les scanners se refermer, puis se rouvrir pour laisser appraître nos trois camarades, qui étaient à la limite de l’évanouissement. En plus d’être plus dures à réaliser, ce type de matérialisation était, en plus, beaucoup plus dur à supporter ceux qu’on ramenait. Immédiatement, j’allai vers eux pour les aider. Alors que je pris Sofia pour la soutenir, je l’entendis me dire, d’une voix faiblarde :

« Caleb... C’étaient pas une équipe adverse.
- Qu’est-ce-que c’était, alors ? Demandai-je
- Des espèces de... Requins...»

Je ne pus lui en demander plus, car elle venait de s’évanouir. Je l’allongeai sur un banc pour qu’elle se repose, puis demandai à Flynn :

« Prépare les scanners, j’y vais.
- T’es fou ?! S’exclama Hexyl. Ces ennemis ont l’air très dangereux !
- Ne t’en fais pas, le vaisseau des guerriers est mieux équipé pour le combat. Éva, tu vas venir avec moi, prépare-toi.
- Okay ! Répondit celle-ci. Et Enrik ?
- Il n’est pas là, répondit Hexyl. Il a dû arriver en retard.
- Tant pis, on fera sans, ajoutai-je. Préparez la virtualisation.»

Une fois nos noms apparus sur les scanners, nous entrâmes dedans. Je fermai au moment où Flynn prononçait le mot «virtualisation».


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Nous atterrîmes dans la Zone Portuaire d’Avalon. Comme son nom l’indiquait, il s’agissait d’une espèce de port géant, sécurisé, dans lequel étaient stockés nos véhicules et ceux de nos alliés quand ils venaient. En revanche, nos ennemis, s’ils envahissaient le Replika, n’y avaient pas accès, nous n’avions pas lésiné sur les dispositifs de sécurité de cette Zone. Ils étaient obligés de passer par la Zone Urbaine, la Zone Sauvage, la Zone Futuriste ou la Zone Antique. Chacune des zones ayant des dispositifs de sécurité en plus de nous-mêmes, personne n’a encore réussi à envahir Avalon.
Je me relevai, et trouvai Éva à ma droite. Une fois qu’elle me vit, elle me demanda :

« Où vas-t-on ?
- Par là, lui répondis-je en indiquant ma gauche. Suis-moi.»

Sans plus de cérémonie, nous bous dirigeâmes sur le quai où était amarré notre véhicule. Il s’agissait d’un petit vaisseau à l’air futuriste, équipé de d’un cockpit d’où je le pilotais et de deux petites ailes dans lesquelles se positionnaient les autres membres de l’équipe pour s’occuper des armes du sous-marin. J’indiquai à Éva la plate-forme qui nous permettait d’accéder à l’intérieur du vaisseau. Lorsqu’elle y prit place, Karol nous téléport. Nous nous installâmes , puis j’expliquai les commandes des armes à Éva :

«Bon, écoute, ce n’est pas très compliqué. Sur cet écran, tu verras comme à travers un cockpit. Quand tu verras des ennemis, il te suffira de manipuler ce levier pour le vérouiller avec ce viseur, puis il te suffiras d’appuyer sur ce bouton pour tirer. Le plus dur, ce sera de garder les cibles en visuel avec les momuvements du sous-marin, que je piloterai.
- Mais... On n’a qu’une arme, non ? Demanda-t-elle. Sans Enrik, on est désavantagé...
- Si tu veux, je peux te donner les commandes de l’autre arme ici. Mais ça te demandera plus de concentration...
- Ne t’en fais pas. Je m’occupais aussi des armements lors des voyages dans le réseau, avant. J’étais plutôt douée.
- Okay, alors je t’installe ça.»

J’exécutai quelques manipulations sur l’écran de façon à ce qu’elle puisse aussi vérouiller les ennemis avec l’autre arme. Heureusement, en programmant cet engin, on avait prévu cette éventualité, donc il était tout à fait possible d’utiliser les deux armes à partir d’un seul écran. Une fois tout préparé, je m’installai aux commandes de l’appareil. Je rentrai les commandes obligatoires au démarrage du vaisseau, puis je dis à haute voix :

«Est-ce-qu’on m’entend ?
- Cinq sur cinq ! Me répondit Hexyl.
- Parfait. Vous pouvez ouvrir le sas vers la Mer Numérique, on décolle.»

Tout de suite après avoir dit cette dernière phrase, je faisais s’envoler le sous-marin virtuel. Je jetais un coup d’oeil vers Éva, qui se préparait déjà à se servir des armes. Vu ce qui était arrivé à l’équipe des éclaireurs, on allait très certainement en avoir besoin...
Je ne pouvais m’empêcher d’y penser. Est-ce-que cet événement avait un rapport avec l’avertissement de Stern ? J’essayai de me convaincre que ce n’était pas le cas, mais je ne pouvais y arriver... M’interrompant dans le cours de mes pensées, la voix d’Hexyl raisonna dans le cockpit :

«Je t’ai transmis les coordonnées du Replika. Il y a un hub, pas très loin. Tu n’auras qu’à l’utiliser, tu gagneras du temps.
- OK merci.»

Je mis un terme à ma réflexion pour me concentrer sur ma mission. J’élevai notre vaisseau au-dessus du sas qui allait nous mener à la Mer Numérique. Je me retournai une dernière fois vers Éva, sachant qu’après j’aurais d’autres préoccupations :

« Prête ?
- Prête ! Répondit-elle simplement.»

Sans plus de cérémonie, je plongeai dans la Mer. À travers le cockpit, je regardai l’étendue bleue familière. J’aimais beaucoup la Mer Numérique, je trouvai à cet aspect de ville renversée un air mélancolique. Cette vue me reposait, me faisait réfléchir. Bien entendu, je savais passer à l’action quand il le fallait, mais je préférais admirer cette étendue infinie plutôt que de me battre dans ces lieux. Ceci dit, j’avais autre chose à faire, cette fois-ci.
Je me dirigeai vers le hub, qui allait nous permettre de voyager bien plus rapidement, en sortant d’un autre hub, près du Replika où nous nous rendions. Une fois positionné au-dessus, puis dis machinalement :

«Accélération haut débit dans 3... 2... 1...»

Puis je fis plonger le vaisseau dedans. Avant même que l’on puisse se rendre compte de ce qui s’était passé, on était déjà ressorti. Je ne gardai jamais souvenir de nos traversées dans les hubs, tellement les transports étaient rapides. Cette fois-ci, je ne pris même pas le temps d’essayer de m’en souvenir : je reportai instantanément mes yeux sur le radar pour savoir où se trouvait notre cible. Dès que je le vis, je me dépêchai d’y aller. Le vaisseau d’attaque était assez rapide, car il ne privilégiait pas la discretion, contrairement à celui des éclaireurs, ce qui fait nous arrivâmes bien plus vite qu’eux au Replika. Une fois que nous nous fûmes approchés du monde virtuel, je lançai à Éva :

«Reste sur tes gardes, c’est là que ça va se corser»

Je la vis hocher de la tête. Elle était tellement concentrée qu’elle ne répondait même pas. Pour ma part, je reportai toute mon attention sur mon champ de vision. J’avançai très lentement, maintenant. Je m’approchai lentement, mais sûrement. Enfin, pas si sûrement que ça, pensai-je en esquissant un sourire ironique. Pour l’instant, rien ne semblait affoler les radars. Je continuai ma progression dans ce calme angoissant. Tellement angoissant... Si angoissant... Que j’en sursautai quand j’entendis Éva tirer une torpille sur notre droite.

«Hé, mais qu’est-ce-que... Commençai-je.
- Ils sont là, m’interrompit-elle. Je viens d’en dégommer un. Il ne devait pas être à la portée du radar, mais l’autre devrait bientôt l’être.»

Au moment même où elle terminait cette phrase, le sonar détectait une présence qui fonçait vers nous.

«Prépare-toi ! Criai-je par-dessus mon épaule.»

Je fis pivoter notre véhicule dans la direction de notre cible. Je fus surpris de voir que Sofia avait dit la vérité : contrairement à ce qu’on voit normalement, il ne s’agissait pas d’un sous-marin virtuel, mais bl et bien d’un petit requin, qui semblait dépourvu d’yeux, et qui arborait un étrange symbole sur la tête. Alors que j’essayai de le discerner, je vis le squale ouvrir sa gueule, dans laquelle se trouvait un canon. Légèrement surpris, je réagis quand même rapidement, et esquivai son tir en faisant une manoeuvre sur le côté. D’après les bruits que j’entendis venir de l’écran de contrôle de ma co-équipière, je devinai qu’elle tentait tant bien que mal de vérouiller cette étrange créature dans son viseur. Mais je dus esquiver encore une fois en vitesse, car elle avait changé sa trajectoire pour nous foncer dessus. Je compris rapidement ce que ce requin essayait de faire : il voulait nous percuter pour nous déstabiliser et ensuite nous tirer dessus sans que l’on puisse esquiver. Je devinai qu’Éva avait avait compris sa tactique quand je l’entendis dire derrière moi :

«Caleb, ce vaisseau, il est assez rapide, non ?
- Oui, plutôt, répondis-je. Tu as une idée ?
- Je pense, oui. La prochaine fois qu’il vient vers nous, esquive à la dernière minute, et en bougeant le moins possible. Ensuite, accélère autant que tu peux.»

Sans même lui demander ce qu’elle comptait faire, je m’exécutai. Je me positionnai en face du squale, que je vis foncer vers nous à toute vitesse. Il se rapprochait de plus en plus. Cette fois-ci, il n’essaya pas de tirer un missile : il avait compris que je l’éviterai facilement. Il gardait la même technique que pour ses précédentes attaques. Je le regardait s’avancer de plus en plus, puis je me rendis compte qu’il allait bientot nous percuter. J’attendis encore un peu et, au dernier moment, je fis s’incliner le vaisseau vers la gauche, de façon à ce qu’il passe sous l’aile droite. Si j’avais attendu une seconde de plus, il l’aurait percutée de plein fouet. Sans même me réjouir de ma manoeuvre réussie, j’accélérai autant que je le pus de façon à semer la bête, mais elle avait vite fait demi-tour, et me suivait quand même de très près. Nous allions à vitesse égale. Voyant qu’il ne pourrait pas nous rattraper, il commença à ouvrir sa gueule pour lancer une nouvelle torpille. J’entendis Éva crier derrière moi :

«Arrête-toi !»

Et, sans lui demander la moindre expication, je freinai le vaisseau. Très rapidement, nous nous retrouvâmes à l’arrêt. Le monstre, lui, n’en avait pas eu le temps. Alors qu’on s’arrêtait, il continua d’avancer, et il se cogna contre l’aile droite. Il passa par-dessus, complètement déstabilisé, essayant d’arrêter sa course effrénée. C’est à ce moment là qu’Éva choisit de tirer une torpille, qui finit sa course en plein sur le requin. Je restai pantois quelques secondes, puis me tournai vers elle, et lui demandai :

«Mais pourquoi tu ne nous as pas rejoint plus tôt ?
- Je prends ça pour des félicitations, répondit-elle en ricanant.
- Tu peux te le permettre...»

Je laissai le sous-marin immobile pendant encore quelques secondes, avant de me diriger vers le Replika. Je voulai savoir s’il s’agissait du Replika d’une nouvelle équipe. Je positionnai le vaisseau devant le sas d’entrée, puis appelai Hexyl :

«Oui ? Me répondit celui-ci
- Tu peux envoyer un message ? J’aimerai leur demander s’il s’agit d’une nouvelle équipe, et si ça les intéresse de devenir nos alliés.
- Pourquoi ?
- Parce que si c’est le cas, ils ont réussi à développer des moyens de défense absolument incroyables.
- Hmm... D’accord, j’envoie ça. Et si on n’a pas de réponse ?
- Alors on forcera l’entrée. Je veux absolument voir ce Replika. Je suis sûr qu’il est... Spécial.»

Je n’en rajoutai pas plus. Si ça se trouve, je me trompais totalement. Mais je voulais en être sûr. On attendit quelques minutes, toujours positionné devant le sas d’entrée du monde virtuel, quand Hexyl nous répondit :

« Aucune réponse.
- Tu crois que l’équipe n’est pas présente ? Demanda Éva.
- C’est ça qui est bizarre : d’après les données que j’ai là, le Replika est en pleine activité, mais il semble qu’ils ne veuillent pas nous envoyer de réponse.
- C’est bizarre, effectivement... Tant pis. J’active la clef numérique.»

J’appuyai sur le bouton correspondant. Un rayon de lumière se dirigea instantanément vers le sas. J’attendis quelques secondes, le temps que le code qui protégeait son ouverture soit découvert. La protection ne devait pas être très recherchée, puisque quelques secondes suffirent au programme pour nous ouvrir l’accès au monde virtuel. Assez content, je me dirigeai dans le conduit. Maintenant que nous étions rentrés, il était possible que nous ayons quelques informations sur ce Replika, c’est pourquoi je demandai à Hexyl :

«Alors, qu’est-ce-que tu peux nous dire de beau ?
- Pas grand chose, me répondit-il. Je connais juste son nom. Il s’appelle... Lyoko.»