Sorry! This page is only available in French.  



Histoire : Le chant de la forêt


Score : 7 sur 10 (7.0/10)   [2 notes]

Donner une notre :

Taille du texte :

Imprimer cette histoire

Écrite par Flammèche le 29 octobre 2007 (12758 mots)

Dernière édition le 09 janvier 2009

Dans les eaux mortelles de la Mer Numériques, au plus profond du réseau, William faisait nerveusement les cent pas.
Cela faisait près d'un mois que son maître XANA n'avait pas activé de tour, et il s'ennuyait ferme. Plusieurs fois il avait tenté de le persuader de multiplier les offensives afin d'épuiser leurs ennemis, mais à la fin de chacun de ces entretiens, la réponse était un "non" catégorique, sous prétexte que c'était lui et lui seul qui prennait les décisions. Démoralisé, le guerrier noir avait baissé les bras.
Depuis, il se morfond, tout seul, sans quelqu'un à qui parler.
C'est alors que l'image d'une jeune fille vint hanter son esprit : grande, mince, vêtue d'un pull à col "bateau" et d'un pantacourt (tous deux noirs), les yeux bridés, et les cheveux d'un noir de jais, coupés courts et "au carré". Cette fille, il l'aurait reconnue entre mille : Yumi Ishiyama, une japonaise de son âge au charme ravageur.
Combien de fois avait-il tenté de l'entraîner dans la Mer Numérique pour qu'elle se joigne à lui...
Seulement voilà, il y a un obstacle de taille, incarné par un garçon d'un an plus jeune que lui et au caractère bien trempé : Ulrich Stern.
Celui-là... Rien que le fait de penser à son rival le mit de très mauvaise humeur. Il faut toujours que cet imbécile se dresse entre Yumi et lui ! Que donnerait-il pour qu'il disparaisse définitivement...
Seulement, mener cette agréable perspective à bien est une autre paire de manche car, William était forcé de l'admettre, Ulrich est un combattant dangereux capable de le battre à plat de couture. Pourtant, s'il réussissait à l'éliminer, non seulement il aurait le champs libre pour s'approprier Yumi, mais en plus son maître serait débarrassé d'un des lyokoguerriers.
Tiens, tiens... C'est pas bête, ça !
Et cette fois, XANA sera forcé de reconnaître qu'il est capable de mener seul une attaque avec succès.








1. Piège
C'était une belle après-midi de printemps.
Les nuages avaient enfin disparu, pour laisser place à un magnifique ciel bleu. Les jours rallongeaient, les arbres retrouvaient leurs parrures verdoyantes, les fleurs s'épanouissaient, les oiseaux, qui avaient déserté la ville durant l'hiver, emplissaient l'air de leur babillage ou s'amusaient à se poursuivre.
Cet afflux de vie décida les citadins de sortir de chez eux, et de se promener dans les allées boisées et les parcs.
Mais tout le monde n'avait pas la chance de pouvoir profiter de ces visions bucoliques.
Juché sur son skate, Ulrich filait à travers le dédale des égouts, chemin secret mainte fois emprunté pour rejoindre une vieille usine désaffectée.
Une fois dans le bâtiment, il entra dans un monte-charge pour se rendre au premier sous-sol. Là, dans une petite pièce éclairée par une étrange lueur verdâtre, assis devant un ordinateur dont la puissance ferait baver d'envie n'importe quel informaticien, Jérémie pianottait avec frénésie sur le clavier. À première vue, il semblait affolé.
- Qu'est-ce qui se passe, Einstein ? demanda Ulrich.
- Yumi a été envoyée sur Lyoko par un spectre polymorphe. De plus, le radar est HS, et pour couronner le tout, elle a des ennuis.
- Quels genres ?
- William.

En effet, sur le territoire des montagnes, le guerrier noir de XANA poursuivait la jeune asiatique. Cette dernière, cramponée au guidon de l'overwing, essayait de le distancer, mais la monture de William (une manta noire) connaissait son affaire question vitesse.
- Mais quel pot de colle ! maugréa-t-elle.
- Tiens bon Yumi, Ulrich arrive pour te filer un coup de main ! retentit la voix du petit génie.
- C'est pas trop tôt ! J'en par dessus la tête de jouer à chat avec le bourreau des cœurs !
- Est-ce qu'il y a d'autres monstres qui te poursuivent ?
- Heu... non, non, William est seul.

Entre-temps, Ulrich atterrit sur une des plate-formes mauves du territoire, juste à côté d'une moto verte à roue unique, l'overbike, programmé par Jérémie lors de sa virtualisation. Il l'enfourcha aussitôt.
- Einstein, je pars à la recherche de Yumi, lança-t-il alors qu'il démarrait.
- Ok, mais fais gaffe à toi ! Elle vient de me dire qu'aucun monstre est à ses trousses. Ça sent le coup fourré à plein nez !
- Relax Max, la dévirtualisation, c'est pas la mort à c'que je sache !
À ce moment, les portes du monte-charge s'ouvrirent sur un garçon blond assez maigrichon, et une jeune fille aux vêtements assortis à sa chevelure rose.
- Aélita, Odd, vous voilà enfin ! Filez à la salle des scanners, Yumi est poursuivie par William !
- Quel cavaleur celui-là ! s'exclama le blondinet en appuyant sur un bouton rouge.
Alors que ce qui leur servait d'ascenseur descendait au deuxième sous-sol, Odd remarqua l'air soucieux d'Aélita.
- Un problème, princesse ?
- Non... Je me demandais juste pourquoi XANA avait enlevé Yumi...
- Vu qu'c'est beau gosse qui la poursuit, la raison est toute trouvée ! Mais j'ose pas imaginer dans quel état on va l'retrouver si Ulrich le rattrape avant nous !
Les portes s'ouvrirent à nouveau, mais cette fois sur une salle plus lumineuse que celle du dessus où trois immenses cylindres, qu'ils appelaient scanners, les attendaient, portes grandes ouvertes. Chacun d'eux y entra.
- Vous êtes prêt ? C'est parti !
À peine furent-ils entièrement virtualisés qu'un tir nourrit et croisé de lasers s'abattit sur eux. Ils furent aussitôt dévirtualisés avant même de toucher le sol du territoire des montagnes. Ils émergèrent des scanners, une expression ahurie sur le visage.
- Mais qu'est-ce qui nous a tiré dessus ?! Y avait pas un chat ! glapit Odd.

Une tour infectée était en vue, au milieu d'une zone dégagée, et toujours pas de monstre dans les parages. Yumi jeta un bref coup d’œil par dessus son épaule ; William la talonnait toujours, mais sans gagner du terrain, ni en perdre. Au loin, le halo rouge qui recouvrait la tour disparut, remplacé par un halo blanc.
- Hé Jérémie, tu as virtualisé Aélita dans la tour ou quoi ?
- Qu'est-ce que tu racontes ? Aélita n'est même pas sur Lyoko !
- Hein !?
Soudain, jaillissant de nulle part, une pluie de lasers toucha l'overwing. Prise de court, la jeune fille n'eut guère le temps de sauter à terre avant que son véhicule soit totalement détruit. Elle dégringola sur le sol et partit en plusieurs roulés-boulés aussi violents les uns que les autres ; un arbre virtuel stoppa net sa course. Étourdie, tout le corps douloureux, elle essaya de se relever, mais à chacun de ses mouvements, elle devait serrer les dents pour s'empêcher de crier.
- Yumi, ça va ? demanda la voix inquiète de Jérémie.
- Y a mieux, mais c'est plus cher...
- Est-ce que tu vois des monstres dans les parages ?
- Non, le plateau est désert. Et William s'est volatilisé.
Pourtant, quelque chose lui disait que les créatures de XANA n'étaient pas très loin. Comme pour confirmer ses soupçons, un rayon bleu atteignit ses jambes et remonta rapidement jusqu'au niveau de son ventre, tandis que deux autres touchèrent ses bras, les plaquant contre son corps.

Pendant ce temps, Ulrich poursuivait assidûment ses recherches.
Alors qu'il roulait sur un sentier étroit à flanc de montagne, il remarqua du coin de l'œil un scintillement bleuté provenant d'un plateau, au loin. Intrigué, il s'y rendit... et découvrit Yumi, coincée dans un épais bloc de glace.
- Ça va princesse ?
- Va-t'en ! hurla la jeune fille. Reste pas là !
Surpris par une telle réaction, Ulrich freina... et un laser l'éjecta sans ménagement de son véhicule. Sonné, il resta un moment étendu sur le sol avant de se relever en se tenant douloureusement le dos.
Puis, comme un rideau qui s'ouvre sur le premier acte d'une pièce de théâtre, un cercle de monstres apparut autour d'eux, composé de krabes, de bloks, de kankrelats, et de frôlions, postés presque aux bords du plateau.
- Là, je trouve que XANA y est allé un peu fort !
- Derrière toi ! cria Yumi.
Ulrich fit volte-face, et se retrouva nez à nez avec William. Ce dernier se tenait à quelques pas de lui et le toisait avec un mépris non dissimulé, son énorme épée appuyée sur son épaule. Ulrich dégaina ses sabres, mais deux tirs bien ajustés les lui arrachèrent des mains. Un blok utilisa son rayon gelé, emprisonnant ses jambes dans une gangue de glace.
Immobilisé et désarmé, le garçon attendit que William lui assène le coup de grâce... qui, à son grand étonnement, ne vint jamais. De son côté, Yumi ne pouvait rien faire d'autre que voir les deux rivaux se défier du regard.
Finalement, le guerrier noir esquissa un sourire, puis émit un sifflement strident. Les monstres s'écartèrent respectueusement pour laisser passer la Méduse. En voyant les yeux horrifiés des lyokoguerriers, il éclata de rire.
- Je vois que mon piège a fonctionné à merveille, exulta-t-il.








2. Perdu en mer
- Yumi, Ulrich, qu'est-ce qui se passe ? Répondez bon sang ! s'égosilla Jérémie.
- Jér... mie... remat... nous... la... du... ive...
- Hein !? Yumi ? Ulrich ?
Un icône de disfonctionnement clignota sur l'écran central.
- Ah ben v'là aut'chose ! Y a la liaison audio qui nous lâche à son tour !
- Là, on nage dans la panade les copains, rétorqua Odd.

La Méduse se plaça derrière le guerrier noir et resta immobile, attendant les ordres de son maître.
- Qu'est-ce que tu nous veux William ? gronda Yumi. Pourquoi ce traquenard ?
- Je te croyais plus maligne, ma belle... fit l'interpellé d'un air faussement déçu. Je vais donc éclairer ta lanterne.
La jeune fille fronça les sourclis, se demandant où il voulait en venir. Mais pour Ulrich, c'était clair comme de l'eau de roche.
- Ne te donne pas cette peine, dit-il d'une voix sourde. C'est Yumi que tu veux, n'est-ce pas ?
William se tourna d'un bloc vers lui, irrité : comment ce chien osait-il prendre la parole ?
- Seulement, tu savais que je remuerai ciel et terre pour la retrouver, continua Ulrich. Alors tu m'as attiré sur Lyoko en l'utilisant comme appât, sachant que je mordrai à l'hameçon, pour ensuite m'éliminer !
Le guerrier noir eut beaucoup de mal à masquer son étonnement : il ne s'attendait pas à ce que se soit Ulrich qui comprenne le premier. Cela lui ôtait une belle occasion de faire son numéro de charme à Yumi mais qu'importe, le résultat restera le même.
- Bravo, belle perspicacité, ricana-t-il. Toutefois, tu as oublié une étape importante : la Méduse. Je vais donc te laisser la découvrir.
Il claqua des doigts. Aussitôt, la gangue de glace qui emprisonnait les jambes d'Ulrich disparut, mais le monstre gélatineux ne lui laissa pas le temps de s'enfuir : il enroula prestement autour de son corps ses longues tentacules et le souleva délicatement, pour ensuite en poser une sur son front et deux autres sur ses tempes.

Au labo, Jérémie, les yeux rivés sur ses écrans, ne devinait que trop bien ce qui se passait sur Lyoko.
- La Méduse ! Elle est en train de voler quelque chose à Ulrich ! Mais bon sang de bois, pourquoi Yumi ne réagit pas ?
- Elle est p'têt coincée, suggéra Odd.

Sur Lyoko, Yumi faisait tout ce qu'elle pouvait pour s'extraire du bloc de glace qui la retenait prisonnière.
- C'est inutile ma jolie, railla Wiliam. Et même si tu arrivais à te libérer, tu n'irais pas bien loin.
La jeune japonaise lui jeta un regard incisif, puis le reporta sur la Méduse qui, inexorablement, poursuivait son ouvrage.
- Ne sois pas triste Yumi, il ne te méritait pas.
- Parce que toi, tu estimes être le seul qui me mérite ? cracha-t-elle.
Puis, sans laisser à William le temps de répliquer, elle ajouta, furieuse :
- Je ne suis pas, contrairement à ce que tu penses, un simple trophée que l'on expose sur une étagère ! Mon corps est à moi et à personne d'autre ! Et c'est moi qui décide avec qui je veux partager ma vie ! Moi seule, tu entends ?
Surpris par tant de véhémence, le guerrier noir eut un mouvement de recul. Mais rapidement, la surprise fit place à la haine : implicitement, Yumi venait d'affirmer qu'elle ne l'aimait pas. Les yeux luisants de colère, il s'approcha d'elle et la gifla à toute volée.
- Tant pis pour toi ! vociféra-t-il.
Pendant ce temps, la Méduse venait juste de finir son "travail". Elle allait relâcher sa victime évanouie lorsqu'elle entendit son maître hurler d'une voix de dément :
- Balance-moi ça dans la Mer Numérique !
- Nooooon ! cria Yumi.
Tout se passa très vite. La japonaise vit la Méduse s'approcher du bord du plateau, dérouler ses longues tentacules, laissant choir le corps inanimé d'Ulrich. Yumi usa de son don de télékinésie, mais un coup violent à la tempe rompit sa concentration.
- Pas de ça, petite sotte ! lança la voix de William.
Trois secondes plus tard, une colone lumineuse jaillit des eaux numériques.

Dans le laboratoire, sous les yeux horrifiés de Jérémie, Aélita et Odd, le fichier concernant l'avatar virtuel d'Ulrich disparut de l'écran central.
- Oh non, c'est pas vrai... murmura Aélita.

Pendant quelques instants, le temps sembla suspendre son cours. Puis l'horrible vérité apparut dans le cœur et l'esprit de Yumi. Ulrich n'était plus. Ulrich était mort, tué par William d'une manière abominable. Blême, elle se tourna vers le guerrier noir et murmura :
- Tu me le paieras !
Un sourire cruel étira les lèvres de l'interpellé.
- Je ne crois pas.
Un flot de rage envahit les veines de Yumi. Elle le haïssait pour ce qu'il avait fait et pour le regard gourmand qu'il lui adressait. Rapidement, sa haine atteignit son paroxysme. Elle se débatit de plus belle et la gangue de glace se brisa, projetant sur les monstres situés à proximités des éclats acérés. Profitant de la confusion, elle se précipita vers l'un des sabres d'Ulrich et, avant que William n'ait le temps de réagir, l'utilisa contre elle.
Elle réapparut dans un scanner, recroquevillée sur elle-même, pleurant sans aucune retenue.
William avait perdu, mais c'était un échec trompeur, car il avait atteint l'un de ses objectifs : un lyokoguerrier avait disparu. Définitivement.








3. Sauvetage in-extremis
De retour dans le repère de XANA, William ordonna qu'on le laissa seul. Il devait à tout prix se calmer avant de se justifier devant son maître, rendu fou de rage par cette attaque menée sans son consentement et, qui plus est, dans son dos. Avec un peu de chance, l'annonce de la disparition d'un des lyokoguerriers atténuera sa colère, mais William se faisait peu d'illusions à ce sujet. Il avait transgréssé ses ordres. Il avait défié sa toute puissance. Il sera donc lourdement puni, et la mort de son rival ne lui apportera pas le soulagement suffisant pour résister aux foudres de XANA.
Si seulement il avait réussi à emmener Yumi avec lui... Sa présence lui aurait permis de se remettre plus vite de l'entrevue avec le maître. Mais elle avait refusé et s'était dévirtualisée sans lui laisser une chance de l'entraîner de force.
Bientôt, un rampant se présenta. La peur au ventre, William le suivit, sachant pertinamment que l'entretient ne se passera pas sans douleur.

Un peu plus tard, alors que le guerrier noir subissait un cruel interrogatoire, Yumi, en larmes, venait juste d'achever de raconter à ses amis se qui s'était passé sur Lyoko.
Tandis que Odd et Aélita essayaient de la réconforter, Jérémie réflechissait intensément. Plus que jamais, cette attaque le troublait.
Ce n'est pas dans les habitudes de XANA de laisser ses laquais en fomenter une. Encore faut-il qu'ils en aient l'idée, et surtout qu'ils soient dotés d'une intelligence propre. Ce qui n'est pas le cas, grâce au ciel ! De plus, lorsqu'une personne ou un animal est possédé, il n'agit que sur ordre de XANA, et ne peut donc rien faire de son propre chef.
Alors, se pourrait-il que William ne soit plus sous l'emprise de XANA ? C'est peu probable, car sa voix aurait perdue son intonation numérique.
Serait-ce plutôt une nouvelle tactique visant à les éliminer un par un ? Si c'est le cas, il va falloir redoubler de vigilance.
La voix aigüe de Odd le tira brusquement de ses réflexions :
- Dis Einstein, tu crois qu'Ulrich a rejoint XANA lui aussi ?
- C'est une possibilité, répondit-il d'une voix éteinte. Mais sincèrement, j'espère qu'il n'en est rien. Deux guerriers noirs, ce serait trop pour nous.
- Tu penses pouvoir le retrouver dans la Mer Numérique, comme tu l'avais fait pour Yumi l'année dernière ? demanda Aélita.
- Je l'espère...

Deux mois s'écoulèrent sans qu'aucune trace d'Ulrich ne soit relevée.
Ce n'est pourtant pas faute d'avoir cherché. Jérémie passait la quasi totalité de son temps libre et de ses nuits pour effectuer des recherches sur tout le réseau et sur Lyoko. Sans résultat.
Yumi était de plus en plus désespérée... et Jérémie de plus en plus anxieux. Se pourrait-il qu'Ulrich soit virtualisé à jamais, sans espoir de retour, comme Franz Hopper ? Et les autres, subiront-ils le même sort ? Rien que le fait d'y penser lui fit froid dans le dos. De plus, la découverte dans le réseau d'un nombre considérable de réplikas n'arrangeait rien... et changeait l'ordre des priorités. Désormais, anéantir XANA devenait leur premier objectif.
Lorsque Jérémie l'avait anoncé à ses amis, il avait cru que Yumi allait lui sauter à la gorge. Mais elle s'était contentée de le fixer froidement, blême d'indignation, serrant les poings si fort qu'elle s'était bléssée avec ses ongles. Puis elle était sortit de la chambre en courant, des larmes de colère ruisselant sur ses joues.
À présent, c'est tout juste si elle daignait lui accorder un regard.
Jérémie, lui, faisait tant bien que mal comme si de rien n'était, et, secondé par Aélita, travaillait activement au seul moyen qu'il avait trouvé pour détruire XANA : la création d'un système multi-agent. Au début, la jeune fille et Odd avaient été sceptiques, mais ils avaient fini par céder : il y avait trop de réplikas.
- Mais on ne va pas rester les bras croisé ! avait décrété Jérémie. En attendant qu'il soit parfaitement au point, on va continuer de s'occuper des réplikas "à l'ancienne".

Depuis, ils avaient réussi à en détruire quatre. Mais bizarrement, six autres avaient subi en parallèle le même sort.
Ces disparitions, Jérémie ne parvint jamais à les expliquer ; d'ailleurs, lui-même n'y comprenait rien. Et ça ne pouvait être l'œuvre de son système multi-agent, vu qu'il était loin d'être achevé...

Ce mystère ne cessait de le hanter, à tel point qu'il en oublia ses amis, partis en mission sur un réplika du territoire du désert.
Tandis que Yumi et Odd étaient restés pour protéger le Skidbladnir, Aélita avait été translatée dans un lieu désertique, à proximité d'une usine entourée d'un haut grillage surmonté de barbelés. Par chance, l'endroit était désert ; ce fut donc aisé d'y entrer. Mais le bâtiment étant un véritable labyrinthe, Jérémie dut se charger de la guider... quand il ne décrochait pas. À tel point qu'elle devait l'appeler à chaque embranchement. Et ça commençait à l'agacer.
- Et maintenant, je vais où ? dit-elle en poussant un profond soupir.
Jérémie, toujours plongé dans ses réflexions, jeta un bref regard au plan de l'usine et lui répondit un "à droite" d'une voix traînante. Soupirant à nouveau, Aélita s'engagea dans le couloir à sa droite.

Pendant ce temps, sur le réplika, Yumi et Odd montaient une garde vigilante devant le vaisseau. Les lieux étaient parfaitement calmes... et Odd s'ennuyait à mourir.
- Eh ben... Chuis déçu ! soupira-t-il. Même pas une bébête à l'horizon ! XANA ferait-il grève ?
Il jeta un coup d'œil vers Yumi, espérant que cette note d'humour fissurerait un peu le masque d'impassibilité qu'elle arborait depuis trois mois. Mais elle resta de marbre. Odd soupira, anéanti. Jusqu'à présent, toutes ses tentatives pour faire réapparaître ne serait-ce qu'un petit sourire sur les lèvres de la japonaise s'étaient soldées par des échecs. Pourtant, il refusait de s'avouer vaincu.
"Qu'est-ce que je donnerai pour la voir rire au moins une fois..." pensa-t-il tristement.
Il se tourna vers le Skidbladnir, et posa les yeux sur la navette d'Ulrich ; navette qui ne quittera plus jamais la barre d'arrimage du vaisseau.
- Tu me manques, mon vieux, murmura-t-il. Tu nous manques à tous...
Soudain, une douleur désagréable fusa à un endroit incongru.
- Aïe ! Quel est l'andouille qui m'a piqué l'postérieur ?
- À ton avis ? répliqua sèchement Yumi alors qu'elle dépliait ses éventails.
Au loin s'élevait un nuage de poussière, soulevé par cinq kankrelats qui allaient aussi vite que leur permettaient leurs petites pattes. Au-dessus volait la manta noire, montée par William.
Lorsqu'elle l'apperçut, Yumi sentit une bouffée de haine féroce l'envahir.
- Odd, tu t'occupes des kankrelats. Moi, je me charge de cet assassin.
Il y avait tellement de hargne dans sa voix qu'Odd n'osa pas émettre de contestation. Sans un mot, il fila à quatre pattes droit sur les petits monstres puis, au dernier moment, il vira à angle droit et cavala vers un amas rocheux situé à quelque distance, les kankrelats dans son sillage.
Yumi, les dents serrées à les briser, attendit que William arrive à portée de ses armes. Aveuglée par sa fureur, elle ne remarqua pas que des bloks, secondés par une escadrille de frôlions, venaient de tous les côtés et commençaient à l'encercler. Lorsqu'elle s'en rendit compte, le cercle s'était déjà refermé sur elle.
- Alors ma belle, lui lança William d'une voix mielleuse, tu ne veux toujours pas me rejoindre ?
- Va au diable ! rugit-elle en lui lançant ses évantails.
D'un habile coup de main, le guerrier noir les attrapa en plein vol, et les jeta au loin.
- Dois-je prendre ça pour un "non" ? Dommage que tu refuses de coopérer, ça t'aurais évité un passage dans les bras de la Méduse.
Sur ce, il émit un sifflement bref et strident. Non loin de là, à l'opposé de l'amas rocheux où Odd se démenait avec les kankrelats, le monstre gélatineux sortit de derrière un rocher et s'avança, sans se presser, vers le cercle formé par les bloks et les frôlions.

De son côté, Odd avait des difficultés à débusquer son ultime kankrelat. Il se hissa sur un rocher, espérant le repérer plus facilement, et vit son amie cernée par des bloks et des frôlions. Avant qu'il ne puisse réagir, un laser l'atteignit dans le dos, réduisant à zéro sa jauge de vie.
- Je hais les kankrelats ! maugréa-t-il en réapparaissant dans un scanner.

Sur le réplika, la Méduse venait de franchir la haie formée par les bloks. De haut, William éxultait : enfin il la tenait ! Et lorsque la Méduse enroula ses tentacules autour du corps de Yumi, il poussa un cri de victoire.
Soudain, un rugissement assourdissant fit vibrer le sol du territoire. Puis, une énorme forme grise, semblant être née de l'air même, surgit du vide numérique et plongea vers les monstres. Une brume vaporeuse flottait autour de sa silhouette, lui donnant l'aspect d'un mirage, mais Yumi put discerner assez de détails pour identifier celle... d'un dragon.
Poussant un nouveau rugissement, la créature reptilienne souffla sur les monstres une grande vague de feu. Tous, y compris William, périrent instantanément.
La Méduse, seule survivante, ne savait plus quoi faire. Mais lorsqu'elle vit le dragon se poser devant elle, elle lâcha sa proie sans aucune précaution et tenta de s'enfuir. Un déluge de flammes s'abattit sur elle, l'anéantissant sur-le-champs.
Yumi, les yeux exorbités, fixait l'immense animal chimérique. Ce dernier baissa sa tête triangulaire, rivant sur elle un regard bleu acier perçant. Ne sachant quelle attitude adopter et craignant de se faire attaquer, la jeune fille s'efforça de rester immobile.
Pourtant, le dragon ne semblait éprouver aucune animosité envers elle. À son grand étonnement, il passa sur son front une langue râpeuse, puis, avec une infinie douceur, il la prit dans sa gueule et la remit sur ses jambes.
- M... merci, bredouilla-t-elle.
Machinalement, elle tendit la main vers lui, cherchant à carresser son museau écailleux. Mais le dragon recula puis bondit dans les airs, et vola vers l'extrémité du plateau. Ne se rendant compte qu'à moitié de ce qu'elle faisait, Yumi se mit à courir après lui.
- Non ! cria-t-elle. Reviens ! Reviens !
Sourd à ces supplications, le reptile ailé replia ses grandes ailes et plongea dans la Mer Numérique.









4. Le secret des abysses
- J'ai deux mots à te dire, Frankenstein ! beugla Odd.
Jérémie, trop absorbé par ses interrogations, n'avait pas entendu remonter le monte-charge ; ce soudain éclat de voix le fit sursauter, à tel point qu'il en tomba de son siège. Il se releva, les lunettes de travers, une expression éffarée sur le visage.
- Heu... un... un problème, Odd ? bafouilla-t-il.
- C'est toi l'problème ! Quand on envoie ses copains en mission, on n'se r'pose pas sur ses lauriers et on surveille le radar ! À cause de toi, Yumi s'est fait choper par la Méduse !
Le teint de Jérémie devint tout à coup blanc comme de la craie. Tremblant, le cœur battant, il leva craintivement les yeux sur l'écran central, mais ne vit aucun monstre autour du point représentant la japonaise.
- T'as dû avoir des visions mon vieux, parce qu'il n'y a pas plus de Méduse que de beurre en broche !
- Non mais tu rigoles ?
Repoussant Jérémie sans ménagement, Odd se planta devant le grand ordinateur..., et l'énervement fit vite place à une totale incrédulité.
- Hé ben... Quand Yumi est en colère, ça déménage...

À des milliers de kilomètres d'eux, Aélita déambulait dans les galeries de l'usine du désert. Ne pouvant guère compter sur Jérémie pour la guider, elle devait tracer des repères afin de ne pas s'égarer.
Quelques instants plus tard, elle se retrouva devant un escalier qui s'enfonçait dans les profondeurs de la terre, se coupant plusieurs fois à angle droit. Elle le descendit en silence, attentive au moindre bruit, mais seul celui de son souffle parvenait à ses oreilles. Bientôt, elle arriva dans un sombre couloir aux parois recouvertes de tuyaux. Tout au fond brillait une lueur d'un vert acide. Intriguée, la jeune fille obliqua vers cette lumière, et déboucha dans une vaste salle digne d'un film de science-fiction : des tableaux de commande et des appareils informatiques s'étalaient sous de grands écrans enchassées dans les murs ; au centre de la pièce se tenait une immense représentation en 3D de la Terre d'un vert éblouissant.
"Je ne dois pas être très loin de la salle du super-calculateur," pensa Aélita.
Elle n'eut pas à chercher bien longtemps, le super-calculateur se trouvant juste au pied du gigantesque hologramme, à l'opposé de la porte.
"C'est du gâteau !"
De sa main tendue jaillit une lueur rose qui vint frapper l'imposante machine, la réduisant à néant dans un feu d'artifice d'étincelles.
"Mission accomplie avec succès !"
- Bravo Aélita ! lança la voix de Jérémie. Je te rammène dans le Skid. Et n'oublie pas d'embarquer Yumi avant de partir du réplika !

Aussitôt dit, aussitôt fait. Poussant la turbo-hélice à fond, Aélita éloigna le vaisseau du réplika. Il n'était que temps car ce dernier explosa, projetant d'énormes projectiles dans toutes les directions. Quelques uns atteignirent le Skidbladnir mais celui-ci, protégé par son bouclier, ne subit aucun dommage.
- Il était moins une, pas vrai Yumi ? dit Aélita.
La japonaise ne répondit pas ; elle ne parvenait pas à retrouver ses esprits. Son aveuglement, causé par la haine qu'elle vouait à William, avait faillit lui coûter très cher. Sans l'intervention du dragon nébuleux, elle serait, à l'heure qu'il est, dans les bras du guerrier noir et sous la coupe de XANA.
Cette pensée la fit frémir d'horreur... et de colère. Cette fois, non pas contre le bras droit de XANA, mais contre Jérémie. Si sa mémoire était bonne, aucune tour n'avait été activée sur le réplika, ni sur Lyoko. Donc, il est impossible qu'un spectre se soit pointé dans le laboratoire durant la mission. Alors pourquoi était-il resté silencieux lorsque les monstres avaient commençé à l'encercler ?
Quand elle sera de retour dans l'usine, elle lui dirait une ou deux petites choses...
Soudain, elle se sentit projetée en avant, et manqua se cogner la tête contre la verrière de son Navskid.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- C'est... c'est quoi ce truc ? fit Aélita d'une toute petite voix.
Lorsque Yumi leva les yeux, elle sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine : à seulement un mètre du vaisseau immobilisé se tenait un énorme dragon enveloppé de brume, dans lequel la jeune fille reconnut son sauveur reptilien. Celui-ci la fixait de son regard bleu acier, énigmatique.
- Aélita, pourquoi t'es-tu arrêtée ? interrogea Jérémie.
- Parce qu'il y a un dragon bizarre juste devant le Skid !
- Heu... Ne l'prend pas mal, mais... y a rien d'vant toi...
- Quoi !?! Tu... tu... tu t'moques de moi, là ?
- Jamais je n'oserai, voyons ! rétorqua Jérémie, outré.
"Décidément, c'est la journée des visions aujourd'hui..." pensa-t-il.

Yumi était loin de cette conversation. Le cœur cognant avec force contre ses côtes, elle observait le dragon. Celui-ci ne cessait de la fixer de ses yeux opalescents, comme s'il attendait quelque chose d'elle.
- Qu'est-ce que tu me veux ? lui demanda-t-elle.
Puis elle hocha la tête en se moquant intérieurement de sa réaction. Cet animal ne pouvait pas l'entendre. Cependant, dès qu'elle eut achevé sa question, il s'engagea vers les profondeurs de la Mer Numérique. Au bout de quelques mètres, il s'arrêta et se tourna vers le vaisseau.
- Aélita, suis-le.
- Pardon ?
- S'il te plaît, fais ce que je te dis.
Aélita secoua la tête mais obtempéra, tout en se traitant de folle. Cette aventure était insensée. Mais peut-être était-elle importante pour Yumi. Elle espéra néanmoins que cela ne sera pas synonime de peine et de douleur pour son amie.

Le dragon les emmena loin dans les abysses. Plus cette plongée se poursuivait, plus Aélita estimait qu'elle perdait la raison. Là où cette créature allait, il n'y avait rien. Rien !
Soudain, elle crut être l'objet d'une hallucination, car le niveau où descendait la bête se tordit et se contorsionna comme la surface d'une mare après qu'on y a jeté une pierre.
- Qu'est-ce qui se passe ? s'affola-t-elle.
Elle voulut faire demi-tour, mais le phénomène fut plus rapide et enveloppa le vaisseau. Des tourbillons invisibles dansèrent autour du Skidbladnir, déformant la vision. Une incoercible envie de vomir s'empara de Yumi et d'Aélita.
Puis tout se calma comme par enchantement. Les nausées s'apaisèrent, l'air cessa de vibrer. Les deux filles, un peu sonnées, ne remarquèrent pas dans l'immédiat la métamorphose de leur environnement. Le Skid évoluait à présent dans une épaisse masse brumeuse, et filait droit sur une large bande rouge constellée de symboles dorés. Dès qu'il la traversa, la brume s'évanouit aussitôt, dévoilant un paysage forestier qui s'étendait à perte de vue.
Le dragon attendait à quelques distances, tranquilement assis sur son arrière-train, devant un mur en piteux état qui encerclait un pic à l'allure chaotique.
- On dirait des ruines, remarqua Yumi.
- Peut-être, mais ça ne me dit pas où on est ! rétorqua Aélita. Et j'ai beau essayer d'appeler Jérémie, y a que le silence qui me répond ! Il a bien choisit son moment pour jouer les abonnés absents !
- Ça a l'air de t'étonner...
Tout à coup, le vaisseau se cabra, et fut rejeté en arrière sans plus de cérémonie. Il fallut toute l'habileté d'Aélita pour maintenir l'assiette de l'appareil.
- Aélita, ce n'est pas le moment de faire de la haute voltige !
- Mais je n'y suis pour rien, moi ! Une force invisible nous empêche d'approcher des ruines !
- Hum... Et ça coïncide avec notre passage au-dessus des fortifications. Pour que ces ruines soient si bien protégées, elles doivent renfermer quelque chose de très important.
- Sans doute... mais quoi ? Et surtout, pour qui ?
- Le dragon le sait peut-être... Il y a une tour à l'orée de la forêt. Tu pourrais essayer d'y amarrer le Skid...
La tour se révèla être en réalité un cylindre de marbre ivoire, au pied recouvert de lierre. Toutefois, ce cylindre se comportait exactement comme les tours de Lyoko, et Aélita put y amarrer le vaisseau sans difficulté. Tandis que les deux jeunes filles débarquaient, le dragon venait vers elles. Un personnage vêtu d'un long manteau gris perle, le visage masqué sous une capuche, marchait à ses côtés.
Une émotion intense s'empara alors de Yumi. Elle sentit les battements de son cœur s'accélérer, sa respiration se fit haletante. Elle avait du mal à comprendre ce qui lui arrivait. Et lorsque l'individu s'arrêta et abaissa sa capuche, elle sentit ses jambes lui manquer, car devant elle se tenait une personne qu'elle avait cru ne jamais revoir.
- Ulrich..., souffla-t-elle.











5. Retrouvailles
Yumi n'en croyait pas ses yeux. Pendant trois mois, elle l'avait cru mort, éffacé à jamais par la Mer Numérique. Mais maintenant il était là, devant elle. Elle voulut s'élancer vers lui, mais une force incompréhensible l'empêchait de se jeter dans ses bras. Une sorte de crainte. Cet Ulrich ressemblait peu à celui de ses souvenirs : le teint cireux, les joues creuses, les yeux éteints, de nombreux fils blancs parsemant ses cheveux, il avait presque l'apparence... d'un fantôme. Il n'émanait de lui aucune chaleur, aucune émotion. Un doute horrible l'envahit. Et s'il était vraiment mort ? Et si ce n'était que son esprit qui se tenait devant Aélita et elle ? Ou un bloc d'indifférence, sans... sans âme ?
Tremblant de tous ses membres, redoutant ce qu'elle allait découvrir, elle s'avança lentement. C'est à ce moment qu'elle remarqua qu'il était aussi grand qu'elle, et que son bandana avait disparu. Timidement, elle posa une main sur son visage et lui effleura la joue. Sa peau était glacée, mais ferme.
"Maintenant, je sais que je n'ai pas affaire à un fantôme", pensa-t-elle. "Mais est-il encore capable d'éprouver des sentiments ?"

Contre toute attente, un sourire léger, à peine visible, étira les lèvres d'Ulrich. Un instant, il posa la tête contre la paume de la japonaise et ferma les yeux. Une larme coula sur sa joue, que Yumi prit soin d'essuyer tendrement avec son pouce. Ils échangèrent un regard voilé par l'émotion puis, n'y tenant plus, Yumi le prit dans ses bras et le serra avec force. Il lui sembla, en une fraction de seconde, qu'une partie d'elle-même, arrachée trois mois auparavant, venait de nouveau se fondre à elle. Heureuse comme jamais, elle enfouit son visage dans le cou du jeune homme.
- J'ai cru que je ne te reverrais jamais, souffla-t-elle. Si tu savais à quel point tu m'as manqué...
Ulrich lui rendit son étreinte avec fougue, incapable de trouver les mots exacts pour traduire ce qu'il ressentait.
- Tu m'as manqué, toi aussi, finit-il par murmurer.
Ils restèrent un moment enlacés. À ce moment, une brise légère se leva, faisant bruisser les feuilles des arbres. L'espace d'un instant, Yumi crut entendre un chœur interpréter une douce mélodie, mais il s'évanouit si vite qu'elle se demanda si elle n'avait pas rêvé.
Lorsqu'ils se détachèrent, Aélita en profita pour se jeter à son tour dans les bras du garçon.
- Oh Ulrich... Qu'est-ce que la Méduse a pu te prendre pour que tu sois dans un tel état ? Et comment as-tu fait pour sortir de la Mer Numérique ?
La jeune fille le sentit se raidir brusquement, comme s'il venait de recevoir un coup de fouet. Un grognement bref et tendu s'échappa de la gorge du dragon.
- Je... je préfère éviter d'en parler..., marmona-t-il, les dents serrées, tandis qu'il la repoussait.

Un silence lourd s'installa, presque tangible. Aélita se rendit compte qu'elle venait de toucher une corde sensible. Aussi, elle n'insista pas.
- Où sommes-nous Ulrich ? demanda-t-elle.
- Dans la forêt de la Ménestrelle, un territoire situé au-delà du réseau, et donc hors de portée de XANA, répondit le jeune homme, visiblement soulagé par le changement de sujet. La cachette idéale pour Franz Hopper et moi.
- Quoi !? P... Papa est ici ?
- Oui. Il se cache dans ces ruines depuis la destruction totale de Lyoko. C'est lui qui m'a sorti de la Mer Numérique, il y a un mois, et qui m'a soigné.
- Soigné ?
- J'étais presque mourrant lorsqu'il m'a ammené ici. Je ne suis sur pieds que depuis cinq jours.
- Tu aurais quand même pu nous donner de tes nouvelles ! le tança Yumi.
- Ce n'était pas l'envie qui me manquait, mais la connection entre le labo et ce territoire n'était pas encore établie. C'est d'ailleurs pour ça que Hopper m'a demandé d'envoyer Zéphyr vous chercher.
- Zéphyr ?
Il se tourna vers le dragon nébuleux et lui adressa un léger signe de tête. Aussitôt, l'aura brumeuse qui l'enveloppait se dissipa, dévoilant totalement son corps impressionnant. Les deux jeunes filles reculèrent, les yeux écarquillés, à la fois fascinées et effrayées.
En taille, il rivalisait avec le plus imposant des éléphants. C'était un dragon aux écailles d'un gris lumineux et presque liquide, comme celui du vif-argent, et au port d'une noblesse extrême. Sur sa tête reptilienne, plus anguleuse que celle d'un serpent, reposait deux cornes à la courbe gracieuse. Ses pattes musclées, identiques à celles des félins, se terminaient par des griffes acérées, capables de déchiqueter un humain sans effort. Ses ailes de cuir, aux membranes d'un blanc immaculé, étaient repliées le long de ses flancs.
Avec une grâce ophidienne, il arqua son grand cou pour que son œil bleu, fendu verticalement de noir, soit au même niveau que la tête d'Ulrich. Celui-ci leva la main et se mit à lui gratter le tour de l'œil.
- Mesdemoiselles, je vous présente Zéphyr, mon dragon gris.
- Il... il est... à toi ? balbutia Yumi.
- Oui. Il n'obéit qu'à moi. Et depuis que je suis ici, il a détruit six réplikas à lui tout seul. Mais là n'est pas la question.
Il sortit d'une poche de son manteau une sphère de verre, de la taille d'un poing, à l'intérieur de laquelle dansaient des fumerolles couleur de nuit.
- Il y a là-dedans les programmes nécessaires pour établir la connexion entre la forêt et le labo, expliqua-t-il, ainsi que deux ou trois petites choses supplémentaires. (il la tendit à Aélita) Pour envoyer toutes ces données à Jérémie, connecte-la à l'interface du cinquième territoire.
- Et je fais comment ? demanda l'intéressée en prenant la sphère.
- Approche-la simplement du moniteur.

Soudain, le dragon gris releva la tête et laissa s'échapper de sa gorge un grondement caverneux.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Yumi.
Ulrich avait à son tour levé la tête et regardait le ciel avec appréhension.
- Il est temps pour vous de partir, annonça-t-il d'une voix tendue.
- Un problème ? lança Aélita.
- XANA n'est pas loin de se réveiller.
- Je croyais que ce territoire était hors du réseau !
- Le territoire, oui, mais pas sa porte ! Zéphyr a dû la laisser ouverte pour que vous puissiez sortir d'ici. Partez ! Tout de suite !
Yumi et Aélita obéirent sans discuter.
Sitôt que leurs mains touchèrent le cylindre blanc, elles se retrouvèrent à leur place respective dans le vaisseau. Presque sans transition, celui-ci se détacha du cylindre et démarra en trombe, filant droit vers la ceinture rouge et le ciel nuageux. Quelque secondes plus tard, il surgit dans les eaux bleues de la Mer Numériques. Pour le moment, tout était calme. Se souvenant de l'avertissement d'Ulrich, Aélita poussa la turbo-hélice à fond, et dirigea le vaisseau vers Lyoko.

Au plus profond du réseau, XANA hurla si fort que les murs de son repère tremblèrent. La porte n'était pas restée ouverte assez longtemps pour qu'il puisse repérer la forêt cachée.
Avisant William étendu à ses pieds, inconscient, il leva une "main", prêt à passer sa colère sur lui une seconde fois, mais se ravisa. Malgré ses précédents échecs, ce gamin constituait sa meilleure arme contre ces maudits lyokoguerriers. Le tuer serait donc une erreur regrettable.
Mais son zèle et son orgueil finiront par nuire à mes projets, songea-t-il. Il faut que remette la main sur l'autre au plus vite. Et après seulement, je me débarrasserai de lui.

Le Skidbladnir avait disparu depuis longtemps, mais Ulrich ne parvenait pas à détourner les yeux du coin de ciel où le vaisseau s'était engouffré.
- Il était encore trop tôt, lança une voix dans son dos.
Le jeune homme baissa les yeux et se tourna vers Zéphyr.
- Elles ont le droit de savoir ! riposta-t-il.
- Si tu leur avait tout dit, crois-tu qu'elles auraient continué de te faire confiance ?
Ébranlé par la question de son dragon, Ulrich ne répondit pas. Son raisonnement se tenait tout à fait. Que ce serait-il passé s'il avait révélé à Yumi et Aélita ce qui lui était arrivé dans la Mer Numérique ?
- Mais si on attend trop longtemps, mes amis vont me reprocher de le leur avoir caché. Et si jamais William croise ma route...
Il fut incapable de finir sa phrase, se sentant tout d'un coup pris dans un piège sans issue. Conscient de sa détresse, Zéphyr émit un doux ronronnement et frotta son nez contre sa joue.
- Je ne te laisserai jamais tomber, dit-il. Et la Ménestrelle non plus.
Comme pour souligner ses paroles, un vent léger se leva, soulevant une myriade de petites feuilles qui vinrent tourbillonner autour d'eux.












6. Un nouveau monstre
Le soleil était couché depuis longtemps. C'était une nuit sans lune, avec pour seule source de lumière les étoiles constellant le ciel. Dans cette obscurité quasi totale, plus précisément au collège Kadic, seule une fenêtre était encore éclairée : celle de la chambre de Jérémie. Celui-ci était assis devant son ordinateur, en compagnie d'Aélita, et discutait avec elle des évènements de l'après-midi.
- C'est incroyable qu'Ulrich ait réussi à survivre durant tout ce temps...
- C'est vrai, mais il l'a payé cher. Il n'avait vraiment pas l'air d'aller bien lorsque Yumi et moi nous l'avions vu...
- Sans doute à cause de ce que la Méduse lui a pris. Rappelle-toi dans quel état tu étais à chaque fois que cette sale bête essayait de te voler ta mémoire ! Et son "séjour" dans la Mer Numérique n'a pas dû arranger les choses ! On peut dire que William n'a rien fait à moitié...
Ils échangèrent un regard qui en disait long sur le ressentiment qu'ils éprouvaient envers le guerrier noir. Le groupe n'en serait pas là si cet idiot n'avait pas joué les bravaches lors de sa première mission. En se comportant de la sorte, il était devenu une cible de choix pour XANA. À présent aux ordres de ce dernier, il ne cesse de leur compliquer la tâche, mais le coup le plus dur leur fut porté il y a trois mois, les affaiblissant considérablement. Depuis, détruire un réplika constituait un véritable exploit. Savoir Ulrich vivant leur avait remonté le moral, mais le fait d'apprendre dans quel état il était les avait sitôt déprimé.
Soupirant à la fois de frustration et d'impuissance, ils reportèrent leur attention sur les fenêtres affichées à l'écran, principalement sur celle montrant la jauge de progression du décryptage des données qu'Ulrich leur avait remises. En voyant qu'elle n'en était qu'à 8%, Aélita soupira de nouveau.
- C'est long...
- Mon ordi est moins puissant que celui du super-calculateur. C'est déjà bien qu'il soit arrivé jusque là en 3 heures. Au mieux, ce sera terminé pour demain matin. Au fait, quelle heure il est ?
- Minuit et demi, soit l'heure d'aller se coucher si on ne veut pas que Jim nous mette la main dessus !

Pour leur plus grand malheur, le décryptage ne s'acheva que deux jours plus tard, lors de la pause de midi. Jérémie, qui tournait comme un lion en cage, se planta aussitôt devant son ordinateur... et écarquilla les yeux. L'esprit en ébullition, il se saisit de son portable et composa le numéro d'Aélita, mais fut incapable de formuler une phrase cohérente. Après plusieurs tentatives infructueuses, Aélita essaya de le tempérer :
- Tout doux Jérémie, calme-toi. J'arrive avec Yumi et Odd. En attendant, inspire et expire à fond, ça t'évitera de bégayer ou de parler petit nègre !
Mais c'est un génie aussi excité qu'un groupe de fans de Claude François que Yumi, Aélita et Odd découvrirent en entrant dans la chambre.
- Eh ben Einstein, qu'est-ce qui s'passe ? T'as trouvé la caverne d'Ali-Xana ou quoi ?! lança Odd.
- Mieux qu'çà ! En plus de la liaison audio avec la forêt cachée, il y a dans ces données un moyen d'améliorer mon système multi-agent et de détruire les réplikas sans avoir à passer par la translation ! C'est-y pas génial ?
Puis il ajouta, sans attendre de réponse :
- Je mets tout ça sur un cd. Ce soir, à 18 heures pétantes, rendez-vous à l'usine pour les tests !
Sur ce, il se mit à l'ouvrage, sans plus accorder d'attention à ses amis qui le regardaient d'un air ahuri.
"Seigneur, ayez pitié de nous, nous sommes à la merci d'un génie qui n'a plus toute sa tête," pensa Odd.

Le soir venu, l'état de Jérémie ne s'était pas du tout amélioré : tout en installant les programmes, il s'était lancé dans un commentaire passionné sur leur utilité, en ajoutant de temps à autre des suggestions d'amélioration. Son discours lassa très vite son public (même Aélita), assis dans le fond du laboratoire, qui n'avait plus qu'une seule envie : filer sur Lyoko pour ne plus l'entendre.
- J'en viendrai presque à souhaiter une attaque de XANA, marmonna Odd entre ses dents. J'y comprend rien de rien à son blabla !
À peine eut-il achevé sa phrase que l'alarme du super-scan se déclencha, signalant une tour activée. Jérémie fut aussitôt incapable de poursuivre l'installation des données que XANA commençait déjà à effacer. Là, ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase ; il explosa littéralement de colère.
- Y'en a marre ! À chaque fois qu'je m'mets à travailler sur le super-calculateur, 'faut toujours que XANA m'mette des bâtons dans les roues ! (il se tourna vers Odd, Yumi et Aélita) Allez vous trois, au boulot ! Direction : territoire d'la banquise !
Les interpellés le dévisagèrent, éberlués, les yeux ronds comme des soucoupes.
- Et qu'ça saute !
Ils bondirent sur leurs pieds et se ruèrent dans le monte-charge. Dix secondes chrono plus tard, ils atterirent sur le sol glacé de la banquise virtuelle, juste derrière leurs véhicules.
- La tour activée est à 11 heures, annonça Jérémie. Mettez l'turbo !
Peu enclins à recevoir des remarques de la part de leur opérateur, ils obéirent immédiatement.

Bien qu'ils poussaient leurs engins au maximum de leurs capacités, la route fut très longue. Pour passer le temps, Odd argumentait avec Aélita, essayant de comprendre pourquoi Jérémie se comportait de cette façon inhabituelle.
Yumi n'écoutait qu'à moitié, scrutant les alentours dans l'espoir d'apercevoir un indice signalant la présence de Zéphyr, et donc peut-être d'Ulrich. Mais elle ne voyait rien de plus qu'un paysage glacé et désert, parsemé de hauts pics et de falaises.
"Il ne doit sans doute se montrer que lorsqu'il y a des monstres," songea-t-elle. "À ce propos, c'est bizarre que XANA ne nous ait pas encore envoyé ses larbins."
Elle en fit la remarque à Aélita et à Odd, tandis qu'ils pénétraient dans un canyon étroit et sinueux.
- Maintenant que tu le dis, c'est vrai que ce calme n'est pas normal, reconnut Aélita. À mon avis, soit XANA nous prépare le même coup qu'il y a trois mois, soit il nous réserve une mauvaise surprise.

Pendant ce temps, dans le laboratoire, Jérémie luttait contre XANA. Pour l'instant, il arrivait à l'empêcher de faire davantage de dégâts, mais il savait qu'il ne résisterait pas éternellement. Soudain, il remarqua que quelque chose était en train de se passer dans la Mer Numérique : XANA drainait l'énergie des réplikas vers le territoire de la banquise... là où se trouvaient ses trois amis !
- Oh... ça c'est pas bon, pas bon du tout ! gémit-il.
- Qu'est-ce qui se passe, Jérémie ? demanda Aélita.
- XANA pompe l'énergie de tous ses réplikas. Je ne sais pas pourquoi il fait ça, mais c'est certainement pas pour refaire la déco des territoires !

Le canyon menait à un cirque de forme ovale dont l'extrémité s'ouvrait sur un lac. Au bord de ce lac se dressait la tour activée. Tout semblait calme, mais lorsque les lyokoguerriers sortirent du canyon, l'eau du lac se mit à bouillonner, faisant s'élever une colonne de vapeur. Puis, lentement, un monstre cauchemardesque émergea des remous.
Son corps, là où une épaisse croûte de roche ne le dissimulait pas, était fait de lave en fusion. Il était haut comme deux tours, et se déplaçait sur deux pattes ridiculeusement petites et fines pour un corps aussi massif. Il était si lourd que le sol tremblait à chacun de ses pas.
Six cornes hautes et tordues couraient sur toute la largeur du sommet de son crâne. Son "visage", blanc et plat, se terminait par deux petites tentacules et arborait le signe de XANA. Un simulacre d'épée à tranchant unique, affublé lui aussi du signe honni au cœur d'une immitation d'un réseau de grosses veines, remplaçait son avant-bras gauche.
Devant cette vision monstrueuse, Yumi réagit instinctivement en cabrant son overwing, ce qui eut pour effet de le stopper net. Odd, qui la suivait de près, dut faire une embardée pour éviter la collision. Déséquilibré, il chutta de son overboard et fit quelques roulé-boulés avant de se retrouver pieds par-dessus tête. Il ouvrit la bouche pour rabrouer la japonaise, mais Jérémie lui coupa l'herbe sous le pied.
- Je capte quelque chose sur mon écran. Qu'est-ce que c'est ?
- On est devant un nouveau monstre, Jérémie, et il est gigantesque ! répondit Yumi d'une voix affolée. Tu ne sais pas comment on pourrait s'en débarrasser ?
- Désolé, je n'en ai pas la moindre idée pour l'instant. Alors je ne vois qu'une solution : fuyez !
Ils ne se le firent pas dire deux fois. Seulement, les violentes secousses suscitées par l'avancée du titan provoquèrent un éboulement au niveau de l'entrée du canyon. Les lyokoguerriers, qui se trouvaient à cet endroit précis, durent abandonner précipitamment leurs véhicules pour ne pas se faire écraser. Dès que les blocs se furent stabilisés, ils entreprirent de les escalader, mais il était trop tard : le monstre était sur eux. Ils se préssèrent contre les éboulis.
- Vous n'auriez pas une parole historique par hasard, les filles ? lâcha Odd d'une voix tremblante.
- Heu... "on est fichu", ça ira ? proposa Aélita.
- Zéphyr, où es-tu ? marmonna Yumi. On a besoin de toi !
À l'instant où le béhémoth brandissait son "épée", un éclair d'un blanc bleuté le frappa en pleine poitrine, l'envoyant valser loin en arrière. L'impact de sa chutte fit vibrer le sol, provoquant un nouvel éboulement balayé par un second éclair.
De fins cristaux de glace retombèrent sur les cheveux et les épaules des lyokoguerriers stupéfaits.
- Qu'est-ce que..., commença Aélita.
Un rugissement assourdissant, qui fit trembler sur leurs bases les murailles de glace, se répercuta dans toute la vallée, malmenant rudement leurs tympans. Puis, une forme argentée, dotée d'ailes immenses, passa au-dessus de leurs têtes et piqua vers le bras-épée du monstre.
- Zéphyr, souffla Yumi.
Le dragon ouvrit grand les mâchoires, et un éclair jaillit de sa gorge. Sa cible fut tout bonnement pulvérisée.
Bléssé à mort, le titan s'effondra, et la lave contenue dans son corps se solidifia instantanément. Un gémissement lugubre accompagna son dernier soupir.











7. Invitation
Zéphyr vira sur son aile gauche et descendit suivant une large spirale. Lorsqu'il survola le corps terrassé de son adversaire, il freina son allure d'un coup d'aile et se réceptionna sur une patte arrière avant de tomber élégamment à quatre pattes.
Avec grâce, il replia ses ailes et arqua son cou, de sorte que sa tête soit au même niveau que celles du petit groupe qui se tenait devant lui, à quelques pas de distance.
- Il était moins une, pas vrai ? dit-il.
Surpris d'entendre des paroles sortir de la bouche d'un animal, les lyokoguerriers fixèrent le dragon, les yeux écarquillés.
- Eh bien, que vous arrive-t-il ? On croirait que vous avez vu un fantôme !
- Il... il parle ! s'exclama Odd.
- Oui, en effet, je parle ! Et certainement beaucoup mieux que vous, jeune homme !
Entendant l'élocution hautaine et soignée du grand reptile, les yeux du garçon s'arrondirent davantage. Se ressaisissant rapidement, il ouvrit la bouche pour répliquer.
Jérémie ne lui en laissa pas l'occasion.
- Dites, maintenant que le gros balot est à terre, vous pourriez peut-être avoir l'extrême obligeance de vous occuper de la tour ? siffla-t-il.
- Tu devrais y aller Aélita, sinon le grand chef va s'énerver ! railla Odd.
- Oh, il y a déjà longtemps que c'est fait ! répliqua l'interpellée d'une voix lasse alors qu'elle déployait ses ailes et s'envolait.
- Si ce n'est pas malheureux de voir sombrer un si grand cerveau...
- Odd, si tu continues, ça va mal se finir ! fit Jérémie, menaçant.

Tandis qu'Aélita filait à tire-d'aile à l'autre bout du cirque et que Jérémie et Odd se volaient verbalement dans les plumes, Yumi s'approcha du dragon. Celui-ci observait la scène d'un air amusé.
- Ulrich n'avait pas exagéré à propos de l'asperge violette : elle cherche vraiment les ennuis !
L'asperge violette... Par bonheur, Odd était trop occupé (et trop loin) pour entendre ça !
- Comment va-t-il ? demanda Yumi.
Zéphyr baissa un peu plus la tête et ouvrit la bouche, révélant des crocs acérés et luisants. Le cœur de la japonaise fit un bond dans sa poitrine. Il lui fallut un moment pour comprendre que le dragon souriait.
- De mieux en mieux. Et sa guérison s'est accrue depuis ton passage sur la terre de la Ménestrelle. (il baissa la voix) Ça te dis d'y refaire un tour ?
Yumi eut besoin de quelques secondes pour saisir toutes les implications de cette question. Stupéfaite, elle dévisagea Zéphyr.
- C'est... c'est vrai ?
- Un dragon n'a pas pour habitude de raconter n'importe quoi.
La jeune fille sentit aussitôt un flot de joie l'imprégner tout entière, faisant naître sur ses lèvres un sourire ravi. Enfin elle allait revoir Ulrich !
- Est-ce que je pourrai venir demain après-midi ?
- Si tu veux. Je t'attendrai sur le territoire du désert.

Au loin, le halot vaporeux qui enveloppait la tour vira sans transition du rouge au bleu. Quelques instants plus tard, Aélita atterrit à côté de Yumi. Elle salua Zéphyr d'un hochement de tête.
- Merci de nous avoir tiré d'un mauvais pétrin, dit-elle. Sans toi, le nouveau jouet de XANA nous aurait réduit en bouillie.
- Remercie plutôt Ulrich. Il avait insisté pour que je fasse une patrouille sur ce territoire, bien que je ne sentais la présence d'aucun monstre. Il a dû se douter que XANA allait vous envoyer ce gros plein de soupe.
- En parlant du gros balèze, si on lui donnait un nom ? lança une voix haut perchée.
Les deux jeunes filles se retournèrent d'une pièce et virent Odd, tout sourire, qui venait vers elles d'un pas guilleret, visiblement nullement intimidé par l'imposant reptile ailé. À son expression enchantée, elles le soupçonnèrent d'avoir eu raison du peu de self-control qu'il devait rester à Jérémie.
Aélita soupira.
"Ça va être coton de le calmer..."
- Que pensez-vous de... kolosse, avec un K comme dans "kostaud" ?
- Sauf que le mot costaud prend un C, honte de l'éducation française ! corrigea Zéphyr. Mais ça résume bien le monstre.
- Navré d'interrompre cette conversation ô combien passionante, mais laissez-moi vous rappeler que nous avons un programme à tester, trancha Jérémie. Vous allez donc me faire le plaisir de filer, et en 4ème vitesse, vers l'extrémité de ce territoire, que je puisse vous emmener dans le 5ème !
- Alors envoie nos bécanes et fiche-nous la paix ! intima Yumi d'une voix forte. Et en même temps calme-toi, où c'est moi qui vais le faire ! Et pas en douceur !
Surpris par l'attaque brutale de leur amie, Aélita et Odd reculèrent d'un pas, Zéphyr releva vivement la tête. Impressionnés, ils s'étaient figés dans un silence de glace.
Dans le laboratoire, Jérémie avait blêmit sous le ton cinglant. Il ne s'était pas attendu à ce que Yumi lui réponde ainsi. Incapable de parler, il lança le programme des véhicules.

La soirée était fort bien avancée lorsque les lyokoguerriers sortirent de l'usine. Encore secoué par le coup de colère de Yumi, Jérémie ne prononça pas un mot. Replié sur lui-même, il refusait tout contact avec les autres. Il avait besoin d'être seul. Pour réfléchir en paix. De plus, il était furieux. Non pas contre Yumi, mais contre lui. Que lui était-il arrivé ? Pourquoi s'était-il montré si brutal avec ses amis ? Ce genre de comportement ne lui ressemblait pas !
Odd, n'osant interrompre la méditation sauvage de son ami, s'abstint pour une fois des ses plaisanteries incessantes. Aélita et Yumi étaient restées en arrière afin de parler en toute tranqulité, loin des oreilles indiscrètes.
- Je crois que j'ai été un peu brusque avec lui.
- Non Yumi. Ta réprimande lui a remis les idées en place. Maintenant, il faut attendre qu'il se ressaisisse.
- Ça peut durer longtemps ?
- Je ne sais pas... (elle prit soudain un air malicieux) Au fait, quand je suis revenue de la tour, j'ai remarqué que tes joues étaient plus roses et tes yeux plus brillants que d'habitude ! Qu'est-ce que le dragon t'a raconté pour tu sois si joyeuse ?
Prise au dépourvu par le changement de sujet, Yumi n'eut guère le temps de contrôler ses émotions. Elle rougit de confusion.
- Heu... eh bien... il... il m'a invité dans la Ménestrelle.
- Et tu t'es bien gardée de nous le dire, hein ? Cachottière !
Émue plus qu'elle ne l'aurait voulu, Yumi n'osait plus rien dire. Le sourire complice que lui lança Aélita acheva de la désarçonner.
- Mais quelque chose me dit que tu aimerais bien y aller seule. Tu nous donneras des nouvelles d'Ulrich.
Sur ces paroles, elle s'en alla, laissant derrière elle une japonaise ébranlée.

Quelque part dans la Mer Numérique, au cœur d'un immense temple de pierre, une barrière translucide ornée d'un mandala vert s'estompa, livrant passage à William. Celui-ci mit un genoux à terre et s'inclina devant une silhouette vaporeuse.
- Vous vouliez me voir, Grand Maître ?
- Zéphyr a vaincu mon nouveau familier.
William déglutit. Les intonations sèches de la voix de son maître ne lui disaient rien de bon. Persuadé qu'il allait passer sa mauvaise humeur sur lui, il se raidit à l'avance contre les coups.
- Ce cher Ulrich est plus méfiant que je ne le pensais, lâcha la "chose" après un long silence. Et il a l'air de tenir à ces morveux ; particulièrement à l'asiatique. Cela me donne des idées...













8. Visions
Cette nuit, Yumi eut quelque peine à s'endormir. Elle ne cessait de se retourner dans son lit, une foule de pensées se bousculant dans son esprit. Certes, il lui tardait de revoir Ulrich mais, implicitement, cette visite lui faisait peur. Elle ne savait pas comment le jeune homme allait réagir, ni ce qu'elle ferait lorsqu'elle se retrouvera face à lui. Un instant, l'idée de se précipiter dans ses bras l'effleura. Mais elle la rejeta avec force. Ce n'est pas son genre de revenir sur une décision : " Copains, et puis c'est tout ! " Si elle s'est laissée aller à une telle démonstration sentimentale envers Ulrich, c'est parce qu'elle était heureuse de le savoir vivant et, contrairement à ce qu'avait l'air de penser Aélita, elle n'éprouve pour lui que de l'amitié, rien de plus !
Cependant, au fond d'elle-même, elle sentait que son raisonnement manquait de conviction.

Vers 3 heures du matin, lorsqu'enfin elle sombra dans le sommeil, d'étranges visions vinrent hanter ses rêves. Une forêt verdoyante s'étendait à perte de vue devant elle. Les frondaisons, éclaboussées de lumière, ondulaient sous l'action d'un vent léger, telles des vagues sur l'océan. À l'horizon, suspendu entre ciel et terre, un ruban d'un rouge éclatant, orné de symboles dorés aux formes compliquées, ceinturait la forêt. Derrière, semblables à des montagnes mouvantes, des nuages gris et blanc dominaient les lieux de leur masse gargantuesque.
"La Ménestrelle..." reconnut Yumi.
Puis la vision s'estompa, remplacée par celle d'un arbre imposant à l'écorce grise planté sur un îlot, au milieu d'un étang cerné par la forêt. Une mélodie étrange, douce et veloutée, qui semblait émaner de centaines de gorges (alors qu'il n'y avait apparemment pas âme qui vive), vibrait dans l'air.
Une ombre passant soudainement sur l'eau, Yumi leva les yeux et vit, volant en cercle au-dessus de l'arbre, deux oiseaux géants au plumage brillant. Puis, au pied du végétal, apparut une silhouette centaurienne aux traits indistincts. Mal à l'aise devant de telles créatures, Yumi voulut reculer vers les arbres qu'elle devinait tout proche, mais son corps refusait de lui obéir.
- Qui es-tu ? gronda une voix pareille à celle d'un ours.
Yumi sursauta. Qui avait parlé ? Le "centaure" ou les oiseaux ?
- D'où vient cette petite et que fait-elle ici ? continua une autre voix, féminine cette fois. Comment a-t-elle trouvé le moyen d'entrer dans la forêt ? Qui le lui a montré ?
Les voix n'étaient pas hostiles, juste intriguées. La jeune fille tenta de leur répondre, mais aucun son ne parvint à sortir de sa gorge.
Soudain, tout s'évanouit dans une lumière émeraude, et elle eut une autre vision, plus merveilleuse.
Elle se trouvait maintenant assise sur l'herbe douce et fraîche de l'îlot, à l'ombre du grand arbre. Blottie dans les bras d'Ulrich, elle portait une longue robe aux couleurs de l'automne et allaitait un nouveau-né pelotonné contre sa poitrine. Souriante, elle caressa la tête duveteuse du bébé et sentit de minuscules doigts s'accrocher à son sein. Heureuse d'être dans un tel endroit, avec son bien aimé et un si joli enfant, Yumi le serra contre elle et fredonna la chanson de la forêt pendant qu'il continuait à téter.

Brusquement, une pensée terrible la traversa. Un tel bonheur pouvait-il durer ? De sombres machinations ne se tramaient-elles pas dans l'ombre ?
Comme pour souligner ses craintes, les contours de la forêt se diluèrent dans les ténèbres et elle se retrouva au cœur d'un cloaque obscur, où règnait une épouvantable cacophonie. Non loin d'elle, Ulrich, englué jusqu'à la taille dans une fange d'ombres mouvantes, s'enfonçait inexorablement. Juste au-dessus de lui, Zéphyr essayait de l'attraper, mais il devait constamment reprendre de l'altitude pour échapper aux tentacules noires qui jaillissaient du néant. Terrifiée à l'idée de voir Ulrich enterré vivant, Yumi voulut l'aider, mais ses jambes lui refusaient tout service. Un poids énorme, celui de la haine pure qu'elle sentait bouillonner dans le cloaque, lui oppressait la poitrine.
- Ulrich... gémit-elle.
Enfoui jusqu'aux épaules, il tendit les bras vers elle, implorant son secours. C'est alors qu'elle vit une forme ailée monstrueuse, plus noire que les ténèbres, fondre sur lui et le saisir dans ses serres. Zéphyr, tenu à distance par les tentacules, ne put rien faire.
- Lâche-le sale bête ! cria-t-elle.
- Ton ami appartient à mon maître ! rétorqua l'apparition d'une horrible voix grave et métallique.
- C'est impossible, tu mens !
- En es-tu sûre ? Sais-tu ce qu'il s'est passé pendant qu'il n'était plus à tes côtés ?
Sur ces questions, tout se dilua dans un néant zébré d'éclairs rouges comme le sang. Elle eut l'impression que du sable coulait dans ses poumons.

Yumi se réveilla en hurlant et s'assit d'un bond dans son lit, persuadée qu'un cri était vraiment sorti de sa gorge. Mais la maison était silencieuse.
Sous le choc, elle se prit la tête entre les mains, et se força à se calmer.
"Ce n'était qu'un rêve... Un très mauvais rêve... Impossible qu'Ulrich soit de leur côté..."
Décidée à prendre un peu de repos avant l'arrivée imminente du matin, elle se rallongea et ferma les yeux, chassant les paroles du monstre de son esprit. Elle sombra aussitôt dans un sommeil sans rêve, sans se douter que, perché sur une branche de l'arbre qui faisait face à sa chambre, un corbeau la fixait de son œil sombre où luisait de temps à autre le signe de XANA.












9. La Ménestrelle
Durant toute la matinée de ce début de week-end, Yumi chercha à masquer son impatience sous une attitude studieuse. Mais malgré ses efforts, le temps s'écoulait trop lentement, ce qui l'agaçait sérieusement. Et pour ne rien arranger, Hiroki, son frère cadet, qui avait remarqué son manège, ne cessait de la taquiner à la moindre occasion. C'est donc avec soulagement qu'elle vit arriver les 2 heures de l'après-midi.

Quelques instants plus tard, elle atterrit sur le sol sablonneux du territoire du Désert... juste devant une silhouette draconienne enveloppée de brume qui la ragardait fixement. Ne s'attendant pas à tomber ainsi sur Zéphyr, Yumi recula précipitamment.
- Co... comment as-tu su où..., balbutia-t-elle.
- Je le savais, c'est tout. Maintenant viens près de moi si tu ne veux pas te faire repérer. (Devant le regard interrogateur de la japonaise, il précisa.) La brume te rendra invisible aux yeux de XANA et te protègera de la Mer Numérique. Allez viens, vite !
Yumi hésita, puis traversa l'enveloppe nébuleuse. Aussitôt, les traits du dragon devinrent parfaitement nets tandis que les environs se brouillèrent, au point qu'elle fut incapable de voir au-delà de 2 ou 3 mètres. Elle se demanda comment faisait Zéphyr pour se déplacer sans problème dans une telle purée.
- Mon regard transperce le brouillard, lança ce dernier comme s'il avait lu ses pensées.
Délicatement, il la prit dans ses antérieurs et, d'une puissante poussée des pattes arrières, prit son envol. Quand il battit des ailes pour prendre de l'altitude, il effleura d'une patte le visage de sa passagère, la plongeant dans un profond sommeil.
Cela t'évitera des nausées désagréables.

Lorsque Yumi rouvrit les yeux, Zéphyr descendait doucement vers la clairière qui séparait la forêt des ruines. Il s'y posa maladroitement, battant des ailes pour garder l'équilibre tandis qu'il la déposait sur le sol, à quelques mètres des arbres. Elle se mit aussitôt à courrir vers eux.
- Non Yumi, attend ! cria Zéphyr.
Au moment où la jeune fille allait passer entre les premiers troncs, un cri lugubre retentit du fond de la forêt, suivit d'une raffale puissante et glaciale qui la renvoya sans ménagement dans les pattes du dragon.
- Je voulais te prévenir que la Ménestrelle ne laisse pas n'importe qui fouler son sol, déclara ce dernier en cachant son amusement de son mieux. Maintenant que tu l'as rendu méfiante, ça risque d'être très difficile pour toi d'y entrer.
Yumi le dévisagea, les yeux écarquillés. Ce reptile était-il en train de se payer sa tête ?
Lorsqu'elle baissa les yeux, elle remarqua que quelque chose avait changé. La forêt, il y a quelques instants accueillante et lumineuse, était devenue sombre et oppressante. Noirs, épais et tordus, les arbres se serraient les uns contre les autres comme des soldats avant un assaut. Avec leurs cimes entrelacées, ils composaient une frondaison si dense que la lumière ne pouvait caresser le sol. Tapis au cœur de la végétation, des yeux espionnaient l'intruse qui avait osé tenter de pénétrer dans la forêt sans permission. Pour ne rien arranger, une plainte sépulcrale et monocorde montait des profondeurs sylvestres.
- Zéphyr, qu'est-ce que je dois faire ?
- Te présenter à elle telle que tu es vraiment, lui ouvrir ton cœur et ton âme. Il te suffit simplement de poser tes mains sur l'arbre le plus proche et de laisser s'exprimer tes sentiments. Elle décidera ensuite de te laisser passer ou non. Maintenant, va !
Un peu sèchement, le dragon la remit sur ses pieds et, d'un mouvement de tête, la poussa vers les arbres. Si elle ne se dépêchait pas, la Ménestrelle n'hésiterait pas une seule seconde à la détruire et c'est la dernière chose que Zéphyr souhaitait. Il arqua alors son dos, comme un chat prêt à bondir sur une souris, décidé à intervenir si les choses venaient à mal tourner.

Inquiète mais déterminée, Yumi s'avançait vers la forêt. Cette dernière, cherchant à la dissuader d'entrer en contact avec elle, multipliait les tentatives d'intimidation : brise glaciale, concert de cris et de craquements sinistres, yeux lumineux et menaçants, râles, grognements... Malgré tout, la japonaise continuait d'avancer en tremblant de tous ses membres.
"Elle a du cran", songea Zéphyr, une lueur admirative traversant ses grands yeux opalescents.
Lorsqu'enfin Yumi atteignit l'arbre qu'elle avait choisi, elle plaça ses paumes contres l'écorce rugueuse et tenta de communiquer au végétal ses intensions pacifiques.
Durant quelques secondes qui lui semblèrent des heures, rien ne se passa. Au moment où elle allait reculer, persuadée que la Ménestrelle ne l'avait pas acceptée, elle sursauta tandis qu'elle venait de capter une... présence. Cela paraissait étrange, mais elle sentait la personnalité et les émotions de l'arbre. Et ses paumes étaient parcourues de picotements.
Soudain, une horrible douleur explosa dans son crâne. Elle voulut aussitôt s'écarter mais ses mains restaient soudées au tronc. Une sonde mentale déchira son esprit comme un coup de griffe.
- Zéphyr ! appela-t-elle.
- L'arbre te met à l'épreuve ! Surtout ne résiste pas et ne lui dissimule rien, ou il te tuera sur-le-champs !
La mâchoire crispée, Yumi s'obligea à s'exposer à la curiosité vorace du végétal. La pression s'intensifia, lui arrachant une plainte sourde. L'arbre se jeta avidement sur son être pour le passer lentement au crible. Pour la jeune fille, chaque seconde était un supplice.
"Tenir... Il faut... tenir..." se dit-elle en haletant de douleur.

Zéphyr observait la scène, de plus en plus inquiet. Quelque chose clochait, cela ne faisait aucun doute ! Et il sentait la soudaine tension de la forêt. Il essaya alors de sonder l'arbre pour savoir ce qu'il se passait, mais ce dernier le repoussa avec une violence telle qu'il eut l'impression d'avoir heurté le sol tête la première après une chutte de plusieurs centaines de mètres. Il lança de frénétiques appels à l'aide avant de s'évanouir.

C'était comme si des griffes glacées lui labouraient l'intérieur du crâne. Tout son corps était rigide ; sa peau irradiait de fièvre. Yumi sentait qu'elle ne tiendrait plus très longtemps.
Soudain, une voix puissante et profonde claqua dans l'air comme un coup de tonnerre :
- Assez !
L'étreinte mentale du végétal se relâcha d'un coup. Libérée, Yumi s'effondra sur le sol. Dans un état de semi-conscience, elle sentit des bras la soulever avec douceur. Un bruit de galop, semblable à un grondement d'orage, parvint à ses oreilles avant qu'elle ne bascule dans un trou noir.


Flammèche
29/10/07 à 15:36
Bonjour à tous !
Voici un court début de nouvelle fic. Ne sachant pas si ça vous plaira ou non, j'ai préféré poster uniquement l'intro. Vous me direz si ça vaut le coup ou pas de la continuer.

Bonne lecture !




Dans les eaux mortelles de la Mer Numériques, au plus profond du réseau, William faisait nerveusement les cent pas.
Cela faisait près d'un mois que son maître XANA n'avait pas activé de tour, et il s'ennuyait ferme. Plusieurs fois il avait tenté de le persuader de multiplier les offensives afin d'épuiser leurs ennemis, mais à la fin de chacun de ces entretiens, la réponse était un "non" catégorique, sous prétexte que c'était lui et lui seul qui prennait les décisions. Démoralisé, le guerrier noir avait baissé les bras.
Depuis, il se morfond, tout seul, sans quelqu'un à qui parler.
C'est alors que l'image d'une jeune fille vint hanter son esprit : grande, mince, vêtue d'un pull à col "bateau" et d'un pantacourt (tous deux noirs), les yeux bridés, et les cheveux d'un noir de jais, coupés courts et "au carré". Cette fille, il l'aurait reconnue entre mille : Yumi Ishiyama, une japonaise de son âge au charme ravageur.
Combien de fois avait-il tenté de l'entraîner dans la Mer Numérique pour qu'elle se joigne à lui...
Seulement voilà, il y a un obstacle de taille, incarné par un garçon d'un an plus jeune que lui et au caractère bien trempé : Ulrich Stern.
Celui-là... Rien que le fait de penser à son rival le mit de très mauvaise humeur. Il faut toujours que cet imbécile se dresse entre Yumi et lui ! Que donnerait-il pour qu'il disparaisse définitivement...
Seulement, mener cette agréable perspective à bien est une autre paire de manche car, William était forcé de l'admettre, Ulrich est un combattant dangereux capable de le battre à plat de couture. Pourtant, s'il réussissait à l'éliminer, non seulement il aurait le champs libre pour s'approprier Yumi, mais en plus son maître serait débarrassé d'un des lyokoguerriers.
Tiens, tiens... C'est pas bête, ça !
Et cette fois, XANA sera forcé de reconnaître qu'il est capable de mener seul une attaque avec succès.

Yumi90*
29/10/07 à 16:24
C tré cour mé tré prometteur
J'attend la suite avec impatince ^^

Artémis
29/10/07 à 16:46
Oh une nouvelle fic! :p
Très joli le titre, c'est poétique^^
Court début, certes, mais tu nous as averti. Te connaissant un peu dans le monde de la fiction, je sais que tu nous ne habitues pas à ce genre de texte bref, donc je te fais confiance et te délivre un bon commentaire comme toujours. Le récit est entraineur, rien que de penser à une histoire de jalousie et d'amour me fait trépigner d'impatience. L'idée est bonne, bien organisée, un peu tit peu d'humour, c'est alléchant pour la suite. Continue!! ;)

Yumi_Ulrich
30/10/07 à 08:56
Ah ça ça me plait... déjà le titre est vraiment très beau.
C'est peut-être court mais tu me mets l'eau à la bouche ^^, je me fais déjà une idée de ton style d'écriture et j'aime vraiment beaucoup... Amour, jalousie, action...tout cela me donnent hate de lire la suite :D

Vallone
30/10/07 à 09:22
Ca a l'air vraiment bien!! En tout cas moi j'accroche!! Un William stratège, un plan machiavélique^^
J'espère que tu vas vite mettre les premières lignes, j'ai hâte de savoir le déroulement du plan...

Killswitch
30/10/07 à 10:46
L'intro me plaît bien, en plus le titre est très beau et tu as une manière décrire qui est agréable à lire .
Qu'une chose à dire continue comme sa et vivement la suite ;)

Buzz
30/10/07 à 13:42
Moi aussi ça me plaît. J'avais pensé à ça quand William voulait emmener Yumi dans la mer numérique. Une autre querelle d'amour, j'adore !
Tu as prévenu que c'est court donc on peut te le reprocher. Pas de fautes, il y a de la ponctuation. C'est nickel, j'adore !

Flammèche
30/10/07 à 15:57
Tant de commentaires en si peu de temps ?! :shock: Hé bé... J'pensais pas que ma petite intro plairait autant...
Bon ben... je n'ai plus qu'à poster le premier chapitre !
En tout cas, j'ai été ravie de voir que ça vous a plu ! ;)

Bonne lecture !



1. Piège
C'était une belle après-midi de printemps.
Les nuages avaient enfin disparu, pour laisser place à un magnifique ciel bleu. Les jours rallongeaient, les arbres retrouvaient leurs parrures verdoyantes, les fleurs s'épanouissaient, les oiseaux, qui avaient déserté la ville durant l'hiver, emplissaient l'air de leur babillage ou s'amusaient à se poursuivre.
Cet afflux de vie décida les citadins de sortir de chez eux, et de se promener dans les allées boisées et les parcs.
Mais tout le monde n'avait pas la chance de pouvoir profiter de ces visions bucoliques.
Juché sur son skate, Ulrich filait à travers le dédale des égouts, chemin secret mainte fois emprunté pour rejoindre une vieille usine désaffectée.
Une fois dans le bâtiment, il entra dans un monte-charge pour se rendre au premier sous-sol. Là, dans une petite pièce éclairée par une étrange lueur verdâtre, assis devant un ordinateur dont la puissance ferait baver d'envie n'importe quel informaticien, Jérémie pianottait avec frénésie sur le clavier. À première vue, il semblait affolé.
- Qu'est-ce qui se passe, Einstein ? demanda Ulrich.
- Yumi a été envoyée sur Lyoko par un spectre polymorphe. De plus, le radar est HS, et pour couronner le tout, elle a des ennuis.
- Quels genres ?
- William.

En effet, sur le territoire des montagnes, le guerrier noir de XANA poursuivait la jeune asiatique. Cette dernière, cramponée au guidon de l'overwing, essayait de le distancer, mais la monture de William (une manta noire) connaissait son affaire question vitesse.
- Mais quel pot de colle ! maugréa-t-elle.
- Tiens bon Yumi, Ulrich arrive pour te filer un coup de main ! retentit la voix du petit génie.
- C'est pas trop tôt ! J'en par dessus la tête de jouer à chat avec le bourreau des cœurs !
- Est-ce qu'il y a d'autres monstres qui te poursuivent ?
- Heu... non, non, William est seul.

Entre-temps, Ulrich atterrit sur une des plate-formes mauves du territoire, juste à côté d'une moto verte à roue unique, l'overbike, programmé par Jérémie lors de sa virtualisation. Il l'enfourcha aussitôt.
- Einstein, je pars à la recherche de Yumi, lança-t-il alors qu'il démarrait.
- Ok, mais fais gaffe à toi ! Elle vient de me dire qu'aucun monstre est à ses trousses. Ça sent le coup fourré à plein nez !
- Relax Max, la dévirtualisation, c'est pas la mort à c'que je sache !
À ce moment, les portes du monte-charge s'ouvrirent sur un garçon blond assez maigrichon, et une jeune fille aux vêtements assortis à sa chevelure rose.
- Aélita, Odd, vous voilà enfin ! Filez à la salle des scanners, Yumi est poursuivie par William !
- Quel cavaleur celui-là ! s'exclama le blondinet en appuyant sur un bouton rouge.
Alors que ce qui leur servait d'ascenseur descendait au deuxième sous-sol, Odd remarqua l'air soucieux d'Aélita.
- Un problème, princesse ?
- Non... Je me demandais juste pourquoi XANA avait enlevé Yumi...
- Vu qu'c'est beau gosse qui la poursuit, la raison est toute trouvée ! Mais j'ose pas imaginer dans quel état on va l'retrouver si Ulrich le rattrape avant nous !
Les portes s'ouvrirent à nouveau, mais cette fois sur une salle plus lumineuse que celle du dessus où trois immenses cylindres, qu'ils appelaient scanners, les attendaient, portes grandes ouvertes. Chacun d'eux y entra.
- Vous êtes prêt ? C'est parti !
À peine furent-ils entièrement virtualisés qu'un tir nourrit et croisé de lasers s'abattit sur eux. Ils furent aussitôt dévirtualisés avant même de toucher le sol du territoire des montagnes. Ils émergèrent des scanners, une expression ahurie sur le visage.
- Mais qu'est-ce qui nous a tiré dessus ?! Y avait pas un chat ! glapit Odd.

Une tour infectée était en vue, au milieu d'une zone dégagée, et toujours pas de monstre dans les parages. Yumi jeta un bref coup d’œil par dessus son épaule ; William la talonnait toujours, mais sans gagner du terrain, ni en perdre. Au loin, le halo rouge qui recouvrait la tour disparut, remplacé par un halo blanc.
- Hé Jérémie, tu as virtualisé Aélita dans la tour ou quoi ?
- Qu'est-ce que tu racontes ? Aélita n'est même pas sur Lyoko !
- Hein !?
Soudain, jaillissant de nulle part, une pluie de lasers toucha l'overwing. Prise de court, la jeune fille n'eut guère le temps de sauter à terre avant que son véhicule soit totalement détruit. Elle dégringola sur le sol et partit en plusieurs roulés-boulés aussi violents les uns que les autres ; un arbre virtuel stoppa net sa course. Étourdie, tout le corps douloureux, elle essaya de se relever, mais à chacun de ses mouvements, elle devait serrer les dents pour s'empêcher de crier.
- Yumi, ça va ? demanda la voix inquiète de Jérémie.
- Y a mieux, mais c'est plus cher...
- Est-ce que tu vois des monstres dans les parages ?
- Non, le plateau est désert. Et William s'est volatilisé.
Pourtant, quelque chose lui disait que les créatures de XANA n'étaient pas très loin. Comme pour confirmer ses soupçons, un rayon bleu atteignit ses jambes et remonta rapidement jusqu'au niveau de son ventre, tandis que deux autres touchèrent ses bras, les plaquant contre son corps.

Pendant ce temps, Ulrich poursuivait assidûment ses recherches.
Alors qu'il roulait sur un sentier étroit à flanc de montagne, il remarqua du coin de l'œil un scintillement bleuté provenant d'un plateau, au loin. Intrigué, il s'y rendit... et découvrit Yumi, coincée dans un épais bloc de glace.
- Ça va princesse ?
- Va-t'en ! hurla la jeune fille. Reste pas là !
Surpris par une telle réaction, Ulrich freina... et un laser l'éjecta sans ménagement de son véhicule. Sonné, il resta un moment étendu sur le sol avant de se relever en se tenant douloureusement le dos.
Puis, comme un rideau qui s'ouvre sur le premier acte d'une pièce de théâtre, un cercle de monstres apparut autour d'eux, composé de krabes, de bloks, de kankrelats, et de frôlions, postés presque aux bords du plateau.
- Là, je trouve que XANA y est allé un peu fort !
- Derrière toi ! cria Yumi.
Ulrich fit volte-face, et se retrouva nez à nez avec William. Ce dernier se tenait à quelques pas de lui et le toisait avec un mépris non dissimulé, son énorme épée appuyée sur son épaule. Ulrich dégaina ses sabres, mais deux tirs bien ajustés les lui arrachèrent des mains. Un blok utilisa son rayon gelé, emprisonnant ses jambes dans une gangue de glace.
Immobilisé et désarmé, le garçon attendit que William lui assène le coup de grâce... qui, à son grand étonnement, ne vint jamais. De son côté, Yumi ne pouvait rien faire d'autre que voir les deux rivaux se défier du regard.
Finalement, le guerrier noir esquissa un sourire, puis émit un sifflement strident. Les monstres s'écartèrent respectueusement pour laisser passer la Méduse. En voyant les yeux horrifiés des lyokoguerriers, il éclata de rire.
- Je vois que mon piège a fonctionné à merveille, exulta-t-il.

Vallone
30/10/07 à 16:03
Wouah magnifique!! C'est super bien décrit, surtout dès le premier chapitre!!
J'aime bien la scène sur Lyoko, mais AAAAAAAAAAAh encore cette foutue méduse qui va prendre possession de Yumi!! :pale: :pale:
Allez vite continue c'est extra bien!! :p :p

Buzz
30/10/07 à 16:11
Alors Yumi sur Lyoko. William essaye de l'emmener dans la mer numérique. Mais Ulrich est là. La méduse c'est surement pour Yumi.
Tu me tiens en haleine, là, c'est trop !
Citation :
À ce moment, les portes du monte-charge s'ouvrirent sur un garçon blond assez maigrichon, et une jeune fille aux vêtements assortis à sa chevelure rose.

Je t'interdis de dire ça. Il est svelte !

Artémis
30/10/07 à 17:59
Mon dieu mon dieu...alors nous savons le plan de William...qui apparemment, va s'executer sans peine...mais...rooooooh, c'est pas possible une telle fatalité !!
La méduse pour Yumi? Possible, mais ça pourrait très bien être pour Ulrich, dans un sens, on ne sait jamais. Mais d'accord, vous avez tous raison, c'est pour Yumi...^^
Texte très très très très bien décrit, y'a pas à dire, c'est un don que t'as.
Continue ainsi, à nous fournir d'aussi jolis textes.

yami no kitsune
30/10/07 à 18:28
Houla, ça tourne au vinaigre cette histoire :pale:
Mais c'est quoi ces lasers à la fin :x Je m'envais te l'atomiser ce William :evil:

Flammèche
03/11/07 à 22:18
Eh bé mes cadets, quel engouement !
Une p'tite suite, ça vous dit ?
Oui ? Alors voici le deuxième chapitre ; je suis sûre qu'il répondra à la question que vous vous posez sur la Méduse.

Lisez bien !




2. Perdu en mer
- Yumi, Ulrich, qu'est-ce qui se passe ? Répondez bon sang ! s'égosilla Jérémie.
- Jér... mie... remat... nous... la... du... ive...
- Hein !? Yumi ? Ulrich ?
Un icône de disfonctionnement clignota sur l'écran central.
- Ah ben v'là aut'chose ! Y a la liaison audio qui nous lâche à son tour !
- Là, on nage dans la panade les copains, rétorqua Odd.

La Méduse se plaça derrière le guerrier noir et resta immobile, attendant les ordres de son maître.
- Qu'est-ce que tu nous veux William ? gronda Yumi. Pourquoi ce traquenard ?
- Je te croyais plus maligne, ma belle... fit l'interpellé d'un air faussement déçu. Je vais donc éclairer ta lanterne.
La jeune fille fronça les sourclis, se demandant où il voulait en venir. Mais pour Ulrich, c'était clair comme de l'eau de roche.
- Ne te donne pas cette peine, dit-il d'une voix sourde. C'est Yumi que tu veux, n'est-ce pas ?
William se tourna d'un bloc vers lui, irrité : comment ce chien osait-il prendre la parole ?
- Seulement, tu savais que je remuerai ciel et terre pour la retrouver, continua Ulrich. Alors tu m'as attiré sur Lyoko en l'utilisant comme appât, sachant que je mordrai à l'hameçon, pour ensuite m'éliminer !
Le guerrier noir eut beaucoup de mal à masquer son étonnement : il ne s'attendait pas à ce que se soit Ulrich qui comprenne le premier. Cela lui ôtait une belle occasion de faire son numéro de charme à Yumi mais qu'importe, le résultat restera le même.
- Bravo, belle perspicacité, ricana-t-il. Toutefois, tu as oublié une étape importante : la Méduse. Je vais donc te laisser la découvrir.
Il claqua des doigts. Aussitôt, la gangue de glace qui emprisonnait les jambes d'Ulrich disparut, mais le monstre gélatineux ne lui laissa pas le temps de s'enfuir : il enroula prestement autour de son corps ses longues tentacules et le souleva délicatement, pour ensuite en poser une sur son front et deux autres sur ses tempes.

Au labo, Jérémie, les yeux rivés sur ses écrans, ne devinait que trop bien ce qui se passait sur Lyoko.
- La Méduse ! Elle est en train de voler quelque chose à Ulrich ! Mais bon sang de bois, pourquoi Yumi ne réagit pas ?
- Elle est p'têt coincée, suggéra Odd.

Sur Lyoko, Yumi faisait tout ce qu'elle pouvait pour s'extraire du bloc de glace qui la retenait prisonnière.
- C'est inutile ma jolie, railla Wiliam. Et même si tu arrivais à te libérer, tu n'irais pas bien loin.
La jeune japonaise lui jeta un regard incisif, puis le reporta sur la Méduse qui, inexorablement, poursuivait son ouvrage.
- Ne sois pas triste Yumi, il ne te méritait pas.
- Parce que toi, tu estimes être le seul qui me mérite ? cracha-t-elle.
Puis, sans laisser à William le temps de répliquer, elle ajouta, furieuse :
- Je ne suis pas, contrairement à ce que tu penses, un simple trophée que l'on expose sur une étagère ! Mon corps est à moi et à personne d'autre ! Et c'est moi qui décide avec qui je veux partager ma vie ! Moi seule, tu entends ?
Surpris par tant de véhémence, le guerrier noir eut un mouvement de recul. Mais rapidement, la surprise fit place à la haine : implicitement, Yumi venait d'affirmer qu'elle ne l'aimait pas. Les yeux luisants de colère, il s'approcha d'elle et la gifla à toute volée.
- Tant pis pour toi ! vociféra-t-il.
Pendant ce temps, la Méduse venait juste de finir son "travail". Elle allait relâcher sa victime évanouie lorsqu'elle entendit son maître hurler d'une voix de dément :
- Balance-moi ça dans la Mer Numérique !
- Nooooon ! cria Yumi.
Tout se passa très vite. La japonaise vit la Méduse s'approcher du bord du plateau, dérouler ses longues tentacules, laissant choir le corps inanimé d'Ulrich. Yumi usa de son don de télékinésie, mais un coup violent à la tempe rompit sa concentration.
- Pas de ça, petite sotte ! lança la voix de William.
Trois secondes plus tard, une colone lumineuse jaillit des eaux numériques.

Dans le laboratoire, sous les yeux horrifiés de Jérémie, Aélita et Odd, le fichier concernant l'avatar virtuel d'Ulrich disparut de l'écran central.
- Oh non, c'est pas vrai... murmura Aélita.

Pendant quelques instants, le temps sembla suspendre son cours. Puis l'horrible vérité apparut dans le cœur et l'esprit de Yumi. Ulrich n'était plus. Ulrich était mort, tué par William d'une manière abominable. Blême, elle se tourna vers le guerrier noir et murmura :
- Tu me le paieras !
Un sourire cruel étira les lèvres de l'interpellé.
- Je ne crois pas.
Un flot de rage envahit les veines de Yumi. Elle le haïssait pour ce qu'il avait fait et pour le regard gourmand qu'il lui adressait. Rapidement, sa haine atteignit son paroxysme. Elle se débatit de plus belle et la gangue de glace se brisa, projetant sur les monstres situés à proximités des éclats acérés. Profitant de la confusion, elle se précipita vers l'un des sabres d'Ulrich et, avant que William n'ait le temps de réagir, l'utilisa contre elle.
Elle réapparut dans un scanner, recroquevillée sur elle-même, pleurant sans aucune retenue.
William avait perdu, mais c'était un échec trompeur, car il avait atteint l'un de ses objectifs : un lyokoguerrier avait disparu. Définitivement.

Vallone
03/11/07 à 22:23
Youpiiiiiiiiiiiii je saute sur la suite de ta fic!!
C'est magnifiquement bien écrit!! Bravo j'adore c'est.. super!!
Ulrich DEAD.... X_X Bon ben William a gagné et Yumi est très triste...
Alala que va-t-il se passer?? Allez continue^^

Béka
04/11/07 à 04:33
Kikoo!! ;)

J'avais pas mis de comm? XD Chuis bizarre des fois^^

Ba moi, franchement, j'aime bien ta fic!! Bien construite!! Super!! ^^ 8)

Ulrich est mort? Alalala...pourquoi je suis pas dans le dessin-animé...Que je donne un bon coup à William dans son talon d'Achille!! :twisted:
Pauvre Yumi... :? Allez courage!! RIEN N'EST JAMAIS PERDU!! 8)

yami no kitsune
04/11/07 à 13:53
Trop bien la suite mais vachement triste quand meme !!!!!!!!!!! :cry: x 100
Je me demande ce qu'a pris la méduse à Ulrich :?

Buzz
04/11/07 à 18:47
Ulrich mort... Je m'y attendais pas.. Je m'attendais à un truc avec Ulrich mais ça... Ca m'étonne, il y a sûrement un truc. Sinon, ta fic est bien écrite, sans fautes, on comprend tout du premier coup. C'est bien que tu te mettes à un nouveau genre. Toi qui nous a emmené dans Les Chroniques de Valombres...

éstélla
05/11/07 à 17:48
QUOI!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
ulrich est mort...non...c est pas juste :cry:
tout sa à cause de ce c** de william de m****!!!! :evil:

continue c est treés bien

Artémis
06/11/07 à 12:42
C'est...ouah kwa. C'est tellement triste... Un vrai drame...car oui, ceci est un drame. Ils n'ont rien pu faire, c'était tellement bien fait, programmé...(pour une fois mdr). Et l'effet réaliste est si bie fait, grâce à ton style qui est vraiment super
Ulrich...est mort. Ca ne présage rien de bon (nan sans blague)... J'ai hâte de savoir la suite, de ce que Yumi va devenir...bref, la suite stp !!!
[ce message est aussi apparu sur la fic "Et Nocte Perpetua", je m'étais trompée de sujet...excusez moi. Ce message-ci (enfin sur cette fic) est le bon]

neige
06/11/07 à 16:38
:Tchoucky: Franchement c'est triste,très triste.Met la suite stp! :Vivi:

cloclo
06/11/07 à 19:24
tu a raiosn neige c triste mais super en meme temp une suite est vite pitié!!!!!!!!!!

Kaede
06/11/07 à 21:41
alors là....
voyons, voyons que dire ?
Je rentre de vacances et je suis acceuillie par... ça... je ne pouvais espérer mieux (ah si...que ça ne s'arrête pas ainsi peut être ? :p je n'en demanderais pas tant ^^')
première chose positive : le titre ! Il m'a accroché (va falloir que tu me dise comment tu en trouve des aussi joli parce que perso, ça reste un mystère pour moi...^^') il est accrocheur bien que pour l'instant je ne lui trouve pas de rapport avec la fic mais bon... ça viendra je pense...
Deuxième point positif : bah la fic... :p lol plus sérieusement, très beau texte, belles descriptions et tout et tout... tout tourne autour d'Ulrich et Yumi (c'est ptetre bien mes fic préférée celle qui tournent autour de ce couple...) il me parait pourtant peu probable que William développe un tel plan en étant sous l'emprise de Xana et que son "maître" accepte un tel plan mais bon une fic, on a le droit à tout ^^ et vu la qualité de la tienne, aucun reproche à faire ^^
c'est "tout" ce que j'avais à dire (ou sinon j'ai oublié le reste ^^")
continue comme ça ;)

Flammèche
11/11/07 à 15:53
Je vois que ma fic plaît beaucoup.
Voici une petite suite pour la route. Et... merci pour les comms, ça m'a fait très plaisir. :p

Par contre, vu que mes exams se rapprochent, les intervalles entre les suites risquent d'être de plus en plus longs.



3. Sauvetage in-extremis
De retour dans le repère de XANA, William ordonna qu'on le laissa seul. Il devait à tout prix se calmer avant de se justifier devant son maître, rendu fou de rage par cette attaque menée sans son consentement et, qui plus est, dans son dos. Avec un peu de chance, l'annonce de la disparition d'un des lyokoguerriers atténuera sa colère, mais William se faisait peu d'illusions à ce sujet. Il avait transgréssé ses ordres. Il avait défié sa toute puissance. Il sera donc lourdement puni, et la mort de son rival ne lui apportera pas le soulagement suffisant pour résister aux foudres de XANA.
Si seulement il avait réussi à emmener Yumi avec lui... Sa présence lui aurait permis de se remettre plus vite de l'entrevue avec le maître. Mais elle avait refusé et s'était dévirtualisée sans lui laisser une chance de l'entraîner de force.
Bientôt, un rampant se présenta. La peur au ventre, William le suivit, sachant pertinamment que l'entretient ne se passera pas sans douleur.

Un peu plus tard, alors que le guerrier noir subissait un cruel interrogatoire, Yumi, en larmes, venait juste d'achever de raconter à ses amis se qui s'était passé sur Lyoko.
Tandis que Odd et Aélita essayaient de la réconforter, Jérémie réflechissait intensément. Plus que jamais, cette attaque le troublait.
Ce n'est pas dans les habitudes de XANA de laisser ses laquais en fomenter une. Encore faut-il qu'ils en aient l'idée, et surtout qu'ils soient dotés d'une intelligence propre. Ce qui n'est pas le cas, grâce au ciel ! De plus, lorsqu'une personne ou un animal est possédé, il n'agit que sur ordre de XANA, et ne peut donc rien faire de son propre chef.
Alors, se pourrait-il que William ne soit plus sous l'emprise de XANA ? C'est peu probable, car sa voix aurait perdue son intonation numérique.
Serait-ce plutôt une nouvelle tactique visant à les éliminer un par un ? Si c'est le cas, il va falloir redoubler de vigilance.
La voix aigüe de Odd le tira brusquement de ses réflexions :
- Dis Einstein, tu crois qu'Ulrich a rejoint XANA lui aussi ?
- C'est une possibilité, répondit-il d'une voix éteinte. Mais sincèrement, j'espère qu'il n'en est rien. Deux guerriers noirs, ce serait trop pour nous.
- Tu penses pouvoir le retrouver dans la Mer Numérique, comme tu l'avais fait pour Yumi l'année dernière ? demanda Aélita.
- Je l'espère...

Deux mois s'écoulèrent sans qu'aucune trace d'Ulrich ne soit relevée.
Ce n'est pourtant pas faute d'avoir cherché. Jérémie passait la quasi totalité de son temps libre et de ses nuits pour effectuer des recherches sur tout le réseau et sur Lyoko. Sans résultat.
Yumi était de plus en plus désespérée... et Jérémie de plus en plus anxieux. Se pourrait-il qu'Ulrich soit virtualisé à jamais, sans espoir de retour, comme Franz Hopper ? Et les autres, subiront-ils le même sort ? Rien que le fait d'y penser lui fit froid dans le dos. De plus, la découverte dans le réseau d'un nombre considérable de réplikas n'arrangeait rien... et changeait l'ordre des priorités. Désormais, anéantir XANA devenait leur premier objectif.
Lorsque Jérémie l'avait anoncé à ses amis, il avait cru que Yumi allait lui sauter à la gorge. Mais elle s'était contentée de le fixer froidement, blême d'indignation, serrant les poings si fort qu'elle s'était bléssée avec ses ongles. Puis elle était sortit de la chambre en courant, des larmes de colère ruisselant sur ses joues.
À présent, c'est tout juste si elle daignait lui accorder un regard.
Jérémie, lui, faisait tant bien que mal comme si de rien n'était, et, secondé par Aélita, travaillait activement au seul moyen qu'il avait trouvé pour détruire XANA : la création d'un système multi-agent. Au début, la jeune fille et Odd avaient été sceptiques, mais ils avaient fini par céder : il y avait trop de réplikas.
- Mais on ne va pas rester les bras croisé ! avait décrété Jérémie. En attendant qu'il soit parfaitement au point, on va continuer de s'occuper des réplikas "à l'ancienne".

Depuis, ils avaient réussi à en détruire quatre. Mais bizarrement, six autres avaient subi en parallèle le même sort.
Ces disparitions, Jérémie ne parvint jamais à les expliquer ; d'ailleurs, lui-même n'y comprenait rien. Et ça ne pouvait être l'œuvre de son système multi-agent, vu qu'il était loin d'être achevé...

Ce mystère ne cessait de le hanter, à tel point qu'il en oublia ses amis, partis en mission sur un réplika du territoire du désert.
Tandis que Yumi et Odd étaient restés pour protéger le Skidbladnir, Aélita avait été translatée dans un lieu désertique, à proximité d'une usine entourée d'un haut grillage surmonté de barbelés. Par chance, l'endroit était désert ; ce fut donc aisé d'y entrer. Mais le bâtiment étant un véritable labyrinthe, Jérémie dut se charger de la guider... quand il ne décrochait pas. À tel point qu'elle devait l'appeler à chaque embranchement. Et ça commençait à l'agacer.
- Et maintenant, je vais où ? dit-elle en poussant un profond soupir.
Jérémie, toujours plongé dans ses réflexions, jeta un bref regard au plan de l'usine et lui répondit un "à droite" d'une voix traînante. Soupirant à nouveau, Aélita s'engagea dans le couloir à sa droite.

Pendant ce temps, sur le réplika, Yumi et Odd montaient une garde vigilante devant le vaisseau. Les lieux étaient parfaitement calmes... et Odd s'ennuyait à mourir.
- Eh ben... Chuis déçu ! soupira-t-il. Même pas une bébête à l'horizon ! XANA ferait-il grève ?
Il jeta un coup d'œil vers Yumi, espérant que cette note d'humour fissurerait un peu le masque d'impassibilité qu'elle arborait depuis trois mois. Mais elle resta de marbre. Odd soupira, anéanti. Jusqu'à présent, toutes ses tentatives pour faire réapparaître ne serait-ce qu'un petit sourire sur les lèvres de la japonaise s'étaient soldées par des échecs. Pourtant, il refusait de s'avouer vaincu.
"Qu'est-ce que je donnerai pour la voir rire au moins une fois..." pensa-t-il tristement.
Il se tourna vers le Skidbladnir, et posa les yeux sur la navette d'Ulrich ; navette qui ne quittera plus jamais la barre d'arrimage du vaisseau.
- Tu me manques, mon vieux, murmura-t-il. Tu nous manques à tous...
Soudain, une douleur désagréable fusa à un endroit incongru.
- Aïe ! Quel est l'andouille qui m'a piqué l'postérieur ?
- À ton avis ? répliqua sèchement Yumi alors qu'elle dépliait ses éventails.
Au loin s'élevait un nuage de poussière, soulevé par cinq kankrelats qui allaient aussi vite que leur permettaient leurs petites pattes. Au-dessus volait la manta noire, montée par William.
Lorsqu'elle l'apperçut, Yumi sentit une bouffée de haine féroce l'envahir.
- Odd, tu t'occupes des kankrelats. Moi, je me charge de cet assassin.
Il y avait tellement de hargne dans sa voix qu'Odd n'osa pas émettre de contestation. Sans un mot, il fila à quatre pattes droit sur les petits monstres puis, au dernier moment, il vira à angle droit et cavala vers un amas rocheux situé à quelque distance, les kankrelats dans son sillage.
Yumi, les dents serrées à les briser, attendit que William arrive à portée de ses armes. Aveuglée par sa fureur, elle ne remarqua pas que des bloks, secondés par une escadrille de frôlions, venaient de tous les côtés et commençaient à l'encercler. Lorsqu'elle s'en rendit compte, le cercle s'était déjà refermé sur elle.
- Alors ma belle, lui lança William d'une voix mielleuse, tu ne veux toujours pas me rejoindre ?
- Va au diable ! rugit-elle en lui lançant ses évantails.
D'un habile coup de main, le guerrier noir les attrapa en plein vol, et les jeta au loin.
- Dois-je prendre ça pour un "non" ? Dommage que tu refuses de coopérer, ça t'aurais évité un passage dans les bras de la Méduse.
Sur ce, il émit un sifflement bref et strident. Non loin de là, à l'opposé de l'amas rocheux où Odd se démenait avec les kankrelats, le monstre gélatineux sortit de derrière un rocher et s'avança, sans se presser, vers le cercle formé par les bloks et les frôlions.

De son côté, Odd avait des difficultés à débusquer son ultime kankrelat. Il se hissa sur un rocher, espérant le repérer plus facilement, et vit son amie cernée par des bloks et des frôlions. Avant qu'il ne puisse réagir, un laser l'atteignit dans le dos, réduisant à zéro sa jauge de vie.
- Je hais les kankrelats ! maugréa-t-il en réapparaissant dans un scanner.

Sur le réplika, la Méduse venait de franchir la haie formée par les bloks. De haut, William éxultait : enfin il la tenait ! Et lorsque la Méduse enroula ses tentacules autour du corps de Yumi, il poussa un cri de victoire.
Soudain, un rugissement assourdissant fit vibrer le sol du territoire. Puis, une énorme forme grise, semblant être née de l'air même, surgit du vide numérique et plongea vers les monstres. Une brume vaporeuse flottait autour de sa silhouette, lui donnant l'aspect d'un mirage, mais Yumi put discerner assez de détails pour identifier celle... d'un dragon.
Poussant un nouveau rugissement, la créature reptilienne souffla sur les monstres une grande vague de feu. Tous, y compris William, périrent instantanément.
La Méduse, seule survivante, ne savait plus quoi faire. Mais lorsqu'elle vit le dragon se poser devant elle, elle lâcha sa proie sans aucune précaution et tenta de s'enfuir. Un déluge de flammes s'abattit sur elle, l'anéantissant sur-le-champs.
Yumi, les yeux exorbités, fixait l'immense animal chimérique. Ce dernier baissa sa tête triangulaire, rivant sur elle un regard bleu acier perçant. Ne sachant quelle attitude adopter et craignant de se faire attaquer, la jeune fille s'efforça de rester immobile.
Pourtant, le dragon ne semblait éprouver aucune animosité envers elle. À son grand étonnement, il passa sur son front une langue râpeuse, puis, avec une infinie douceur, il la prit dans sa gueule et la remit sur ses jambes.
- M... merci, bredouilla-t-elle.
Machinalement, elle tendit la main vers lui, cherchant à carresser son museau écailleux. Mais le dragon recula puis bondit dans les airs, et vola vers l'extrémité du plateau. Ne se rendant compte qu'à moitié de ce qu'elle faisait, Yumi se mit à courir après lui.
- Non ! cria-t-elle. Reviens ! Reviens !
Sourd à ces supplications, le reptile ailé replia ses grandes ailes et plongea dans la Mer Numérique.

yami no kitsune
11/11/07 à 16:40
J'la kiffe trop c'te fic !!!!!!!
Y a rien d'autre à dire tellement elle est bien mais quel genre de punition a reçu William :?: :twisted:

Flammèche
02/12/07 à 16:11
Et une suite ! Une !
Cependant, pour le prochain chapitre, vous allez devoir attendre les vacances de Noël. Les révisions, c'est pas gai...

Bonne lecture !



4. Le secret des abysses
- J'ai deux mots à te dire, Frankenstein ! beugla Odd.
Jérémie, trop absorbé par ses interrogations, n'avait pas entendu remonter le monte-charge ; ce soudain éclat de voix le fit sursauter, à tel point qu'il en tomba de son siège. Il se releva, les lunettes de travers, une expression éffarée sur le visage.
- Heu... un... un problème, Odd ? bafouilla-t-il.
- C'est toi l'problème ! Quand on envoie ses copains en mission, on n'se r'pose pas sur ses lauriers et on surveille le radar ! À cause de toi, Yumi s'est fait choper par la Méduse !
Le teint de Jérémie devint tout à coup blanc comme de la craie. Tremblant, le cœur battant, il leva craintivement les yeux sur l'écran central, mais ne vit aucun monstre autour du point représentant la japonaise.
- T'as dû avoir des visions mon vieux, parce qu'il n'y a pas plus de Méduse que de beurre en broche !
- Non mais tu rigoles ?
Repoussant Jérémie sans ménagement, Odd se planta devant le grand ordinateur..., et l'énervement fit vite place à une totale incrédulité.
- Hé ben... Quand Yumi est en colère, ça déménage...

À des milliers de kilomètres d'eux, Aélita déambulait dans les galeries de l'usine du désert. Ne pouvant guère compter sur Jérémie pour la guider, elle devait tracer des repères afin de ne pas s'égarer.
Quelques instants plus tard, elle se retrouva devant un escalier qui s'enfonçait dans les profondeurs de la terre, se coupant plusieurs fois à angle droit. Elle le descendit en silence, attentive au moindre bruit, mais seul celui de son souffle parvenait à ses oreilles. Bientôt, elle arriva dans un sombre couloir aux parois recouvertes de tuyaux. Tout au fond brillait une lueur d'un vert acide. Intriguée, la jeune fille obliqua vers cette lumière, et déboucha dans une vaste salle digne d'un film de science-fiction : des tableaux de commande et des appareils informatiques s'étalaient sous de grands écrans enchassées dans les murs ; au centre de la pièce se tenait une immense représentation en 3D de la Terre d'un vert éblouissant.
"Je ne dois pas être très loin de la salle du super-calculateur," pensa Aélita.
Elle n'eut pas à chercher bien longtemps, le super-calculateur se trouvant juste au pied du gigantesque hologramme, à l'opposé de la porte.
"C'est du gâteau !"
De sa main tendue jaillit une lueur rose qui vint frapper l'imposante machine, la réduisant à néant dans un feu d'artifice d'étincelles.
"Mission accomplie avec succès !"
- Bravo Aélita ! lança la voix de Jérémie. Je te rammène dans le Skid. Et n'oublie pas d'embarquer Yumi avant de partir du réplika !

Aussitôt dit, aussitôt fait. Poussant la turbo-hélice à fond, Aélita éloigna le vaisseau du réplika. Il n'était que temps car ce dernier explosa, projetant d'énormes projectiles dans toutes les directions. Quelques uns atteignirent le Skidbladnir mais celui-ci, protégé par son bouclier, ne subit aucun dommage.
- Il était moins une, pas vrai Yumi ? dit Aélita.
La japonaise ne répondit pas ; elle ne parvenait pas à retrouver ses esprits. Son aveuglement, causé par la haine qu'elle vouait à William, avait faillit lui coûter très cher. Sans l'intervention du dragon nébuleux, elle serait, à l'heure qu'il est, dans les bras du guerrier noir et sous la coupe de XANA.
Cette pensée la fit frémir d'horreur... et de colère. Cette fois, non pas contre le bras droit de XANA, mais contre Jérémie. Si sa mémoire était bonne, aucune tour n'avait été activée sur le réplika, ni sur Lyoko. Donc, il est impossible qu'un spectre se soit pointé dans le laboratoire durant la mission. Alors pourquoi était-il resté silencieux lorsque les monstres avaient commençé à l'encercler ?
Quand elle sera de retour dans l'usine, elle lui dirait une ou deux petites choses...
Soudain, elle se sentit projetée en avant, et manqua se cogner la tête contre la verrière de son Navskid.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- C'est... c'est quoi ce truc ? fit Aélita d'une toute petite voix.
Lorsque Yumi leva les yeux, elle sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine : à seulement un mètre du vaisseau immobilisé se tenait un énorme dragon enveloppé de brume, dans lequel la jeune fille reconnut son sauveur reptilien. Celui-ci la fixait de son regard bleu acier, énigmatique.
- Aélita, pourquoi t'es-tu arrêtée ? interrogea Jérémie.
- Parce qu'il y a un dragon bizarre juste devant le Skid !
- Heu... Ne l'prend pas mal, mais... y a rien d'vant toi...
- Quoi !?! Tu... tu... tu t'moques de moi, là ?
- Jamais je n'oserai, voyons ! rétorqua Jérémie, outré.
"Décidément, c'est la journée des visions aujourd'hui..." pensa-t-il.

Yumi était loin de cette conversation. Le cœur cognant avec force contre ses côtes, elle observait le dragon. Celui-ci ne cessait de la fixer de ses yeux opalescents, comme s'il attendait quelque chose d'elle.
- Qu'est-ce que tu me veux ? lui demanda-t-elle.
Puis elle hocha la tête en se moquant intérieurement de sa réaction. Cet animal ne pouvait pas l'entendre. Cependant, dès qu'elle eut achevé sa question, il s'engagea vers les profondeurs de la Mer Numérique. Au bout de quelques mètres, il s'arrêta et se tourna vers le vaisseau.
- Aélita, suis-le.
- Pardon ?
- S'il te plaît, fais ce que je te dis.
Aélita secoua la tête mais obtempéra, tout en se traitant de folle. Cette aventure était insensée. Mais peut-être était-elle importante pour Yumi. Elle espéra néanmoins que cela ne sera pas synonime de peine et de douleur pour son amie.

Le dragon les emmena loin dans les abysses. Plus cette plongée se poursuivait, plus Aélita estimait qu'elle perdait la raison. Là où cette créature allait, il n'y avait rien. Rien !
Soudain, elle crut être l'objet d'une hallucination, car le niveau où descendait la bête se tordit et se contorsionna comme la surface d'une mare après qu'on y a jeté une pierre.
- Qu'est-ce qui se passe ? s'affola-t-elle.
Elle voulut faire demi-tour, mais le phénomène fut plus rapide et enveloppa le vaisseau. Des tourbillons invisibles dansèrent autour du Skidbladnir, déformant la vision. Une incoercible envie de vomir s'empara de Yumi et d'Aélita.
Puis tout se calma comme par enchantement. Les nausées s'apaisèrent, l'air cessa de vibrer. Les deux filles, un peu sonnées, ne remarquèrent pas dans l'immédiat la métamorphose de leur environnement. Le Skid évoluait à présent dans une épaisse masse brumeuse, et filait droit sur une large bande rouge constellée de symboles dorés. Dès qu'il la traversa, la brume s'évanouit aussitôt, dévoilant un paysage forestier qui s'étendait à perte de vue.
Le dragon attendait à quelques distances, tranquilement assis sur son arrière-train, devant un mur en piteux état qui encerclait un pic à l'allure chaotique.
- On dirait des ruines, remarqua Yumi.
- Peut-être, mais ça ne me dit pas où on est ! rétorqua Aélita. Et j'ai beau essayer d'appeler Jérémie, y a que le silence qui me répond ! Il a bien choisit son moment pour jouer les abonnés absents !
- Ça a l'air de t'étonner...
Tout à coup, le vaisseau se cabra, et fut rejeté en arrière sans plus de cérémonie. Il fallut toute l'habileté d'Aélita pour maintenir l'assiette de l'appareil.
- Aélita, ce n'est pas le moment de faire de la haute voltige !
- Mais je n'y suis pour rien, moi ! Une force invisible nous empêche d'approcher des ruines !
- Hum... Et ça coïncide avec notre passage au-dessus des fortifications. Pour que ces ruines soient si bien protégées, elles doivent renfermer quelque chose de très important.
- Sans doute... mais quoi ? Et surtout, pour qui ?
- Le dragon le sait peut-être... Il y a une tour à l'orée de la forêt. Tu pourrais essayer d'y amarrer le Skid...
La tour se révèla être en réalité un cylindre de marbre ivoire, au pied recouvert de lierre. Toutefois, ce cylindre se comportait exactement comme les tours de Lyoko, et Aélita put y amarrer le vaisseau sans difficulté. Tandis que les deux jeunes filles débarquaient, le dragon venait vers elles. Un personnage vêtu d'un long manteau gris perle, le visage masqué sous une capuche, marchait à ses côtés.
Une émotion intense s'empara alors de Yumi. Elle sentit les battements de son cœur s'accélérer, sa respiration se fit haletante. Elle avait du mal à comprendre ce qui lui arrivait. Et lorsque l'individu s'arrêta et abaissa sa capuche, elle sentit ses jambes lui manquer, car devant elle se tenait une personne qu'elle avait cru ne jamais revoir.
- Ulrich..., souffla-t-elle.