Dernière édition le 13 mars 2005
Chapitre I : Un instant de répit
La labo, le vendredi 19, 16h 33.
- Dépêchez-vous ! Vous n'avez plus beaucoup de temps !!
- Hé ! Si tu veux venir détruire des Krabes à notre place, te prives pas !
Les trois Lyokoguerriers déployés contenaient à eux seuls depuis plus d'une demi-heure une véritable armée de créatures tripèdes qui s'avançait inexorablement vers eux. Pendant ce temps, Aelita courrait aussi vite qu'elle pouvait vers la Tour, à environ 300 mètres derrière ses protecteurs. Pourvu que ses derniers tiennent assez longtemps pour lui permettre d'y arriver, chaque fois qu'un Krabe était détruit, il était aussitôt remplacé pour un autre, toujours plus acharné à en découdre avec ses ennemis. Dans le labo, les portes en titane renforcée du monte-charge s’ouvrirent dans un grand bruit grinçant et laissèrent apparaître Yumi, à moitié épuisée.
- Ca fait une heure qu'on t'attend, qu'est ce qui t'ai arrivé ?! fit l'opérateur, sans décrocher les yeux de son écran
- J'aurais bien voulu t'y voir ! J'ai été poursuivie depuis le collège par un Méga Tank ! Mais l'armée s'en est chargé !
Elle fit une pause pour se redresser et reprendre son souffle.
- Dis moi ce que je dois faire !
- Poste-toi là bas ! dit-il en désignant du doigt un gros paquet de câbles au fond de la pièce. Et débranche le câble jaune quand je te le dirais !
- OK !
Elle courra à son poste et se mit à croupie en tenant tant bien que mal l'énorme câble des deux mains. Malgré la puissance de feu des monstres, supérieure à la normale, Ulrich continuait de dévier leurs lasers, mais il se sentit bientôt faiblir. Ses compagnons à ses côtés étaient trop occupés à esquiver les tirs, de plus en plus nombreux, pour espérer approcher les créatures virtuelles au corps à corps. C'était tout juste si l'opérateur n'était pas inondé par toute la sueur froide qui dégoulinait de son front, quand il vit enfin un point rose sur l'écran rentrer dans la Tour activée.
- Ca y est ! J'y suis !
- Bien joué Aelita !
La fille virtuelle ouvrit une fenêtre face à elle est y posa sa main, aussitôt, l'opérateur mit en marche un programme de sa conception.
- Aelita, vite, sors de là !!
Elle redescendit en 4ième vitesse d'un second niveau et passa au travers du mur de la bâtisse cylindrique, juste à temps avant que celle-ci ne s'entoure d'une épaisse lumière bleutée en l'espace de quelque secondes.
- C'est le moment !! cria Aelita sans s'arrêter de courir.
- YUMI !! MAINTENANT !!
D'un coup sec, la jeune asiatique sépara le câble en deux. Elle le lâcha aussitôt en se relevant, sentant encore de légers courants électriques continuant de passer. Une immense onde de choc partit de la Tour, touchant Aelita et la faisant tomber sur le sol rocailleux de Désert, malgré la distance qui la séparait de la bâtisse. Cette déferlante se répandit sur tout Lyoko à une vitesse faramineuse, tel un tsunami ravageant tout sur son passage. Alors que les Lyokoguerriers avaient subi un bon nombre de dégâts et perdus beaucoup de points de vie, l'armée de Krabe s'immobilisa. Il y eut un instant de silence pesant ; quand l'onde de choc les atteignirent enfin, ils se mirent tous à vibrer et explosèrent les uns après les autres dans un bruit assourdissant. Quand le silence revint à nouveau, les guerriers s'aidèrent mutuellement à se remettre debout, ils furent soulagés. L'opérateur souffla un grand coup de tout ses poumons et passa la main sur front, avant d'intervenir.
- Accrochez-vous ! Je lance le programme de dématérialisation !
Quelques minutes plus tard, les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur le labo, dévoilant ses occupants : 2 garçons et une fille. Elle intervint la 1ère et s'adressa au garçon sur le siège de commande.
- Cette fois, on y est arrivé... Odd !
- Ne t'avance pas trop vite... Sissi ! répondit-il sur un ton faussement dramatique
Yumi s'approcha du 2ème garçon, elle avait l'air un peu gênée.
- Jérémy, je voulais te demander...
- Ni pense même pas Yumi ! interrompit ce dernier
- Bon, je voudrais pas vous déranger, fit Odd, mais il faudrait récapituler !
Tous se tournèrent vers lui, l'image d'Aelita apparut également sur l'écran principal du Super-ordinateur.
- La 10 ème Tour activée est maintenant bloquée, XANA ne pourra pas en activer d'autres avant un moment, ce qui lui empêche maintenant de créer de nouvelles troupes sur Lyoko ou sur Terre !
- On a combien de temps avant que XANA puisse retenter sa chance ? demanda Sissi
- Une semaine, tout au plus ! Mais ça nous laissera le temps à Yumi et moi de trouver ce que XANA a trafiqué au retour dans le passé !
- On va retourner au collège, déclara Ulrich, vous êtes sûr de vouloir vous occupez de tout ?!
- C'est pas qu'on doute de toi Ulrich, dit Yumi, mais je crois qu'on est les mieux placés pour faire ce boulot !^^
Il hocha la tête en souriant et se diriger vers le monte-charge, en prenant la main de Sissi ; suivit de Jérémy qui lança un regard presque méprisant à Yumi que les portes ne se ferment, laissant seuls dans le labo cette dernière et Odd alors qu'Aelita était repartie écumer les Territoires, voulant s'assurer de l'état des Tours.
Odd était blond, les cheveux longs attachés en une queue de cheval ; il portait sur lui une chemise bleue légère. Yumi avait les cheveux noirs mi-longs tombants sur les épaules et portait sur le nez de petites lunettes ovales. Elle arborait sur elle un chemisier blanc et un jean noir assez serré.
Elle regarda d'abord le couple rentrer dans l'immense appareil, et détourna la tête lorsqu'elle croisa le regard de Jérémy. Elle s'adressa ensuite à Odd.
- Je les envie vraiment ces deux là... dit-elle tristement.
- Yumi, te prend pas la tête pour Jérémy ! Tu sais, à première vue, il a l'air insensible, mais il a vraiment un bon fond.
- Tu crois que je devrais continuer ?
- Ouais ! Sois juste un peu plus patiente, et ça ira mieux !
Le visage de Yumi s'illumina d'un demi-sourire.
- Il va falloir qu'on s'y mette maintenant, XANA ne va pas nous attendre !^^
Sur le pont de l'usine, nos amis reprenaient le chemin du collège. Les dernières lueurs du jour pointèrent leur nez, encore suffisant pour éblouir les 3 ados.
Le 1er, Jérémy, avait ses cheveux blonds coiffés à la manière d'un hérisson, portant fièrement un veste de cuir léger. A côté de lui, Sissi semblait radieuse, rien à voir avec Yumi. Les rayons rouges de soleil couchant se reflechaient sur sa longue crinière noire que le vent ballottait de ci, de là. Malgré la fraîcheur du soir, elle n'avait sur elle qu'un petit haut jaune-orangé. Ulrich, qui lui tenait toujours la main, restait pareil à lui-même, si ce n'était que ses cheveux avaient tendance à lui tomber sur les yeux.
Pour Jérémy, la naïveté innocente du couple était bien déplacée par rapport à la situation actuelle. En ville, ne régnait plus dans les rues que le chaos : l'armée s'occupait se traquer et éliminer les derniers monstres encore en état de fonctionner après le blocage des Tours. Sur la route du collège, tout n'était plus que ruine ; maisons écroulées, immeubles en flammes... Sissi avait beau faire des efforts pour ne penser qu'à Ulrich, les événements des dernière semaines lui revint en mémoire.
Grâce à l'acharnement de Odd, Aelita était désormais guérie de son virus, ainsi le secret de XANA pouvait être tranquillement dévoilé au grand jour. Mais avant qu'il ne puisse être définitivement arrêté, il avait réussi à s'isoler du reste de l'usine en condamnant tous les accès au Supercalculateur, même une bombe n'aurait rien pu faire. Sans que personne ne s'en aperçoive, il mit hors service son propre programme de retour dans le temps au bout de quelques jours et pirata un partie suffisante des scanners pour les utiliser, afin de matérialiser ses troupes sur Terre. Ainsi, XANA pouvait envoyer à travers la ville des armées de ses créatures sans aucune contrainte. C'était au delà des compétences de Odd ou Yumi de gérer ce qu'ils appelaient maintenant "le vrai pouvoir de XANA", ainsi que pour les forces militaires, qui voyait leurs ennemis abattus se régénérer dans l'instant. En fait, comme dans toutes les missions précédentes, la solution au problème présent résidait dans le passé. Nos amis n'avaient donc pas d'autres choix que de gagner du temps... à présent, XANA était momentanément stoppé, mais il fallait faire vite.
Le surlendemain, 18h 24.
Jérémy était dans sa chambre, heureusement, la majeure partie du collège avait été épargnée par armée anciennement virtuelles. Allongé sur son lit, il entendit son portable sonner, quand il s'aperçut qu'il s’agissait de Yumi, il ne décrocha pas. Dans la couloir, des cliquetis étranges se rapprochèrent, puis s'immobilisèrent une fois devant la porte de la chambre de Jérémy.
Chapitre II : Impasse
Au labo, Yumi avait remplacé Odd devant le Super-ordinateur. Cela faisait 8 heures non-stop qu'ils se relayaient régulièrement pour travailler sur le coeur du système de XANA, les cours du collège n'étant plus poursuivis, il était devenu facile de se rendre à l'usine à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Depuis 2 heures, Yumi essayait petit à petit de gagner du terrain sur le réseau de l'usine en s'efforçant, à l'aide de nombreux programmes bridés par les soins de Odd, de passer au travers des protections et des nombreux pièges que XANA avait tendu pour parer à toutes les éventualités. Le blondinet aux cheveux longs se reposait pour le moment contre un mur de la pièce, baillant fortement pour qui voulait bien l'entendre. Il se réveilla à moitié quand il entendit Yumi taper sur le clavier, il se rapprocha d'elle pour voir ce qui n'allait pas.
- Ben alors, tu en fais du refus !
- Désolée, mais je me suis encore fait déconnecter du réseau ! Les programmes anti-intrusion de XANA sont vraiment trop forts...
- Yumi... c'est pas la peine de vouloir te précipiter pour accéder, tout de suite aux sections les plus difficiles d'accès, on a du temps devant nous ! Vas lentement, analyse la situation, et après, avance prudemment ! C'est ce que je t'ai appris !
- Oui maître, je sais !^^
Avant qu'elle ne reprenne, elle jeta un coup d'oeil à son portable : non seulement Jérémy n'avait pas répondu à son appel mais en plus, il ne semblait pas avoir reçu le message qu'elle avait envoyé quelques minutes plus tard.
Au collège, Jérémy arpentait les couloirs des dortoirs en boitant. Il avait une grosse brûlure à l'épaule et à la jambe droite, ayant du quitter précipitamment sa chambre, il y avait oublié son portable. Il arriva à un embranchement de couloir et regarda prudemment à droite et à gauche... il se rabattit aussitôt contre le mur. Un autre groupe de ces Kankrelats modifiés qui l'avaient attaqué se tenait immobiles à quelques mètres de lui. Fortuitement, il semblerait qu'ils ne l'est pas remarqué. Jérémy avait eu de la chance de s'en être sorti vivant de cette première attaque, mais cette soudaine réapparition des créatures de XANA sur Terre soulevait un problème plus grave : le jeune garçon était peut être le seul à savoir que le Supercalculateur était déjà réveillé.
Mais pour en informer ses compagnons, il fallait qu'il trouve un autre téléphone en dehors du collège, Jérémy étant le seul interne qui soit retourné au collège afin d'être tranquille. Il regarda sa brûlure à l'épaule, il commençait à amèrement regretter d'avoir voulu jouer les solitaires.
Il prit tout de même le risque de revenir jusqu'à la porte de sa chambre, mais comme il le pressentait, les Kankrelats avaient déjà envahis les lieux. Il regarda autour de lui dans le couloir, la voie paraissait libre. On aurait dit que XANA n'avait envoyé qu'une partie de ses troupes pour tuer Jérémy, mobilisant le reste de son armée dans un but encore inconnu. Mais sortir de ce collège, devenu un nid à monstres à l’affût du moindre signe de vie n'allait pas être facile.
De leur côté, Sissi et Ulrich vagabondaient dans un parc non loin de l'usine qui avait également été épargné par les ravages de XANA. Ils étaient insouciants de naïveté. Début la 5ème, ils ne s'étaient jamais quitté plus d'une semaine, toutes les épreuves qu'ils avaient traversé avec leurs amis n'avaient fait que rendre leur amour plus fort, c'était une symbiose parfaite.
ils s’assayèrent sur un banc, le bras de l'un derrière le dos de l'autre, regardant tout deux vers le soleil couchant, le sourire au lèvre... les paroles étaient inutiles.
Après de multiples courses poursuites dans l'internat puis dans la cours du collège, Jérémy était enfin dehors, mais pas sans mal. Il avait reçu beaucoup d'autres impacts brûlants dont un à la tête, sa veste était trouée à plusieurs endroits, sa vue se troublait mais il arrivait encore à marcher. Il arpentait les rues du quartier en rasant les murs, quand il trouva enfin une cabine en état de marche.
A l'usine, Odd avait repris les commandes du clavier. Grâces aux données recueillies par Yumi, ils avaient pu mettre au point un premier prototype de programme temporel ; celui-ci était encore très instable et ne devait être testé qu'au travers de simulations. Yumi observait le travail du blondinet par dessus son épaule, quand l'image du visage de Jérémy, accompagné d'un numéro inconnu, s'afficha sur le moniteur frontal.
- Odd...Yumi !! Répondez... ça va mal !! dit-il d'une voix à bout de souffle
- Cris pas comme ça ! dit Odd. Qu'est-ce qui se passe ?!
- XANA... il est réveillé ! Il a envoyé des troupes... à l'internat, chuis touché et j'ai perdu mon portable !
- XANA !! Mais c'est impossible !! Il est hors d'état !!
- Et ben... tu ferais mieux de réviser tes prévisions... vieux ! Parce qu'il est bien réveillé !
Odd se tourna vers la collégienne à lunettes.
- Yumi ! Tu as ton ordi portable ?
- Oui !
- Alors branches-toi sur Lyoko et contacte Aelita, je vais préparer les transferts pendant ce temps là !
- OK !
Il se retourna vers l'écran et continua à parler tout en tapant frénétiquement sur le clavier.
- Tu as une idée de l'endroit où XANA peut envoyer le reste de ses monstres ?
- J'ai... pas vu une seule créature dans le quartier ! Donc, y a qu'un seul autre endroit... qui peut l'intéresser !
Odd lâcha son clavier un instant puis réfléchis. il pris alors un air effaré : l'usine, en envoyant une telle force de frappe, XANA était quasiment sûr que tout ses ennemis allaient s'y rendre pour la défendre... c'était une occasion rêvée pour les exterminer tous en même temps ! Soudain, Yumi intervint avec une mauvaise nouvelle.
- J'arrive pas à joindre Aelita ! Elle est introuvable !
- Y manquait plus que ça !! Jérémy, il faut que tu trouves une cachette dans la quartier, venir à l'usine serait trop dangereux pour toi !
- Oui... facile à di...
Il vit soudain dans la vitre de la porte de la cabine, passait une ombre noire. Dans l'instant, elle se chargea d'électricité. Jérémy se risqua à y poser la main ; il ne reçut aucune décharge mais il se rendit vite compte que la porte était bloquée.
- Odd !! Je peux plus sortir !!
Mais une autre mauvaise surprise vint bientôt à sa rencontre. Non loin de la cabine arriva, en peu de temps, un Méga Tank qui ne tarda pas à s'ouvrir en deux. Une lueur rouge se mit à briller, puis s'intensifier de seconde en seconde dans l'oeil du monstre. Des gouttes de sueur perlèrent sur le front de Jérémy, son corps se mit à trembler de peur comme jamais il ne le fit auparavant... il ne pouvait pas s'enfuir.
- Jérémy, t'es toujours là ?! Jérémy réponds !! cria Yumi, affolée par ce silence.
Le jeune solitaire hésita à répondre, n'étant pas encore sûr que ce qu'il avait en face de lui n'était pas une illusion. Il porta lentement le combiné à son oreille, en esquissant un demi-sourire.
- Je suis... désolé Yumi, vraiment désolé de t'avoir traité comme je l'ai fait... je suis vraiment désolé !
dans les secondes qui suivirent cette déclaration, on entendit depuis le labo un grand bruit suraigu, puis la ligne fut coupée.
- Jérémy... JEREMY !!!
Yumi retira ses lunettes et l'éloigna derrière le siège de commande. Il y eut d'abord une minute de silence qui parut interminable, tout deux voulaient croire que ce qui venait d'arriver avait pu être pièce par pièce, orchestré par XANA ; mais la voix de Jérémy était chargée d'émotions, c'était impossible pour le Supercalculateur d'imiter cela. Maintenant, les deux petits génies savait que son armée était en route pour les tuer tous, mais il fallait pourtant aller sur Lyoko pour l'arrêter... il restait encore deux Lyokoguerriers disponibles. Odd déclara d'une voix encore faible :
- Il faut prévenir Sissi et Ulrich ou...
Il se tue, ayant entendu derrière lui un bruit étrange. Il fit pivoter le siège et vit que Yumi avait ses deux mains sur le visage, elle était en train de pleurer à chaudes larmes. le blondinet ne voulait ni être indélicat, ni rude dans un moment pareil, mais il fallait faire vite.
- Yumi... il faut prévenir les autres ! On ne peut pas s'arrêter pour...
- Comment ut peux dire ça ! dit-elle, toujours en larmes. Tu veux que je fasse comme si rien ne s'était passé !?
- Ce n'est pas ce que je dis, mais si on ne fait rien, y aura peut être d'autres victimes... on peut pas laisser XANA continuer !
La jeune asiatique se força pour s'arrêter de sangloter et remit ses lunettes en reniflant tristement. Elle demanda à Odd de contacter leurs amis à sa place, elle n'était pas en état de parler.
Dans le parc, le couple se leva du banc, comptant bien retourner chez eux avant la nuit, quand le portable d'Ulrich sonna.
Chapitre III : L'énergie du désespoir
Le jeune garçon prit son temps pour décrocher.
- Ulrich, Sissi et avec toi ? ! demanda Jérémy
- Odd ! T'as l'air affolé !
- Un peu oui ! Ramenez-vous d'urgence à l'usine ! XANA est réveillé !
- Mais tu avais dit hier que...
- Oui ! Je sais ce que j'ai dit hier ! Mais là, y a urgence ! XANA veut s'en prendre à nous tous à l'usine ! Je sais que je vais vous attirer en plein dans le piège en vous faisant venir, mais de toute façon, on doit l'arrêter !
- Et le programme de retour ?!
- Il est pas encore prêt ! Dépêchez vous, il faut...
On entendit soudain dans l'usine, des bruits de toile froissée, de gros morceaux de métal qui se pliaient et de légères secousses.
- Faites vite ! Ils sont là !
Ulrich raccrocha son téléphone et le mit dans sa poche, il se retourna vers Sissi qui avait seulement entendu des brides de conversation. Elle paraissait inquiète sans savoir pourquoi.
- Mon amour, qu'est-ce qui ne va pas ?
- C'était Odd ! Il faut qu'on retourne à l'usine !
- Mais pourquoi ?!
Il lui pris la main et la fit lever.
- Je t'expliquerais sur la route !!
Il sortirent rapidement du parc, l'usine n'était pas très loin, mais les dégâts de l'armée de XANA avaient considérablement altéré l'état des rues. Même à pied, il n'était plus aussi aisé de circuler.
Dans le labo, aucun des deux ados n'aurait pu prévoir que les exécuteurs au service du Supercalculateur seraient sur place si vite. Toutes les créatures envoyées sur Terre avaient été modifiées par leur maître ; le plus grand changement était qu'ils pouvaient maintenant diffuser leur laser en continu, mais la puissance de feu restant encore moyenne (même pour un Méga Tank), il leur faudrait un moment pour arriver à faire fondre les divers métaux lourds pour percer les premières défenses "naturelles" de l'usine.
- Yumi, tu vas m'aider à verrouiller le monte-charge et les portes !
- Et tu as pensé à Ulrich et Sissi ! Comment ils vont faire eux !?
- Ils vont devoir utiliser les conduits d'aérations, tous les monstres sont trop gros pour les emprunter !
- Sauf les Kankrelats...
- Y a juste à espérer que XANA ne connaît pas tous les passages par coeur...
Yumi passa derrière le Super-ordinateur et commença à retirer puis remettre dans un ordre différents plusieurs câbles avec une grande précision, pendant que Odd était en train de taper plusieurs séquences d'affilés, mettant ainsi le "Plan de Confinement" à exécution. Une idée qui venait au départ de Yumi, étant la plus méfiante en ce qui concerne XANA, elle avait mise au point bien plus tôt, un programme fonctionnant indépendamment du Supercalculateur qui permettait de littéralement condamner le labo (sauf pour les passages les moins praticables et indispensables, comme les entrées et les sorties d'air). Elle se sentait d'ailleurs un peu coupable, depuis ce temps là, car XANA s'était sûrement inspiré de ce programme, à l'époque encore accessible, pour s'isoler...
Pendant un moment, on entendit plus un seul bruit venant de la cathédrale, cela signifiait peut être une accalmie... ou quelque chose de pire. Odd retenta à plusieurs reprises de contacter Aelita, mais malgré qu'il eut scanné tous les territoires de fond en comble, toujours aucune trace d'elle à la surface, comme dans la mer numérique, comme si elle s'était volatilisée...
Le couple arriva enfin au abord de la rue du Molinel, une petite ruelle qui menait au pont de l'usine. Ulrich qui restait méfiant ; il jeta un regard furtif vers l'usine en restant caché derrière un mur, Sissi le retenant par l'épaule. Ce qu'il vit au loin le remplit d'inquiétude : le pont s'était brisé en deux aussi facilement qu'une allumette. Un peu plus loin, des trous de la taille d'un Krabe avaient été creusés à plusieurs endroits dans la façade de l'énorme bâtisse à l'abandon. On pouvait voir au travers de ces ouvertures, qu'environ une trentaine de monstres avaient investis la cathédrale de verre. Méga Tank, Krabes, Blocks, Kankrelats, Frôlions, pas un ne manquait à l'appel.
- On pourrait jamais passer par ici ! s'exclama Sissi
Le jeune homme prit son portable en main et essaya d’appeler Odd. Quand nos amis eurent découvert l'existence du Supercalculateur, il avait à l'époque prit des risques considérables pour explorer les moindres recoins à l'intérieur et aux alentours. Si quelqu'un pouvait indiquer un autre passage, c'était bien lui. Malheureusement, le Plan de Confinement empêchait également toute transmission, la ligne était constamment occupée. Ulrich raccrocha et se tourna vers Sissi d'un air dépité.
- Odd ne répond pas... tu as une idée ?
Elle hésita à répondre.
- J'en ai une... mais ça ne va pas te plaire !
Dans le labo, Yumi continuait de scanner un à un les Territoires, dans l'espoir de retrouver le moindre signe de vie d'Aelita ; elle se concentrait au maximum sur son travail, tentant de penser le moins possible à ce déchirement dans son coeur. Odd cherchait pendant ce temps une solution de secours, car sans Aelita, il serait impossible de bloquer la Tour qu'ils finiraient tôt ou tard par trouver.
Sur Lyoko,
Dans le territoire Montagne, une forme humanoïde se tenait au bord d'une falaise, méditant paisiblement dans la position du lotus. Soudain, jaillit du vide, une espèce d'énorme sphère de laquelle s'échappait de puissants flots d'énergie. Cette chose ressemblait en tout point à un Gardien, sauf qu'il ne réagit pas une fois qu'il fut près de la créature virtuelle, il semblait attendre qu'elle fasse le 1er pas. Aelita, car c'était bien elle, ouvrit les yeux et sortant ainsi de son état de transe. Après s'être lentement levée, elle avança d'un pas par dessus le vide et se fondit dans la sphère-prison. Elle se mit à emmettre un son qui s'amplifia en moins d'une minute pour devenir assourdissant, et finit par disparaître dans une formidable explosion.
Les images défilant sans cesse sur le moniteur frontal du Super-ordinateur commençaient à sérieusement fatiguer les yeux de Yumi. Elle avait l'impression que ses recherches lui prenait une éternité, mais malgré cela, elle avait déjà refusé plusieurs fois l'aide de Odd. Quand l'image se fixa enfin, elle afficha la Tour Activée, (à coté d'un insigne "Bio Hazard") située sur un bout de terre forestière, reliée à la plaque principale par un petit chemin jonché d'arbres. Elle avait trouvé la Tour... mais toujours aucun signe d'Aelita.
- Odd ! J'ai localisé la Tour dans le Territoire Forêt !
- Bon, y a plus qu'à attendre que les deux tourtereaux arrivent !
- Tu... tu veux les envoyer sur Lyoko ?! Mais, et Aelita !
- Je ferais encore des recherches quand on les aura virtualisé ! On a plus le temps de lancer un autre scan maintenant, ou ça va empêcher d'accéder au programme de plongée !
Yumi n'écouta pas les derniers mots de son ami : elle avait entendu un bruit métallique aigu. Elle se leva du siège et invita Odd à regarder dans sa direction : à 3 mètres au dessus du sol du labo, une grille d'aération tomba lourdement, ainsi de deux adolescents qui s'écrasèrent douloureusement l'un au dessus de l'autre. Une mauvaise odeur envahit brusquement la pièce.
- Mais par où vous êtes passés tous les deux ?! s'écria Yumi en se précipitant vers eux.
- Sissi a eu la bonne idée de passer les égouts ! Seulement, l'eau était LEGEREMENT au dessus de son niveau normal ! déclara Ulrich
- Hé ! je pouvais pas deviner, et puis on y est arrivé à l'usine, alors de quoi tu te plains ?!
- Je me plains que j'oserais pas m'approcher de toi avant un moment ! Ca me rappelle la fois ou Jérémy a passé une semaine sans se doucher !
- Et toi, tu crois peut être que tu sens moins mauvais que moi ! C'est que t'as le nez bouché en ce qui te concer...
- Hé vous deux ! Temps mort ! interrompit Odd, accompagné du geste. On a un problème grave à résoudre !
Tous deux se calmèrent, mais ils détournèrent leur regard, semblant décidés à se faire la tête. Yumi leur expliqua aussi brièvement que possible la gravité de la situation. Les visages d'Ulrich et Sissi se figèrent, puis devinrent grave, quand la fille aux longs cheveux posa la seule question à laquelle Yumi n'aurait pas voulue répondre :
- Et Jérémy, il n'a pas pu venir ? Il était rentré au collège, non ?
- Jérémy... il est...
- Il est indisponible ! On a pas réussi à le joindre ! intervint Odd, de justesse.
La japonaise n'aurait de toute manière pas pu dire la vérité à ses amis, sa peine était encore trop récente. A ce moment, quelques objets posés à côté du clavier se mirent à vibrer, rappelant à certains et confirmant à d'autres ce qu'il se passait là haut. Retentit dans le labo, comme le brusque réveil d'un démon, un grincement métallique long et aigu suivi d'une violente secousse, suivi très vite par d'une explosion. Odd se précipita vers l'ordinateur et se connecta au réseau de caméras de surveillance de l'usine.
Elles s'affichèrent une à une, comme Odd s'en doutait, la plupart ne marchaient plus à cause de l'isolement du labo ou avaient été détruites. Il attarda cependant son regard sur la 16ième, celle de la cage d'ascenseur : elle se brouillait de temps à autre, mais on put voir l'image associée au son que nos amis venaient d'entendre : le monte-charge était complètement disloqué au fond et en proie au flammes, sans doute, une petite créature comme un Kankrelat, avait-elle été entraînée dans la chute de l'appareil ; puis l'image de la caméra se brouilla de plus en plus, pour s'éteindre définitivement.
- Odd ! Qu'est ce qui se passe ?! s'inquiéta Sissi
- ... le sas de titane est notre dernière barrière... Ulrich, Sissi ! Descendez aux scans par l'échelle de secours ! On vous virtualise tout de suite !
- Et Aelita, tu y a pensé !? on pourra rien faire sans elle ! dit Ulrich
- On la retrouvera, j'en suis sûr... mais on a plus le temps de l'attendre !
- J'espère que t'as raison !
Le couple se dirigea vers le fond de la pièce et tourna la valve d'une lourde trappe en acier, révélant une petite échelle un peu rouillée conduisant au niveau inférieur. Ils se tinrent l'un à côté de l'autre, devant les scanners, ils venaient seulement de réaliser que le combat qu'ils allaient mener concernait leur survie à tous. Toujours en contemplant la magnificence des sarcophages dorés, ils avancèrent à taton leur main l'un vers l'autre et les serrèrent fort pour se rassurer. Ils n'avaient jamais eu autant d'appréhension avant d'aller sur Lyoko, pas depuis leur première plongée.
- Ulrich, j'ai peur...
- T'inquiète pas, je suis là !
- Non, c'est pas ça ! J'ai l'impression que... cette fois, on tient vraiment la vie des autres entre nos mains...
Ulrich sentit sa bien aimée frissonner au travers de sa main. Cette peur qui l’assaillait la mettait extrêmement mal à l'aise, elle, qui d'habitude était si enjouée, même des les situations difficiles, faisait face à un dilemme intérieur. La seule chose qui l'empêchait de se détourner de sa mission, était la présence d'Ulrich.
- Ecoute, si on est là, c'est parce qu'on doit réussir, et on va réussir ! Tu as Yumi, Odd et moi pour te soutenir, on va y arriver !
- ...Merci Ulrich !
Ils se mirent face à face et se rapprochèrent pour s'enlacer, et ils s'embrassèrent avec passion, comme si c'était la dernière fois qu'ils en avaient l'occasion. La voix de Odd dans le haut-parleur leur rappela l'urgence de la situation. Ils se séparèrent à contrecoeur, mais Sissi plaça un dernier mot avec d'entrer dans le scan qui lui était réservé.
- Tu as intérêt à rester en vie, sinon... ^^
Les portes d'or se refermèrent, on entendit une nouvelle fois à la voix de Odd.
- Scanner Elisabeth... Scanner Ulrich...
Transfert Elisabeth... Transfert Ulrich...
VIRTUALISATION
Il y avait déjà quelques bosses dans le sas en titane du labo, les deux génies pensèrent qu'il ne faudrait pas plus d'une heure aux laquais de XANA pour la faire céder...
Les triangles numériques matérialisèrent les Lyokoguerriers à deux mètres au dessus du sol. Ils attérissèrent au beau milieu d'une clairière dont les sorties étaient deux chemins ombragés derrière et devant eux. Ulrich était habillé à la manière d'un ninja, tout de noir vêtu, mais sa tête restait découverte. Ses armes, deux lames jumelles étaient attachées dans son dos par une lanière. Sissi était aussi radicalement différente de la réalité : ses cheveux rouge feu, de la même couleur que ses yeux, descendaient jusqu'à ses reins. Elle était aussi légèrement vêtue qu'un walkyrie, avec quelques protections en argent aux tibias, à la poitrine et aux avant-bras ; pourtant, elle dégageait une forte impression de puissance. Elle portait également aux poignets des bracelets en argent, desquels sortaient trois longues griffes.
- Odd, on est sur place ! Par où est la Tour ?
- D'après le scan du territoire, à environ 900 mètres au Sud de votre position ! Je vois aucun monstre sur mes écrans, mais restez sur vos gardes !
Yumi restait derrière le siège de commandement à regarder par dessus l'épaule du blondinet, mais elle ne pouvait s'empêcher d'attarder son regard attention sur le sas qui commençait à se gondoler sous les assauts répétés des monstres.
Les 20 dernière minutes sur Lyoko ne furent pour nos amis que détours, culs de sac et passages en force au travers des arbres dans l'épaisse forêt. Quand ils arrivèrent sur un terrain plus dégagé, il paraissait bien étrange : au bout de la grande plaque se trouvait bien la Tour activée, mais toute la surface du terrain était composé de souches d'arbres, comme l'endroit avait été élagué à l'avance...
- Faites attention à vous ! Je vais toujours aucun monstre, mais cet endroit n'a rien de naturel !
En avançant prudemment, les Lyokoguerriers aperçurent bientôt non loin d'eux une forme humaine familière aux cheveux roses... Aelita ! Dès lors, la tension que tout le monde était obligé de supporter depuis le début de cette histoire tomba enfin.
- Aelita ! Enfin, c'est pas trop tôt ! dit Odd, soulagé
- Désolée de te presser, intervint Sissi, mais on ferait mieux d'aller vite à la Tour, pendant qu'on a de l'avance sur XANA !
- Non !
Un silence des plus pesant tomba comme une pierre dans la labo est sur Lyoko, la réaction d'Aelita médusa tout le monde.
- Je ne vous aiderais pas !
- Qu'est-ce qui te prend Aelita ?! s'inquiéta Ulrich
Un flash blanc éclata soudain, aveuglant les Lyokoguerriers et même les gens présents dans la labo sur Terre. Quand il disparut, nos amis n'en crurent pas leur yeux : Sissi, Ulrich et Aelita furent encerclés par une véritable armada de monstres virtuels en tout genres, aucune brèche dans cette masse n'était visible à 1ère vue, le combat paraissait inévitable. Ils sortirent instinctivement leurs armes, mais aucune des créatures ne fit un seul geste, attendant visiblement un signal de départ... mais lequel ?
- On aurait peut être droit à une explication !? s'énerva Ulrich
- Avant que vous ne me connaissiez, j'étudiais déjà votre monde depuis un moment. Au début je n'y trouvais que de bonnes choses, mais j'ai mis du temps à comprendre votre vraie nature : votre histoire n'a été qu'une succession de guerres et de coups tordus ! On voyait des humains qui prenaient plaisir à voir souffrir d'autres humains ! Vous êtes la race la plus détestable de votre monde !!
- Aelita, tu ne vois que le côté négatif, tu... commença Sissi
- J'en ai déjà suffisamment vu ! Au moins, quand XANA aura pris le contrôle, ce genre de chose n'existera plus !
- Alors, tu étais avec lui depuis le début...
- Je n'ai jamais voulu devenir humaine, ni même votre amie ! Je vous ai simplement manipulés, jusqu'au jour ou XANA puisse enfin régner ! Et vous m'avez bien été utiles, tous !
- TRAITRESSE !!!
Ulrich fonça vers Aelita, prêt à la couper en morceaux, mais au moment de l'atteindre, elle disparut purement et simplement.
- Amusez-vous bien une dernière fois avec l'armée que j'ai créé spécialement pour vous !!
Sa voix fit écho dans l'air avant de disparaître également. Sissi n'eut pas le temps de réagir qu'elle reçut un tir de laser conjugué de deux Frôlions, la bataille pour la survie venait de commencer...
Les deux génies du labo eurent à peine le temps de réaliser que la situation venait d'empirer comme jamais.
- Sissi ! Moins 20 points de vie ! Tirez-vous de là !!
Ulrich se précipita pour la relever avant qu'une autre rafale ne s'abatte sur elle. En passant avant imprudence par dessus les monstres, ils s’enfuirent le plus loin possible en se cachant derrière un arbre au abords de la forêt. Ulrich s'aperçut que sa compagne se tordait de douleur.
- Odd, c'est pas normal ! C’est comme si j'étais vraiment blessée...
L'opérateur comprit rapidement que le Plan de Confinement n'était pas aussi inviolable qu'il ne le pensait. Il n'y avait maintenant plus qu'une seule alternative. Ulrich et Sissi se regardèrent, et tout deux se jetèrent à corps perdu dans la bataille.
Les puissants sabres d'Ulrich faisait des ravages parmi les rangs ennemis terrestres, les découpants par dizaines à la minute, perforant même la solide carapace des Méga Tank. En prenant de faibles dégâts du à sa faible protection, il n'était presque pas ralenti, jouant de ses épées jumelles tel un boucher. A l'aide de ses griffes et de son agilité hyper développée, Sissi se battait comme une légion de tigres face aux créatures les plus mobiles comme les Frôlions et les Kankrelats. Ses esquives ressemblait à de véritables ballets acrobatiques, évitant avec une précision extrême presque tous les lasers qui lui était destinés. La plupart des monstres qui avait le malheur de l'approcher, se retrouvaient soudain couverts de griffures, puis explosaient quelques instants plus tard.
Mais ces monstres avaient été créés par Aelita. Une fois détruit, une créature ne tardait pas bien longtemps avant de se reconstituer et revenir à la charge, ne laissant ainsi que très peu de répit aux Lyokoguerriers. Pourtant, ces derniers ne se décourageaient pas et continuaient sans cesse à affronter, côte à côte, et sans aucune fatigue apparente la marée de monstres virtuels. Mais ils avaient beau être forts et expérimentés, ils restaient humains et donc vulnérables.
Au bout d'une heure de combat intense, ils commencèrent à s'affaiblir, ne faisant plus que parer les coups, trop épuisés physiquement pour pouvoir répliquer. Odd et Yumi s'en mordaient les doigts, assistant sans rien pouvoir faire au renversement de situation. Ce fut le bruit grinçant du sas qui commençait à céder qui permet à Odd de se ressaisir.
- Yumi ! Prépare le programme test qu'on a créé, il est temps de s'en servir !
- T'y penses pas ?! Et si ça ratait ?!
- On a plus rien à perdre, on peut l'exécuter sans Aelita... Yumi, c'est notre dernière chance !
Elle acquiesça timidement de la tête et se mit à démarrer sans attendre le prototype de retour dans le temps.
Pendant ce temps, Sissi et Ulrich étaient lentement repoussés malgré eux vers le bord de la plaque... ils s'en rapprochèrent dangereusement. Mais ce qui devait arriver, arriva.
Suite à une énième salve d'un Krabe et d'un Block lancée en direction d'Ulrich, celui-ci perdit l'équilibre commençant sa chute vers le vide numérique. Sissi le rattrapa juste à temps en empoignant avec force la lame d'un de ses sabres, seul fil qui retenait maintenant le ninja à la vie. Elle souffrait le martyr de devoir serrer dans sa main la lame tranchante, perdant ainsi ses points de vie restant à vive allure. Elle fermait les yeux pour contenir sa douleur, mais Ulrich vit bientôt arriver vers eux le reste de l'armée qui avait momentanément cessé de les attaquer. Il se rendit aussi compte que son amie s’épuisait sans pouvoir le remonter... il lui fit un sourire avant de prononcer avec une certaine tristesse dans la voix :
- Je t'aime, Elisabeth...
Ce furent ses dernier mots avant qu'il lâche la poignet de son sabre, chutant avec lenteur vers la mer numérique sous les hurlements de désespoir de Sissi.
- Odd ! C'est prêt ! Tu n'as plus qu'à le lanc...
A peine Yumi avait-elle finie sa phrase qu'elle fut frappée de plein fouet par un tir de Méga Tank. Le sas venait juste de céder dans un bruit de métal assourdissant. Odd se précipita vers la japonaise, elle avait une énorme brûlure qui lui recouvrait tout le corps, elle put tout juste faire un geste de la main pour faire comprendre à Odd d'aller s'occuper du programme avant que tout ne soit perdu. Un tir de laser d'un des nombreux Kankrelats qui venaient d'entrer le toucha au bras. Malgré cela, il arriva s'en retourner jusqu'au clavier du super-ordinateur, pour appuyer sur la touche ENTREE. A ce moment, tout s'arrêta dans un flash blanc...
La labo, le jeudi 19, 16h 35.
Jérémy discutait paisiblement avec Aelita, travaillant une fois de plus avec son aide, sur son anti-virus.
- Tu as recompilé les dénivélateurs numériques ? demanda-t-il
- Oui, ça vient d'être...
- Aelita, quelque chose ne va pas ?
- Non, c'est rien. J'ai cru sentir des pulsations, pendant un instant... mais ça a disparut !
- Tu es sûre que c'était qu'un impression ? Si tu veux je peux lancer un scan pour vérifier !
- Non merci Jérémy, ça ira ! On reprend là où on en était ?
Dans la salle inférieure, le scanner de gauche se chargea d'une intense énergie, au point qu'il aurait pu exploser de surcharge, mais l'énergie cessa d'affluer, aussi soudainement qu'elle était apparue. les portes s'ouvrirent alors, révélant un garçon évanoui à l'intérieur...
Chapitre IV : Un voyageur perdu
Odd se releva, complètement groggy. Sa vue était très troublée, à tel point qu'il arrivait à peine à distinguer ce qui se trouvait en face de lui. Il sentait que son estomac était ballotté, comme s'il avait le mal de mer. Il prit appui contre le mur le plus proche pour tenter que calmer son malaise et tenter de reprendre ses esprits. Il regarda autour de lui et fut déjà saisi par l'étonnement : les secousses qu'avaient provoqué les créatures de XANA aurait du endommager au moins une partie du décor, or, la salle des scanners rayonnait comme à son habitude d'une lumière étincelante et dorée, aucun débris d'une quelconque nature ne traînait sur le sol.
- Ca veut dire que... le retour vers le passé à marché ?! pensa-t-il, sans joie.
Il mit un moment, à pouvoir marcher sans tituber. Dès qu'il se sentit mieux, il alla appuyer sur le bouton d'appel du monte-charge. A sa grande surprise, le sas s'ouvrit sans difficultés, dévoilant l'énorme machine, intacte. Il s’engouffra alors à l'intérieur pour descendre à la salle du Supercalculateur. Il repensa à tout ce qui s'était passé durant ces dernières semaines : L'anti-virus, l'escalade de XANA, la victoire. Car ils avaient bien gagnés. Le retour dans le temps était apparemment une réussite, même s'il ne savait pas de combien de jours il avait reculé. Le combat était gagné, oui, mais à quel prix...
Jérémy... Yumi... Ulrich... et Sissi qui avait disparue, ainsi que de nombreuses autres personnes innocentes que même le retour dans le temps ne serait jamais capable de ramener. Mais il y avait aussi Aelita. Ce programme ignoble, autant que XANA qui les avaient trompé depuis leur 1ère rencontre. Dans le coeur de Odd, elle avait cependant toujours une petite place, mais ce n'était pas le moment de jouer les sentimentaux : visiblement, la grande attaque que le Supercalculateur allait lancé, n'était pas encore au programme. Maintenant que le blondinet savait qu'Aelita n'était pas du bon côté, il n'y avait plus aucun intérêt de laisser branché XANA plus longtemps.
Quand Odd sortit de sa longue réflexion, le sas du monte-charge était ouvert devant la grande salle vide. Il s'avançait solennellement vers le centre, quand l'imposante structure noire et dorée émergea du sol, comme un scaphandrier remonté de la mer. A ce moment, les portes blindés de l'ascenseur se refermèrent et il commença sa remontée. Mais il y avait plus important pour que Odd y prêta attention. Sur la façade du Supercalculateur, un petit compartiment s'ouvrit, dévoilant une manette, chose qui pouvait à tout moment à toute cette triste histoire. Le jeune garçon avança lentement sa main dessus. Avant d’exécuter ce dernier geste, il eut une pensée pour ses amis. Maintenant qu'ils n'étaient plus là, il fallait qu'il reprenne le collège, sans eux...
- Quand je pense qu'on aurait pu faire ça dès le début, c'est vraiment injuste ! Maintenant, y a plus personne pour profiter du spectacle... Adieu Aelita, et adieu XANA... sans regret !
Il pencha la manette vers le bas, quand on entendit soudain le monte-charge revenir atterrir violemment au niveau de la salle dans un fracas assourdissant.
- Hé ! Qui que tu sois ne touches pas à ça !!
Odd s'arrêta net le mouvements de sa main, il venait d'entendre une voix venant, pour lui, d'outre tombe. Il ne se retourna pas encore vers son interlocuteur, comme s'il avait peur de croiser le regard d'un fantôme.
- Jé.. Jérémy ! C'est toi !?
Ce dernier reconnut également une voix familière.
- Odd ?!
Ils se firent enfin face. Ils se regardèrent avec des yeux ronds, emplis de stupeur. Quelque chose ne collait pas dans leur apparence ; du point de vue de Odd : les lunettes, les cheveux plats, un pull bleu et un pantalon beige un peu court... Cela ne ressemblait pas du tout à Jérémy.
- Euh Jérémy, depuis quand tu portes des lunettes ?!
- Et toi, comment ils ont poussé aussi vite, tes cheveux ?!
Pour éviter que la discussion ne s'éternise sur des interrogations, Odd raconta toute l'histoire que Jérémy était supposé avoir manqué depuis sa "mort". Mais cela n'a eu pour effet que de renforcer les doutes déjà présents dans la tête du petit génie. Odd parlait d’événements qu'y n'avaient jamais eu lieu, car, autant qu'il le savait, le retour vers le passé ne pouvait pas effacer les mémoires des gens en contact avec Lyoko. De plus, il s'exprimait dans un langue anormalement scientifique. Avec l'invasion de XANA, Sissi qui faisait parti de l'équipe et le trahison d'Aelita... toutes ces incohérences étaient vraiment trop nombreuses.
- Odd, c'est impossible ! Ce que tu dis n'a pas de sens !!
- Jérémy, je suis sûr de ce que j'ai vu !! Ca pour ça, qu'il faut désactiver XANA tout de suite avant que tout ça ne se produise !!
Le petit blond à lunettes sortit son portable de sa poche et fit signe à Odd d'attendre. Il ne chercha pas à comprendre et s'éloigna un peu. Ulrich décrocha à l'autre bout du fil.
- Ouais Jérémy !
- Salut Ulrich ! Dis-moi, Odd est avec toi ?
- Euh, ouais ! Il est à côté de moi en train de s'éclater sur sa musique alors que je m'épuise à essayer de réviser mes maths ! Pourquoi ?
- .. pour rien, merci !
- Hé attends Jérém... allô ?!
Le colocataire d'Ulrich, voyant que celui-ci faisait une drôle de tête, arrêta un instant le baladeur qui lui couvrait les oreilles.
- Qui c'était ?
- Jérémy !
- Ah ! Qu'est-ce qu'il voulait ?
- ... j'en ai aucune idée !
Jérémy remit son téléphone dans sa poche et regarda le Odd qu'il avait devant lui, d'un air interloqué.
- Je crois que je commence à comprendre...
- Qu'est ce que tu comprends ?
Il ne dit rien, et se mit à marcher à reculons vers le monte-charge, en ne quittant pas Odd des yeux. Ce n'est que quand il appuya sur le bouton d'appel que ce dernier réagit enfin, mais il était trop tard. Le sas blindé se referma. Avant de remonter, Jérémy ouvrit la petite console derrière lui et reconfigura le système d'ouverture afin que cela ne puisses pas être fait de l'extérieur. Une fois revenu au labo, il se posa devant ses écrans et reprit contact avec Aelita.
- Jérémy ! Tu es parti si vite, tout va bien ?
- Je crois que XANA nous prépare un mauvais coup ! dit-il, sans vraiment répondre. Tu te souviens du clone de Yumi qu'il nous a envoyé ?
- Oui, je m'en rappelle. Il a recommencé ?
- Ouais, et cette fois c'est au tour de Odd ! Je vais te montrer !
De son côté, Odd s’efforçait de comprendre le comportement anormal de Jérémy. Le programme de retour temporel n'était qu'un prototype, il se pouvait très bien qu'il se soit produit une erreur. Réfléchissant toujours à une explication et ne pouvant plus utiliser le monte-charge, il se dirigea vers où se trouvait l'échelle de secours menant au labo. Mais il se trouva face à un mur, tout ce qu'il avait de plus normal, cette échelle n'avait jamais existé.
Etait-il vraiment revenu dans le passé ? Ou trop loin dans le passé ? Non, ce n'était pas possible ! Trop de détails ne collaient pas, trop de choses avaient changé. Odd fut pris d'un énorme mal de crâne à trop vouloir chercher l'impossible, il s'asseya sur le sol, la tête entre les mains.
Aelita observait avec attention tout ce que venait de faire ce blondinet aux cheveux longs, mais elle se montra encore plus perplexe que Jérémy.
- Je n'avais repéré aucune Tour activée dans les environs, et le scan que tu avais lancé n'avait rien détecté ! Tu es sûr que ce "Odd" a pu être envoyé par XANA ?
- A vrai dire, j'en sais aussi peu que toi... mais y pas d'autres explication rationnelle ! En plus, j'ai appris que le vrai Odd est avec Ulrich ; lui, il aurait reconnu depuis longtemps si ce n'était pas le vrai !
- En fait, je crois que j'ai une autre explication... mais je dois la vérifier, je reviens !
Avant que Jérémy ne puisse répondre, l'humanoïde était déjà partie. Elle ouvrit plusieurs fenêtres virtuelles et fit quelques rapides recherches. Elle ne tarda pas à revenir.
- Jérémy, je crois que j'ai trouvé !
- Explique moi !
- Imagines une minute qu'il puisse y avoir deux vrais Odd ! En théorie, il existe dans votre monde une infinité d'univers alternatifs...
- Je vois où tu veux en venir, mais je sais aussi qu'il est impossible pour un être vivant de voyager entre les dimensions !
Le ton d'Aelita changea, il devint plus mélancolique.
- Jérémy... après avoir découvert qu'il était possible d'entre dans un univers virtuel, et de matérialiser dans le réel les créatures qui y vivent ; est-ce que tu penses toujours sincèrement qu'un voyageur dimensionnel ne puisse pas exister ?
Elle avait raison sur ce point. Jérémy jeta un coup d'oeil à ses écrans, affichant à nouveau la caméra de surveillance de la salle des scanners. Odd n'avait pas bougé, il semblait bouleversé, il était au bord des larmes. Ce genre de comportement était trop humain pour que XANA puisse l'imiter. Si tout ce qu'il avait raconté jusqu'à maintenant était vrai, nos amis avaient du souci à se faire...
- Aelita, je vais retourner lui parler !
Il reposa son casque audio sur le clavier et repartit vers l'ascenseur. Une fois revenu devant Odd, celui-ci resta assis, tête baissé, ne voulant pas croiser le regard de Jérémy. Ce dernier hésitait à lui adresser la parole, il ne le pensait pas encore en état de pouvoir affronter la réalité de la situation. Il commença d'une voix tremblante.
- Odd, je sais pas comment te dire...
A sa grande surprise, il se leva et continua.
- C'est pas la peine, j'ai compris, je ne suis plus dans ma réalité... et toi, tu n'es pas le Jérémy que je connais...
Le petit génie fut tellement étonné qu'il ne pus pas répondre.
- Je suis désolé pour ce que j'ai dit sur Aelita ! La votre n'est certainement pas la même...
- C'est pas grave, je peux comprendre ce que ça fait de se faire trahir par quelqu'un qu'on croyait être son amie. Mais je voudrez savoir : toi et Aelita, est-ce que vous étiez...
- Est-ce qu'on était quoi ?
Jérémy se mit à rougir, il réalisa que la question qu'il allait poser était non seulement très gênante, mais aussi absurde. Car il n'y avait aucune comparaison possible entre les relations des opérateurs et de la fille virtuelle dans les deux mondes.
- Euh... non, laisses tomber !
Comme pour lui éviter de devoir se justifier, le portable Jérémy sonna...
Chapitre V : Amoureuse d'un mort
Sissi sortit de son sommeil forcé, la tête lourde. Sa vue encore un peu flou parvint à distinguer 16h13 sur le petit réveil lumineux juste en face de ses yeux. Elle se releva lentement du lit sur lequel elle était allongée et balaya la pièce du regard : cela ressemblait fortement à une chambre de l'internat du collège. Mais elle se souvint que, d'après Jérémy, la plupart des chambres avaient été désertées à cause de la panique générale qu'avait provoqué XANA. Or, cette pièce avait un ordinateur encore allumé, prouvant qu'elle étais occupée tout récemment. Sissi avait bien de la chance que son locataire s'était absenté. Avant de se poser plus de questions, elle se leva du lit et ouvrit discrètement la porte de la chambre. Après s'être assurée qu'il n'y avait personne dans le couloir, elle sortit rapidement.
Elle avança dans les couloirs sans allumer la lumière, ne sachant pas vraiment où aller. Elle était frappée de stupeur à chaque tournant, de l'état du bâtiment : non seulement il n'y avait aucun dégât, mais il lui arrivait de croiser de temps à autres des élèves qui la dévisageait étrangement.
- Le retour vers le passé a marché ! se réjouissait-elle
Mais elle déchanta vite lorsqu'elle repensa à Ulrich. Son amour était tombé avec lui dans le vide numérique du Désert de Lyoko, et il n'y aurait jamais un moyen, ni dans le passé, ni dans le futur, de la ramener sur Terre. Elle se força à retenir ses larmes, lorsqu'elle passa devant la chambre de ce dernier. Il s'arrangeait toujours pour que Odd ne soit pas là quand elle venait la rejoindre tout les soirs. Ils pouvaient passer des heures à bavarder de tout et de rien, sans que les tracas que causait XANA ne perturbent leur tranquillité intérieur. Ensemble, ils étaient presque invincibles sur Lyoko, la symbiose parfaite. Mais maintenant, rien ne serait plus comme avant...
Elle rêvassa encore quelques instants devant cette porte, lorsqu'elle entendit à l'intérieur deux voix familières.
- Ca va, tu vas pouvoir les réviser tranquille, tes maths ! J'ai mon rencard qui doit m'attendre !
- Ah, et on peut savoir avec qui ?
- Nan ! Tu le sauras si jamais ça réussit !
- OK, Ben bonne chance ! T'en auras besoin !^^
- Merci de me soutenir, vieux !^^ Salut !
Sissi s'écarta sur le côté, juste avant que Odd ne sorte en trombe et parte dans le sens opposé. Elle croyait rêver : elle pensait la deuxième voix perdue à tout jamais, dans un océan de vide, c'était trop beau ! Elle posa sa main tremblante sur la poignée de la porte qui s'ouvrit dans un grincement. Elle aperçut, quoiqu'emblouie par le soleil rougeoyant provenant de la fenêtre, une silhouette assise à une petite table au fond de la chambre, qui ne l'avait apparemment pas entendue entrer. Elle resta encore un peu dans l’entrebâillement, en train de se crisper les doigts, avant de réussir à articuler un mot :
- U... Ulrich ?
Alerté soudainement par une intrusion, il se leva de sa chaise et se retourna.
- Sissi ! Qu'est-ce que tu viens faire ?
" Elle a changé de fringues on dirait !" pensa-t-il
Son visage s'illumina. ne pouvant pas contenir sa joie, elle se précipita vers Ulrich et l’enlaça tendrement. Elle fondit en larmes... des larmes qui témoignaient d'une joie impossible à exprimer avec des mots. De son côté, Ulrich n'appréciait pas vraiment cette réaction si soudaine à son égard, mais la voyant éclater en sanglot, il n'eut pas le coeur de l'arrêter.
Il n'eut jamais été aussi gêné de sa jeune vie, même plus que quand il se trouvait dans une situation délicate avec Yumi.
- Ulrich, j'ai eu si peur... dit-elle, toujours en larmes. Idiot ! Pourquoi tu as lâché ton épée, tu tenais tant que ça à me laisser toute seule !!?
Elle releva les yeux vers lui, esquissant un sourire qui aurait pu faire fondre le plus froid des glaciers.
- Excuse-moi... Tu es vivant, c'est tout ce qui compte...
Ulrich était toujours prostré, incapable de repousser celle qu'il considérait pourtant comme une véritable sangsue. Elle avait déjà essayé à plusieurs reprises de le serrer dans ses bras, pour mieux le convaincre de son peu d'intérêt. Et c'est justement ça qui le dérangeait en ce moment : aucune fierté, aucune malice ne ressortait de cette douce étreinte ; et ces larmes et ces mots qui sortaient de sa bouche dégageaient une sincérité profonde, comme si Sissi croyait définitivement être avec lui depuis des années. Mais surtout, elle venait de parler d'une "épée"... la seule référence qui venait à l'esprit d'Ulrich était l'apparence qu'il avait sur Lyoko. Elle connaissait donc l'existence de l'univers virtuel, mais par quel moyen ?
le jeune commençait vraiment à croire que la fille du proviseur était devenue folle, suite à cette découverte. Il se décida enfin à ouvrir la bouche pour demander timidement des explications, mais Sissi en profita pour lui déposer un fougueux baiser sur ses lèvres hésitantes. Cette fois, il en était sûr : la dernière qu'il fut forcé de faire cela pour sauver Yumi d'une impasse avec le proviseur, il n'avait éprouvé aucun plaisir. Et même si Sissi était loin d'être laide, il avait ressenti un certain dégoût.
Une partie d'Ulrich voulait la repousser, la blesser, la traiter de tous les noms d'oiseaux imaginables, mais Sissi avait un baiser d'un tel feu et d'une telle passion, qu'il en aurait presque oublié Yumi pendant ce temps. Quand leurs lèvres se séparèrent enfin, Ulrich reprit immédiatement ses esprits. Il jeta un regard inquiet à la porte. Elle était restée ouverte et n'importe qui aurait pu passer devant. le jeune homme n'avait manifesté aucune retenue, et si une quelconque rumeur se répandait dans le collège, sa relation instable avec Yumi en prendrait un sérieux coup.
Encore incapable de faire le moindre reproche, il fit comme si de rien n'était.
- Euh, Sissi, tu veux bien m'attendre 5 minutes ? Je... vais aux toilettes !
Elle acquiesça de la tête et s'asseya sur le lit derrière elle. Ses larmes étaient séchées, elle avait retrouvé un sourire heureux. Ulrich sortit rapidement de la chambre et se plaqua contre le mur à sa droite, puis il sortit son portable.
- Ouais Ulrich ? dit Jérémy au bout du fil
Avant qu'il ne puisse s'expliquer, il entendit une voix familière non loin du garçon surdoué.
- Odd est avec toi ?
- Euh, c'est plus compliqué que ça... qu'est-ce qui se passe ?
- C'est Sissi, elle vient de me voir à la chambre et elle a un comportement vraiment bizarre... en plus, je sais pas comment, elle est au courant pour Lyoko ! Je pense bien que XANA pourrait être derrière ça !
Dans la salle du Supercalculateur, Odd se leva et arracha littéralement le portable de Jérémy de ses mains.
- Ulrich, c'est Odd !
- Hé, t'étais pas censé aller à ton rencard, toi ?
- Comment se comporte Sissi, est-ce qu'elle a changé ? demanda-t-il, sans répondre.
- Ben, non, je vois pas de changements... Ah, si : elle a des fringues bizarres, elle est gentille, elle croit qu'on est ensemble, elle connaît Lyoko, elle m'a... euh, elle a faillit m'embrasser, et le pire, c'est que je la trouve attirante ! A part ça, tout va bien !
- Ca doit être la Sissi de ton monde Odd ! dit Jérémy par derrière
- Je croyais pas qu'elle pourrait sans sortir en étant sur Lyoko ! répondit Odd
Ulrich fut un peu frustré d'en soudain mit à l'écart.
- Dites, j'ai peut être le droit de savoir ce qui se passe ?!
Après 10 minutes d'explications plus ou moins confuses, Ulrich commençait à y voir un peu plus clair : Sissi avait eu le malheur de le prendre pour LE Ulrich de son monde, qu'elle avait pourtant bien vu tomber dans le vide numérique. Le jeune garçon se trouvait maintenant dans l'embarras le plus total. Il s'était laissé faire par la jeune fille, lui laissant donner libre court à ses sentiments, et maintenant, il allait devoir lui dire qu'elle avait embrassé la mauvaise personne.
Cette Sissi était complètement l'opposée de la leur... Ulrich n'avait aucune envie de lui briser le coeur, mais il allait bien falloir lui dire la vérité.
- Ulrich, reprit Jérémy, je vais appeler notre Odd et on va se réunir à l'usine pour essayer de trouver ce qui a pu se passer !
- On pourra pas faire venir Yumi, elle est de sortie avec ses parent !
Ulrich jeta un coup d'oeil discret dans la chambre, il semblait que Sissi s'impatientait un peu.
"Je commence à avoir mal au crâne avec tout ça..." se disait-il
- Ne raconte rien pour l'instant ! dit Jérémy. Continue à jouer le jeu !
- Tu veux bien répéter ça ?!
- Odd n°2 m'a dit que c'est une fille extrêmement sensible, si tu lui balances tout maintenant, non seulement elle te croiras pas, mais tu vas la traumatiser ! Odd pense qu'en lui expliquant lui-même, elle aura moins de mal à digérer la situation !
- Bon, d'accord, je vais essayer ! Mais je vois prom... salut !!
Il dut raccrocher en urgence : sans qu'il ne s'en rende compte, la jeune fille l'avait rejoint et été en train d'écouter. Heureusement, elle ne semblait pas avoir compris la fond de la conversation.
- Un problème mon amour ?
- C'était Jér... Odd ! Il veut qu'on le rejoigne à l'usine ! T'en fais pas, ça avait pas l'air grave !
- Odd est vivant aussi !? Faut y aller tout de suite !
Elle se précipita vers Ulrich et lui agrippa la main. Ils se mirent à courir au travers des couloirs jusqu'à la sortie. il espérait que personne parmi les élèves ne les aurait vu partir dans une telle situation, il fallait tenir le coup jusqu'à l'usine.
Dans l'internat, chambre 23,
Deux jeunes filles observaient, assises sur un lit, leur caméra numérique avec un certain intérêt. Leur frimousses étaient partagées entre effarement et petite moquerie, avec une petite pointe de jalousie facilement visible pour l'une d'entre elles.
- Ben, tu vois Milly, on aurait eu tort de rester enfermées, tu as vu ce qu'on aurait raté ! Bon, d'accord, c'est pas très sympa d'entrer dans leur vie privée mais c'est quand même un scoop !
- Franchement, j'aurais jamais cru ça possible ! Il doit y avoir un truc !
- Regardes bien leur tête, par rapport à la fois où il était forcé de sortir avec elle, là, il a plutôt l'air content !^^
Milly se mit en tailleur sur le lit et croisa les bras, elle fit un mine bougonne.
- N'empêche que je suis pas convaincu que c'était sincère... et puis je suis sûre qu'il oserait jamais faire un truc pareil à Yumi !
- Tu sais, on les a vu souvent ensemble, mais j'ai pas eu l'impression que c'était l'amour fou entre eux ! Je crois qu'ils sont juste bons copains !
- Mais franchement Sissi est pas faite pour lui, c'est rien qu'une peste !! Et Ulrich est si gentil, si attentionné...
- Dis donc, tu serais pas un peu jalouse, des fois ?^^
- Je t'ai pas demandé ton avis Tamia !
Pendant ce temps à l'usine, Jérémy est Odd n°2 étaient remontés au labo pour tenter de découvrir si un événement extra-dimensionnel anormal s'était produit. Jérémy avait laissé un message à Odd n°1 qui n'avait pas répondu, lui disant de venir à l'usine le plus tôt possible.
Deux niveaux plus bas, dans l'antre du Supercalculateur, la lumière supposée permanente cessa soudainement de briller, les néons se mirent à éclater les uns après les autres. Les circuits imprimés de l'immense structure se mirent à scintiller dans l'obscurité, et la salle toute entière commença à vibrer, comme si une chose titanesque se rapprochait. De la machine qui contenait XANA, sortit une image d'elle même, d'une telle manière qu'on aurait cru qu'elle se dédoublait. Pour le moment, cette image était instable et ne parvenait pas à se matérialiser complètement...
Mais il semblait que Sissi et Odd n'étaient plus les seuls voyageurs...
Chapitre VI : Programme inconnu
17h 40, le blondinet à la coupe raide arriva le 1er au labo.
- Bon Einstein, j'espère que t'as une excellente raison de me déranger alors que j'étais en bonne compagnie !
Il était sortit du monte-charge sans regarder devant lui, cet appel l'ayant mit dans un état assez renfrogné. Quand il releva la tête, il aperçut Jérémy qui examinait avec attention l'holomap, tandis qu'un mystérieux garçon était assis sur le siège de commande à sa place. S'étonnant de voir un inconnu manipuler un outil aussi complexe comme seul Jérémy savait le faire, il demanda :
- Hé ! On peut savoir qui tu as invité ?!
- Va lui demander ! répondit-il sans détourner les yeux de l'holomap.
D'un air dépité, il se dirigea vers le Super-ordinateur, et poser sa main sur le dossier du siège pour le faire pivoter...
Bien que la forme de leur visage et leur style de vêtement soient quelques peu différents, les deux Odd se regardèrent droit dans les yeux, plongeant jusqu'au plus profond de leur âme. Jérémy prit le risque de les faire se rencontrer, même s'il craignait que cela provoque un paradoxe, mais la seule chose que cela entraîna dans l'instant, fut que les Odd restèrent 3 bonnes minutes à se dévisager, comme si c'était la première fois qu'ils voyaient leur reflet dans un miroir. Le premier Odd se tourna vers Jérémy.
- Tu voudrais bien me dire pourquoi je suis en double exemplaire ?
- Je vais tout t'expliquer ! fit le 2ème en sauta du siège.
Pendant que les deux blondinets discutaient dans un coin de la pièce, Jérémy en profita pour prendre contact avec Aelita. Son expérience des matrice virtuelles, conjuguée à celle de l'autre Odd, n'avait pas réussis à identifier le bug dans le programme prototype qui avait eu pour effet de faire se croiser deux univers alternatifs. Aelita en savait peut être plus à ce sujet. L'écran se mit à grésiller, la connexion avait un mal fou à s'établir, on dirait que le réseau était envahie par les parasites.
- Aelita, Aelita, tu m'entends ?
- Je te... reçois mal Jérémy !
- La connexion est instable ! Tu as repéré des signes d'activité anormaux ?
- Oui... j'ai vu que... dans la forêt... des arbres se mettent à disparaître tout seuls... et les monstres sont ralentis !
- On dirait que XANA essaie de faire le ménage, mais pourquoi il ferait ça ?
- Des choses dispa... aissent mais je sens aussi... que XANA essaie de... créer de nouveaux programmes...
- Il doit être à court de mémoire, s'il se met à supprimer d'autres programmes utiles, c'est dangereux ! Aelita, va t'abriter dans la Tour la plus proche, je vais essayer de voir ce qu'il trafique !
- D'accord, je vais... fouiller aussi dans les fichiers de la matrice... pour voir ce que je peux trouver de mon côté !
- Ok, je te recontacte plus tard !
Juste avant que Jérémy ne coupe lui même la connexion, déjà instable, l'image se brouilla complètement, pour finir par disparaître. Surpris, il essaya immédiatement de rétablir un contact avec Lyoko, mais ces talents de pirate restèrent inefficaces face à un brouillage monstre. Il commença déjà à s'inquiéter pour Aelita, pourvu que ces perturbations n'aient aucun effet sur elle. Il tenta aussi de s'introduire sur le réseau à l'aide de son ordinateur portable, mais il n'y avait rien à faire, le réseau était à tel point saturé qu'il aurait pu se demander ce que XANA pouvait bien réussir à faire avec le peu de mémoire qu'il devait lui rester. Maintenant, il n'y avait plus qu'à espérer qu'Aelita ne courrait aucun danger. Les deux Odd avaient à peine fini de discuter que l'on entendit dans le labo, résonner le bruit du sas blindé qui s'ouvrait, dévoilant Ulrich et Sissi, toujours main dans la main.
- On est venu aussi vite que possible !
Dès que Sissi aperçut le Odd de son monde, elle lâcha la mina de son petit ami présumé, et se jeta au cou du blondinet. Mais après une brève accolade, elle remarqua juste à côté de lui, un autre garçon qui lui ressemblait étrangement, mais dans un style un peu plus excentrique (elle n'avait qu'à observer sa coupe de cheveux). Elle vit également, assis au clavier du Super-ordinateur, Jérémy, qui paraissait, comme Ulrich, revenu d'entre les morts. Elle fit alors quelques pas en arrière, le teint de son visage vira au blanc pâle, se demandant avec angoisse si elle n'était pas elle-même tombé en Enfer. A force de reculer, elle buta sur Ulrich, pour essayer de se rassurer, elle l'entoura de ses bras. "Mais qu'est ce qui se passe ici ?! Mais qu'est ce qui se passe ici ?!" se répétait-elle. Pour éviter de tergiverser plus longtemps, l'autre Odd commença :
- Sissi, on est plus dans notre monde... le retour vers le passé a complètement déraillé, il nous a envoyé dans un univers parallèle...
Elle ne comprenait pas, elle ne voulait pas comprendre, non... tout le monde était vivant, tout le monde allait bien, tout le monde était sain est sauf ; elle avait fondé tous ses espoirs sur la certitude que le cauchemar qu'ils avaient vécu n'était jamais arrivé.
- Mais, et Ulrich, et Jérémy... ils sont bien là !! Et Yumi, elle est vivante aussi !? répondit-elle, en refusant de voir la réalité.
- Je suis désolé Sissi, eux, sont originaires de ce monde, on est les seuls survivants de l'incident. Yumi... a été abattue sous mes yeux...
- Ulrich, non ! Dis-moi que c'est pas vrai ?! dit-elle en se retournant
- Je... suis pas celui que tu connais Sissi... hésita-t-il. Chuis désolé, de t'avoir fait croire ça...
Jérémy descendit enfin de son siège, ayant assisté à distance à la conversation, il eut beau essayé de se reconnecter à bon nombres de fois en un temps record, il ne put même pas accéder aux données d'Aelita. Inquiet, il avança vers le petit groupe, mais c'était pour mieux constater les dégâts : Sissi était tombée à genoux, les mains sur ses yeux trempés de larmes. Pour elle le monde venait de s'écrouler une fois de plus, le cauchemar continuait... Ulrich s'agenouilla à côté d'elle, essayant de la réconforter. Il n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche, que Sissi se jeta à nouveau dans les bras du jeune garçon. Elle savait que désormais, il n'était pas celui qu'elle a aimé, que le pseudo amour qu'il lui avait montré n’ait été qu'une manière de la ménager, mais elle s'en fichait. La présence d'un autre Ulrich dans ce monde était une raison suffisante pour continuer à s'accrocher à la vie. Les deux Odd se regardèrent brièvement et hochèrent la tête, décidant de laisser Ulrich se charger de cette délicate affaire.
Celui aux cheveux longs s'adressa à Jérémy.
- Toujours rien de nouveau ?
- La connexion avec Lyoko est HS, et tout le réseau Internet et le réseau intranet de l'usine est saturé ! Impossible maintenant de savoir ce qui se passe !
- Attends qu'est ce que t'attends pour nous y envoyer Einstein, tu veux qu'il arrive quelque chose à Aelita pendant qu'on se doute de rien !?
- Odd, t'as pas entendu (ou plutôt, pas compris, pensa-t-il) ce que je viens de dire : le réseau de l'usine est saturé ! Ce qui veut dire, pas de transfert possible sur Lyoko, ou alors tu te retrouvera bloqué dans la zone de transit !
- Frérot , intervint l'autre Odd, même on pouvait exécuter le programme des scanners, c'est pas sûr que tu puisses faire quoi que ce soit une fois sur Lyoko, le problème semblait directement venir de la mémoire interne de XANA !
- On va y aller quand même !
Les trois se retournèrent interloqués, ils virent Ulrich qui soutenait Sissi, elle s'était apparemment un peu calmée, même si les traits de son visage indiquent encore une tension intérieure. C'est elle qui venait de prendre la parole, d'un ton ferme.
- Est-ce qu'y a que moi et Odd qui sommes pas devenus dingues ici ?! Moi aussi je me demande bien ce qui se passe et je voudrais trouver une explication logique à cette histoire de dimensions qui se croisent, et en plus je me fais du souci pour Aelita... mais on va pas vous envoyer tout les trois à mort sans même savoir ce qu'on pourra faire !
- Tu sais Jérémy, on peut toujours essayer ! Si jamais y a une erreur, je serais juste à côté pour corriger pendant tu continue d'exécuter les transferts !
- T'es sûr de pouvoir faire ça Odd ?
- Je pense que oui ! Par rapport à la notre, votre Aelita vaut vraiment la peine de se risquer !
- Alors dans ce cas, c'est pas le moment de traîner, filez aux scans, vous autres ! dit Jérémy, sur un ton faussement autoritaire.
- Chef ! Oui chef !^^ répondit le 1er Odd
Les trois Lyokoguerriers se dirigèrent vers le monte-charge, mais quand Sissi passa devant l'autre Odd, celui-ci lui attrapa la main et lui parla à voix basse.
- Sissi, tu ne vas pas faire de bêtises, hein ?!
- Odd, je...
- Je peux te comprendre, j'ai vu aussi quelqu'un mourir sous mes yeux... mais si tu veux vraiment aller sur Lyoko pour que nous puissions peut-être repartir dans notre monde, sois prudente, comme tu l'as toujours été ! Ne fais rien insensé, Ok ?
- ...Ok ! T'en fais pas !
Il lui lâcha la main et elle reprit sa marche vers le monte-charge. Heureusement qu'il était là pour lui rappelait à quel point son amitié comptait. Elle avait dans l'idée de s'embarquer dans un voyage, duquel elle savait qu'elle ne reviendrait pas. La confirmation de la mort de son bien aimé pesait très lourd sur son coeur, plus encore que quand elle l'avait vu tomber dans la mer numérique. Mais Odd venait de la convaincre de continuer à vivre, car elle manquerait à quelqu'un... Elle voulait aussi aller sur Lyoko, pour voir de ses yeux les divergences par rapport à son monde, être sûr que tout ceci n'était pas une rêverie qui tournait au cauchemar.
Tour n°11, territoire de la Forêt.
Aelita s'était réfugiée à l'intérieur, comme lui avait recommandé Jérémy. Avant qu'elle n'y rentre, les arbres continuaient à se dévirtualiser sans raison apparente. La fille aux cheveux roses fouillait avec acharnement l'immense base de données de la matrice de l'univers virtuel, lorsqu'elle tomba par hasard sur fichier qui était étrangement protégé. Après avoir réussi à exploiter la plupart des failles, elle découvrit que ce fichier était très récent ; mais la seule chose qu'il indiquait était qu'un très gros programme était en train d'être téléchargé sur Lyoko, si gros que XANA fut tout de suite obligé de libérer de la place dans la mémoire centrale du système par n'importe quel moyen. Aucun identité, aucun nom, aucune nature et aucun lieu de chargement n'était précisé, mais c'était un début. C'était exactement ce à quoi, elle et Jérémy, pensaient. La question était : qu'est-ce XANA pouvait téléchargé d'aussi imposant, et dans quel but ?
Les capacités de stockage de la Tour étaient très limitées, elle se décida d'aller à la Tour de Passage la plus proche, dans l'espoir d'en apprendre plus. Quand elle sortit de la bâtisse cylindrique en passant au travers du mur, elle fut frappée d'effroi par la paysage : de la Forêt, il ne restait plus que quelques arbres, dévoilant ainsi le soleil numérique, d'habitude très bien caché par les haute cimes. La structure même du territoire était bouleversée, des parcelles entières d'étendues verdoyantes avaient été effacées ; on aurait pu croire que le territoire tout entier avait subi une pluie de météores silencieuse pendant qu'Aelita était occupée dans la Tour. Le grand plateau sur lequel elle se trouvait en était réduit à un petit îlot. Les parcelles de terrain étaient désormais trop éloignées les unes des autres pour qu'Aelita puisse simplement sauter de plate-forme en plate-forme. Elle devait utiliser son don de création pour avoir une chance de rejoindre l'îlot sur lequel elle avait localisé la Tour de Passage. Environ 600 mètres les séparaient, mais elle pouvait créer un pont menant droit vers elle, plus aucun obstacle ne bloquait la route. Elle se mit à genoux, ferma les yeux, et entonna son chant de sirène envoûtant. Un pont de roche commença à se matérialiser lentement, elle visualisait par pensée sa progression. C'était très long, elle n'avait jamais utilisé son pouvoir plus de quelques secondes, l'énergie qui en était dégagée était faramineuse, mais il ne fallait pas qu'elle atteigne un seuil critique.
Elle était épuisée, mais elle avait atteint son but. A la fin de cet effort, il ne devait plus lui rester que quelques points de vie. Malgré cela, elle se releva et se mit à courir sans se retourner le long de la route nouvellement créée. A mi-chemin, elle s'arrêta et posa ses mains sur ses genoux, haletante. Bien qu'elle ne pouvait ressentir de fatigue, du moins, pas sur Lyoko, son énorme déploiement d'énergie l'avait grandement affaiblie physiquement. Elle entendit soudain un craquement derrière elle qui l'obligea à continuer sa course : elle n'avait plus eu assez de force pour stabiliser le pont, ce dernier était en train de s'écrouler à tout allure.
Elle arriva tant bien de mal à une dizaine de mètres de l'îlot de la Tour de passage, mais à ce moment, elle perdit l'équilibre, la roche se déroba sous ses pieds. One ne vit plus qu'un énorme nuage de poussière, lorsque la totalité du pont fut précipité dans la Mer numérique.
Aelita émergea du bord de la plate forme, ayant réussi à s'accrocher de justesse à un câble au dessous. Elle se releva et entra dans la Tour sans attendre. A l'extérieur, elle avait senti une présence étrange et puissante non loin d'elle, elle en eut la confirmation lorsqu'elle s'éleva à l'étage supérieur : une forme humanoïde était en train de visualiser des données sur un écran virtuel. Elle se retourna avant qu'Aelita ne puisse l'interpeller.
- Bonjour, soeurette !
L'humanoïde ressemblait à Aelita comme une soeur jumelle, et en tout point. La seule chose qui les différenciait était que Aelita II arborait un air plus sérieux, plus sûr, et froid.
- Soeurette ? Qui es-tu ?
- Je suis toi, et tu es moi ! Mais nous ne sommes pas du même monde !
- Alors Lyoko aussi se trouvait dans le champ de la bulle temporelle au moment l'incident ?
- Oui, c'était bien un incident, mais qui a permis beaucoup de choses !
- Alors, est-ce que toutes ces perturbations sur le réseau...
- Non, ce n'est pas moi qui est responsable de ça... mais je sais ce qui l'a causé...
Elle s'interrompis brièvement, et secoua la tête la tête de droite à gauche, comme si elle avait repéré quelqu'un.
- On dirait que des transferts ont été réussis, je sens leurs présences !
Ils doivent s'inquiéter pour moi, c'est ça qu'ils sont là ! Viens avec moi !
Aelita se retourna et fis face à trois Frôlions, apparus de nulle part, près à tirer.
- Je suis désolé soeurette, je peux pas te laisser partir !
- Tu es... avec XANA ?!
- En quelques sortes, mais c'est pas exactement ça !
- Qu'est ce que tu me veux ?
- Tes souvenirs ! C'est ça que je veux !
Aelita tenta de s'enfuir, mais elle ne put même pas bouger un membre, les Frôlions venaient de tirer ensemble un rayon paralysant. Elle fut lentement entourée par une sphère jaune translucide sans pouvoir rien faire. Elle sombra dans l'inconscience, enfermée dans un Gardien. Quelques instants plus tard, un flux énergétique d'une étrange nature se transféra du corps inanimé et flottant d'Aelita, vers celui de sa jumelle.
- Voilà... il faut aller les accueillir nos amis...
Chapitre VII : Deux histoires
Les triangles numériques matérialisèrent difficilement les trois Lyokoguerriers volontaires dans le Territoire de la Forêt. Ils eurent de la chance de pouvoir se rattraper de justesse à un îlot tout proche, ayant été virtualisés au dessus du vide numérique.
Du côté des opérateurs, Jérémy et l'autre Odd n'avaient aucune lecture du Territoire, et aucune communication ne pouvait être établie que se soit avec Aelita ou avec nos amis envoyés en éclaireurs. Jérémy commençait déjà à amèrement regretter d'avoir cédé face à l'insistance de ses amis.
- Je savais que j'aurais jamais dû les laisser faire ça ! Mais quels têtes de mule quand ils s'y mettent ! dit-il en posant son front sur le bord du clavier.
- Calme-toi Jérémy, ça sert à rien de t'en faire maintenant ! Ca va bien se passer !
- Comment tu peux en être aussi sûr ?! On a aucune idée de ce qui être en train de se passer sur Lyoko, tout ce qu'on peut faire, c'est attendre...
- C'est ce qu'on va faire !
Odd s'éloigna un peu des écrans et se mit dos à Jérémy qui se retourna, intrigué. Il tripota un peu ses longs cheveux blonds et enleva le noeud qui les maintenait attachés en arrière, les laissant tomber sur ses épaules.
- Sissi m'a promis qu'elle reviendrait, et elle tient toujours ses promesses !
Il se retourna vers Jérémy.
- Je vois qu'y a des différences entre nos mondes, mais je crois savoir que tu faisais autant confiance à tes amis que moi, aux miens. Alors fait leur confiance aussi maintenant pour s'en sortir...
Jérémy ne put rien dire, littéralement muselé par cette courte leçon d'amitié que venait de lui faire Odd. Il refit pivoter son siège vers le clavier et posa ses coudes sur le rebord en soupirant. Il pensait que pour la toute première fois, les Lyokoguerriers allaient devoir faire preuve d'ingéniosité sans aucune aide extérieur pour revenir ; doutant que pour l'instant, XANA aurait activé une Tour pour leur faciliter la tâche.
Grâce à leur arme respective, nos amis purent se hisser sur l'îlot près duquel ils venaient d'être virtualisés. Sissi fut la première à voir de ses yeux le paysage désastreux qui s'offrait à elle : un succession de parcelles de terre verte plus ou moins petites, éclairées par la pâle lumière du soleil numérique couchant, d'ordinaire bien caché par les hautes cimes des arbres, qui étaient devenus inexistants. Pendant que les yeux de la jeune walkyrie étaient rivés sur ce paysage irréel, plus irréel qui ne l'était auparavant, les garçons qui l'accompagnait étaient totalement absorbés par une toute autre vision : c'était la première fois qu'il pouvait admirer la beauté guerrière de Sissi, et en particulier, le corset de protection très résistant mais en même temps, très léger qui laissait entrevoir quelques avantages naturels de la jeune fille aux yeux livides d'Ulrich et Odd.
- Dites les garçons, quand vous aurez fini de me mater, vous voudriez bien fermer vos bouches, ou vous risquerez d'avaler un Frôlion !
Elle parlais sur un ton relativement calme, mais quand les garçons sortirent de leur rêverie éveillée en relevant le tête, ils s'aperçurent que la jeune fille leur lançait un regard noir et avait brandi de l'un de ses bracelets trois longues lames argentées, leur faisant rapidement comprendre qu'ils feraient mieux de porter leur attention sur autre chose.
Après quelques remontrances, Odd s'avança vers le bord de l'îlot flottant et colla sa main griffue sur son oreille.
- 1...2...1...2..., Alpha... Jérémy... Bravo, est-ce qu'on me reçoit ? fit-il en riant
- Insiste pas Odd, intervint Ulrich, c'était couru d'avance qu'on serait coupé de l'extérieur !
- Alors, on ne reste pas planté ici une seconde de plus, on bouge ! Faut trouver Aelita !
Ils se mirent tout trois en route, sautant de parcelle en parcelle en rivalisant d'agilité, vers une destination encore incertaine. Ils s'accordèrent en chemin pour faire l'investigation des Tours du Territoire encore accessibles. C'était une longue et fastidieuse méthode pour retrouver leur amie virtuelle, mais vu le peu de moyens dont ils disposaient, c'était la meilleure solution.
L’effacement du Territoire avait été interrompu, pour combien de temps, ils ne pouvaient le savoir. Les rares monstres qu'ils pouvaient encore rencontrer étaient rapidement mis en pièces par le trio de vélocité que formaient nos amis. Les garçons se dirent un moment que s'il avait eu Sissi dans leur équipe plus tôt, cela aurait facilité bien des assauts.
Pendant plus de deux heures de recherche, ils ne trouvèrent que des Tours désespérément vides. Ce n'est que dans la Tour de Passage n°4, à l'extrémité Est de l'ancien plus beau Territoire de Lyoko qu'il découvrirent une chose intrigante : à l'étage supérieur, à côté de plusieurs fenêtre virtuelles laissées ouvertes, un étrange sphère flottante de couleur jaune orangée, traversée sans cesse par d'innombrables flots d'énergie. On pouvait sans peine distinguer qu'il y avait quelque chose à l'intérieur, mais c'était tellement brouillé que même la vision perçante de Odd ne put rien faire pour dire quelle était la nature de ce qui y était enfermé.
- Mais qu'est-ce qu'un Gardien peut faire dans une Tour ?! finit-il par dire.
- C'est la question à laquelle j'essaie de répondre depuis un bon moment !
La voix venait de derrière le petit groupe. Alors qu'ils étaient près à bondir sur un éventuel ennemi, ils reconnurent, sortant de l'ombre, une silhouette familière.
- Aelita ! Content de voir que tu vas bien ! s'exclama Ulrich
- Il en parlera jamais, mais tu peux pas t'imaginer le souci que Jérémy se faisait pour toi ! intervint Odd
Elle rougit légèrement.
- C'est gentil de vous préoccuper de moi, mais tant que j'étais dans une Tour, je ne risquais rien !
Après avoir brièvement résumer leur situation respective et après que Sissi eut fait connaissance avec ce qu'elle croyait être la Aelita de l'autre monde, ils commencèrent à évoquer le problème le plus inquiétant.
- Aelita, tu as appris quelque chose sur ce qui s'est passé dans la Forêt ? demanda Ulrich
- Oui ! Comme Jérémy et moi nous le pensions, XANA est en train de télécharger un programme très important sur Lyoko et dans le Territoire Forêt pour être précise !
- Mais pourquoi le Territoire s'efface ? fit Sissi
- Le programme réclame plus de ressources que XANA n'en possède, il est obligé de libérer de l'espace sur Lyoko ! Les autres Territoires sont même carrément inaccessibles !
- Ouais, c'est ce que Jérémy pensait aussi... fit Ulrich
Odd s'était rapproché de la sphère et regardait très attentivement à l'intérieur, tentant toujours de percer le petit mystère qui l'entourait.
- Et ce Gardien, il sert à quoi ?
- Ca, j'en sais rien encore... je penses que ça doit en fait servir d'interface à XANA pour télécharger son programme ! Mais ça n'a pas beaucoup d'intérêt !
"Il faut agir de l'intérieur à cause de tous les parasites générés par XANA. continua-t-elle. J'ai réussi pour l'instant à formater la matr..."
- Euh, clairement Princesse, ça nous arrangerait !
- Hum... je voulais dire que je peux prendre partiellement contact avec l'usine, pour un temps limité ! Je pourrais vous tenir au courant !
- Aelita, tu devrais revenir avec nous, Lyoko devient un endroit vraiment trop dangereux, imagine que le Territoire entier s'efface ! Jérémy et l'autre Odd ont suffisamment de neurones à eux deux pour trouver une solution de l'extérieur !
- Désolé Ulrich, mais il faut que je reste ! Moi, je n'ai pas besoin de dormir, il faut que je surveille XANA plus que jamais !
- Aelita ! Y a pas que Jérémy qui s'inquiète, nous aussi ! insista Odd
- merci de vous soucier de ma sécurité, mais je dois rester pour retarder que XANA compte faire de son programme ! Si vous dites que l'ordinateur de l'usine ne peut plus vous aider, c'est à moi de le faire ! Je vous tiendrai au courant !
- Très bien ! conclua Odd. Mais fais gaffe à toi Princesse !
- Promis !
Odd força le pas de ses 2 compagnons qui semblaient à tout prix vouloir rester pour convaincre Aelita, alors qu'elle reprenait déjà le travail qu'elle avait commencé sur ces écrans.
- Stupides humains... mais au moins il ne se doutent de rien ! pensa-t-elle
Lorsque les trois furent sortis de la Tour, ils firent un bon de chemin, ne sachant pas très bien où aller. Ils se turent tous pendant un moment, chacun semblait réfléchir. Ce fut Sissi qui brisa le silence la première.
- Il y a quelque chose de pas normal dans cette histoire !
- Qu'est-ce que tu veux dire ? firent les deux autres en même temps
Ils s'aperçurent alors de la présence d'une sorte de joyau, ressemblant à une améthyste, au niveau du nombril de la jeune fille. Il brilla intensément d'une belle lumière violette pendant un court moment, puis elle s'affaiblit lentement pour finir par s'éteindre au fur et à mesure qu'ils s'éloignaient de la Tour.
- C'est quoi ça ?
- Cette pierre à briller quand elle sent un danger. Ca a commencé quand on est rentré dans la Tour, et ça briller de plus en plus quand on se rapprochait d'Aelita...
- T'en fais pas Sissi ! Y a rien de comparable entre ta Aelita et la notre, si c'est ça qui t'inquiète ! dit Odd
- C'est pas tellement ça, j'ai vraiment l'impression qu'il y a quelque chose qui cloche dans cette Tour...
- Ca devait être le Gardien ! termina Ulrich
Il y eut une nouvelle minute de silence, quand Odd fit claquer sa queue d'impatience, avant de demander :
- Bon, c'est bien gentil tout ça, mais comment on rentre sur Terre maintenant ?
- Ca veut dire que vous n'avez pas de programme de dématérialisation ?! s'exclama Sissi
- Désolé, mais dans notre monde, on peut seulement revenir sur Terre après le retour vers le passé, ou quand on est dévirtualisé par un monstre ! déclara Ulrich
- Et comme on a ni Tour Activée, ni de monstres pour nous faire la peau, ça va pas être facile !
Les Lyokoguerriers s'étaient arrêtés sur un large îlot, réfléchissant à une manière de rejoindre le monde réel, ne pouvant compter sur l'aide des opérateurs ; qui devaient d'ailleurs commencer à s'inquiéter. Ulrich dit alors :
- J'ai trouvé une solution, mais ça va pas vous plaire... déclara Ulrich sans regarder ses amies.
Sissi n'eut pas le temps de régir qu'elle sentit le contact glacé du sabre numérique d'Ulrich traversant sa poitrine. Elle se dévirtualisa en quelques secondes. Odd écarquilla les yeux, se demandait ce qui arrivait si soudainement à son compagnon de chambre. Celui-ci profita de sa surprise pour lui asséner un coup de lame de la même façon qu'il venait de faire avec Sissi. Lorsqu'il se retrouva enfin seul sur ce bout de terre au milieu du vide, il empoigna son sabre des deux mains, lame vers le haut, puis il lui fit faire un quart de tour, la pointant vers lui.
"Désolé les amis, mais vous auriez refusé cette solution si je vous l'avait proposé !" pensa-t-il.
Le jeune garçon se réveilla dans le scanner du milieu, ouvrant difficilement les yeux après son suicide virtuel. Il fut chaleureusement accueilli par les regards noirs qui lui lancèrent ses amis, qui l'aidèrent malgré tout à se relever. Ils remontèrent jusqu'au labo, là où Jérémy et l'autre Odd n'attendaient plus que lui. En effet, il avait été inconscient pendant plus d'une heure, une telle expérience dans l'univers virtuel n'ayant jamais été tentée auparavant. Ce temps permit aux opérateurs de se tenir au courant des évènements sur Lyoko.
- Bon, on fait quoi maintenant que le Prince au Bois Dormant est réveillé ? demanda Odd
- Maintenant, il faut attendre qu'Aelita ait du nouveau ! déclara Jérémy avec dépit
- Quoi, c'est tout ?! On a deux génies en informatique ici, et on peut rien faire d'autre qu'attendre ?! fit Ulrich qui commençait à sortir de sa léthargie
- Tu crois qu'on se reposait pendant que tu dormais ?! dit l'autre Odd, un peu vexé. On a essayé tous les moyens que le Super Ordinateur avait à disposition, Lyoko ne répond pas !
- Donc la seule chose qu'on puisse faire, c'est attendre des nouvelles d'Aelita ! continua Jérémy
Ils passèrent quelques minutes à discuter, quand Odd jeta un coup d'oeil à sa montre et se mit à bailler à s'en décrocher la mâchoire.
- Si je comprends bien, on a plus qu'à rentrer au bahut, je commence à fatiguer moi !
- Et nous, on y pense ?! demanda l'autre Odd, en se désignant lui même et Sissi.
- Désolé, je me suis oublié !^^
- On peut pas vous héberger au bahut, si quelqu'un vous découvrait ça ferait des histoires... dit Jérémy. Ulrich, je crois que Yumi a dit que ces parents étaient en voyage...
- Ca va, j'ai compris !
Il sortit son portable et s'éloigna un peu du groupe. Il ne fallut que quelques minutes avant qu'il ne revienne, inquiet.
- Alors, qu'est-ce qu'elle a dit ?
- Rien, elle a pas répondu !
- Elle a éteint son portable ?
- Non, elle répond pas, c'est tout ! C'est bizarre, elle fait jamais ça, d'habitude !
- Odd, Sissi, je crois que vous allez être obligé de rester ici ! déclara Jérémy après une brève réflexion
- Y a rien à craindre, Jim a déjà dormi ici plusieurs jours !
- Jim ? fit Sissi
- Notre prof de sport ! Euh, ça serait un peu long à expliquer ! balbutia Jérémy
- On retourne au bahut, mais appelez nous si vous avez besoin de quoi que ce soit !
- On y pensera ! fit Sissi
Ulrich invita Odd et Jérémy à remonter jusqu'à la cathédrale de verre, et à laisser leurs deux nouveaux amis s'installer, hélas, avec le peu de choses dont disposait le labo. Lorsque les trois atteignirent le pont de l'usine, la nuit avait déjà fini d'étendre son grand manteau noir sur Paris depuis un moment. Odd dit alors qu'il vaudrait mieux être le plus discret possible, l'air de la nuit était doux, Jim avait une fâcheuse tendance à faire des rondes par ce temps.
Le lendemain, vers 7h 30
En se levant, Ulrich avait contacté les deux visiteurs extra-dimensionels à l'usine. Apparemment ils avaient passé une première nuit plutôt agitée. Odd était déjà parti prendre son petit déjeuner à la cantine, et le ventre gargouillant d'Ulrich se chargea de lui rappeler de faire de même. Il s'habilla rapidement et sortit de sa chambre. Il manqua de peu de buter sur Sissi au détour d'un couloir. D'ordinaire, il aurait continué sa route sans se soucier d'elle, mais cette fois, il fut paralysé par une vision de lui, en train de l'embrasser. Il savait bien qu'il ne s'agissait pourtant pas de la même fille, mais cette vision était plus forte que lui, à tel point que son visage se rapprocha lentement du sien, tandis qu'elle profitait de cette heureuse rencontre pour lui parler de choses sans intérêt. Il sortit heureusement de ses illusions, juste à temps pour ne pas faire une grosse bêtise. Il reprit soudain sa route vers la sortie, laissant Sissi sur place, interloquée par son attitude plus qu'étrange.
Il finit par croiser Odd à la cantine, attablé et en train de se goinfrer de croissants. Jérémy avait fini de petit déjeuner en 4ème vitesse, Aelita l'ayant contacté pour le voir. Odd mangeait avec une telle gloutonnerie, comme s'il n'avait rien avalé depuis des semaines que cela eut vite fait de couper l'appétit à Ulrich qui n'avait bu qu'un jus d'orange. Odd lui demanda d'ailleurs s'il pouvait finir son plateau. Au bout de quelques minutes à rêvasser, Ulrich se leva de table et déclara d'une voix solennelle :
- Je vais voir si Yumi est arrivée !
- M...Ok, fit Odd entre deux bouchées, bon rendez-vous !^^
Le jeune garçon se contenta d'un sourire, et d’une légère tape derrière la tête de son ami avant de sortir de la cantine qui se remplissait peu à peu des internes affamés. Il se dirigea vers l'arbre sous lequel il avait l'habitude d'attendre sa bien aimée quand il était seul, il ne patienta pas plus de 5 minutes avant que passe au milieu des grilles d'entrée du collège, une silhouette noire et mince dans le contre jour d'un soleil qui finissait de se lever. Ulrich s'avança vers elle.
- Salut Yumi, comment ça va aujourd'hui ? lança-t-il gaiement
Contre toute attente, elle ne lui répondit pas ; pire, elle passa à côté de lui sans lui accorder la moindre attention, allant jusqu'à détourner le regard et à presser le pas. Ulrich ne s'étonna pas tout de suite, c'est après avoir fait quelques appels, croyant d'un coup être devenu invisible et constatant qu'elle ne répondait toujours pas qu'il se posa la question :
"Qu'est-ce qu'elle a ?"
Encore quelques minutes, et Ulrich fut rejoint par Odd qui sortait de la cafétéria et Jérémy qui descendait de l'internat. Le blondinet à la coupe raide parla en 1er.
- Dis donc vieux, qu'est-ce qui s'est passé avec Yumi ?
- On vient de la croiser, elle avait l'air furax ! continua Jérémy
- Elle vous a parlé ?
- Elle nous a à peine dit "bonjour", et elle est partie direct à sa salle de cours !
Ulrich repensa soudain à ce qui s'était passé la veille avec la Sissi venue de l'autre monde, il se rappela ce baiser sulfureux qu'il avait longuement échangé avec elle et qu'il était loin d'avoir détesté sur le moment. Mais même s'il était possible que quelqu'un de mal intentionné les ait surpris en pleine action, il était impossible qu'une rumeur soit remontée jusqu'à Yumi en à peine une soirée.
- Dis Ulrich, tu aurais pas quelque chose à nous dire, des fois ? interrogea Jérémy d'un air suspicieux
- Mais rien ! Je vous jure que je comprends pas pourquoi elle me fait la gueule !
A peine le jeune homme finit sa phrase que la sonnerie des cours retentit, en même temps que la grosse voix du cher surveillant général qui vociférait ses ordres aux élèves trainards à la manière d'un sergent chef.
Dans la classe de 3ème A, l'ambiance paraissait ce matin plutôt studieuse en cours d'anglais. Pourtant, dans le rang du milieu non loin du fond de la salle, une seule élève n'avait vraiment pas la tête à travailler ; non seulement à cause d'une nuit agitée, mais aussi d'un énorme coup au coeur.
La veille, vers 18 heures.
Yumi partit de chez elle en trombe, ayant oublié un bouquin dont elle avait urgemment besoin dans la chambre d'Ulrich et Odd. Elle courut aussi vite que si un sbire de XANA la poursuivait, elle arriva ainsi en moins de 10 minutes au collège. Elle monta les escaliers de l'internat quatre à quatre, manquant de faire un chassé-croisé avec Ulrich qui était sortit quelques minutes avant par la chaufferie. Elle croisa une amie de 3ème en coup de vent qui eut juste le temps de s'étonner de la voir ici alors qu'elle était externe. Elle arriva devant la chambre de ses deux amis, hésitant un instant puis frappa à la porte et entra sans attendre de réponse.
- Désolé de vous déranger les garçons je viens...
Elle s'arrêta, constatant que la chambre était bel et bien vide, alors qu'elle croyait qu'au moins Ulrich se devait d'y être, ayant une tonne de devoirs à faire. Elle parcourut une petite minute la chambre des yeux, pensant peut-être pouvoir y trouver ses amis si elle observait plus attentivement. Etant partie de chez elle sans son portable, il lui était impossible de savoir où ils étaient. Elle cessa de rêvasser lorsqu'elle aperçut sur le bureau au fond de la pièce, le livre de math de 3ème qu'elle avait prêté à Ulrich. N'ayant pas de raison de s'éterniser, elle saisit le bouquin et sortit de la chambre. Au détour d'un couloir, elle passa devant la chambre de Millie et Tamya, leur porte était entrouverte Yumi avait malgré elle, entendue le nom d'Ulrich dans leur conversation. Dès lors, une force mystérieuse appelée curiosité la poussa à se rapprocher de la porte pour mieux écouter une discussion qui l'intriguait. Elle n'était pas là au début, mais elle put rapidement comprendre ce dont il s'agissait ; elle en lâcha son livre de stupeur, venant de prendre une véritable claque. Elle resta ainsi pétrifiée pendant quelques instants puis, craignant qu'on ne l'ait entendue, elle ramassa son livre et courut jusqu'à la sortie du bâtiment.
Ulrich en aimait une autre, et cette autre, c'était Sissi, sa rivale acharnée. Les rues du quartier étaient sombres, elle courrait toujours, presque sans regarder devant elle, c'était le seul moyen de retenir ses larmes.
Comment avait-il pu lui faire ça ? Pourquoi n'avait-t-il rien dit ? Et en fait, depuis combien de temps cela durait-il ? Elle repensa alors à ce moment sur Lyoko, ce fameux moment où leurs lèvres se s'étaient rapprochées comme jamais. Mais elle se rendit compte que cette histoire était finie avant même d'avoir commencée ; Ulrich avait préféré une fille un peu plus directe qui n'avait pas peur s'afficher ses sentiments, plutôt que d'une amoureuse transie qui ne faisait que tourner autour du pot, pensait-elle.
Elle arriva devant chez elle ; les questions se bousculaient à un tel rythme dans sa tête qu'elle avait l'impression que sa course n'avait duré qu'une minute. Elle entra et posa son livre sur le premier support qu'elle croisa et se dirigea directement vers sa chambre. Elle sauta sur son lit et étreigna fortement son oreiller. Elle était immobile et ne pouvait retenir ses sanglots plus longtemps. Elle ne pensait pas auparavant qu'un véritable amour entre Sissi et Ulrich puisse un jour exister, et que cela lui fasse une telle déchirure au coeur.
Les heures passèrent, elle n'avait plus de larmes à verser, mais continuer à se morfondre, regardant le plafond d'un oeil vide, dans sa chambre seulement éclairée par la faible lumière de la lune. Son portable se mit soudain à sonner. Elle le prit en main par réflexe et s'apprêtais à décrocher, mais elle vit "Ulrich" affiché sur le petit écran. Non, elle ne voulait pas l'entendre, elle ne voulait pas qu'il sache qu'elle avait autant de peine, trop fière. Même si cet appel avait pour but de la prévenir d'une attaque de XANA, elle ne voulait rien savoir, voulant simplement être seule. Elle reposa son téléphone à côté de son lit sur sa table de chevet, il cessa enfin de sonner après 3 minutes. Il était près de 22h 30 à son réveil, elle décida d'aller se laver rapidement et d'aller se coucher. S'enveloppant de ses couvertures jusqu'à la tête, elle eut une dernière pensée :
"Tout ça, c'est ma faute ! J'aurais dû lui avouer plus tôt... c'est ma faute..."
Pendant tout le cours, elle se passant en boucle dans sa tête cette mauvaise soirée. Elle ne pouvait s'empêcher d'en vouloir à Ulrich et à ses amis pour ne lui avoir rien dit, surtout à Odd qui, étant son compagnon de chambre, ne pouvait faire autrement que d'être au courant. Combien de temps allait-elle tenir ainsi, enfermée dans sa bulle de chagrin, elle ne pouvait le savoir...
Deux jours plus tard, vers 3 heures du matin.
Odd se réveilla dans son sac de couchage, éblouie par la lumière pourtant affaiblie du labo. Dormir à l'usine n'était pas aussi désagréable qu'il ne le pensait, bien qu'il regrettait fortement le bon vieux lit douillé dans l'internat de son monde. Mais il n'arrivait plus à fermer l'oeil ; une étrange sensation, comme un coup de chaleur intense venait de le réveiller. Il se releva à moitié et frotta ses yeux en baillant pendant quelques instants. Il regarda ensuite en direction du sac de couchage de Sissi... il était vide. Il fut soudain prit de panique, se rappelant des évènements dramatiques qui s'étaient produits ses derniers jours, il craignit soudain qu'elle ait fait la pire des bêtises. Affolé, il fouilla le labo de fond en combles, pour n'y trouver personne ; il se précipita alors vers le monte-charge pour remonter jusqu'à la surface. Le volet roulant de l'énorme machine s'ouvrit lentement et bruyamment. Il fut soulagé quand il fut complètement ouvert : il aperçut sur le pont de l'usine, doucement éclairé par quelques vieux lampadaires, Sissi qui était assise, les jambes ballantes, sur une des rambardes qui bordaient le pont. Il s'avança vers elle, passant l'entrée de l'usine.
- Sissi, tu m'as fait peur ! Qu'est-ce que tu fais ici ?
A la lumière blafarde d'un lampadaire, il vit qu'elle avait la tête baissée, le regard perdu, son visage inspirait une tristesse intérieure. Odd ne pouvait pas rester insensible au cri de détresse refoulé de son amie ; il s'assit à côté d'elle sur la rambarde et prit sa voix la plus calme.
- Qu'est-ce qui ne va pas ?
- Rien, j'arrivais pas dormir, j'avais un peu envie de prendre l'air...
- Je t'ai connue un peu après Ulrich, mais je sais reconnaître quand quelque chose te tracasses ! Dis-moi...
Le jeune garçon savait déjà ce que Sissi allait lui raconté, rien qu'en la regardant, cette peine qui lui nouait l'estomac. Mais il tenait à ce qu'elle s'exprime elle-même. Cela ne lui ferait certainement pas plaisir de remuer ainsi le couteau dans la plaie, mais peut-être qu'ainsi, elle pourrait exorciser ses maux de coeur.
- Tout s'est enchaîné si vite... j'ai pas eu une minute à moi pour pouvoir faire le point. XANA qui prend le dessus sur nous... Jérémy puis Yumi qui disparaissent... je vois de mes yeux Ulrich tomber dans le vide... et tout à cou je le retrouve ici, vivant ! Finalement, j'apprends qu'il n'est pas le Ulrich que j'ai connu... et le plus dur maintenant, c'est que...
Elle fit une pause et baissa le regard un peu plus, elle était au bord des larmes.
"C'est que... on ne pourra plus retourner chez nous..."
Odd pouvait plus supporter de voir le moral de Sissi sombrait ainsi comme un navire qui se noie dans la mer. Il descendit de la rambarde et se mit face à la jeune fille, essayant de la regarder dans les yeux.
- Ecoute, je vais te dire une chose qu'Ulrich m'a dit il y a un moment : il était conscient depuis le début, du risque que pouvait représenter un couple dans l'équipe ! Si l'un disparaissait sur Lyoko, ça ferait un choc peut-être irréparable... C'est pour ça qu'il m'a demandé de veiller sur toi au cas où ça se produirait, que tu sombres pas dans la déprime, voir pire... Essaie de comprendre : tant qu'on pas résolu les problèmes que XANA cause dans ce monde, on ne pourra pas repartir, il faut continuer à les aider !
Il prit les mains de Sissi et les serra dans les siennes.
On va s'en sortir, on va rentrer chez nous ! Mais il faut que tu tiennes, ne baisse pas les bras maintenant ! D'accord ?
Elle resta quelques instants à réfléchir, puis elle releva la tête, regardant Odd dans le blanc des yeux, son visage s'illumina enfin de ce qui lui allait le mieux : un sourire.
- D'accord ! Merci Odd, merci pour tout ce que tu fais pour moi, merci de ton soutien... ça me réchauffe le coeur ; désolée de t'avoir inquiété !
Les joues de jeune garçon prirent soudain une teinte plus rouge que la normale, malgré la fraîcheur nocturne. Sissi sauta de son petit perchoir et fit glisser doucement ses mains en dehors de celles de Odd que les tenait toujours. La température corporelle de ce dernier redescendit aussi vite qu'elle était montée, mais son coeur ne cessait de battre la chamade.
- Je me sens un peu mieux, je vais essayer d'aller dormir un peu, tu viens ?
- N... non, je vais rester un peu ! bégaya Odd
- Comme tu veux !
Il la regarda rentrer dans la cathédrale puis elle disparut dans le monte-charge, toujours souriante. Odd avait une respiration saccadée et avait la chair de poule, mais ce n'était pas à cause de l'air frais.
"Qu'est-ce qui m'arrive... est-ce que je serais..."
Pendant ce temps, sur Lyoko.
Le Territoire de la Forêt se reformait lentement, bout par bout, le ciel devenait nuageux et s'assombrissait. Près de la Tour où se trouvaient les deux Aelita, un énorme cercle d'énergie était en train de se matérialiser. Une chose terrifiante annonçait sa venue...
Chapitre VIII : Le début de la Fin
Le mardi suivant.
Le reste de la semaine passa très lentement pour tous nos amis. Yumi n'avait adressé la parole à personne pendant ses derniers jours, depuis sa triste découverte, malgré plusieurs tentatives d'Ulrich pour la convaincre de lui parler. Il s'était installé dans le groupe un climat de malaise, soutenu par le fait que Sissi s'était aperçue assez tôt de la discorde qui avait secoué le "couple" du jeune garçon athlétique et de la japonaise. Elle était désormais plus collante que jamais, s'incrustant dès que la moindre occasion se présentait, parfois sous les protestations vite étouffées d'Hervé et Nicolas qui l'accompagnait toujours. Ulrich, comme ses amis n'avaient pas suffisamment le moral pour l'empêcher de faire, préférant attendre qu'elle se lasse elle-même.
En cours de maths, Ulrich avait pourtant réussi à échapper momentanément à l'ennui de se retrouver assise à côté d'elle pendant une heure, Odd ayant eu la bienveillance et la présence d'esprit de lui garder une place au fond de la classe, là où ce dernier finissait sa nuit d'ordinaire. Mais ils n'échangèrent presque pas une parole, Odd préférant rester silencieux, Ulrich étant toujours préoccupé par l'état de sa relation avec Yumi qui se dégradait de jour en jour. Chaque fois qu'il tentait de s'approcher d'elle, elle s’éloignait, tels les pôles positifs de deux aimants, il était devenu impossible qu'ils soient de nouveau attirés l'un vers l'autre. Soudain, s'étonnant même de ne pas y avoir pensé plus tôt, il songea qu'il existait bien un endroit sur terre où il pourrait lui parler en toute sérénité sans craindre qu'elle ne se détourne de lui : chez elle !
Cette situation avait déjà durée trop longtemps, il fallait qu’ils s’expliquent au plus vite... ce soir, il irait la voir, seul à seul.
Pendant ce temps, à l'usine.
La complicité naissante entre Odd et Sissi les aidait à supporter l'ennui. L'ordinateur du labo étant inutilisable pour communiquer avec Lyoko, c'était Jérémy qui leur apportait les nouvelles d'Aelita, qui n'étaient pas bonnes. Ces recherches sur le programme téléchargé par XANA n'avançaient pas... c'est du moins ce qu'elle prétendait.
Odd était allé voir à plusieurs reprises le Supercalculateur, en tentant d'établir une connexion directe avec le coeur du système, par l'intermédiaire de l'ordinateur portable que lui avait laissé Jérémy. D'ordinaire, il aurait déjà pu accéder aux données de la noire machine facilement, mais les interfaces de communication semblaient bien plus compliquées que dans son monde.
Il pianotait depuis de longues heures, assis en tailleur, le visage illuminé par la faible lumière bleutée du petit écran de l'ordinateur, relié lui même par deux câbles au Supercalculateur. Il sursauta lorsqu'il sentit une main se poser sur son épaule.
- T'as failli me faire faire une crise cardiaque ! Je t'avais pas entendue descendre !
- Désolée, je voulais pas te faire peur !
Il y eu une minute de silence pendant laquelle Sissi vint se positionner accroupie aux côté du jeune informaticien, regardant parfois l'écran ; elle finit par demander :
- Tu avances ?
- Ouais ! J'arrive bientôt à quelque chose... j'ai un peu de mal à pirater le système, on a de la chance que XANA puise pas brouiller ses propres fréquences !
- Et qu'est-ce que t'espères pouvoir faire une fois dans le système ?
- Ca, on verra quand j'y serais...
Odd pianotait sur le clavier sans relâche, bien que la présence de Sissi qui regardait par dessus son épaule le rendait plutôt nerveux. Ces derniers jours, il avait eu le temps de réfléchir... Sissi ne montrait pas le moindre changement dans son attitude depuis qu'il lui avait remonté le moral, mais lui, éprouvait maintenant d'étranges sensations plus régulièrement quand elle était près de lui. Mais cela n'avait pas l'air d'être réciproque...
Ses yeux rougissaient au fur et à mesure qu'il avançait dans ses manipulations. Il ne pouvait bientôt plus détourner un seul instant son regard de l'écran, ses oreilles se bouchaient, il s'entendait plus que les battements de son coeur et le bruit de sa propre respiration. C'est enfin au bout de quelques heures qu'autre chose que d'interminables lignes de codage apparut à l'écran : devant les yeux dilatés de Odd s'affichait la base de données quasi-complète des monstres déployés sur tout Lyoko. Ce n'était pas vraiment ce à quoi le petit génie s'attendait, mais il pouvait peut être l'utiliser à son avantage. Il fit alors une brève inspection des créatures virtuelles. Etranges, les Territoires inaccessibles semblaient être chacun gardé par une véritable armée, tandis que la Forêt ne comptait que 2 Blocks et un malheureux Frôlions. De plus, ils étaient tous 3 inactifs.
- Et si tu te servais de ça ! fit tout à coup Sissi
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Est-ce que tu saurais contrôler un monstre éteint ? dit-t-elle ne guise de réponse
- ... je vois ce que tu veux dire... mais ça serait un miracle si ça marchait !
- Ouais, mais ça vaut la peine d'essayer !
Odd approuva sans grande conviction et recommença de plus bel à martyriser les touches du clavier avec ardeur. Ses manipulations dépassèrent toutes ses espérances, il arriva à obtenir un contrôle partiel sur le Frôlion, mais il réussit également à avoir une visualisation directe de ce qu'il voyait. Sissi se plaça derrière Odd pour mieux observer par dessus son épaule les terrifiants changements dans le Territoire :
Le ciel était d'un noir de diable, le Frôlion avançait à petits battements d'ailes, volant au travers d'un épais brouillard. On pouvait cependant voir que la verdure qui recouvrait d'ordinaire le sol du Territoire s'était transformée en un triste gris de pierre terrestre. Il n'y avait apparemment plus aucun arbre, mais la créature volante dut parfois éviter de justesse ce qui ressemblait à des antennes relais ; peut-être servaient-elles à amplifier quelque chose... Le Frôlion avançait toujours aussi péniblement, fendant cette purée de poix à travers laquelle on ne pouvait rien voir à plus 3 mètres. Lorsque l'image teintée de rouge sur l'écran devint plus nette, Odd tomba sur le derrière de saisissement et Sissi pouvait un petit cri de surprise, comme s'ils venaient d'apercevoir un fantôme.
Au loin, sur une grande île isolée au milieu du vide numérique, se dressait une gigantesque forteresse noire ébène, faite à première vue d'un tas d'anciens morceaux du Territoire Forêt, embriqués anarchiquement les uns dans les autres, donnant un côté encore plus sinistre à cette vision de cauchemar. Après s'être complètement remis du choc mental qu'il venait de recevoir, Odd rapprocha la caméra volante en direction de cette île maudite. On pouvait alors apercevoir une bâtisse plus claire à l'intérieur des énorme fortifications : une Tour. Etait-ce la même Tour que dans laquelle les Lyokoguerriers avaient retrouvés Aelita quelques jours plus tôt ? Il ne pouvait le savoir. Le ciel au-dessus n'était pas aussi sombre que dans le reste du Territoire. Les nuages m'amoncelaient en tournoyant lentement autour d'une sphère de lumière d'une intense blancheur par laquelle s'échappait un grand rayon d'énergie bleuté. Au plus haut sommet de cette bâtisse sombre trônait une créature d'apparence humaine recroquevillée sur elle-même, bombardé en permanence par ce flot d'énergie provenant d'on ne sait où.
Odd essaya encore d'approcher un peu plus près de cette mystérieuse forteresse, mais le Frôlion n'alla pas plus loin. La visualisation sur l'ordinateur se brouilla en quelques instants, à la stupéfaction de Odd qui réessaya immédiatement de relancer une communication, mais en vain. Le signe de XANA vint s'afficher sur l'écran parasité attirant le regard inquiet du blondinet. Sissi se remit à genoux à côté de ce dernier, quand elle eut soudain un très mauvais pressentiment.
- Attention !!
Elle saisit Odd par les épaules et le poussa avec elle, tombant brutalement au sol à 2 mètres en arrière ; juste avant que l'ordinateur ne se mette à grésiller puis exploser violemment. Le jeune homme avait été à deux doigts d'être défiguré, mais il était sain et sauf. Il était maintenant allongé sur le dos, un peu choqué ; il ne vit pas tout de suite que Sissi se trouvait juste au dessus de lui, leur visage se séparant d'à peine quelques centimètres. Il se passa la plus longue minute de leur vie, se regardant dans le blanc des yeux, rougissant, se demandant même s'ils arriveraient à détourner leur attention l'un de l'autre. Odd réussit cependant à articuler :
- Merci Sissi !
- De... de rien ! répondit-elle aussi rouge de confusion que son ami
Ils s'aidèrent mutuellement à se relever, reprenant chacun des teintes plus pâles et constatèrent les dégâts. De l'ordinateur, ne restait plus que des composants grillés et des pièces carbonisées. Le souffle de l'explosion était vraiment anormal pour un si petit objet, mais Odd comprit assez rapidement lorsqu'il vit les câbles dénudés reliés au Supercalculateur, onduler tels des serpents.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Sissi
- L'ordi a surchargé à mort ! Je crois pas que c'était un hasard...
- Et ce Territoire, ça ne pouvait pas être la Forêt !
- Sissi, dit Odd sur un ton grave, je crois qu'on vient de mettre le doigt sur ce que XANA télécharge sur Lyoko... il faut agir maintenant, il faut faire quelque chose !
- Pourquoi, tu veux pas avertir les autres ?
- XANA sait maintenant que je l'ai espionné, il va sûrement rassembler ses forces et passer à l'action plus tôt qu'il l'avait prévu ! Et puis, j'ai des doutes sur Aelita, depuis ce que tu m'as raconté ce qui s'était passé dans la Tour !
- Tu ne veux pas prévenir les autres, parce que tu ne veux pas qu'ils apprennent que leur Aelita pourrait les avoir trahi comme la notre... c'est ça ?
Le jeune garçon ne put rien dire, Sissi lui imposait le silence par son ton aussi sévère que l'expression de son visage. Ce n'était en effet, pas la meilleure chose à faire que de cacher leurs actions, mais il ne voulait en aucun cas que ce qu'ils avaient vécu dans leur monde se répète ici... il fallait qu'ils découvrent enfin ce que XANA manigançait.
Le soir arrivait lentement dehors, il n'était pas si tard que ça, mais les rues étaient déjà désertes. Seul un jeune homme en veste kaki légère avait le courage d'affronter l'obscurité et la fraîcheur nocturne, marchant vers un objectif précis. En quittant le collège, il avait fait confiance à Odd pour le couvrir au cas où la situation deviendrait délicate. Il baissait la tête tout le long du chemin ; qu'allait-il pouvoir lui dire, maintenant qu'il était au pied du mur. Il avait bien une idée du motif qui poussait Yumi à l'éviter depuis déjà presque une semaine, mais il trouvait toujours aussi impensable qu'une rumeur ce soit répandue jusqu'à elle sans qu'il ne s'en rende compte.
Il arriva devant sa maison, il vit de la lumière par une fenêtre voilée par un rideau. Il se dirigea vers la porte et sonna, attendant anxieusement que Yumi daigne lui ouvrir. Elle ne parut pas étonnée quand elle ouvrit la porte, mais elle hésita un instant à le faire entrer. Ni un "salut" ni un "bonsoir" ne sortirent de leur bouche, la japonaise se contenta d'un simple :
- Entre !
Une fois tout deux à l'intérieur, ils se dirigèrent côte à côte vers le salon, silencieux comme la mort. Ulrich s'assit sur le canapé en cuir, tandis que Yumi restait debout. Des deux, il semblait que c'était Ulrich qui était le plus mal à l'aise, se sentant coupable d'une chose qu'il ignorait à moitié. Le silence entre les deux amoureux transis commençait à devenir pesant, le jeune garçon n'avait prévu aucune stratégie de dialogue, Yumi pensait avec une certaine fierté que parler la première, alors qu'elle pensait Ulrich fautif, serait un signe de faiblesse. Finalement, ne pouvant plus supporter cette ambiance glaciale, ce fut Ulrich qui se décida à engager la conversation.
- On t'as pas beaucoup vu cette semaine !
"Bravo mon vieux, super bon début !" pensa-t-il
- J'avais pas trop la tête à parler cette semaine... fit-elle sur un ton sombre
- Mais imagines que XANA ait attaqué pendant ce temps là, on aurait été mal sans toi !
- Vous vous êtes déjà débrouillés plus d'une fois sans mon aide, une fois de plus, ça aurait pas été gênant...
Ulrich comprit rapidement, après quelques minutes que ce genre de discussion ne les mèneraient tous deux nulle part. Yumi était maintenant dos à lui ; il se leva et posa abruptement la question qui lui rongeait les entrailles.
- Yumi, pourquoi tu m'en veux ?
La jeune asiatique fit volte-face, son regard était aussi dur que de la pierre. Elle lui étai arrivé de piquer des colères auparavant, mais jamais de telles contre Ulrich.
- Pourquoi je t'en veux ?! T'as un sacré culot de me demander ça après ce que t'as fait !
Elle se remit immédiatement dos à son interlocuteur.
- Yumi, clames-toi et dis-moi de quoi tu parles !
- Arrêtes de jouer les innocents ! Tu vois très bien de quoi je parle !
- Très bien, admettons que je le sache ! Alors tu pourrais me dire si je mérite à ce point ce silence que tu m'imposes chaque fois que je venais te parler !
Yumi avait l'estomac noué et n'arrivait presque plus à parler, coincée entre la colère, la jalousie et la tristesse. Il fallait qu'elle le dise.
- Et le fait que tu sortes avec Sissi ! Tu crois pas que t'aurais pu en parler !?
- Que je sorte avec...
Maintenant, cela ne faisait plus aucun doute. La pire des suppositions d'Ulrich était don vraie ; il n'avait aucun moyen de savoir de quelle manière elle avait découvert la situation embarrassante dans laquelle il se trouvait, mais le mal était fait.
- Yumi, crois-moi... y a une explication à ça !
Mais elle ne voulait plus rien entendre, elle ne avait déjà trop entendu. Elle lui passa devant le nez, bien décidée à le laisser planter là avec ses justifications. Il la prit par le poignet juste avant qu'elle ne soit hors de portée. Son étreinte restait ferme, mais pas brusque.
- S'il te plait, écoute moi...
Ce ton de voix ; à la fois semblant triste et plein d'espoir sur lequel Ulrich venait de s'exprimer... Yumi n'avait jamais pu y résister. A chaque fois, cela le faisait fondre ; pratiquement toute la colère qu'elle gardait au fond d'elle s'était évaporé en quelques instants après ces quelques mots. Elle alla s'asseoir sur le canapé, sans cependant croiser son regard.
Il commença alors à raconter à son tour l'histoire que lui avait raconté Jérémy quelques jours plus tôt. La Sissi de l'autre monde qui était arrivée à sa chambre, croyant ne trouver âme qui vive, elle le trouva lui. Lui qu'elle pris pour celui qu'elle aimait, et Ulrich, qui se trouvait impuissant face à la passion qu'elle avait déployé dans cet unique baiser.
Quand il eut fini de retranscrire jusqu'au bout toute cette histoire aussi incroyable que fantasque, il était presque dans un état de transe, comme s'il venait de revivre ses évènements une fois de plus.
Yumi se tenait toujours assise, les jambes serrées, les coudes sur les genoux et le visage dans les mains. Elle semblait avoir du mal à digérer une telle histoire. Ulrich ne disait rien, attendant la réaction de son amie. Même si elle croyait à ses explications, elle aurait certainement des difficultés à pardonner le fait qu'il n'ait pas cherché à refuser cette preuve d'amour de Sissi qui ne lui était, en fin de compte, pas destinée.
Elle se releva, le visage cerné par la colère qu'elle arborait n'était pas du tout bon signe.
- Alors... c'est tout ce que tu as comme excuse ?
- Yumi, je t'assure que tout ce que je viens de te dire est vrai, je te jure !
Ulrich fut pris de court, s'attendant peut être à une réaction sèche, mais pas à ce point.
- Je veux bien que XANA ait pu être une cause de problèmes entre nous, des fois... fit-elle plus calmement. Mais là je peux pas te croire ! Désolé Ulrich, t'as choisi une excuse trop invraisemblable ! Si tu voulais plus que je t'a... que je t'apprécie comme je l'ai fait depuis si longtemps... il fallait me le dire...
Le jeune garçon n'en croyait pas ses oreilles. C'est pire que tout ce qu'il avait envisagé. Elle lui tourna le dos une nouvelle fois, sa voix devint soudain plus larmoyante.
- Sois heureux avec Sissi, je t'en voudrais pas plus longtemps, ça sert plus à rien... maintenant, si tu voulais bien me laisser, il est tard...
Il tenta de se rapprocher, sa main effleura presque son épaule.
- Yumi, je...
- Ulrich, vas-t-en ; s'il te plait...
Il resta une bonne minute, figé comme une statue, sa main à seulement quelques centimètres au dessus de l'épaule de sa bien aimée. Il se rétracta ; c'était fini, tout était fini. Le petit monde, la petite sphère dans laquelle vivaient les deux amoureux depuis tout ce temps venait de s'effondrer. Ulrich sortit de la pièce, la tête basse ; pas un seul mot ne fut échangé au moment où il passa la porte d'entrée. Dans la rue sombre, il regarda longuement une dernière fois la lumière qui émanait du salon. Une larme courut le long de sa joue, mais il avait plus envie de fracasser un mur à mains nues plutôt que de pleurer. Il n'avait rien demandé, les évènements s'étaient précipités, tout ce qu'il pouvait faire, c'est en subir les conséquences.
Toujours dans son salon, Yumi n'avait pas bougée, cherchant malgré son esprit troublé à faire le point. Mais elle ne pouvait maintenant plus contenir ses sentiments profonds, comme elle l'avait fait pendant as longue conversation avec Ulrich. Son visage se crispa, elle se mit à pleurer à chaudes larmes, sans retenue ; elle ne put s'empêcher de penser à haute voix, malgré son chagrin qui l'étranglait.
"Ulrich, quel idiot tu peux faire !! C'était pourtant pas difficile de voir que je t'aimais... Pourquoi tu as préféré Sissi ?! J'étais pas assez bien pour toi ?! T'es le seul garçon que j'ai jamais aimé et tu me laisses tomber comme ça, sans rien trouver de mieux à me dire... Ulrich..."
Elle tomba à genoux, un flot de larmes coulait de son visage devenu pâle et mouillait le parquet, un flot incessant qui ne paraissait pas vouloir s'arrêter.
Le garçon athlétique revint au collège après une longue marche, dans la plus totale indifférence de se faire prendre par un éventuel Jim qui ferait sa ronde. Par chance, il atteint les dortoir sans encombres. Il arriva à moins de 2 mètres de sa chambre, un fort ronflement sonore s'en échappait, laissant dire que Odd n'avait apparemment pas eu le courage d'attendre le retour de son compagnon toute la nuit. Il rentra, dans le noir quasi-complet ; seul un filet de lumière lunaire filtrait au travers de la fenêtre fermée. Il se jeta directement sur son lit, las. Las physiquement et mentalement, il n'avait plus de goût à rien, il aurait voulu arrêter de respirer car il n'en avait plus le courage. Il laissa vagabonder son regard perdu vers le plafond, invisible dans l'obscurité de la chambre. Il se demanda s'il pourrait encore s'endormir en paix après le coup qu'il avait reçu en plein coeur, et par sa faute, pensait-il. Il se tourna sur le côté de son lit, espérant se réveiller le lendemain dans une autre vie, ou alors, ne plus se réveiller du tout.
Le lendemain, vers 7h 10.
Il était adossé à son arbre, là il avait l'habitude de l'attendre. Il s'était levé plus tôt que d'ordinaire, n'ayant pas de raison de tarder au lit car il n'avait pas dormi de la nuit, rongé par un chagrin qu'il ne voulait pas laisser transparaître le moins possible dans son attitude. C'était le plus gros point commun qu'il y avait entre lui et Yumi : leur fierté, cachée la plupart du temps sous la fragile masque de la ténacité. Ses yeux étaient cernés, comme si cela faisait déjà plusieurs jours qu'il ne dormait pas, on ne pouvait savoir quelle force les maintenait encore ouverts. Il vit au bout d'un moment s'approcher non loin de lui une forme humaine mauve et jaune. Il ne fallut pas être un génie comme Jérémy pour deviner de qui il s'agissait.
Odd, voyant la triste mine de son ami hésita un peu avant de lui parler.
- Ca s'est pas aussi bien passé que prévu, hein ?
Ulrich se contenta de secouer la tête sans la relever, c'est tout juste s'il avait écouté la question. Même avec l'aide de sa légendaire bonne humeur, Odd se demandait bien comment il pourrait réussir à arracher ne serait-ce qu'un petit sourire à son compagnon de chambre. Il s'approcha de lui et passa affectueusement son bras derrière son cou.
- Allez vieux, tu t'en remettras ! Ca va s'arranger ! C'est déjà arrivé plus d'une fois qu'y ait de l'eau dans le gaz entre vous deux ! Bon, jamais aussi longtemps mais...
- Non, tu comprends pas... interrompit Ulrich. Cette fois c'est fini... elle me l'a pas dit directement, mais je sais que c'est fini, elle me l'a bien fait comprendre...
- Non, c'est sûr, je comprends pas ! dit Odd en se dégageant. Qu'est-ce que tu as bien pu lui dire pour qu'elle t'en veuille encore plus ?
- C'est par rapport à Sissi, celle de l'autre monde...
- Mais Yumi connait même pas son existence, comment ça peut avoir un rapport ?!
- Ben, en fait, quand elle a débarqué... elle m'...
Il releva soudain la tête, juste le temps de voir Jérémy qui courrait à vive allure dans leur direction, attirant aussi le regard de Odd. Il était essoufflé, se tenant courbé, les mains sur les genoux, respirant avec grand bruit.
- Hé Einstein, tu devrais arrêter de sécher les cours de sport, ça commence à se voir ! commenta Odd
- Les gars... il s'est passé quelque chose de grave... !
- Jérém', tu nous ferais plaisir si tu te calmais et que tu nous dise ce qui se passe !
- XANA... il attaqué !
- Quoi ?! Alors qu'est-ce qu'on fait encore ici !? Faut aller à l'usine et tout de suite ! cria presque Odd
- Attends ! C'est hier que ça s'est passé !
Le petit blond à lunettes commençait à reprendre son souffle, il se redressa et continua.
- Mon système de surveillance du réseau fonctionne toujours. J’y suis allé jeter un coup d'oeil il y a 10 minutes. Et il m'a avertit que XANA a attaqué hier, vers 23h 30, mais seulement pendant quelques instants, ensuite, plus rien...
- Tu n'as pas eu de nouvelles d'Aelita à propos de ça ?
- Non ! En fait, c'est depuis avant hier, que j'ai plus de ses nouvelles, ça me rassure pas non plus...
- Et tu sais OU, il a attaqué ? reprit Odd
Jérémy s'enferma soudain dans une bulle de silence. Il paraissait très gêné par la réponse qu'il allait donner.
- Ben alors, accouche Einstein ! Tu le sais ou tu le sais pas ?! s'impatientait Odd
- Le signal de l'attaque provenait de... chez Yumi !
Entendant le prénom de sa bien aimée associé à XANA, le sang d'Ulrich ne fit qu'un tour. Il se précipita vers la grille d'entrée principale, encore fermée et non surveillée à cette heure, et l'escalada à l'aide des petits murets se trouvant à proximité. Ses deux amis, surpris par sa réaction brusque, eurent un peu du mal à le suivre, Jérémy en particulier qui se remettait tout juste de sa course entre les dortoirs et la cour.
Ulrich arriva avec quelques minutes d'avance sur les lieux de l'attaque. La maison n'avait apparement pas subi de dommages extérieurs. Il fit également le tour des fenêtres, ne découvrant pas non plus traces de dégâts matériels à l'intérieur. Mais c'est en arrivant devant la chambre de Yumi qu'il vit une chose inquiétante :
La pièce était en désordre, quelques morceaux de verre brisés et d'autres petits bibelots que la japonaise rangeait sur ses étagères traînaient à terre ça et là, comme s'il y avait eu une violente bagarre. De l'extérieur, il ne pouvait pas voir l'ensemble de la chambre, mais il aperçut tout de même au pied du lit une des jambes de Yumi. Il cogna à plusieurs reprises à la fenêtre, mais la jambe demeurait immobile. Il retourna à la porte d'entrée, là où ses compagnons venaient juste d'arriver.
- Alors, qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Odd
- C'est Yumi ! XANA s'en est pris à elle !
Il courut vers la porte d'entrée, elle était bien sûr verrouillée. Son sang n'en finissait pas de bouillir, pas question alors d'attendre une minute de plus pour savoir ce qu'il était arrivé à Yumi.
- Jérémy, tu peux ouvrir ça ?
- Je devrais y arriver, oui...
Ulrich s'écarta et laissa opérer Jérémy, à l'aide d'un petit crochet. Il ne chercha pas à contrarier Ulrich, la situation était trop grave à ses yeux pour perdre du temps à tergiverser. Après avoir vérifié que personne ne se trouvait dans la rue, ils rentrèrent à l'intérieur et se dirigèrent directement vers la chambre de la jeune asiatique. Elle était allongée, immobile, face contre terre, les jambes et les bras légèrement recroquevillés. Odd et Jérémy se mirent à fouiller la pièce dans l'espoir de connaître l'ignoble méthode qu'avait employé XANA, tandis qu'Ulrich se pencha au dessus de Yumi, faisant un rapide examen superficiel. Sur elle, aucune ecchymose, aucune blessure, ni même un bleu n'était visible, du moins à première vue. Quand le jeune homme la retourna sur le dos, il aperçut une grande marque rouge sur son front, correspondant à une trace de sang séchée. En regardant plus près le pied du lit, il vit également une trace rouge qui avait eu le temps de couler avant de sécher à son tour. Yumi avait dû trébucher là dessus après s'être fait agressée. Il posa son oreille sur sa poitrine, son coeur battait faiblement, mais il battait toujours.
- Vous avez trouvé ?! finit-il par demander
- Rien ! On sait seulement que XANA est passé par ici ! dit Odd en désignant du doigt le plafonnier brisé.
- Il vaut mieux qu'on s'en aille, je vais appeler une ambulance dehors ! déclara Jérémy
- Allez-y ! Moi, je reste...
Ils étaient sur tout les deux qu'il allait dire ça. Il ne voulait pas faire comme s'il abandonnait Yumi, même si elle avait laissé pensé qu'elle ne l'aimait plus, il ne pouvait pas la laisser comme ça. Il serait allé jusqu'au bout de l'Enfer pour elle, simplement pour lui ramener du feu. Mais Odd et Jérémy ne pensaient pas ainsi sur le moment.
- Ulrich, réfléchis ! Non seulement tu l'aideras pas si tu restes, mais nous non plus ! XANA va sans doute par tarder à revenir à l'attaque et on aura besoin de toi !
- Et puis comment tu vas expliquer que t'as découvert Yumi alors que t'es censé être au collège ! continua Odd
- ... je vous rejoins dans 5 minutes.
Ils sortirent de la maison rapidement, laissant Ulrich seul, contemplant le visage blessé de Yumi, visiblement tombé dans un profond coma. Il la redressa, il prit son corps inanimé dans ses bras, la serrer fort contre lui, à genoux.
"23h 30... Yumi, je te demande pardon, c'est ma faute... si j'étais resté juste un quart d'heure de plus, j'aurais pu éviter ça... tu m'aurais peut être pas pardonné pour autant, mais au moins tu serais pas dans cet état là ! Mais, je vais te sortir de là, t'en fais pas..."
Il resta encore un peu à la serrer contre son coeur. Puis, ne voulant pas faire trop attendre ses amis, il la redéposa délicatement sur le parquet de la chambre. En sortant de la pièce, il ne put s'empêcher de frapper la porte de sa main tremblante.
"Ca va te coûter cher XANA... je te jure que tu vas me le payer..."
A l'usine.
Nos deux visiteurs étaient dans la salle des scanners à discuter.
- Sissi, il faut encore réfléchir, y a sûrement un autre moyen !
- Ecoute, on réfléchis depuis hier, et on a essayer toutes les autres possibilités 100 fois, Odd ! Si on veut savoir ce que XANA prépare avant qu'il n'attaque, on n'a pas le choix !
- Sissi, je te laisserais pas faire ça, c'est du suicide d'aller tout seul dans ce Territoire ! C'est plus la Forêt, XANA a tout transformé ! Je te laisserais pas te jeter dans la gueule du loup sans rien faire !
Elle lança soudain du regard fort interrogatif, essayant de percer les pensées de son ami.
- Odd...
- Oui ?
- Pourquoi tu réagis comme ça ? J'ai déjà pris de plus gros risque avant ça, et toi et Yumi ne m'avaient jamais empêché de faire ce qu'il fallait.
- Mais là c... c'est pas la même chose...
Il se mit dos à Sissi, non pas qu'il ait eu peur d'avouer les sentiments qu'il avait pour la jeune fille, mais il n'était pas sûr de ce qu'elle éprouvait à son égard. La cicatrice qu'avait laissé la disparition d'Ulrich dans son coeur et dans son âme n'était sans doute pas encore totalement refermée.
- Odd, dis-moi ce qui se passe ?
- Je peux pas... pas encore...
Il se retourna vers elle.
- Ok, monte dans le scanner, je vais te transférer !
Elle s'avança, il n'eut pas le temps de s'en rendre compte qu'elle lui déposa un délicat baiser sur la joue. Quel était le message contenu dans ce geste, Sissi ne le savait pas elle-même, ou du moins, elle n'en était pas encore tout à fait sûre.
- Je ferais attention, promis !
- Si... si tu sens que le danger devient trop grand, dévirtualises-toi, d'accord ? essaya-t-il de dire sans bégayer
Elle hocha la tête et se dirigea vers le sarcophage doré du milieu, les portes se refermèrent sur elle. Odd remonta vers le labo, il ne bougea pas pendant un moment, puis initialisa la séquence de transfert.
- Transfert Sissi... Scanner Sissi... Virtualisation !
Elle atterrit durement après une chute de 3 mètres sur le sol pierreux. Sa vision aigue lui permettait de voir plus loin au travers du brouillard épais et omniprésent. Elle tenta, sans grand espoir, d'établir une communication avec Odd ; n'ayant aucune réponse, elle se mit en route en marchant prudemment. Elle poussa tous ses sens utilisables sur Lyoko à leur maximum et sortit ses griffes argentées de ses bracelets. Elle avançait à pas de loup, guettant le moindre mouvements suspect, la moindre chose étrange qui pourrait sortir par surprise de ce piège voilé qui l'entourait. Elle arriva enfin à une haute colline qui surplombait le vide numérique, où la brume se faisait moins épaisse. Elle pouvait alors contempler du haut de ce perchoir, beaucoup plus bas et encore à au moins 800 mètres de distance, l'imposante et sombre place forte, dont l'apparition était encore un mystère... elle réalisa soudain l'ampleur de la tâche qu'elle devait exécuter : infiltrer et explorer cet îlot au milieu de vide, sans doute cette forteresse était-elle même défendue par les plus puissantes créatures de XANA... c'était impossible pour une seule personne de pénétrer là dedans.
Voyant qu'elle ne pouvait rien faire, elle pointa ses propres griffes vers sa poitrine, lorsqu'elle fut prise de violents tremblements. Ce n'était pas normal, elle perdit en quelques instants le contrôle de son corps et se sentit bientôt défaillir. Elle s'évanouit ; son corps se mit à flotter à dessus du sol, il devint transparent, puis disparut complètement.
Lorsqu'elle se réveilla, toute endolorie, elle se trouvait au milieu d'une immense cour, cernée par de grands bâtiments sombres. Elle ne sentait pas ce qu'elle touchait, c'est qu'elle était toujours sur Lyoko, et à quel endroit : quelqu'un, ou quelque chose l'avait amenée au coeur du Fort XANA (tel était le nom par lequel elle avait décidé de l'appeler), elle regarda ses poignets et constata que ces bracelets n'étaient plus là. Mais elle n'eut pas le temps de se demander plus longtemps ce qu'il se passait, qu'elle vit une grande silhouette dans un passage étroit entre deux bâtiments. Elle avait la même apparence que la forme humaine qu'elle avait vu plus tôt au sommet du Fort, sauf que ce qui s'avançait vers elle était maintenant un colosse d'au moins 5 mètres de haut, un air plus démoniaque qu'humain et des yeux blancs qui ressortaient par rapport à sa noirceur. D'ordinaire, Sissi se serait dressée tête haute face à cet ennemi, même désarmée... mais cette fois, c'était impossible de ne pas avoir peur, même pour une courageuse Lyokoguerrière comme elle. Cette chose n'inspirait que malheur et désolation.
Elle se leva et courut derrière elle dans l'espoir de pouvoir lui échapper, mais elle trébucha au bout de quelques mètres seulement, une chose venait de lui aggriper la jambe, elle fut entraînée vers la créature. On entendit dans tout le Territoire un cri aigu et déchirant, puis, ce fut à nouveau ce silence angoissant... Sissi était prise au piège...
Chapitre IX : Le Deuxième Ennemi
Cela faisait déjà plus de deux heures que Sissi était partie en Territoire ennemi. Odd faisait les cents pas dans le labo à un tel rythme qu'il aurait pu creuser une tranchée rien qu'avec ces allers-retours. Il était trop nerveux pour avoir pu rester ne serait-ce que 5 minutes sur le siège de commande à ne rien faire. Déclarer sa flamme à Sissi avant qu'elle ne s'engouffre dans le sarcophage doré aurait relevé du cliché du chevalier embrassé une dernière fois sa compagne avant une grande bataille, sauf que cette fois, les rôles étaient inversés. Pourtant, il regrettait de ne pas l'avoir fait.
L'écran noir du Super Ordinateur reprit vie, comme les moniteurs auxiliaires. Odd se précipita sur le clavier, essayant de comprendre cette soudaine réaction, mais les codes de réinitialisation de la machine défilaient trop vite pour qu'il puisse suivre. La carte du Territoire qui avait remplacé la Forêt s'afficha en grand ; toutes les commandes répondaient à nouveau, comme si elles n'avaient jamais cessées de fonctionner. Pour que XANA réactive ainsi l'accès à Lyoko, car c'était maintenant lui qui le contrôlait, il avait dû s'y passer quelque chose d'important. Odd sauta sur le siège de commande et fit immédiatement un scan du nouveau Territoire. Comme il s'en doutait, l'intérieur du Fort XANA était un peu brouillé, même s'il parvenait à en observer la majeure partie. Mais le plus intrigant et qu'il ne trouva aucune trace d'un quelconque monstre ni de Sissi nulle part aux endroits que XANA lui permettait de voir. Dans l'esprit du jeune blondinet, il était impensable qu'elle ait pu disparaître. La caméra de surveillance de l'étage au dessous du labo exhibait une salle des scanners vide, et aucun signe de sa signature biologique dans l'énorme base de données de la Mer numérique. Ceci, jusqu'à ce qu'une fenêtre s'ouvre sur l'un des moniteurs auxiliaires...
Nos amis étaient entre temps revenus au collège, dans la chambre de Jérémy. Ils virent eux aussi avec étonnement que la communication avec Lyoko était rétablie et surtout, ils constatèrent les énormes transformations qu'avait subi le Territoire de la Forêt. Ignorant que Odd avait envoyé Sissi, Jérémy fit également un scanner, pour se rendre compte qu'Aelita aussi manquait à l'appel. A ce moment, le portable d'Ulrich se mit à sonner. Il passa une bonne minute à écouter, puis il déclara avant de raccrocher :
- Ok, on arrive !
- Qui c'était ? demanda Odd
- C'était toi, enfin... l'autre toi ! Il veut qu'on le rejoigne tout de suite à l'usine !
- Y a un problème ?
- Je sais pas ! Il a juste dit que c'était urgent !
- "Peut être qu'il sait où est Aelita..." pensa Jérémy
20 minutes plus tard, après avoir quitté le collège le plus discrètement du monde par les souterrains, il arrivèrent à la vieille bâtisse en décrépitude et prirent le monte-charge jusqu'au labo. Odd s'était écarté de l'ordinateur pour permettre à tout le monde de voir ce qui y était affiché :
Sissi était enfermée dans un globe transparent, ressemblant à un Gardien, les yeux fermés et les bras et les jambes ballantes, flottant au dessus du sol. le décor qui l'entourait correspondait à l'intérieur d'une Tour. Nos trois amis étaient effarés face à une telle vision, tandis que l'autre Odd gardait la tête baissée.
- Mais qu'est-ce qu'elle fait sur Lyoko ?! vociféra Ulrich
- C'est moi qui l'est envoyée... elle a insistée, c'était la seule solution. On était déjà au courant de l'existence de cette forteresse, elle a voulu y aller en éclaireur...
- Tu sais comment elle s'est retrouvée comme ça ? demanda Odd n°1
- Non, la communication était pas encore rétablie quand elle a plongé...
- Bon, et bien on a plus qu'à aller la chercher sur Lyoko ! fit Ulrich
- Vous feriez ça ?! fit l'autre Odd, un peu étonné
- Elle est pas de notre monde, mais il est pas question qu'on l'abandonne sur Lyoko !
- D'ac avec toi, vieux !
- Vous vous rendez compte que vous foncez droit un piège tendu par XANA ! dit Jérémy sans grande conviction
- Si t'as une meilleure idée Einstein, on t'écoute !
Devant le mur de silence dressé par le petit blond à lunettes, Ulrich et Odd s'engouffrèrent dans le monte-charge, laissant le soin aux deux opérateurs de les transférer en territoire hostile. une fois seuls dans la pièce Jérémy se tourna ver Odd.
- Tu n'as pas des nouvelles d'Aelita ?
- Non, désolé...
Il reprit, alors qu'ils se dirigeaient vers les écrans.
- Je suis inquiet... non seulement pour Sissi et pour Aelita ("surtout pour Sissi" pensa-t-il), mais pour ce qui se passe sur Lyoko. J'ai déjà vécu des choses comme ça dans mon monde... Jérémy, je...
- Tu quoi ?
Il se tût, il ne voulait pas ajouter à la pression et à l'inquiétude qui était palpable dans l'air. Il priait intérieurement pour que ces plus sombres pressentiments se révèlent faux.
Pendant leur virtualisation, Odd et Ulrich eurent l'impression d'être entraînés aux travers des canaux numériques contre leur volonté, comme si XANA lui même avait décidé de les matérialiser à un endroit précis. Ils se retrouvèrent au bord d'une large plate-forme ; tout au loin mais droit devant eux se dressait ce qui semblait constituer la plus improvisée et la plus délicate mission de sauvetage qu'ils n'aient jamais effectuée. Odd fit un tour sur lui même en observant le morne paysage, la bouche grande et les yeux écarquillés. Il croyait bien avoir tout vu sur Lyoko, mais cette vision de cauchemar dépassait l'entendement.
- Dis donc, ils ont changé la déco ici... ! dit-il sans aucun désir de faire rire
Ulrich n'avait de toute façon pas la moindre envie de sourire, son esprit toujours embrumé par sa rage envers XANA, mêlé à une profonde tristesse. Il avança, sa main sur le pommeau de son sabre, vers l'extrême bord de l'îlot. Il regarda la Mer numérique aussi profondément que sa vision pouvait porter. Une petite voix au fond de lui-même ne cessait de lui suggérer de se jeter dans le vide, en espérant qu'une fois son corps détruit, il pourrait enfin oublier tous ses malheurs. Mais une autre voix plus forte, venant de son coeur lui disait de tâcher de rester en vie pour lui permettre de tout réparer ; celle voix là n'était pas la sienne, mais celle de Yumi...
Pendant qu'il était plongé dans ses pensées, emplies d'espoir et de désespoir, il remarqua à peine, contrairement à Odd et aux opérateurs qu'une série de d'îlots ronds se matérialisait au dessus du vide, constituant un véritable chemin jusqu'à la forteresse. Il sortit soudain de sa rêverie et sortit son épée, se mettant en garde alors que Odd était en position depuis longtemps et prêt à tirer. ils restèrent à l'affût du danger pendant quelques minutes, retenant leur souffle pour percevoir le moindre bruit suspect... avant que Jérémy ne leur annonce finalement qu'il ne visualisait rien d'anormal sur les écrans de contrôle. Il quitta à peine ses moniteurs des yeux qu'il vit alors un point se diriger vers les deux Lyokoguerriers; Sa voix s'emplit de réjouissance.
- Les gars, Aelita arrive vers vous !
Ils abaissèrent leur garde alors que la fille virtuelle aux cheveux roses les rejoint en courrant.
- Alors Princesse où t'étais passée ? On commençait à se faire du soucis pour toi !
- Désolé, j'ai été obligée de m'isoler à l'intérieur d'une Tour quand j'ai vu que le Territoire changeait ! C'était la seule manière pour que XANA ne puisse pas m'atteindre ! Quand j'ai senti votre présence, je suis venue aussi vite que possible !
- Et tu sais ce qui s'est passé à l'extérieur pendant ce temps ? demanda Ulrich
- Oui ! J'ai pu étudier la forteresse depuis la console de la Tour, et je sais que Sissi a été capturée !
Elle pointa le doigt vers la bâtisse blanche au milieu de la place forte sombre.
- Elle est enfermée dans cette Tour, là bas ! Il faut entrer !
- De ce côté là, pas de problème ! XANA nous a déroulé le tapis rouge ! ^^ fit Odd
- Alors il faut pas perdre de temps !
Ulrich prit la tête du groupe, suivi de près par ses deux compagnons et s'élancèrent sur les plates-formes, sautant avec aisance de l'une à la suivante. Ulrich étaient plus que les autres préoccupé par ses explications, pourtant sensées, d'Aelita. Tout semblait soudain beaucoup plus facile aux yeux de tout le monde, cela n'était pas très normal... en effet, les justifications que faisaient Aelita sur son absence ne le satisfaisait pas. De plus il repensa à ce qu'avait ressenti Sissi lorsqu'elle s'était approché d'elle la 1ère fois qu'ils étaient revenus sur Lyoko. Mais ne voulant pas perturber ses amis, il mit ses spéculations de côté pour le moment.
Ils finirent par pénétrer dans le fort par un immense portail ouvert d'au moins 30 mètres de haut. Il ne mirent alors en formation de prudence, Ulrich à droite, Aelita au milieu et Odd à gauche. Les allées et chemins étroits de la forteresse, tous plus sombres et sinistres les uns que les autres réclamaient une attention de tous les instants de la part du petit groupe afin de ne surtout pas être pris par surprise par une créature qui sortirait des ombres.
Ils arrivèrent finalement sans beaucoup d'encombres au pied de la Tour, dont ils traversèrent le mur ensemble. A l'étage supérieur, les garçons reconnurent le Gardien qu'ils avaient vu il y a quelques jours, avec à côté de celui-ci, le globe prison flottant dans lequel était enfermée Sissi.
Ulrich s'en approcha, il fit glisser sa main le long de la surface lisse, regardant à l'intérieur avec dépit.
- Aelita, tu peux faire quelque chose pour elle ? demanda-t-il sans détourner le regard de la jeune fille endormie
- Il y a qu'une seule chose que je peux faire : entrer le code dans la console et faire en sorte que tout cela ne soit jamais arrivé !
- J'ai entré les coordonnées temporelles, déclara Jérémy, tu peux y aller quand tu veux Aelita !
Odd resta à observer le Gardien de plus près, tandis qu'Ulrich et Aelita s'avançaient vers le centre de la plaque, ouvrant un écran virtuel.
- Dites, vous êtes sûr que ça marchera ? demanda Ulrich, hésitant
Elle avançait lentement sa main vers l'écran. Voulant répondre à la place de Jérémy, elle commit une grosse erreur.
- T'en fais pas, Yumi s'en sortira aussi !
Le jeune homme écarquilla les yeux, il saisit aussi vite que l'éclair la main d'Aelita qui n'était plus qu'à quelques millimètres de son but. Il passa dans son dos et lui agrippa l'autre main, les maintenant toutes les deux de force dans le dos.
- Ulrich, qu'est-ce que tu fais ?!
- Je nous sauve tous, Jérémy !
Ulrich empêchait du mieux qu'il pouvait Aelita de se débattre ; la fille virtuelle se tortillait comme une anguille mais n'arrivait pas à se libérer.
- Ulrich, lâches-moi ! Tu me fais mal !
- Et ben vieux, j'espère que t'as une bonne raison de faire ça ! dit Odd qui n'avait plus du tout envie de rire.
- J'ai eu un doute depuis que Sissi est entrée en contacte avec elle ! Comment Aelita pourrait être au courant que ce que XANA a fait à Yumi si elle était vraiment aussi isolée qu'elle le dit !?
- Dis, tu deviendrais pas un peu parano ? dit le guerrier félin en guise réponse
- Je sais ce que je dis ! Tu trouves pas non plus bizarre qu'on est rencontré aucun monstre depuis qu'on est entré ! Il y a quelque chose qui cloche, et tout revient à Aelita !
- Ulrich, s'il te plait, laisses-moi ! Je n'ai qu'à entrer le code et on sera tous sauvés !
- Je crois pas que c'était le code "Lyoko" que tu voulais entrer, finit-il par dire, mais un genre programme destiné à effacer toutes les personnes dans la Tour, hein Aelita !?
Assistant à la scène depuis ses moniteurs, Jérémy se souvint de ce que lui avait raconté Odd sur la Aelita de son monde. Les suppositions, qui semblaient tellement réalistes d'Ulrich, commencèrent à semer la doute dans son esprit. Elle ne s'était jamais comporté aussi étrangement auparavant... Mais l'autre Odd prit les devants ; il se rapprocha de Jérémy pour ce faire entendre au travers du casque audio.
- Les gars, c'est pas VOTRE Aelita... c'est la notre !
- Odd, tu te trompes ! Si c'est vrai, le scanner aurait détecté la trace de la notre !! cria Jérémy qui en avait plus qu'assez de toutes ces incohérences.
- Désolé, mais Ulrich en a suffisamment montré...
- Stupides humains !! dit froidement Aelita
Son masque venait de tomber, elle n'avait alors plus rien à perdre. Elle donna un violent coup de pied dans le tibia d'Ulrich qui cessa immédiatement de la retenir. Libre, elle se précipita sur l'écran virtuel resté ouvert. Heureusement, Odd eu le réflexe de tirer une flèche laser avant qu'elle ne puisse l'atteindre, désintégrant en quelques instants le moniteur translucide. Le jeune samouraï dirigea à ce moment son regard mauvais vers la créature virtuelle et sortit son sabre numérique de son fourreau et avança lentement vers Aelita. Elle réagit à la dernière seconde, alors qu'il était près à en finir tout de suite.
- Lève ton arme sur moi, et tu peux dire adieu à ta petite amie !
- Si je te détruis, tu pourras plus lui faire de mal sur Terre...
- Il n'y a que son corps qui se trouve sur Terre...
Il stoppa net le vif mouvement de son sabre, à quelques centimètres de la gorge de la maléfique jumelle.
- Qu'est-ce que t'as fait à Yumi ?!
- Ce corps que vous avez découvert dans le monde réel, ce n'est qu'un carcasse vide !
Ulrich avait toute la peine du monde à contenir sa rage de la découper en morceaux.
- Qu'est-ce que tu as fait de son esprit alors ?!
Il fut soudain soulevé du sol à plusieurs mètres, ne contrôlant plus aucun de ses mouvements. Voyant son ami en danger, Odd chargea et tira par réflexe une nouvelle flèche laser droit sur Aelita, mais elle termina sa course en s'écrasant sur un mur de la Tour. Elle venait de la dévier à l'aide d'un éventail qu'elle venait de matérialiser dans sa main gauche. Il avait exactement la même apparence que celui de Yumi, sauf que la couleur rouge primait sur le rose habituel. Ce court instant de distraction fit malgré tout redescendre Ulrich qui ressortit immédiatement son sabre et se mit en position d'attaque. Aelita matérialisa un autre éventail dans sa main droite et se mit également en position.
- Vous voulez vraiment vous battre ? Si vous me batte, vous ne retrouverez jamais votre amie ! Ulrich, tu veux vraiment courir ce risque ?
- ... si Yumi pouvait parler à travers toi, elle dirait qu'elle préfèrerait être dévirtualisé plutôt que d'être coincé à jamais avec toi sur Lyoko !
Jérémy, qui avait à peine eu le temps de digérer la mauvaise nouvelle, intervint en sourdine estomaqué par la déclaration d'Ulrich.
- Attention les gars, Aelita aura l'avantage sur vous, vous êtes sur SON terrain, défendez-vous et attaquez que si vous êtes sûrs !
Aelita lança ses éventails sur ses deux ennemis, faisant un bruit si strident en vol qu'il aurait suffit de l'entendre pour en mourir. Odd esquiva avec brio en faisant un bond de côté en tenta de viser Aelita en retombant, mais elle évita la flèche laser en faisant un mouvement si rapide qu'on aurait cru qu'elle se téléportait. Le félin eut juste le temps de tourner la tête, percevant un bruit qui se rapprochait, qu'il reçu l'éventail dans le dos alors qu'il revenait dans la main de sa propriétaire. Au même instant, Ulrich dévia d'un coup de sabre le projectile mortelle qui lui était destiné. Il se rua ensuite sur Aelita pour lui porter un coup, me il eut le réflexe de se remettre en garde pour dévier une nouvelle fois l'instrument de mort qui lui revenait dessus dans un bruit de scie circulaire. Cette fois, il ne le quitta pas des yeux et observa ses mouvements. Comme s'il fut attirer par lui, l'éventail fit demi tour et fondit sur derechef sur lui. Ce mouvement se répéta ainsi un bon nombre de fois, allant de plus en plus vite ; mais Ulrich s'épuisait tandis qu'il continuait d'essayer de riposter, il finit par recevoir un coup de plein fouet n'ayant plus la force de répliquer une énième fois.
Aelita récupéra ses armes en vol dans un geste du corps gracieux comme seule savait le faire Yumi. Son sourire jubilatoire montrait bien de quelle manière elle appréciait ce combat.
- Les gars, changez vite de stratégie ! Vous avez déjà perdu 30 points de vie chacun ! s'écria Jérémy
Odd aida son compagnon à se relever, ce dernier lui glissa à l'oreille :
- Faut la désarmer, on pourra rien faire sinon !
Elle s'apprêtait à relancer son attaque double, lorsque ses deux adversaires se dispersèrent chacun d'un côté de la plaque avec une vélocité incroyable, disparaissant du champs de vision de la fille virtuelle. Elle fit volte face mais ne vit personne. Elle perçut soudain un bruit sifflant s'approcher d'elle à toute vitesse, elle eut malgré tout le temps de balayer la flèche laser qui lui fonçait dessus. Elle brandit alors sont deux éventails sur Odd qui ne semblait pas vouloir bouger. Mais elle ne put faire un geste de plus : Ulrich, qui s'était suspendu au bord de la plaque, surgit dans le dos d'Aelita et empoigna le bras qui tenait l'arme. Il le serra si fort qu'elle fut obligée de lâcher l'éventail, qui fut rapidement mis à l'écart. Odd profita de ce moment de faiblesse pour saisir l'autre bras d'Aelita afin de la désarmer complètement. Ulrich la plaqua au sol, lui tenant les bras, tandis que le félin la tenait par les jambes. Elle essaya alors de se débattre, mais elle ne put cette fois pas faire le moindre mouvement, elle était à leur merci.
- Bon, les génies ! Vous avez une idée pour exorciser Yumi de là ? demanda Odd
- Non... je vous en prit... NON !!
Les supplications soudaines d'Aelita mystifièrent tout le monde, croyant d'abord qu'elles leur étaient destiné. Ses yeux devinrent de plus en plus vides, tandis qu'elle se tordait de douleur. Odd et Ulrich s'écartèrent d'elle, craignant un nouveau piège. Elle se mit tout à coup à trembler comme si elle était victime d'une crise d'épilepsie ; ce fut sans doute XANA lui même qui la punit pour son incompétence à se débarrasser de ses ennemis.
Aelita se dévirtualisa lentement, ses cris de douleur s'envolèrent avec elle comme le vent. Après que la dernière poussière virtuelle eut disparu, Ulrich se rendit compte alors que tout était perdu. Un hurlement de désespoir retentit dans toute son âme, un cri si puissant qu'il ne put l'exprimer, ses cordes vocales ne l'auraient pas supporté. Lorsqu'elle avait dit qu'elle le quittait, il était au bord du gouffre, il ne manquait maintenant plus qu'un pas en avant pour qu'il y plonge et ne jamais en revenir, mais Jérémy intervint alors.
- Attendez ! Je détecte une arrivée dans la Mer numérique... c'est Yumi !
Au même moment à l'hôpital, un médecin en blouse blanche marchant avec à côté de lui une assez jeune infirmière, arpentaient les couloirs sentant l'éther.
- Quel est son état de santé ? demanda l'homme entre deux âges
- Son rythme cardiaque se stabilise, mais sa condition physique ne s'améliore pas.
- Et en ce qui concerne son encéphalogramme, toujours pas d'explications ?
- Aucune docteur... il est toujours quasi nul. C'est à n'y rien comprendre !
- En effet.. aucun être humain ordinaire ne pourrait survivre dans de telles conditions, c'est illogique ! Mais il nous faut en trouver la cause. dit-il sereinement
Ils obliquèrent à droite, poussant la porte de la chambre 108. Entrant, le médecin lâcha soudain le petit calepin qu'il tenait en main, l'infirmière écarquilla les yeux. Ils se précipitèrent vers le lit, cherchant à comprendre :
Le lit n'était pas défait, un long bandage tâché de rouge traînait sur l'oreiller avec plusieurs électrodes. Des vêtements fournis par l'hôpital était bien posés à l'intérieur des couvertures, comme si le corps qui les portaient s'était évaporé... au bout du lit, sur le petite plaque où étaient marquées les courbes de températures, était également inscrit le nom de la personne ayant occupée ce lit : Yumi Ishiyama.
De retour sur Lyoko.
- Jérémy... tu peux la faire revenir ? dit faiblement Ulrich
Le petit génie ne répondit pas tout de suite, préférant faire quelques manipulations avant de donner un avis.
- Je suis désolé Ulrich... les données de Yumi sont intactes, mais si j'essayais de la virtualiser moi même dans cet état, c'est la mort assurée...
- Alors qu'est-ce qu'on peut faire Einstein ?
- ... le retour vers le passé, y a plus que ça qui peut la sauver !
- Mais il faudrait qu'on retrouve notre Aelita, pour ça !
- Ca, je crois que ça sera pas trop du... fit l'autre Odd
En effet, il était le seul à avoir remarqué sur les moniteurs que deux nouveaux points étaient apparus non loin des deux Lyokoguerriers. Après la dévirtualisation définitive d'Aelita II, la sphère prison dans laquelle était enfermée Sissi s'était brisée, ainsi que le Gardien qui était sous son contrôle. La guerrière, et Aelita qui était enfermée dans le Gardien, se relevèrent difficilement, mais avec une joie certaine de se trouver en bonne compagnie. Odd leur expliqua rapidement la situation.
- Attendez ! la Tour où nous sommes est toujours activée, mais il n'y a plus moyen d'entrer le code ! exclama Sissi
- Ouais, dites merci à Odd !
- Hé ! T'aurais préféré que la jumelle d'Aelita nous efface tous ?! grommela le concerné
- Je crois qu'on a trouvé une solution, mais ça va pas être simple ! intervint Jérémy
Il fit une pause, puis laissa la parole à son co-opérateur.
- On vient de scanner plus en détail l'intérieur de la forteresse, on a découvert quelque part une gigantesque concentration d'énergie ! Et en fait, même si on pouvait entrer le code Lyoko, le retour vers le passé ne se ferait pas ! Il faut que vous trouviez et détruisiez cette source, sinon la bulle temporelle n'aura pas assez d'énergie pour se matérialiser !
- Et vous avez une idée de ce que c'est, cette source ? demanda Sissi
- Moi je sais ! interrompit Aelita. Quand j'ai été enfermée dans le Gardien, j'ai été reliée pendant un temps au réseau de la Tour, j'ai appris ce qu'était vraiment ce "programme" qui était téléchargé sur Lyoko. J'avais déjà des doutes depuis que j'avais vu ma jumelle, parce que comme moi, elle ne pourrait pas survivre sans XANA... ce n'était pas un programme qui était transféré... c'était XANA lui même !
- Aelita, tu veux dire qu'un passage vers l'autre monde est resté ouvert, pour permettre à l'autre XANA de passer !? comprit soudain Jérémy
- Ca paraît invraisemblable, mais c'est bien ça ! Les défenses de notre XANA ont été balayées face à lui. Pendant qu'on se doutait de rien, XANA II était en train de se fabriquer un corps virtuel à partir de l'énergie dégagé par le portail dimensionnel... mais je n'en sais pas plus, il a finit par me repérer sur le réseau, puis il m'a empêché de pouvoir ressortir...
- Alors on doit détruire un XANA 20 fois plus puissant que le notre pour qu'il y ait un retour dans le passé ! Alors que ça fait 2 ans qu'on galère déjà avec le notre ?! s'exclama Odd
- Non, on peut doit pas pouvoir détruire directement XANA, ça parait impossible ! intervint l'autre Odd. Mais je pense que XANA II n'est pas encore complet, il doit encore avoir besoin de l'énergie du portail, c'est ça qu'il faut que vous détruisiez !
Jérémy se retourna vers lui, l'air effaré.
- Odd, s'il arrivent à faire ce que tu dis, toi et Sissi, vous ne pourrez peut être jamais plus rentrer chez vous !
Mais nos deux visiteurs n'avaient déjà plus beaucoup d'espoir de pouvoir retourner un jour dans leur monde, ils n'avaient qu'une idée en tête : éviter à tout prix que ce qu'ils avaient vécu ne se reproduise ici. En ce qui la concernait, Sissi songeait de plus en plus à rester, car, qu'est-ce qui pouvait les attendre à présent de l'autre côté. Un amour disparu, deux amis morts, l'usine et la ville ravagées... Restait-il un quelconque avenir pour elle et Odd dans ce monde chaotique ?... C'était ainsi qu'ils avaient tout deux décidés d'aller jusqu'au bout, même si cela devait leur coûter leur billet de retour pour leur propre univers.
- Les gars, reprit Jérémy après un moment de silence, Odd et moi on pourra plus vous aider beaucoup plus à partir de maintenant ! Vous allez devoir fouiller la forteresse pour trouver le portail !
- Et si on tombe sur XANA ? fit Ulrich
- Courrez et essayez de le semer, cherchez surtout pas à l'attaquer ! Concentrez vous sur le portail absolument !
- Jérémy... Je sens des présences autour de la Tour ! dit Aelita
Il jeta un coup d'oeil à ses moniteurs auxiliaires : pendant qu'ils discutaient d'une stratégie à adopter, une véritable petite armée de monstres s'étaient rassemblée au pied de la battisse cylindrique. Ces créatures ne ressemblaient en rien aux Kankrelats et autres Krabes habituels. Ils faisaient la largeur d'un Méga Tank, ils étaient montés sur de longues et maigres pattes, chacune armée de 3 griffes acérées, reliées à un petit corps qui effleurait le sol, à la manière d'une araignée. Ainsi, ces immondes créatures pouvaient bondir sur leurs malheureuses proie et les déchiqueter rapidement.
Informé pour la présence de cet impressionnant bataillon qui assiégeait à présent la Tour, Odd sauta de la plateforme et atterrit en douceur sur la plaque inférieure suivi de près par le reste du groupe, tous se préparant à jeter dans la bataille à leur sortie. Jérémy leur fit cependant une dernière recommandation, adoptant un ton sec.
- Ulrich, Odd, je vous rappelle que vous avez plus tout vos points de vie ! Ne vous attardez pas dans le combat et passez au travers, vous avez un objectif !
- T'inquiète Einstein, c'est pas quelques nouvelles bébêtes qui vont nous impressionner !
Gonflé par les paroles de Odd, les Lyokoguerriers suivis par Aelita traversèrent ensemble le mur de la Tour. De ce point de vue, le spectacle de armada de monstres était impressionnant. L'une d'entre elles se retourna vers eux, puis une autre, puis toutes les autres en firent de même les unes après les autres avec la même régularité telle une vague. Le groupe n'attendit pas que les créatures les attaquer qu'ils se jetèrent sur eux.
Il adoptèrent rapidement une formation stratégique. Ulrich et Sissi faisaient des ravages à l'avant, , marchant lentement tout en dégageant le passage. Un ennemi n'avait pas le temps de bondir qui était mis en pièces. Aelita et Odd marchèrent à reculons derrière eux, s'occupant de repousser les quelques rares horreurs qui osaient les approcher à moins de deux mètres. La marée de monstres s'éclaircissait au fur et à mesure que le groupe avançait, mais Jérémy et Odd à côté de lui restaient inquiets. La stratégie était quasiment parfaite mais elle réclamait une attention de tous les instants, car si jamais une seule des créatures arrivait à les prendre par surprise, cela serait fini pour eux...
Ils progressèrent à l'aveuglette, les ennemis bondissants ne leur laissant aucun répit pour leur permettre de voir vers où ils se dirigeaient. Au bout de 20 minutes à combattre sans faiblir, les horreurs virtuelles cessèrent d'attaquer, elles n'émirent plus aucun bruit. Les 4 amis étaient maintenant dos à dos, se trouvant au milieu d'une grande cour en forme de cercle, toujours entourée par cette même marée monstrueuse, il était piégés, perdus au milieu d'une mer de silence. Odd observait les moindres petits mouvements de l'ennemi ; Aelita faisait tout les efforts du monde pour rester courageuse ; Ulrich resserrait entre ses main le pommeau de son sabre et Sissi était aussi à l'affût du danger qu'une tigresse, prête à lacérer la créature qui aurait le malheur de l'approcher de trop près. Jérémy et Odd conclurent qu'il avaient été délibérément attirés ici, sur un terrain entouré de murailles, où il n'y avait apparemment aucune issue.
Alors qu'ils croyaient avoir à lutter désespérément dans cette situation handicapante, les créatures se dispersèrent soudain et s'éloignèrent du petit groupe, grimpant sur les murailles tels des insectes. Sur Lyoko comme sur Terre, tous n'en revinrent pas de cette si étrange débâcle, alors que les forces de XANA auraient pu facilement être victorieuses.
- Dites, vous croyez qu'on leur a fait peur ? ironisa Odd
- Baisse pas ta garde ! Ca pue le coup fourré ! dit Ulrich
- Les gars, méfiez vous, je détecte une grand...
- Jérémy !?
La voix de l'opérateur se brouilla soudainement, elle communication fut coupée. L'améthyste que portait Sissi se mit à briller comme jamais.
- Attention !!
Elle poussa Ulrich sur le côté, encaissant un coup invisible qui lui était destiné. Mais elle sentit bien le contact glacial de deux lames lui assénant un coup mortel à la poitrine lui faisant perdre sans doute une 50ène de points de vie en un seul coup. Odd tira vers l'endroit d'où semblait provenir le coup, sa flèche laser fut alors déviée mais elle fit disparaître le camouflage optique dont bénéficiait l'ennemi invisible. Pour éviter d'être prit de court, il exécuta un magnifique salto, atterrissant à quelques mètres en arrière ; il se remit en garde.
Il avait l'allure et la taille d'un adolescent humain, il portait une tenue de ninja qui laissait seulement voir ses yeux... blancs et vides. Le symbole de XANA était représenté à plusieurs endroits sur son corps, sans doute une autre de ses surprises. Pendant qu'Aelita se précipitait vers Sissi pour voir l'état de Sissi, Ulrich se dressa face au mystérieux ennemi, sabre en main.
- Je sais pas ce que tu nous veux, mais tu vas regretter ce que tu viens de faire !
Alors qu'il allait se ruer sur son adversaire, une main se posa sur son épaule.
- Attends une minute... ce ... ce n'est pas notre ennemi !
- Sissi, tu rigoles ?!
Elle ne cessait de le retenir, elle ne voulait surtout pas qu'il puisse être détruit, car elle l'avait reconnu. Elle se souvint de la dernière image qu'elle avait eu de lui encore en vie, ce doux visage virtuel qui n'avait pas peur de la mort, tombant à pic dans le vide numérique, après un dernier mot d'amour. Elle marcha lentement, comme prise dans une transe jusqu'à mi-chemin entre lui et le jeune samouraï, l'empêchant ainsi définitivement d'attaquer. Sa voix devint douce comme une brise d'été.
- Ulrich, tu es vivant... je suis si heureuse de te revoir...
Le samouraï comprit enfin ce qui se passait. Le petit ami de Sissi s'étant noyé dans la mer numérique, il était facile pour XANA II de le récupérer et de s'en servir à ses propres fins, il était devenu un de ses pantins, un monstre de plus à abattre. Ulrich n'avait pas le choix, il fit un signe discret à Odd qui tira une nouvelle flèche laser sur le ninja qui la repoussa immédiatement. Ulrich profita de se court instant de distraction pour se ruer sur lui, passant devant Sissi hébétée, s'engageant dans une lutte sauvage à l'épée. Sissi ne pouvait rien faire d'autre que regarder, les deux Ulrich se battre dans un combat sans merci.
Ulrich avait beau être désavantagé par rapport à la double et tranche menace de son ennemi, il esquivait et parait ses attaques successives à merveille. Mais son adversaire ne lui laissait pas un seul instant de répit pour lui permettre de porter la moindre attaque. Odd et Aelita se mirent à surveiller la Lyokoguerrière afin de s'assurer qu'elle ne ferait pas de geste insensé. Ulrich tint bon pendant 20 minutes, mais il commençait à fatiguer. Il n'avait toujours pas pu porter un seul coup, et son double extra dimensionnel semblait infatigable. Ce dernier donna un grand coup sur la poignée du sabre d'Ulrich et lui fit lâcher. Il en profita pour lui assener une double entaille au torse qui lui fit perdre 40 points de vie, puis il le repoussa d'un coup de pied, l'éjectant à 10 mètres contre une muraille. Voyant son ami en difficulté, Odd tenta de tirer ses dernières flèches lasers sur le ninja, mais il s'aperçut qu'il était à court de munitions. Il se précipita alors sur l'ennemi et lui sauta sur le dos, essayant de le retenir par tous les moyens. Les yeux du ninja se mirent à briller, en même temps qui puissante onde de choc éjectant Odd en arrière, le faisant tomber directement sur Aelita qui accourrait dans leur direction, les mettant tout deux K.O. Tandis que le double virtuel d'Ulrich se dirigeait lentement vers sa victime incapable de se relever, Sissi ne bougeait toujours pas, même après ce qu'elle venait de voir, il brillait encore dans son coeur une lueur d'espoir qu'il reste dans cette marionnette virtuelle assassine dont XANA tirait les ficelles, un étincelle de vie de son Ulrich...
Le samouraï ne pouvait faire autrement que de regarder impuissamment son bourreau avancer vers lui. Ses épées n'étaient pas normales, car d'ordinaire, un Lyokoguerrier touché perdait simplement des points de vie, sans ressentir de douleur, ce qui n'était pas le cas maintenant ; qui sait ce qu'il se passerait s'il venait à être dévirtualisé par ces armes...
Le soldat de XANA II leva ses deux épées bien haut en observant sa victime. Ulrich ferma les yeux, attendant patiemment sa mort. Il entendit alors un bruit métallique résonnant dans ses oreilles, mais il ne sentit rien. Il rouvrit les yeux, le ninja maintenait toujours ses deux épées en l'air, il était comme paralysé, 3 lames courtes sortaient de sa poitrine.
Depuis la pointe de ses épées jusqu'au bout de ses pieds, le jumeau maléfique d'Ulrich de désagrégea en une multitude de petits carrés virtuels qui s'évaporèrent les uns après les autres, dévoilant derrière lui la personne lui l'avait vaincu, Sissi.
Aelita et Odd se relevèrent douloureusement, constatant que le combat était terminé. Le félin aida son ami à se remettre sur pied avant qu'il n'aille récupérer son épée. Il observa Sissi de loin, elle avait la tête baissée, ses longs cheveux cachaient son visage. Elle venait de détruire elle même ses derniers espoirs de peut-être revoir le petit ami de son monde, vivant, pour permettre au Ulrich qui l'avait pourtant trompé, de continuer à vivre. Le jeune homme ne savait pas quoi lui dire, un simple "merci" paraîtrait bien dérisoire par rapport à un tel sacrifice.
Heureusement, lorsqu'elle redressa la tête, elle avait la sourire aux lèvres, alors qu'Ulrich allait maladroitement essayer de la remercier.
- T'en fais pas pour moi... celui que j'aimais avait déjà disparu...
Le jeune homme était heureux de constater que Sissi savait vraiment être forte quand la situation l'exigeait. Si seulement la fille du proviseur de leur monde pouvait lui ressembler, juste un petit peu.
- On a un autre problème ! intervint Aelita. On est toujours coupé de l'usine, je crois qu'on arrivera à les rejoindre que si XANA nous le permet...
- Alors on peut pas se permettre de traîner ! dit Odd. Il est peut être encore en train de nous préparer un des ses pièges foireux !
- Tiens, tu fais dans l'autorité maintenant ?
- Quand il le faut, vieux !
Ils sortirent tous à ce moment de la place grande place vide, courant vers une grande bâtisse noire reculée au fond des fortifications. Ils pouvaient apercevoir au sommet, une forte source lumineuse bleutée. Ils ne pouvaient plus bénéficier d'aucune aide extérieure pour leur indiquer la marche à suivre, mais il pouvaient se douter qu'il s'agissait enfin du fameux portail dimensionnel.
A l'usine, l'ambiance était de nouveau tendue suite à cette nouvelle perte de contact. De plus, avant la déconnexion, une fenêtre s'était affichée un court instant sur le moniteur principal, indiquant qu'une immense source énergétique inconnue se déplaçait à grande vitesse vers une autre source d'énergie fixe... Les deux petits génie, face à tant d'inconnues, se retrouvaient une fois de plus impuissants, malgré leurs efforts conjugués pour rétablir la communication. Odd, pour sa part, ne croyait plus au hasard, tout cela faisant très certainement parti du plan de XANA II pour refermer sur eux un piège beaucoup plus grand qui les broierait tous.
La Tour Noire était elle aussi gardée par bon nombre de ces horribles créatures quadripèdes, et l'ascension vers le sommet en fut fortement ralentie tout le long du chemin, même si les Lyokoguerriers ou Aelita ne furent pas mis en difficulté, encouragés par une volonté d'en finir. Au bout d'un heure de montée, le groupe sema le dernier groupe de monstres et ferma l'accès au sommet derrière eux. Ils se retrouvèrent sur un large plateau, faisait office de toit du bâtiment, un orage grondant au dessus de leur tête. Odd s'approcha du bord le plus proche, il faillit être prit de vertiges lorsqu'il regarda dans l'abyme qui paraissait plus profond que la Mer Numérique. Il ne pensait vraiment pas être monté aussi haut, étant maintenant sur ce que l'on pourrait appeler "Le Toit de Lyoko".
- Les am... vous m'entend... ? fit un voix brouillée
- On t'entend mal Jérémy ! fit Ulrich, surpris
- Méfiez-v... c'est un... détruisez vite le port...
- Jérémy ? Jérémy ?!
- On l'a encore perdu...
- Regardez là bas !
Tous tournèrent leur regard vers le centre du plateau. Ils virent enfin de leurs yeux la nature de la source lumineuse qu'ils avaient aperçu au pied de la Tour Noire. Un immense vortex bleuté coincé dans un disque de pierre, c'était en effet le fameux portail dimensionnel qui était resté ouvert, alimenté par une énorme machinerie noire et or, reliée par des câbles au cercle de pierre. Voir une telle chose était illogique, ce genre de machine n'avait aucune raison d'exister sur Lyoko. Ulrich s'en approcha avec prudence, mais il fut stopper à quelques mètres par un mur invisible qui s'illumina un instant d'une lumière rouge alors qu'il le touchait. Mais il fut assez près pour distinguer un signe intriguant gravée sur l'étrange machine : le symbole de XANA.
- Ce ressemble exactement au Super calculateur de l'usine, ça veut dire que...
Il se retourna ver ses amis.
- Odd, protège Aelita ! On est tombé droit dans...
Il n'eut pas le temps de finir qu'il fut obligé de plonger sur le côté, évitant ainsi de se faire broyer par une grande masse noire tombée du ciel. Tous voulurent se mettre en garde, mais il furent paralysés pendant de longues minutes par une créature plus cauchemardesque que jamais. Sissi l'avait déjà vue auparavant, c'était cette chose qui l'avait enfermée : un colosse ébène à forme humaine de 5 mètres de haut, portant fièrement la marque de XANA sur son torse imposant. De sa tête dépourvue de nez et de bouche, ne ressortait que ses yeux de couleur flamboyante. Il ne portait pas d'arme mais, tels des serpents sur la tête de Méduse, de très longs et fin câbles partant du sommet de son crâne se tortillaient dans tous les sens, impatients d'abattre leurs ennemis.
Le petit groupe et l'Ennemi se toisèrent longuement du regard, chacun attendant que l'autre lance l'assaut. Odd se désigna comme protecteur d'Aelita, Ulrich et Sissi constituant la ligne de front. Avant de se jeter sur le monstre, Sissi déclara à l'ensemble du groupe.
- J'ai compris, tu viens de confirmer ce que je pensais, Ulrich. La chose qu'on a devant nous, c'est ce qui m'a capturée... c'est lui, XANA II. Il se sert de votre XANA pour alimenter le portail en énergie.
- Tu crois qu'on a une chance de le battre ? demanda le samouraï
- J'en sais rien... si seulement on pouvait désactiver le champs de force autour du portail...
- Je devrais pouvoir y arriver, intervint Aelita, j'ai encore tous mes points de vie, mais ça prendra du temps !
- OK, reprit Sissi, toi et Odd vous foncez vers le portail, moi et Ulrich, on va retenir XANA le plus longtemps possible !
Tous se préparèrent à l'assaut. IL avait tout prévu pour que les Lyokoguerriers finissent par le trouver si Aelita II n'arrivait pas à accomplir sa mission. La défaite de son armée de nouveaux monstres, celle de son soldat virtuel ramené de la mer numérique... tout cela pour le simple fait de pouvoir mettre un terme à tous les espoirs de ses ennemis de ses propres mains...
Il ne manquait plus que l'éclair qui retentit au dessus de lui tête pour que le combat puisse commencer. Malgré sa taille et sa carrure imposante, XANA parvenait à esquiver avec beaucoup de facilité ses coups portés simultanément par ces deux assaillants. Eux mêmes évitaient à merveille les innombrables câbles qui les menaçaient en permanence, passant à quelques millimètres de leur corps dans un bruit sifflant. Mais ils avaient beau les trancher lorsqu'ils n'arrivaient pas à les éviter, ils revenaient à la charge toujours aussi nombreux. XANA était, semblait-il, trop concentré sur son combat actuel pour remarquer ce que faisaient Odd et Aelita pendant ce temps. Quand ils furent bloqués à leur tour par le champ de force, Aelita se mit à genoux et posa délicatement ses mains sur la barrière invisible qui apparut au grand jour, s'entourant d'une lumière orangée. Odd se mit dos à elle, bien qu'il n'avait plus de flèches laser, il était près à bondir sur le danger s'il venait à s'approcher.
XANA II gagnait peu à peu en avantage, profitant d'un instant où Sissi reprenait son souffle après avoir dû esquiver un coup par un saut périlleux, une série de câbles entrelacés vint la frapper de plein fouet ; elle vit un vol plané d'une 10ène de mètres sur le côté, se retrouvant non loin du bord du plateau. Ulrich profita de ce seul moment où la Bête ne le regardait pas pour lui planter son sabre dans le poitrail, le transperçant de part en part. Ulrich voulut retirer son arme, mais elle commençait déjà à être dissoute et absorbée par le corps du monstre ; il eut juste le temps de retirer ses main avant d'être attiré à l'intérieur à son tour et fit un bond en arrière pour échapper à un contre-attaque, Sissi revint rapidement à ses côtés, à présent désarmé. Ne pouvant plus porter de coup, il changea de stratégie. Il prit Sissi par la main et l'entraîna dans sa course.
- Triangulaire !
XANA, toujours impassible fut soudain entouré de 3 clones des deux Lyokoguerriers tandis que les vrais courraient à trop vive allure autour de lui pour qu'il puisse les suivre. Au moment précis où le monstre leur tourna le dos, la guerrière lâcha la main d'Ulrich et réalisa une périlleuse acrobatie, passant par dessus la tête de XANA, elle asséna un coup de griffe critique, puis atterrit de l'autre côté accroupie, toujours en position d'attaque. XANA fut tranché en deux, chacune des parties disparurent dans un grand éclair blanc ; Ulrich arrêta de courir à se moment. Aelita venait juste de désactiver la barrière qui protégeait le portail. Les Lyokoguerriers rejoignirent ensuite leurs amis, ils avaient encore peine à croire un cette fantastique victoire, pour un combat qui semblait pourtant perdu d'avance. Le Supercalculateur virtuel alimentait toujours le passage vers l'autre univers en énergie. Ulrich et Odd avaient tout deux un pincement au coeur, c'était une occasion unique de détruire XANA de l'intérieur, mais ils ne pouvaient savoir quel effet cela aurait de le faire dans cette situation déjà si instable... il ne pouvaient se le permettre.
A présent, seule Sissi était encore en mesure, grâce à ses griffes, de mettre un terme à toutes les souffrances physiques et mentales depuis que XANA avait envahi son usine, et ainsi, de tout recommencer dans le passé... dans le passé de ce monde. D'une geste sec, elle sectionna les câbles qui ondulèrent quelques instants avant de s'affaisser, n'ayant plus d'énergie à conduire. Le cercle de pierre devint vide, le portail était fermé.
Du côté de l'usine, Jérémy s'ennuyais presque devant ses moniteurs pendant que Odd était occupé à brancher, débrancher et changer de place les câbles du Super ordinateur en espérant que la communication avec Lyoko serait rétablie. L'écran cessa soudainement de grésiller et afficha une image du toit où se trouvaient leurs compagnons.
- Hé, les amis, vous m'entendez ?!
- 5 sur 5, Odd ! fit Sissi
- Ca fait un moment qu'on a été coupé, qu'est ce qu'y s'est passé ?!
- On a réussi à battre XANA II, tout va bien Einstein ! dit joyeusement Odd
L'autre Odd se reposta derrière le siège de commande, intrigué par cette nouvelle incroyable.
- Vous avez fermé le portail ? demanda-t-il
- Il est pas détruit, mais on a coupé la source d'énergie qui le maintenait ouvert ! répondit Sissi
- J'avais déjà rentré les coordonnées temporelles, on va pas attendre plus longtemps ! Retour vers le passé...
Jérémy appuya solennellement sur la touche "Entrée", ils attendirent tous que la bulle temporelle les submerge... mais rien ne se produisit. Odd aperçut cependant sur un des moniteurs auxiliaires un message d'erreur, disant que l'opération ne pouvait être exécutée par manque de ressources.
- Ca veut pas fonctionner ! Vous êtes sûr d'avoir fait ce qu'il fallait ?!
- Jérémy, le portail est fermé, XANA II est vaincu, il y a pas de raisons pour que ça ne marche pas ! dit Aelita, dubitative
Le plateau tout entier se mit soudainement à trembler, surprenant le petit groupe qui tomba à la renverse. Au pieds de Odd et Ulrich, le sol se déroba légèrement et en sortit une dizaines de câbles numériques qui les enserrèrent complètement, tel un anaconda, les empêchant de faire le moindre mouvement. A quelques mètres au dessus du toit se matérialisa cette créature que les Lyokoguerriers croyaient pourtant bien avoir vaincu. Elle avait la même apparence, mais sa carrure déjà inhumaine avait quasiment doublée, ainsi que la puissance qu'il dégageait. Lorsqu'il cessa de flotter au dessus du sol, il provoqua une nouvelle secousse plus terrible que la précédente. Tout le bâtiment fut ébranlé, des pierres se disloquèrent ça et là. Sissi, encore libre, essaya tant bien que mal de trancher les câbles qui étouffaient ses amis, tandis qu'Aelita était à genoux, paralysée par une peur indicible. N'arrivant à rien, et les gémissements de douleur de ses amis faisant monter sa colère, la valkyrie se précipita à corps perdu sur l'Ennemi, malgré les vocifération de Odd derrière ses moniteurs.
XANA la laissa s'approcher au plus près de lui ; au moment où elle sauta pour lui porter un coup, elle fut violemment éjectée d'un revers de câble. Elle fut projetée par dessus bord, mais réussit à planter ses griffes dans la paroi de la bâtisse pour éviter de tomber plus bas. Malheureusement, elle était déjà à 4 mètres en dessous du niveau du toit, quoi qu'elle puisse faire, elle ne pouvait pas remonter.
XANA II était maintenant complet, la fermeture du portail dimensionnel n'était plus qu'un petit contretemps dans son plan de conquête, il pouvait alors prendre son temps pour exterminer lentement les Lyokoguerriers, sans que rien ne puisse l'arrêter...
Aelita restait figée par la peur. Pourtant, elle se disait qu'elle était encore la seule à pouvoir faire quelque chose pour tenter de stopper ce monstre tout puissant. Bien qu'il paraissait invincible, comme tous les géants, il devait avoir un point faible quelque part en lui. Cette terrible créature avait la faculté d'absorber les armes dirigées contre lui, or la seule arme qu'Aelita avait à sa disposition était son don de création. Elle réfléchit un instant... la plupart du temps, elle avait fait passer la vie de ses amis avant la sienne ; un fois de plus, c'est ce qu'elle allait devoir faire.
Gonflée par le désir de sauver des vies, elle avança courageusement vers XANA malgré les avertissements de Jérémy. Alors qu'il se dirigeait vers ses prisonniers pour le achever, il s'arrêta quand Aelita ne fut plus qu'à quelques mètres de lui. A l'aide de 4 câbles, il saisit chacun des membres de la fille virtuelle et l'amena à la hauteur de son visage.
Un peu plus loin, les pierres de la paroi commencèrent à se dérober sous les griffes de Sissi, elle ne pourrait plus tenir bien longtemps.
XANA fut déçu de ne voir plus aucune frayeur dans les yeux d'Aelita et n'attendit donc pas plus longtemps pour l'absorber tandis qu'elle entonnait son mélodieux chant de création qui fut rapidement étouffé. les prisonniers des câbles étaient las de se débattre, tandis que leur bourreau avançait lentement vers eux, sous les hurlements de désespoir de Jérémy. Odd à côté de lui se sentait tout aussi impuissant, alors que la vie de Sissi ne tenait sans doute plus qu'à un fil.
Soudain, le colosse ébène s'arrêta à nouveau. Le bruit rauque qu'il faisait à chacun de ses pas cessa également. Il balança sa tête surmontée de deux billes rouges de droite à gauche, comme s'il est tout à coup désorienté. Il recula de plusieurs mètres, ses grands pas nerveux déclenchant à chaque fois une petite secousse. Les câbles qui maintenaient Odd et Ulrich les relâchèrent alors, les faisait tomber lourdement sur le sol. Les deux amis poussèrent un long soupir de soulagement et se soutinrent mutuellement.
Du côté des opérateurs, Jérémy ne pouvait plus bouger, plus parler. Il s'était effondré sur le clavier son monde venait déjà de s'écrouler. Odd lui arracha le casque audio sans qu'il réagisse, prenant en main la suite des opérations. Il prit soin d'avertir les Lyokoguerriers endoloris de ne pas essayer d'approcher XANA, quelque chose d'étrange était en train de se produire. Ses yeux rouges se mirent à clignoter irrégulièrement, comme une ampoule sur le point de s'éteindre. Il se tortillait en poussant des cris stridents venus du fond de la nuit ; des excroissances apparurent aléatoirement sur toute la surface de son corps. Cela continua ainsi jusqu'à ce que la Bête soit totalement saturée. L'orage permanent qui gronda au dessus dans la forteresse se figea dans le ciel. Chacun, sur Lyoko comme sur Terre, retenait son souffle en attendant ce qui allait se passer, il régna pendant quelques minutes un silence de mort.
Les boursouflures de XANA éclatèrent soudainement les uns après les autres, chacune projetant une intense lumière blanche. Tous, sauf Jérémy assistèrent avec stupéfaction à la lente désintégration de leur ennemi. Mais quand toutes les excroissances du monstre eurent explosées, il commença à trembler comme l'avait fait Aelita II avant de disparaître. L'autre Odd intervint.
- Les gars, planquez-vous ! XANA concentre toute la puissance qui lui reste, il va...
Il fut soudainement coupé par une formidable déflagration provenant du monstre, générant une onde de choc qui ébranla tout le Territoire faisant s'effondrer plusieurs bâtiments à l'intérieur de la forteresse ; ce qui fit aussi définitivement basculer Sissi qui débuta une longue chute. La violence de ce phénomène était telle que même sur Terre, tout l'usine ressentit l'onde de choc par l'intermédiaire du Supercalculateur. Odd tomba en arrière la tête la première sur le sol métallique du labo, l'assommant sur le coup. Jérémy qui tenta de se relever, trébucha sur le clavier et appuya en même temps que plusieurs autres, sur la touche "Entrée". Les coordonnées temporelles étaient entrées, XANA II et le portail n'étaient plus, rien ne pouvait plus entraver la progression de la bulle temporelle qui s'étendit sur Lyoko et sur le monde réel.
Chapitre X : Epilogue
Une semaine plus tôt, jeudi 19 vers 21h.
Odd et Jérémy se retrouvèrent seuls dans le labo de l'usine, Ulrich était descendu aux scanners dans un but encore inconnu. Tout était fini, l'enfer qu'ils avaient pendant des jours n'avait en fin de compte jamais existé. Pourtant, il restait un point obscure : après la fermeture du portail dimensionnel, qu'était-il advenu du Odd et de la Sissi venus de l'autre monde ? C'était une question angoissante, mais à présent que le contact avec cet autre univers avait été définitivement rompu, ils n'auraient sans doute jamais de réponse ; ils ne pouvaient que prier pour qu'ils se soient sortis sain et sauf de cet immense paradoxe.
Odd voulut éclater de joie, d'être enfin arrivé au terme de cette aventure dont personne n'en voyait plus le bout, mais c'était impossible, le visage grave de Jérémy l'empêcher d'exprimer ouvertement toute émotion positive. Car c'était bel est bien fini, fini pour lui également. Le plan qui était prévu afin de détruire XANA II n'avait pas fonctionné car il était déjà trop puissant pour sa rupture avec sa source d'énergie l'affaiblisse, Aelita était alors la seul à avoir encore la possibilité de se dresser contre la Bête, elle l'avait donc laissait l'aspirer dans son corps virtuel, le désintégrant de l'intérieur grâce à la seule arme encore disponible : son don de Création. Mais ce geste venait aussi de lui coûter la vie, elle fut détruite avec XANA...
Jérémy ne tremblait pas, il ne pleurait pas, sa douleur face à la perte irréversible de son seul et unique amour était bien trop difficile à exprimer avec des mots. Quand tout était perdu, il se disait qu'elle se fichait éperdument des conséquences, qu'elle avait préféré abandonner sa vie et lui, en menant une action désespérée car elle n'avait plus rien à perdre. Mais à présent que cette rage aveugle mêlée de tristesse était passée, il pouvait voir la vérité : si elle avait pu trouver une autre solution, elle aurait certainement essayer, mais il n'y en avait pas. Sa vie virtuelle, ses sentiments pour ses amis et pour Jérémy étaient ce qu'elle avait de plus fort en elle, c'est avec cela également qu'elle a pu détruire XANA II ; car en fait, son don de création seul n'aurait pas suffit à en venir à bout. Elle avait pensé à Jérémy jusqu'à la dernière seconde, car cela lui avait donné une grande partie de la force qu'elle avait ensuite déployée à l'intérieur du Monstre, ce sont cet amour et cette volonté qui a permis à tous ses amis de s'en sortir...
Mais à présent, elle n'était plus là, ni sur Lyoko, ni sur Terre. Jérémy ne la verrait plus sourire, ni rire, ni se mettre en colère, ni pleurer ; c'était fini.
Voyant qu'Ulrich mettait du temps à revenir, Odd, bien que très fortement embarrassé de voir son petit génie d'ami dans un tel état, s'approcha de lui pour tenter de la consoler ; mais ce n'est pas ce que lui voulait.
- Ca va Odd, merci de te soucier de moi mais... je m'en remettrais !
- Einstein, tu penses pas ce que tu dis ! T'as déjà été assez génial pour la matérialiser alors que tu pensais que c'était impossible ! T'as même su faire revenir Yumi alors qu'elle s'était désintégrée dans la Mer Numérique ! Nous ramenez Aelita ça serait du gâteau, pour toi !
Il se mit à sourire, mais il ne s'en dégagea aucune joie.
- Chuis désolé Odd, mais ce que tu me demandes, c'est de recréer complètement quelqu'un qui est presque comme nous, un humain virtuel... et même si j'y arrivais, Aelita ne se souviendrait même plus de nous, on a déjà eu tellement de mal...
- Jérémy, tu vas quand même pas abandonner ?!
Il descendit du siège de commande, il passa devant Odd sans le regarder, les mains dans les poches. Il se dirigea vers le monte-charge, arborant toujours ce sourire dépourvu d'émotion.
- Je retourne au collège, quand Ulrich remontera, tu lui diras !
Avant que les portes blindées ne se ferment, il dit, d'une voix plus solennelle :
- On débranchera XANA demain, je vous préviendrais !
Odd ne chercha plus à le retenir, il savait désormais qu'aucune parole, aussi réconfortante soit-elle, ne pourrait lui remonter son moral qui était au plus bas. Il croisa les bras et baissa le regard, réfléchissant pour se rassurer, se disant qu'il existait forcément une solution dans un cas aussi désespéré. Mais cette fois, toute la volonté que nos amis pourraient déployer n'y changerait strictement rien. Aelita n'était plus qu'un souvenir, un merveilleux souvenir. Il regarda un moment les nombreux moniteurs du Super ordinateur resté allumé. Il n'était pas décidé à abandonner, mais que pouvait-il faire alors qu'il n'avait aucune idée de la manière d'utiliser l'imposant dispositif. Il fut interrompu dans ces réflexions quand les portes du monte-charge s'ouvrirent à nouveau, sur le visage rayonnant d'Ulrich, accompagné d'une rescapée de cette aventure, ils se tenaient la main.
- Yumi ?! fit le jeune blondinet
- Oui, je me suis réveillée dans un des scanners, Ulrich est venu me chercher...
- Odd, Jérémy était pas avec toi ? dit Ulrich
- Ben...
22 heures, au collège
Jérémie ne dormait toujours pas, il était en pyjama, pieds nus, son casque audio sur le tête, devant l'écran de l'ordinateur de chambre. Seule la lumière bleutée de ce dernier éclairait la pièce, faisant rougir ses yeux. Chacune de ses pensées se contredisait, l'une s'étant résigné à ce qu'Aelita ne pourrait jamais plus revenir, l'autre voulant explorer toutes les possibilités jusqu'à la limite de la fatigue, attendant qu'il soit épuisé au point de ne plus pouvoir réfléchir.
Malgré tout ce qu'il avait dit à Odd, la simple idée de vouloir rester sur une défaite lui était insupportable. Aelita ne lui manquait pas, car elle était toujours dans son coeur, dans sa tête, partout où il regardait ! Il fallait à présent qu'il déploie le maximum de ses capacités cérébrales en un minimum de temps, car la limite qu'il eut donné à Odd était le lendemain. Il compte bien rester la nuit entière devant son écran, jusqu'à la dernière seconde si cela s'avérait nécessaire. S'il n'avait pas trouvé une solution réalisable et concrète d'ici 8h du matin, cela voudra dire qu'il n'a a plus de solution, XANA sera définitivement débranché...
Dans la chambre d'Ulrich et Odd, ne régnait que le ronflement sonore et perturbé de ce dernier. Ulrich ne dormait pas, allongé au dessus de ses couvertures, les bras derrière la tête, fixant le noir plafond de ses yeux fatigués. Malgré les récentes nouvelles qui étaient loin d'être réjouissantes, un sourire se dessinait sur ses lèvres.
Dans la salle des scanners, quelques heures plus tôt.
Ulrich sortit du monte charge, un air paniqué s'empara rapidement de lui lorsqu'il vit le corps, à moitié étendue à l'intérieur d'un des sarcophages dorés. Il se précipita et se mit à genoux à côté d'elle et la sortit délicatement, l'allongeant sur le sol métallique. Il se pencha sur et lui souleva la tête ; collant presque son oreille contre sa bouche, il ne put sentir qu'un très faible souffle. Il hésita quelques instants sur ce qu'il devait faire, trop paniqué pour pouvoir réfléchir calmement. Il se souvint cependant des quelques leçons de secourisme qu'il avait du suivre au cours de l'année qui, jusqu'à maintenant, lui avait parues inutiles. Il lui pinça le nez et garda ouvert sa bouche en grand, il prit alors une grande inspiration et souffla tout l'air contenu dans ses poumons, donnant un maximum d'oxygène à Yumi. Il répéta cette opération jusqu'à en épuiser son propre souffle, mais il ne semblait pas que l'état de Yumi s'améliorait ; sa respiration était toujours aussi faible malgré ses efforts. Il se sentait impuissant face à la vie qui s'échappait lentement de son amie. Il souleva une nouvelle fois sa tête, la rapprochant de la sienne. Son regard était désespéré et triste, la rage envahissait peu à peu son âme. Il ignorait si le coeur, à défaut des oreilles, de sa bien aimée pouvait encore l'entendre, mais il décida malgré cela de délivrer ses vrais sentiments de leurs chaînes :
- Yumi, réveilles toi, ne me laisse pas maintenant ! Je sais que tu dois toujours m'en vouloir pour ce que je t'ai fait, je suis peut-être impardonnable... mais reviens, je t'en pris !! Je te demande pas de me pardonner, juste de rester en vie... Yumi, j'ai besoin de toi !
Il étreint le corps inerte de son amour contre lui, retenant ses larmes de couler à flot et serrant les dents à presque s'en décrocher la mâchoire. Le ferma les yeux, lorsqu'il sentit soudain la douce chaleur de deux bras s'enrouler autour de son cou. Ce fut un soulagement quand il sentit enfin le souffle de la respiration de Yumi sur sa nuque. Ils restèrent ainsi enlacés tendrement durant de longues minutes qui s'écoulèrent telles des heures.
Yumi se souvenait de ce qu'elle avait vécu, de toutes les larmes qu'elle avait versé, jusqu'à ce qu'elle fut attaqué elle même par XANA ; après, ce ne fut qu'un grand vide froid et stérile. Ulrich se remémorait la faiblesse dont il avait fait preuve face à l'amour déplacé de Sissi, il se rappelait de la rage qu'il avait contenue lorsqu'il était sorti de chez Yumi. Mais au fond de leur coeur, ils n'avaient jamais cessés de s'aimer ; ils s'en voulaient tellement de s'être causé tant de souffrances.
Ils se serraient fort, l'un contre l'autre, comme s'ils avaient peur de se perdre une fois de plus. Ils oubliaient pas pour autant toutes leurs erreurs, mais pour l'instant cela n'avaient aucun importance. Alors qu'Ulrich essaya de se dégager un instant de cette douce étreinte, Yumi ne voulait que rester pendue à son cou.
Attends, s'il te plait ! Laisse moi encore... laisse moi en profiter encore un peu...
Elle ne voulait pas se séparer de lui un seul instant, Ulrich non plus, même s'il pensait de plus en plus qu'à un étage au dessus, Jérémy et Odd s'impatientaient. Ils entendirent soudain le monte charge s'activer. Se disant qu'il valait aller voir ce qu'il se passait, ils quittèrent leurs bras à contrecoeur, non sans avoir échangé auparavant un long et passionné baiser, qu'ils attendaient tout deux depuis si longtemps.
Retour au présent, Collège Kadic, vers 6h 30 du matin.
Jérémy se réveilla, avec la désagréable impression d'avoir reçu une enclume sur le crâne. il était affolé sur son bureau, devant l'écran de son ordinateur qui constituait la seule lumière de la pièce. Il avait décidé de ne s'accorder que quelques minutes de repos, mais son état de fatigue avancé l'avait poussé à s'endormir pendant plus d'une heure. Il n'avait pas avancé d'un iota dans ces tentatives de reconstruction d'Aelita, chaque qu'il approchait d'un point crucial, un nouvel obstacle infranchissable se dressait sur sa route. Et chaque fois, il ne possédait pas les connaissances nécessaires pour passer au travers. Il savait très bien que cela arriverait. Recréer une intelligence artificielle dépasser de très loin ces compétences. Pourtant, il avait tout essayé, tout fait pour qu'avec un minimum d'espoir, il puisse trouver un moyen de faire revenir Aelita.
Mais en fait, cette idée était irréalisable dès le départ. Il se leva de son siège, fatigué, harassé et résigné. Il fallait désormais qu'il accepte de vivre sans Aelita. Il était triste, triste et découragé. Quelques jours plus tôt, il n'aurait encore jamais pu imaginer devoir passer le reste de son existence sans elle. Tout le travail qu'ils avaient fourni, tous leur rêves venaient de partir en fumée.
Il était encore trop tôt pour aller réveiller ses amis, mais Jérémy ne pouvait plus dormir, il décida de s'habiller et d'aller tout de suite à l'usine. Il fallait en finir avant que la tristesse ne l'envahisse définitivement.
Une fois arrivé à destination, en passant par la chaufferie du collège, il descendit d'abord au labo. XANA allait être désactivé, l'usine allait de nouveau se retrouver à l'abandon. Jérémy voulait effacer toutes les archives contenues dans la Super ordinateur afin que les événements, qui ne s'étaient au final jamais passés, ne se reproduisent jamais ; tout devait être oublié. Il n'y aurait désormais que dans la tête des 4 adolescents que tous ces souvenirs subsisteraient. Jérémy passa une bonne 20ène de minutes à pianoter sur son clavier, il avait encore du mal à garder les yeux ouverts. Il fit une pause ; toutes les données archivées avaient été rassemblées, prêtes à être effacées. C'est lorsque son doigt ne fut plus qu'à quelques millimètres de la touche de suppression que la chose la plus improbable survint :
Un bruit provenant du moniteur principal alerta le petit génie. Une fenêtre s'afficha, à l'intérieur de laquelle défilait des éléments de la matrice, puis, Jérémy vit alors se former, carré par carré, un visage virtuel. Ses yeux s'ouvrirent, il sortit de sa bouche une vois affolée.
- Jérémy ! Jérémy, tu m'entends ?! Jérémy !
Il n'osait pas y croire, il ne voulait pas y croire. Il l'avait vu se sacrifier pour tous les sauver sur Lyoko ; il venait de passer les heures les plus affreuses et les plus épuisantes de sa vie pour finalement se retrouver face à une impasse, sans la moindre solution réalisable. Pourtant, elle était là devant lui, elle pouvait parler, elle se souvenait même de son nom ! Jérémy resta interdit pendant de longues minutes, croyant définitivement rêver.
- Jérémy, je t'en pris ! Réponds moi !
Il hésita à répondre, comme s'il avait peur de s'être fait de faux espoirs. Il craignait de se réveiller une fois qu'il aurait pris contact avec Aelita. Il enfila son casque audio et le brancha.
- Aelita... c'est vraiment toi ? fit il timidement
- Jérémy ! Enfin !
C'était bel et bien réel, il en était à présent sûr. Beaucoup de questions lui vinrent alors à l'esprit.
- Aelita, qu'est-ce qui t'est arrivé ? Tout ce temps, j'ai cru que...
- Je ne sais pas, dit elle en baissant le regard. Après que j'ai été absorbée par XANA III, je me suis retrouvée dans un endroit clos, je ne voyais plus rien, je n'entendais plus rien... je ne pouvais presque plus penser. J'avais vraiment peur.
- Aelita, je suis tellement content que tu ailles bien... j'ai passé toute la nuit à chercher un moyen de te ramener, mais je n'y suis pas arrivé...
- Jérémy, c'est quand même grâce à toi si je suis là : depuis que j'avais disparue aux yeux de tout les monde, je n'ai pas arrêté de penser à toi, et à tout ce que tu m'as fait découvrir... ça m'a permis de tenir le coup.
Le coeur du petit prodige battait à tout rompre, la fille virtuelle avait un sourire heureux qui lui pendait aux lèvres et ne semblait pas vouloir s'en détacher. Jérémy prit alors une grande décision, il n'aurait peut être pas deux fois une telle chance.
- Aelita, j'ai quelque chose à te dire... à t'avouer, en fait...
- Dis moi !
- Non je... je préfère te le dire en face.
- ... j'ai repéré une Tour pas très loin de ma position !
- Je vais entrer la séquence de matérialisation maintenant, elle se mettra automatiquement en marche quand tu entreras le Code Terre... je vais aller t'attendre à la salle des scanners !
- D'accord ! A toute à l'heure !
Une fenêtre se ferma. Jérémy n'en revenait toujours pas qu'Aelita puisse être en bonne santé. Il était tellement ému et heureux qu'il n'avait pu poser qu'une seule question. En attendant qu'Aelita atteigne la Tour la plus proche, il fallait qu'il remette en ordre tous les fichiers qu'il avait failli effacer. Mais en faisant cela, il remarqua une énorme archive récente, ne datant pas plus de 2 heures. Cette archive évoquait la copie d'un très gros programme. Mais le langage numérique de ce document était tellement complexe que même Jérémy n'arrivait pas à le décrypter entièrement. Tout ce qu'il pu comprendre, c'est que cette archive concernait vraisemblablement Aelita.
En effet, Aelita n'était jamais revenue, mais grâce aux dernières données récupérées avant sa disparition, XANA avait ainsi pu recréer une entité virtuelle, un clone, exactement à l'image d'Aelita qui possédait également ses souvenirs. Jérémy ne compris pas tout de suite ce qui avait pu pousser XANA à faire une telle chose, mais c'était en fait, parfaitement logique : XANA savait qu'il allait être débranché, maintenant qu'Aelita n'existait plus. Il était trop affaibli pour lancer une attaque sur Terre. La seule chose qu'il pouvait faire était de se donner un sursis en gardant Aelita prisonnière comme il l'avait toujours fait, XANA était également une intelligence artificielle, dont l'autonomie était moins développée que celle d'Aelita, mais son instinct de survie était beaucoup plus avancé.
Cela ne changeait rien pour Jérémy. Cette Aelita là n'était peut être pas celle d'origine, mais les sentiments qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre était et resteraient authentiques. Il décida cependant de détruire cette archive, la fille virtuelle n'était pas encore prête à apprendre la vérité... et elle ne le serait peut être jamais.
Après avoir programmer la séquence de matérialisation, Jérémy saut de son siège et descendit en direction de la salle des scanners. Il se posta devant ce qui représentait les Portes de Lyoko, attendant avec une certaine anxiété de voir son Aelita. Il ignorait encore de quelle manière il allait déclarer ce qu'il avait sur le coeur depuis longtemps... quoi qu'il en soit, il était sûr qu'Aelita ressentait la même chose, même si elle ignorait peut être encore ce que cela voulait dire. Il n'attendit pas plus de 5 minutes, avant que le scan du milieu ne s'ouvre...
Personne dans ce monde ne pouvait savoir à présent de ce qu'il était advenu de l'autre Odd et de l'autre Sissi après que tout contact avec leur monde eut été à jamais rompu. Pourtant, quelque part dans l'univers, sous la lumière d'un astre qui se couchait, on pouvait apercevoir sur une planète reculée, à moitié dévastée, sortir d'un bâtiment à l'état de ruine, deux jeunes gens... se tenant la main.
FIN
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