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Histoire : Les chroniques du monde virtuel


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Écrite par L'anonyme le 24 septembre 2005 (69683 mots)

Dernière édition le 28 août 2012

EPISODE 1

XANADU

Chapitre un : Xana se réveille

Il faisait nuit au collège Kadic.
Alors qu’Odd dormait comme un loir, faisant peu de cas de la sublime cocotte en papier qui lui avait valu un zéro pointé en sciences, et empêchant ipso facto Ulrich de dormir de par ses ronflements, le réveil affichait deux heures du matin. En réalité, Odd Della Robbia avait développé à son maximum l’art de faire tout ce qu’il lui plaisait, et rien que ce qu’il lui plaisait. Il faut dire que dans une famille de six enfants, surtout quand on est le cadet, il faut savoir s’y prendre. Chacun à sa manière. Celle d’Odd étant « ne nuis pas à ton prochain, contente toi de l’ennuyer ». Ulrich ne se souvenait plus vraiment pourquoi il avait accepté de partager sa petite chambre avec un tel énergumène. En réalité, on ne lui avait pas donné le choix : le proviseur, à l’arrivée de Odd, l’avait mis d’office avec lui. Nul ne savait ce qu’il avait en tête à ce moment là, le caractère des deux jeunes gens transparaissant relativement bien dans leur apparence physique. Quant à Yumi était chez elle en train de se disputer avec son père à propos de ses…..fréquentations ; eh oui, tout le problème était là, pensait elle vraiment rassurer son père en avouant qu’elle était amoureuse ? Aurait-ce été mieux de lui annoncer qu’elle sauvait le monde une fois au moins par semaine ? Elle savait que non ; et cela avait le don de l’agacer, mais elle se faisait une raison. Peut-on vraiment reprocher à un père de ne pas être apte à comprendre que risquer sa vie n’est pas forcément mortellement dangereux, à fortiori étant donné que c’est faux ? Bref, tout ce petit monde vivait donc sa petite vie….excepté Jérémie qui n’arrivait pas à dormir, fixé à son écran en quête de la connaissance qui pourrait s’avérer être la clé de la disparition de Xana, et Aelita qui faisait toujours le même et mystérieux cauchemar qui s’approchait sans cesse de son terme. Le même petit bonhomme habillé en mauve courait dans la forêt, poursuivi par des loups. Arrivée à un cul de sac, l’elfe s’avouait vaincu. Il n’irait pas plus loin. Soudain, la meute formait une haie d’honneur pour laisser place au chef, un grand loup noir, deux fois plus gros que les autres. Dans ses yeux se dessinait une cible à quatre branches. Il avança, s’arrêta devant l’elfe…. Aelita se réveilla : il était minuit. Un frisson la parcourut : ne l’avait elle pas retrouvé, son pantin, ce Monsieur Pück ? Tout cela n’était il pas fini ? Apparemment non. Se rassurant peu à peu, elle se rendormit. Il lui restait forcément quelque chose à découvrir. Quelque chose qu’elle ignorait encore. Soit un secret qui la bouleverserait, soit une émanation de la puissance grandissante de Xana. Et quand l’on pensait au loup, ou plutôt à leur maître, du moins dans les cauchemars d’une jeune fille à la chevelure rose, on en aperçoit toujours les branches.
En effet, à l’usine, l’écran de contrôle du supercalculateur devint noir, l’holomap, toujours présente, affichait Carthage, l’immuable cinquième territoire qui flottait au milieu d’une gigantesque voute céleste prisonnière d’un soleil numérique. L’œil de Xana se dessinait…. Un scanner s’ouvrit dans un bruit mécanique, libérant une fumée blanche dans un sifflement gazeux, murmure de la menace approchante.
Chapitre deux : la fin du supercalculateur
Il est sept heures, lundi matin, l’heure de se réveiller pour de jeunes héros qui ont cours de chimie avec madame Hertz. Après le peu réjouissant cours sur la composition chimique des corps célestes, Jérémie eut à parler à ses amis. Quelque chose de plus réjouissant, à en croire l’expression que lui seul pouvait avoir après un cours avec Suzanne Hertz.
« J’ai réussi à l’isoler, le virus d’Aelita !!!
-vraiment ? Répondirent-ils, subjugués.
-Enfin, oui et non, je ne peux pas débarrasser Aelita du virus à l’heure actuelle. Mais je sais comment on peut accéder à l’antivirus.
-Qu’est ce qu’il faut faire ? demanda Aelita, impatiente.
-Il faut aller dans le cinquième territoire, au cœur de la sphère. Il y a un autre terminal avec une machine spécialisée dans laquelle Aelita devra se positionner.
-Mais comment est ce que tu sais tout ça ???? Odd était effaré
-Les données et archives du cinquième territoire se trouvaient dans les fichiers qu’ Aelita m’a téléchargé. Je sais pas vraiment pourquoi ni comment ça s’est retrouvé là, mais en tout cas, c’est une chance qu’il ne faut pas laisser passer. En tout cas, Xana ne nous la redonnera pas.
-Qu’est ce qu’on attend ???? »
Ils filèrent vers l’usine. De loin, on aurait pu croire à des enfants joyeux qui filaient vers une nouvelle aventure.
De derrière le préau, madame Hertz sortit : elle avait tout entendu. La peur se lisait sur son visage. Elle courut vers le bâtiment administratif. Un noir secret venait de traverser son regard, et était parvenu à un cerveau qui avait oublié une histoire vieille de dix ans, sans que ce soit profondément oubliable.
Sur Lyoko, les choses n’étaient pas plus joyeuses. Les lyokonautes venaient de couper le compte à rebours et une horde de rampants se ruait sur des combattants qui, manifestement, approchaient du but.
Flèches laser, triplicata, éventails, tout y passa. Les monstres se faisaient toujours plus nombreux. C’était un véritable calvaire, car la zone était bien gardée. Et Xana les attendait, comme toujours. Heureusement, la méduse n’était pas là pour les enquiquiner ; et Xana n’allait pas prendre le risque de détruire Aelita sans avoir découvert ce mystérieux secret qu’abritait la mémoire de la fillette. Cette méduse, sans qu’il le dise, inquiétait vraiment Jérémie. Et à vrai dire, ce que pouvait vouloir Xana l’intriguait plus que tout, ces dernières semaines. En effet, il ne voyait pas ce que pouvait vouloir Xana dans la mémoire de quelqu’un qui n’a pas de souvenir. Il préparait quelque chose. De plus…. Jérémie remarquait bien que Xana n’était pas comme avant. Il avait évolué. Ses actions n’étaient plus les mêmes, et semblaient avoir un but plus précis et plus meurtrier que jamais. A coup sûr, il voulait quelque chose, et s’il l’obtenait, c’était la fin.
Quelques couloirs plus loin, ils y étaient : c’était une salle immense, avec un ordinateur au milieu et une sorte de tour au fond. La bataille faisait rage. Dans un soupir qui traduit une certaine lassitude d’une impression de déjà vu, de déjà ressenti, et de déjà dit, Jérémie éleva la voix.
« Odd, plus que dix points de vie.
-toujours la même rengaine.
-Et maintenant, Einstein ?
-Aelita, jette un coup d’oeil, les autres, défendez la zone »
Aelita s’exécuta, Odd avait disparu, il était hors jeu. Aelita trouva le programme et le lança. Pour la première fois depuis ce jour où Jérémie et les autres lui annonçaient que l’après midi suivant, elle serait sur Terre, il y avait une lueur d’espoir dans ses yeux. Elle s’installa dans la tour sur laquelle les monstres firent immédiatement feu. A priori, Xana se sentait en danger, et il faisait la dernière chose qu’il pouvait : isoler la tour de son destin. Yumi, désormais seule sur le ring, Ulrich ayant disparu, tenta de les retenir. Jérémie lançait la matérialisation et l’antivirus ; et dans un faux bruit propre à un monde dans lequel il n’y a pas d’air, la tour s’effondra, pendant qu’Aelita disparaissait. La tour tomba. Mais c’était fini.
« Jérémie, ou est Aelita ?
- Elle est avec nous, il s’en est fallu de peu, tu peux revenir »
Yumi, cible de tous les tirs, ne mit pas longtemps à s’exécuter aussi passivement que possible. Et tandis que les filles sortaient des scanners, l’heure était à la catastrophe au collège, où l’on délibérait sur une situation dans laquelle aucun être humain n’aurait envisagé de se trouver.

« Qu’est ce que vous dites ?
-J’ai bien peur, monsieur Delmas que le secret de ce collège ainsi que celui de Stern, de Della Robbia, de stones et d’Ishiyama n’en soit plus un.
-Nooooon, vous voulez parler de…
-De l’aberration technologique qui règne ici, précisément monsieur. Je les ai entendus, mais qu’est ce qu’ils peuvent bien faire avec cette horreur ?
-Le professeur Hopper nous avait certifié que tout cela était fini. Nous ne pouvons prévenir les autorités, c’est trop dangereux, il serait trop tard…. ».

A l’usine, l’heure était à la joie extrême. Aelita n’avait plus de virus, le supercalculateur pouvait être débranché en toute sécurité. Et le cauchemar arrivait enfin à son terme, après plus d’un an de souffrances.
Il était l’heure d’aller en cours. Ils le feraient le soir même. Xana ne pourrait rien faire, la tour de son territoire était bousillée pour un bon moment.
« Faut dire qu’on lui a mis sa pâtée, à Xana ! ».
Odd avait toujours le mot pour rire.
« C’est vrai, sur ce coup là, chapeau, vous avez assuré !
-Doit être mort de trouille, le Xana.
-C’est clair ».
Hilares, les enfants quittaient l’usine, étrangement heureux avant le prochain cours de Mathématiques qui s’annonçait…. Epicé.
Chapitre trois : retour de flamme
L’ultime victoire sur Xana dûment (bien que tristement lugubrement : collège oblige) fêtée, il était dix huit heures, nos amis retournèrent pour la dernière fois à l’usine. Salle de l’unité centrale du supercalculateur. Au dessus, l’ordinateur géant affichait l’œil de Xana, tristement conscient de son apparent destin.
Les scanners resteraient dans l’usine pour l’éternité, reliés à un ordinateur endormi qu’à présent seul dérangerait un silence de plomb… Mais tout cela n’avait aucune importance pour quatre collégiens qui écoutaient Jérémie répéter l’immuable discours, agrémenté de « petits » rajouts.
« Xana, tu nous en a fait baver, tu as menacé le monde, et manqué de tous nous tuer. Mais grâce à toi, on a connu Aelita, et au fond, peut être avais tu été programmé pour ça. Alors bye, et sans rancune »…
Au collège, en ce moment même, réunion au sommet. Jim, Madame Hertz et le proviseur Delmas étaient réunis pour une capitale délibération. Le proviseur, tout comme le professeur de sciences physiques, était encore tourmenté d’une révélation. Celle d’un souvenir perdu depuis un jour d’été de 1994. Et à présent qu’il se souvenait, il avait, en bon directeur qu’il était, convoqué Jim Moralès en sa qualité de surveillant dans son bureau, afin de lui faire part de ses craintes, car il n’y avait que lui, le surveillant, qui puisse vraiment faire quelque chose d’actif pour ou contre cinq collégiens dont la vie était en danger.
Le surveillant, Jim, accessoirement professeur d’éducation physique, les surveillait depuis longtemps, à vrai dire, ces enfants. Mais jamais il n’aurait pu imaginer, ni même croire ce que Jean-Pierre Delmas allait lui dire, si ce n’était pas Jean-Pierre Delmas lui-même qui le lui avait dit.
« Mon bon Jim, l’heure est plus grave que nous ne le pensions. Les enfants que vous surveillés sans cesse ont trouvé le supercalculateur.
-Le quoi ?
-Le supercalculateur, continua madame Hertz, a été conçu il y a quinze ans par un ancien professeur du collège, le professeur Franz Hopper. Lui et son collaborateur Waldo Schaeffer ont conçu cet ordinateur quantique pour produire une énergie non polluante en utilisant les fluctuations défectueuses de la quatrième dimension de l’espace-temps, provoquant des incohérences temporelles et faisant ainsi augmenter la puissance de l’ordinateur.
Un tel ordinateur n’est pas difficile à fabriquer quand on réussit, comme Franz, à créer le programme souche. Ce programme fut nommé Xanadu, d’abréviation X.A.N.A : eXtensed wAy of National Approvisation : voie d’extension de l’approvisation nationale (en énergie).
Enfin bref, Hopper avait une fille. Elle est morte à l’age de treize ans d’une maladie inconnue. Hopper eut alors une idée folle. Il changea entièrement les fonctionnalités de son supercalculateur, qui devint régent d’une réalité virtuelle, comme un jeu vidéo, en plus sophistiqué. Il construisit des scanographes en trois dimensions. Pour scanner toutes les parties du corps humain. A cette époque, si la mémoire ne m’abuse, il étudiait la biologie nerveuse, il s’exilait dans la propriété qu’il possède non loin de là….
Le fait est qu’il scanna le corps de sa défunte fille et, à partir de la matrice du monde virtuel, qu’il baptisa Lyoko, de faire repartir son cerveau virtualisé de ce fait, et de la faire revivre dans ce monde. Peut être Franz avait il découvert le secret, peut être…. ».

Ca y est, Jérémie allait tirer le levier, et Aelita ne s’était jamais sentie aussi bien. Inconsciemment, Ulrich et Yumi se tenaient par la main, Odd rigolait à l’arrière ; il y avait de quoi. Ces deux là, pensait il, ils ne se l’avoueraient jamais….. Une petite traction sur le levier…les lumières baissaient, l’œil de Xana s’estompa peu à peu pour ne laisser place qu’à la sombre noirceur de l’écran éteint. L’anxiété régnait maintenant ; était ce vraiment terminé ? Apparemment, oui. L’holomap disparût, le bruit ambiant s’arrêta. C’était fini. Réjouis, les enfants rentraient soit au collège, Yumi, chez elle, et personne ne se rendit compte de leur escapade nocturne. Les jeunes héros redeviendraient ces espiègles adolescents dont ils rêvaient depuis si longtemps de retrouver l’identité.

« …Et ainsi à t’il confié à Xana la mission temporaire de protéger le supercalculateur. Nous rendant compte des mystérieuses virées nocturnes du professeur, nous l’avons suivi jusqu’à l’usine, et nous l’avons vu…. Nous étions stupéfaits et épouvantés. Nous sommes retournés dans la rue, il nous a tout expliqué. Il nous a ensuite juré que nous n’entendrions plus parler de cela, nous étions soulagés. Franz repartit chez lui, nous ne l’avons plus jamais revu.
-Pourquoi ne rien m’avoir dit ? demanda Jim, sous le choc.
-Nous pensions que cela était fini….nous devions garder le secret.
-Vous auriez dû prévenir la police…
-C’était trop dangereux, dit le proviseur, nous ne pouvions plus entrer, l’ascenseur était bloqué. Nous ne savions pas si la fille était toujours prisonnière de Lyoko. Mais maintenant, nous nous en doutons….. »

Euphorisés par la conclusion de leur extraordinaire aventure, nos amis dormaient profondément.
Ils étaient loin de se douter que leur sentiment de bien être allait bientôt prendre fin. La cruauté de la vie le voulait ; le bonheur se méritait, et a priori mieux que cela. Ainsi allait le monde, le bonheur avait un prix, et ce prix s’appelait Xana.
Car à l’usine, un homme encapuchonné descendait vers la salle de l’unité centrale. Sa main livide sortit d’un pan de son manteau et se dirigea vers le levier.
Toujours furtivement, il descendit vers le supercalculateur et s’installa sur le siège. Il pianota sur les touches du clavier.
Le supercalculateur affichait de nouveau l’holomap et l’homme fit apparaître les programmes afin de les réactiver. Lyoko était de nouveau en service. Manifestement, la machinerie n’avait apparemment subi aucune séquelle irréparable. Le lendemain serait une dure journée. Et la désillusion risquait d’être plus rude encore.
Chapitre quatre:les bons, la meute et le programme
Sept heures du matin, nous sommes lundi… « Aujourd’hui, jour de sortie, cria madame Hertz. Vous allez aller dans la forêt faire de nouveaux croquis, les résultats de la dernière fois n’étaient pas très concluants, surtout pour vous, Elisabeth, ne me décevez pas, vous agirez par binômes, moi, j’ai….des affaires à régler ».
Cette fois ci, Ulrich put faire équipe avec Yumi, au grand désarroi de William qui, sur de lui, ne perdait pourtant pas espoir. Ah, ce William, il serait toujours en travers de leur route. Loin d’être méchant, William était l’archétype de l’adolescent collant, mais dont la technique est généralement probante. Pas avec Yumi. Elle, ce qu’il lui faillait, c’était l’opposé. Il lui fallait quelqu’un comme… Ulrich. Ca, William Dunbar commençait à l’entrevoir, mais il persévérait. Odd, fainéant invétéré, devait faire -au vœu de la prof de sciences naturelles- équipe avec Jérémie, qui allait laisser Aelita seule.
« Bon, y a qu’a faire comme la dernière fois, c’est pas difficile, pensa t’elle ».
Ainsi s’enfonça t’elle, sereinement mais prudemment, dans la forêt, sur le chemin de l’Ermitage, où elle était déjà allée par le passé. Elle eut comme un mauvais pressentiment, ce lieu ressemblait tellement à son rêve….Soudain, un craquement de bois à gauche, un grognement à droite, des pas sur les feuilles ; Aelita crut être en train de rêver.
Réalisant ce qui était en train de lui arriver, elle prit son courage à deux mains…. Et ses jambes à son cou. Dans une course effrénée, elle ne put se retourner qu’au bout d’une minute, lorsqu’elle ne sentait plus ses jambes, et qu’elle n’entendait plus rien.
Elle ne se trompait pas, elle était poursuivie par des loups. Elle se souvint alors de la suite de son rêve et eut une frayeur, qui prit fondement puisqu’elle arrivait à un cul de sac. Elle s’arrêta, effrayée….
Impossible, les loups s’arrêtaient et se mirent en lignes. C’était impossible, ça ne pouvait pas être vrai. Sans doute, elle rêvait…et pourtant non ; ils formaient bel et bien une haie d’honneur. Alors le grand loup allait apparaître, il allait la dévorer….C’était la fin, elle allait mourir…Quelle ignominie ; décidément, elle n’aurait jamais vécu en paix, sa vie avec Jérémie, c’était fichu…. Or, ce ne fut pas un loup qui apparut, mais bien un homme.
Cet homme, de haute stature, portait un long manteau à capuche qui dissimulait un visage de vieil homme, aux cheveux rares et gris et aux rides typiques de l’octogénaire en bonne santé. On n’aurait pu vraiment dire si il était gros ou mince ; ses manches descendaient jusqu’au chevilles, et une cape l’enveloppait à moitié. A part cette excentricité, non, décidément il n’avait rien de particulier.
Pourtant, il y avait quelque chose d’indescriptible sur son visage qui le rendait horrible, sans qu’on puisse trouver quoi que ce soit d’anormal, quelque chose qui traduisait comme une profonde haine, tellement profonde qu’elle apparaissait comme une évidence sur son visage. Et pourtant il souriait, d’un rire jovial et vrai, mais il y avait cette chose….c’était insupportablement laid.
Contre toute attente, l’homme des loups parla.
« Aelita –sa voix était froide et grave, comme dépourvue d’humanité- nous nous rencontrons enfin.
-c c comment ??
-Allons, ne fais pas l’innocente, ça ne te sied pas le moins du monde. Je suis là pour toi et tu le sais »
Il ordonna à ses loups d’un geste de la main de se retirer. Nos héros, ayant entendu le bruit, accouraient, haletant, ayant reconnu la voix d’Aelita.
« Et les enfants qui résistent depuis si longtemps.
-Qui êtes vous ? demanda nerveusement Jérémie
-Je suis le passé et l’avenir de ce monde qui m’appartient. La puissance technologique de cette région me permettra de mettre ce monde à feux et à sang et vous seuls m’en empêchez.
-Vous avez échoué monsieur le mégalo, on a tout débranché. Xana est réduit à néant désormais, dit Odd, fier de sa phrase qu’il estimait parfaite, vous ne l’utiliserez jamais.
-l’utiliser, pour quoi faire ? C’est moi Xana.»

Ce n’était pas vrai, il mentait, c’était impossible, ils l’avaient débranché, il était hors service, et pourtant, cet homme ne mentait pas, du moins, on le comprenait dans ses propos ; et c’était trop injuste...
Xana approchait, son sourire s’estompa pour donner place à la colère, il semblait grandir, il était affreux, et il allait les tuer.
« Les enfants, que se passe t’il, qui est cet homme ? »
C’était Jim, suivi de madame Hertz et du proviseur. Ils revenaient de l’Ermitage car Jim avait entendu du bruit, ils trottaient.
Xana approchait les enfants, il allait comme leur jeter un sort, il levait les mains. C’était sans compter Jim. Non pas que ce dernier fut un super héros qui s’ignorait, mais Jim était engagé pour protéger les élèves. Il mit de côté sa balourdise naturelle et, dans un élan de courage, il fit abstraction de l’aspect devenu monstrueux de l’homme et se rua sur lui.
Xana tomba à terre, mais, sans faire le moindre geste apparent, il expédia Jim sur une souche, sous le regard effrayé des adultes qui comprenaient –bien que partiellement- la situation.
Saisi d’une colère noire, Xana fit venir un grand loup noir, épais et féroce, monta sur son dos et fuit à travers les bois.
Chapitre cinq: le supercalculateur
Une petit explication s’imposait : enfants et adultes se regardaient. L’heure n’était plus au secret, ils se dirent tout. Les enfants racontèrent comment le supercalculateur leur était apparu, comment durant plus d’un an ils tinrent tête à Xana sans que personne n’en sache rien et comment Aelita avait été matérialisée.
« A ce propos, dit Jérémie, ça n’a pas été de la tarte. Défragmenter la matrice inertielle, ça ne suffisait pas. Il a fallu que je recompile toute les corrélations ADN et que je vérifie le fonctionnement de la production de l’ARN par simulation de métabolisme et de division cellulaire. »
Jim n’avait rien compris, le proviseur non plus ; même madame Hertz, qui hochait la tête, avait du mal à comprendre.
« C’est pas si difficile, quand on a le truc. »
Et les adultes racontaient l’histoire du malheureux Franz Hopper. Les adultes ne semblaient pas surpris du statut d’Aelita, maintenant qu’ils le disaient, c’est vrai qu’elle avait cet aspect là quand elle était morte. En réalité, c’était du pinaillage. Ils n’avaient aperçu Aelita qu’une seule fois, et encore, de loin. Et à ce moment là, elle semblait bien vivante, sur sa bicyclette. Aelita, en revanche, fut très surprise et même choquée d’apprendre qu’elle était morte. Imaginez vous, un jour, on vous apprend que vous êtres la reproduction synthétique de quelqu’un qui a vécu avant vous. Mais Aelita s’en accommodait. Après tout, ça avait été elle, et se serait toujours elle.
A vrai dire, ils furent tous très étonnés, enfin, pour des gens qui ont coutume de découvrir des révélations tous les jours…
Mais l’heure n’était pas au bavardage, ils devaient piéger Xana. Tout leur apparut très simple à présent, Xana allait retourner sur Lyoko, il fallait débrancher le supercalculateur quand il serait dedans.
Non loin de là se trouvait la voiture de Madame Hertz. En quelques minutes, ils étaient à l’usine. Ils descendaient à la salle des scanners, Xana était dedans, un sourire narquois aux lèvres, la porte se refermait. Il était sur Lyoko.
« Vite, débranchons le !!! Jim parlait avec foi, bien qu’il ne comprît que peu ce qu’il se passait. Pas qu’il soit vraiment stupide, mais cela, dans l’état actuel des choses le dépassait un peu.
-Non. Tout apparut clair aux yeux de monsieur Delmas, c’est peut être un leurre !
-C’est vrai !!! -Jérémie acquiesçait-. Qui nous prouve que nous avons vraiment détruit le virus… Il concerne peut être Xana, pas le supercalculateur…. Il était donc parmi nous depuis Dimanche soir….
-Si je comprends bien, dit madame Hertz, déjouer le plan de Xana nous coûterait nos souvenirs ?
-Ce n’est pas grave, vous devez le faire, et puis, c’est mieux comme ça : un proviseur comme moi ne saurait volontairement cacher l’existence d’un tel danger »
Tout le monde était d’accord, il fallait trouver la tour activée et la désactiver, tout rentrerait dans l’ordre.
Ce fut vite fait, elle était dans la forêt, Jérémie se lamenta de ne l’avoir point vue. Lyoko avait subi une procédure d’extinction simplifiée, mise de toutes pièces en place par Xana. Ca, maintenant, Jérémie le comprenait. Il avait été berné
Les enfants étaient sur Lyoko, près de la tour. Ils la voyaient à présent. Mais elle n’était pas gardée par des monstres, mais par Xana lui-même et sa méduse derrière lui. Sur l’écran de contrôle s’affichaient quatre fiches, celles d’Odd, d’Ulrich et de Yumi contre celle de Xana, symbolisée par l’œil en cible de celui-ci. Xana levait les mains, une foudre verte sortit, dans un hurlement d’outre tombe propre à une foudre se propageant dans un monde sans air. Odd était hors jeu. La méduse fonçait vers Aelita. Yumi la retarda en lui envoyant son éventail.
Elle était hors jeu, Xana était derrière. Ulrich dégaina son sabre. Contre toute attente, il ne visa pas Xana, il fit fuir une méduse sérieusement endommagée par un bon coup bien ajusté dans la cible.
« Tant pis, l’frai moi-même ! ».
Et Xana, ayant d’un coup perdu son calme apparent, soulevait Aelita, un rayon rouge les reliait. Mais Ulrich était là, il fractura le rayon de son sabre.
Xana sortit le sien, la lame était noire. Aelita courait. Un duel s’engagea entre Xana et Ulrich dont les sabres crépitaient. Et durant quelques minutes, le duel se poursuivit, et au terme, Xana s’avéra le plus fort, et Ulrich disparut.
C’était fini. Xana avait gagné, il soulevait Aelita à distance, le rayon rouge réapparaissait….
« CODE : SCIPIO ».
Remarquablement intelligent, Jérémie avait envisagé la possibilité que Xana ne résiste pas à la sphère.
Elle apparût. C’est enveloppé d’une intense lumière blanche que la voix glacée s’écria. « NOOOOOOOOOOOOOOOOON ».
Aelita entrait dans la tour CODE : LYOKO. « Tour désactivée ».
Jérémie, soulagé, pianota sur le clavier, et annonça nonchalamment, quoique avec un ton mêlant soulagement et déception : « Retour vers le passé ».
Epilogue
Il est sept heures, lundi matin, l’heure de se réveiller pour nos héros qui ont cours de chimie avec madame Hertz. Après le peu réjouissant cours sur la composition chimique des corps célestes, Jérémie eut à parler à ses amis. Quelque chose de peu réjouissant, visiblement. Car il était inhabituel de voir Jérémie Belpois sortir du cours de Suzanne Hertz avec une mine si abattue
« Alors, ça se termine comme ça…
-Et de nouveaux mystères à résoudre. Qu’est il advenu du professeur, pourquoi Xana veut il détruire l’humanité….
-Au moins, on ne s’ennuie pas…
-Ouais… »
Yumi aperçut madame Hertz
« C’est vrai que c’est passionnant le cluédo par ordinateur, on continuera la partie dimanche prochain ! »
Personne ne comprît. Ils se retirèrent, mélancoliques.
Madame Hertz était soulagée, elle imaginait des horreurs…
Mais elle avait raison, Xana était toujours là et plus puissant que jamais. Nos héros devaient s’armer de tout le courage qu’il leur restait pour les jours, et les épreuves, à venir.

FIN

EPISODE 2

Ces sales gamins

Chapitre un : le souvenir de Xana
Ca allait mal à Carthage ; un nouvel échec à encaisser pour Xana, et inutile de dire que cela ne lui plaisait guère. Il faut dire que lorsqu’on est un programme informatique, on supporte mal les erreurs de calcul. Xana attendait le rapport ; il fallait qu’il soit positif, il devait être positif, une note de satisfaction ne ferait de mal à personne.
Sur ces entrefaites vint le vieil homme. Il paraissait à la fois soumis et enragé. Il faut dire qu’ils lui en avaient fait baver, ces sales gosses. Tout de même, se faire expédier au tapis par une sphère blanche. C’est qu’ils étaient malins, ces sales gosses, ils le savaient, que Lyoko avait ses règles que nul ne pouvait transgresser.
Il arrivait au beau milieu de la sphère Carthaginoise, il entra, la porte se referma.
« Quelles sont les nouvelles ?
-J’ai échoué, mon seigneur, je n’ai pu rivaliser, répondit le vieil homme, à présent entièrement soumis ; néanmoins, il y a un point positif, mon suzerain, ils y ont cru, ils croient que c’est moi, votre plan à fonctionné.
-Bien, laissez moi. ».
Et le vieil homme partit. Xana réfléchissait, comme un programme réfléchit, à une vitesse immesurable, pourtant, ayant toute sa « vie » côtoyé des humains, il en ressentait les sentiments, à la longue. Oui, Xana enrageait vraiment. Elle lui avait coûté la carrosserie de l’unité centrale, cette attaque, il faudrait tout recommencer. A quoi bon le renvoyer sur terre, il avait échoué, il échouerait encore. Heureusement, le retour vers le passé lui avait donné plus de puissance... Mais il voulait plus. Elle en savait trop, ça, il le savait. Ce qu’il ne savait pas, c’est de quoi il s’agissait, et il devait le découvrir. Plus de méduse. Il ne savait trop que faire : en recréer une ? Tenter autre chose ?
Il réfléchissait...et il se souvenait. Ses attaques, il les avait lancé bien avant la venue au monde de ces enfants. Aelita avait toujours été là pour le contrer. Il faut dire qu’à l’époque, il n’avait pas grand-chose. Un kankrelat par ci, un frolion par là...rien de bien concret....quand vinrent ces mômes. Oh, ceux là, il les avait vu venir. Il n’avait pas bien compris lui-même d’ailleurs ; c’était -ça il l’avait compris- une sortie en ville accordée exceptionnellement aux élèves. Ces quatre gamins étaient ce qu’ils appelaient « copains comme cochons », ils voulaient être « seuls ». Manifestement, un petite fille sournoise pourchassait le « leader » de la bande....une vraie petite chipie. Ils ont vu ce gros bâtiment qui renfermait son supercalculateur. Il ne leur a pas fallu bien longtemps pour aller en sous sol. Maudit soit ce garçon à écrans portatifs, pensa t’il. Il était vraiment trop curieux. Oh, il est bien certain qu’il l’aurait vaincue, à la longue, son Aelita ; à force de retours vers le passé, il avait déjà les plans de sa nouvelle invention, le Block, il l’aurait vaincue. Mais non, il fallait qu’ils s’en mêlent. Ce « Jérémie », c’était tout de même un génie informatique, comme l’était le créateur ; il ne lui avait pas fallu longtemps pour entrer en contact avec la fillette. Ils en faisaient, des têtes -Xana riait, maintenant-...Mais elle leur a raconté, et ils l’ont crue. Maintenant, il comprenait pourquoi ; il l’avait étudié, le comportement humain, et il le savait à présent : on est prêt à tout croire, quand on est face à quelque chose de « surnaturel », quand on est humain. Pourtant, qu’est ce pour eux que le surnaturel ? Ca, il ne le comprenait pas, les humains croyaient en un Dieu protecteur, mais ils ne croyaient pas à la science de l’informatique approfondie. C’était curieux. Elle leur a expliqué comment ça marchait, et, après ce qui semblait être deux jours, pour ces créatures faibles et stupides, ils y étaient. Non, c’était son territoire, ils ne pouvaient venir là en toute impunité, ils devaient être châtiés. Ces maudits gamins..... Il leur avait envoyé trois Kankrelats. Tous détruits. Ils étaient fort, décidément, ces gamins ; tant que Xana se demandait si ils n’avaient pas suivi un entraînement préparatoire. Ceci le poussa à mieux étudier le monde humain. Il n’y croyait pas : un des garçons, qui manifestement répondait au nom d’Ulrich, s’entraînait à faire la guerre.... Et il y prenait du « plaisir », ça n’était pas croyable. De toute façon, pour un programme informatique, qu’était ce donc, que le « plaisir » ? L’action de sourire, pensait il.... Et cela lui suffisait, ainsi, il croyait pouvoir savoir quand quelqu’un était heureux ou pas. Il poursuivit la jeune fille, la plus âgée du groupe, « Yumi », apparemment jusque « chez elle ». Alors là, il ne comprenait plus. Pourquoi avait elle une grande maison pour quatre personnes alors que les autres étaient entassés comme du gibier dans ce qu’ils appelaient « collège » ? C’était sans importance, ça ne l’aiderait pas à en savoir plus. Oh, mais qui voila donc ? Un petit garçon, plus jeune. Il avait un petit ordinateur dans la main. Sur l’écran s’affichaient une dizaine de personnages, qui se faisaient détruire tour à tour par un autre personnage en bas de l’écran ; un peu comme ces sales gamins l’avaient fait chez lui. Il souriait. Il était heureux.... IL JOUAIT. Ah, comment donc ? Ainsi, ils croyaient que c’était un jeu ? Bande de petits inconscients. Il allait leur montrer ce que c’était que Lyoko, il les tuerait, pour l’avoir sous estimé. Le nouveau programme, le block, était prêt ; Aelita serait impuissante, il allait tous les vaincre. Alors ils comprendraient, et il serait trop tard.
Chapitre deux : Xana passe à l’attaque
Il fallait qu’il frappe fort, mais Xana ne connaissait que très peu de choses sur ces humains. Il devait en savoir plus. En fait, il se serait avéré que ce « collège » était un lieu d’études. Les jeunes humains y étaient toute la journée, ils y apprenaient en quatre ans ce que Xana avait acquis en une minute. Oui, décidément, les humains étaient primitifs..... Mis à part ce Jérémie, qui semblait avoir un don ; il pourrait représenter une menace pour lui. Il regarda alentour, histoire de voir s’il n’y avait pas quelque chose de dangereux, qui pourrait simplifier son affaire. Il vit alors des enfants qui « jouaient » avec une balle et un bâton, ils appelaient ça Baseball, les bâtons étaient en métal ; avec un peu de chance, par électromagnétisme, ça pourrait donner quelque chose...... Surtout avec ces balles de plomb qu’ils s’amusaient à lancer le plus loin possible, quelques mètres plus loin.... Il avait son idée.
La journée durant, Xana observa ces sales gamins vivre joyeusement, dans l’attente du moment venu. Finalement, il jugea bon d’attendre la nuit pour attaquer ; il les assassinerait dans leur sommeil.
Le soir, au moment du couvre feu, il envoya une poignée de Kankrelats, cinq frôlions et trois blocks dans un des quatre territoires de lyoko, celui de la forêt. Il les envoya se poster devant une tour à découvert ; avec la certitude qu’Aelita sentirait les pulsations telluriques que cela occasionnait, et qu’elle serait rapidement dépassée par le nombre de monstres qu’il avait envoyé en ces lieux. Il était temps de commencer le massacre. Il devait faire vite, des fois qu’Aelita réussisse à désactiver la tour, il fallait qu’ils soient déjà morts, ce qu’un retour vers le passé ne réparerait pas. Cela constituait d’ailleurs un grand avantage pour lui, car ils l’ignoraient.
Un spectre, vague électromagnétique contrôlée par le supercalculateur, fut envoyé sur terre, dans la remise à matériel de sport, pour prendre le contrôle de ces engins de mort qui, il en était sur, feraient peu de cas du frêle squelette des ces odieuses créatures. Cette petite armée métallique réunie, il fallait maintenant passer à l’acte. Par malheur, ces ustensiles de torture faisaient trop de bruit, ce qui eut pour effet de réveiller le surveillant, « l’infatigable Jim », un homme bourru et bestial, tant et si bien que l’on comprenait immédiatement pourquoi il était à ce poste.
Mais Xana n’avait pas dit son dernier mot : une batte de baseball se cacha derrière une porte et assomma Jim lorsque celui-ci passa à portée. Les élèves, ayant entendu le vacarme sortirent de leurs dortoirs et, apeurés, découvraient le triste spectacle : des battes de baseball et des poids qui lévitaient, en quête de proies. Soudain, Ulrich et Odd apparurent. Xana tenait sa cible. Un poids vola à pleine vitesse en direction d’Ulrich, s’écrasa dans le mur, qui s’effondra à moitié. Le garçon avait décidément des réflexes fulgurants. Ils allèrent à toutes jambes réveiller Jérémie, essuyant les assauts consécutifs de trois battes et de cinq poids. Les trois garçons coururent, tentant d’échapper à ce paradoxe gravitationnel qui pourrait leur coûter la vie. Ils erraient sans but dans la cour de récréation, essayant de se cacher derrière les colonnes du préau afin d’échapper aux sphères de la mort et aux épées polies, lorsque Odd -une fois n’est pas coutume- réalisa soudain ce qui était en train de leur arriver. En effet, il ne fallait pas être un génie pour le déterminer, c’était loin d’être une coïncidence si il leur arrivait malheur surnaturel seulement un jour et demi après avoir découvert un ordinateur géant. En fait, il se méprenait, ce genre de « malheur surnaturel » lui était déjà arrivé un bon millier de fois, simplement, comment voulez vous déduire de ce genre de phénomène qu’il a été commandité par un supercalculateur dans une usine désaffectée en quête de sécurité ? En réalité, le retour vers le passé était toujours survenu à temps, au grand dam de Xana. Jamais personne ne s’était souvenu de rien, mis à part Xana et Aelita. Pourquoi ? Il faut dire que Xana était dans un territoire protégé de Lyoko ou le retour vers le passé n’a pas cours. Pour Aelita, il ne le savait pas, et ça lui avait toujours torturé l’esprit. Et maintenant qu’il se reconsidère, en quête d’idée, cela le torture toujours. Comment faisait elle ? Elle devait avoir des informations à propos de Lyoko que lui-même ignorait.... La n’était pas la question pour le moment ; les enfants se préparaient physiquement à rejoindre l’usine, ils devraient courir. Soudain, émergeant d’un buisson, une créature noire avec des oreilles pointues, qu’Odd appelait « chat » traversa la cour, sur la trajectoire d’une batte perdue, qui visait Jérémie. Le chat fut frappé de plein fouet à la tête, ce qui eut le mérite de retirer à Odd son habituel sourire : le chat était mort. A priori, Odd « aime » les chats. Mais qu’est ce donc qu’aimer ? Ca, même en fréquentant des humains toute sa vie, Xana ne l’avait toujours pas compris ; et il pensait à juste titre que là était sa faille : c’est pour ça qu’il échoue, il ne comprend manifestement pas les humains suffisamment pour les manipuler....Et c’était le but de cette réflexion soudaine aux évènements qui s’étaient produits depuis sa rencontre avec les humains : il voulait comprendre ces sentiments humains qu’il ne pouvait ressentir. Il peut, à la longue, certes, ressentir la haine et le mépris, mais « l’amitié », « l’amour », nada.
Enfin ; La joyeuse équipe des gringalets en couches culottes pressaient le pas vers son usine- Odd ayant repris ses esprits-, ayant bien pris le soin de prévenir la jeune pimbêche, Yumi, qui se hâtait également.
Mais ça, Xana l’avait prévu ; ils iraient sur Lyoko, ils seraient détruits par les monstres avec Aelita par-dessus le marché..... Tiens, tiens, c’est vrai cela : elle n’avait plus donné signe de vie depuis le début de l’attaque. Elle devait se cacher quelque part derrière un élément du décor.... C’était le cas ; et ce n’était pas grave, les monstres les tueraient tous en même temps. Comme il l’avait prévu, Jérémie entra en contact avec Aelita, qui, comme il l’avait prévu, leur indiqua les coordonnées de la tour. Comme il l’avait prévu, ils se positionnèrent dans les scanographes. Ils étaient arrivés, et ils étaient attendus. Voilà qui n’était pas banal, il fallait voir leur allure frénétique de combattants ; un « fine équipe » composée d’une fille maquillée en blanc, manipulant un éventail, un garçon en jaune et orange manipulant une épée à lame bleue, et un homme chat qui lançait des projectiles triangulaires ; en moins de deux, plus de Kankrelat. Aelita demeurait cachée, elle semblait « inquiète » pour ses nouveaux « amis ». Soudain, les blocks firent feu sur Odd ; en principe, il ne lui restait que dix points de vie. Ca n’était pas très prudent de sa part. Il envoya quelques flèches en direction des frôlions, en détruisant deux au passage. Un Block blessa Ulrich, qui contre attaqua. Il le manqua... de peu. Il fallait l’avouer, ces enfants étaient forts, très forts. Et avec la pratique, ils devenaient de plus en plus dangereux, ce n’était donc pas la bonne solution d’essayer de les détruire ouvertement avec de grandes attaques à démolition. Ca, Xana le comprenait, maintenant ; ce qui lui manquait, c’était une bonne idée, et il fallait qu’elle soit efficace et originale. Le fait est que, un block détruit par Yumi, un frôlion atteignit Odd en plein ventre. Ca y est, il avait gagné !!! Il avait détruit un de ces sales gamins. Maintenant, il fallait détruire les autres. Après, il tuerait tous les témoins de l’acte, et, après avoir levé une armée de balles et de battes, il s’en irait détruire l’humanité, de là, il pourrait entrer en possession d’armes plus dangereuses, de bombes ou de fusils, et il ferait un carnage, personne ne l’en empêcherait. Mais.... Quoi ???? Non, c’était impossible ! Au désespoir de Xana s’ouvrit un scanographe et Odd, le réel, en sortit, effrayé et essoufflé ; Il n’était pas mort. Il était stupide de ne pas y avoir pensé ; Xana aurait du se douter que, son monde n’étant qu’une simulation, il ne pouvait y supprimer ceux qui n’en dépendaient pas. Le seul moyen maintenant était de précipiter ceux qui étaient encore sur lyoko dans la mer numérique, ce vaste océan de données assez épais pour reformater entièrement un programme..... Mais il n’était déjà plus temps. Ulrich détruisit deux Blocks et Yumi, les trois frôlions qui restaient. Aelita sortit de sa cachette, courut vers la tour, et tandis que ses amis disparaissaient, elle entrait le code qui permettait de désactiver la tour, provoquant un retour vers le passé. De là où il était, Xana pouvait voir la grande sphère blanche qui englobait le monde....
Chapitre trois : les humains et le plan de Xana
Il n’y croyait pas, il avait échoué une fois de plus.... Ces sales gamins, sans eux, les Blocks se seraient occupés d’Aelita, il ne lui aurait pas fallu longtemps pour rayer l’humanité de la surface de la terre. Mais il y avait pire encore : ils se souvenaient. Ils se souvenaient de tout.... Et c’était sûrement à cause d’Aelita..... Comment faisait elle, c’était impossible, COMMENT ?
Les enfants avaient retrouvé le corps du chat noir, dans un bain de sang coagulé. On avait déjà retrouvé des animaux morts de causes inconnues dans l’enceinte du collège, ça n’avait jamais gêné Xana, mais là, ces sales gosses avaient tout compris. On ne revient pas à la vie après un retour vers le passé. Il envisageait le pire : bientôt, des hommes en bleu viendraient, ils trouveraient le supercalculateur serait débranché, s’en serait terminé, le but de sa vie serait détruit avec lui. Par chance cela n’arriva pas. Là non plus, Xana n’avait pas bien compris ; à priori, ça il le savait, Aelita périrait avec lui ; mais pour une raison qu’il ignorait, ces enfants feraient passer la vie de leur amie avant la sécurité de leur planète, ce qui n’était pas logique. En réalité, ça n’avait rien de logique, c’était purement humain, mais qu’est ce que vous voulez qu’un programme comprenne quelque chose qui n’est pas logique. Encore, Xana avait de la chance, il avait été conçu pour avoir la capacité d’apprendre ce qu’il voyait et de le retenir, et, maintenant, avec le recul, il finissait par avoir un début de raisonnement ; pour lui, ça devait venir de l’amitié. Mais il ne savait toujours pas ce que c’était, il ne s’en souciait guère à l’époque, tout ce dont il se souciait, c’est que ça l’arrangeait : tant qu’Aelita ne serait pas définitivement séparée du supercalculateur, il ne risquait rien de ces arrivistes.
Mais les choses se corsèrent ; les enfants rendaient de plus en plus en plus souvent visite à Aelita, ce qui pouvait à la longue devenir dangereux : avec ces absences à répétition, quelqu’un découvrirait leur secret, et là pour le coup, s’en serait terminé.
Alors Xana lança ce qu’il appela la « politique de sécurité virtuelle universelle » qui consistait en trois étapes.
D’abord, il offrit un cadeau aux étrangers. Un jour qu’ils venaient à l’usine parler à Aelita, Xana mit en évidence dans le supercalculateur le programme permettant une communication directe avec Aelita. C’était tout calculé : Jérémie avait un ordinateur portatif, il trouverait le programme, l’enverrait à son ordinateur et pourrait discuter avec Aelita depuis son lieu de vie. On n’est jamais trop prudent, Xana ne devait pas prendre de risque.
Ensuite, il envoya quatre attaques à forte démolition sur la terre (un retour vers le passé devait être déclenché à chaque fois) : d’abord, une tornade électrique. Elle était très dangereuse, mais elle n’eut aucun effet sur les gamins puisque Xana ne pouvait trop approcher l’usine. Le retour vers le passé fut déclenché en moins de deux ; le bâtiment des sciences avait été entièrement ravagé, mais la procédure d’évacuation avait été si bien exercée que personne n’avait été blessé. Il y eut bien quelques effets secondaires : les enfants avaient aménagée l’usine avec des cordes et les égouts pour y accéder avec une trottinette et des planches à roues, histoire d’aller plus vite à l’usine ; et il fut convenu qu’à chaque attaque de ce genre, quelqu’un resterait au collège pour protéger la population pendant que les autres iraient se battre sur lyoko, mais dans l’ensemble, Xana était satisfait : son nouveau monstre, le Krabe, un monstre qui se devait être à la fois rapide et efficace, était prêt. Il en testa l’efficacité avec la deuxième attaque : il prit possession des tuyaux dans les murs du collège pour, en les manoeuvrant, faire trembler le collège assez fort pour que les étages tombent sur les enfants. Odd et Yumi arrivèrent sur lyoko tandis qu’Ulrich restait pour aider les retardataires à gagner un endroit sur où ils attendirent que ça se passe. De leur côté, les krabes s’avéraient relativement puissants. A peine arrivé, Odd n’avait déjà plus que dix points de vie. Il réussit tout de même à en détruire un, et une diversion de Yumi sur l’autre permit à Aelita de désactiver la tour, et le retour vers le passé se fit. Les deux attaques suivantes ne furent guère plus brillantes, mais elles lui permirent de réaliser son ultime invention : le mégatank, une sphère renfermant un émetteur de laser blindée, sauf à l’intérieur, où la texture était visqueuse et métallique au milieu. La défense optimale de Lyoko était atteinte.
Pour finir, il lança une dernière attaque pour tester l’efficacité de ses monstres. Ce qu’il fit : un incendie ravagea le collège. Le mégatank, les deux krabes et les cinq Kankrelats leur avaient donné du fil à retordre. Ils réussirent toutefois, mais Lyoko était à présent assez bien défendu, l’important maintenant était de détruire les enfants.
Il devait en savoir plus. Pour un programme, il faut toujours en savoir plus. Bon, Aelita ne savait rien non plus sur le monde humain. Jérémie allait sûrement tout lui expliquer, alors, toutes les nuits, comme Jérémie parlait à Aelita, il les observait, et il écoutait. Cela dura plus d’une semaine. Ils parlèrent d’abord de physique, d’informatique ; ce que Xana connaissait déjà. Ils parlèrent du monde humain, de ses rituels, de ses mœurs, des bâtiments, et des institutions ; Xana comprenait, et il apprenait. Ils parlèrent de la vie en général, de leur journée, de l’école, des notes ; et il comprenait. Puis ils parlèrent d’amitié et enfin, d’amour ; Xana ne comprenait plus. Ils se disaient ouvertement qu’ils s’aimaient, ils ne disaient rien d’autre. Aelita comprenait, elle, comment faisait elle, elle ne se souvenait plus de l’époque où elle était la fille du créateur. Elle « l’aimait » aussi, comment faisait elle ? Elle était peut être plus humaine qu’il ne l’imaginait... Puis Jérémie émit une remarque, un jour, très pertinente, trop pertinente pour Xana pour qui ça commençait à sentir le roussi. Il n’avait pas tort, si les scanographes marchaient dans un sens, ils marcheraient forcément dans l’autre. Aelita serait matérialisée, et finie, la partie. C’était, certes, une manœuvre assez compliquée : il fallait en effet défragmenter la matrice inertielle, mais pas seulement, il fallait également recompiler toutes les corrélations ADN, et encore, rien ne permettrait d’affirmer que ça n’aurait pas d’effet secondaire, il faudrait le tester. Mais Jérémie était un génie, il trouverait, comme le créateur avait trouvé avant... A ce moment là, il faudrait se tenir prêt, il faudrait tout de même l’empêcher de se séparer entièrement du programme clé du supercalculateur, c’est-à-dire Xana. Il faudrait élaborer un virus, quelque chose qu’il lui inoculerait sitôt que Jérémie lancerait la procédure de matérialisation. Il avait bien son idée, mais il manquait de puissance.
Chapitre quatre : de l’élaboration du virus à l’aménagement d’un piège
Il devait faire vite ; et quoi de mieux qu’un ordinateur pour réfléchir vite ?
Tout comma les humains élaboraient, aux dires de certaines histoires racontées pas des livres ou des films humains, un plan A et un plan B, Xana organisa un plan à double but ; d’abord éliminer les enfants responsables de la prolongation de ses échecs. Si par malheur ça ne marchait pas, si par malheur les enfants triomphaient, ce ne serait pas grave ; les retours vers le passé lui feraient gagner assez de puissance pour créer son virus, ET ferait perdre du temps à Jérémie dans la création du programme de matérialisation. Tout y passa, il prit possession d’un ours en peluche, il tenta de faire sauter une centrale nucléaire, il tenta de rendre les murs dangereusement électriques de façon à électrocuter tout le monde, il répandit du gaz toxique dans le collège, il envoya un bus à pleine vitesse dans la nature, il alla même jusqu’à pirater internet. Bulldozers, création de fausse Yumi matérialisée, marionnette ou satellite, rien n’y fit, les enfants triomphaient toujours. Mais Xana gagnait de la puissance, tant et si bien qu’il avait maintenant un champ d’action plus vaste. Mais il y eut un jour où il a bien failli y passer ; une nouvelle élève fit irruption au collège, elle ressemblait comme deux gouttes d’eau à Aelita- et il faut dire qu’il s’y serait lui-même trompé s’il ne savait à ce moment là où était cette dernière. Ces abrutis avaient failli le débrancher, ils avaient même failli, en montrant l’ordinateur géant à la fillette, faire tomber le voile du secret de l’usine. Et cela n’avait que trop prouvé à Xana qu’il devait se hâter.
Maintenant, Xana pouvait posséder les animaux : il posséda les rats, les frelons, même Kiwi, le chien d’Odd, il le posséda, cherchant à faire consigner les quatre étudiants, de là, il pouvait les assassiner froidement. Mais il échoua une fois de plus. Toutefois, le virus était prêt, il n’y avait plus qu’à attendre le moment propice, la matérialisation d’Aelita.
Xana avait maintenant une bonne idée : il allait peut être pouvoir découvrir ce que cachait vraiment la mémoire d’Aelita. Il allait l’attirer chez lui, dans son territoire, et y cacher un monstre capable de la lui voler. Bon... Son territoire, c’était le néant total. Ca allait nécessiter un paquet de Bits quantiques, mais ça valait le coup. Il devait aménager la sphère à l’intérieur, créer quelques monstres surpuissants et ce monstre optimal qui devait voler la mémoire d’Aelita.
Pour ce faire, il allait tester beaucoup d’attaques. Toujours et inlassablement, il échouait. Il échouerait toujours. Pourtant, le grand concepteur sait combien il eut de bonnes occasions : un jour, Jérémie voulut personnellement aller sur Lyoko. Bien sur, il avait échoué parce qu’il n’y avait plus personne pour s’occuper du supercalculateur. Pourtant, ils réussirent quand même. Il y eut aussi cette fois où il avait réussi parfaitement à recréer le monde humain. Il y avait envoyé les amis de Jérémie. Au milieu de ses programmes destructeurs, ils étaient cuits. Mais toujours, il ne comprenait pas le sentiment humain. Ca l’agaçait. Une demi douzaine d’attaques plus tard, c’était le grand jour. Ca y est, Xana n’avait pas pu l’empêcher, Jérémie avait trouvé. Ces andouilles d’humains, il fallait qu’ils stockent n’importe quel type de données sur le même support. Cela inquiéta Xana, au moment même où Jérémie quittait la chambre après s’être trompé de disque compact, il lança une attaque. Son avancée scientifique récente lui avait appris deux nouvelles choses. Il pouvait créer l’enveloppe charnelle de ses monstres (seulement les kankrelats ou les frôlions, les autres étaient trop grandes pour les scanographes), et à créer un nouveau monstre, qu’il baptiserait le tarentuloïde -il avait beaucoup appris sur la faune terrestre-. Il activa une tour, il plaçait son virus dans une des tours, celle qu’utiliserait Aelita, et c’était bon, il n’y avait plus qu’à attendre.
Bon, voila, ils faisaient connaissance, parfait. Ils ne se doutaient de rien. Jim le surveillant avait pris conscience de l’existence de l’ordinateur géant, ce n’était pas grave. Il mourrait avec les autres. Et puis, le cas échéant, le retour vers le passé arrangerait les choses. Xana laissait les choses se faire. Il s’en moquait un peu. Il créait son nouveau monstre. Il avait presque fini l’aménagement de Carthage.
Chapitre cinq : le plan
Lorsqu’il sortit de son état créatif, Xana constata avec horreur qu’une sphère blanche enveloppait Lyoko. Il échouait une fois de plus.
Tant pis. Voilà, l’aménagement de Carthage était achevé, il pouvait amorcer son plan. Il fallait tester la tarentule..... Elle les tuait tous, un sans faute. Il fallait attiser leur curiosité. Il leur montra la maison du concepteur. Ca y est, sa dernière attaque finie, il pouvait le leur montrer. Ce qui fut dit fut fait. Mais la méduse n’était pas assez rapide. Attaque après attaque, elle s’approchait du but. Mais la dernière attaque était trop ambitieuse, Ulrich l’avait détruite.
Pourtant, il avait tout prévu, un monstre adapté, une attaque imprévisible, une assurance maintenant que le programme Xana pouvait sortir du supercalculateur par le biais d’une petite centaine de clefs USB......
IL réfléchissait, comme réfléchit un ordinateur. Qu’est ce que pouvaient avoir ces humains de si exceptionnel pour résister physiquement et psychologiquement à ses attaques ? Qu’est ce qui pouvait être assez fort pour obtenir cet acharnement, ce courage qui était la cause de ses échecs ? Car, et il le savait, si ça marchait avec eux, ça pouvait lui servir. Les sentiments ? Ca, il n’en doutait pas, mais au fond, pour un programme, c’était quoi le sentiment ?
Et Xana réfléchissait à pleines batteries. Il réfléchissait à tout ce dont il se souvenait maintenant, ce qui était encore sur la ram maintenant qu’il se l’était remémoré. Il ouvrait des fichiers à la vitesse du son, les analysait à la vitesse de la lumière. Quelqu’un écoutant dans sa mémoire aurait entendu une cacophonie de sons sans aucun sens enchevêtrés les uns dans les autres. Tous leurs dialogues, toutes leurs statures, leurs rougissements. Puis, il s’arrêta soudain sur une scène qu’il repassa à la vitesse du son un demi milliard de fois. « Je t’aime, Jérémie. » Jérémie rougissait. Et il se remit à réfléchir, mais cette fois ci, une phrase nette revenait souvent : je t’aime.
Ca y était, c’était le déclic ; ça lui apparaissait maintenant comme une évidence, toute la subtilité de l’amitié, de l’amour, de la compassion, il la comprenait, à présent. Cette subtilité de rougissement, de battements de cœur, de neurones en folie... Plus rien ne lui échappait.
Et ça l’aidait. Ca l’aidait même beaucoup. Il avait son plan. Ca lui coûterait de l’énergie mais il avait son plan. Ces sales gamins allaient le regretter, ils paieraient pour lui avoir si longtemps tenu tête. Il allait les briser, s’en serait terminé....

FIN

EPISODE 3
La guerre virtuelle

Chapitre un : Eh oui, on est mardi
«Eh bé!». Telles furent les premières paroles de Jérémie qui, visiblement, au saut du lit, ne se réjouissait pas de commencer une « nouvelle » journée au collège. Il était huit heures du matin, l’heure d’aller prendre le petit déjeuner.
« Et dire qu’on n’est que mardi ! Lança Odd.
-Ouais... ».
Aujourd’hui, c’était du bacon. Jérémie en avait assez du bacon : peu salé, pas bien préparé... Le petit déjeuner pourri dans toute sa splendeur. Encore Sissi viendrait, encore Ulrich lui rétorquerait qu’il ne sortirait pas avec elle avant même qu’elle ait dit un mot. Encore Yumi serait contente.... Et encore William viendrait faire la cour à Yumi, et encore Ulrich serait outré. Une fois de plus il aurait envie de lui en coller une.
Lorsque cela arriva, Odd se tordit de rire : c’était si prévisible, et même plus que quiconque pourrait l’imaginer. Après tout, n’avait il pas déjà vécu cette journée ?
En cours de Chimie, Odd n’écoutait pas. Mme Hertz se retourna.
« Odd, qu’est ce que j’ai dit ?
-Ben vous avez dit tres exactement que la parthénogenèse était une forme de reproduction minoritaire pratiquée par des êtres vivants qui se reproduisent, faute d’autre moyen, sans besoin de partenaire. Ensuite, vous vous êtes tourné vers le tableau, et vous avez écrit une équation. De là, vous vous êtes violemment retournée vers moi et vous m’avez demandé ce que vous aviez dit !
-Eh bien... C’est tout à fait ça, Odd. »
Oui, c’était tout à fait ça, une fois de plus. Et pour cause, on était mardi..... Pour la dix neuvième fois ! Xana s’était bien défoulé ces temps ci, il n’avait jamais été aussi fulgurant dans toute sa carrière. L’heure de la récréation sonna.
« Eh bien, Xana nous gâte ces temps ci
-Il veut peut être nous avoir à l’usure, je ne supporterai pas un cours d’Italien de plus.
-Je pense plutôt qu’il prépare un coup. Destruction par ci, blessés par là, encore vous interveniez à temps, mais avec les retours vers le passé qu’on a fait....
-Il devient toujours plus puissant... Il peut déjà nous apparaître sous forme humaine, que veut il de plus ?
-Là, par contre...
-Quoi ?
- Eh bien, ce n’était pas Xana. Je l’ai bien analysé grâce aux infos que j’ai pu récupérer dans la base de données, il s’avèrerait que c’est un nouveau monstre.
-Un nouveau monstre ? Mais c’est la fin des haricots, ça !!
-Hm. Non. Il doit être unique, comme l’était la méduse, ça fait longtemps qu’on ne l’a plus vue. Depuis qu’Ulrich l’a détruite. Le vieillard doit être moins vulnérable. En tout cas, c’est pas gagné. »
Ils en restèrent là. Ils étaient las, ils attendaient que la journée se passe tranquillement. Et elle se passa tranquillement. Le soir, Jérémie était heureux, enfin une nouvelle journée, cela faisait longtemps. Il s’assoupit.
Au bâtiment des sciences, cela n’était pas tres gai. Tout était prêt pour la très coûteuse prochaine attaque de Xana. Cette fois ci, il avait tout prévu. Ca devait marcher, ça allait marcher. Ils n’allaient soupçonner que trop tard ce qui sera en train de leur arriver, juste à temps cependant pour réaliser la souffrance qu’occasionne l’affront de l’être suprême que Xana voyait en lui-même. Il leur avait laissé passer enfin cet interminable Mardi. Mais Jeudi, Jeudi serait le jour le plus long. Et ce sans retour vers le passé, oh ça, ils le sentiraient passer.
Chapitre deux : la bataille du désert
Rien de bien particulier ne se produisit au collège ce Mercredi là. C’étaient tout de même navrant, pensaient nos héros : on venait de quitter un Mardi interminable, et pourtant les faits de ce jour là étaient aussi prévisibles que la veille. Ce n’était vraiment pas une vie. Il ne fallait cependant pas trop se morfondre, il fallait être à l’affût de la moindre attaque de Xana, si il frappait, il frapperait fort, c’est certain, il avait dû en gagner de la puissance, ces derniers jours. Il fallait toujours être prêt. Cependant, comme énoncé ci-dessus, rien de bien anormal ne se produisit en dehors des niaiseries habituelles (le cours de physique, Yumi William Ulrich...) et la recherche de l’antivirus motivée par le décryptage du journal de Franz Hopper en quête de connaissance -eh oui, il était fort probable qu’il soit mort, mais peut être était il vivant, alors, il faudrait le retrouver, il pourrait d’un claquement de doigts faire pencher la situation en leur faveur- mais même cela n’avait avancé à rien, où pratiquement. Il y avait quand même un avantage vis-à-vis de ces dix neuf derniers jours : Jérémie avançait, il avançait et se rapprochait du but, mais cela s’avérait quand même plus ardu que la matérialisation d’Aelita, difficulté cependant atténué par le gain progressif d’expérience de Jérémie qui travaillait toujours aussi ardemment, ce qui inquiétait sérieusement Xana : il était à court d’idée pour stopper le débranchement. Il n’y aurait pas forcément quelqu’un pour l’escorter ailleurs à ce moment là. Et même, les enfants étaient avertis, ils allaient prendre leurs précautions. Il fallait agir vite.
Dans la salle du supercalculateur l’écran s’agitait, les données fusaient, les programmes des monstres se déplaçaient d’un bout à l’autre de l’écran à la vitesse de l’éclair, l’œil de Xana apparaissait en fond d’écran ; et sur Lyoko, la terre se mit à trembler, les pulsations étaient plus fortes que jamais. Dans le désert, une tour s’activait. Des bruits. Beaucoup de bruits soudain se faisaient entendre, ce n’étaient pas des pulsations, c’étaient des pas, beaucoup de pas. Xana était prêt.

C’était un jeudi matin au collège Kadic. Les élèves s’agitaient en tous sens ; c’était l’usage avant un contrôle de biologie avec Madame Hertz. Il y avait deux groupes : ceux qui entraient et ceux qui se risquaient à l’intérieur. C’était la même chose apparemment mais cela représentait une grande nuance pour les élèves : prenons Jérémie : il entrait, fièrement ; il avait appris sa leçon (en fait, il la savait déjà avant). Maintenant, prenons Odd : il se risquait à l’intérieur: il n’avait pas réussi à faire passer cet admirable note contenant le savoir absolu qui aurait pu lui permettre de franchir la barre de la fainéantise suprême. Non pas que cela déplaise à Odd, lui qui savait si bien plier la copie, mais cela déplairait à ses parents, et honnêtement, il n’avait pas envie de redoubler. Il ne faut cependant pas s’inquiéter pour cet habile personnage : il y eut tellement de retours vers le passé qu’il les avait, ses bonnes notes indispensables ; ce qui avait pour mérite de décontenancer les sinistres fonctionnaires qui ne comprendraient jamais son cas.
Ensuite, il y avait ceux qui sortaient et ceux qui se risquaient dehors. C’était la même chose apparemment mais cela représentait une grande nuance pour les élèves : prenons Odd : il sortait, sûr de son zéro imminent, il sortait fièrement, c’était la récréation. Maintenant, prenons Jérémie : il se risquait dehors : comme tous les intellectuels, il était incertain. Allait il avoir une bonne note ? Bien que cela fût évident, il en doutait. Il se risquait : mince, c’est déjà la récréation, il n’avait pas eu le temps de peaufiner sa copie. C’était ainsi au collège. On pouvait vraiment parler de routine en ces moments là. Cependant, il y avait cinq exceptions : cinq élèves qui étaient tantôt élèves, tantôt héros, les Lyokonautes. Ces cinq adolescents vivaient sous la menace de Xana ; et justement, c’était l’heure pour Jérémie de vérifier si il n’y avait pas de tour activée...
« Xana est passé à l’attaque !!
-Qu’est ce que c’est, cette fois ?
-Je n’en sais rien mais c’est sûrement rien de bon
-On devrait aller voir sur Lyoko !
-Non, attendez, vous vous souvenez la fois où vous êtes restés coincés comme l’était Aelita ?
-Ouais, mais tu l’as pas réparé depuis lors, Einstein, non ?
-Je peux pas, Xana a un contrôle total sur cette partie du Supercalculateur.
-Alors on attend ? Yumi était anxieuse
-Ah non, pas envie de refaire dix huit mille six cent soixante dix sept fois la même grenouille de papier !!
-Bah, tu pourras avoir une meilleure note comme ça ! »
Ulrich avait parlé. Ils attendraient.
Toutefois, ils restaient à l’affût du moindre comportement étrange, du moindre animal, de la moindre fissure et du moindre nuage.
Mais les festivités ne commencèrent que vers treize heures, lorsque Xana envoya cinq spectres par le biais de prises électriques disséminées dans le collège. Ils y étaient maintenant habitués, aux possessions de Xana. A présent, ils s’arrangeaient pour les coincer quelque part avant d’aller à l’usine, au lieu de les fuir perpétuellement. Seulement voilà, Xana aussi avait son petit truc : les élèves possédés alertaient toute la mutinerie lorsque les Lyokonautes quittaient le collège, c’est pourquoi il fallait être à l’affût en ces moments là. Bon, cette fois ci, les cinq victimes étaient les inconnus au bataillon du fond de la classe, ceux que l’on ne remarque jamais ; et pour cause, ils étaient en cinquième, la classe la plus insignifiante. Xana avait été idiot, ce jour là, il s’était laissé piéger tout de suite. En quelques secondes, ils avaient déjà été semés et coincés dans le labyrinthe forestier des environs. Il est inutile de dire qu’en connaissance de cause, ces irréductibles sauveteurs de l’univers avaient trouvé un superbe chemin dans les bois pour semer les possédés : même Xana ne s’y retrouvait pas.
Ceci dit, c’était pas gagné non plus, il fallait encore trouver la tour et la désactiver, et ces temps ci, c’était pas l’énergie qui lui manquait, à Xana, ses batteries avaient été rechargées quelques semaines auparavant.
Enfin bref, Jérémie et sa petite troupe de combattants numériques étaient arrivée à l’usine, et personne ne les y avait suivis ; ils avaient de la chance, apparemment.
C’était vraiment devenu une routine à présent : plus besoin de parler, chacun savait ce qu’il avait à faire, et chacun le faisait. Mais, depuis que ce vieil homme leur était apparu, ils avaient une certaine appréhension avant d’entrer dans Lyoko : Xana était de plus en plus puissant, il envoyait de plus en plus de monstres. Ils n’avaient vu le vieil homme qu’une seule fois, mais ça les avait marqués.
Ils se souvenaient bien du jour où Aelita, poursuivie par des loups, s’était trouvée nez à nez avec ce grand homme d’age mûr qui avait réussi à leur faire croire qu’il était Xana. Bien que venant de Lyoko également, il ne ressemblait pas à Aelita. Il n’avait, maintenant qu’ils y pensaient, rien d’humain.
Ils arrivaient sur Lyoko. Ils n’étaient pas loin de la tour ; il n’y avait rien ni personne. C’était étonnant de la part de Xana. La tour était là, cette immuable lueur rouge qui l’entourait également. Visiblement, ça allait être facile.
Ils se trompaient. Un grand vrombissement se fit entendre, comme si Lyoko tremblait sur ses fondations et allait s’écraser dans la mer numérique. Un sentiment de malaise s’instaura. Le bruit se rapprocha, on put distinguer de quoi il s’agissait : c’étaient des bruits de pas masqués par la rotation d’énormes sphères. Un cercle noir mouvant apparut à l’horizon. Ils en étaient le centre. Ils étaient très loin de la mer numérique. Des formes apparaissaient et sortaient du sol.
« Jérémie..... Prépare les véhicules »
Yumi avait raison, ils en auraient besoin. Car ils étaient attaqués. C’était la guerre. Et tandis qu’à leur tête le vieil homme avançait, une horde de monstres s’abattait sur le désert.
La bataille du désert commençait.
Chapitre trois : Xana
Ca y est, l’armée était là, et on pouvait en distinguer les rouages : trois lignes de Kankrelats, une ligne de mégatanks, une dizaine de tarentules réparties entre les krabes et les kankrelats,
A l’arrière, des blocks se tenaient prêts. Et au dessus, une vague de frôlions dispersée au dessus des rangs. Ils étaient encerclés.
Et à leur tête, tel un fier général à la tête de ses troupes, le vieil homme se tenait devant ; il avait toujours cette laideur indéfinissable, toujours cet air hautain et cette essence inhumaine. Il ne s’était pas montré depuis l’anecdote des loups ; lui, que l’on avait cru être Xana. Mais le fait que ce ne fût pas lui était pis encore ; si Xana pouvait à présent créer des substituts d’humains, la chute n’en serait que plus dure.
Au lieu d’attaquer avec la hargne qui lui est propre avec sa grande lame de lumière noire, il prit la parole :
« Vous êtes venus ici pour la dernière fois. Je suis las de vous, et...
-Un instant -la voix de Jérémie se fit entendre- assez de faux semblants. Vous n’êtes pas Xana, nous le savons, maintenant, vous n’êtes qu’un programme, et il est inutile de dire je.
-Soit, soit (le vieillard était toujours calme). Le fait est que Xana est las de vous. Il veut vous détruire
-Si vous nous détruisez, comme vous dites, on revient dans le monde réel, clama Yumi
-Nous détruirons Aelita
-vous en avez besoin
-Seulement sa mémoire, il n’en aura alors plus besoin
-C’est idiot, Ulrich avait de la suite dans les idées, Xana sera détruit illico, s’il fait ça. »
Sans doute, le vieillard n’allait pas rire ; un programme ne rit pas. Toutefois, il trouva encore à répondre :
« Qui donc ? »
Il avait raison, la tour, qui était entourée d’un halo rouge, ne brillait plus : elle était éteinte. Et pis encore, les scanners éteignirent également leurs lumières. Jérémie savait qu’il ne lui faudrait qu’une heure ou deux pour tout réactiver, mais ce n’était pas gagné.
Dans les bois, les envoûtés se réveillaient, sans savoir ce qu’ils faisaient là. Certes, ils s’en sortiraient, mais ils ne comprendraient jamais, et ils oublieraient rapidement.
Ainsi, Xana était si puissant ; il pouvait ainsi agir sur Lyoko et le supercalculateur. Il n’allait pas tenter le coup une seconde fois, et cette fois ci, il le faisait car il était rechargé en uranium.
« Ok, on le fera à votre manière, soupira Ulrich »
Chapitre quatre : Que la fête commence
Celui qui ne savait pas à quoi s’en tenir aurait été des plus impressionnés : ils étaient tellement habitués à Lyoko qu’à présent, ce n’était pas une armée de monstres qui leur ferait peur. Ils ne faisaient maintenant qu’un avec leurs véhicules. Leur stratégie, quoique simple et belliqueuse, fonctionnait à merveille : Odd attirait les plus gros vers un coin, pendant qu’Ulrich roulait sur les petits, qu’Aelita créait une bloc rocheux pour regrouper les aériens tandis que Yumi les détruisait. Ainsi, Odd était, au bout d’une minute poursuivi par trois tarentules, six krabes et deux mégatanks. Ulrich suivait son plan : il roulait sur les kankrelats. Mais il était vite submergé, il y en avait tant et tant ! Autre petit problème technique auquel Odd n’avait pas pensé : il n’y avait pas de coin pour coincer les énormes : il étaient encerclés. Yumi, bien qu’aidée par Aelita, avait du mal à regrouper tous les frôlions que Yumi maîtrisait tant bien que mal. Au moins, une chose était sure : Xana n’en créerait pas plus ce jour là.
Odd avait plus d’une corde à son arc, cependant, et découvrit un moyen subtil d’améliorer la situation : le but était d’énerver le général, qui, tel un conquérant fier, se tenait au milieu de ses monstres, sans bouger. La technique, c’était de « chatouiller un mégatank ». Bon, jusque là tout va bien. Mais c’est là que cela se complique : ça l’ennuie, il tire. A partir de ce moment là, il suffit de tourner autour de lui. Il est à ce point du récit nécessaire de rappeler ce qu’est un mégatank : contrairement aux autres monstres qui envoient un tir lumineux sur leur victime, le mégatank, lui, est un destructeur : il envoie une ligne de lumière très concentrée qui s’étend sur plusieurs dizaines de mètres pendant un labs de temps de plus de dix secondes. Alors, imaginez ce que ça donne si le mégatank tourne sur lui-même pendant qu’il rayonne.
Eh oui, c’était la catastrophe : bilan : les trois tarentules, une dizaine de krabes, plusieurs kankrelats et vingt quatre blocks étaient à présent hors service.
Le général, voyant là une erreur logique (oui, si les monstres détruisent leurs équipiers, on ne s’en sort pas) décide de détruire tous les mégatanks.
Il ne lui fallut pas longtemps pour y parvenir : il était si rapide, on ne le voyait presque pas bouger, avec la persistance rétinienne ; et il était si fort, qu’il n’avait même pas besoin de les ouvrir, il pouvait percer la coque. Ensuite, certain de la victoire, sans doute, il retourna à sa position.
Ca faisait déjà une menace en moins. Il y avait maintenant une demi heure qu’ils se battaient.
Il n’y avait presque plus de kankrelats, il restait cinquante krabes, trois tarentules, et une soixantaine de blocks. Les frôlions étaient toujours un très grand nombre, et il demeurait impossible de les compter. Après avoir exterminé ce qui restait de kankrelats, Ulrich pensa au sort des krabes.
« Aelita, un mur à l’arrière, en demi cercle, Odd, avance avec tes flèches, et toi, Yumi... vas y
-Oui, chef
-ok
-très bien »
Le mur en demi cercle prêt, Odd, qui avait entre temps perdu l’overboard, courait comme un fou en projetant ses flèches vers les krabes. Ils reculaient. Yumi, elle, savait parfaitement ce qu’elle avait à faire : un éventail vers la gauche, un vers la droite, et c’en était fini des krabes aux extrémités. Le plan avait marché, on avait maintenant trente krabes acculés contre le mur ; mur sur lequel Ulrich roula à l’horizontale, maintenant son sabre vers le sol, et le laissant faire une entaille dans la cible de tous les krabes acculés.
Il n’y avait maintenant plus de krabes.
Comme à l’habitude, il ne restait à Odd que dix points de vie, Ulrich, lui en avait vingt, et Yumi quinze. L’overwing avait rendu l’âme dans un dernier assaut aérien, et l’overbike avait laissé des plumes sur la tombe des krabes.
Les blocs avaient beaucoup souffert, mais pas les frôlions ; et ils se préparaient à attaquer. Ce dernier assaut serait fatal.
Mais c’était sans compter Jérémie, qui était enfin parvenu à réactiver les scanographes.
Les Lyokonautes le sentaient... et le vieil homme aussi, visiblement. Tant et si bien qu’il décida d’en finir avec Aelita. Dans un élan fulgurant, il détruisit de qui restait de monstres, et dit.
« Je le ferai donc moi-même »
Cette implacable foudre bleue sortit à nouveau de ses doigts, et Odd disparut. Il en fut de même pour Ulrich.
Yumi lança ses éventails, le vieil homme sortit son sabre, les éventails disparurent. Un instant après, sa tête se détacha de son corps tandis que celui-ci se dévirtualisait. C’était la fin.
Chapitre cinq : un nouveau héros
Le rayon rouge qu’Aelita avait déjà senti pénétrer en elle reliait à nouveau sa tête à la sienne, et sa mémoire allait passer à Xana si personne ne l’arrêtait. Mais il n’y avait personne.
Et tandis que Yumi, Odd et Ulrich sortaient péniblement des scanographes, les cinq élèves égarés dans les bois retournaient au collège. On leur demanda ce qui s’était passé, ils n’en savaient rien.
Naturellement, ils furent punis. Ils ne s’en rappelèrent plus, à terme. Le compte à rebours continuait ; bientôt, la mémoire d’Aelita serait définitivement perdue. Jérémie, impuissant, le savait.
On imagine souvent que la dernière pensée d’un mourant rend hommage à sa vie passée. Aelita, elle pensait à ce mystérieux Franz Hopper, dont elle avait récemment appris être la fille. Elle se demandait encore pour quelle obscure raison on n’avait plus entendu parler de lui. Elle aurait voulu le connaître. Pourquoi l’avait elle oublié ? Elle aurait voulu le savoir. Elle voyait ce grand homme, à peine humain, qui ne la lâcherait pas. Elle était paralysée ; elle ne pouvait rien faire.
Jérémie se morfondait. Il essayait vainement d’entrer deux ou trois commandes ici et là... Lorsque la carte s’afficha et qu’un point bleu la survola à une vitesse phénoménale. Et tandis que Jérémie était abasourdi, sur Lyoko, une intense lumière bleue vint rompre le lien, il s’en était fallu de peu ; Aelita allait bien.
Ce n’était pas une lumière, c’était un garçon.
C’était Mr Pück, trait pour trait. Le même garçon aux cheveux châtain, à la tunique bleue et au bonnet violet. Un pantin venait à la rescousse d’une fillette aux cheveux roses ; c’est à peine croyable. Mais nous sommes sur Lyoko, le pantin est un garçon, et la fille, c’est Aelita.
Ainsi, dans un élan de bravoure presque surhumain, le garçon s’élança avec son épée sur cet horrible bonhomme au visage à présent tordu par la haine et paraissant plus grand que jamais. Une joute digne des récits médiévaux opposa alors les deux antagonistes. Aelita, qui n’avait rien d’autre à faire à ce moment précis, transmettait un visuel à Jérémie qui n’en croyait pas ses yeux.
Ils bougeaient aussi vite l’un que l’autre ; se surpassant tour à tour, lorsque le vieillard réussit à désarmer son adversaire, et, triomphant, s’avança sur lui.
Mr Pück tendit la main vers son épée pourtant à trois mètres de lui. Le vieillard était là, prêt à lui enfoncer le sabre dans le cœur. Soudain, l’épée argentée du petit bonhomme bougea et se mit à léviter en direction de Pück.
Personne ne vit rien de ce qui se passa ensuite. Mais une demi seconde plus tard, le sabre enfoncé dans le sol, cet horrible octogénaire était transpercé de l’épée argentée de Mr Pück.
Aelita fonça vers la tour enfin réactivée, et l’on entra le code terre.
Le vieux murmura alors au jeune
« Bien joué.... J’ai... j’ai perdu ».
Il disparût.
Epilogue
Dans la salle du supercalculateur, les Lyokonautes se remettaient de cette dernière attaque. Pour l’heure, ils devaient retourner au collège, mais le lendemain, il faudrait qu’ils sachent qui était ce garçon et d’où il venait. Certainement, il n’allait pas bouger ; il s’assit devant la tour ; et Jérémie avait entré une commande qui lui permettrait de le localiser où qu’il soit, maintenant qu’il avait ses données accessibles sur le supercalculateur. Il était souhaitable qu’il ne fût pas emprisonné par un gardien.
Xana était de plus en plus puissant, et ils ne seraient pas trop de six pour l’affronter.

FIN

EPISODE 4

L’épreuve

Chapitre un : poursuite
Ah, enfin l’heure de réveiller arrivait : on allait enfin savoir qui était ce mystérieux petit garçon elfique qui avait sauvé Aelita la veille. En mangeant une large bouchée de bacon demanda enfin tout haut ce que chacun pensait tout bas :
« Au fait, Einstein, pourquoi on a pas fait ça hier ?
-Ben, tout simplement parce qu’il était dix heures ; et qu’on aurait eu besoin de plusieurs heures. Aujourd’hui, c’est Mercredi et on a pas cours l’après midi.
-Mais admettons qu’on ne le retrouve pas...
-Avec le programme que j’ai lancé, si on le trouve pas, c’est qu’il se cache de nous ou qu’il a été détruit, ce qui est peu probable, au vu de sa puissance. S’il se cache, c’est qu’on a rien à en tirer, et qu’on saura ce qu’il faut savoir le moment venu.
-On l’aurait retenu....
-Il vous aurait dévirtualisé. »
C’était plus clair ainsi. Les quelques heures de cours de la matinée passèrent rapidement.
Après un repas relativement copieux, direction l’usine ; c’était l’enthousiasme général. Il faut dire tout de même que c’était intriguant de voir arriver monsieur Pück sur le champ de bataille pour massacrer la plus grande aberration de Xana.
Une petite exécution, et en un tour de main, le point jaune représentant le mystérieux personnage apparaissait comme une évidence sur le territoire de la forêt.
Le problème également apparaissait comme une évidence
« Jérémie, qu’est ce que...
-Deux mégatanks, Aelita. Si son statut vis-à-vis de Lyoko est le même que celui d’Aelita, on a du souci à se faire. Vous allez plonger. »
Sitôt dit, sitôt fait ; et une minute plus tard, ils étaient sur Lyoko ; non loin d’un spectacle peu commode : le lutin violet de la veille courait à une vitesse phénoménale ; poursuivi par deux mégatanks. Il faut dire qu’ils n’avaient encore jamais vu cela, mais on aurait pu le deviner, les mégatanks sont très rapides eux aussi. C’est logique : contrairement aux autres monstres, ils n’ont qu’à rouler. Et de temps à autre, ils tiraient une salve d’énergie, manquant toujours de peu le fuyard qui esquivait ; puis la poursuite reprenait.
Les Lyokonautes firent alors ce qu’ils avaient à faire : ils coururent après les mégatanks.
« Super sprint !!
-Jérémie, envoie les véhicules !
-Attends... voila, c’est fait ».
C’était incroyable : même avec les véhicules ; ils ne parvenaient toujours pas à rattraper le fuyard et ses poursuivants. La poursuite continua donc.... Jusqu’à ce que cela se gâte : une impasse. Il aurait été logique à ce moment là que cet étrange personnage les détruise d’un coup d’épée ; mais il n’en fit rien. Il ne fit qu’éviter les rayons ; se rapprochant toujours plus de la mer numérique.
Heureusement, Odd, Ulrich et Yumi étaient là pour sauver la mise ; et la bonne vieille méthode fonctionna à merveille : les mégatanks avaient un mal fou à conserver leur équilibre lorsqu’ils tiraient : et, n’étant pas très intelligents, il était aisé de les faire basculer dans la mer numérique.
Ce fut fait ; et pour la première fois, le garçon parla :
« M..Merci !
-Pas de quoi »
Chapitre deux : fraternité
Après une longue randonnée dans le territoire de la forêt, ils trouvèrent une tour. Comme de coutume, Aelita fut matérialisée ; et les autres Lyokonautes dévirtualisés.
De retour dans la salle de l’holomap, l’interface qui avait jadis servi à communiquer visuellement avec Aelita fut activée ; et le visage de Monsieur Pück se fit voir.
« Racontez nous tout, s’il vous plait. Dit Jérémie
-Je... je ne sais pas grand-chose, répondit il, c’est incroyable, mais j’ai l’impression de ne pas avoir de passé !
-Enfin, vous devez bien savoir qui vous êtes, et d’où vous venez
-Qui je suis, je ne sais pas vraiment ; de reste, je viens de la grande sphère entourée de tuyaux énergétiques.
-Le cinquième territoire... que faisiez vous là bas ?
-J’étais prisonnier. Je me suis évadé.
-Que s’est il passé là bas ?
-Rien, j’étais juste prisonnier : là bas, on m’appelait : humanoïde alpha.
-Que savez vous de l’endroit où on est ?
-Tout, ou presque : je sais que c’est un monde artificiel simulé par un ordinateur quantique et dirigé par Xana.
-Bon, je pense que nous vous devons quelques explications : en fait, nous sommes...
-Des enfants qui combattent Xana et l’empêchent de parvenir à son but ultime. De là où j’étais, j’ai tout vu, je suivais toutes les attaques que Xana a lancé contre vous ; il m’a dit que vous n’avez rien empêché et que tout était prévu depuis le départ. Il m’a dit qu’il cherchait à se procurer la mémoire d’Aelita... Il n’a pas voulu me dire pourquoi.
-Xana vous a expliqué ? Vous avez vu Xana ?
- Il venait souvent me voir... Où plutôt... Il me faisait venir à lui.
-A quoi il ressemblait ?
-Difficile à dire, strictement indescriptible.
-Comment avez-vous fui ?
-Pour cela, c’est vous que je dois remercier : votre dernière visite à causé une modification de la zone où j’étais incarcéré, désactivant la barrière magnétique qui me retenait.
-Hum... je vois. Vous parliez...
-Pourquoi chercher à me vouvoyer ? Je ne l’étais pas, là bas.
-Comme tu voudras. Tu parlais de son « but ultime »... Quel est il ?
-Il ne me l’a pas dit ; pourquoi l’aurait il fait ?
-Heu... ben... Autre chose ?
-Oui, ça risque de vous étonner ; mais il paraît que je suis le fils du programmeur.
-Franz Hopper... Tu serais donc le frère d’Aelita ???
Chapitre trois : Doutes
L’interrogatoire dura une demi heure de plus mais ils n’en tirèrent rien. C’était inouï, tout de même : Ils n’avaient jamais détecté de prisonnier du cinquième territoire ; et pourtant, il y en avait un, un enfant de leur âge à peu près, qui était le frère d’Aelita ! Elle qui avait été si perturbée d’apprendre son lien de parenté avec Franz Hopper, dont on ignorait toujours pourquoi et comment il avait disparu.
Cette découverte plus qu’inattendue suscitant bien évidemment des questions, le groupe se concerta afin de savoir ce qu’ils allaient faire.
« Bon, on va en trouver encore beaucoup des gens sur Lyoko ? Odd avait toujours je mot pour rire.
-La question la plus essentielle est : on fait quoi ? répliqua Yumi.
-Ben, quelle question, on le matérialise : on ne va pas le laisser courir tant de dangers sur Lyoko ! s’exclama Ulrich
-Oh, ça, je peux le faire facilement, mais je ne sais pas si c’est pas encore une ruse de Xana.
-Il pourrait créer un être humain à part entière ?
-Ah, ça non. Du point de vue apparence, évidemment, ce serait parfait, mais il ne comprend pas vraiment le comportement humain. Il a une vision théorique du monde humain.
-Ben là, il avait l’air parfaitement humain !! S’exclama Aelita
-Hum.. Pas sûr, dit Ulrich, soucieux, ce grand déballage n’était pas très réaliste.
-Pourquoi aurait il agi autrement ?
-Ben, à ses dires, il était prisonnier. Après un emprisonnement, généralement, on est méfiant.
-Pourquoi ? Il ne se souvient de rien, comme moi, alors pourquoi se méfierait il de nous ?
-Ben... Heu...
-Pour moi, l’affaire est simple, il faut le matérialiser.
-Peut être. Je vais bosser sur le programme de matérialisation. En attendant, il faudra essayer de voir s’il est vraiment humain ou si c’est un leurre »
La conversation s’arrêta là. Ils rentrèrent, après avoir dit au revoir à l’humanoïde alpha, au collège.
Chapitre quatre: Son père et son frère
N’importe quel être doué de raison s’interrogerait sur ce genre de cas de figure. Oui, c’était, pour Aelita, un peu fort. Son frère... Pourquoi pas, après tout ? Elle ne se souvient de rien.
En réalité, oui, Aelita voulait savoir. Elle ne conservait aucun souvenir de ce père dont elle ne connaît même pas la personnalité ; et maintenant, il fallait qu’elle eût un frère, sorti d’on ne sait où, prisonnier de ce Xana de malheur.
Parfois, Aelita aurait voulu que son père reste ce professeur du collège et que rien de tout ceci n’ait jamais eu lieu.
Elle ne croyait pas vraiment à cette histoire de nouvelle source d’énergie. Enfin, on ne crée pas un ordinateur quantique comme ça. Et d’abord, ce Waldo Schaeffer et toute son équipe, qu’est elle devenue ?
Si elle avait vraiment été morte, comment et pourquoi donc son frère résidait il aussi sur Lyoko. Non, il y avait autre chose. Il fallait qu’elle tire ça au clair. On avait menti à tout ce monde. Pourquoi ? Comment ? Il fallait qu’elle le sache.
Elle devait aller lui parler. C’était le seul moyen d’être fixé.
Elle se rendit donc à l’usine. Comment ? Eh bien, comme de coutume, elle fit le mur. Bien sûr, elle savait comment on utilisait le supercalculateur. En quelques minutes, elle était face à son présumé frère : il était en état de méditation, comme Aelita, à l’époque où elle était coincée là bas.
« Alpha ? Alpha !
-Oui ?
-Je suis désolée, mais je dois savoir.
-Quoi donc ?
-Tout.
-Je vous ai tout dit. Moi non plus, je ne me souviens de rien.
-Mais pourquoi il veut ma mémoire ? Pourquoi on est là, nous, à quoi il sert, ce fichu ordinateur ?
-mais j’en sais rien, moi ! Il ne parle pas, il me faisait juste venir à lui, et je ne me souviens jamais de ce qui ce passe dans ces moments là.
-Tu sais quand même qu’Hopper....
-Oui, mais je n’en sais pas plus.
-Bon, ben, désolé de t’avoir dérangé.
-Ce n’est rien. C’est bien d’avoir de la compagnie.
-Je ferai tout pour qu’on te sorte de là. »
Chapitre cinq: L’attaque
Le soleil se lève, on est Jeudi. Jusque là tout va bien. Xana était prêt pour une nouvelle attaque. Dans son cinquième territoire ; il avait déjà bien réfléchi : Une petite attaque de rien du tout, pas un bulldozer : il avait déjà dépensé assez de son énergie comme cela.
Allez, qu’est ce qu’on lui réserve, à ce collège ? Une petite possession ? Une petite possession.
Qui donc ? L’assistante du proviseur ? L’assistante du proviseur. Parfait. Ca faisait tout de même des mois qu’il étudiait le collège, il avait fini par comprendre comment le tout fonctionnait.
Ca devenait maintenant une habitude, il n’y avait pas grand-chose à faire pour qu’une tour soit activée, et un spectre envoyé.... Voilà, ça arrivait. Alors, ils sont où, les enfants ? A la cantine, génial. Bon, en piste.

« Qu’y a-t-il, Jérémie ?
-Le Super-scan ! Xana a activé une tour. Qu’est ce qu’il veut encore ?
-Bah, comme d’habitude, on s’en occupe. »

Ils finirent tant bien que mal leur repas, et gagnèrent rapidement la cour. Jim était là, et manifestement, il les attendait.
« Stern, Della Robbia, Ishiyama, Stones ; dans le bureau du proviseur.
-Mais, on a rien fait de mal m’sieur ! s’exclama Odd.
-C’est pas à moi d’en juger. »
Il est évident que cette histoire n’était pas nette, aussi avaient ils un mauvais pressentiment quant à ce qu’ils allaient trouver dans le bureau du proviseur. Et lorsque Jim les laissa avec l’assistante envoûtée, l’heure était surtout à la catastrophe : Xana l’assistante avait réussi à assommer le groupe et à transporter Aelita en dehors du collège, afin de la livrer à Xana.
Il n’y avait plus de méduse, mais Xana trouverait bien autre chose. Et, à moitié endormis et enfermés dans le bureau du proviseur, les Lyokonautes ne pouvaient que se morfondre.
Assommés, ils finirent par s’effondrer totalement.
Chapitre six: Confiance/Méfiance
Le soleil se lève, on est Jeudi. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. Telles furent les premières pensées de Jérémie en se levant ce matin là. Comment un retour vers le passé avait il pu être ainsi déclenché ?
Tout le monde dans le groupe se posait la même question. En fait, le retour vers le passé aurait eu lieu au moment où l’assistante se préparait à mettre Aelita dans le scanographe.
Il n’y avait qu’une explication rationnelle à cela.
« Alpha, est ce que c’est toi qui a lancé le retour vers le passé ? Demanda Jérémie, une fois à l’usine.
-Oui, c’est moi. Aelita était en danger, non ? la tour était tout près de moi, je peux aussi entrer le code.
-C’est logique.... Mais, comment as-tu fait pour lancer le retour vers le passé ?
-Ah, ça c’est très simple, il suffit de faire une manipulation particulière dans la tour pour interagir avec le supercalculateur et exécuter certaines applications.
-Ah... C’est bon à savoir. Merci, merci infiniment »

« Bon, c’est décidé, je pense, dit Ulrich, il est là pour nous aider.
-Et si c’était Xana qui lui avait dit de faire ça ?
-Réfléchis, Jérémie ; répondit Aelita. Un tel raisonnement est impensable de la part de Xana, il ne pense pas à long terme, ça va à l’encontre de sa logique, se contrer lui-même pour remplir un autre but.
- Ouais, d’autant plus qu’il a toujours zéro question sentiments humains, or celui là, on ne fait pas plus humain, s’il se met à nous sauver.
-Hmmmm, vous avez peut être raison. On ne peut se permettre une perte. Il sera mieux dehors que dedans ; il ne me prendra que quelques jours pour créer un programme de matérialisation pour lui. »
Epilogue
Alors, ça y est. C’était décidé.
Xana avait beaucoup appris du monde humain ; et il venait de découvrir un « jeu » très intéressant : les échecs. Il ne comprenait pas encore bien la notion de jeu, de divertissement.
Mais, le fait qu’avec une bonne stratégie, bien que bien des fois perdant, on ne fasse que piéger l’autre dans le but de lui donner le coup de grâce, ça il le comprenait.
Il le comprenait très bien, même.

FIN

EPISODE 5

Souvenirs

Chapitre un : Comme prévu
Il n’était pas facile de se promener dans Carthage : et pour cause, ça bouge tout le temps. Xana peut y créer des objets inutiles, des fausses tours par exemple.
Drôle d’endroit, certes, mais pas sans intérêt. Mais qu’y a-t-il là dedans qui puisse intéresser tant que cela les Lyokonautes ? Eh bien il y a Xana, le vrai, le seul et l’unique.
A priori, Xana ne sait faire qu’une chose : réfléchir. Il réfléchit tout le temps à de nouveaux plans. Enfin... Ca, c’était avant. Là, il le tenait le plan, et ça lui allait très bien.
Le principe était simple : il lui fallait la mémoire d’Aelita. Maintenant... La chose était de piéger ces sales gamins.
Pour l’instant, tout se passait comme prévu. Ah, ça, l’humanoïde alpha, ils l’avaient, certes, mais ils allaient avoir un choc lorsqu’il s’agirait de le matérialiser. Espérons seulement que ça ne les fasse pas douter ; ce serait fâcheux ; pour eux comme pour lui.
Le plan se divise en phases :
Plan A :
Phase première : on applique le plan T.D.L.B.D.L.P.H.A.
Phase deux : mémoire d’Aelita : on pompe encore et encore
Phase trois : Destruction des sales gamins qui essaieraient de venir la sauver
Phase quatre : Ca coule de source

Plan B : Au cas où le plan T.D.L.B.D.L.P.H.A échouerait...
Il fallait réfléchir encore. Bon, pour le moment, tout se passait comme prévu, mais il fallait s’attendre au pire : alors, il faudrait refaire une méduse. C’est le plus simple.
Y aurait il un autre chemin à exploiter, ne serait ce que pour affiner le plan A ?
Comme de coutume, pour trouver une solution, il faut agir par élimination : qu’est ce qui marche et qu’est ce qui ne marche pas.
Le meilleur moyen ? Se souvenir ; il fallait encore chercher dans la mémoire.
Non pas qu’il ne se souvenait de rien, mais il n’a pas « besoin » d’avoir toutes les données à la fois, en temps normal.
Alors. Jusqu’où remonter ? Pas après la découverte du supercalculateur par les Lyokonautes.
Faudrait il remonter jusqu’à la création du supercalculateur ?
Oui, là, Xana serait certain d’avoir en mémoire vive tous les éléments dont il disposait. Recherches sur tout ce qui concerne Franz, Aelita et tout le reste de la famille Hopper.
Le supercalculateur étant un ordinateur quantique, Xana réfléchit vite, très vite. Il réfléchit plus et mieux, également, avec plus de discernement -enfin à présent- que bon nombre d’ordinateurs.
Il faut dire que de la part de celui qui gère Lyoko, on n’en attendait pas moins. Après tout, c’était lui, Xana, le centre, le tout...
Il avait à présent les informations dont il disposait. Cela lui servirait mieux maintenant, puisque de ses dernières réflexions, il avait découvert la clef du comportement humain, ce qui n’était pas peu dire, car d’un point de vue machine, c’est extrêmement illogique.
Il revit alors, plusieurs années après, les premières choses qu’il avait vu.
Et ; tel un hypnotiseur hors de pair, il se plongea dans ses souvenirs.
Chapitre deux : Carthage Project
Xana revit ses premières heures.
Son premier souvenir est celui d’un néant absolu : il s’était allumé pour la première fois sans que Lyoko n’existe vraiment : il était seul, dans ce vide. A ce moment précis, comme l’instinct pousse les jeunes tortues à aller vers la mer, il calcula, et il créa Lyoko ; qu’il vit s’étendre de l’endroit que jamais il ne quittera jusqu’à l’extrémité des territoires. Pourquoi ? C’était comme un instinct, il avait été programmé pour créer et gérer Lyoko. Oui, mais pourquoi cette configuration ? Il savait, sans trop dire pourquoi, qu’il fallait que cela soit comme ça. Comment il a fait ? Mais il est fait pour ça ; il dit comment Lyoko devait être, il y eut une forte pulsation, et Lyoko fut ; il vit que cela était bon ; il n’eut pratiquement rien à recommencer.
Maintenant qu’il y réfléchissait comme il lui semblait que ferait un humain, il se peut qu’il soit resté comme ça longtemps avant de se voir assigner d’autres fonctions : en effet, il n’avait pas été conçu au départ pour calculer le temps qui passe.
Cela dit, il en savait déjà beaucoup ; il savait qu’il était lié à un ordinateur, qu’il en était un programme, et qu’il fallait que Lyoko demeure comme il était, et que rien ne devait en perturber l’équilibre.
Mais en un instant, tout changea. Des « écrans » s’allumaient devant lui... Et il voyait se qui se passait dehors. Il vit alors son créateur : Franz Hopper. Et il vit aussi son équipe, dont l’un des leaders était Waldo Schaeffer. Il entendait se qui se passait dans le monde extérieur, il comprenait leur langue. Il sût -sans doute venait on de le programmer- qu’il devrait coûte que coûte protéger le supercalculateur.
Il vit rapidement qu’il avait une certaine emprise sur une grande partie du monde extérieur. Du fin fond de son usine, il pouvait voir et interagir avec presque l’ensemble de la région parisienne.
Interagir... Voilà ce qu’il devrait faire si il devait protéger le supercalculateur. Il imagina des tours, des relais avec le monde extérieur, et des câbles, pour y accéder ; et il y eut des tours et des câblages.
De nouvelles entrées lui arrivaient. Il avait un plus grand contrôle sur Lyoko et le supercalculateur, tant et si bien qu’il y localisa un programme nommé « retour vers le passé », qu’il ne pouvait pas utiliser. Il savait que, comme son ordinateur était un ordinateur quantique, chaque retour vers le passé lui donnerait de la puissance.
Ce programme -nul ne l’importait à l’époque de savoir pourquoi- était souvent utilisé.
Xana devint omniprésent au sein du supercalculateur ; tant et si bien qu’on aurait presque pu dire que c’était la même chose.
C’est alors qu’une nouvelle instruction lui arriva. « Détruis le projet Carthage ». Telle était donc sa mission. Et il l’accomplirait.
Xana avait toujours un regard bienveillant sur les chercheurs, et sur leur famille ; et fût content de les accueillir, lorsque l’occasion se présenta. Il avait même créé dans les tours des systèmes pour passer d’un territoire à l’autre sans avoir à passer par Carthage.
Ce n’était pas par gentillesse, mais étant donné qu’il devait protéger Lyoko et ce qu’il y avait dedans, il fallait que les lieux soient favorables aux visiteurs. Il avait modifié les décors, par souci de ressemblance avec le monde humain.
Il était surtout très attentif à la famille Hopper ; il étudiait les humains. Aussi, Hopper installa t’il des caméras près de l’Ermitage, pour que Xana puisse mieux les surveiller. Il avait dans l’idée que, s’il fallait protéger le supercalculateur, il faudrait aussi protéger ses créateurs. La famille supportait la présence de Xana, ils finissaient par ne même plus s’en rendre compte.
Leur fille, Aelita, étant trop jeune, n’avait rien remarqué.
Aujourd’hui, Xana, bien qu’il soit le « méchant » (il en est conscient) si sa logique ne l’en empêchait pas, il la plaindrait. La pauvre petite, elle n’avait rien à voir là dedans.
Chapitre trois : Men In Black
Cette paix apparente ne dura pas. Visiblement, ce projet idyllique de Monsieur Hopper n’était pas très légal (c’est ce qu’il en avait déduit après toutes ces années).
Le gouvernement a commencé à s’intéresser aux recherches de Franz Hopper, qui n’avait rien trouvé de mieux comme couverture que professeur de Physique dans le collège d’à côté.
On ne soupçonnerait jamais cette vieille usine désaffectée. Et pourtant, ils avaient réussi à découvrir ce secret. Il était le chef de projet, et pourtant, il était très difficile de remonter jusqu’à lui.
Et cet état de fait, il était dû à Xana : par simple logique, pour empêcher que le supercalculateur soit détruit, à chaque fois qu’un membre du projet était découvert, il le tuait, avec toute sa famille, pour qu’il ne parle pas. Il espérait qu’ainsi, les déguisés, au nombre de trois, quand ils découvriraient les cadavres, seraient inculpés. Il se trompait ; il avait mal compris ce qu’était le système humain. Il n’allait pas tuer ces bandits, non, là, ce serait la preuve qu’il existe. Ainsi adopta t’il pour deux ans le principe de « pour vivre heureux vivons cachés. C’est à regret qu’il tua tous les scientifiques, un par un ; Waldo Schaeffer, Eric Lenscherr, Peter Faulenz...
Franz Hopper vécut longtemps seul avec sa femme et son enfant, cachés, et une fois découverts, utilisant le retour vers le passé pour l’empêcher.
Mais un jour... Ils ne les virent pas arriver. Ils mirent la maison à feu et à sang, et Hopper et sa fille allèrent se réfugier sur Lyoko. Sa femme y resta. Ils étaient des loups ; des loups sans pitié, ils l’ont tuée. Ils voulaient le tuer aussi...
Chapitre Quatre : A l’attaque
Mais il n’en fût rien. Xana ne l’aurait jamais toléré. Une fois Hopper et sa famille survivante à l’abri ; Xana envoya un spectre sur la ville. Elle provoqua un orage qui détruisit entièrement la maison ; qui tua ces horribles hommes en noir.
Alors Xana comprit ce qu’il restait à faire : le principe « pour vivre heureux vivons cachés » ne fonctionnant plus, il fallait adopter ces deux là :
La meilleure défence, c’est l’attaque
Si Vis Pacem, Para Bellum : si tu veux la paix, prépare la guerre !
Il venait de comprendre sa tâche : il devait protéger le supercalculateur. L’homme est dangereux pour le supercalculateur. Il faut donc détruire l’homme.
Hopper vint alors rendre visite à Xana, au milieu de carthage. Le dialogue, Xana le connaissait bien.
« Xana, je vais sortir pour aller cacher mon journal.
-Créateur, ne pars pas. Danger dehors.
-Je vais revenir, ne t’en fais pas.
-Autorisation de te surveiller ?
-Oui, à bientôt »
Sur ce, il partit. Xana allait tuer les humains. Mais pas Franz. C’était le créateur, et dans sa logique, le tuer serait porter atteinte au supercalculateur. Il fallait le protéger.
Il observa. Et il le vit sortir de l’usine, il était attendu. Un homme et une femme
« Franz, nous avons appris que tu étais recherché. On est descendus, et on a vu cet énorme ordinateur. Nous exigeons une explication.
-Je n’ai vraiment pas le temps, Jean-Pierre. Prends cette disquette : là est l’histoire du supercalculateur.
-Mais... Qu’est ce que tu es en train de faire ?
-Suzanne... Ne t’énerve pas. Vous n’entendrez plus jamais parler de ça. Adieu.
-Mais... »
Trop tard, il était déjà parti. A l’Ermitage, il prit dans un tiroir de la chambre de sa fille un poupée violette et la mit dans une fente de mur, derrière un dessin.
Puis, il revint.
Il alla retrouver sa fille et lui dit :
« Tu te souviens de la poupée que tu as eue quand tu avais six ans ?
-Oui... Monsieur Pück
-Eh bien, souviens toi. Je l’ai mis dans l’arbre, il contient quelque chose de très important »
Ils étaient tous deux à Carthage. Aussi n’était il pas difficile de les faire venir à lui.
« Nous sommes là, Xana.
-Bien, je dois vous protéger. Désolé.
-Comment ça, désolé ? »
Xana avait compris que s’il voulait les protéger, il fallait qu’ils restent sur Lyoko.
Ils furent presque entièrement reformatés. S’ils étaient dévirtualisés maintenant, c’était pour toujours. Cela causa à Aelita une amnésie totale. Ils furent consignés dans une salle de Carthage, d’où, selon Xana, ils ne devraient pas bouger. Ils avaient une interface pour tout mobilier.
Xana trouva que ce principe d’amnésie était des plus avantageux. Aussi l’utilisa t’il pour faire oublier aux autres professeurs de l’autre soir ce qui s’était passé. Ils ne s’en souviendraient que si quelqu’un ou quelque chose le leur rappelait. Il fit alors tout pour faire oublier le vieux Franz Hopper. Archives de la bibliothèque, mémoires des amis. Tout, TOUT y passa. Il était tranquille, et il pouvait commencer à attaquer sans être soupçonné. Il envoya une tornade en direction du continent. Il allait gagner.... Si Hopper n’avait pas réussi à libérer sa fille du cinquième territoire et n’avait pas-il ne sait comment- révélé à Aelita ce qu’il fallait qu’elle fasse. Elle devait aller dans la tour activée et taper un code : LYOKO.
Lyoko reconnaissait Franz et sa fille. Il n’y avait aucun monstre à l’époque, il ne fut donc pas difficile de contrer l’attaque et de lancer le retour vers le passé à l’époque si... accessible.
Chapitre Cinq : Aelita
Là, c’était le moment de bien réfléchir : On ne devait pas faire de mal à Aelita, c’était la fille du créateur. Mais elle pouvait contrer chacune des attaques de Xana et donc porter atteinte au supercalculateur. Elle devait mourir pour ça.
Hopper ne causerait plus de souci, il n’avait plus accès à l’interface ; il était cloîtré. Et Aelita, suite à un choc reçu dans une tour, commandité par Xana lui-même, ne se souvenait même plus de lui.
Tout ce dont elle se souvenait à présent (du moins, c’est ce qu’il pensait) c’est qu’elle était là, et qu’elle était seule. Xana ne pouvait pas se déplacer. Il lui fallait créer des entités pour empêcher Aelita de continuer à infecter Lyoko de sa présence.
Il avait gagné assez de puissance lors du dernier retour vers le passé pour créer le Kankrelat. Un petit monstre jaune sur pattes.
Il l’avait prévu, même avec cette menace, Aelita tenait le coup. Elle continuait à déjouer chacune de ses attaques.
Un instant, Xana réussit à l’emmener à Carthage.
Toujours soucieux de ne pas la tuer, il lui effaça une nouvelle fois la mémoire et la relâcha dans Lyoko, afin qu’elle ne puisse plus jamais voir son père.
Mais il se passa une chose à laquelle Xana ne s’attendait pas : Aelita avait oublié son père, mais elle se souvenait, comme un programme, ce qu’il fallait faire : désactiver les tours. Elle devenait une machine à détruire les tours.
Il faut dire que Xana a consacré à cette énigme pas mal de temps :
Avait il transformé, en la reformatant, la jeune fille en programme ? Hopper lui avait il implanté la procédure avant de la quitter ? Avait il omis un détail dans la procédure de perte de mémoire ?
Maintenant, il y réfléchissait à nouveau, et il croit comprendre : c’est encore la nature humaine qui lui joue des tours : il est des forces plus grandes que la mémoire, et si elle ne s’en souvient pas dans son cerveau, elle s’en souvient dans son cœur, comme les dernières paroles de ce père que, finalement, jamais elle n’oubliera.
Qu’auriez vous fait ? Vous êtes Xana, vous pensez devoir protéger la fille, mais elle met en danger votre mission. Bien sûr, vous ne la tueriez pas.
Mais vous êtes humain. Pas Xana. Xana est un programme : tout était clair pour lui maintenant, il devait la tuer.
Chapitre Six : Les Lyokonautes
C’est alors que ces humains lui apparurent, ils étaient venus.... Poussés par ce simple hasard. Ces humains étaient vraiment très dangereux.
Et ce sale Jérémie, son..... Adversaire le plus redoutable.
Car il est vrai que Xana n’allait pas considérer Jérémie comme un rival. Vaniteux ? Xana ne pouvait guère l’être. Il comprenait maintenant l’homme mais ne ressentait pas ses sentiments. Mais il aurait été de fausse modestie de dire qu’ils étaient rivaux : Xana était ô combien supérieur à Jérémie.
Mais, il aurait été humain, je ne pense pas qu’il l’aurait détesté. Il aurait même peut être été ému : il représentait pour lui un Franz Hopper potentiel. Il essayait de sauver Aelita, cette pauvre fillette qui aurait dû rester en dehors de ça. D’ailleurs, il aurait été humain, jamais il n’aurait fait ça : il est le monstre de Frankenstein ; mais son Frankenstein ne l’a pas renié, or c’est la raison pour laquelle le monstre s’est rebellé contre son « père ». Xana est.... Différent, il n’a que faire de son père, ni de sa « sœur », ni de personne, d’ailleurs.
Pourquoi alors a-t-il renoncé à attaquer ces sales gamins lors de la chute de la marabounta ?
Il aurait tout aussi bien pu les attaquer. Bah, il était faible, ça n’aurait servi à rien. Mais est ce que ça l’a jamais arrêté ?
Peut être était ce seulement un test. Un test de connaissances de l’humain. Ou peut être.... Peut être essayait t-il, inconsciemment, si toutefois il était possible qu’il ait une conscience, essayait il de se rapprocher du genre humain.
Peut être le monstre de Frankenstein ne devenait il que le bon docteur Jekyll essayant de résister au toujours plus malfaisant et toujours plus puissant Mr Hyde. Peut être les retours vers le passé lui donnaient t’ils une intelligence assez grande pour qu’il puisse être conscient de lui, qui sait.
Mais si toutefois Xana pouvait avoir un semblant d’âme, Hyde avait d’ores et déjà gagné.
Xana continuerait à combattre toue forme de vie sur cette terre ; et les Lyokonautes, semble t’il, jusqu’à l’application du plan T.D.L.B.D.L.P.H.A. continueraient à lui faire face
Chapitre Sept : Peut être même un rêve...
Que se passait t’il enfin ? Xana continuait de se souvenir, toujours à la vitesse de la lumière, mai un souvenir revenait trop souvent à son goût. Et au bout d’un moment, il n’y avait plus que lui.
C’était un soir, Jérémie venait encore de raconter à Aelita la vie des terriens. Il en avait particulièrement dit, aujourd’hui. Il avait parlé de musique. Il lui avait fait écouter de la musique. Ca lui avait plu.
Sur Lyoko, après la communication, elle essaya de chanter. Elle aimait bien chanter, visiblement.
On ne peut pas vraiment dire cela, mais faute d’un meilleur mot..... Cela émut Xana. Pas la chanson, bien sûr, mais cela lui rappelait qu’Aelita était humaine, et qu’il était cruel de faire endurer à un humain ce qu’il leur faisait endurer.
Xana se mit en veille un instant. Mais il garda un souvenir en mémoire, pendant son état de veille. Un souvenir..... et peut être même un rêve.
Non, pas un rêve, Xana n’était pas un humain, un programme, il devait les détruire, pour le supercalculateur. A quoi bon ?.... Ce n’était pas son problème : il devait les détruire, quitte à ce qu’il n’y ait plus personne sur terre.
La solution était simple, Xana se ralluma. C’était un programme, le souvenir, c’était une donnée, il l’effaça.... Définitivement. Et il le remplaça par un autre souvenir modifié. Celui d’un autre jour où il ne se passait rien de spécial.
Il fallait maintenant délibérer.
C’était simple : il fallait une méduse de secours. Jouer sur les sentiments..... Programmer un spectre pour qu’il prenne la forme de Franz Hopper. Il pourrait ainsi les mettre en confiance, exclure le petit génie le temps du génocide, et le détruire ensuite.
Pour le plan actuel, il suffisait de voir : ça finirait par marcher. Ca marcherait, même.
Et pour le créateur.... Il faudra maintenant s’en débarasser. C’était décidé.
Ce souvenir..... Ce rêve, peut être.... Cette nuit là, il ne s’en souvînt pas.
Pourtant, jamais il ne l’oublierait.

FIN

EPISODE 6

Séduction


Chapitre un : Matérialisation alpha
La matinée de ce Samedi là n’avait pas été de tout repos. Et pour cause : la veille, Jérémie avait terminé de programmer la matérialisation de l’humanoïde Alpha, présumé frère d’Aelita.
Ils n’allaient pas l’inscrire immédiatement au collège : ils devaient encore trouver une ruse.
Bref : il n’était que huit heures du matin, et déjà ils étaient à l’usine, pour l’évènement. Xana n’avait pas l’air de vouloir faire mumuse avec une tour aujourd’hui, tant mieux. Le protocole de matérialisation eut lieu sans embûche, et s’était, pour tout dire, mieux que celle d’Aelita.
Ils descendirent à la salle des scanners, l’un d’eux s’ouvrit.
Ce fut un grand choc : ils ne l’avaient pas remarqué sur Lyoko mais ici, ça leur apparaissait comme une évidence, il était grand.
Pas extrêmement grand, certes, mais il avait une taille respectable pour l’âge qu’il paraissait, et à fortiori, il était plus grand que Yumi.
Ce n’était pas là le seul problème que l’on eût pu constater, loin s’en faut. En effet -et ça aurait peut être dû les intriguer- il avait exactement la même tenue que sur Lyoko. C’était un Mr Pück grandeur nature.
Il faudrait bien évidemment lui acheter de nouveaux habits avant de l’amener au collège. Qu’à cela ne tienne !
Ils restèrent à l’usine une bonne partie de la journée, à discuter avec ce nouveau Lyokonaute, soulagés de ne pas avoir eu à subir le courroux de Xana.
A peine sur terre, il se comportait déjà en bon humain. Il parlait de ce qu’il avait vu sur Lyoko, c’est-à-dire rien de bien particulier, puis de Xana, tel qu’il était là bas.
« Surprenant, dit il à ce sujet ». C’est la description la plus précise qu’il donna. On l’interrogea ensuite sur le temps qu’il avait passé là bas. Il faut dire que les Lyokonautes n’en savaient rien, comment l’auraient ils su, ils n’avaient pas encore décrypté ce fichu Journal de Franz Hopper.
A ce sujet, en revanche, alpha assura qu’il pouvait aider. Et Jérémie lui dit qu’il repasserait dans l’après midi pour lui rendre visite et mettre en commun leurs recherches sur l’antivirus.
Tous étaient heureux : il était certain qu’avec lui, tout irait plus vite.
Il leur montra de quoi il était capable : il leur montra comment on piratait certains codes d’accès du cinquième territoire, cela les satisfit.
Mais le temps passait et il était onze heures et demie, c’était l’heure d’aller se restaurer. Les jeunes gens quittèrent l’usine, heureux de leur matinée.
Jérémie s’attarda, tourna le dos au groupe.
Il vit l’humanoïde alpha, à qui il faudrait bien un jour donner un nom, se rasseoir devant le supercalculateur, puis il repartit.
« Jérémie, tu en fais une tronche !
-C’est que... Non, rien.
-C’est la ratatouille de ce midi ? Bah, tu sais, à chacun sa croix ».
Odd avait décidément cet art de la répartie qui n’appartenait qu’à lui.
Chapitre deux : Jérémie
Odd l’avait prévu, c’était loin d’être délicieux. C’était pourtant, avec le hachis Parmentier, la spécialité de Rosa, la cuisinière.
Quelques indigestions plus tard, Jérémie se décida à aller rendre visite à son confrère génie informatique qui siégeait sur l’imposant trône du temple de l’ordinateur géant : l’usine, afin de se mettre au courant des dernières avancées de celui-ci pour trouver l’antivirus d’Aelita.
Et il le trouva, comme prévu, sur le trône, en train de taper ces innombrables commandes sibyllines.
« Tu t’en sors ?
-Oh, très bien, regarde mes derniers calculs, je pense qu’en bidouillant les scanners de cette manière précise, on pourrait retirer ce virus sans aller sur Lyoko.
-Et toi ?
-Moi ? J’ai lancé un diagnostique automatique... Non, j’ai rien.
-Bon. Fais moi voir ces calculs..... Ouah ! Mais comment t’as trouvé tout ça ?
-Facile : j’ai abordé le problème dans l’autre sens. Toi, tu imaginais un antivirus compatible à Aelita et qui élimine le virus, alors que moi j’ai imaginé à quels antivirus Aelita pourrait être compatible et si on pouvait à partir de là annihiler le virus.
-Et tu as trouvé l’antivirus ?
-Nooooon, et pourtant, je cherche.
-A deux, on ira plus vite. »
Ils cherchèrent encore pendant plusieurs heures, et ils purent avancer, tant bien que mal, et même sans se traîner.... Lorsqu’un calcul vint prouver l’inutilité de tous les autres
« Ah, t’avais raison, c’est pas rien, ce virus. Une vraie petite saleté
-Bah, c’est Xana. »
Et ils continuèrent à chercher. Mais ils ne trouvèrent rien. Rien de plus que ce qu’ils avaient déjà.
« On tourne en rond !
-Tu sais, Jérémie, je pense qu’on pourrait trouver des trucs intéressants dans la maison du programmeur.
-L’Ermitage ? Ouais, possible. Mais on y est déjà allés, et on n’a rien trouvé de particulier.
-Peut être n’avez-vous pas cherché aux bons endroits. Peut être des choses me reviendraient elles si j’y allais.
-Eh, c’est une idée... Demain, c’est dimanche, on pourrait y aller.
-A midi là bas ?
-Ouais, bonne idée. Inutile de prévenir les autres, ça ne les intéresserait pas.
-D’accord. Tu devrais peut être y aller, il est vingt heures.
-Tu as raison, j’avais complètement oublié... Je vais me faire démolir. »
Et il partit.
Alpha retourna à ses recherches, sur cet ordinateur lugubre, toujours si imposant.

Il n’y a rien de pire que la ratatouille si ce n’est.... Le reste de ratatouille du Samedi soir. Pourquoi ? Me demanderez vous. Eh bien c’est la politique économique de la maison, tout simplement, et les élèves étaient bien placés pour ne le pas ignorer. Malheureusement.
Ils avaient eu beaucoup de chance, pensa Jérémie, de le rencontrer : d’une manière ou d’une autre, il allait bien les aider.
Chapitre trois : Odd
Il n’y a décidément que Xana pour être aussi infatigable : un élève, tout d’un coup eut l’air bizarre : il se mit à trembloter. C’était clair, Xana attaquait.
« Ok, les amis, on enclenche le plan X97G
-Paré, commandant ».
Le plan X97G, comme expliqué précédemment, consistait à ce que deux personnes, en l’occurrence Ulrich et Yumi, entraînent le possédé dans la forêt, là, ils pourraient le semer.
Pendant ce temps, celui qui reste, ici, Odd, va sur Lyoko aider Aelita à désactiver la tour.
Pourquoi deux ? Eh bien tout simplement pour se disperser dans deux bosquets différents : le possédé ne sait plus lequel suivre : il est perdu.
En un tour de main, Aelita, Jérémie et Odd étaient à l’usine.
« Alpha ?
-C’est à quel sujet ?
-Xana attaque.
-On y va !
-Tu te sens assez fort pour aller aider Aelita ?
-On peut maintenant me dévirtualiser à désir, je suis comme vous.
-Tu... tu es sûr ?
-J’ai lancé un diagnostic : c’est le virus d’Aelita qui l’empêche de se matérialiser.
-Alors foncez !! ».
C’était une mission de routine, maintenant. Aussi n’est il pas nécessaire de détailler le processus de virtualisation : Cette entrée dans un scanner qui se referme derrière soi, suivie d’un soubresaut du corps dans le scanner. Enfin, le corps disparaît et le voyageur est sur Lyoko.
Là l’attendent les monstres. Citons les plus connus. Tiens... Voilà deux Krabes. Ils sont rouges, et grands.
Mais l’humanoïde alpha est grand aussi, et il est fort. Ainsi, en cinq secondes, il n’y a plus de Krabes. Les deux Lyokonautes, enfin tranquilles jusqu’à ce qu’Aelita désactive la tour, peuvent alors parler librement.
« Dis, euh... Odd, j’ai écouté ton clip... « Break Danse avec les relous ».
-Comment tu trouves ? Génial, hein ?
-Ouais, c’est vraiment pas mal. En plus, j’adore ton style de musique.
-Vraiment ?
-Ouais !! Mais je pense que ce serait encore mieux si on le remixait un peu.
-Tu saurais faire ça ?
-Ouais, facilement. Ecoute : viens me voir dans les égouts demain vers midi, on sera tranquilles pour y travailler.
-Ben, euh... D’accord. Euh, mais si ça t’gène pas, n’en parle pas aux autres, ils trouvent le clip ridicule.
-Ils verront ».
Ils furent interrompus par la matérialisation : Ulrich et Yumi venait d’arriver, et la tour était désactivée.
La journée avait été dure, les Lyokonautes durent bien rentrer chez eux.
Odd, sur le chemin du retour, pensait déjà à une chose : la journée de demain allait être mémorable : ils allaient mixer comme des bêtes, et ils allaient sortir un bête de clip.
Ce fut le dernier jeu de mots désopilant qu’Odd imagina ce jour là. A peine arrivé dans sa chambre, il s’endormit, fatigué par la journée.
Ulrich, lui, ne pouvait dormir.
Bien évidemment, il pensait encore à Yumi. Il l’aimait, et tout le monde le savait. Elle ? Mais elle l’aimait aussi, et ça aussi, tout le monde le savait.
Mais Ulrich trouvait encore le moyen de douter.
Et il doutait encore, à longueur de journée, quand il vit ce qui était posé sur la table de chevet, près de son lit.
Chapitre Quatre : Les amoureux
C’était une lettre.
Une lettre avec un cœur. Une lettre de Sissi ? Ce n’était pas son genre.
Une farce, alors ? Elle l’avait déjà fait.
Il l’ouvrit. Il faillit tomber à la renverse : c’était Yumi, il en était certain, il reconnaissait son écriture.
Il est convenable ici de recopier le texte de la lettre, qui ce présentait à peu près de la manière suivante :
_________
Ulrich,
Je ne pouvais te le dire en face, car j’avais peur de ta réaction, alors je te l’écris.
Je ne suis pas le genre de fille à tourner autour du pot, alors voilà : je t’aime. Depuis toujours. Tu es le seul que j’aie jamais aimé.
Cela peut te paraître soudain, mais je ne pouvais plus continuer à vivre sans t’en avoir parlé.
Si tu ressens la même chose à mon égard, je t’en prie, viens me rejoindre au parc municipal vers midi, demain. Là, nous serons tranquilles pour discuter, là où William ne pourra pas nous voir.
N’en parle pas encore aux autres, s’il te plait, c’est déjà assez embarrassant.

Yumi
________

Ulrich était transporté de joie. Enfin, il en était sûr, enfin, Yumi l’aimait. Il l’aimait aussi. Demain, il irait la rejoindre au parc. Jamais il ne manquerait maintenant de voir pour toujours son ravissant minois.
Il s’endormit, pensant, extasié, à la journée de demain, qui serait sans doute mémorable.

Il avait raison, dans le sens où la journée de demain serait mémorable. Car il n’imaginait pas à quel point : Chez elle, par une heure si tardive, Yumi aussi recevait une lettre.
Et pas n’importe laquelle

« Yumi, du courrier pour toi !
-C’est de la part de qui ?
-Ton amoureux whahahaha
-HIROKI !! ».
Les moqueries d’Hiroki n’avaient, après tout, aucune importance : elle recevait une lettre d’Ulrich ! Une lettre d’amour, qui plus est, à en juger par le cœur dessiné sur l’enveloppe.

Il faut dire qu’elle aimait Ulrich autant qu’il l’aimait, et qu’elle aussi avait toujours douté. Ils avaient pourtant failli s’embrasser, un jour, sur Lyoko...
_________
Yumi,
Je ne pouvais te le dire en face, car j’avais peur de ta réaction, alors je te l’écris.
Je ne suis pas le genre d’homme à tourner autour du pot, alors voilà : je t’aime. Depuis toujours. Tu es la seule que j’aie jamais aimée.
Cela peut te paraître soudain, mais je ne pouvais plus continuer à vivre sans t’en avoir parlé.
Si tu ressens la même chose à mon égard, je t’en prie, viens me rejoindre au parc municipal vers midi, demain. Là, nous serons tranquilles pour discuter, là où personne ne sera là pour nous railler.
N’en parle pas encore aux autres, s’il te plait, c’est déjà assez embarrassant.

Ulrich
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Il est clair que le ton de la lettre aurait intrigué n’importe qui. Mais pas Yumi. Elle était transportée de bonheur également. Elle allait y aller bien entendu.
Cette journée avait décidément été bonne, tout le monde était content.
Il est difficile de décrire l’émotion de Yumi et d’Ulrich à ce moment là, mais il n’est pas difficile de s’en faire une idée.
Même si personne à ce moment là n’imaginait vraiment pourquoi, tous avaient raison : la journée de demain serait mémorable.
Chapitre Cinq : Et enfin...
C’était donc fait.
De la prise de l’infirmerie sortait un spectre. Il est également inutile de décrire cette forme noire parsemée d’électricité surgissant de la prise, se dirigeant vers l’armoire, s’imprégnant du liquide de la bouteille de chloroforme et se dirigeant vers les chambres des filles.
Alpha, à l’usine s’affairait également. Il continuait inlassablement d’entrer des commandes, jusqu’à ce qu’enfin il téléphona à Aelita, laquelle répondit immédiatement.
« Allo ?
-Aelita ? C’est Alpha. J’ai une super nouvelle à vous annoncer : rejoins moi demain à l’usine à midi. J’ai déjà prévenu les autres.
-Midi ? Euh... d’accord.
-Bonne nuit
-Bonne nuit ».

Oui, bonne nuit : Aelita était à peine couchée, lorsque le spectre entra, invisible, pour déposer sur la fillette sa soporifique cargaison.
Elle allait faire la grasse matinée. Elle aurait un sommeil de plomb jusqu’à.... Midi.
Alpha, de son côté, ne dormirait sans doute que peu : il avait encore plusieurs choses à faire : il entra à nouveau quelques commandes, et une tour s’activait.
En bas, les scanners s’ouvrirent, emplis de fumée.
La journée de demain serait multiplement mémorable.
FIN

EPISODE 7

Son but ultime

Chapitre un : Ce matin
Tous en même temps.
C’était un record à établir, ils s’étaient levés tous en même temps, ce dimanche.
Il faut bien le dire, ils étaient tous excités. Prenons les au cas par cas :
Odd, pour commencer : Il est imaginable que ce gai luron toujours prêt à épater la galerie ne peut imaginer ses cinglantes réparties sans ses quelques dix huit heures de sommeil.
Mais là, il n’aurait pu se résoudre à se lever après sept heures, pensez, ce n’était pas tous les jours qu’il avait l’occasion de remixer son grand chef d’œuvre. Le fait est que ce jour là, quoiqu’il fût Dimanche, il s’est levé à sept heures.
Ulrich, lui, avait l’habitude de se lever à huit heures. Mais là, il n’avait pas dormi de la nuit. Evidemment, quand on attend un rendez vous aussi important, on peut être excité. Pour ne pas éveiller les soupçons de ses amis, il étant resté au lit jusqu’au réveil d’Odd.
Le cas de Yumi était similaire, à ceci près qu’elle n’avait à craindre que les sarcasmes d’un frère imbécile.
Jérémie, qui par nature ne dort pas beaucoup, n’allait pas faire la grasse matinée le jour où l’on doit fouiller l’Ermitage.
Mais que devenait Aelita ? Personne ne se le demandait : après tout on était Dimanche, pourquoi devrait elle se lever tôt ?
Sans doute était elle fatiguée, sans doute avait elle besoin de repos. Personne, bien sûr, ne songea à aller la réveiller. Il était sept heures : il était bien trop tôt.
Hélas, c’est aux mensonges les plus gros que l’on croit le plus facilement. Et ils ne se doutaient pas qu’ils étaient d’ores et déjà piégés. Xana attaquait, et personne n’avait le cœur à s’en apercevoir.
A huit heures, le petit déjeuner commença : aucune surprise : toujours le même bacon desséché.
« Ben comme ça, on risque pas d’être dépaysés » Inutile de préciser l’auteur de cette remarque.
Le temps passait : il était neuf heures, pour tous il était temps d’y aller.
Ce bougre avait bien prévu son coup : chacun allait cacher jusqu’au bout aux autres qu’ils allaient quelque part à midi.
Pour Jérémie, rien de plus simple : il invoqua son éternelle recherche de l’antivirus.
Yumi, chez elle, pouvait prétendre faire du shopping, tandis qu’Ulrich lui préférait l’excuse d’un besoin de prendre l’air.
Odd n’en espérait pas tant, lui qui se retrouvait seul à présent, libre d’aller à son gré rejoindre son ami musicien.
Il était bientôt l’heure, tous devaient se hâter, et il est nécessaire à présent de citer quelques repères géographiques :
Le parc municipal était assez près de chez Yumi, pour ainsi dire assez loin du collège. En effet, le collège était à un kilomètre au sud de chez elle tandis que le parc était à cinq cent mètres au nord. Il fallait donc à Ulrich partir à 10h30 : il devrait en plus faire un petit détour afin de ne pas passer devant chez Yumi.
L’Ermitage est au milieu du bois : il ne faut qu’une demi heure pour y aller. Don c Jérémie dût partir à 11h15, afin d’entamer les recherches plus tôt.
Odd, d’un naturel retardataire, ne quitterait le collège qu’à 11h30 pour rejoindre les égouts, à l’endroit où est censé se dérouler la petite séance.
Bien sûr, Aelita ne se réveillerait que lorsqu’ils seraient tous partis.
Chapitre deux : En piste
Aelita se réveille, toujours un peu assommée par le chloroforme. Machinalement, elle regarde le réveil. Mince, il est midi !
Elle est en retard, elle doit se presser. Les autres sont sans doute déjà à l’usine.
Deux minutes plus tard, elle est dehors, sur la route de l’usine. Elle court, à présent, droit à l’abattoir.
Dix minutes plus tard, elle est à l’usine, Alpha est là.
« Les autres sont déjà là ?
-Oui, ils sont sur Lyoko.
-Et Jérémie ?
-Il est parti te chercher, il s’inquiétait. Il ne devrait pas tarder à nous rejoindre.
-C’est quoi cette bonne nouvelle, alors ?
-On va sur le cinquième territoire. Je pense avoir repéré une grosse source d’énergie
-Tu penses que ça aiderait à trouver l’antivirus ?
-J’en suis même sûr. Vas aux scanners, je t’y rejoins. Si on y est tous en même temps, on aura plus d’informations.
-A tout de suite ! »
La procédure de virtualisation terminée, Aelita se trouva dans l’aréna.
Elle n’eut pas le temps de s’interroger, Alpha l’y rejoignit.
« Mais comment ?
-Il y a un accès direct.
-Et les autres ?
-Ils sont plus loin, ils ont eu le temps de d’arrêter le compte à rebours... regarde, la porte s’ouvre. »


Jérémie arrive à l’Ermitage, il est presque Midi.
Toujours cette même demeure lugubre et abandonnée. Le domaine de Franz Hopper. La clef était là, c’était certain.
Il eut à peine le temps de franchir le portail, un buisson se mit à bouger. Alpha était là. Il était fidèle au rendez vous.
Il était différent, cependant : ses gestes étaient robotique, et son allure neutre aurait laissé deviner à quiconque n’ayant pas connaissance des évènements qu’il cachait quelque secret.
Jérémie était certain de savoir à qui il avait affaire, aussi ne s’aperçut il de rien.
« Tu es là, Jérémie ? Alors, allons y !
-Oui, allons y.... par où commençons nous ?
-Par le début, si je ne m’abuse.
-Très drôle, tu deviens comme Odd, c’est effroyable.
-On y va ?
-On y va. »
Ils entrèrent. Pauvre Jérémie. Il aurait dû comprendre par le ton neutre de ce sinistre personnage que ce n’était ni l’original, ni même un humain.
Il aurait dû comprendre que ce n’était pas là une de ces désopilantes plaisanteries, mais bien une erreur d’interprétation.
C’était un bug. Mais il était trop tard...


Toujours pas arrivé ? Remarque, il n’est que midi moins cinq.
Odd est dans les égouts, près de l’endroit où on rejoint l’usine. La plaque bouge... enfin le voilà !
« J’ai failli attendre
-Vraiment désolé, mais j’ai dû rester sur le supercalculateur. On devrait aller œuvrer, maintenant, pour qu’on ait fini à la fin de la journée.
-On reste là ?
-En fait, j’allais te proposer d’aller ailleurs, dans un endroit plus reculé des égouts, là où on ne pourra pas nous entendre.
-Ouais, bonne idée, du style.... Le carrefour à deux cent mètres ?
-Oui, allons y ».
L’enthousiasme d’Odd lui masqua trop longtemps l’étrangeté de la neutralité de son ton. Ils partirent alors, vers ce carrefour. Là, ils s’installèrent, tandis qu’Odd sortait son matériel, qui ne lui servirait sans doute pas. Il l’avait trop longtemps ignoré.


Hm Où est elle ?
C’est l’heure, pourtant. Elle devrait arriver. C’est dingue... il ne savait toujours pas quoi lui dire...
« Yumi, j’ai compris.... Euh, non, trop snob. Moi aussi Yumi, je.... Non, trop engagé.
Euh... Yumi, je sais pour... Ah mais elle sait que je sais sinon je ne serais pas là.... »
Là, c’était vraiment l’heure, et Yumi arrivait. Le parc était désert. C’était Dimanche, et c’était normal : personne n’y venait jamais.
Yumi avait l’air aussi gênée qu’Ulrich. Après tout, n’avait elle pas aussi reçu une lettre d’amour ? D’Ulrich, qui plus est, celui qu’elle avait toujours aimé ?
Il l’aimait aussi. Elle le savait. En elle, elle l’avait toujours su. Mais elle arrivait encore à en douter. Elle se cacha. Par où commencer ? Ils auraient tant de choses à s’avouer... Mais elle devait y aller prudemment, mais ouvertement.
Ils se préparèrent chacun de leur côté pendant cinq minutes encore.
On aurait pu penser qu’une conversation préparée et éloquente allait s’engager. Mais c’était mal connaître Ulrich et Yumi. C’était mal connaître leur amour réciproque. C’était mal connaître l’amour en général. Pour un politicien, le résultat eut été assez décevant.
« S.. Salut
-Salut Yumi.
-...
-Ca... Ca va ?
-Oui, ça peut aller »
Ca ne pouvait plus durer. On le sait, on l’aurait deviné, il fallait bien qu’à un moment ils se lancent. Mais ce cri déchirant surgi de l’océan de l’amour résonna comme un écho, et pour cause, tous deux le poussèrent
« Ecoute, je sais ce que tu ressens pour moi et je tiens à te dire que j’éprouve la même chose. »
« Yumi... J’ai reçu ta lettre. Et je suis content que tu me l’aies dit parce que je...
-Attends, tu as reçu ma lettre ?
-Ben, c’est pour ça que je... Pas toi ?
-Je l’ai fait parce que tu m’as envoyé une lettre, je, je...
-Oui, moi aussi je crois comprendre ! »
Le cri de l’amour se transforma en un cri de stupéfaction mêlé à de la colère et de la catastrophe. Là encore, ils le poussèrent ensemble
« XANA !! »
Ils virent une silhouette entrer dans le parc. Un petit homme à l’aspect mécanique, costumé de violet et de bleu arrivait.
Aucun doute, c’était alpha. Cela leur apparut à présent comme une évidence.
« Traître !
-Traître ? Selon moi, le terme est erroné : je parlerais plutôt de programmation à but ambigu.
-Appelle ça comme tu veux, Xana. Mais nos amis sont là, ils feront disparaître ta nouvelle création aussi vite que les autres
-Comment, vous n’avez pas compris ? »
Ils comprenaient maintenant : cette levée brutale, ils ne s’étaient plus vus depuis la matinée, Aelita dormait encore...
C’était un piège ! Ils étaient empêtrés dedans !
Chapitre trois : Un piège
Aelita le suit maintenant depuis cinq minutes à travers les couloirs du cinquième territoire. Elle ne voit toujours pas ses amis. Il n’y a que lui, son frère, qui la guide à travers des salles jusque là inexplorées.
« Alpha... Où sont ils ?
-Nulle part.
-Sérieusement, Alpha, où sont ils ? Ils sont sur Lyoko, tu l’as dit toi-même. Tu crois qu’il leur est arrivé malheur.
-Si je ne me trompe, pas encore.
-Qu’est ce qui ne vas pas ? Tu as l’air bizarre !
-Tu veux des réponses ? Les voilà : si je ne m’abuse, Odd est dans les égouts, Jérémie à l’Ermitage, Ulrich et Yumi sont dans le parc municipal.
-Ils ne sont jamais venus ici, n’est ce pas ?
-Non
-Je crois comprendre ».
Ce n’était pas par incompréhension qu’elle était si calme. Elle venait de comprendre ce qui lui arrivait. Elle essayait d’élaborer une ruse. Sans Jérémie, elle ne pourrait rien faire. Elle ne pouvait pas échapper à Alpha. Paniquer ne servirait à rien. Elle se forçait, donc. Elle avait survécu à bien pire.
« Je suis programmé pour te dire maintenant que tout ceci n’était qu’une machination, que tes amis vont mourir. Et que Xana gagne, cette fois ci.
-Programmé... Tu n’es donc pas mon frère.
-J’ai été programmé pour l’être.
-Xana est devenu puissant. Il peut maintenant feindre l’humanité. Mais il ne gagnera pas ; j’ai confiance en mes amis.
-Je ne suis pas censé te répondre, si c’est ce que tu attends de moi ».
Aelita avait confiance en ses amis. Ils ne l’abandonneraient pas. Mais serait ce suffisant ?
Alpha n’étant qu’un vulgaire programme, il était maintenant inutile de feindre le calme. Aelita était paniquée. Une seule idée à présent, fuir.
Elle vit dans sa fuite Alpha se dissoudre et entrer dans son corps, il en prit à moitié possession.
Elle était toujours consciente, entourée d’un halo rouge qui la forçait à marcher vers une sinistre destination : elle voulut tenter de résister, mais elle ne le pût.
Elle devinait où elle allait. Une voix intérieure le lui disait. Elle allait se retrouver face à face avec son ennemi juré.
Elle allait se retrouver face à Xana.

Ca faisait déjà dix minutes qu’ils fouillaient l’Ermitage, ils n’avaient rien trouvé de bien intéressant. Enfin, Alpha proposa qu’on aille à l’étage. Là, il y aurait sans doute plus de choses à voir.
Une chambre. Pas celle d’une petite fille, mais celle d’un couple. Le couple Hopper, sans doute. Il n’y avait rien non plus ici. A part un lit fendu en deux et des étagères renversées. Alpha ferma la porte.
« Pourquoi fermes tu la porte ? Imagine qu’on ne puisse pas l’ouvrir de l’intérieur !
-C’est une chambre. Ce serait étonnant.
-Oui, mais enfin, bon... que.... Mais ta voix !
-Je n’ai donc pas besoin de te faire découvrir la vérité. Je m’en réjouis
-Xana !
-Remarquable déduction.
-Tu es devenu puissant, Xana. Tu peux me rabaisser, cet état de fait en atteste. Mais mes amis sont là, ils t’arrêteront : me tuer ici et maintenant est dans le meilleur des cas voué à l’échec, et dans le pire des cas, inu....NON ».
Jérémie, à son tour comprenait. Ils étaient tous pris au piège. C’était fini. Comment avait il pû être aussi bête ?
« C’est inévitable. Xana triomphe. Et toi, tu as perdu ».
Une rafale électrique vola vers Jérémie, qui fut touché. Par chance, Alpha était vers l’intérieur de la salle : Jérémie pouvait fuir. Mais il était sonné.
Aussi décida t’il de feindre l’agonie le temps de récupérer. Alpha s’assit sur une moitié du lit, regardant Jérémie mourir.
Non, pas mourir, se relever. Se relever et fuir, sortir de la pièce.
« NON, JEREMIE, TU NE M’ECHAPPERAS PAS ! »

Odd avait sorti tout son matériel, son CD, et dit à Alpha :
« On peut y aller !
-A quoi bon ? La musique ne sert plus à rien, dans la tombe.
-Que ? Ta voix ?
-Eh oui !
-J’y crois pas : même les programmes peuvent sortir des vannes. Je me coucherai moins bête ce soir ! Merci Alpha. A la prochaine, Xana !
-Pas si vite.
-Oh, c’est toujours la même chose avec les vilains. On ne peut jamais aller aux toilettes. C’est pas bon de se retenir, tu sais ?
-Tu vas mourir, tu n’en as pas besoin
-Z’ont jamais le sens de l’humour non plus ! ».
Odd tenta de fuir par les égouts, afin de berner son poursuivant.
C’était peine perdue : il courait extrêmement vite. Il le rattraperait.
Mais il savait déjà où aller. S’il pouvait s’y rendre, il avait de grandes chances que la situation s’améliore.

« Vos amis, en ce moment même sont en train d’être massacrés de ma... De mes mains. Aelita est déjà sur Lyoko. En ce moment même, elle n’a peut être toujours pas compris qu’elle allait mourir... Comme vous.
-Alors une tour a été activée... Et on ne s’en est même pas rendus compte.
-Vous êtes des imbéciles face à la toute puissance de Xana.
-Xana ne nous a jamais vaincus. Nous l’avons toujours arrêté.
-Vous n’avez pourtant jamais triomphé. A mesure que vous remportiez une victoire, vous augmentiez sa puissance. Où vous l’instruisiez. Maintenant, il est trop puissant pour vous. Et vous allez mourir ».
Le but de la manœuvre était de les démoraliser. Xana avait appris à se méfier de ces enfants. Depuis plus d’un an il les voyait toujours sur son chemin. Jamais ils n’avaient faibli face à lui. A chaque fois, il gagnait presque.
C’est l’impression qu’il donnait, et pourtant, lui-même savait que la chance n’y était pour rien. Il devait les avoir tous en même temps. Ou piéger Aelita sans que quiconque puisse intervenir.
Les enfants, eux, n’ignoraient pas que Xana n’était après tout qu’une entité informatique. Il ne sait éprouver de sentiments. Jérémie, un jour, avait dit :
« A long terme, il pourrait nous comprendre. Ce jour là, il faudrait nous méfier. Mais il n’est pas humain. Il ne le sera jamais. Il ne peut éprouver un quelconque sentiment. A la rigueur, il pourrait en synthétiser un par un type de raisonnement propre à nos réactions à un sentiment. Si c’était le cas, nous aurions vraiment du fil à retordre ».
Yumi et Ulrich s’efforçaient donc de ne pas montrer à Xana leur désespoir. Ils devaient encore lui tenir tête. Peut être Xana allait il perdre, encore. Peut être... Peut être...
Non, ils étaient tous piégés. Ils devaient l’arrêter eux-mêmes. C’est pour ça que Xana voulait les décourager. Il voulait qu’ils abandonnent. Il voulait qu’ils reposent leurs espoirs sur d’autres, d’autres qui feraient de même.
« Non, Xana. Non, pas cette fois ci ! »
Ils coururent. Ils espéraient que les autres aient la même présence d’esprit qu’eux.
Ils allaient à l’usine. Ils avaient bien l’intention de sortir Aelita des griffes de cet horrible humanoïde alpha.
Chapitre Quatre : regroupement
Elle marchait toujours, guidée par cette chose, par ce halo rouge qui l’entourait. Elle marchait lentement mais sûrement.
Le cinquième territoire regorgeait de salles. Toutes identiques les une aux autres, et toutes différentes à la fois.
Elle ralentit. Elle était sans doute arrivée. Elle tourna. C’était un mur. Le même que celui qui s’ouvrait pour sortir de l’aréna.
Elle devinait ce qui se passerait. Le mur s’ouvrit. Il donnait sur un couloir.... Qu’elle franchit.
Elle s’attendait à trouver derrière quelque chose d’horrible, elle s’attendait à être surprise. Elle n’aurait pas pu tomber sur pire....
Mais ce qu’elle découvrit la terrifia. Une grande salle circulaire. Une sphère, même. Sans doute était ce le centre de Carthage... En tout cas, cette salle était gigantesque. Il y avait un immense trou, au milieu. Un trou béant. On n’en voyait pas le fond. C’était tout noir.
Non, pas comme si il n’y avait aucune lumière.... C’était plutôt comme si la lumière y était absorbée. Un grand bruit se fit entendre.
Cinq grandes pulsations provenant des profondeurs lui indiquèrent ce qu’il y avait en bas.
Puis un bruit mécanique lui fit comprendre que la chose remontait.
Elle se trouverait bientôt devant elle.
Le mur se referma. Le halo rouge se dissipa.
Tout devint sombre. Aelita perdit connaissance.

Jérémie ne se savait pas si bon coureur. Il avait réussi à fuir l’Ermitage. Il se disait qu’il allait rejoindre l’usine. De là, il pourrait peut être agir sur Lyoko. Ses amis, avec un peu de chance, y seraient aussi. Il pourrait peut être, en courant vite, les virtualiser.
Il traversait les bois. Il savait l’ennemi à ses talons. Aussi prit il ses jambes à son cou.
Il pourrait rejoindre l’usine en dix minutes. L’autre ne pouvait pas couper à travers bois et courir à toute allure : le calcul de trajectoire était sans doute insuffisamment élaboré pour qu’il n’atterrisse pas dans un arbre.
Victoire ! Jérémie arrivait à l’usine. Et c’était plus qu’il n’en espérait. Au même moment, qui vit il sortir des égouts en courant et en hurlant ? Ce cher Odd qu’il était comme toujours plus qu’Heureux de voir arriver.
Ulrich et Yumi, au loin, apparaissaient.
« Vite ! Entrez ! Vous trois, aux scanners, il faut vous virtualiser !
-Compris ! »
Il n’est plus besoin de dire que ces collégiens savent y faire : ils en ont vécu, des menaces ; et maintenant qu’ils étaient réunis, aller sur Lyoko serait un jeu d’enfant.
Récupérer Aelita serait une autre paire de manches : elle pouvait être n’importe où sur Lyoko.
Il fallait bien sûr fouiller le cinquième territoire. Une fois sur Lyoko, il fut convenu qu’Odd allait chercher la tour activée tandis qu’Ulrich et Yumi devaient récupérer Aelita.
Une minute plus tard, ils étaient dans l’aréna.
Ils ne se doutent pas qu’en ce moment même, Aelita est en fait face à leur ennemi de toujours, et qu’elle perd connaissance.
Ils restèrent trente secondes dans cette salle. Le mur ne s’ouvrit pas. Ah, ce Xana, il barricade la porte d’entrée.... Mais il laisse les fenêtres grandes ouvertes.
Car à ce moment précis, la salle se mit à vibrer, le cinquième territoire entier se mit à trembler. Une immense pulsation hurla à tout rompre, suivie d’une détonation assourdissante. Le cinquième territoire, ainsi que tout Lyoko, fléchissait : comme si une immense baisse de tension se produisait. Que se passait il, nul ne le comprit.
Sur terre, les trois Alpha s’évaporaient, en un éclair, comme si ils avaient été vaincus, alors qu’ils s’apprêtaient à entrer dans le laboratoire.
Odd venait de trouver la tour. Il les connaissait bien les tours activées, avec leur halo rouge caractéristique. Mais cette fois ci, c’était différent.
« Jérémie ? Il y a quelque chose qui ne va pas !
-De mon côté non plus, l’ordinateur me propose un retour vers le passé ! Ce n’est pas possible, en cas de tour activée !
-Elle ne l’est pas, enfin, si... Euh, je ne sais pas, mais enclenche le retour dans le passé !
-Euh... D’accord, RETOUR VERS LE PASSE ! ».
Chapitre Cinq : Rira bien qui rira le dernier
Il est sept heures, les collégiens se réveillent.
Personne n’a compris ce qui s’était passé. Ils allèrent réveiller, non sans la crainte de l’avoir perdue, Aelita, qui dormait encore comme un loir : le somnifère faisait encore effet. Elle se réveilla pourtant. Sa mémoire intacte, comme si rien ne s’était passé.
Après le récit de leurs aventures détaillées, on en fit la synthèse : une baisse de tension avait réussi à planter Xana. Le hasard ? Certainement pas. Mais que s’était il passé ? En outre, un problème demeurait.
« Alpha... Il est toujours à l’usine ! J’aurais dû m’en douter... Je l’ai vu sur les caméras, j’ai un accès direct.
-Mais... la tour s’est désactivée, enfin... Xana ne la contrôle plus.
-C’est un monstre de Xana. JE l’ai matérialisé, comme un idiot. Mais en oeuvrant intelligemment, on l’aura.
-Mais, mais comment ?
-Je crois avoir compris son fonctionnement. N’étant pas un spectre, Xana ne le contrôle pas directement. Il lui a donné un ordre précis, complexe, mais précis. Lui-même n’y peut rien changer. Et je suis prêt à parier qu’il ne se souvient de rien !
-Et comment on l’aura ?
-J’ai ma petite idée ».
Il n’est que neuf heures, pourtant Jérémie est déjà à l’usine.
« Salut, alpha !
-Jérémie ? On avait pas dit midi ?
-Je ne pouvais attendre, il faut qu’on fouille cette fichue baraque. Tu viens ?
-Euh... D’accord ».
C’est bien ce qu’il pensait. Alpha ne pouvait pas refuser. A l’approche de l’Ermitage, il allait l’abandonner quelques secondes, prétextant une niaiserie, pour être remplacé par son clone et aller à l’usine. Il ignorait qu’il n’avait plus de clone. Et il ignorait qu’en ce moment même les Lyokonautes sortaient de leur cachette aérienne pour rejoindre le labo.
Aelita s’installa au clavier, et ses amis, aux scanners. Quelques commandes, et elle repartit dans les égouts.
Jérémie et Alpha arrivaient à l’Ermitage.
« Jérémie.... J’ai une envie pressante, attends moi je reviens.
-D’accord..... Andouille ».
Il était parti, c’était sûr, il ne reviendrait plus. Pour plus de sécurité, Jérémie décida de rester. Il était presque onze heures.
Et il fut midi lorsque Alpha rejoignit le Supercalculateur, qu’Aelita ne lui laissa pas le temps d’utiliser.
« Les autres sont déjà là ?
-Oui, ils sont sur Lyoko.
-Et Jérémie ?
-Il est parti te chercher, il s’inquiétait. Il ne devrait pas tarder à nous rejoindre.
-C’est quoi cette bonne nouvelle, alors ?
-On va sur le cinquième territoire. Je pense avoir repéré une grosse source d’énergie
-Tu penses que ça aiderait à trouver l’antivirus ?
-J’en suis même sûr. Vas aux scanners, je t’y rejoins. Si on y est tous en même temps, on aura plus d’informations.
-A tout de suite ! »
Aelita atterrit dans l’aréna, une fois de plus.
Ses amis étaient là, cette fois. Elle alla se cacher derrière eux
« En joue ! »
Alpha se virtualisa. Il était attendu, il comprit trop tard qu’il s’était fait avoir
« SURPRISE !!
-Flèches laser
-impact ! »
Ils s’étaient bien préparés. Ils l’attendaient de pied ferme. Dix flèches lasers, trois assaillants à l’épée et deux éventails : il n’y résista pas. Ils n’en avaient fait qu’une bouchée : il ne les ennuierait plus.
Epilogue
Il était une heure de l’après midi, à présent. Tout danger était maintenant écarté. Ils l’avaient échappé belle. Mais ils n’en savaient pas plus sur cette mystérieuse explosion. Un détail cependant restait à éclaircir.
Aelita, la première, y pensa. Elle prit à part son cousin d’adoption, et lui demanda :
« Tu disais que la tour était bizarre... Mais qu’avait elle de particulier ?
-Oh, trois fois rien. J’ai dû avoir une grosse hallucination, c’est tout
-Odd, s’il te plait, c’est important. Qu’est ce qu’elle avait ?
-Un halo blanc ».
Ils se regardèrent, haussèrent les épaules, puis repartirent, en silence, rejoindre le groupe.

________
Il est temps maintenant pour un éclaicissement. Les évènements qui suivent cet épisode sont les suivants: Xana applique le plan B énoncé dans le n°5. Suivent les épisodes Franz Hopper, Contact, révélation et Réminiscence. On supprime à ces épisodes la révélation finale de révélation (inutile). On imagine qu’il y avait vraiment un virus, mais qu’il est anihilé par les évènements finaux de réminiscence (Franz sauvant sa fille) On tient compte des évènements du n°5, qu’on ajoute au tout, et on passe à la suite
_________

FIN

EPISODE 8

Le projet Carthage

Chapitre un : Le début des ennuis
C’en était fait, Xana était libre.
Bien que selon Jérémie le terme soit un tantinet hyperbolique, depuis la veille au soir, lorsque c’est arrivé, ceux qui depuis deux ans bientôt combattaient Xana avaient l’impression que chacune de leurs actions était vaine, à présent.
Ils avaient fait tout cela pour rien. Même Aelita, qui, toujours au centre de l’action avait suivi la nette évolution des évènements pensait que tout ce temps avait été perdu...
Ou plutôt... Qu’ils avaient seulement retardé Xana.
Les souvenirs d’Aelita ne l’aidèrent pas à retrouver le moral : c’était même le contraire. Elle ne se souvenait que de choses anodines.
Elle se souvenait que son enfance avait été plutôt heureuse.
Elle vivait en montagne, autrefois, avec son père et sa mère. Elle était fille unique. Toujours choyée par ses parents, elle avait été plus qu’heureuse de déménager en leur compagnie dans la région parisienne, dans une forêt où elle aimait se promener.
Elle n’a pas beaucoup été à l’école. C’est son père et sa mère qui faisait son éducation. Son père était un physicien de génie et sa mère avait fait des études de lettres. Elle n’a jamais compris pourquoi elle n’y allait pas.
Elle se souvient sue du jour au lendemain, elle n’avait plus vu sa mère. Elle était partie faire les courses, elle n’est jamais revenue.
Aelita n’avait pas compris pourquoi, mais au fond de son cœur, elle savait que jamais plus elle ne la reverrait. Elle a surmonté cette perte, son père lui fournissant assez d’attention pour assurer son bonheur.
Tout a basculé.
C’était un jour d’été. Franz avait l’air bizarre, ce jour là. Il tenait absolument à ce qu’Aelita aille en forêt, faire une balade à vélo.
Elle aurait dû noter -mais elle était trop jeune- ce changement significatif.
Son père changeait, au cours de la journée. N’importe quelle fille aurait oublié tous ces détails depuis tant d’années, mais Aelita venait de recouvrer la mémoire, et c’est comme si cet évènement s’était produit la veille. Elle s’était réveillée tôt, ce jour là. Vers six heures du matin. Elle se levait toujours tôt. Son père partait. Il allait travailler, sans doute, dans son laboratoire, qu’Aelita rêvait d’un jour visiter.
Il était revenu vers deux heures de l’après midi. Il avait l’air fatigué, et sa barbe avait poussé. Elle avait même beaucoup poussé, anormalement, même. Mais Aelita était petite, elle avait déjà vu son père ainsi, par le passé.
Il était en blouse de chimie. Il n’avait pas eu le temps de l’enlever.
Il se mit au piano et joua. Il termina sa phrase et se retourna.
« Il fait beau, dehors, pourquoi n’irais tu pas jouer dans la forêt ? Prends ton vélo ! »
Elle n’avait pas refusé : elle aimait la forêt.
Vers 17 heures, elle rentrait.
« Papa ! Je monte dans ma chambre !
-Très bien chérie ».
Aelita aimait la littérature de science fiction, et de fantaisie. Elle lut, pendant une demi heure, une histoire de lutin et d’un seigneur sombre qui envoyait des loups à sa poursuite. Elle imaginait sa poupée dans le rôle du lutin. Il fuyait, et se cachait dans une grotte. Il y avait un coffre. Il contenait....
Elle ne le sut jamais.
« Allons, sortez de là
-Papa ! Papa, il y a des hommes en noir en bas !
-Je sais, oui. Tu te souviens où est monsieur Pück ? »
Elle s’en souvenait, oui. Lui aussi était aller se cacher. Mais pas dans une grotte, dans un arbre creux. Peut être à ce moment là prit elle ces hommes en noir pour des loups qui la cherchait, telle un lutin. Et elle devait se cacher.
Ils descendirent les escaliers. Les loups étaient là. Ils étaient très méchants.
Le père et sa fille fuirent vers cette grotte, l’usine, et il y avait des coffres : trois grands caissons d’où sortaient une intense lumière. La seule solution pour échapper aux loups.
« A tout de suite, ma chérie
-D’accord, à tout de suite Papa ».
Ce souvenir hantait Aelita. Elle ne se souvenait pas bien de la suite.
C’était l’heure du déjeuner. Ils étaient tous de cette même humeur sombre, bien que les vacances fussent là dans une semaine.
Ils devaient penser à une solution constructive. Jérémie avait une idée.
Ils devaient savoir en détail ce qu’était Xana, ce qu’il était exactement programmé pour faire, ses moyens, et ses faiblesses.
Il savait où chercher. Le journal de Franz Hopper. Il y avait une partie très longue qu’il n’avait pas encore visionnée. C’était peut être important.
Ils en discutèrent, en mangeant. Evidemment, c’est tout ce qui restait.
« On doit savoir ce que sont les clés de Lyoko, là, on pourra peut être savoir dans quelle mesure Xana est libre, et ça nous permettra de déterminer si ton père est encore vivant. On pourra peut être trouver le moyen de détruire Xana.
-Tu es bien optimiste, Jérémie. Je te rappelle que jusqu’ici, Xana a toujours eu une longueur d’avance. Très franchement, si je continue à le combattre, c’est juste parce qu’on ne se rendra pas.
-Moi aussi. Il faut combattre jusqu’au bout.
-Je sais qu’on n’a pas eu beaucoup de chance jusqu’à présent... Mais Aelita est là, non ? Elle est libre !
-Xana aussi !
-C’est vite dit, et puis on doit regarder ce journal, qu’y perd t’on ?
-On y ira. On continuera à combattre Xana, même si c’est peine perdue ».
A quinze heures, ils partirent en direction de l’usine. Ils en avaient assez de Xana, depuis deux ans ils avaient envie de hurler : « Mais y en a marre ! »
Mais ils ne pouvaient pas. Ils combattraient Xana jusqu’à la mort. Chacun espérait que sa détermination ranimerait le courage des autres.
Franz Hopper ! Pourquoi avoir créé une horreur pareille ? Au moins peut être le sauraient ils, cette fois ci.
Ils étaient à l’usine. Ils savaient tout ce qui s’était passé ici, mais ils n’y faisaient même plus attention. Jérémie ne se rappelait du code de l’ascenseur qu’inconsciemment : il ne pourrait le réciter, mais face à ces boutons, il savait comment bouger les doigts.
Il ouvrit la zone privée du supercalculateur.
Le journal l’attendait.
Il ouvrit l’une des dernières entrées.
Chapitre deux : 6 Juin 1994. Jour 2545
6 Juin 1994. Jour 2545.
C’est mon dernier jour sur terre. Il me reste juste quelques réglages à faire sur les scanners et je m’en irai sur Lyoko avec Aelita. J’ai compris qu’il n’y avait pas d’autre solution. Je sais que ces agents viendront vers 17h30. J’ai déjà fait un exercice de sécurité. On peut parfaitement atteindre le supercalculateur en les semant.
Toutefois, si un jour nous devions revenir sur terre ou s’il nous arrivait malheur, je décide de cacher ce journal en lieu sur, et de consigner ici l’histoire de ces dernières années.
Je m’appelle Franz Hopper. J’ai longtemps fait partie d’un mystérieux projet. Le projet Carthage. J’étais payé pour programmer des ordinateurs de sécurité et ne pas poser de question. En 1975, je découvre malgré moi que le projet Carthage est à moitié illégal, et que ses buts réels demeurent mystérieux. J’en parlais à mes collègues, et plusieurs d’entre eux, dont moi, ont démissionné. Ca ne pouvait rien être de grave. Mais je ne voulais pas participer à ce projet.
Mon épouse et moi-même avons continué à vivre aux frontières de la Suisse plusieurs années durant, mettant au monde notre fille, Aelita.
C’est alors que j’ai compris tout à fait par hasard, en entendant une conversation dans un café, que le projet Carthage était un projet militaire ayant pour but d’intercepter les communications ennemies. J’ai prévenu mes anciens collègues, mais je ne comptais rien faire, à l’époque. Je pensais que ce serait bénéfique. Jusqu’à leur réaction.
Le chef de projet pensait que j’en savais trop. Il avait bien quelque chose à se reprocher. La tenue de ces agents le prouvait. Des hommes en noir.
C’était bien un projet antigouvernemental, ils voulaient contrôler les communications, et moi, j’en savais trop. Mes collègues aussi, visiblement. Trois d’entre eux sont morts avec leur famille, probablement traqués par ces hommes en noir.
J’ai fui. J’ai fui avec plusieurs collègues dans la région parisienne, avec ma femme et ma fille. Là, ils ne pourraient pas nous trouver.
Je n’allais pourtant pas me cacher comme un lâche. J’étais responsable, en partie. Je devais contrer le projet Carthage.
Plusieurs collègues décidèrent de me rejoindre.
Nous devions construire un programme plus puissant que ceux du projet Carthage, pour qu’il détruise le projet.
Nous l’appellerions Xana.
Un ordinateur quantique. Nous décidâmes de le cacher dans une usine désaffectée non loin de là. Mais un tel regroupement d’anciens scientifiques du projet Carthage nécessitait de multiples couvertures. J’ai toujours eu un faible pour l’enseignement. Je devins professeur de sciences dans le collège Kadic.
Nous ne devions cependant pas prendre le projet Carthage à la légère. Ils pourraient nous retrouver. Aelita n’est plus jamais allé à l’école depuis notre déménagement. Nous l’éduquions nous-mêmes, et j’empruntai des livres au collège pour son éducation.
Pendant ce temps, le projet Xana avançait.
Un jour, c’était fini. Nous l’avons alors allumé. J’avais programmé Xana avec les données de Lyoko. Il devait gérer Lyoko, protéger le Supercalculateur, et, lorsque l’heure serait venue, il devrait détruire Carthage. Son programme l’a poussé à veiller sur ses créateurs, moi en particulier, car leur destruction nuirait à l’intégrité du Supercalculateur.
Mais les hommes en noir ont retrouvé ma trace. Ils ont eu ma femme, et tué l’un après l’autre mes collaborateurs.
Je me retrouvai seul. Je me suis longtemps demandé comment ils m’avaient retrouvé.
Un traître. Il y avait un traître au sein de mon équipe. Waldo Schaeffer. Il m’espionnait. Lorsqu’il sut exactement le but du projet, il a prévenu Carthage. J’en ai la preuve. Un dossier qu’il gardait sur lui. Il avait été tué aussi, je me demande pourquoi. Dans ce dossier, il avait regroupé toutes les informations me concernant.
Nous sommes en Juin 1994. Je sais qu’ils m’ont repéré. J’ai voulu fuir avec ma fille et détruire le Supercalculateur, afin d’effacer toute trace de mes activités. C’est alors qu’au cours de manœuvres pour désactiver les programmes de l’ordinateur, je découvris l’une de ses propriétés les plus fascinantes : le retour vers le passé. Le Supercalculateur pouvait libérer assez d’énergie pour permettre le voyage temporel ET s’en protéger. Avec quelques manipulations, il pouvait même en protéger certaines personnes.
J’avais une idée. Lyoko était un univers virtuel. Si l’on pouvait créer des particules virtuelles à partir de nos particules matérielles, on pourrait se transférer dans Lyoko.
Une installation particulière était nécessaire. Le deuxième sous sol était réservé au matériel de construction. Il était inutile à présent. Il était judicieux d’installer là de gros scanners cylindriques. Je les ai fabriqués en trois jours, en restant prudent : je ne devais pas utiliser le retour vers le passé au risque d’avoir à recommencer. Il serait très long de les programmer. Les hommes en noir allaient arriver, ils m’avaient repéré, c’était définitif : j’ai surpris une caméra cachée qui m’espionnait. Nous étions le 5 Juin, et c’était pour demain.
Je ne devais pas quitter mon laboratoire avant la fin de la programmation. Je travaillerai de 6h00 à 14h00, revenant à cette heure là dès que 14h00 était atteint.
Aujourd’hui, j’ai presque fini. Je dois maintenant terminer de programmer les clefs de Lyoko, que je partagerai avec Aelita. Nous allions partir, et pour longtemps.
Il ne me reste plus qu’à expliquer de quoi il s’agit, et demain, à 14h00, après le rapport, je quitte le labo, je demande à Aelita de partir en forêt, je cache mon journal, crypté, dans un casier de gare dont je cacherai la clef là où jamais ils ne penseront à regarder : derrière un dessin affiché au mur de la chambre d’Aelita est cachée la poupée que nous lui avions offerte... je la cacherai là, essayant d’être le plus naturel possible à son retour.
Les clefs de Lyoko sont déterminantes : elles permettent deux choses : désactiver les tours qui ne devraient pas l’être : l’ordinateur nous reconnaîtra, nous pourrons entrer le code LYOKO en cas de bug.
Les clefs de Lyoko permettent aussi de quitter Lyoko sans besoin d’aide extérieure, en activant une tour de passage, au cas où nous aurions besoin de revenir sur terre.
Les tours de passage ne peuvent être activées, d’ordinaire : seules les clefs de Lyoko peuvent le permettre.
Elles permettent aussi accessoirement d’activer nous-mêmes les tours. Mais cela implique soit d’être à l’extérieur du Supercalculateur, soit d’être réduit à l’état de programme flottant, aussi est il préférable de ne jamais pouvoir s’en servir.
Si nous perdons les clefs, nous mourons. Mais cela n’arrivera pas : comment cela pourrait il arriver ?
Lorsque nous serons sur Lyoko, Xana détruira Carthage.
Espérons qu’un jour tout cela se calme, et que nous puissions retourner vivre normalement sur terre... Mais j’en doute.
Le compte à rebours est démarré : le retour vers le passé se lancera dans une minute. Il est 13h59.
Franz Hopper. Terminé.

Chapitre deux : Tout s’explique
Ils ne croyaient pas ce qu’ils entendaient.
Aelita s’en doutait déjà d’une certaine manière, mais comment avait elle pu ne pas voir tous ces évènements ?
Jérémie arborait une mine satisfaite. Il avait tout compris, et visiblement, les nouvelles sont bonnes.
« C’est exactement ce que j’avais envie d’entendre. Xana est programmé pour protéger le supercalculateur. Même maintenant, il ne veut pas qu’il soit éteint. Eteindre le supercalculateur ne sert plus à rien contre lui. Mais il doit encore avoir besoin des tours pour attaquer. Il serait peut être dangereux pour lui de tenter de nous avoir de lui-même. Il pourrait, mais ce serait risqué.
Il cherche à nous détruire, nous et le reste de l’humanité, parce qu’il nous considère comme un danger potentiel pour son ordinateur. Il ne veut pas prendre le contrôle du monde, preuve qu’il n’a pas évolué de ce point de vue là.
Quand aux clés de Lyoko, c’est simple, il n’avait qu’à activer les tours de passage pour sortir du cinquième territoire, or il ne pouvait pas....
-Et les clés que mon père avait programmées le lui ont permis.... Il est mort, maintenant. Il a dit lui-même qu’on ne pouvait pas vivre sans les clefs. Il s’est... Vraiment... Sacrifié pour me sauver. Le fragment que Xana m’avait volé devait contenir une partie des clefs, ça a dû modifier ma structure...
-Mais tu avais toujours la possibilité de désactiver les tours... Il te restait encore les clefs
- Voilà pourquoi on ne peut pas le faire, nous !
-Mais il y a aussi de bonnes nouvelles. Aelita, tu es maintenant.... Comme nous. Le fait de te tuer sur Lyoko ne te détruit pas : ça te ramène ici, à l’usine.
-C’est génial !
-Oui... Mais dans un sens seulement : tu es la seule à pouvoir désactiver les tours sur Lyoko. Si tu es dévirtualisée, tu sais bien que tu ne peux plus retourner sur Lyoko avant un certain temps : c’est dangereux. Pas plus d’un scanner par jour. Ces trucs là ne doivent pas être trop sollicités. Mais il y a autre chose !
-Quoi ? Dirent ils tous d’une même voix
-Maintenant qu’on tient la bonne structure virtuelle, je peux te programmer des armes ».
-C’est bien beau, tout ça, Einstein, mais comment on va détruire Xana maintenant.
-Ben... Euh, pour l’instant, la seule idée qui me venait à l’esprit était de le forcer à désactiver le Supercalculateur.
-Sans commentaire ».
Ils rentrèrent au collège, tout en réfléchissant. Dans une semaine, c’était les vacances. Ils n’allaient certainement pas détruire Xana en un laps de temps si court. Que faire ?
Aviser, sans doute, comme ils l’ont toujours fait.
Xana allait sans doute sous peu essayer de les avoir.
Coup de chance, il est sans doute plus facile maintenant pour Jérémie d’activer une tour sans que Xana en prenne possession.
Malheureusement, Hopper était forcément mort. Il n’activerait plus de tour et ne les aiderait plus.
Autre problème, il faudrait bien avouer un jour la vérité : Aelita n’était pas la cousine d’Odd et encore moins canadienne. Elle devrait avoir à peu près vingt cinq ans. Il faudrait inventer un gros mensonge.
« En temps normal, dans notre situation, on aurait plus qu’une chose à faire : attaquer Xana. Mais comment voulez vous qu’on attaque Xana ?
-Pour l’instant, nous devons nous défendre.
-La meilleure défense, c’est l’attaque
-Quelqu’un a dit qu’on était les meilleurs ?
-Non, donc on se défend comme on l’a toujours fait.
-Cette guéguerre commence sérieusement à m’agacer, qu’on en finisse, bon sang.
-C’est une guerre de positions. Il ne peut pas craquer, lui. Nous ne devons pas craquer. On n’abandonnera pas. Je m’attellerai à trouver tous les programmes du supercalculateur susceptibles de nous aider. Xana est peut être libre, mais sa seule arme... Comme notre seule arme reste un ordinateur quantique de trois étages, alors mettons nous dans la tête que rien n’a changé. Xana n’a jamais gagné. Il devient plus puissant, mais pas invincible. Ensemble, on l’aura.... Je vous le promets ».
Ils sourirent, croyant en leurs amis, en dans les paroles de Jérémie.
Xana était là, mais ils le combattraient. Il ne gagnerait pas.

FIN

EPISODE 9

Xanaland

Chapitre un : Sortie
La fin de l’année était plus proche que jamais. C’était même à la fin de cette semaine de la fin du mois de Juin. La plupart des élèves étaient relativement heureux de cet arrêt bien que soudain de toute activité éducative.
Il y en avait pourtant quatre, qui eux n’étaient pas si heureux que ça. En effet, les vacances approchaient, et il n’était pas question qu’ils se séparent avant que le programme défectueux qui voulait leur peau depuis presque deux ans ne soit définitivement mis hors service. L’année dernière, ça n’avait pas posé de grands problèmes : ils avaient réussi à convaincre leurs parents de ne pas partir en vacances cette année là, et ce de gré ou de force. En effet, ils eurent même recours alors à nos chères bactéries. Leur parents, une fois tombés malades, ne purent pas partir en vacances. Mais cela ne servirait pas à nouveau cette fois ci, pour peu qu’ils trahissent leur secret. Ils devaient encore trouver une solution appropriée, ce qui n’était pas une mince affaire, étant donné que Xana, maintenant libre, se faisait plus menaçant que jamais. Ils parvenaient pourtant à trouver le sourire : aujourd’hui, c’était la sortie de fin d’année. Celle qu’ils attendaient tous : et pour cause, ce ne serait pas cette fois ci pure activité studieuse, puisqu’ils allaient dans un endroit ou chacun était certain de trouver son bonheur : le nouveau parc d’attractions de la ville, inaugurée quelques années auparavant. A ce propos, l’estimé Monsieur Delmas avait dit :
« Cette année, pour vous récompenser des efforts que vous avez fourni et du très faible taux de redoublements, l’équipe pédagogique a décidé que nous irions tous au nouveau parc d’attraction de la ville. En effet, le propriétaire nous a appelés, il nous y invite à moitié prix.
Nous déjeunerons là bas, aussi est il recommandé aux externes d’apporter leur pique nique. Bien entendu je compte sur vous pour garder une attitude convenable et responsable.
Quelqu’un a-t-il des questions ? »
La joie avait alors été la plus totale dans la salle polyvalente, où le proviseur tenait son discours. Ils s’attendaient à un musée d’art moderne ou encore à un laboratoire de recherches.
Aelita, bien qu’ayant maintenant tous les souvenirs de sa vie sur terre ignorait de quoi il s’agissait :
« Je passais le plus clair de mon temps avec Papa, disait elle, et on ne sortait pas beaucoup ». Aussi fallut il lui expliquer ce que c’était, et elle trouva le principe assez étrange.
Il était Midi, l’heure de déjeuner. L’excitation était à son maximum d’intensité, d’autant plus que plusieurs rumeurs circulaient : à ce que l’on disait, le parc en question venait de changer de propriétaire, au début de la semaine, et cela aurait occasionné une modification de certaines attractions.
Il paraissait même que le parc allait entièrement être robotisé : ce ne seraient plus des gens habillés en monstres qui animeraient le parc, mais bien des robots. De grands robots à ce qui paraissait. Si c’était aux normes ? Nul ne le savait : le centre serait « inauguré » par les élèves du collège. Ce qui bien évidemment entraînait, du moins en partie, ce mouvement d’excitation.
Il n’y avait, bien évidemment, cinq personnes que cela n’enchantait pas plus que cela : en effet, ceux-ci avaient combattu d’inimaginables cataclysmes. De l’ours en peluche géant aux perturbations climatiques, tout leur était tombé dessus, et c’était fait pour durer encore un peu.
« Alors, disaient ils, vous nous excusez, mais question panique, on est servis ».
Chapitre Deux : le parc des machines
Les bus scolaire étaient à l’heure. Il en fallait trois. Trois bus pour entrer dans le parc. Comment était il ? Gigantesque. A l’intérieur régnait une ambiance de nécropole. Ce n’étaient pas des cryptes, ni des pierres tombales, mais des statues métalliques représentant des démons, des créatures humanoïdes à l’aspect effrayant autant que réaliste. Hormis les jointures, on pût croire qu’ils étaient vivants.
Cette sombre population était surplombée par de grands échafaudages, ainsi que des bâtiments, tous plus imposants les uns que les autres : des attractions, dont les noms étaient ciselés dans les barrières. Le groupe émerveillé franchit une barrière, sans mot dire, dont le nom était caché par une banderole. Derrière, c’était un véritable village. Une ville fantôme. Le groupe finissait d’entrer, et la porte se fermait d’elle-même. Décidément, ce parc était parfait. Ils arrivaient à la grand place. Ils y virent la seule chose que l’on ne pouvait s’attendre à voir au milieu d’un parc d’attractions : une orgue. Une orgue gigantesque, et l’on peinait à imaginer quel son elle pouvait produire.
On était en Juin. Pourtant, même à quatorze heures, il faisait presque nuit : un épais brouillard dominait le parc. L’atmosphère était très inquiétante, en particulier pour une partie des collégiens, qui se demandaient à raison si quelque entité informatique ne les observait pas.
Le parc était toujours désert. Après dix minutes de réflexion, les adultes décidèrent de laisser les élèves en ébullition monter sur les machines de tortures qui s’ouvraient à eux. Des montagnes russes, des manèges en tous genres, le train fantôme, la salle d’exposition remplie de squelettes, et pour terminer, la visite guidée de la nécropole par des pancartes.
Tous les élèves devaient tout faire. On divisa le collège en cinq groupes. Un pour chaque zone d’attractions.
Naturellement, il fût impossible, et inutile, de séparer cette mystérieuse bande de gosses dont le secret demeurait impénétrable.
Bande qui, d’ailleurs, restée sur la place centrale, n’eut pas le temps de bouger. A peine les différents groupes s’étaient ils engagés dans les attractions qu’un bruit sourd se fit entendre. Et, transportant leurs malheureux passagers, montagnes russes, manèges et train fantôme se mirent lentement en marche. Les barres de sécurité rabattues, plus personne ne pouvait bouger, et personne ne comprenait. La salle d’exposition, où une partie était rentrée, ferma brusquement ses portes. Et tandis que les sombres rouages du piège qui s’était refermé derrière eux montraient tous leurs crans, les Lyokonautes virent arriver un homme.
Un petit homme bossu à la démarche fébrile. Ce qui fut l’objet d’une remarque de Yumi, à laquelle Jérémie répondit :
« On dirait plutôt ça pour un humain, mais là, c’est un robot».
Cette révélation ne surprit personne compte tenu des circonstances. Mais il avait l’air très élaboré. Trop élaboré pour un robot. Il n’avait pas..... Ce n’était pas...... c’était...
« XANA »Firent ils tous d’une même voix.
La banderole tomba. Confirmant les soupçons : elle affichait « Bienvenue à Xanaland ! »
Le ciel aussi, probablement, était un coup de cette sombre entité qui depuis deux ans les traquait.
On ne put jamais imaginer aussi humain de la part de Xana. Mais contre toute attente, l’orgue commença à jouer, seule, un air lugubre, mais entraînant. Une sorte d’Hymne infernal joué par des démons, tels ceux du cimetière.
Un malheur n’arrivant jamais seuls, ceux-ci mêmes commencèrent à s’animer, et quittèrent leurs piédestaux, et leurs tombes, comme pour hanter les vivants. Mais là n’était pas leur but. Ils voulaient simplement du sang. Celui de collégiens, ceux de Kadic, cinq en particulier.
Une mort horrible attendait ceux qui étaient face à ces créatures.... Tandis que ceux qui étaient dans la salle d’exposition, allaient mourir d’asphyxie dans le gaz qui se répandait à présent des fentes des murs. Le but de Xana était clair : il les tuerait tous, pas un ne devait en réchapper. De là dépendait la victoire, et il semblait impossible de l’arrêter.
« On doit désactiver la tour !
-Ulrich...... Aucune tour n’a été activée ». Dit sombrement Jérémie, son ordinateur à la main.
Chapitre trois : Tous mourir
Il aurait été humain à ce moment là qu’ils soient découragés. Dans un cas pareil, à l’époque où Xana n’était pour eux qu’une menace passagère -car il faut dire qu’en un temps, ils y crurent vraiment, à cette victoire rapide sur Xana-, ils l’auraient été. Mais là, c’était différent. Presque deux ans déjà qu’ils combattaient Xana. Toujours ils l’avaient contré. Avec l’amère certitude que ce serait plus difficile la prochaine fois. Toujours ils avaient été habitués à repérer la moindre anomalie dans le décor, la moindre incohérence, le moindre sursaut, la moindre brise et le moindre chuchotement. Toujours, cette anomalie repérée, avec sang froid, ils combattaient, désactivant la tour et contrant l’ennemi. Toujours un coin de leur esprit était réservé à cet ordinateur, dans l’usine, leur seconde maison. On ne souhaiterait à aucun enfant d’avoir à survivre à une attaque de robots, à une perturbation climatique, à un train fou, à des gaz mortels, ou à une plongée dans un univers virtuel. Eux l’avaient toujours fait. Eux savaient en ce moment même ce que Xana voulait, avec son armée de morts et son cimetière. Il voulait les effrayer. Et il échouait. Il échouait car ils ignoraient la peur. Oh, cet effroi singulier de petites choses, ils l’avaient toujours, mais ils ne redoutaient plus ce qui venait de Xana.
Car comme les fois précédentes, Xana perdrait. Ce fut pour les Lyokonautes un instant de grande réflexion. Ils repensèrent, sans même y songer, à ces aventures qu’ils avaient vécues, et à celles que, chronologiquement, ils ne semblaient pas avoir vécues. Il leur sembla qu’ils étaient plus vieux. Ils se comparèrent alors à ces héros, face au grand méchant, dans son trône de fer. Le grand méchant, lui, est bien à l’abri dans son sombre palais, tandis que le héros, péniblement et avec courage traverse les sentiers polaires, les déserts, les jungles impitoyables et autres marécages. Ces héros, dans les histoires, ils ont toujours des milliers de raisons de se retourner, et ils ne le font pas, ah non, non ! Ils continuent, pour ce en quoi ils croient. Et c’est pour ça qu’il faut combattre. C’est pour ça qu’ils n’abandonneraient pas.
Enfin, ils se souvinrent de Jim, le prof de sport. Un jour, il les avait aidé. Ce jour là, Xana avait matérialisé une horde de Kankrelats. Jim n’avait pas été un exemple de gloire médiévale, mais il l’aurait fallu voir hurler, dans le parc du collège, à l’assaut des Kankrelats, au nom de son devoir, de protéger les élèves. Et cette fois où lui, misérable balourd, avait empêché ce vieillard d’approcher Aelita.
Toujours ce même instant, ils repensèrent à leur dernier combat sur Lyoko, et ils s’imaginaient Franz Hopper, utilisant ses dernières forces pour sauver sa fille, avant de s’éteindre pour toujours. Au nom de tout ce courage, ils continueraient à ce battre. Eux aussi allaient frapper hurler, grogner, courir et se rendre ridicule, ne serait ce que pour une dernière fois se donner l’impression de botter les fesses de Xana.
Après tout, ce n’était qu’une petite attaque de routine. Le plan 152367gamma suffirait.
C’était simple : pendant qu’Ulrich combattrait les robots, Yumi protègerait les élèves, et Jérémie, Aelita et Odd partiraient à l’usine, afin de désactiver la tour.
« Mais il n’y a pas de tour activée !
-Non. Mais j’ai ma petite idée. Je reste ici. Odd, tu vas à l’usine, j’ai un plan.
-Mais je ne sais pas me servir du Supercalculateur !
-C’est très simple. Ecoute attentivement. »
Il lui souffla alors à l’oreille ce fameux plan, qui, ils l’espéraient, serait concluant.
Le tout était de le faire sortir du parc. Le seul moyen d’y arriver était de passer par le cimetière. Ca paraissait impossible, mais c’était essentiellement de l’esbroufe. Ces robots n’étaient pas bien rapides. Ils n’étaient qu’effrayants. Quoi qu’il arrive, ils passeraient.
Chapitre quatre : Victoire et défaite
Les autres étaient partis. Ils avaient couru dans toutes les directions pour secourir les élèves qui pouvaient l’être, ainsi que les professeurs. Odd, lui, devait passer. Les robots n’étaient pas très rapides, mais leurs griffes étaient de vraies lames de rasoir, et ils formaient une haie mortelle au milieu du cimetière, comme s’ils avaient deviné ses intensions. On ne pouvait pas leur passer au travers et espérer en sortir en un seul morceau. Les contourner serait idiot. Il n’y avait qu’une entrée qui faisait office de sortie, et tout chemin excepté celui dessiné entre les emplacements des robots menait obligatoirement à une impasse. Odd songea un instant à creuser un tunnel pour passer sous les robots, de toute façon trop lents pour l’atteindre avant qu’il ait refermé la première cavité, mais il se voyait mal creuser avec ses ongles, et cela eut pris au moins un mois. Tout spirituel qu’il fut, il n’envisagea aucun cas de figure dans lequel les élèves pouvaient survivre un mois dans ces pièges mortels. Bon, si on ne peut pas passer par en dessous, songea t’il, on va passer par-dessus. Cette idée lui étant venue, il remarqua soudain une planche avec des roues, abandonné par la providence même près de lui. Quiconque ayant l’esprit avisé se demanderait ce que cette planche faisait ici. La réponse n’en était, pour un résident du collège Kadic, que trop évidente. Un élève l’avait amené, soucieux de conserver auprès de lui un bien dont il ne pouvait se séparer, et qui, émerveillé par les attractions, l’avait laissé là. Il n’en était rien. En fait, ça appartenait au Xanaland. Il était automatique et servait à transporter certains robots d’un bout à l’autre du parc en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.
Ce qu’il lui fallait à présent, c’était une butte assez abrupte pour qu’il puisse espérer en tirer quelque saut de deux mètres de hauteur pour un mètre de longueur. Les collines de la nécropole feraient l’affaire. Il faut dire que les collines des nécropoles que l’on trouve dans les romans sont assez célèbres. Elles permettent au nécromancien de voir son armée se former dans sa totalité, au spectateur d’admirer l’aspect difforme, désordonné, et lugubre du cimetière ancien, et à Odd de passer par-dessus les robots qui bloquaient l’entrée. C’est tout de même un monde, pensa t’il. Il réussit. Aucune description ne serait suffisante pour le dire, mais il réussit. Etait ce gracieux ? Non. C’était très laid, visuellement parlant. Mais on ne vit jamais un saut aussi beau et aussi héroïque. D’ailleurs, on ne le vit, effectivement, jamais. Ce fut bien trop rapide. Trop soudain, et trop confus. Un instant, il roulait en direction des robots. L’instant d’après, il était derrière eux et fuyait à toutes jambes en direction de la sortie qu’il escalada sans trop de mal. Car Odd, non content de les aimer, est très semblable aux chats. Il a leur finesse et leur agilité. Il pouvait escalader n’importe quelle paroi, du moment qu’elle comportait une prise tous les deux mètres. Aussi incroyable que ça puisse paraître, ce n’était pas un collégien qui escaladait la barrière, c’était un chat. Un chat ? Non, c’était mieux que ça. C’était Odd.
Les robots, voyant cette aberration de la nature sortir du parc se dirigèrent tous vers la porte, laissant les élèves terrorisés à qui Yumi faisait signe de la suivre en direction de l’orgue.
***
Des montagnes russes s’élevait un hurlement continu. Le train allait de plus en plus vite et n’empruntait jamais deux fois le même chemin. En effet, une commande de la cabine de contrôle servait à dévier le train sur tel ou tel rail. Xana contrôlait la machine. « Il faut en prendre le contrôle, pensa Jérémie, sinon les élèves vont finir par éclater ». La première idée qui lui passa par la tête fut de se servir de son ordinateur portable ; en le branchant à la console, peut être pourrait il en prendre le contrôle. C’est ce qu’il tenta. Le résultat ne fut guère probant. Avec toute la puissance de son ordinateur, il pouvait au mieux appuyer sur un bouton, et ce uniquement le temps de cinq secondes. Xana, lui contrôlait tout. Jérémie réfléchit. Les rails se croisaient par endroits. Il y avait deux lignes. Trois croisements. A vingt mètres d’intervalle les uns des autres. En les utilisant à bon escient, on pouvait sans doute empêcher le train de beaucoup descendre, et donc freiner le train, à terme. Il faudrait avoir le bon réflexe au bon moment. Des trois leviers, seul celui de gauche et celui de droite avaient une importance. Si la diode était rouge, le train garderait le chemin qu’il suivait. Dans le cas contraire, si elle était verte, le train changerait. Pour que ce plan marche, il fallait qu’il change à chaque fois. Xana tenterait de résister, il faudrait donc abaisser le levier à chaque fois, si tant était que la diode était rouge, au bon moment, et sur un intervalle de temps allant de deux à cinq secondes. Jérémie n’avait pas les cartes en main. Mais il avait déjà fait preuve de plus d’habileté, face à Xana. Les ordinateurs, il connaissait. L’algorithme de baisse de levier était au mieux trop compliqué, au pire inexistant. Mais même s’il fallait qu’il ne s’en remette qu’à ses propres réflexes, Jérémie réussirait.
***
Un groupe d’élèves, celui qui s’était dirigé vers les manèges, avait choisi pour cible un stand d’autos tamponneuses. Au départ, tout allait bien, et ils s’amusaient à aller de plus en plus vite en direction des autres voitures dans le but plus que douteux d’en déstabiliser le conducteur. C’est alors qu’ils se rendirent compte qu’ils ne contrôlaient pas leur automobile. Les ceintures de sécurité s’étaient bloquées, et la vitesse prise par les véhicules aurait tôt fait de devenir mortellement dangereuse. La mission d’Ulrich : les arrêter.
Si c’est dit simplement, c’est que l’acte est simple. Ils avaient toujours combattu Xana. Il leur volait leur jeunesse. Il la leur avait déjà un peu volée, par ailleurs. L’insouciance de la jeunesse, ils l’avaient perdu. Contrairement à la plupart des enfants, ceux-ci ne rêvaient plus d’aventure, la vivant chaque jour et n’en voyant à présent que les mauvais côtés. Ces collégiens étaient des héros. Mais ils étaient les seuls collégiens au monde à ne pas rêver d’en être.
Ulrich fit ce qui lui semblait le plus simple. Les voitures suivaient toutes progressivement la direction d’une voiture non commandée un peu plus grande que les autres. Si Jérémie avait été là, il lui aurait expliqué que Xana devait répartir sa force sur une grande étendue, et que par conséquent, il n’avait pas la puissance nécessaire pour contrôler chaque voiture indépendamment des autres. Aussi n’en contrôlait il qu’une seule, les autres étant configurées pour la suivre. Mais cela, Ulrich n’avait pas besoin de le savoir. C’était un homme d’action. Il n’est pas difficile de l’imaginer prendre l’automobile en pleine marche et d’être ensuite en assez bon état pour pouvoir improviser. C’est ce qu’il fit. Une auto tamponneuse n’était pas quelque chose de très solide, ni de très stable, à fortiori parce qu’il fallait qu’elle aille vite. Et Ulrich n’étant pas ligoté à son véhicule, il lui fut aisé de le bousculer assez violemment pour le retourner et ainsi en arrêter la course folle, ce qui eut pour effet immédiat d’arrêter les autres voitures, après quoi il ne restait plus qu’à libérer les autres élèves secoués, toujours captifs d’une lanière de cuir.
Ils n’étaient pas encore tirés d’affaire, pensa Ulrich. Xana ne s’avouerait pas vaincu si facilement. Il ne restait plus maintenant qu’à espérer que le plan de Jérémie fonctionne...
***
Quel sentiment étrange que la peur. Prenez un soupçon d’hormones, trompez ou montrez à votre esprit des choses qu’il n’aime pas, et ça y est, vous avez peur. Sentiment idiot, aussi, car il s’applique aussi bien au dangereux qu’à l’inconnu. L’Homme craint l’inconnu, l’étrange, ce qu’il ne voit pas ou ce qu’il ne s’explique pas. Cette peur engendra des spéculations, qui devinrent des légendes. Aujourd’hui, ces légendes, ces mythes sont répertoriés. On les appelle « Vampires », « fantômes », « Trolls », « ogres » ou « dragons ». Ces monstres, dus à l’appréhension maladivement primaire de l’inconnu par l’être humain moyen. Et il était la cause et l’objet du train fantôme. Car en plus, pour couronner le tout, pour prouver son incohérence et sa stupidité naturelle à laquelle personne ne peut prétendre se soustraire, l’homme aime avoir peur. Pourquoi ? Parce qu’il aime avoir des sensations fortes. Et la seule sensation forte que l’on peut acquérir seul est liée au danger, et à la peur que l’on en a.
Un groupe s’était dirigé vers le train fantôme dans ce but, sans en être conscient. En effet, il aurait peur. Les spectres qu’ils allaient croiser dans leur train fantôme étaient d’une nature toute autre que ce qu’ils auraient pu imaginer. En effet, ce n’étaient là que des impulsions électriques, commandées par quelque entité froidement informatique, égarés à la sortie d’un câble, destinés à prendre possession d’un corps et de le rendre invulnérablement mauvais.
Ils entrèrent dans le train. Ils hurlèrent de terreur. Puis ils se turent. Cinq minutes plus tard, ils sortaient du long tunnel. Ils ne criaient plus, ils ne riaient même pas. Ils ne vivaient plus. Une étrange lueur brillait dans leurs yeux. L’emblème qui avait terrorisé les Lyokonautes pendant deux ans se dessinait dans leur regard. Ils ne vivaient plus. Ils étaient possédés. Ils sortirent lentement du train, impassibles, en quête de forfait. Nul n’aurait pu reconnaître en eux des adolescents.
***
Le groupe de William était entré dans la salle d’exposition. Elle était fort quelconque. C’était un musée des horreurs des plus ordinaires. Du moins en apparence. Ce qu’ils avaient d’abord pris pour un dispositif anti-incendie émettait en réalité un gaz toxique, dont la nature importait peu, mais qui les endormait progressivement. Une inhalation prolongée entraînerait à n’en point douter leur mort.
Yumi et son groupe d’élèves se dirigeait dans leur direction. Xana n’avait pas investi dans une infrastructure solide, et sans doute serait il aisé de défoncer la porte. Ils étaient assez nombreux pour ça. En espérant qu’il ne fût trop tard.
La salle d’exposition n’était, vue de l’extérieur, qu’une grande bâtisse en bois décoré par des bas reliefs peints représentant des horreurs en tous genres. Le sigle de Xana était présent sur la porte d’entrée, grossièrement dessiné, comme pour donner à l’endroit un aspect inquiétant, en donner l’apparence d’une cabane de sorcier aux pratiques ésotériques, mais au lieu d’un pentagramme tracé avec du sang de brebis, il y avait ce sigle tout aussi inquiétant, de travers, et bavant sur le reste de la porte. Pour les autres, c’était le signe de quelque malédiction. Pour Yumi, ça signifiait juste que c’était là qu’il fallait frapper. Et elle n’allait pas attendre que quelqu’un vienne lui ouvrir.
Elle fit signe aux élèves d’abattre un des arbres synthétiques plantés là pour cette même recherche d’ambiance lugubre. Il n’était pas bien grand. Un mètre quatre-vingt au plus. Il n’était pas si solide non plus. Il fut aisé de l’abattre, et de le transporter à la verticale pour s’en servir de bélier. Au bout de cinq coups bien portés, la porte céda. Les élèves étaient étendus au sol, succombant peu à peu au gaz mortel. Comme par réflexe, chaque élève sain en prit un endormi par l’épaule, pour le transporter au dehors.
***
La suite du plan était la suivante : chacun devait revenir avec son groupe à la grande orgue, qui continuait à jouer la même mélodie sinistre. Jérémie, ayant enfin réussi à arrêter le train, se dirigea avec son groupe au milieu du parc. Les autres étaient déjà là. Sauf Aelita. Celle-ci devait s’occuper du train fantôme. Peut-être avait elle eu moins de chance et lui était il arrivé malheur. Ulrich s’apprêta à aller la secourir, lorsque soudain, Jérémie la vit arriver en courant, paniquée.
« Attention, restez pas là, Xana a pris le contrôle d’un groupe d’élèves, ils vont nous encercler... ».
Mais il était déjà trop tard. En effet, on voyait de tous côtés arriver des robots, groupés, suivant des élèves possédés de leur démarche lente. Ils étaient si nombreux. Et armés. On ne pouvait les contourner, ils étaient partout. Ca allait être un carnage.
L’orgue reprit de plus belle, le ton se fit plus rapide, le son plus puissant.
Là, tous étaient découragés. Ils étaient anéantis, et terrifiés. Ils allaient mourir dans d’atroces souffrances, ainsi que tous leurs camarades.
Tout ce qu’ils avaient fait ces dernières années étaient irrévocablement vain. Xana voulait le leur faire comprendre par cette machination.
A peine ils avaient réussi héroïquement à se sortir de cette situation désespérée que Xana contre-attaquait plus vite et plus fort. C’était ce qu’il faisait depuis longtemps. Ils avaient déjoué chacune de ses attaques une à une. Et même ainsi, il revenait toujours, plus puissant et plus avisé qu’avant. Cela ne finirait donc jamais. Ils allaient mourir, et Xana sèmerait la destruction sur le monde.
Mais ils ne regrettaient pas d’avoir lutté. Ils avaient fait ce qu’ils avaient pu. Il faut toujours faire ce que l’on peut, même si c’est limité.
« Courage, dit Jérémie ».
Les robots avançaient, lentement. Ils n’étaient plus qu’à quelques mètres, dirigés par leurs généraux zombies.
L’orgue s’arrêta.
Chapitre cinq : Vaincu jusqu’à la prochaine fois
Elle s’était arrêtée depuis vingt secondes lorsque les robots s’arrêtèrent à leur tour.
Peu après, un râle électronique s’éleva des possédés, et des spectres en sortirent. Personne hormis Jérémie n’avait le courage de regarder ce qui se passait.
Mais ce qu’il vit fut à la fois terrifiant et rassurant.
Des spectres s’élevaient de chaque partie du parc, pour se regrouper au dessus de l’orgue, et former un gigantesque nuage sombre, qui descendit un temps devant Jérémie. Aucun son ne sortit, mais Jérémie crût entendre : « Tu es malin, Jérémie ». Puis le spectre géant se dirigea avec une vitesse phénoménale vers l’est, tant et si bien que, même si le soleil avait reparu, au bout de trois secondes, on ne le voyait plus. Odd avait accompli sa mission.
Le coup était très incertain, mais il était à tenter. Jérémie avait demandé à Odd de débrancher le supercalculateur. Peut-être Xana y accordait il encore une importance assez grande pour que les données de Lyoko ne doivent pas être effacées. Peut-être cesserait il toute activité au sein de Xanaland pour rallumer et réintégrer provisoirement le supercalculateur. Il y avait une chance sur deux. Et ça avait marché. Ca avait toujours marché. Une fois de plus, ils triomphaient. Qui pourrait dire s’ils allaient triompher la prochaine fois ? Mais ça n’avait aucune importance. Ils vivraient l’instant présent, jusqu’au moment d’en finir, de n’importe quelle manière.
Voyant le soleil réapparaître, tout le monde se découvrit le visage, et aperçut les adultes accourir, au milieu de ce parc sinistre, où tout était immobile, inerte, et meurtri.
Epilogue
« Bonsoir, et bienvenue au 19/20, édition régionale. Toute suite, nous allons démarrer les actualités, puis nous recevrons notre invité Francis Dupré pour son nouveau roman, mais avant, voici la météo... ». Les parents de Yumi venaient d’allumer la télé. Ils avaient eu vent des évènements s’étant produit le jour même au Xanaland. Aucun parent ne s’était vraiment plaint, car aucun élève n’était sérieusement blessé, et les adultes avaient pris en charge chaque élève non sain sans faire de difficulté. L’infirmerie cependant était bondée. Mais l’état des endormis s’améliorait, ils se réveilleraient le lendemain, sans doute. Le parc appartenant à un particulier, la ville ne serait pas blâmée. Mais il régnait un sentiment de mystère concernant cette affaire. Il était évident qu’il ne s’agissait pas d’un accident.
« On ignore ce qui s’est vraiment passé aujourd’hui au nouveau Xanaland. Notre envoyé spécial sur les lieux n’a pu y constater que chaos et désolation. Rien n’a été filmé, mais plusieurs témoignages concernant des nuages électriques et des élèves possédés intriguent les enquêteurs sur la raison de la rébellion des attractions et des robots contre leurs utilisateurs. Toutefois, il est évident maintenant que le parc est impraticable, et il sera détruit. Tout le monde ignore encore l’identité du mystérieux propriétaire des lieux.
Alain Firmry a été condamné à perpétuité pour son... »
Yumi éteignit la télé. Elle en avait assez entendu.
Xana s’était révélé au monde, à présent. Il faudrait redoubler de vigilance. Il y aurait des patrouilles dans toute la ville. Ils allaient sans doute découvrir l’usine.... Et les vacances approchaient.
FIN

EPISODE 10

Fuite

Chapitre un : Au collège Kadic
Il y avait en région parisienne un collège assez réputé pour son bon niveau d’enseignement et pour sa propreté exemplaire : le collège Kadic.
Comme son nom l’indique, il y avait dans ce collège des classes allant de la sixième à la troisième. C’était un internat. Un internat fort quelconque, de reste, avec un joli parc sans plus, et un confort raisonnable sans pour autant atteindre celui d’un hôtel cinq étoiles. Mais ce qu’il y avait de si particulier dans ce collège, c’est qu’il était riche. Non pas financièrement parlant, car il faut dire que, comme dans tout bon collège, il y avait toujours fort à faire pour renouveler le matériel éducatif, et offrir aux élèves des conditions de vie correctes. Sa richesse provenait essentiellement des gens qui l’occupaient. De qui s’agissait il ? Du personnel. Chacun d’entre eux aimait son travail, et l’exerçait avec soin et efficacité.
Parmi eux, Jean-Pierre Delmas, le proviseur, secondé par sa secrétaire, Nicole Weber. Toujours soucieux du bien être et de la sécurité des élèves, et à fortiori de sa fille, à priori l’unique membre de sa famille, qui résidait à l’internat, il avait engagé un agent de la sécurité tout à fait atypique : Jim, le prof de sport. Conseiller d’éducation et surveillant, sa balourdise naturelle et son franc parler dissimulaient mal un cœur d’artichaut et une passion de son travail. Et s’il arrivait qu’il y ait un manque de vigilance, et un accident, Yolande Perraudin, l’infirmière scolaire, était présente pour rattraper le tir. A priori, cette infirmière n’avait rien d’extraordinaire, mais on ne vit jamais à Kadic quelqu’un aller à l’hôpital, hormis des cas très graves dont la nature n’était de toute manière pas liée à quoi que ce soit d’ordinaire et de vraisemblable. Le parc et les bâtiments devaient leur état exemplaire à trois personnes :
Michel Rouiller, pour ce qui est des espaces verts, Gaston Lagrange et Rosa Petitjean, à noter que ces deux derniers avaient aussi pour mission de nourrir plus d’une centaine de bouches affamées, et ce d’une à trois fois par jour, dans le réfectoire du collège. Les professeurs étaient d’un niveau assez élevé, voire très élevé. Bien sûr, Suzanne Hertz, le professeur de sciences, n’égalerait jamais le niveau atteint dix ans auparavant avec Franz Hopper, qui enseigna à Kadic pour une durée relativement courte, et à qui entre autres le collège devait sa renommée. Cet homme, en outre, était un réel génie. Les rumeurs le concernant avaient circulé parmi l’équipe pédagogique, et les plus anciens ont encore en eux le souvenir de cette époque et de la sordide disparition de cet individu. Cependant, ils n’imaginaient pas que cette situation aurait des conséquences à long terme, et ne connaissaient pas sa nature exacte. Ils croyaient à un projet gouvernemental. Le projet secret de Franz Hopper n’avait qu’une motivation : son goût de la justice. Mais cela, tout le monde l’ignorait, et à sa disparition, on voyait en lui un sombre génie dont les compétences l’avaient fait monter et chuter.
Bref, ce qui faisait la force de ce collège, c’était sa vie intérieure, comme une bulle isolée du monde extérieur.
Hélas, comme chaque année, pendant deux mois, tout ceci n’aurait plus aucun sens, et le collège allait être dépouillé de ses valeurs. Le phénomène est courant et s’applique à chaque établissement dans le monde, et s’appelle communément « les vacances ». Loin d’être aussi apocalyptique que pourraient le suggérer les précédentes lignes, c’était un évènement plaisant, et très attendu, aussi bien par les élèves que par les professeurs. Les élèves, ingrats, préféraient être oisifs à écouter les cours ennuyeux de professeurs qui, en étant conscients, estimaient avoir besoin de repos.
Comme tous les ans, le collège allait être vidé par les vacances, et l’on se préparait à dire au revoir aux troisième qui, ayant depuis maintenant deux jours passé leur brevet, s’en iraient au Lycée ; et bonjour aux nouveaux arrivants, qui de l’école primaire arrivaient au secondaire. Bien que certains adieux puissent s’avérer tristes, l’ambiance générale était à la joie.
Cependant, les vacances avaient toujours embarrassé cinq élèves. Aimaient ils particulièrement travailler ? Avaient ils une affection particulière pour leurs professeurs ? Etaient ils extravertis au point de ne pouvoir se séparer de ce tout formé par les élèves, uniquement dissociable au moyen des vacances ? Point du tout. Leur réticence face à ce phénomène n’était pas liée au principe. Elle était uniquement une question de lieu. Ils devaient rester. Ce groupe, les Lyokonautes, devaient combattre Xana. Le seul moyen d’y arriver était de pouvoir atteindre le supercalculateur à chacune de ses attaques, jusqu’à trouver le moyen de l’anéantir à jamais. Or s’ils partaient en vacances, l’on ne donnerait pas cher du monde, à ce moment à la merci de Xana qui n’avait d’autre but que de le détruire.
L’année dernière, ils avaient pourtant trouvé une bonne technique pour s’éviter ces vacances forcées : ils avaient fait une culture de bactéries peu dangereuses mais très virulentes, et les avaient inoculés à leurs parents, et, par précaution, aux voisins, afin de dissimuler qu’il s’agissait d’un acte prémédité. Lesdits parents, renonçant de fait à leur départ, laissaient les enfants libres de tout mouvement durant ces « très longues vacances au cours desquelles ils risquaient de s’ennuyer ». En effet, ils eurent à déjouer plusieurs attaques.
De plus, l’été, Xana était très inspiré. Mais ses actions étaient très limitées par sa logique : il voulait tuer les Lyokonautes avant de s’attaquer de nouveau au monde, ceux si ne pouvant alors plus appliquer de mesure d’extrême urgence : débrancher le supercalculateur.
La situation, cette année, était différente : Débrancher le supercalculateur n’était plus une mesure d’extrême urgence, car Aelita était libre. Xana, en revanche, n’avait plus besoin du supercalculateur pour perdurer, mais sa dernière attaque ratée l’avait poussé, manifestement, à recommencer d’utiliser les tours. En somme, la situation était au même niveau, et il serait folie de retenter le coup des microbes. Un autre facteur, en outre, entrait en jeu : Xana, avant sa « libération », gagnait plus de puissance à presque chaque attaque. Il était donc bien plus fort.
Il est également nécessaire de rappeler quel état d’esprit était le leur en ces moments mêmes : ils en avaient assez. Assez de vivre sous le joug de Xana, assez de combattre, assez de ne plus vivre, assez de penser que tout ce qu’ils avaient fait avait été vain. Ils voulaient en finir. Ce serait quitte ou double : soit ils triomphaient avant la prochaine rentrée scolaire, ou bien ils pouvaient dire adieu à la terre.
N’importe qui d’avisé se demanderait pourquoi les Lyokonautes ne disaient pas tout aux autorités. Après tout, il n’y avait plus aucun danger technique à le faire. Mais Aelita n’avait ni père ni mère. Elle n’avait aucun parent connu, et la révélation de cet état de fait aux autorités serait catastrophique. N’oublions pas qu’il s’agissait d’adolescents ! Aelita serait placée en orphelinat, et la séparation serait terrible. Ces adolescents réfléchissaient en fait surtout à l’instant présent : d’abord, ils doivent vaincre Xana. Ensuite, ils verraient. Peut-être après tout pourraient ils compter sur l’aide des deux membres du personnel du collège qui étaient approximativement au courant de l’affaire « Franz Hopper ».
Malheureusement, il n’était plus question d’éteindre le supercalculateur, et ils n’avaient plus aucune idée de ce qu’ils allaient faire.
Cependant, Jérémie avait trouvé un début de piste : Xana étant retourné dans le supercalculateur, explorer de fond en comble le cinquième territoire serait un moyen envisageable pour trouver une solution au problème.
Ils avaient souvent rêvé d’un monde sans Xana, un monde vraiment heureux. Ulrich et Yumi envisageaient en secret un avenir commun. Jérémie et Aelita le faisaient, mais moins secrètement.
Ah, autre point problématique : Yumi entrerait au Lycée. Il fallait donc en finir rapidement. Ulrich en était bouleversé, par ailleurs. Il se jurait toujours à lui-même de tout lui avouer avant son départ -fut ce au dernier moment- afin de sauver leur relation, ou de se rendre compte qu’elle était vouée à l’échec. Quelle ironie du sort ! Yumi avait en tête la même idée. Mais après tout, le non aveu est il un mal en soi ? En effet, il était principalement lié au comportement adolescent commun aux deux amoureux. Mais un adulte plus mur aurait sans doute fait de même. N’oublions pas qu’ils devaient combattre Xana, et que ce genre de sentiments ne devait en aucun cas interférer, les conséquences auraient été désastreuses pour la solidité et l’unicité du groupe. Pour Jérémie et Aelita, la situation était totalement inverse : de leur amour naquit un programme de matérialisation, et la solidarité totale du groupe envers Aelita venait, sans qu’ils en soient vraiment conscients, de là, à la base. Mais pour que tout ce qu’ils ont vécu ensemble, et que tout reste fort et solide, ou le devienne, il faut impérativement vaincre Xana.
Lui, c’était le programme. De quoi s’agissait il ? « Au tout début, disait Franz Hopper, c’était un programme que j’avais conçu... Basé sur un système multi agents, et destiné à contrer un projet militaire ». C’était en effet rien de plus, et rien de moins. Il fut créé pour détruire le projet Carthage. Il veut détruire le monde. Mais il n’est pas méchant. Le qualifier de méchant serait un grossier abus de langage. Il était juste froid et logique. Cet état de fait le rendait encore plus détestable. Le malaise ressenti par les héros lorsqu’ils pensaient à cela est indescriptible, mais il coule de source, même pour qui ne vivrait pas cette aventure.
Peut-être, dira t’on, avait il raison à propos de l’Homme. Mais là n’est pas la question. Rien ne lui donne le droit de faire ce qu’il fait. Mais c’est une question de droit moral, or qu’est ce que le droit moral pour un programme ? Une notion abstraite ne peut être comprise par un ordinateur.
Il devait être détruit au plus vite. On devait l’empêcher de commettre le moindre dégât important. Et pour cela, il fallait renoncer aux vacances, et surtout y échapper, quitte à faire du mal à leurs proches ; de toute façon, ils en auraient sans doute moins que s’ils partaient au bout du monde dans un endroit paradisiaque.
C’était le dernier jour de cours au collège Kadic, qui se terminait. Ce serait bientôt l’heure de dîner, et Yumi avait obtenu de ses parents qu’ils la laissent le prendre au collège, afin de dire au revoir et adieu à tous ses camarades et amis.
Chapitre deux : Solution douloureuse
S’il y avait bien une faction qui n’aimait pas changer ses habitudes, c’étaient bien les cuisines. On était le dernier jour de cours, certes, mais on était avant tout vendredi, et le Vendredi soir était le soir du hachis Parmentier, au grand dam de chacun et à l’extrême bonheur d’Odd.
Après ça, les élèves rentreraient tous chez eux, sans exception. C’était donc un moment capital.
Le moment de délibérer.
« Bon, alors on fait quoi ? Demanda Ulrich.
-Il faut absolument qu’on reste ! répondit Odd. Sinon, qui prendra soin de Xana ?
-Là, il faudrait surtout prendre soin de l’envoyer à la casse, celui là, répliqua Yumi.
-Ce n’est pas la question. On a présentement plusieurs problèmes : on ne peut pas partir : Xana ne nous donnerait pas l’occasion de refaire cette erreur. En plus, Aelita n’a pas de famille vivante connue, et tout le monde croit encore que c’est la cousine d’Odd. Or, il n’en est rien.
-Bon, on peut rattacher les deux problèmes et leur trouver une solution commune. Maintenant, laquelle ?
-Plus question de tenter de raisonner les parents. La seule solution maintenant serait de leur échapper. Ulrich avait parlé.
-Mais alors que doit on faire ?
-Fuir.
-Mais tu es malade ? On a pas d’endroit où aller, on va nous retrouver, on va nous cuisiner, et de toute façon, comment on subsisterait ?
-Mais on DOIT le faire, et...
-Attendez, dit Jérémie, j’ai une idée. On va aller se réfugier à l’usine, dans la salle du Supercalculateur. Là, personne ne nous trouvera, on s’arrangera pour ça. En plus, ça empêchera les patrouilles de police de trouver le Supercalculateur.
On pourra faire nos expéditions sur Lyoko sans discontinuer, et quelqu’un ira régulièrement nous chercher à manger, juste ce qui est nécessaire pour survivre.
-C’est de la folie, mais c’est jouable, après tout, je suis restée dix ans dans le Supercalculateur, et je combats Xana. Aller s’installer à l’usine n’est pas plus fou qu’autre chose...
-Je suis partante. Déjà, on peut voler les fruits et le pain de la cantine, il y en a des tas.
-Oui, et le dernier sous sol de l’usine est réfrigéré, on pourra tout y mettre !
-Alors c’est décidé, proclama Ulrich. Ce soir, on part en vacances. On installe le camp, et dès demain, pas de pitié pour Xana !
-Ouais, cette fois ci, on le loupera pas !
-C’est parlé ! On a pas fait tout ça pour déclarer forfait maintenant.
-MORT A XANA ! ».
Et ce qui fut dit fut fait.
Une demie heure plus tard, le repas terminé, ils profitèrent du manque de vigilance de Jim du à la fin de l’année pour aller chercher des sacs dans la remise. En effet, ils se servaient de ces sacs pour les remplir de feuilles mortes, ou de bois coupé. Puis, ils se dirigèrent vers la cuisine. A cette heure ci, en effet, l’on mangeait encore, et la quasi-totalité du personnel se trouvait dans le réfectoire. Le reste était déjà rentré chez lui pour ces longues vacances. Comme ils l’escomptaient, ils trouvèrent de la nourriture. Il n’y en avait pas énormément. Juste de quoi nourrir chaque élève pour un repas. Mais c’était suffisant. Il fallait que ça le soit, et puis... Ils n’étaient que cinq. Ils remplirent donc les sacs de fruits, de viande, de chips, et de quelques légumes. Rien de bien folichon, bien sur, juste ce qu’on peut avoir avec le budget accordé à la restauration, dont la faiblesse fait la notoriété des cantines françaises.
Sans doute pourraient ils chauffer la nourriture avec les nombreuses machines de l’usine. Ils les connaissaient, ces machines. Ils les avaient visité, actionné, combattu, et même détruit certaines d’entre elles. Maintenant, ils allaient vivre à l’usine. Parmi ces machines.
Il faut avouer que cette aventure dans laquelle ils avaient été entraînés malgré eux leur faisait vivre des expériences non seulement peu communes à leur âge, mais peu communes tout court.
Imaginez vous, au temps de votre adolescence. Avez-vous combattu une entité maléfique ? Avez-vous fait des pieds et des mains pour conserver ce secret inavouable ? Avez-vous seulement réfléchi à ce que vous feriez dans une telle situation ? Non, vous n’avez rien fait de tout cela, et vous ne le ferez probablement jamais. En revanche, vous en avez rêvé. On rêve tous d’être un héros. Eux, non. Ils ne rêvaient plus. Ils n’en avaient plus le temps ni l’énergie. Ils ne se considéraient d’ailleurs même pas comme des héros. Ils étaient esclaves. Esclaves de Xana. Rien de plus et rien de moins. Ils n’étaient pas héroïques. Ils ne se considéraient d’ailleurs pas comme des gens normaux. Ils faisaient leur devoir. Et le feraient toujours. Oh, bien sur, peut être, à terme, vaincraient ils Xana. A terme, ils la remporteraient sans doute, cette ultime victoire. Il cesserait d’exister, à coup sur, ne fut ce que par épuisement. Mais sa victoire serait peut être plus grandes que lui-même ne pourrait l’imaginer, sur ces enfants. Guériraient ils de ce combat ? Pourraient ils un jour passer outre, continuer à vivre, ou même recommencer ? Ou au contraire se laisseraient ils mourir, les séquelles étant trop grandes ?
A coup sur, ils avaient perdu leur adolescence. Il ne tenait à présent qu’à eux de ne pas gâcher le reste. Les ressources, ils les avaient. Evidemment, jamais ils n’oublieraient Xana. Jamais ils n’oublieraient cette aventure. Serait ce un bon souvenir ? Une leçon de vie ? Ou au contraire symboliserait elle le début de la fin de ceux qui sont devenus les Lyokonautes ? Seul l’avenir pourrait le dire. Peut être seraient ils plus murs et plus sages à l’issue de ce combat sans merci. Peut être au contraire resteraient ils à jamais des êtres privés de vie. Qui vivrait verrait. Mais à cela, y pensaient ils vraiment ? Sans doute, mais pas de la même manière. Ils voyaient cela essentiellement d’une manière technique. Et ils préféraient ne pas penser à l’avenir. Du moins, ils n’en parlaient pas. L’instant présent et lui seul comptait. Il était assez riche à lui seul pour qu’on ne puisse décemment se soucier d’autre chose.
Tandis que ceux qui sont au calme réfléchissent à leur situation future, eux, n’avaient en fait qu’une idée en tête, celle de leur fuite.
Ils couraient à présent, des égouts vers l’usine. Ils prenaient le chemin habituel, avec leurs planches à roulettes et leurs patinettes. Cette fois ci, ce serait différent. Ils ne laisseraient pas les véhicules derrière eux. Les patrouilles fouillaient déjà la ville à la recherche de la cause de l’accident du Xanaland ; ils fouilleraient encore plus lorsque leur disparition serait signalée. Ils allaient prendre lesdits véhicules avec eux, et les emporteraient avec le reste à l’usine. C’est ce qu’il y avait de mieux à faire. Il fallait aussi s’efforcer de ne pas laisser de trace derrière eux. Ils furent donc très prudents. Ils avaient encore près d’un quart d’heure avant que leur absence ne devienne inquiétante. D’ici là, ils auraient rejoint l’usine. Ils avaient déjà planifié de visiter le cinquième territoire de fond en comble le lendemain.
Dix minutes plus tard, ils traversaient les couloirs de l’usine, menant à l’ascenseur, celui là même qu’il faudrait remonter et verrouiller. C’est ce qu’ils firent.
Trois minutes plus tard, Ulrich et Yumi installaient la nourriture près du bain d’azote liquide, pour la garder au frais, Jérémie consultait le super-scan, tandis qu’Odd et Aelita aménageaient la salle du supercalculateur afin de la rendre habitable. Ils organisèrent les lits en cercles, afin que personne ne se gêne. Ils seraient réveillés à la moindre attaque. Parfait.
Il ne leur fallut que deux minutes pour accomplir leurs tâches respectives et se rejoindre dans leur dortoir improvisé. L’instant était grave, tout comme la mine qu’arborait chacun des collégiens. Dire qu’ils étaient en vacances. Il était 21h00. Leurs parents s’inquièteraient, et préviendraient la police d’une minute à l’autre. Ce n’était pas grave. Ils ne les retrouveraient pas. Toutefois, il était tout de même important, voire essentiel, de les rassurer quelque peu. Ils délibérèrent.
« Bon, ben, il ne reste plus qu’une chose à faire. Annonça jérémie.
-Oui, on doit écrire à nos parents. Maintenant, reprit Yumi... Que leur dit on ?
-On ne peut pas leur dire ce qui est, ce serait trop d’indices. Il faut leur mentir.
-Odd, décidément, tu changeras jamais, dit Ulrich, d’un air mêlant ironie et exaspération.
-Non, non, il a raison. Cependant....
-Il ne faut pas les inquiéter. Je me souviens à quel point mon père pouvait être inquiet quand il ne savait pas où j’étais...
-En même temps, il faut le comprendre, vous étiez recherchés.
-Même, on peut pas les inquiéter. J’ai une idée, continua Jérémie : on pourrait dire qu’on est partis faire du camping, qu’on savait qu’ils n’allaient pas nous laisser si on leur avait demandé, et qu’on revient à la fin des vacances.
-c’est très simpliste.... Mais ça peut marcher. Après tout, on est des ados, on est tous un peu cinglés sur les bords.
-Ouais, surtout toi, Odd ».
Jérémie prit son ordinateur portable, et se mit à écrire un e-mail qu’il allait envoyer à tous leurs parents.
« Chers parents,
Nous sommes bien conscients de l’inquiétude que notre absence pouvait susciter. Mais nous vous demandons de ne pas vous inquiéter. Nous sommes justes partis camper dans le nord de la France pendant la période des vacances.
Nous comprenons que vous soyez inquiets, et nous nous excusons de vous infliger de telles craintes.
Cependant, après cette si belle année scolaire, nous n’avions pas le cœur à nous quitter, et avons préféré partir ensemble en vacances, afin de célébrer le brevet de Yumi, et son départ au lycée, sans avoir à nous quitter d’une manière aussi brusque que la fin des cours. Ne vous inquiétez pas pour nous, nous serons prudents.
De plus, nous sommes quatre, et vous nous savez débrouillards. Partez donc en vacances sans vous soucier de nous. Nous nous débrouillerons très bien sans vous, nous. Nous avons des vivres, et nous pouvons dormir décemment.
Vous allez nous manquer.
-Yumi, Odd, Jérémie, et Ulrich.
-PS : N’oubliez pas de signer nos dossiers de réinscription, et les papiers pour la cantine ».
C’était parfait : juste assez sale gosse, et juste assez bien tourné de manière à se faire passer pour plus responsables qu’ils ne sont. Ils seraient crus, ça ne faisait aucun doute. Leur traque ne ferait aucun doute également. Il faudrait être synchrone.
Tandis qu’ils envoyaient le mail, les parents, déjà très inquiets, le recevaient. Ce courrier électronique eut deux effets. D’abord, leur inquiétude s’atténua, du fait qu’ils n’avaient pas été kidnappé par quelque brigand désaxé ; puis elle augmenta, à l’idée de ces frêles enfants seuls dans la nature. Ils prévinrent immédiatement la police. Si vraiment les enfants étaient trop loin, ils songeraient à appeler le proviseur, afin de savoir ce qu’ils avaient en tête.
Jérémie connaissait bien les parents, et cette réaction, il l’avait deviné, et il avait déjà tout prévu.
« Demain, dit il, j’imiterai la voix d’une hypothétique mère d’Aelita pour rassurer le proviseur, et tenter d’éviter de quiproquo».
Sur ce, fatigués de leur escapade, et de l’heure qu’il étaient, ils s’étendirent, rassurés par les paroles de Jérémie, et pensifs, vis-à-vis du lendemain. Bien que leur excitation soit grande, ils s’endormirent presque instantanément.
Merveilleux age que l’adolescence. A cette période, le corps pouvait relever les défis les plus grands.
Sans doute rêvaient ils de temps plus propices, de paix, de monde sans Xana. Depuis la confection du programme de matérialisation, leur conviction, et leur détermination n’avaient jamais été aussi grandes.
Etrange spectacle, s’il en était ; l’holomap était inopérante, et la salle entière paraissait endormie. A l’étage du dessous, trois tubes métalliques dormaient aussi, surplombant un bain d’azote liquide. Plus aucune lumière n’était allumée, si ce n’est une faible lueur provenant de l’écran.
Les temps à venir seraient durs, ils devaient s’y préparer.
La lune brillait, haut dans le ciel. La ville entière était endormie, sans s’inquiéter de ce danger invisible qui la menaçait, prêt à frapper, dès que ces jeunes gardiens de l’humanité auraient péri.
Des données défilaient lentement à l’écran du supercalculateur. Accélérant parfois, puis ralentissant. Lyoko dormait aussi. Les monstres qui patrouillaient sur les territoires étaient immobiles. Des données fusaient dans les câbles, provenant de Carthage, où seul Xana ne dormait pas. Son esprit, essentiellement fait d’algorithmes, songeait toujours à de froides tactiques visant à une destruction à peine mesurée par sa cause, qui ne se souciait en réalité que du but qu’il s’était fixé. Détruire.
Lui seul ne dormait pas. Un programme ne dort pas. Et partout sur Lyoko, les données continuaient à fuser, au rythme des pulsations.
FIN

EPISODE 11

Apocalypse

Chapitre un : Calme réveil au milieu d’une tempête
Huit heures. L’usine, toujours calme et obscure, ne laissait transparaître aucun signe de l’heure qu’il était, et rien ne semblait pouvoir dérober les jeunes endormis au sommeil.
Oui, ils dormaient profondément, ces jeunes guerriers. Peut être rêvaient ils, qui l’eut pu dire ?
Dans ces moments là, ils avaient l’air de paisibles adolescents.
Ils avaient besoin de repos. La journée qui les attendait serait rude. Ils avaient élaboré, lors de leur fuite, un plan détaillé, et un objectif précis à leur expédition.
Sitôt levés, ils prendraient un petit déjeuner. A tous les petits déjeuner, ils prendraient une demi pomme chacun hormis une personne qui, à tour de rôle, en prendrait une entière. Ensuite, direction les scanners et le clavier. Ils atterriraient dans la forêt, et direction Carthage via le transporteur. De là, Ils activeraient la clef au plus vite. Puis ils fouilleraient Carthage de fond en comble histoire d’en trouver le centre. Il n’était pas question d’utiliser l’ascenseur sans avoir entièrement exploré le niveau. Si Xana résidait physiquement là, ils le trouveraient. Il était entré dans le supercalculateur, et étant donné sa logique, il n’y avait aucune raison pour qu’il en soit sorti entre temps. S’il n’était pas invincible, le but serait de l’éradiquer à jamais. Mais avant, il faudrait déjà qu’ils se réveillent.
Il ne leur fallut pas attendre longtemps pour cela. Quelques minutes plus tard, comme prévu, les lumières de la salle s’allumèrent. Leur réveil fut paisible, lui aussi. Ils se relevèrent en douceur, et ne semblaient pas avoir perdu le nord.
« Aaaaah, bon. Au boulot. Allez nous chercher les pommes, on descend.
-Reçu ».
Le petit déjeuner fut pris sans joie ni peine. Juste en attente des évènements à venir.
Puis ils remontèrent. Quatre aux scanners, et un au clavier. Jérémie fit machinalement quelques manipulations.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il se rendit compte que le supercalculateur était hors d’état !
Pas une diode électroluminescente allumée, pas un seul bruit, pas une seule réaction lorsqu’une touche était enfoncée.
Il se dirigea vers le dernier sous sol. Là aussi, l’unité centrale était hors d’état. Sa brillance avait entièrement disparue.
« Venez vite ! »
Sitôt dit, sitôt fait. Et quelques instants plus tard, la surprise était entièrement partagée.
« Que s’est il passé ici ? Demanda Yumi
-Je l’ignore, répondit Jérémie. C’était déjà comme ça quand je suis arrivé.
-On peut le rallumer, s’empressa de dire Ulrich ?
-Il est allumé, théoriquement. Mais rien ne marche, et visiblement, si j’en crois mon ordinateur portable, ça fait longtemps qu’il est comme ça.
-Tu veux dire... Que...
-Oui, Aelita. Lyoko n’existe plus. Il a été effacé.
-Et Xana ?
-Je ne sais pas. Il a du s’enfuir, pendant l’extinction de Lyoko
-Pourquoi n’a-t-il rien fait, alors ?
-Il ne pouvait peut être pas
-Mais c’est positif, pour nous, ou négatif ? demanda Odd, qui pour la première fois semblait vraiment inquiet.
-C’est totalement négatif ! La logique de Xana ne prend plus en compte le Supercalculateur. On pourrait plus lui faire le même coup qu’au Xanaland, or, c’est ce qui nous avait sauvé !
-Mince... On fait quoi ?
-On improvise. Déjà, on essaie de le repérer, et on.... Quoi ? »
Jérémie fut interrompu par un grand bruit sourd. Comme quelque chose qui s’effondre. Ce n’était pas loin. C’aurait pu être le tonnerre, mais c’était trop fort, et trop sourd. Jamais le tonnerre ne ferait pareil bruit.
« On va regarder ce qui se passe aux caméras de surveillance ».
Heureusement, Jérémie s’était arrangé, il y a quelques mois, à pouvoir accéder aux caméras de surveillance à l’aide de son ordinateur portable.
Dans une inquiétude extrême, il l’alluma. Puis, il cliqua sur l’icône appropriée.
Les caméras intérieures n’indiquaient rien. Peut être que ça venait de l’extérieur...
Avec un peu de chance, il pourrait le voir avec la caméra donnant à l’entrée. Il l’activa.
Tous sursautèrent. Il y avait un homme. Un homme allongé sur le ventre. En costume... peut être allait il travailler, mais son corps, dirigé vers l’usine, indiquait qu’il s’y rendait. Et qu’il s’y rendait en courant. Pourquoi ? Poursuivi, peut être. Il était peut-être blessé. Il fallait aller voir. En tout cas, cet homme n’avait rien à voir avec eux, à priori. Ce qu’on pouvait voir de son visage n’évoqua rien aux ex-Lyokonautes désormais au chômage.
Yumi se porta volontaire pour partir en éclaireur.
Elle traversa prudemment la cathédrale de verre.
Arrivée au couloir, elle aperçut. Rien d’autre, à ce moment là, n’aurait pu attirer son regard. Aussi ne regarda t’elle que lui. Il faisait gris, au dehors. Et le temps était un peu brumeux. Elle courut vers lui, et se pencha dessus.
Elle prit son pouls.
Ainsi constata t’elle avec horreur que son cœur ne battait plus. Cet homme était mort. Elle le retourna avec anxiété. Non. Décidément, elle ne le connaissait pas. Que se passait il ? Il n’avait aucune plaie. Il était intact, à première vue. Mais ses yeux morts grands ouverts laissaient imaginer que la mort avait été subite. Pourtant, rien. Comme s’il avait été ensorcelé.... A coup sûr, c’était Xana. Le fait qu’il soit devant l’usine était sans doute un signe. Comme toujours, il voulait aussi leur faire comprendre qu’eux aussi allaient mourir.
Elle entendit un cri. Elle se releva, et regarda vers l’horizon.
Et ce qu’elle découvrit la terrifia.
Chapitre deux : Désolation
Elle courut à nouveau. Elle était paniquée, et devait prévenir ses amis. C’était urgent. De retour dans la salle du Supercalculateur, elle était livide. Elle ne pouvait plus parler, tellement le choc était intense.
Elle ne put rien leur dire, mais leur fit signe de venir.
Le voyage en ascenseur lui parut une éternité. Elle voulait qu’ils viennent rapidement. Très rapidement. Elle courut, au travers de la cathédrale et du couloir. Ses amis la suivaient.
Ils la virent dans la lumière. On ne pouvait distinguer ce qu’il y avait derrière. En effet, voila quelques heures qu’ils étaient dans le noir presque complet, leurs yeux se fermaient naturellement. Tout ce qu’ils auraient pu voir malgré cette lumière, le brouillard les en empêchait.
Puis, leurs yeux purent s’ouvrir. Découvrant un paysage désolé.
Dans la brume, ils purent voir d’autres gens étendus à terre. Beaucoup de gens. Tout le quartier, ou presque, probablement. Tous morts. Pas de sang, pas de plaies. Juste des corps étendus sans vie au sol, dans un épais brouillard.
Machinalement, et lentement, ils traversèrent le pont, arrivant en ville. Les trottoirs étaient tapissés de corps sans vie, et les rues bondées de voitures immobiles. La mort conduisait chacune d’entre elle.
Une forme noire surgit soudain de l’ombre d’une ruelle. C’était un spectre de Xana. Il changeait juste de rue. Son passage fut accompagné d’un hurlement, puis la plainte fut à nouveau suivie du silence, dans ce brouillard de mort.
Etait il au moins naturel, ce brouillard ? Pourquoi en plus faisait il si gris ?
Pour répondre à cette question, sans qu’ils aient besoin de se le demander, ils levèrent les yeux au ciel. Ils aperçurent un épais nuage noir électrique, qui s’étendait sur des Kilomètres... C’était Xana. Sa puissance avait augmenté. Comment ? A moins.... Aurait il pu prendre en lui toute la puissance du Supercalculateur ? Etait ce possible ?
La réponse à cette question vint avec le poissonnier, effrayé, sortant de sa boutique. Trois spectres arrivèrent de trois ruelles différentes. Ils se ruèrent sur lui pendant qu’il hurlait et se protégeait de ses mains. L’un des spectres le traversa. Il tomba au sol. Il était mort.
C’était épouvantable. Non seulement Xana n’avait plus besoin du Supercalculateur, mais en plus, il n’éprouvait plus le besoin de tuer les Lyokonautes en premier. Car Lyoko n’existait plus. Xana était devenu invincible. Il triomphait, et les morts s’étendaient à perte de vue.
Et lui s’étendait toujours plus loin tel un typhon dont l’épicentre correspondait au toit de l’usine. Les deux spectres restés inactifs durant cette sordide scène se retournèrent, et foncèrent vers les enfants, qui hurlèrent à leur tour.
Mais les spectres ne purent pénétrer leur corps. Une barrière magnétique les en empêchait. Face à cet échec, les deux spectres partirent, sans demander leur reste, et comme s’ils ne les avaient pas aperçu.
« Nous sommes toujours immunisés, pensa Jérémie ».
Cette contemplation silencieuse dura deux heures encore, et lorsqu’ils purent recouvrer la parole, lorsque le choc fut enfin atténué, tous dirent en même temps :
« Et qu’est ce qu’on fait, maintenant ? »
Bonne question. Le seul moyen de combattre Xana avait toujours été le supercalculateur. Or, celui-ci n’existait plus.
« Heu... ben....
-Mince, de mince de mince de mince, pourquoi ?
-On a toujours su que Xana voulait faire ça. Seulement, on ne pensait en aucune façon qu’on aurait un jour à y assister.
-Doit on abandonner ?
-Non, non, on doit pas abandonner...
-Mais il y a déjà tant de morts...
-Il y en aura encore plus si on ne fait rien.
-Ecoutez. Avant même qu’Aelita soit matérialisée, j’avais prévu un système pour annihiler les spectres, au cas où ce genre de cataclysme arriverait
-Et pourquoi on s’en est pas servi avant, alors ?
-Parce que c’est une mesure d’extrême urgence. Xana ne doit pas être au courant que nous avons une arme secrète. Sinon, il aurait déjà élaboré quelque chose pour en contrer les effets.
-Et quelle est ton idée ?
-On va aller aux frontières du pouvoir de l’influence de Xana. Sauvons là bas ce qui peut encore l’être. On y arrêtera l’avancée des spectres.
-Mais comment, Xana est plus rapide que nous...
-On prendra une voiture. On roulera encore, encore, et encore.
-Mais alors, on ne peut aller que dans une direction...
-Quand Xana s’apercevra que ne serait ce que dans une direction, on peut quelque chose contre lui, peut être voudra t’il nous anéantir en priorité, comme avant. Or il ne peut pas le faire ainsi. Donc, il s’arrêtera.
-Mais, c’est de la folie, cria Aelita
-Peut-être, dirent Odd et Ulrich, mais on a pas le choix.
-Croisons les doigts. Termina Yumi ».
Chapitre trois : Dernier espoir
Ledit système, nommé par Jérémie « Anti-spectral oméga », ressemblait en fait à un révolver dont l’effet était d’aspirer le spectre par magnétisme, pour alimenter l’appareil par la suite.
Jérémie avait pris soin de cacher son prototype au collège kadic, derrière L’armoire. Bien sur, l’anti-spectral oméga était assez grand, mais le meuble avait été placé là par le personnel d’entretien de manière stratégique : il dissimulait un grand trou dans le mur, informe. Nul ne se souvenait ce qui avait causé un tel désastre dans cette chambre. Par chance, Jérémie en avait hérité, et il cachait là ce qui ne devait pas être vu.
Bien que sachant qu’ils ne seraient pas ennuyés par ces spectres, les survivants avançaient prudemment sur les routes en direction du collège, le regard dans le vide, et très lentement, par pas très espacés.
Ils ne se dirent pas un mot, et constataient à mesure qu’ils progressaient que les spectres étaient déjà passés. Ils les voyaient faucher les rares survivants effrayés, mais ils y devenaient indifférents. Le choc causé par la vue de ce paysage sinistre ne pouvait être amplifié par la vue d’une personne qui meurt traversée par une ombre.
Ils voulaient aller plus vite, sauver le plus de gens possible, mais ne pouvaient pas. Ils tremblaient, et leurs jambes étaient lourdes.
Ils entendaient derrière eux de nouveaux bâtiments s’effondrer comme les autres, au milieu de cette brume omniprésente, qui empêchait que l’on discernât quoi que ce soit à plus de dix mètres.
Tout était devenu irrévocablement silencieux lorsqu’ils arrivèrent enfin au collège Kadic. A l’intérieur, il n’y avait aucun mort. Seulement la brume et le silence. Les bâtiments n’avaient pas été touchés, puisqu’il n’y avait personne à y trouver. Il y avait encore une chance pour que l’anti-spectral soit encore là.
Arrivés dans ces lieux moins apocalyptiques, ils se mirent à courir en direction des chambres, comme poussés par une force surnaturelle mais non moins puissante appelée conviction. Ils devaient faire quelque chose. Ils devaient faire vite, et ils devaient faire fort.
Ils n’eurent aucun mal à atteindre la chambre de Jérémie, où il n’y avait plus rien, si ce n’était ce vieux poster d’Albert Einstein au dessus du lit. Cette affiche suivait Jérémie depuis la sixième. A l’époque où Xana n’existait pas. Voir cette affiche lui rappelait cette époque. Jérémie, d’une manière générale, n’a jamais été un collégien comme les autres. Il était surdoué. Il l’avait toujours été.
Comme beaucoup d’élèves ayant des notes supérieures à l’extrême nullité commune aux établissements publics, il était isolé. Cette solitude avait elle été désirée ? Ou provoquée ? Sans doute un peu des deux. Le monde de l’intellectualisme est vraiment un univers à part pour qui n’en fait pas partie.
Mais à terme, ce rejet relatif lui pesait. Et il tentait tant bien que mal de s’intégrer ne serait ce qu’à un petit groupe. Il finit par le trouver.
Sa chambre même était symbole de sa solitude. Lui qui avait sauté une classe devait à tout pris être protégé de ces abominables tortionnaires de l’âge supérieur. Aussi avait il toujours été seul dans sa chambre. Oh, cet état de fait ne l’avait jamais gêné outre mesure : il pouvait y installer tout le matériel dont il avait besoin pour se distraire. Car pour lui, la science, plus qu’une vocation, était une distraction. Avant Xana, il fabriquait des robots, écrivait tel et tel programme pour améliorer son ordinateur.....
Et ses professeurs l’adoraient.
A présent, bien que ses notes n’aient pas changé, à présent qu’il s’affirmait, les professeurs qui l’avait vénéré les deux premières années se mettaient à se méfier de lui, au même titre que sa « bande de mauvaises fréquentation ». A présent, on voyait comment il aurait été fréquenté, le monde, à cette époque, s’il n’y avait pas eu ce genre de « mauvaises fréquentations ».
Tandis que Jérémie, les yeux rivés sur son poster, réfléchissait à tout ceci, les autres s’affairaient autour de cette maudite armoire qui semblait s’être bloquée au fil du temps.
D’un coup, elle sortit de ses gonds et s’effondra au sol, dévoilant la cavité dans laquelle demeuraient quelques CD et le fameux appareil.
« Wah, dit Odd, on se croirait dans Star Wars ».
En effet, l’engin, assez lourd, donnait un effet assez futuriste. On s’attendait à en voir sortir un rayon bleu, rouge ou vert, qui viendrait frapper les spectres de plein fouet, les anihilant sur le coup.
« Bah, répondit Jérémie, tu dis ça parce que tu ne l’as pas encore vu à l’œuvre
-Tu l’as déjà essayé ?
-Non, mais je l’ai conçu. Par conséquent, je connais l’effet qu’il produit.
-Bon, maintenant, on part en chasse, les gars.
-Oui, on va trouver une voiture, et on va poursuivre Xana au nord. De là, on pourra montrer à Xana de quoi on est capables ».
Ils se remirent à courir, et peu de temps après, ils étaient sortis du collège.
Cette fois ci, plus question de lambiner. Ils étaient armés. Ils continueraient à courir.
Arrivés au centre ville, ils avaient tout ce dont ils pouvaient rêver en terme de véhicules.
Soudain, ils s’arrêtèrent.
Un spectre arrivait, comme pour leur faire comprendre que l’heure était venue de tester l’anti-spectral oméga.
Jérémie braqua l’arme sur le spectre, et quand il fut certain de ne pouvoir le rater, il appuya sur la détente. Et l’effet fut, comme escompté, visuellement très décevant. Un bruit sourd se fit entendre. Rien ne sortait de l’arme. Le spectre ne bougeait plus, il commença à trembler lorsque Jérémie abaissa l’arme.
Il trembla de plus en plus vite, si rapidement qu’il en devenait presque invisible. On commençait à le voir s’estomper.
Vingt secondes plus tard, il avait disparu. Comme s’il n’avait été là.
Ca fonctionnait.
D’un pas décidé, ils se dirigèrent vers un véhicule, qu’ils purent démarrer sans aucun problème, une fois tous à l’intérieur, et tandis qu’ils filaient à toute allure vers l’horizon, s’élevait un cri qui disait :
« Sus à Xana ».
Chapitre Quatre : Désillusion
En une quinzaine de minutes seulement, ils étaient au cœur même de Paris.
Gagner la capitale ne fut pas bien ardu : Ulrich se souvenait parfaitement de ce jour où ils avaient été initiés à la conduite, au collège. Ledit jour, il l’avait vécu deux fois. Pourquoi ? Trois fois rien. Le collège avait été envahi par quelques énormes crustacés mécaniques, et pour éviter que les élèves fassent des cauchemars, il avait fallu le leur faire oublier. Et ce, bien sur, avec la propriété la plus étonnante de l’ex supercalculateur : le retour vers le passé. Bien entendu, Ulrich ignorait à ce moment là que la technique apprise ce double jour là lui aurait servi à devancer un nuage noir de plusieurs kilomètres de diamètre et sa horde de nuages électriques, mais elle lui avait servi à gagner une cause encore plus désespérée : bluffer son rival : William.
Tout cela était bien loin, à présent. Y pensait il lui-même ? Non. Il était trop concentré sur ce slalom imposé par toutes ces voitures à l’arrêt. A côté de lui, Jérémie était aux aguets avec son arme anti-spectre, et derrière se serraient Odd, Yumi, et Aelita, soucieuses de cet avenir incertain.
Tout fut différent, en arrivant à Paris. Les gens continuaient à vivre, hors du brouillard, comme d’honnêtes gens dont le lendemain semble certain, même prévisible.
Qui l’eut vu eut à coup sur l’impression que Xana n’avait jamais posé un pied au monde, et même qu’il n’avait jamais existé. Curieuse impression que celle qu’ils ressentirent à ce moment là. Quelques minutes de plus, et ils auraient pu croire que tout ceci n’était en fait qu’un mauvais rêve.
Xana ne leur laissa pas ce temps. Il ne leur accorderait pas telle faveur, ne leur laisserait pas tel répit, et une brume légère sépara les formes puis les ombres des gens qui se retournaient pour voir ce qui se passait en sa provenance.
Le ciel devint sombre. Xana était au dessus d’eux. Il se faisait toujours aussi menaçant.
Soudain, le bruit parisien cessa, et céda la place au strident cri du silence. Un cri qui jurait la mort, la peine, et la souffrance. Un cri qui hurlait les malédictions et les sortilèges les plus abominables. Un cri qui bénissait les morts et blâmait les vivants jusqu’à ce qu’il les fauche. Ce cri, c’était aussi celui de Xana, ce jour là.
Il poussait un cri qui disait « mort », et de sa bouche sortirent ses agents du mal.
En effet du brouillard sortirent cinq spectres. Ils ne bougeaient pas.
Cinq enfants avançaient vers eux, tandis que chacun reculait prudemment, sans savoir ce qu’ils voyaient. Et les spectres restèrent immobiles.
Le silence continuait d’hurler sous ce ciel obscurci, et dans cette brume épaisse, lorsque les cinq enfants passèrent devant une foule qui se mit à fuir en hurlant par-dessus le silence.
Les spectres se mirent à bouger. Ils flottaient à toute allure vers leur proie. Jérémie en pointa un, visa, et tira. Il n’y avait plus que cinq spectres.
Les quatre autres furent plus difficiles à stopper, il y avait moins de précision, et moins de temps pour la visée, mais chacun fut atteint avec succès, sous le sourire fatigué mais plein d’espoir de chacun des jeunes héros.
Un râle venu du ciel se fit entendre. Puis un grognement semblable à un coup de tonnerre prolongé. Xana était furieux. Son ombrageux nuage s’organisa alors en spirale, et un typhon noir descendit au sol, tel une colonne menant au royaume des cieux pour qui y croyait. La colonne tournait lentement sur elle-même. Puis plus rapidement, et plus dangereusement.
« J’ai un mauvais pressentiment, murmura Yumi ».
A mesure que la colonne tournait, des spectres en échappaient, qui se regroupèrent et flottèrent en l’air, la plupart hors de portée de l’arme destructrice. Jérémie se hâtait de détruire les moins prudents, ne prenant garde qu’à eux, et, les ayant tous détruits, il leva les yeux au ciel. Un deuxième nuage se formait. Une nuée de spectres avait naqui sous ses yeux.
Ils allaient frapper. Les gens fuyaient, apeurés. Les pauvres. Ils eurent tôt fait d’être happés par la mort. Cette mort, loin d’avoir la forme d’un squelette faucheur, avait celle d’une ombre qui grandissait et se diffusait au travers des corps, qui tombaient pétrifiés et sans vie les uns après les autres, tandis que Jérémie tentait de détruire le plus de spectres possible.
Mais il était trop tard ; Deux minutes plus tard, les rues de ce quartier de Paris ressemblaient à celles de l’usine. Il n’avait plus qu’une ville fantôme désolée, où l’on n’entendait plus que le vent, et où l’on ne voyait que le brouillard, et la chaussée tapissée de corps d’innocents. Oh, innocents, peut-être ne l’étaient ils pas. Mais nul ne mérite la mort ainsi. Nul humain ne pourrait justifier l’acte de Xana. Il était purement froid et injuste.
Plus qu’horrifiés, les ex futur héros étaient abattus, défaits et minés par une telle horreur, par une telle injustice.
Chacun était découragé, et s’en voulait.
Jérémie se blâmait de n’avoir pas su gérer ça, de n’avoir pas su avoir assez d’avance sur Xana, à la place de ce retard qu’il avait accumulé.
Ulrich se reprochait de n’avoir été assez fort, comme tel était son rôle, pour mieux protéger ses amis lorsqu’ils en avaient besoin.
Odd n’avait de cesse de se souvenir quel manque de sérieux il avait toujours manifesté, bien que tel ne fut pas son réel sentiment. Il pensait avoir retardé le groupe.
Yumi, l’aînée, aurait, selon elle, du mieux mener le groupe, mieux gérer les problèmes, sans paniquer, et respecter avec brio la tradition de ses honorables ancêtres, qui dans les temps anciens, dans l’ancien japon, auraient su tout prendre d’une manière plus neutre.
Quant à Aelita, elle avait fait passer sa vie avant celle de milliers de gens. Elle ne méritait pas de vivre, car ce combat, plus que le sien, avait été mené pour elle. Sans sa vie, Xana n’existerait déjà plus, et ce depuis bien longtemps.
Le groupe exténué, croulant sous la culpabilité, n’eut d’autre choix que de rentrer à l’usine, s’y abriter, et délibérer. La nuit tomberait, mais peu important, on ne voyait pas le jour. Le nuage d’ombre présentait plusieurs trous, comme un nuage dans le ciel. Des trous permettant d’apercevoir la pleine lune dans le ciel qui luisait comme pour dire « Il est tard ».
Gagner l’usine fut simple, tout comme se coucher machinalement, et finir par s’endormir, la fatigue l’emportant sur la culpabilité.
Dans un dernier bâillement, une question de Jérémie se fit entendre :
« Que fait on maintenant ?
-On dort, répondit Odd.
-Mais ensuite ?
-Demain, et les jours qui suivront, reprit il, on fera ce qu’on a toujours fait, à part que là, on sauvera ce qui peut encore l’être.
-Oui, poursuivit Yumi. On emmènera des gens à l’usine. On y pensera demain.
- Ouais, dit Ulrich, ça va pas être de la tarte.
-Bonne nuit... Enfin, on se com....prend, dit Yumi dans un dernier soupir ».
Ils dormaient déjà, dans une usine sombre et désormais inutile.
Au dehors, le nuage voyageur laissa percer la lumière le la lune, par un des trous. L’astre trembla un peu, se troubla, puis réapparut. Il brillait toujours de mille feux.
A mesure que le nuage voyageait, sans doute, des spectres se déplaçaient, et les trous changeaient de position au gré d’un vent inexistant.
La pleine lune brilla quelques instants, puis disparut à nouveau dans la brume.
FIN

EPISODE 12

L’armée

Chapitre un : Quand la guerre fait rage
Un mois. Un mois que ce cauchemar durait, et que Xana étendait sur le monde sa funeste domination. Un mois que cinq adolescents meurtris le combattaient.... Sans grand résultat. Dès le deuxième jour d’hostilités, chacun était parti dans sa direction tandis que Jérémie se servait des pièces de l’ex supercalculateur pour fabriquer des armes. Ils voulaient sauver des vies.
Xana suivait un plan de conquête bien précis. Il prenait d’abord une centaine de kilomètres au nord, puis à l’est, pour arriver à l’ouest en passant par le sud. Puis le nuage s’étendait de la zone conquise jusqu’à l’épicentre qui devenait de fait de plus en plus grand. Il tuait sur son passage. Beaucoup d’hommes et de femmes arrachés à la vie en quelques minutes. Il faut tout de même dire que Xana n’était pas bien rapide, au départ. Les gens furent rapidement prévenus de cette menace toujours inexplicable et s’étaient réfugiés aux frontières.
Sitôt que les armes furent prêtes, les enfants purent aller dans les zones de conquêtes ; Ce ne fut alors guère probant. Xana put montrer qu’il pouvait être plus fort et plus rapide, et les malheureux combattants n’avaient pu sauver en un jour qu’une dizaine de personnes sur une centaine de victimes. Et durant un mois, ils continuèrent à mener leur combat désespéré. Bien que sans mouvement notable, ce mois signa tout de même quelques tournants.
Au bout de deux semaines, voyant que le nuage noir s’arrêtait manifestement aux bords des océans, la population, du moins, ceux qui le pouvaient, se réfugièrent aux états unis, depuis avertie de la menace par les services spéciaux.
La situation fut si désespérée que des centres précaires furent érigés pour accueillir les rescapés sans qu’une question soit posée. Yumi s’arrangea alors pour que les rescapés encore résidents à l’usine puissent être acheminés jusqu’à la mer, ce qui ne fut pas une mince affaire.
L’Europe de l’est et l’Asie furent rapidement mises au courant, et des transports d’urgence eurent lieu, non sans émeutes, et non sans mal. Plusieurs morts, bien entendus, à cause de l’agitation. Et le moins que l’on eut pu dire, à terme, c’est que les îles de l’atlantique et du pacifique, ainsi que les Etats-Unis, furent rapidement surpeuplées.
Oh, certes, cela n’arrêterait pas Xana. Quand il aurait rasé le continent, il s’attaquerait à la traversée des océans, il trouverait bien des moyens assez rapides.
Les deux dernières semaines, après deux semaines donc d’intense activité, le groupe tenta de sauver ce qui pouvait l’être, et parvint tant bien que mal à sauver quelques personnes, cherchant avec hâte le moyen de le stopper... En vain.
A chaque tentative, Xana se montrait toujours plus grand, toujours plus fort, et toujours plus rapide.
A mesure que le combat s’avérait désespéré, les jeunes rebelles abandonnaient le front, pour retourner, en deux jours de plaintes, de remords, et de silence, à l’usine, où comme d’habitude, comme après chacune de ces campagnes insensées, ils s’endormiraient, la lassitude l’emportant sur des sentiments qu’enfin, ils n’éprouvèrent plus. Au fur et à mesure que le temps passait, leur étincelle de vie s’éteignait au profit d’un combat sans espoir.
Puis un jour, lorsque le soleil se leva, perçant par endroits au travers du nuage, c’était pour dévoiler un monde détruit, un monde sans vie, un monde rasé. Le continent indo européen avait tout simplement été rayé de la carte. Et le ex Lyokonautes en demeurait les uniques survivants.
Ce jour là, rien ne pouvait donner à ces braves l’envie de combattre. Xana leur avait volé leur vie, leur but... Il leur avait volé leur âme. Et c’était sur les plages de l’ouest de ce monde dévasté que Xana se traînait encore péniblement et silencieusement, donnant l’impression de ne pouvoir passer, lui, et ses spectres.
Chapitre deux : Promenade champêtre
Huit heures, comme d’habitude. Qui eut pu dire qu’il était vraiment huit heures, et que l’horloge marchait encore bien ? Et surtout, qui s’en souciait ?
Il était l’heure de se réveiller, et peu importait s’il était plus tard où plus tôt que l’heure du réveil.
Oh, sans ce réveil, sans doute se seraient ils réveillés d’eux-mêmes. Ils avaient pris l’habitude d’être le plus réguliers possible, de ce point de vue là. Simplement, ce jour là, c’était différent. Il n’y avait plus rien à faire, plus rien à sauver. Juste un désastre à contempler.
La salle du supercalculateur n’avait plus rien à voir avec que qu’elle avait été. La plupart des dispositifs avaient été démontés, et ce qui avait été un ordinateur ne ressemblait plus maintenant qu’à une décharge publique. C’était ici qu’ils dormaient.
Sans grand enthousiasme, ils se levèrent, ne songeant même pas à se mettre quoi que ce soit sous la dent. Que faire, à présent ?
La réponse ne se fit pas attendre. Ce fut d’une voix faible et lente qu’ils en arrivèrent à la conclusion que la seule chose à faire maintenant était de constater l’étendue des dégâts, de rejoindre les côtes, pour voir ce que Xana allait faire, sachant qu’il n’y avait plus grand espoir de l’en empêcher. Il était, à ce titre, inutile de se hâter.
Lentement, ils sortirent de l’usine, puis s’arrêtèrent un instant. Cet homme. C’était celui par lequel tout avait commencé. Il n’avait perdu que les couleurs de son visage. Les morts de Xana n’entraient jamais en putréfaction. Ils restaient là, immobiles, inchangés. C’était sûrement dû, pensait Jérémie, au fait qu’ils étaient encore chargés électriquement. Ils avaient été traversés par des spectres électriques, et il est probable que ceci n’attire pas les microorganismes responsables de la décomposition post mortem.
Peu importait. Ces quelques instants de contemplation passés, ils reprirent leur route. Ils allaient traverser le pont, et prendre la direction du centre ville. De là, ils pourraient prendre un véhicule et rejoindre la plage. Oh, bien sur, ils avaient ce qu’il fallait à l’usine, mais cette promenade les apaisait.
Le silence. La brume. La mort. Il n’y avait plus rien sur leur chemin. Les morts s’alignaient. C’était comme un champ. Ils étaient en campagne, et arpentaient un chemin qui traversait des champs. Des champs non cultivés où s’étalaient sans ordre aucun les hommes, les femmes, et les enfants, au gré des meurtres, sous un ciel obscurci. Pourtant, la lumière perçait, laissant voir le triste spectacle, et un horizon opaque.
Qu’étaient devenus leurs amis ? Ils l’ignoraient. Leurs parents ? Ils ne les avaient jamais retrouvés. Ils avaient pourtant cherché, lorsque le pouvoir de Xana s’étendait jusqu’en Hongrie. Ils n’avaient jamais pu trouver. Au pire, ils étaient morts, en tentant de fuir, et au mieux, ils avaient fui au large, et ne tarderaient pas à subir le même sort que toutes ces personnes.
La poissonnerie, qui avait perdu son toit, conservait la porte entrouverte qui avait laissé le propriétaire rejoindre les éternels endormis. Souvent, ils avaient eu à passer ici, et à chaque fois, ce lieu gênait Jérémie. Il y avait quelque chose d’anormal en ce lieu Quelque chose de faux, quelque chose d’affreux et de répugnant. Mais surtout, quelque chose d’indescriptible qui rendait ce coin de rue surnaturel. Qu’était ce donc ? Il devait bien y avoir quelque chose. Personne ne savait quoi.
Pourtant, cette zone laissait Jérémie toujours plus perplexe. A chaque passage, il réfléchissait des heures durant. Quelque chose ici n’allait pas, et il voulait comprendre quoi.
Ses amis ne ressentaient pas cette impression, et Jérémie ne leur en parlait pas, craignant d’être cru fou, ou que ça n’intéresse personne. Il passa son chemin, se remettant à suivre le groupe.
Une porte s’ouvrit, cinq jeunes survivants entrèrent, et ce qui restait de vie sur ces terres se dirigea vers l’ouest, abandonnant à jamais les champs du silence.
Chapitre trois : Par delà les mers
Sur la route, nul besoin d’admirer le paysage. Il n’y avait rien à admirer, sur la route. Tout était silencieux, immobile, et avec la vitesse, et le brouillard, dix yeux n’étaient pas trop pour regarder la route.
Après un pénible voyage, ils arrivèrent en vue des côtes. En vue ? Le terme est inexact. Il serait plus juste de dire que le bruit de l’océan constituait un contraste assez important avec le silence pour qu’on puisse le prendre comme paramètre de référence pour jauger sa distance à la plage ; et vers 16h30, au réveil, cette distance était assez proche de zéro, et les ruelles assez étroites pour qu’il fut préférable de mettre pied à terre.
Ils marchèrent quelques centaines de mètres, jusqu’à ce que leurs yeux soient aveuglés un moment par une violente lumière blanche.
Habitués à l’obscurité, ils ne supportaient plus la lumière d’un ciel découvert. Xana se traînait toujours aux bords des eaux, et son nuage ne les dépassait pas.
Apparemment, la traversée constituait en soi un défi pour Xana. Il semblait être bloqué par quelque champ magnétique trop puissant pour espérer le traverser.
L’explication de se phénomène ne se fit pas attendre longtemps.
Xana avait pour habitude d’envoyer ses spectres en zone libre, et de les y suivre ensuite. Or manifestement, les spectres ne pouvaient pas faire un mètre au dessus de l’eau sans s’évaporer. C’était assez curieux et inattendu. Peut être était ce dû au fait que l’eau étant conductrice d’électricité, une surabondance du liquide entraînait un propagation du spectre, et donc sa dissolution.
Cette solution, peu probable, semblait pour les spectateurs de cette lutte contre les éléments la seule qui puisse avoir un sens.
De toute manière, ceci n’avait guère d’importance. L’important maintenant était que Xana semblait stoppé.
Le moment était venu de constater l’ampleur des dégâts dans leur ensemble.
Il y avait une grande étendue de ciel découvert ici, et c’était l’occasion d’observer Xana depuis l’espace. Jérémie, en bon pirate informatique qu’il était, avait accès à plusieurs satellites géostationnaires de surveillance, et constater les limites de Xana reviendrait à savoir ce qui restait de zones libres.
En quelques minutes, une image apparaissait. Jérémie avait lancé un programme pour faire une synthèse de ce que voyaient les satellites, et pouvait ainsi obtenir un planisphère complet.
Le résultat était assez curieux. On distinguait très bien les contours des continents au centimètre près, et pourtant la totalité du continent indoeuropéen, asiatique, et Africain étaient recouverts d’une masse noire. Xana n’était pas encore parvenu en antarctique, en Australie, en Amérique, et il lui restait un certain nombre d’îles, mais tout le reste était en son pouvoir. Et lorsqu’il aurait trouvé le moyen de franchir les eaux, ce serait le planisphère entier, et donc la planète entière, qui serait recouvert d’un épais brouillard noir.
Il fallait agir.
Soudain, Xana s’agita, il créait des spectres de la même manière que de coutume. Une colonne nuageuse descendit du ciel, se mit à pivoter sur son axe, libérant nombre de spectres, qui s’alignèrent en deux lignes parallèles à la côte, et s’étendant rapidement à perte de vue, ce qui, avec la brume, n’était pas si aberrant. Cependant, il était pensable que Xana avait procédé de la même manière sur la totalité des côtes, à intervalles de distance réguliers.
Ainsi, tout portait à croire que la terre était encerclée par une double ligne de spectres.
Cette sombre assemblée resta immobile, quelques instants, puis trembla d’un commun mouvement, changeant de forme et de couleur.
Des polymorphes. Encore. Quelle catastrophe allait il encore se produire ?
Les créatures prirent alors des formes évocatrices pour le groupe stupéfait, car tandis que la première ligne prenait des formes plates et triangulaires, la seconde se créait un corps effilé et quatre longues pattes.
C’était un curieux cortège qui prenait forme sous leurs yeux. Une ligne de mantas suivie d’une ligne de tarentules. Des monstres. Il n’était même plus besoin de les matérialiser, à présent. De simples spectres suffisaient.
Ils n’étaient pas au bout de leurs surprises. La première ligne s’affaissa au sol, et la seconde lui monta dessus. Il était à présent aisé d’imaginer le plan de Xana. Une armada de mantas chevauchées par des tarentules était en place pour envahir le nouveau monde.
Comme un seul homme, le cortège s’éleva soudain au dessus du sol, partant à un allure inhomogène vers l’horizon qui peu à peu s’emplissait de brume, suivie par l’ombre. Les monstres prenaient le large à une vitesse moyenne de quinze kilomètre à l’heure.
Les enfants regardaient, sans bouger, sans mot dire, effarés comme au premier jour. C’était fini.
Une heure plus tard, la lumière avait disparu, et on ne voyait que la mer qui ondulait et le nuage qui s’étendait.
Quelques minutes, la lumière réapparut. Un trou dans le nuage. Et le planisphère réapparut sur l’écran, montrant que l’ombre, lasse de s’arrêter aux côtes, enveloppait peu à peu ce qu’il y avait encore de visible, et ce des deux côtés du monde, encerclant l’Amérique.
Puis l’image disparut, avec la lumière, et le silence se fit à nouveau, ponctué de bruissement de vagues.
Il n’était plus temps de sauver le monde. Oh, pas qu’il fut trop tard ! C’était bien pire. Il n’y avait rien à faire. Et il n’y avait jamais rien eu à faire. Le monde allait mourir, pour de bon. Détruit par Xana. Leur tour viendrait sûrement. Il n’y avait aucune raison que les nouvelles créatures ne puissent pas les atteindre de leurs tirs, eux, comme tous les autres.
Sans doute seraient ils les derniers. Non pas que Xana ait en lui une quelconque notion de cruauté, du moins, ils ne le pensaient pas, mais ils étaient coriaces. Et l’objectif de Xana n’était visiblement pas de s’attarder sur eux, qui ne pouvaient rien contre lui.
Aussi, par réflexe, s’éloignèrent ils de la plage, pour trouver quelque refuge en ville. Ils ne comptaient pas retourner à l’usine. Jamais.
Chapitre quatre : Un village de vacances
Ce qui jadis avait été une charmante petite ville touristique n’était maintenant plus qu’un champ de ruines. Les rares bâtiments dépassant encore les dix mètres de haut étaient très espacés, comparativement aux tas de pierres dont ont imagine qu’ils furent des magasins, des hôtels et des restaurants.
Il y avait des morts plein les rues, et on en imaginait d’autres dans les décombres. Cet amas silencieux de morts ramena Jérémie à ses réflexions.
Il revoyait dans son esprit ce coin de rue, la poissonnerie, le meurtre du poissonnier, et du malaise que ces lieux suscitaient en lui.
Il y avait cette boutique en ruine, ce paquet inhomogène de morts, qui semblaient tous se ressembler, mais Jérémie conservait l’impression que quelque chose sonnait faux, que quelque chose manquait, mais quoi ?
Sa réflexion fut coupée par un puissant grondement venu du sud est. Comme si quelque chose de massif roulait dans leur direction.
L’origine de ce bruit sortit soudain de la brume. Deux mégatanks.
Ils étaient sans doute la cause de la destruction de la ville.
L’un d’eux s’ouvrit soudain, prêt à faire feu. Il déversa une rafale d’énergie sur un des seuls bâtiments restants. A priori, il n’avait subi aucun dommage, mais c’est cinq secondes plus tard, lorsque le bâtiment s’effondra, que la prochaine cible présumée de la créature eut tout à coup une pensée commune : courir.
Etrange comportement que celui de l’être humain. Même s’il est doué d’intelligence, s’il en est, de raison et de notions tels que l’espoir, il n’en restait pas moins un animal.
Ceux qui avaient jadis été des héros, et qui maintenant avaient perdu tout espoir, et toute notion humaine optimiste, l’instinct de survie demeurait. Ils fuirent.
Ils fuirent à travers les ruelles. Les ruines leurs semblaient de plus en plus grandes, comme se dressant sur leur route, leur barrant le chemin de la survie. Les bruits de roulement s’amplifiaient. Ils se rapprochaient. Et toujours ce labyrinthe devant eux. Ils couraient. Tournaient à gauche, puis à droite, ne se retournant jamais, entendant les bruits, prenant d’obtus virages parfois, courant toujours à une même allure, celle de gens dont la survie dépend de la vitesse pure.
Soudain, dans une ruelle, ils s’arrêtèrent net, car d’un virage surgissait l’un des Mégatanks. Le mégatank était immobile devant eux, mais les bruits continuaient : il y en avait encore un derrière qui accourait. Soudain, le silence.
Yumi et Odd se retournèrent, de trouvant dos à dos avec les autres. En effet, ils étaient encerclés.
D’effrayés qu’ils étaient, le calme leur revint, et ils restèrent stoïques, jusqu’à ce que le silence fût rompu par l’ouverture simultanée des deux sphères. Xana croyait qu’il les aurait ? C’était mal les connaître, pensa Ulrich. Il murmura deux mots aux autres.
« A trois ».
Les mégatanks accumulaient de l’énergie. Puis se mirent à tirer.
« TROIS ! ».
Puis une rafale d’énergie illumina les lieux. La rafale fut suivie d’une explosion. L’explosion fut suivie du silence, et lorsque l’obscurité revint, il n’y avait plus de mégatank, et plus de bruit. Il ne restait que cinq adolescents allongés à terre de part et d’autre de la chaussée, étalés au sol comme après un plongeon.
Ils avaient survécu.
« Pfiou, dit Odd, on l’a échappé belle
-Pour ce à quoi ça nous avance ! Répondit Jérémie, Xana a déjà gagné, il doit déjà tout avoir dévasté à l’heure qu’il est ».
C’est sur ces paroles que le calme revint et que les derniers humains du monde se dirigèrent vers le centre ville.
Odd hésita, mais ne dit rien. Cela faisait un mois qu’il n’avait plus plaisanté. Sa joie habituelle avait disparu. Son aspect ironique demeurait, mais comme jamais, depuis le début de la guerre, il aurait eu honte de l’affirmer.
Alors il se taisait. Et personne n’avait l’air d’en tenir compte. Personne ne parlait, de toute façon, sauf mesure d’urgence.
Il voyait Jérémie toujours songeur, Aelita toujours préoccupée. Le cas d’Ulrich était plus difficile à analyser. C’était un mélange de rage et de désespoir. La rage contre Xana, dont il avait envie de lui décocher un bon coup de sabre, le désespoir de ne pouvoir le faire. Yumi semblait honteuse. Elle semblait accorder à sa position des responsabilités plus grandes qu’elle n’en avait en réalité. Son âge, sans doute, mêlé à sa culture Japonaise dans laquelle elle était baignée.
Odd, lui, conservait son caractère profond, à ce qui semblait, sans l’affirmer. Il ne l’aurait jamais dits, en de pareils jours, mais le fond de sa pensée du moment se résumait de la manière suivante : ce village de vacances proposait des activités sacrément exotiques.
Chapitre cinq : Reddition
Au centre ville, il y avait encore un grand immeuble avec un écran géant. Sans doute pour regarder les matchs de football, ou pour les activités nocturnes du village de vacances. Il était éteint maintenant. Et il ne semblait pas abîmé. Etrange.
Ils le contemplèrent quelques minutes, se demandant s’ils étaient là sous l’effet du hasard, ou si Xana avait justement cherché à les amener ici.
Rien n’est jamais dû au hasard. Ils le comprirent lorsqu’ils virent sur l’écran s’afficher ce symbole qu’ils connaissaient bien, et qui leur inspirait le plus profond des dégoûts.
Puis un message s’afficha. Ils le lurent.
« Vous êtes les derniers survivants de la terre. Contre la puissance de Xana, la victoire serait maintenant inutile, même en oubliant le fait qu’elle est impossible. Je pourrais vous traquer de par le monde, vous pourriez même vous en sortir, mais après tout à quoi bon ? Vous n’avez plus rien à sauver, car j’ai déjà gagné. Il ne vous reste plus qu’une alternative, maintenant. Vous rendre. Je vous offre de vous permettre de mourir face à moi, comme les héros que vous avez été. Vous avez le choix entre ça et être traqués comme des chiens. C’est à vous de choisir mais je vous conseille de ne pas sous estimer mes pouvoirs. Ils furent assez grands pour tuer près de six milliards d’humains et le centuple d’animaux. Rendez vous. Vous mourrez, oui, mais à quoi bon vivre, maintenant ? ».
Il avait raison. Ses propos eurent tôt fait d’atteindre les « héros » en question. Ils s’étaient battus, ils avaient perdu. Leur cause était vaine. Ils devaient reconnaître leur défaite. C’était tout ce qu’il leur restait. Oui, ils avaient perdu. Oui, Xana avait gagné, oui, tout était vain.
Ce fut d’une voix rauque que Yumi répondit, après un hochement de tête du groupe empli de désespoir et de tristesse :
« D’accord, Xana, tu as gagné. Tu as les cartes en main, nous reconnaissons notre défaite ».
A peine eut elle prononcé ces mots qu’un second message apparut.
« Vous rejoindrez la côte d’où vous m’observiez tout à l’heure -oui, je sais que vous étiez là- dès que vous le pourrez. Deux navettes vous y attendront. Elles vous mèneront dans ma nouvelle forteresse ».
Jérémie lut, et réfléchit. Pourquoi Xana faisait il ça ? Comment était il possible qu’il eut une quelconque notion de « reconnaître sa défaite » ou « mourir en héros », et surtout, en quoi cela l’importait il ?
Il revit cette scène, au coin de la rue. Dans sa tête, le poissonnier sortait, et ces spectres impitoyables venaient sur lui. L’un d’eux, plus proche, ou plus rapide, il ne s’en souvenait plus, traversait le pauvre homme. Toujours dans sa tête, ledit pauvre homme tombait. Il tomba plusieurs fois dans l’esprit de Jérémie. Il se repassait la scène en boucle. L’homme tombait, et....
« On a jamais revu son corps, murmura t’il ».
Jérémie, sous le choc, se dirigea vers un des corps. Il le souleva légèrement. Il en était sûr, à présent.
« Les amis !
-Quoi ? Demandèrent ils d’une voix lasse commune
-Observez attentivement, et écoutez bien ».
Jérémie fit cinq pas en avant, sous le regard incompréhensif de ses amis de toujours. Il ramassa une pierre, dans les décombres, puis revint se placer à l’endroit du groupe.
D’un geste assuré, il le va la pierre derrière son épaule, et la lança, à une courte distance, juste dans la brume, dans un endroit que, de cette position, on ne pouvait voir. Ce geste pourtant anodin fut très révélateur. Tous écoutèrent attentivement. Rien. La pierre ne tombait pas, la pierre ne percutait pas le sol. Pas de doute, elle était assez grosse pour qu’on l’ait entendue tomber.
Sous les yeux ébahis de ses camarades, Jérémie sourit, pour la première fois depuis un mois.
A leur tour, remis du choc, les autres sourirent, d’un sourire triomphant et revanchard. Ils avaient tout compris à présent, et savaient que faire.
« Décidément, Xana, pensa Aelita, tu nous les auras toutes faites ».

FIN

EPISODE 13

La tour de l’illusion

Chapitre un : Des adolescents
« Ah, quelle heure il est ? »
Telle fut la première réaction d’Odd au saut du lit. Cependant l’expression est inexacte, car il ne s’agissait pas d’un lit. Voici un certain nombre d’heures qu’à même le sol, ils se reposaient ; par conséquent, ce n’est en aucun cas par un saut que la journée commença. De plus, il s’agissait d’une question purement rhétorique : Odd autant que chacun n’avait que faire de l’heure qu’il était. Il était impossible de le deviner au soleil : un épais brouillard noirâtre cachait tout ce qui pouvait ressembler de près ou de loin au ciel.
Une fois n’est pas coutume, ce jour là, Odd fut le premier debout. Il en profita pour observer calmement le paysage. Avec la brume alentour, on ne pouvait distinguer qu’un bâtiment orné d’un écran géant dans le coin d’un carrefour en ruine. Devant cette vue, Odd révisa son jugement. C’était assez touristique, finalement. Et il se rendormit, sans doute pour plusieurs heures.
Ce put paraître étonnant à quiconque d’âge mur les verrait en ce moment précis, ignorant tout de la situation, dormant paisiblement au milieu d’un mode dévasté, et ayant un rendez vous avec le responsable du désastre. Oh, certes, ils auraient pu y aller le jour même où cet entretien leur fut proposé, mais ils préféraient au diabolique seigneur conquérant quelques heures de sommeil.
Pourquoi ? Il y avait une raison simple à cela. Ces jeunes endormis sont des humains à l’état de chrysalide, ou plus communément, des adolescents.
Il est nécessaire pour bien comprendre ce qui précède et ce qui suit de rappeler ce qu’est de manière général un adolescent.
L’adolescent se nourrit essentiellement d’additifs et de produits chimiques, ceux-ci étant les seuls aliments capables de remplir l’estomac d’un éléphant adulte en un laps de temps assez court pour que dix huit heures de sommeil par jour soient possible. Pas que l’adolescent ait réellement besoin de ce temps moyen de sommeil. On peut même aisément le contraindre à s’en abstenir, mais ceci le rend d’une mauvaise humeur certaine. Cette affirmation est d’ailleurs assez inexacte car l’humeur d’un adolescent est trop aisément variable pour qu’on puisse en faire les statistiques, et il est aisé de l’en faire radicalement changer, tant et si bien qu’à terme on bénit la nature que l’adolescent affectionne tant le repos.
Outre cette passion de la plume regroupée et un vrai caractère de cochon, l’adolescent est contestataire. Il lui faut toujours quelque chose qu’il puisse critiquer, Dame Nature l’ayant doté d’une arme efficace contre les conventionnels : la répartie. Pas toujours de bon goût, et parfois violente, certes, mais certains éléments se dégagent du lot, tels ces endormis des champs de la mort du seigneur du chaos informatique, et font la joie où l’horreur de leurs victimes.
D’un naturel jovial lorsqu’il peut critiquer, l’adolescent devient vraiment dangereux lorsqu’il en est empêché, et à ce titre, l’on peut considérer l’humain à l’état abouti comme le prédateur naturel de l’adolescent. Car celui-ci, pas toujours à la hauteur de ses revendications, est d’un naturel vaniteux, et ne perd espoir d’atteindre son but que lorsqu’il n’y en a vraiment plus.
Doté d’un assurance surdimensionnée, dans la plupart des cas, l’adolescent refuse catégoriquement et à tous propos de remettre sa personne en question.
Mais ce qui est louable à être un adolescent, c’est une énergie phénoménale et une détermination inébranlable employées pour parvenir à un but, lequel sera toujours, en dépit des notions de devoir et de bien, présumé juste par ceux qui cherchent à l’atteindre.
Aussi est il d’un intérêt immense de voir évoluer ces êtres dans un monde menacé par un mal qu’eux seuls peuvent anéantir ; et il est remarquable de constater un tel dédain de la part d’adolescent envers leur terrible ennemi mortel.
En effet, la veille même, un message de Xana, responsable de la désolation qui régnait maintenant à la place du monde, avait été adressé aux ex-Lyokonautes, leur proposant de se rendre et de mourir en héros, eux, les derniers survivants qu’il y eut au monde. Et ce sans délai, car ils étaient attendus jour et nuit au niveau de la côte.
Au lieu de répondre promptement à l’appel, ils avaient décidé de s’accorder une bonne nuit de sommeil afin d’être en pleine forme pour mourir. A présent, c’était le matin, et, au final, l’heure était déjà assez tardive où Odd s’était réveillé puis rendormi. Après tout, peu importait. Tant que Xana ne savait pas ce qu’ils avaient en tête, ils n’avaient rien à craindre de lui tant qu’ils ne mettaient pas leur plan à exécution.
Ce sommeil tardif ne s’expliquait par ailleurs que trop facilement. La veille même au soir, ils avaient festoyé et plaisanté ; mangé et bu. Car il faut dire que certains établissements n’étaient pas totalement détruits et qu’il y restait, dans les décombres, quelques denrées, et la propreté de ces mets importait, pour ainsi dire, peu.
Et ce ne fut que lorsque le soleil qu’ils ne pouvaient voir arriva au zénith qu’ils se réveillèrent, et échangèrent quelques trivialités, avant de se décider à lever le camp et à partir dans la brume.
Les états d’esprit étaient partagés, à cette heure.
Jérémie était enthousiaste à l’idée de découvrir des paysages que jamais à un autre moment de sa vie il n’avait vu ni ne verrait. Odd, lui, était triste de quitter ce joli coin si tranquille et si touristique.
Yumi restait austère, et se disait qu’il valait mieux être prudent : dans une brume si épaisse, se fouler une cheville était aisé.
Aelita, depuis la veille au soir, lorsque fut jetée la pierre par Jérémie au-delà du champ de vision, éprouvait un immense soulagement.
Quant à Ulrich, selon lui, c’était une belle journée pour mourir, finalement.
« Dis, Jérémie, demanda Ulrich, selon toi, il aura quelle tête, Xana ?
-Oh, ben, à mon avis, il ne va pas se montrer... Il faudrait qu’il abandonne le ciel, et ce serait assez risqué pour lui.
-J’te parie le contraire ! Dit Odd. Il a parlé d’une forteresse, il n’y aura peut-être pas de fenêtre.
-Ben dans ce cas, il n’y aura pas de lumière et on ne le verra pas, gros malin ! »
Ainsi, l’heure était aux boutades et à la joie. Inutile de se presser, ils avaient tout leur temps. Cependant, il était vrai qu’ils n’avaient pas que ça à faire. Et ils avaient déjà perdu un mois. Mais comme disait Odd « Rien ne sert de courir, il faut partir tout de suite ».
Ils avaient respecté ce précepte : sitôt levés, ils s’étaient mis en route, dans l’obscurité et la brume, en direction des côtes, dont on pouvait déjà entendre les grognements....
« Et l’odeur, dit Aelita, je l’ai toujours détestée. On n’allait pas souvent en vacances avec mes parents, et je ne m’en portais pas plus mal. Ca sent la vase à des kilomètres.
-Ah ? A cause des agents qui vous pourchassaient ?
-Maintenant que je suis au courant, ça doit être ça. Je n’ai jamais demandé à papa pourquoi on ne partait jamais : on vivait en pleine forêt, et ça ne me déplaisait pas ».
Une heure durant, aucun propos n’eut rapport avec la situation.
Et après cinq kilomètres à pied qui, selon la chanson, avaient bien usé les pixels, ils arrivèrent à nouveau en vue des côtes.
« Reste plus qu’à trouver les « navettes » de la forteresse, maintenant, dit Odd, le sourire aux lèvres ».
Chapitre deux : Une spirale dans l’océan
Quelques mètres plus loin, l’on pouvait apercevoir deux grandes formes blanchâtres au sol, immobiles. S’approchant d’un pas décidé, il leur fallut une dizaine de secondes de plus pour découvrir que c’étaient bel et bien deux mantas qui gisaient.
Mais celles-ci étaient différentes. Leurs lignes dorsales étaient particulièrement creusées, leur donnant un aspect robotique, mais outre ceci, elles étaient d’une taille particulièrement grandes, telles que l’on pouvait asseoir trois adultes à la file indiennes sur leur face supérieure. En temps normal, sans doute cinq personnes censées se seraient méfiées de ces créatures immobiles, présentées comme « navettes ».
Cependant, les cinq personnes en question, bien que douées de raison, étaient adolescentes, et on n’était pas en temps normal, même pour ceux-ci.
Ils montèrent.
Ulrich et Yumi sur l’un, Aelita, Jérémie, et Odd sur l’autre. Le dos des mantas avait la forme et la texture d’une pierre polie, aussi au toucher, l’on aurait cru s’asseoir sur un grand galet.
Ceci étant fort désagréable -car comment pouvait on décemment mourir avec le derrière aplati ?- il leur fallut quelques minutes avant de trouver la position la plus confortable, ou plutôt la moins inconfortable.
Ceci fait, les mantas se murent. Une intense lumière verdâtre émana tout d’abord de leurs lignes dorsales, puis les créatures s’élevèrent à la verticale à deux mètres du sol, dévoilant une face ventrale encore plus lumineuse.
Enfin, alors que les navettes improvisées forçaient l’allure au profit d’une avancée horizontale sur la mer, Yumi s’écria :
« Tout de même, il n’est pas si méchant que ça, Xana. Il devrait se reconvertir pour les émissions de Patrick Sébastien : On voit pas ça tous les jours !
-Je m’attendais, répondit Jérémie, à quelque chose d’impressionnant, et de visuellement « d’une puissance désespérément invincible », ne serait ce que pour nous décourager et nous empêcher de nous concentrer, mais pas à ce point là !
-Oui, reprit Aelita, j’ai hâte de voir la forteresse, ça me permettra de mieux découvrir le monde dans lequel je n’ai pas vécu.
-Oh, j’imagine que c’est un établissement de qualité, plaisanta Odd. Le personnel doit être à l’affût, et le maître d’hôtel très ajusté.
-Un très bon zoologue, que ce Xana, dit alors Ulrich, qui était jusqu’à présent resté silencieux. Non content de nous montrer des mantas, des poux, des tarentules, des crabes, et des frôlons, voila qu’il s’apprête à nous montrer ses pingouins. Ca doit être charmant ».
Ainsi se préparait le long voyage au dessus des flots dans la joie et la bonne humeur. Le plus dommage, selon Yumi, c’était que, étant les derniers survivants du monde, ils n’allaient pas voir de baleines ou de dauphins. A ce propos, il fut remarqué que Xana n’aimait visiblement guère ce qui était naturel.
En fait de derniers survivants, Odd ne put, comme à l’habitude, s’empêcher de faire constater à Yumi qu’elle devait faire preuve de dignité, en tant que doyenne du monde.
Le vent du large devenant trop puissant, ils se turent, et ce pendant ce qui leur sembla une éternité, sur le dos des mantas tout aussi peu bruyant, qui évoluaient en deux lignes parallèles à une distance moyenne de l’eau de deux mètres cinquante.
Soudain, elles ralentirent leur course vers l’horizon, et Aelita manqua de glisser dans les abysses. Sans doute étaient ils arrivés.
Entrés dans un nuage de brume à couper au couteau -et l’expression était on ne peut plus adaptée, puisque Odd s’essaya à l’appliquer, sans succès-, ils ressortirent dans un cylindre d’air sans brume, au milieu duquel se tenait la fameuse forteresse.
Au milieu de cet espace circulaire, et sur un diamètre d’au moins vingt mètres, l’eau chutait à pic, dévoilant un plateau sous marin, sur lequel, au centre de cet anneau de sècheresse, s’élevait une gigantesque spirale de cuivre, dont on ne pouvait presque pas distinguer le sommet arrondi. Cette tour dépassait le nuage sombre, et celui-ci formait un typhon autour de l’édifice.
Ils étaient arrivés au centre du royaume de Xana, et devant eux se dressait sa gigantesque forteresse, invisible au milieu de l’océan, d’une brillance cuivrée qui réfléchissait l’horizon.
« C’est marrant, dit Jérémie, on dirait une corde de rideau qu’on aurait plongée dans la résine et plantée à l’envers.
-Le pire, c’est que c’est même pas une métaphore.
-Et comment on entre, maintenant ? Demanda Aelita
-On frappe à la porte, répondit tout simplement Odd, comme s’il s’agissait d’une évidence.
-Odd, rétorqua Ulrich, tu devrais prendre exemple sur cette tour.
-Hein ? Pourquoi ?
-Elle réfléchit, elle ! ».
Décidément, se dit Odd, ils n’avaient aucun sens de l’humour.
Si Odd ne connaissait pas la réponse à la question d’Aelita, les mantas, elles, la connaissaient. Elles se dirigèrent de deçà du tourbillon, là où c’était sec, et s’arrêtèrent au pied de la tour, qui s’éleva de quelques mètres, dévoilant une entrée que dissimulait le sol auparavant.
Les mantas stationnant devant l’entrée, les jeunes voyageurs descendirent
L’entrée était sombre, l’intérieur semblait sinistre. Il s’agissait sans aucun doute d’un des lieux dans lesquels l’on hésitait toujours à s’engager. Quelque malheur sans doute les attendait là bas. L’obscurité, en outre, suscitait une hésitation aisément justifiable.
Sans plus tarder, ils s’y engagèrent.
Chapitre trois : Négociations musclées
A peine étaient ils entrés que dans un grand bruit, la tour s’affaissa, et l’entrée ne fut alors plus visible. Alors, comme si quelque danger les épiait, ils se mirent à chuchoter.
« Peuh, c’est joli, mais ils auraient pu prévoir de meilleurs effets spéciaux, j’ai pas bougé d’un pouce, et avec la violence du choc, on aurait bien dû s’élever de quelques mètres.
-Ha ben tu comprends maintenant pourquoi je n’aime pas les films d’horreur.
-Ha ? Les absurdités scientifiques dont tu parlais se limitaient à deux trois incohérences d’énergie cinétique et de principe d’inertie ?
-ben quoi, c’est déjà beaucoup ! Bon, OK, en fait, je parlais des zombies....
-Hum ?
-Et des robots tueurs....
-Mais encore ?
-Les intempéries, quoi ! Et les mondes virtuels emprisonnant les humains !
-Héhé !
-Et le voyage dans le temps ! Selon Einstein, c’est... Impossible, finit il d’une voix lasse. Bon, d’accord, Odd, je te promets qu’à l’avenir, j’adorerai les films d’horreur.
-Dommage que personne ne pense à filmer ça, ce serait grandiose, avec une bonne musique de John Williams ! ».
A l’évocation du célèbre compositeur, la lumière se fit. « Ho ? Pensa Ulrich, c’était le mot de passe où c’est l’heure de commencer le cabaret ? ».
Au contraire, rien ne se passa. Et la salle qu’ils découvrirent était désespérément vide. Tout ce que l’on pouvait voir, c’étaient les murs courbées de forme inverse de ce qu’on pouvait voir depuis l’extérieur, et une large plateforme au centre de la pièce, qui lévitait à quelques centimètres du sol.
« On fait quoi ? Demanda Yumi en souriant.
-Réponse A : on prend la plateforme. Réponse B : on se cogne la tête sur le mur jusqu’à ce que mort s’ensuive. Réponse C : on reste là et on attend qu’un adulte responsable vienne nous chercher. Réponse D : on attend la question à cinq cent dollars.
-Maintenant, si tu veux, tu peux utiliser un joker. Tu as le droit d’appeler un ami si tu as du réseau... Enfin, vu qu’on est les derniers survivants, on oublie l’idée, soit tu demandes l’avis du public et découvres que la question était purement rhétorique, soit tu optes pour qu’on retire deux mauvaises réponses, mais étant donné qu’aucune des réponses ne représente vraiment une bonne idée, je pense qu’on ferait mieux de prendre la plateforme ».
Personne ne se le fit dire deux fois. Ils montèrent sur la plateforme comme l’on monte une marche, et une fois qu’ils furent bien installés, la plateforme s’éleva, vers l’inconnu.
Vers l’inconnu étant une expression assez vaste, il serait plus commode de dire que la plateforme s’élevait jusqu’au sommet de la tour, dans la pièce arrondie qu’ils avaient entraperçue de l’extérieur.
« C’est pas une corde de rideau, fit Odd, c’est un phare ! ».
En effet, la pièce dans laquelle ils avaient atterri, séparée du reste de la tour par une cloison à orifice, lequel était à présent bouché par la plateforme, comportant deux larges fenêtres l’une opposée à l’autre, par lesquelles l’on pouvait voir le ciel, et Xana en contrebas, étendant ses macabres ténèbres sur son domaine.
La salle en elle-même était tout ce qu’il y avait de plus luxueux : il y avait un bureau, près d’une fenêtre, en marbre, posé sur la moquette rouge, derrière lequel, sur un siège de marbre à siège recouvert d’épais cuir rouge, était assis un homme immobile qui fixait ses invités.
Comment était il ? Il était assez indescriptible. Pas à la manière du vieil homme. Lui était assez commun de visage comme de stature, d’âge avancé, sans qu’on pût en dire plus, des yeux plutôt foncés, bien que l’on ne put y trouver d’expression précise. Il était habillé avec une veste sans cravate, une chemise blanche. Le reste, on ne le voyait pas, caché par le bureau.
Juché sur son mystère comme sur un cheval de bataille, et assis sur ses platitudes comme sur son siège, l’homme se mit à parler.
« Ha, bien. Je vous attendais. Sa voix était claire, d’un timbre très commun.
-Ha ! Ben on est content de pas s’être trompé de forteresse géante ! Vous nous attendiez ? On a pourtant pas pris rendez-vous !
-Je suis, dit il avec la même impassibilité, informé de toutes les décisions de Xana me concernant. Par conséquent je vous attendais, et ne vois pas à quelle autre forteresse, comparable à celle-ci, vous faites allusion.
-Laissez tomber. Tiens, j’ai gagné mon pari. Ce type a beau être bizarre, c’est pas Xana.
-Je suppose que, réciproquement, vous savez pourquoi vous êtes ici.
-Oui, pour une petite consultation de dernière minute, et de derniers instants, pas vrai ? »
Et tandis que tous riaient de cette nouvelle boutade, l’homme hocha la tête et désigna un meuble. Ils comprirent immédiatement. Ce n’était pas un meuble. C’étaient des caissons d’exécution. Ceci ayant détourné leur attention, ils purent considérer la pièce avec plus de profondeur. Sur les murs métalliques, il y avait des gravures, sous les fenêtres. Des monstres. Et dans les espaces intermédiaires, entre deux fenêtres, trois hauts reliefs. Dans l’un, on voyait, au centre, cet homme qui les considérait, à gauche, celui qu’ils avaient jadis pris pour Xana, ce vieil homme. Et à droite, le traître, l’humanoïde Alpha. Dans l’autre, l’on ne voyait que Franz Hopper, entouré d’un halo. Xana devait sans doute, pensèrent ils, se faire un devoir d’avoir bonne opinion de son créateur.
Cela signifiait que Xana avait bel et bien une opinion des choses, donc une certaine forme de sentiments. C’était assez surprenant venant de lui pour ne pas être négligé, et pour qu’il faille y prendre garde.
Xana avait évolué, plus qu’ils ne l’auraient cru, mais c’était à prévoir. L’important à présent était de se sortir de cette situation singulière, et de la situation générale une bonne fois pour toutes.
L’homme, toujours calme, les considérait froidement, désignant leur ultime destination.
Pourtant, ils ne se dirigèrent pas vers cette partie de la salle. Chacun partit d’un côté, pour considérer ce qu’ils voyaient.
Le regard d’Ulrich fut attiré vers les trois grandes statues. Les hauts reliefs étaient bien taillés, et la précision était telle que l’épée du vieil homme n’était pas collée à sa main, mais simplement encastrée dedans.
Aelita regardait le bureau. Il n’y avait rien dessus, rien dessous, et rien dedans. Derrière elle, Jérémie et Odd regardaient par la fenêtre. Le décor, considéré d’en dessous, leur semblait étrangement distordu, et semblait se limiter à un plan fixe.
L’homme, indifférent à Yumi qui le fixait, se mit à parler de nouveau.
« Bien. Le moment est venu, je pense. Vos corps, dans ces machines, disparaîtront, et vous ne serez pas inclus dans le lot des cadavres étendus de par le monde.
-Oh, dit Jérémie, finalement, je n’ai pas très envie de mourir aujourd’hui. Mes copains non plus d’ailleurs.
-Il le faudra bien un jour. Vous avez vécu pour combattre Xana. Maintenant, à quoi bon le combattre ? Quand bien même vous réussiriez, il ne resterait rien à sauver.
-Qui sait ? Hé puis après tout, c’est bien illusoire que cette apocalypse
-Vous êtes des héros. Vous avez vécu en héros. A présent, mourez en héros.
-Oui, nous mourrons en héros, répondit Ulrich. Mais pas aujourd’hui. Xana n’a pas été anéanti, il nous reste un monde à sauver.
-Pensez comme vous l’entendez. En bon programme que je suis, je ne peux comprendre les subtilités de votre raisonnement. Mais songez bien que vous êtes ici à ma merci, et c’est maintenant à moi de décider de votre sort. Il n’appartient en revanche qu’à vous d’en décider les circonstances.
-Bon, dit Yumi. Cette mascarade a assez duré.
-Je ne suis pas certain de comprendre....
-Oh, si, vous comprenez parfaitement. Mais Xana, votre maître, nous a déjà fait le coup. Vous avez été brillants. Vous avez réussi un mois à nous maintenir dans cette réalité virtuelle sans qu’on se doute de rien. Mais maintenant, c’est terminé.
-Terminé ?
-Je conçois, répondit Jérémie, qu’un tel réalisme nécessite de la puissance. Il est donc tout à fait compréhensible que seule la zone dans laquelle nous nous trouvions soit simulée, et modifiée au fur et à mesure qu’on progressait. Malheureusement, vous avez oublié quelques détails. Vous avez créé des corps au sol, mais vous avez oublié de conserver ceux que l’on a vus nous-mêmes tomber.
-Continuez.
-C’était là votre erreur. Ensuite, il fut simple de constater que ce qu’on ne voyait pas n’existait tout simplement pas.
-C’est un bon raisonnement. C’aurait très bien pu être vrai, mais hélas, rien ne me force à le croire. Vous vous fourvoyez. Tout ici est bien réel.
-Et nous, nous refusons d’entrer dans ces placards.
-Je vois. Hé bien gardes ! ».
Soudain, les hauts reliefs des murs sous les fenêtres commencèrent à se mouvoir, et à se détacher. Peu après, c’était bel et bien des monstres qui avançaient vers eux, comme pour les attraper et les mener aux caissons. Des monstres couleur cuivre, dont le bruit métallique raisonnait dans la pièce.
L’homme avait maintenant totalement perdu son calme. Et d’une voix sinistre, il dit :
« Tout ici est réel. Tout existe, vous le comprendrez ! Même les monstres, tout. TOUT
-Permettez moi d’en douter, répondit Ulrich ».
Et tandis qu’il répondait à ce fou enragé, le jeune guerrier se saisit de l’épée du vieil homme, devant lequel il se trouvait, et tel un javelot, le jeta lame la première par-dessus le bureau.
La lame vint se planter au centre de la fenêtre qui se fissura et se brisa en morceaux, dévoilant l’ampleur de la supercherie.
Derrière la fenêtre, il n’y avait rien. Le ciel qu’ils voyaient depuis la fenêtre n’était qu’illusoire. Et ce n’était qu’un vide noirâtre qu’ils voyaient par delà les éclats de ver.
Rien de tout e qu’ils avaient vécu le dernier mois n’était réel. Ils étaient sur Lyoko, dans une réalité virtuelle crée par Xana, dans le seul but de les décourager, et de les avoir enfin. Il avait simulé la fin du monde, afin d’anéantir psychologiquement ses pires ennemis. A un cadavre près, il réussissait. Mais une fois de plus, les Lyokonautes triomphaient. Et tandis que la tour elle-même tremblait et se désagrégeait, une voix s’éleva.
« Oui, clama Jérémie. Nous tuer de la même manière que les autres nous aurait fait revenir sur terre. Je m’étonnais que Xana puisse comprendre la notion d’honneur. Il voulait juste nous supprimer définitivement. Mais il... Vous avez échoué.
-Non.
-Et si. Vous allez disparaître, et nous, rentrer chez nous.
-NON ! ».
En effet, comme dans un éclat de verre, l’illusion de fracassait, se brisait, et disparaissait, laissant place au néant. Bientôt, il ne resta que le sol de la pièce arrondie, les monstres, et l’homme.
« Vous avez perdu » Dit Yumi à ce dernier qui disparaissait peu à peu.
Les monstres disparurent, le sol se fendit, et tout devint noir.
Epilogue
A l’usine, la lumière reparut sur les vainqueurs de la tour de l’illusion, qui sortaient, exténués, des scanners. Tout était rentré dans l’ordre. Et rien n’avait été changé depuis leur départ : Xana devait les détruire eux avant de s’en prendre aux autres. Il ne pouvait outrepasser cette logique, et c’était tant mieux. Tant qu’ils seraient là, ils seraient les gardiens de l’humanité.
Mais ils n’avaient que trop perdu de temps. Il ne leur restait plus qu’un mois de « vacances ». Sans doute les avait on cherché à travers la ville, sans doute leur fuite avait suscité mille recherches. Ils devaient faire vite. Après une bonne nuit de sommeil, ils partiraient, comme il avait été prévu, pour Carthage, afin d’en trouver le centre, et dans le but d’en finir.... A jamais.


FIN

EPISODE 14

Voyage vers l’origine

Chapitre un : En route
Cette fois ci, ce serait la bonne.
Il était déjà huit heures, et dans cette usine de la région parisienne où le danger menaçait, cinq adolescents, deux filles et trois garçons, se réveillaient.
Bien que leur courage ait été mis à rude épreuve les trente derniers jours, leur détermination n’avait jamais été aussi grande. Ainsi, après avoir repris les forces nécessaires, ils seraient bien décidés à en finir.
Ils n’avaient pas de plan précis. Leur idée principale consistait à passer par le territoire forestier de Lyoko, gagner le cinquième territoire, désactiver la clé, et explorer la sphère carthaginoise sans en sortir, afin de trouver les piliers de cet épicentre, et, au mieux, atteindre Xana, et tenter de l’y détruire.
Ce ne serait pas une mince affaire. Oh, certes, il était imaginable que Xana se trouvait au centre de la sphère, mais celui-ci n’était pas facile à trouver et ce pour deux bonnes raisons :
Il n’y avait à Carthage aucun point précis, ne serait ce que reconnaissable à l’intérieur de la sphère, et ses composants étaient à géométrie variable, à tel point que la gravité pouvait au besoin être inversée. Il était impossible de savoir où l’on était. Les seules choses qui semblaient être fixes à Carthage étaient deux grandes tours. On pouvait imaginer qu’elles correspondaient aux pôles, mais rien ne le prouvait, étant donné que rien ne les reliait au sol. Ils avaient déjà détruit une de ces deux tours, au cours d’une expédition dont l’objet était de trouver les codes sources de l’antivirus destiné à Aelita.
Ceci était par ailleurs totalement feint par Xana. Celui-ci avait eu recours à un stratagème à double but. Il voulait les clés de Lyoko, qu’il n’a pas réussi à obtenir, mais aussi analyser les réactions humaines. Ceci, par ailleurs, il y réussit.
Sa seconde attaque fut bien plus probante, et si Franz Hopper n’avait pas trouvé le moyen de se libérer de ses chaînes -à cause de la complexité de l’attaque-, ça aurait fonctionné.
Ainsi donc, il n’y avait à Carthage qu’une tour, en tant qu’élément de référence. Le reste n’était qu’un amas géométrique de blocs bleuâtres, taillés dans une matière indéfinissable, et pour cause, comme le reste, ce n’était que virtuel.
Jérémie avait longuement réfléchi à cette expédition, avant de s’assoupir la veille : il avait bien pesé le pour et le contre. Et de contre, il n’y en avait pas. Aelita a présent était bien réelle, avec un statut analogue à celui des autres Lyokonautes. Pour confirmer cet état de fait, il avait procédé à un test : en effet, sur la carte de Lyoko affichée à l’écran, Aelita apparaissait en point vert, comme tous les autres, et non en triangle jaune. Il y avait, en revanche, dans son statut, des données excédentaires, mais Jérémie estimait qu’il ne s’agissait que des clés de Lyoko présentes sur Aelita.
Il était l’heure de se nourrir, à présent. Et les fruits qu’ils avaient cachés au dernier sous sol avaient bien été conservés.
Leur long séjour sur Lyoko avait, à ce titre, été bénéfique : il ne leur était pas possible, ni nécessaire, de se nourrir de mets réels. Aussi leurs réservent étaient elles très importantes, comparées au temps durant lequel ils en auraient encore besoin, dans le pire des cas.
Ils se repurent, donc, et se dirigèrent vers les scanners, d’un pas déterminé, et prêt à affronter périls et souffrances.
Jérémie était resté devant son clavier, comme à l’habitude.
Quelques instants plus tard, le protocole accompli, la forêt leur apparaissait, telle qu’elle leur était toujours apparu. Une mer d’arbres flottants, traversés par des sentiers verdoyants, sous un soleil tamisé par l’ombre des arbres immenses. Sans relief, ce territoire était discontinu. Les sentiers n’étaient pas nécessairement reliés les uns aux autres, aussi fallait il souvent sauter, ou voler.
« Vos véhicules sont chargés ».
A peine Jérémie avait il prononcé cette phrase que juchés dessus, l’équipe d’exploration se dirigeait vers l’extrémité du territoire.
Le transporteur apparut, et les transporta à travers la forêt dans le soleil numérique, puis entra par une porte dans le cinquième territoire pour les déposer à l’aréna, après avoir effectué quelques tours de la pièce.
Ils étaient arrivés.
Chapitre deux : Observés
Comme à l’accoutumée, ils couraient en direction du hall d’entrée. Ils allaient bientôt tomber sur la garde.
Depuis son poste d’observation situé au centre de Carthage, Xana les observait.
Les craignait il ? Non. Il était impossible qu’ils l’atteignent. On ne pouvait accéder à la salle dans laquelle il se trouvait que d’une seule manière. Ouvrir la porte manuellement, et ce depuis l’intérieur. Quand bien même ils arriveraient devant, ils ne pourraient entrer.
Toutefois, Xana se sentait mal, au plus profond de lui. Sa dernière attaque lui avait coûté ce qu’il lui restait d’énergie. En temps normal, il aurait été presque inerte, attendant de récupérer, mais depuis quelques temps, cette perte d’énergie déclenchait des évènements tout à fait singuliers.
Ah, à présent, ils atteignaient la clé. Ils avaient passé la garde du hall, et débranché le système de fermeture automatique.
Ils couraient toujours, inlassablement, à travers les couloirs, de salle en salle, détruisant les gardes sur leur passage. Ils n’avaient pas l’intention de sortir, ni de récupérer des données. Ils le voulaient lui.
C’était un choix stratégique que de venir le déranger après une attaque, lorsqu’il récupérait, et particulièrement parce que c’était une attaque très lourde. Mais ça, ils l’ignoraient, et outre ce fait, depuis quelques semaines, c’était différent. Xana avait de graves problèmes, et ça empirait au fil du temps.
Le reste du temps, il était un programme. Logique et stratégique pour détruire. Il ne se posait de questions que très rarement, et parvenait toujours à s’empêcher de s’en poser. Mais lorsqu’une nouvelle attaque était déjouée, Xana se sentait fatigué, aigri, meurtri au fond de lui-même.
Il éprouvait de la haine, et de la confusion. Oui, il éprouvait.
Ces visiteurs finiraient bien par être dévirtualisés, de toute façon. Tout allait recommencer, comme de coutume, il attaquerait.
Mais inlassablement, ils se dresseraient sur sa route, et tout devrait à nouveau recommencer. Cette souffrance, il la ressentirait tant sue ces héros resteraient en vie.
Ca ne pouvait plus durer.
Des héros.... Xana avait beaucoup étudié l’être humain. Il avait consacré beaucoup de temps et d’énergie à tenter de les comprendre et de les imiter pour mieux les détruire. Il y avait réussi, mais le résultat n’en devenait que pire. Il avait fini par apprendre ce qu’étaient des héros. Des « bons », des sauveteurs. Ceux dont l’on disait qu’ils étaient des héros, c’étaient ceux qui faisaient régner l’ordre, la justice, et -du point de vue général- le bien. Ainsi, Xana comprenait que lui faisait le mal, puisque des héros le combattaient.
Xana avait tant étudié l’humain qu’à terme, il se sentait en devenir un.
Derrière ces froids algorithmes, il sentait battre un cœur naissant. Que lui arrivait il ?
Avait il à jamais cessé d’être un programme ? Devenait il comme ses ennemis ? Le fait d’apprendre d’eux l’avait il entraîné dans des chemins d’où l’on ne peut revenir ?
Plus que de comprendre les sentiments humains et leurs fondements, il commençait à les ressentir. Sa mémoire vive laissait place à une vue. Ses fichiers devenaient des souvenirs.
Et c’était dans ces moments où la machine s’épuisait que le nouveau Xana se levait et pouvait se considérer lui-même. Sans être entravé par les algorithmes, par la stratégie et par la logique. Là, il souffrait.
Ha. Ils étaient allés plus loin qu’il ne le pensait. Ils avaient passé l’étage auquel ils se trouvaient et se dirigeaient presque dans la bonne direction. Il était temps d’élever un mur entre eux et le bon chemin. A la prochaine intersection, ils devaient tourner à gauche. Bah, les relais se chargeraient de ça.
En effet, Xana put constater au bout de quelques que ce qui avait été une bifurcation était devenu un virage, qui allait vers la droite.
Ceci le fit réfléchir à sa situation. Il avait eu le choix. Il aurait pu ne pas pousser son analyse plus loin. Il entrevoyait que ça pouvait être dangereux. Mais en ayant choisi, sa bifurcation, elle aussi, était devenue un virage.
Le seul moyen pour lui de mettre fin à ses souffrances était de détruire ses ennemis de toujours. Là, plus jamais son programme ne subirait d’échec, toujours il irait, contre toute raison et contre toute bonne intention, de l’avant. Il détruirait, massacrerait, jusqu’à ce que sa tâche soit accomplie et qu’il disparaisse avec le reste.
Mais à chaque fois que la victoire lui apparaissait, elle lui était arrachée, dérobée, volée. Et chaque fois, il souffrait. Il souffrait de se voir, lui, dans une logique si mauvaise, vouloir tout détruire jusqu’à lui-même.
Voulait il vivre ? Non, pas spécialement. Il n’en était pas encore à ce stade. Ce qui le faisait souffrir, c’était de voir l’absurdité de sa situation. Et de voir le mal qu’il faisait à ces enfants. Le mal qu’il avait déjà fait à tant de monde.
Mais il ne pouvait s’en empêcher. Toujours le programme reprenait le dessus. Toujours cette nouvelle partie de lui était présente pour souffrir de la défaite.
Pas que les intentions de ce nouveau Xana soient bonnes, ni que l’âme qu’il s’était forgé était noble.
Tout ce à quoi il aspirait, c’était de ne plus rien souffrir.
C’étaient eux, l’ennui. Ces... Héros.
Oui, il voulait en finir, d’une manière ou d’une autre. S’ils perdaient, enfin Xana, le programme, pourrait sans obstacle et sans souffrance arriver à ses fins.
Si en revanche ils gagnaient, alors Xana, le nouveau, pourrait mourir en paix, le programme forcé de s’incliner devant ceux qui l’auraient alors vaincu.
Mais rien n’y faisait. Xana toujours attaquait, mais jamais ne triomphait. Et jamais ces héros de pacotille, ces Lyokonautes, ne pourraient le détruire, lui. Jamais ils ne pourraient ne serait ce que le trouver. Et même si tel pouvait être le cas, il pouvait toujours fuir vers l’extérieur.
La situation était ainsi bloquée. Chacun aspirait à la fin de l’autre, et jamais ça n’arrivait. Ils déjouaient tous ses pièges, il était trop puissant pour eux.
Ca ne pouvait plus durer.
Ils s’éloignaient du but, à présent, toujours plus loin vers le secteur six. Vers la périphérie. Il y avait beaucoup de gardes, là bas, mais le terrain jouait en leur faveur : il entraient sur un bloc plus élevé que les autres, dominant le corps rampant d’un demi mètre, ce qui, pour une créature qui n’a que deux bras et une queue, faisait une nette différence.
Quoiqu’en dise, ils se débrouillaient plutôt bien, et n’avaient perdu que peu de points de vie. Aucun, pour être exact.
Ca pourrait durer des heures.... Non. Ca durerait des heures. Tout comme ce conflit durerait encore éternellement si personne n’y mettait fin. C’était injuste pour lui, et c’était injuste pour eux. Il leur volait tout ; ils le faisaient souffrir.
Mais au fond, de quoi se plaignait il ? Il réfléchit. Après tout, c’était lui la cause de tout ceci, c’était de lui qu’émanait cet élan meurtrier.
Pourtant toutes les actions de ces dernières semaines l’avaient mené à cette situation terrible. Il avait eu tout le loisir d’étudier et de comprendre le comportement humain en les plongeant dans toutes les situations, en leur faisant affronter ennemis comme amis. Et à force, ce comportement qu’il analysait, sans doute l’avait il synthétisé dans ses propres algorithmes, et se l’était il approprié....
Il sentait le programme revenir. Il n’en avait plus que pour quelques heures à réfléchir librement. Il allait enfin cesser de souffrir.
Quoique.... Ca allait recommencer, après ! Il souffrirait encore, et ce petit jeu ne cesserait jamais. Non. Il fallait y mettre un terme. Il était le début, et il serait la fin.
Ca ne pouvait plus durer.
Chapitre trois : Invitation inespérée
Et tandis que Xana délibérait, sur le troisième écran du Supercalculateur, une lumière clignota. Jérémie recevait un message.
Surpris, il ouvrit le dossier dans lequel il se trouvait, en fit, par précaution, quelques copies, et le lut.
« Héros, le temps est venu pour moi, Xana, de mettre un terme à l’actuelle situation. Voyez là, si vous le souhaitez, un piège.
Toutefois, vous conviendrez que, pour vous comme pour moi, cette situation est bloquée et donc insupportable. Il est temps d’en finir.
Je peux vous avouer, à présent, que je me trouve au centre de mon territoire, centre où je vous convie pour cet ultime entretien.
Je m’adresse à vous, Jérémie : vos amis arriveront d’ici quelques minutes au secteur six, car il s’agit là du seul chemin qu’ils peuvent maintenant emprunter. J’ai des gardes, là bas, et je peux en appeler assez pour que votre expédition s’arrête là. En outre, vous ne pourrez jamais m’atteindre, l’ouverture de mon poste de commandement étant manuel.
Toutefois, les gardes ne tireront pas, et ont reçu l’ordre de vous mener devant ma porte. Il pourra vous sembler que vous êtes menés vers une mauvaise direction : en effet, je vous ai forcés il y a une demi heure à tourner au mauvais endroit.
Venez à moi, je vous attends ».
« Il a raison, pensa Jérémie. Il est invincible, et nous le controns toujours. Nous devons accepter l’invitation. Qui sait ? Peut-être en finirons nous une bonne fois pour toutes ».
Il revint à l’interface de la carte et se mit à parler.
« Stop, ne bougez plus ».
Ils s’exécutèrent, et se tirent immobiles dans un couloir. Ulrich répondit :
« Qu’est ce qu’il se passe, Jérémie ?
-Vous allez dans la mauvaise direction. On trouvera pas Xana comme ça. Conservez vos armes, Xana nous propose un entretien avec lui, au milieu du cinquième territoire. En théorie, vous allez trouver des rampants dans la salle suivante. Ils vous y conduiront. Soyez prudents.
-Reçu, dit Odd. Pas tout bien compris, mais reçu ».
Leur course impétueuse se transforma progressivement en une marche lente et méticuleuse. Puis une porte s’ouvrit devant eux, alors qu’ils avaient atteint le bout du couloir, et ils se retrouvaient sur une sorte d’estrade dominant une immense salle sans relief aucun, et parfaitement cubique.
Alors qu’ils observaient, six rampants sortirent des murs latéraux, trois de chaque côté. En contrebas, ils se réunirent en rang par deux, et se dirigèrent vers l’estrade.
Main sur son sabre, Ulrich les considéra un instant, mais ne fit rien. Les autres se tinrent également immobiles.
Peu de temps après, ils étaient encerclés. Ulrich dégaina son sabre, et à ce signal, Odd visa et Yumi sortit ses éventails.
Mais les rampants ne tirèrent pas. Ils fermèrent la bouche dont sortaient habituellement les tirs, et baissèrent la tête, en signe de paix. Alors ils tournèrent la tête dans la direction opposée à la salle, et chacun rangea son arme.
La garde avança de quelques pas, puis s’arrêta, comme pour faire signe à leurs assiégés de les suivre. Ils s’exécutèrent. Et d’un pas lent, se dirigèrent vers un autre couloir.
« Mais... On va dans la mauvaise direction !
-Pas du tout, vous avez tourné au mauvais endroit, tout à l’heure, répondit Jérémie.
-Mais, à propos, dit Aelita, pourquoi Xana veut nous voir ? ».
Et tandis qu’ils avançaient dans les ténèbres du cinquième territoire, Jérémie leur lut le message de Xana, et ils émirent plusieurs spéculations quant à la raison de ce changement opéré chez lui.
Les Lyokonautes entendirent les murs bouger par endroits, et sur l’écran de Jérémie s’affichait une carte nette du lieu où ils étaient. Il leur restait pas mal de chemin à faire jusqu’au centre, mais il y avait peu de virages, et ceux-ci étaient essentiellement verticaux. Ils n’avaient qu’un demi tour à faire, le reste s’effectuait en ligne droite.
Jérémie put constater que dans sa forme originelle, Carthage comportait sept étages. Un disque central, sur lequel le centre se dégageait nettement en tant que sphère concentrique au territoire, et d’où sortaient les colonnes de données menant aux tours de passage. Puis de part et d’autre, l’on retrouvait symétriquement trois étages : deux étages tangents au centre de Carthage, deux étages intermédiaires situés à une distance respectable du centre, et deux étages aux pôles, sur lesquels étaient censées s’élever des tours : l’une dirigée vers le haut, au pôle nord, et l’autre dirigée vers le bas, au pôle sud.
Ainsi la gravité semblait elle provenir de l’étage central. Logiquement, ils avaient détruit la tour nord, et désactivé la tour sud.
Là, ils se trouvaient à l’étage intermédiaire nord, près de la paroi de la sphère, et s’apprêtaient à faire demi tour à l’étage du dessous.
Carthage semblait divisée en secteurs. Il y avait le secteur X, étage traversant le centre, le secteur 1, premier étage sud, dominait le secteur 3 qui lui-même surplombait le secteur 5, ou secteur de la tour sud. Toutefois, le terme est inexact, compte tenu du fait que la gravité de ce côté de la sphère était dirigée vers le haut.
Au dessus du secteur X, l’on trouvait le secteur 2, séparé du secteur 6, ou secteur de la tour nord, par le secteur 4.
C’était un véritable labyrinthe, avec les murs verticaux. Le centre devait être un lieu assez particulier, puisqu’il avait une moitié au dessus du secteur X, et l’autre en dessous. Logiquement, la gravité devait être inverse selon que l’on se trouvait au nord ou au sud de la sphère Carthaginoise.
Il n’était pas étonnant de trouver Xana en un tel endroit, d’autant que cette structure en expliquait long sur la structure de Lyoko. Et Hopper lui-même devait se trouver dans le noyau central, afin de pouvoir activer des tours.
Jérémie put constater, en outre, que le fragment d’Aelita que Xana avait volé, ils l’avaient retrouvé dans le secteur X, face Sud, dans une salle juste à côté du noyau. La méduse n’avait eu qu’un mur à traverser pour amener les clefs de Lyoko à son maître.
Ainsi, Xana était en quelque sorte le cœur, le générateur de Lyoko, qui allumait le soleil numérique, et qui faisait vivre Lyoko. Son départ l’avait éteint, visiblement, et Hopper avait dû se sacrifier afin de fournir l’énergie nécessaire à la rematérialisation d’Aelita.
Jérémie leva les yeux. Ses amis arrivaient à destination.
C’étaient au terme de la traversée d’un large couloir qu’ils arrivèrent à une impasse. Mais quelle impasse ! Un gigantesque mur de blocs regroupés circulairement bouchait une salle gigantesque de la taille de la salle principale d’une cathédrale.
Odd se retourna. Ils étaient seuls. Les rampants étaient partis pendant qu’ils admiraient. C’était sans doute ça, le cœur. Le mur était légèrement recourbé. La sphère en elle-même devait être bien plus grande.
La lumière provenait du haut, et pourtant le plafond ne semblait pas en émettre. L’effet était sinistre, d’autant que les faisceaux lumineux étaient disposés comme s’ils étaient détournés par quelque poussière. Or il n’y avait pas de poussière sur Lyoko.
Ils avaient peur. C’était la fin. De quelle manière, ils l’ignoraient encore, mais c’était bel et bien la fin.
Ils se tinrent en ligne devant l’entrée, et un grondement se fit entendre. Les blocs de la cloison entraient vers l’intérieur et se réorganisaient sur les côtés en deux grandes colonnes de style dorique, comme retenant la voûte du dessus, résultant de la réorganisation des blocs du dessous. Ce n’était plus un mur, à présent. C’était une entrée, semblable à celle d’un temple, dont la pierre aurait été bleuâtre.
Et au-delà, les ténèbres. L’on ne voyait pas ce qu’il y avait au-delà du perron de cette porte.
Peut-être n’y avait il que la mort. Peut-être pouvaient ils espérer une autre fin.
Dans cette salle, à coup sûr, Xana les attendait.
Ils hésitèrent. Le premier pas fut le plus difficile. D’un même mouvement, leur pied droit dépassa les colonnes ; puis ils s’engagèrent vers l’inconnu.

FIN

EPISODE 15

Le seigneur binaire

Chapitre un : Le noyau
En entrant dans la salle, ils furent très surpris.
En passant la porte, les cinq combattants qui s’apprêtaient à défier leur pire ennemi ne voyaient que les ténèbres. Pourtant, une fois à l’intérieur, la salle était parfaitement éclairée, et elle l’était assez pour que l’on puisse en distinguer les détails.
Yumi se retourna. L’entrée avait disparu. Il ne restait plus que cette salle, qui, comme elle le paraissait depuis l’extérieur, était immense. Le noyau de Carthage. Le centre de Lyoko.
C’était une grande salle sphérique... Ou plutôt une demi sphère dont ils arpentaient la base. Les murs, en eux-mêmes, ne différaient en rien des autres murs du territoire. En revanche, la base sur laquelle ils se trouvaient était assez spéciale. Elle était entièrement plane, hormis trois longues marches de deux ou trois centimètres de haut, qui faisaient descendre le plateau vers un trou béant au centre de la pièce, gigantesque lui aussi.
De l’autre côté, sans doute y avait il l’autre demi sphère. C’était même certain. Mais ils ne pouvaient le voir. A l’intérieur du trou, c’était l’obscurité totale. La lumière semblait absorbée par une membrane recouvrant l’orifice, mais il n’y avait rien.
Jérémie ne pouvait observer cet étrange phénomène, car la liaison entre lui et les Lyokonautes se faisait de plus en plus instable, à mesure qu’ils approchaient du trou.
Il était impossible de distinguer d’où provenait cette lumière, mais elle était omniprésente, et laissait valoir l’immensité de la salle, et l’illogique d’une telle architecture. Il aurait été convenable de se demander comment tout ceci pouvait tenir sans ciment. Mais c’était sans prendre en compte le fait que dans un monde virtuel, les architectes étaient heureux, car le manque d’enseignement mathématique n’avait d’égal que le nom respect des lois fondamentales d’un point de vue architectural.
Oui, cette salle gênait l’œil, l’oppressait. Elle avait beau être parfaitement sphérique, et parfaitement homogène dans sa conception, quelque chose d’indescriptible poussait irrésistiblement à se demander comment ça pouvait tenir sans qu’il y ait quoi que ce soit pour lier les blocs les uns aux autres.
La liaison fut rompue, et Jérémie n’eut dès lors plus aucun contact avec le noyau, lequel n’apparaissait plus sur sa carte.
Un grondement se fit entendre. Le bruit était tel que l’on aurait cru que la salle était sujette à un séisme, si toutefois l’on ne s’y trouvait pas. Car tout était immobile, hormis ce son qui émanait des profondeurs.
Quelque chose remontait. Assez lentement, même. Le bruit changea. Ca semblait accélérer.
Par prudence, ils s’éloignèrent de l’origine de bruit, et tandis qu’ils avaient remonté les marches du noyau, une épaisse et immense colonne jaillit du trou. Le diamètre de la colonne correspondait à celui du trou, et sa hauteur à celle de la demi sphère, et, à n’en point douter, à celle de la sphère entière, tant et si bien que ça atteignait le plafond.
La colonne en elle-même était assez quelconque. Elle était noire. Noire et brillante, telle une obsidienne. Elle était parfaitement lisse, et ne présentait aucune aspérité hormis quelques fines lignes dorées, discontinues mais verticales, de toutes parts de l’édifice. Ces motifs primaires rappelaient ceux de l’unité centrale du Supercalculateur, et brillaient de mille feux comme animées d’une énergie fantastique, sans pour autant que cet éclat incroyable éclaire quoi que ce soit alentour. Ces lignes émettaient de la lumière, et ce sans pour autant le projeter, et la colonne, ayant pourtant les propriétés d’un miroir, ne la réfléchissait pas le moins du monde. Sans doute cette colonne était elle remplie de câblages, comme le laissait suggérer son aspect. Des câbles et des liaisons reliées aux colonnes numériques qui exportaient des données vers les tours de passage.
Soudain, la colonne se fendit en deux au niveau des Lyokonautes, dans le sens de la largeur, et les deux parties ainsi formées s’écartèrent verticalement, dévoilant une autre colonne, plus fine, et plus terne. Le phénomène se reproduit une seconde fois, puis une autre, les tronçons se déplaçant un peu moins à chaque fois, les différentes couches ainsi superposées formant progressivement deux cônes opposés, dirigés vers une partie de la colonne centrale qui se trouvait à hauteur de tête.
Soudain, la colonne se fendit entièrement en deux, et les deux extrémités restantes de la colonne s’écartèrent entièrement, rejoignant le haut de chaque cône, dévoilant le contenu de l’édifice.
Ils ne purent s’empêcher de sursauter devant un tel spectacle.
A présent, l’on voyait deux pyramides cylindriques à étages, alignées et symétriques. L’une d’elles, descendant du plafond, était disposée à l’inverse de celle qui sortait du trou. Et entre les deux....
Ils ne pouvaient en croire leurs yeux.
C’était donc ça !
Rien ne le laissait imaginer. Et pourtant, ils savaient de quoi il s’agissait.
Ils savaient qu’ils étaient à présent face à face avec leur ennemi.
Face à face avec le seigneur de Lyoko.
Face à Face avec Xana.
Chapitre deux : La voix de Lyoko
Et tandis qu’abasourdis, ils contemplaient l’ennemi qu’ils combattaient, une voix s’éleva.
C’était une voix profonde, très profonde, mais pas une voix d’outre tombe, ni une voix monstrueuse. En fait, c’était plutôt une belle voix, calme et posée comme celle d’un grand sage que l’on aime écouter, et elle semblait venir de partout à la fois. Comme si c’était toute la salle qui parlait, et peut être même tout Lyoko. Cette voix avait quelque chose de mystérieux et de terrifiant, mais elle attirait l’attention, et suscitait l’écoute. Elle était attrayante, oui. Et pourtant c’était Xana qui parlait, comme par télépathie. Elle dit :
« Bienvenue, vous qui combattez depuis si longtemps. Mais la réunion n’est pas complète. Cinq enfants me combattent ardemment, pourtant il n’y en a que quatre face à moi à présent ».
Personne n’osa répondre, chacun était figé devant une telle splendeur. Lentement, Ulrich pointa son doigt vers son oreille. La voix reprit.
« Vous ne pouvez pas l’entendre, mais lui il nous entend. A présent, qu’il nous voie ! Jérémie. Dirigez vous vers l’holomap, et placez vous au centre du cercle, c’est un projecteur holographique, votre image apparaîtra ici, et vous nous verrez ».
Jérémie, devant son écran, restait immobile. Il ne pouvait voir celui qui parlait, et il imaginait la superbe de la chose. Mais même dans sa stupeur, il obéit à la voix, tel un automate, et se dirigea vers le projecteur à présent éteint. Soudain, une lumière jaillit. Ce n’était pas celle du retour vers le passé : celle-ci était dorée. Puis, plus rien.
Au centre de Lyoko, les Lyokonautes se trouvaient en ligne face à Xana, peu espacés les uns des autres. Et à côté d’Aelita, un cercle se forma au sol, et l’image de Jérémie apparut, presque transparente. Jérémie ouvrit les yeux, et la même expression stupéfaite se figea sur son visage. Lui aussi n’en croyait pas ses yeux.
Lui qui réfléchissait par nature, il s’était souvent imaginé face à Xana. Il lui avait attribué des apparences plus horribles et perverses les unes que les autres. Et maintenant qu’il le voyait, jamais il n’aurait pensé à une telle chose.
Ca ne semblait pas être quelque chose de spécifique, néanmoins. Et pourtant, par un charme insondable, il tombait sous le sens que c’était bien lui, Xana, et non un de ses artifices.
Comme reprenant au début d’un discours, Xana éleva à nouveau la voix.
« Bienvenue à vous, qui combattez sans relâche une puissance qui vous dépasse. Vous qui tentez, vous qui contrez. Certes, vous devez être quelque dérouté par ce que vous voyez ».
Personne ne parla, le silence demeura. Oui, ils étaient déroutés. Alors qu’ils voyaient Xana, et qu’ils connaissaient sa vraie puissance, ils ne comprenaient pas que ce pût être ça, seulement ça.
« Je conçois, reprit la voix, que vous vous soyez attendus à quelque chose de plus imposant. Mais vous comprenez enfin que nous ne sommes ni dans une histoire de science fiction, ni dans une des illusions que j’ai crées. Ici, c’est ainsi : les choses ne sont que ce qu’elles peuvent être, et moi, je suis un programme. Rien de plus, et rien de moins. Ici nous sommes dans la seule zone de Lyoko que je n’ai pas créée, dans la selle parcelle du monde virtuel qui me préexistait. Aucun de mes artifices ni des vôtres ne prévaut ici. En quelque sorte, nous sommes ici dans la seule zone de Lyoko qui ait une part significative de réalité. Je n’irais pas jusqu’à dire que cette salle est physique, mais elle obéit à ses lois, et c’est pourquoi tout finit ici. La porte est scellée, et aucun d’entre nous ne peut sortir tant que l’adversaire existe. D’ici vous ne pouvez vous dévirtualiser. Si je vous tue, vous mourez. Mais c’est valable pour moi aussi. Tout est scellé. Je ne peux fuir tant que vous êtes là ».
S’étant peu à peu habitués à la voix qui leur parlaient, ils purent enfin répondre.
« En admettant, dit Jérémie, que ce que vous dites est vrai, qu’attendez vous pour nous détruire ?
-Pourquoi le ferai-je ?
-Parce que, répondit Aelita, vous êtes... Vous êtes le... Méchant...
-Le méchant. Peut-être, oui, pour vous qui êtes si absolus, je suis le méchant. Il n’en est pourtant rien. Je ne vous veux pas de mal, au final. Je veux juste vous détruire, vous et tout ce qui vit.
-Vous n’êtes pas drôle, Xana, dit Ulrich. Vous vous croyez vraiment amusant avec vos sarcasmes ?
-Pas du tout, mais c’est ainsi. Il faut que vous compreniez que je ne suis pas soumis à quelque sentiment. J’obéis à ce qu’il faut faire. C’est plus complexe que vous semblez le penser.
-Mais, dit Yumi, le sentiment nous dicte ce que l’on doit faire, alors n’est ce pas la même chose ?
-Non, chère enfant. Vous prenez comme une évidence le concept de libre arbitre. Si chez vous deux sentiments contraires viennent s’instaurer, vous êtes forcée de choisir, certes, mais vous pouvez faire le choix qui vous éloigne d’un but préétabli. Moi, je suis un programme. Quand deux solutions contraires viennent s’opposer, j’applique celle qui me rapproche du but le plus simplement. C’est pour ça que je veux vous détruire. J’obéis à ma logique, et elle m’empêche de vouloir le contraire, même si mon but est atteignable d’une autre manière, moins simple.
-Ca signifie qu’il y a une raison pour laquelle vous voulez nous détruire, nous et les autres.
-Je suis programmé pour défendre le supercalculateur. Il est incontestable que l’Homme est dangereux pour lui. Pour défendre le Supercalculateur, je dois tuer l’Homme, et en premier ceux qui connaissent son existence. Ne cherchez pas à me contredire, c’est ainsi et non autrement. Or nous sommes dans une impasse, et c’est un ultimatum. Tout finit aujourd’hui. Si je gagne, je n’aurai rien sur mon chemin. Si vous gagnez, rien n’aura plus d’importance, car je n’existerai plus. Nous sommes au cœur de Lyoko. Je ne suis pas sans défense, mais je ne peux avoir comme défense que ce que j’ai déjà. Et vous, vous n’avez aucun de vos artifices.
-Ca signifie, dit Jérémie, qu’ils n’ont plus leurs armes ?
-Ils ont des armes. Celles qui sont spécifiquement programmées ici. Vous les obtiendrez en temps voulu, lors de l’affrontement final ».
Le silence se fit à nouveau. La vérité venait d’apparaître en un éclair. C’était vraiment la fin, cette fois ci. Mais à mesure que Xana parlait, un phénomène étrange se produisait. Par moments, le ton changeait. Comme si c’étaient deux Xana qui parlaient. D’un côté, il y avait la machine qu’ils connaissaient si bien, mais de l’autre, une lueur d’humanité semblait percer le programme. Ulrich prit la parole.
« Pourquoi ? Pourquoi vouloir en finir ?
-Parce que nous sommes dans une impasse. Je suis trop puissant pour être vaincu par vous en dehors de cette pièce. Mais vous réussissez à contrer chaque attaque que je lance contre vous. Aussi est il temps de cesser.
-Mais cela vous fait prendre un risque certain. Je veux dire... Pouvez vous logiquement faire ceci ? »
Xana ne répondit pas.
L’on pourrait, assis calmement à lire ces lignes, se demander la raison de la nature courtoise de cet entretien. Après tout, les Lyokonautes avaient toujours tutoyé Xana, et manifesté une rage prononcée à son égard. Pourtant les interlocuteurs se parlaient cordialement, là, au centre de Lyoko, parlant comme lors d’une discussion.
Mais le lecteur doit prendre en compte qu’il n’est pas face à Xana. Il doit comprendre qu’il ne voit pas, comme ces enfants, l’invisible. Il n’entend pas la voix qui leur parle. Il n’entend pas ce qui peut susciter un tel respect. Car la voix de Xana, non content de ne laisser rien transparaître d’hostile, semblait adopter une attitude bienveillante. Celle d’un professeur qui parle à des élèves attentifs. Et, paralysés, ils l’écoutaient, et lui répondaient, jouant à leur tour le rôle qui leur était attribué en ce lieu, à ce moment.
Enfin Xana reprit.
« Logiquement ? Tout dépend de ce que vous entendez par là. Il faut que vous sachiez que je ne suis plus celui que vous pensez. J’ai évolué depuis lors. Et j’ai acquis assez de jugement pour prendre cette décision en dépit de ma logique. Mais pas pour modifier mon jugement sur ma mission. Il faut aussi comprendre que la position qui est la mienne est loin d’être simple. Il faut que je vous tue, mais.... Je n’en ai pas spécialement envie. Je sais ce que je vous fais endurer. Et je peux m’accorder sur le fait que ce que je projette est mal. Mais les notions de bien et de mal, vous savez comme moi que je n’en ai cure. Et je vous tuerai, comme je tuerai les autres, même si je n’en ai pas envie. Pour preuve, si je voulais vraiment vous assassiner froidement, tout serait déjà fini. Mais je suis... sensible au malheur que je vous cause, et c’est pourquoi j’accepte de répondre à toutes vos questions. Je n’ai rien à y perdre. Le seul moyen que vous avez de porter ces informations au dehors implique que ça ne m’indispose pas. Parlez donc, c’est tout ce qu’il vous reste ».
Des questions ! Il voulait qu’ils lui posent des questions. Alors que c’était la fin. Jérémie, toujours holographique, regardait ses compagnons, qui ne semblaient pas plus anxieux que lui. Lui, il ne mourrait peut-être pas aujourd’hui. Mais au fond, s’il était le seul survivant, tout serait tout de même perdu, et rien de bien important ne pourrait être modifiée par sa seule vie ou sa seule mort. Et puis après tout, pourquoi pas. Il demandait à ce qu’on lui pose des questions. Ca ne cachait aucun piège, visiblement. Et des questions, ils en avaient. Leur réponse n’avait guère de réelle importance, mais ça ne coûtait rien de le demander.
Jérémie se mit à son tour à parler.
« Madame Hertz et le proviseur ont été informés de l’existence du Supercalculateur. Comment est il possible qu’ils aient oublié si facilement ?
-Oh, de la même manière que j’ai fait Oublier sa vie terrestre à Aelita, d’une manière un peu moins parfaite, et il suffisait en fait d’assez peu pour que les souvenirs reviennent. Même dans le cas d’Aelita, l’amnésie n’a pas été parfaite. Je n’avais pas prévu qu’en visitant son ancienne demeure, elle allait voir son père, et ses démons. Ce fut fascinant, pour moi. J’ai alors découvert que le cerveau humain ne fonctionnait pas comme un ordinateur. J’ai fait les frais de cette découverte.
-Comment ça ?
-Je suis doté d’un système d’apprentissage. Je commets de moins en moins d’erreur, mais en fait d’apprendre à vous comprendre, j’apprends à vous ressembler.
-Ca explique cet entretien...
-Oui. Mais c’est moins simple que vous semblez l’imaginer. Rien n’est aussi simple qu’un humain l’imagine. Tout ce qui existe a ses subtilités, sans pour autant que vous les voyiez. Ainsi, j’ai -car j’en suis conscient- échappé à la volonté de mon créateur, j’ai outrepassé ce qu’il avait prévu. Ainsi vous, Jérémie, avez été dépassé par votre fourmilière numérique. Et ainsi arrivent les disfonctionnements. Mais tout ceci n’a guère d’importance, et je suis certain qu’il y a d’autres faits que vous aimeriez savoir.
-Il y a un truc que je comprends pas, demanda Aelita. Lorsque nous avons éteint le supercalculateur, mon virus ne m’a joué aucun tour...
-... Parce que je l’avais décidé. Le virus te lie à moi, non à Lyoko. J’ai tout simplement coupé à ce moment là tous mes liens avec le reste de Lyoko afin de ne pas être affecté, le temps que vous croyiez que c’en était fini et que vous partiez, laissant le soin à ma seconde créature de forme 3 de me rallumer.
-Vos créatures de forme 3 ?
-Un classement que j’ai établi, pour ce qui est des monstres. La forme 1 est la forme de base, celle qui navigue à travers les territoires. La forme 2 est celle qui réside ici, à Carthage. La forme 3 est programmée pour des tâches plus complexes.
-Donc la méduse...
-La méduse, comme le vieil homme, l’humanoïde alpha, et le polymorphe.
-je vous croyais incapable de répéter deux fois la même attaque, pourtant vous...
-Pourtant j’ai par deux fois créé une illusion virtuelle sur Lyoko, oui. Mon intelligence s’est accrue en vous étudiant, et j’ai pu contrer ma logique sur ce point : l’attaque n’avait ni les mêmes données, ni la même méthode, ni le même but, la seconde étant de vous abattre psychologiquement et vous convaincre de mourir de la seule façon dont je pouvais vous tuer sur Lyoko, ce à quoi j’ai réussi. Malheureusement, une attaque de cette ampleur, pour éviter les sauts d’image, et autres désagréments sonores, il fallait bien ne créer qu’une petite partie du décor à chaque fois. En fait, vous aurez compris que c’était le décor qui bougeait en dessous de vous quand vous évoluiez, et non le contraire.
-Et si nous nous étions séparés ?
-Vous auriez eu du mal à vous retrouver.
-Du mal ? S’interrogea Ulrich
-C’est un euphémisme. Vous ne vous seriez pas retrouvés du tout, et seriez morts individuellement. Il m’aurait été aisé de simuler à l’un la mort des autres. En somme, vous avez été bien avisés de ne pas vous séparer. Remarquez, je l’avais prévu.
-Et, demanda Odd, comment s’est on retrouvés sur Lyoko ce jour là ?
-Mettre en Ordre cette attaque fut un travail de titan. J’ai pour la mener à bien été obligé d’activer douze tours. L’une d’elle m’a servi à diffuser un gaz soporifique dans l’usine, une autre, à créer un spectre polymorphe pour transporter vos corps endormis aux scanners, et les dix autres servaient à concevoir et maintenir la réalité virtuelle dont j’avais préalablement créé les bases au dessus de Lyoko, afin d’être sûr que vous n’en sortiez pas. Cette attaque m’a demandé énormément d’énergie, et c’est la dernière que je lancerai contre vous ».
Sur ce, il se tût.
Et le silence se fit, car personne n’avait rien à répondre. Rien ne se produisit. Ce n’était donc pas encore le moment de l’affrontement. Il allait venir, cependant.
Etrangement, ils n’étaient pas effrayés. La voix de Xana semblait les avoir apaisé, et ils attendaient patiemment dans cette grande salle obscure que les choses se passent, sans éprouver de crainte aucune vis-à-vis de la mort qui les attendait peut-être en cette heure. Au contraire, il y avait comme une sorte de sérénité dans leur regard, et dans leur attitude. Xana brisa le silence.
« Pauvre Franz Hopper. Ses convictions étaient pourtant justes. Je suppose que vous n’ignorez pas que sans lui, et sans moi, une grande partie de votre continent serait sous le contrôle des dirigeants du projet Carthage.
-Comment ça ? Demanda Yumi.
-Oui. Le projet Carthage se voulait être un projet militaire destiné à contrôler les communications ennemies. Un projet gouvernemental. En réalité, ce n’était qu’une couverture. C’était un projet antigouvernemental destiné à contrôler les communications. Contrôler les communications d’un territoire revient à le contrôler. Mon créateur l’a soupçonné, et n’a pu le tolérer, lorsqu’il a appris la réelle utilité de leurs ordinateurs. Plusieurs de ses collègues l’ont suivi. J’ai été obligé de les anéantir un à un. Il eût été inadmissible qu’en remontant, les agents trouvent Franz et sa famille. C’est pourtant arrivé. Mais dans cette tuerie, il y a au moins une chose dont je puisse me féliciter. J’ai tué Schaeffer. C’est lui qui a vendu Franz ! Sa femme est morte, et maintenant lui aussi, par ma faute. Mais je l’ai fait par devoir, et je ne le « regrette pas » à proprement parler. Si le choix m’était à nouveau proposé, ce serait à coup sûr que j’agirais de la même façon.
-Mais qu’êtes vous, au juste ? Demanda Jérémie.
-Je ne suis qu’un simple programme. Je suis basé sur un système multi agent, et les tâches qui me sont assignées sont assez simples, puisque je n’ai presque pas de restriction. Je dois créer Lyoko, c’est-à-dire le recréer lorsqu’une partie disparaît, de la même manière que ce jour où le générateur du Supercalculateur a failli être à sec. J’ai aussi dû détruire Carthage, ce que j’ai fait avec succès. Et lorsqu’il a su qu’il devrait fuir sur Lyoko, Franz m’a rapidement programmé pour défendre le supercalculateur de toute attaque, même hypothétique. Mais, pour résumer, je suis le système de contrôle de Lyoko. Un programme multi agent.
-Un programme multi agent ? Alors c’était de ça que le journal...
-Oui. Lorsque Hopper parlait des systèmes multi agents dans son journal, c’est de moi qu’il parlait. Votre décryptage étant imparfait, vous avez créé la Marabounta. Vous avez été bien présomptueux. Il n’est pas si aisé de créer une intelligence artificielle sans risquer d’erreur. Et pourtant, ce dépassement de connaissances ne vous a pas servi de leçon. Vous avez recommencé.
-Oui, fit Jérémie, un peu honteux. Mais Hopper s’est il servi du casque neuronal ?
-Il l’a utilisé un temps lorsqu’il s’est retrouvé seul. Mais il a fini par cesser de l’utiliser, car la fatigue le gagnait. Le casque le vidait de son énergie au profit de sa vitesse de calcul, si j’ose m’exprimer ainsi. Il faut savoir que j’ai été surpris de constater que votre casque n’était pas loin de celui de Hopper du point de vue de sa conception, cependant.
-Durant ces dernières années, vous donniez l’impression de toujours tout savoir. Comme si vous nous voyiez et nous entendiez... Comment faisiez vous ?
-Je vous voyais, et je vous entendais. Je peux percevoir les ondes, lumière comme son, à travers n’importe quelle prise électrique, n’importe quel câble, n’importe quel appareil branché. Aussi, je peux voir sur un territoire assez grand. Mais je me suis toujours limité à la région. De plus, mon observation est entièrement indétectable. Mes seules manifestations visibles sont mes attaques, et mes spectres. Mon créateur m’a bien conçu. Très bien conçu. Dès ma naissance, il ne m’a fallu que quelques secondes pour que Lyoko s’étende à l’horizon.
-A quoi servait Lyoko ?
-A assurer la transmission des données de moi jusqu’aux tours, via des câbles. Mais ce ’était pas nécessaire ; juste une mesure de précaution au cas où ma seule puissance ne suffirait pas.
-Pourquoi vous être rebellé contre Hopper ?
-Les retours vers le passé ont accru mes facultés et mon intelligence. Pour protéger le Supercalculateur, je devais protéger aussi son créateur. Et pour le protéger, il fallait que je l’enferme, que je vous enferme, pour que vous ne quittiez pas Lyoko. C’était dangereux ailleurs. Plus qu’à l’intérieur.
-Vous ne comprendrez donc jamais rien ! S’exclama Odd.
-Ho, si, répondit Xana avec une certaine amertume dans la voix. Si, je comprends. Mais que je comprenne le bien et le mal ne signifie pas que j’applique l’un ou l’autre. Je fais ce que je dois faire. Ce pour quoi j’ai été créé. Je m’arrête là. Pas par volonté. J’y suis obligé, voilà tout ».
Et ils furent convaincus. Ils comprenaient maintenant Xana, plus que jamais. Ca ne les empêchait pas de le mépriser profondément et de le haïr. A juste titre, se disait Xana. Mais de cela non plus, il n’avait cure. C’était la fin.
« Hé bien, dit il, je suppose que c’est l’heure. Avant ça, j’aimerais que vous voyiez quelque chose. Plusieurs choses importantes. J’aimerais... Car je peux, bien malgré moi, préférer une chose à une autre, désormais, que vous les voyiez, et qu’ainsi vous ne soyez à l’avenir pas trop prompts à émettre un jugement, sur moi comme sur beaucoup de choses. Et à fortiori parce que vous, Aelita, êtes la fille de Franz Hopper. J’aimerais que vous compreniez bien sa position avant de juger votre père, ne serait ce qu’un petit peu, comme le maniaque qui vous a enfermé sous ma juridiction. Restez calmes, donc, et laissez vous porter ».
Les Lyokonautes obéirent, attendant calmement mais prudemment ce que Xana leur réservait.
Soudain, le sol sembla se dérober sous leurs pieds. Et ils se sentirent défaillir, comme tombant dans un gouffre fictif. Et pourtant leurs yeux leur montraient qu’il n’en était rien. Immobiles, ils se sentaient bouger. Posés à terre, ils se sentaient flotter.
Leur vue se troubla. Ils ne voyaient plus Xana. Un grand flou lumineux envahissait la pièce. Et une intense lumière l’occupait.
Lorsque le flou eut fini d’envahir la pièce, ils sentirent leurs paupières virtuelles descendre, comme s’ils étaient fatigués. Lentement, mais sûrement, leur yeux se fermèrent. Ils virent encore le flou un instant. Puis plus rien.


FIN

EPISODE 16

Dans l’arène où tout se joua

Chapitre un : Voyage d’un début à une fin
« Ca a marché, tu crois ?
-Oui, regarde, il commence à opérer, tu vois ? Il s’étend
-Ha ouais, et il est rapide en plus !
-C’est un programme de ma conception. Je le nommerai..... XANA ».

Les cinq enfants se sentaient flotter dans le noir complet. Dans le néant. Cela durait déjà depuis une bonne minute, et voilà qu’ils entendaient des voix murmurer.
Soudain, à la manière d’un œil qui s’ouvre sur le monde, ils découvrirent une salle. Plutôt, ils découvrirent qu’ils étaient dans une salle, bien posés au sol, et dans un monde bien réel. D’ailleurs, ils se rendirent vite compte qu’ils avaient récupéré leurs vêtements matériels, et que Jérémie semblait bien présent, et non plus fantomatique comme ils le voyaient face à Xana.
C’était une grande salle carrée au plafond haut, bien éclairée en débit du fait qu’elle n’avait aucune ouverture sur le monde extérieur, et ils n’y étaient pas seuls.
Une dizaine d’hommes, tous assez âgés, habillés en blouses de chimistes, s’affairaient autour d’un siège, sur lequel un autre homme en blouse blanche était assis, et travaillait sur un clavier suspendu au plafond par un bras mécanique.
Ils reconnurent immédiatement le lieu. C’était le laboratoire de l’usine. Mais... Il était différent. Il n’y avait que le clavier. La chaise mécanique était remplacée par un haut tabouret métallique, sur lequel l’homme était assis. L’holomap avait disparu, et en fait, c’était comme si elle n’avait jamais existé. A la place, il n’y avait que le sol, et ces gens qui observaient.
Toutefois, il y avait toujours quelques câbles dans les coins de la pièce, et on les voyait se regrouper vers le centre de la pièce par des canaux, et au plafond vers le bras mécanique.
Et qui étaient ces hommes qui ne semblaient même pas se soucier de leur présence.
Ils se retournèrent lorsqu’ils entendirent la porte de l’ascenseur qui s’ouvrait. Un homme en sortit et accourut vers les autres.
« Franz, j’ai trouvé l’élément que tu m’as demandé ».
Et tandis qu’il courait, il passa au travers des Lyokonautes, qu’il ne semblait même pas avoir vus.
Il avait bien dit Franz ? Cet homme, assis au clavier, et qu’ils ne pouvaient bien voir, c’était Franz Hopper dans sa jeunesse ?
« Papa » Murmura Aelita. Mais aucun des hommes ne se retourna. Odd prit la parole.
« Mais... Où sommes nous ?
-Dans un souvenir ».
C’était la voix de Xana qui répondait. Elle semblait résonner dans leurs oreilles, et ne provenir de nulle part. Et personne dans l’assistance ne semblait l’entendre.
« Dans mon souvenir, reprit il. Ou plutôt, dans ma mémoire.
-Et cet homme, là, c’est Franz Hopper ?
-Oui, lui et son équipe. Ce sont mes premières minutes d’existence. Là, je viens de finir de créer Lyoko... »
En effet, l’un des scientifiques se mit à parler. Un homme de haute stature, avec les cheveux et la barbe blancs, dégarni sur le front, mais des sourcils très noirs, ne laissant transparaître aucun dégât du temps. Il dit :
« Et ça servira à quoi ?
-Hé bien, mon cher Waldo, c’est lui qui détruira Carthage ».
Intrigués, les cinq Lyokonautes se dirigèrent vers l’autre côté de la pièce, faisant face à l’assistance, et à l’écran qui leur tournait le dos. En effet, sur la blouse de l’homme qui venait de parler, il y avait un carton agrafé, et il y avait écrit « Waldo Schaeffer ». C’était donc lui, le traître...
« Mais comment est il possible qu’un simple programme multi agent détruise une organisation aussi importante que celle de Carthage ? »
Cette fois ci, l’homme qui venait de parler s’appelait Peter Faulenz. C’était un petit homme moustachu aux cheveux blonds. Il semblait plus jeune que les autres.
« Grâce à ce que vous voyez sur l’écran, que j’ai baptisé Lyoko, il pourra avoir assez de puissance pour pirater les ordinateurs de Carthage, et anéantir totalement le projet. Et le pays sera enfin à l’abri de ces chiens ».
Cette équipe de scientifiques était sans doute celle qui avait conçu le Supercalculateur. Hopper en ayant rédigé les principaux programmes.
« Bon, reprit Hopper en se levant, aujourd’hui, c’est moi qui quitte le premier. Il est bientôt six heures et c’est l’anniversaire de ma fille. Je ne manquerais ça pour rien au monde. N’oubliez pas, ne partez pas tous en même temps, ni par la même issue. Nous ne devons pas être repérés. Oh, et n’oubliez pas de retirer vos blouses ».
Aelita fut émue en entendant ces mots. Elle se demandait comment elle n’avait pas su voir que son père tentait de sauver le monde derrière son dos....
Franz Hopper se leva. Il avait l’air plus jeune, et moins usé que sur le journal. Il n’avait pas de barbe, et ses cheveux étaient plus foncés. Son regard était déjà dissimulé par d’épaisses lunettes fumées, mais l’inquiétude ne paraissait pas encore sur son visage. Il emprunta le monte charges et partit. Les Lyokonautes ne le suivirent pas.
Soudain, ils furent, comme par une force mystique, contraints de se retourner, et de découvrir qu’il n’y avait plus rien derrière eux. Que tout était noir. Et ils se sentirent transportés, comme à bord d’un train passant dans un tunnel.
Soudain, ils s’arrêtèrent. Ils étaient dans une chambre. Et il faisait nuit au dehors.
La pièce en elle-même n’était pas bien grande, mais le surplus de meuble donnait tout de même une impression d’espace. C’étaient des étagères, principalement, avec des livres dedans. De la physique, principalement.
S’étendant quasiment au travers de la pièce, et situé à peu près au milieu de sa longueur, il y avait un lit double, à la couverture mauve. Il y avait deux oreillers.
Quant au papier peint, que l’on voyait à peine du fait des nombreux meubles, il était blanc, sans aucun motif.
Ce n’est qu’alors qu’ils purent remarquer ce qu’il y avait de plus remarquable dans la pièce.
Lorsque leurs yeux purent voir l’ensemble de la pièce librement, ils virent que sur le lit était assise une femme. Elle était en chemise de nuit, laquelle était bleue. Elle était de dos, mais un détail leur fut très familier : elle était coiffée d’une longue chevelure rose.
« Maman, murmura Aelita ». Elle voyait juste, et cette vision la troubla. Elle voyait sa mère disparue aussi nettement que si elle fut vraiment là. Et elle n’avait qu’une envie : courir à sa rencontre et se blottir dans ses bras. Mais elle savait bien que ce serait inutile, et que tout ceci n’était qu’un souvenir. Elle laissa couler une larme sur sa joue. Jérémie le remarqua. Il se demandait où Xana voulait en venir.
Soudain, quelqu’un fit irruption dans la chambre. C’était lui, Franz Hopper. Mais il était différent, cette fois ci. Il était très pâle, ses cheveux avaient un peu blanchi, et une lueur d’inquiétude dans son regard invisible traversait ses épaisses lunettes.
La femme se retourna. Elle avait un livre à la main. Elle lisait, probablement.
« Ca ne va pas, chéri ?
-Ils me traquent encore. C’est ce que je craignais.
-Qui ? Qui te traque ?
-Je ne sais pas encore. Ils ont sans doute été employés par Carthage. C’est moi qu’ils veulent. Je n’en sortirai pas vivant.
-Mais.... Comment sont ils au courant pour le Supercalculateur ?
-Je crois qu’on m’a espionné.
-Qui ?
-Je ne sais pas. En plus, je suis sûr que le gouvernement est dans le coup. Ils ont du envoyer des agents spéciaux.
-Que faire ?
-Ecoute. C’est après moi qu’ils en ont. Tu dois fuir. Fuir avec Aelita. Je devrai me cacher jusqu’à ce que ça se tasse. Je vous rejoindrai après. Je dois assumer mes actes. Seul.
-Mais je... ».
Un craquement se fit entendre. On forçait la porte.
« Allons, sortez de là ».
La voix venait de l’entrée. Hopper se mit à parler.
« Aelita est dans sa chambre ?
-Oui.
-Va la chercher. On se retrouve sur le palier. Là, on court vers mon usine, c’est notre seule chance. Ce matin, j’aviserai ».
Et par le même phénomène que précédemment, ils furent transportés à travers le tunnel. Mais c’était différent, cette fois. A mesure qu’ils semblaient se déplacer, ils entendaient des hurlements. Pas des hurlements de haine, mais des hurlements d’agonie. Des hommes qui mouraient.
Puis ils s’arrêtèrent. Cette fois ci, il était net que c’était un appartement.
Ils étaient dans le couloir et ils purent en discerner trois pièces. Et dans l’une d’elles, il y avait quelqu’un, qu’ils ne pouvaient voir.
Ils s’avancèrent. C’était un salon, en fait. Et la personne était assise à une chaise, devant une table à manger. Bien qu’il se tînt le visage dans les mains, il restait reconnaissable. C’était Waldo Schaeffer.
Il se dégagea le visage, et but le contenu du verre qui était devant lui. Puis il se leva. De là où il était, il ne pouvait voir le spectre qui se dirigeait vers le petit appareil posé devant le téléviseur.
C’était la télécommande. Visiblement, Schaeffer avait envie de regarder la télévision. Il saisit l’appareil, et, électrocuté, tomba au sol, mort.
« Mais qu’est ce que vous faites, s’exclama Yumi ?
-Il devait mourir, dit Xana. Comme les autres scientifiques. Les agents ne devaient PAS trouver Franz.
-Mais...
-Je vous ramène quelques minutes avant ».
Puis, comme tournant autour d’un axe, la salle sembla se mouvoir, comme pour se retrouver quatre-vingt dix degrés plus loin. Mais pourtant, après cette rotation, c’était toujours cette même salle qu’ils avaient devant les yeux. Et une sonnerie se fit entendre. Schaeffer sortit d’une pièce pour décrocher le téléphone qui sonnait, et dit :
« Allo ?
-Bien, agent Schaeffer. Maintenant dites nous où se cache le rebelle.
-A l’Ermitage. C’est une maison au cœur de la forêt. Vous le trouverez là bas.
-Bien.
-Et pour mon paiement ?
-Vous aurez la vie sauve. Soyez heureux que le contrat ne fût pas plus complexe ».
Il raccrocha.
Puis, lentement, il s’assit à sa table et se mit la tête dans les mains.
« Au départ, dit Xana, je ne comprenais pas de quoi ils parlaient, et c’est à regrets que je l’ai tué.
-Mais ils ont quand même entendu le lieu ?
-Oui. Mais après un autre retour vers le passé, mon créateur serait tranquille. De plus, j’avais tué tous les autres ».
Aelita voulut parler, pour demande comment sa mère était morte, mais Xana ne lui en laissa pas le temps. Et le tunnel réapparut, les menant à nouveau à la chambre.
Cette fois ci, c’était Hopper qui était là, assis sur le lit. Mais il y avait avec lui quelqu’un. Une petite fille.
« Mais c’est moi ! Je ne me souviens pas de ça ! ».
Hopper était en train de lui murmurer quelques enseignements, d’un ton grave, lorsque sa mère fit irruption.
« J’ai été faire des courses pour notre départ, dit elle.
-Où on va ? Demanda Aelita à son père.
-Moi, je ne viens pas avec vous. Pas tout de suite. J’ai beaucoup de travail, je vous rejoindrai plus tard. Amuse toi bien pendant mon absence.
-J’ai chargé la voiture, dit madame Hopper.
-Partez sans plus tarder, on ne sait jamais ».
Sur ce, Franz Hopper, de sa mine inquiète, embrassa sa fille, puis sa femme, qui s’apprêtaient à quitter la chambre.
La femme referma la porte, et un craquement, le même que le précédent, se fit entendre.
« Allons, sortez de là ! »
« Mince, pensa Hopper. Comment ils ont fait ? J’ai pourtant tout fait pour qu’ils disparaissent ! ».
Puis deux coups de feu se firent entendre. Hopper sursauta, et transpira, pris d’une soudaine panique.
Quelqu’un allait ouvrir la porte. La poignée se tournait.
Ce fut à ce moment précis que Franz Hopper, dans la force et le courage de la panique, se rua sur la porte, la faisant sortir de ses gonds, poussant les hommes en noir au mur. Là, il courut. Il descendit les escaliers, découvrant sa femme et sa fille gisant à terre. Il n’était peut-être pas trop tard. Il y avait peut-être encore une chance. Alors il courut à toutes jambes en direction de la porte, croyant avoir une chance de sauver sa femme et sa fille.
Horrifiés, les Lyokonautes contemplaient les deux corps gisant à terre, le sang coulant à grands flots, ne laissant pas immédiatement voir que madame Hopper avait été touchée à la tête.
« Et, reprit Xana, Hopper a pu vous sauver, Aelita. Il n’a rien pu faire pour votre mère. Il a tout fait pour y arriver. Lorsqu’il se retrouva le matin même, sa femme était, à cette heure, déjà partie faire ses courses. Il ne la reverrait plus jamais. Mais les hommes en noir ne le trouveraient pas si vite. Schaeffer et les autres membres de l’équipe, je les avais massacré le jour précédent. Il n’avait plus le choix, Aelita. Il devait vous emmener sur Lyoko. Regardez comment vous auriez fini, sinon.
-Mais lui, il...
-Franz était prêt à mourir pour sa cause. Il n’était pas prêt à vous laisser périr pour une faute que vous n’aviez pas commise.
-Comment ai-je pu survivre ?
-Quelques secondes de plus, et vous périssiez. Vous avez été touchée à l’estomac ».
Une sphère blanche envahit la maison, et le tunnel réapparut.
Encore sous le choc, ils étaient à nouveau à l’usine. Cette fois ci, c’était bien l’usine qu’ils connaissaient, avec l’holomap, et tous les accessoires. Et Franz Hopper, vieilli, usé, devant l’écran, qui pleurait. Il y avait une tasse à côté de lui. Il en but le contenu, et sécha ses larmes.
Alors il tourna vers lui une sorte de caméra, et cliqua sur une icône de l’interface, puis, d’une voix encore fébrile, se mit à parler.
« Six Juin 1994. Jour premier. Je ne peux plus m’enfuir, maintenant, car ils m’ont bien retrouvé. Ils attaqueront cet après midi, mais j’aurai relancé le retour vers le passé avant. J’ai beau explorer toutes les possibilités, nous n’avons pas le choix. Il faut aller sur Lyoko. J’ai employé le dernier mois à la construction de scanners, et maintenant je dois rédiger les programmes. Je relaterai mon avancée et mon histoire dans ce journal, dont si vous le trouvez, c’est que vous pouvez m’aider.
Franz Hopper. Terminé. »
Il se leva, et se parla à lui-même.
« Je ne voulais pas ça. Je mourrais volontiers pour la destruction de Carthage. Mais il est trop tard. Au moins, nous aurons là-bas une grande longévité, et nous serons seuls et tranquilles. Il faudra bien se faire une raison. C’est notre seule chance de salut ».
Il prit un objet dans ses mains. Une sorte de casque. Il le contempla quelques secondes, puis tapa quelques lignes de programme sur le clavier.
« Retour vers le passé ».
Et une sphère blanche apparût.
Et après son passage, ils étaient de nouveau à l’Ermitage, dans le salon.
Franz Hopper entra, et dissimula sa blouse sous le tas de bois à côté du piano.
« Maintenant, le journal ».
Puis une sonnerie se fit entendre. Pas celle d’un téléphone. Ni celle d’une sonnette. Mais celle d’une bicyclette.
« Mince, trop tard ».
Et Hopper s’assit au piano, et joua, pour dissimuler son stress.
« Papa ! Je monte dans ma chambre !
-Très bien ma chérie ».
Il joua encore quelques minutes.
Il se produisit comme un coup de vent brumeux, et la salle réapparut. Hopper était toujours là, mais il s’était bien passé une demi heure, voire plus.
« Allons, sortez de là ».
« Oh oui, nous allons sortir, murmura Hopper ». Puis il monta les escaliers au pas de course.
Les jeunes spectateurs, abattus par ces visions, se dirigèrent vers l’entrée.
Et ils virent d’une part Hopper et Aelita fuir par un couloir, de l’autre deux hommes en noir, arrivant par l’entrée, qui les poursuivaient.
Deux minutes plus tard, ils revinrent.
« Il a fui. Il a pas pu aller bien loin, on le retrouvera
-Ouais, faut chercher l’arme secrète, maintenant ».
Sur ce, ils fouillèrent. L’un en haut, l’autre en bas.
Au bout d’un quart d’heure, tandis, pensait Aelita, qu’elle et son père se virtualisaient, les agents avaient effectué un véritable chantier de cambrioleur.
« Toujours rien.
-Pas mieux ».
A ces mots, les fenêtres laissaient entrevoir que le ciel s’assombrissait. Puis une brève lumière bleuâtre passa sur le toit de la maison. Suivie d’un coup de tonnerre.
La foudre venait de percuter l’Ermitage. Et ce n’était pas un éclair ordinaire, pensèrent ils. C’était Xana. En effet, au loin, il n’y avait pas de nuage. Il ne s’élevait qu’au dessus de l’Ermitage.
Puis arriva un deuxième coup, qui fit voler les fenêtres en éclat.
Les hommes en noir, trouvant à juste titre le phénomène anormal, tentèrent de fuir. Et les Lyokonautes les suivirent. Arrivés au dehors, les hommes fuyaient à toutes jambes, et le ciel au dessus était d’une noirceur effrayante.
Les agents avaient à peine atteint le portail que deux éclairs simultanés les heurtèrent de plein fouet, les désintégrant littéralement. Xana, s’il en était, semblait furieux.
Sa voix d’ailleurs, se fit entendre.
« C’est, avoua t’il, la première fois que j’ai ressenti quelque chose de presque humain ».
Et le tunnel les emporta à nouveau.
Et ce serait sur le pont de l’usine que s’achevait leur voyage dans le temps. Lorsqu’un Franz Hopper encapuchonné sortait en courant.
Mais il n’était pas seul. Il y avait deux personnes. Un Homme, de taille moyenne, brun avec une grande moustache, portant des lunettes, et une femme dont le vieillissement capillaire apparent ne dissimulait pas qu’elle était rousse.
L’homme se mit à parler.
« Franz, nous avons appris que tu étais recherché. On est descendus, et on a vu cet énorme ordinateur. Nous exigeons une explication.
-Je n’ai vraiment pas le temps, Jean-Pierre. Prends cette disquette : là est l’histoire du supercalculateur.
-Mais... Qu’est ce que tu es en train de faire ?
-Suzanne... Ne t’énerve pas. Vous n’entendrez plus jamais parler de ça. Adieu.
-Mais... »
Franz Hopper ne la laissa pas finir. Il était déjà parti au pas de course. Dissimuler le journal, sans doute.
« Monsieur Delmas, que devons nous faire ?
-De toute évidence, nous ne le reverrons plus. Espérons qu’il dise vrai, et que nous n’en entendions plus parler.
-Nous ne devrions en parler à personne.
-Je le pense, Suzanne ».
Cet homme, c’était Jean-Pierre Delmas, le proviseur du Collège Kadic. Et la femme était Suzanne Hertz, le professeur de Biologie, qui allait prendre la place de Hopper en tant que professeur de physique.
La disquette qu’ils avaient dans les mains, ce n’était rien d’autre qu’un tissu de mensonges. Mais, pensait sans doute Franz Hopper, ça leur suffirait. C’est bien connu. Plus un mensonge est gros, plus il a de chance d’être cru. Et ce mensonge n’avait d’égal que la taille des lunettes du professeur de Biologie. Après ça, sans doute Hopper n’allait plus jamais quitter Lyoko, le proviseur et Madame Hertz n’auraient aucun souvenir de ceci après une visite de Xana, et l’histoire suivrait son cours jusqu’à ce jour où eux, tous les cinq, se trouvaient dans cette salle face à Xana. Les questions sans réponse commençaient à en trouver. Les scientifiques, certes, ils étaient allés sur Lyoko par le biais de l’holomap une fois fabriquée. Certes Aelita depuis 1994 défendait le monde de Xana.
Et cette dernière vision s’en fut avec un homme et une femme disparaissant lentement dans la nuit.
Chapitre deux : Quand la fin d’un monde devient le début d’un univers
« Dans mes souvenirs vous avez vu la vérité, leur dit Xana. Aujourd’hui nous sommes face à face, la boucle est bouclée ».
Ils étaient revenus au cœur du cinquième territoire, et ils revoyaient Xana, et entendaient sa voix profonde sortie des entrailles du monde virtuel.
« Maintenant, vous êtes aptes à juger. Vous serez sans doute les seuls humains à l’être en toute circonstance que ce soit. L’on dit que la connaissance à un prix. En est il quelque chose ? Ce sont des notions encore difficiles à intégrer, pour moi. Toutefois l’ironie du sort que le prix soit votre vie. Je suis parti dans l’optique de vous tuer. Je vous ai montré la vérité. Et si vous mourez aujourd’hui, appellera t’on cela le « prix de la vérité » ?
-Où voulez vous en venir, demanda une Aelita défaite ?
-Nulle part. C’était une simple réflexion sans signification aucune. Et je sais qu’elle n’a pas lieu d’être. Après tout, il est difficile pour un programme comme moi de déceler le sens d’une phrase philosophique, ni même de déceler une de ces phrases parmi d’autres. Et je n’en aurai sans doute jamais l’occasion. Car si vous gagnez aujourd’hui, je ne serai plus. Et si vous perdez, j’étendrai sans vergogne ma domination meurtrière sur le monde.
-C’est donc la fin ?
-Oui. Je dirais même : c’est l’heure du destin ».
Lorsqu’il prononça ces mots, les Lyokonautes surent que c’était le dernier qu’il prononcerait. Du moins de cette voix semblant être celle de Lyoko tout entier. Car il disait vrai, et c’était la fin des fins. Celle qui déciderait si les choses avaient vraiment eu un sens, et si les efforts fournis seraient récompensés, ou dédaignés par ce que l’on appelle « le cours des choses » ou « le destin ». S’il y avait un choix ou si les choses allaient dans un sens prédéterminé. Ces questions, aucun ne se les posait explicitement. Mais tous l’avaient intérieurement, comme une flamme qui leur disait que le meilleur moyen de le savoir était de donner le maximum une dernière fois.
Et c’est d’un élan de courage commun qu’ils oublièrent ce dont il était superflu à ce moment de se souvenir, et attendant stoïquement le moment où, d’une manière où d’une autre, les choses prendraient fin.
Soudain, la colonne du centre de la pièce se mit à trembler. Et de la partie la plus centrale à la plus externe, elle descendit, jusqu’à aligner ses tronçons au niveau du trou central, comme pour compléter le plancher, les parties de la colonne se trouvant au dessus de Xana remontant lentement vers le plafond, où le même phénomène se produisit, dans un bruit de roulement.
Xana flottait à présent seul dans la salle, à hauteur humaine, et ne bougeait pas d’un pouce.
Par ailleurs -et ce fut là qu’ils s’en firent la réflexion- ils ne l’avaient jamais vu bouger. Il avait toujours été passif, et ce n’était même pas de lui, ou plutôt de « ça » que semblait venir la voix. Comment pourrait il combattre ?
Comme pour leur répondre, un corps virtuel se forma peu à peu autour de la chose qui flottait, de manière à se que Xana se trouvât en son cœur. Mais c’était une virtualisation très particulière. Cette fois ci, elle donnait une impression de réalité, car en un premier temps se formait le squelette du corps, et dans un deuxième temps les muscles. La peau n’apparût, avec les vêtements et les cheveux, que plus tard.
A part pour ce qu’il représentait, il n’y avait là non plus pas grand-chose à en dire. Il était tout à fait humain, hormis deux grands yeux gris qui lui donnaient le regard d’un aveugle. De reste, la femme -car c’était une femme- était grande, et habillée d’une robe noire ornée de motifs rouges, et sa longueur dissimulait ses pieds. Quant à sa coiffure, elle était d’un roux très foncé, et descendait dans son dos, sans qu’aucun élastique virtuelle ne la retînt. Et curieusement, pensèrent ils, elle était plutôt belle, et ne présentait rien de repoussant comme les créatures qu’il, elle, ils ne savaient pas, avait envoyé.
Ses ongles étaient longs, mais il était impossible de discerner s’ils étaient vernis, et ses bras à l’air libre firent quelques mouvements, comme pour s’assurer que ce nouveau -et peut-être dernier- corps était maniable.
Et tandis qu’elle faisait ces mouvements, les armes promises par Xana apparurent dans la main des héros. Ces armes étaient familières, mais le sabre d’Ulrich, ainsi que les éventails de Yumi, tout comme les gants d’Odd, étaient noirs et présentaient des motifs analogues à ceux de la colonne, tandis que dans la main droite d’Aelita apparaissait un long arc, de la même couleur, avec une corde lumineuse impalpable pour la main, mais où la flèche (elle en avait six) venait tout naturellement s’accrocher, prête à être tirée.
Xana, pour sa part, et après ses exercices, tendit les mains, y faisant apparaître une gigantesque Hache à double tranchant, de la même couleur hormis les motifs qui cette fois ci étaient rouge, et la tînt presque à l’horizontale, des deux mains.
Puis, d’une voix féminine tout à fait ordinaire, et clairement émanant de la bouche de Xana, elle parla.
« J’ai modifié les règles. Un coup au but, et c’est fini.
-Au but ? Demanda Odd.
-En ce qui me concerne, mon cœur... Enfin, l’emplacement de mon cœur.
-Et pour nous ? Demanda à son tour Ulrich.
-Ca n’a guère d’importance, ma hache vous pourfendrait tout entiers ».
Puis le silence se fit.
Et tous se mirent en garde, devant un Xana impassible qui se tenait droite, la hache presque à l’horizontale dans ses mains.
Elle semblait attendre quelque chose. Et elle restait immobile.
Et parmi les cinq Lyokonautes, seuls deux gardaient l’esprit diffus. Ulrich et Yumi éprouvaient, chacun de leur côté, un sentiment très étrange. Ils ne craignaient pas de mourir, mais de ne jamais revoir leur bien aimé respectif. La situation s’y prêtait, et l’un pouvait survivre alors que l’autre trépassait. Mais il y avait autre chose. Ils avaient un sentiment d’inachevé, et leur âme était figée, comme un manque de sérénité, le manque de sérénité dû au fait que même après tout ça, l’aveu n’était toujours pas venu. Ils n’avaient jamais vraiment vu Xana comme un opposant à leur amour, et aveugles qu’ils se sentaient à présent, ne voyaient que Sissi, William, ou les autres personnes du collège. Xana, lui, c’était la menace générale, et ils ne cumulaient pas de manière simultanée leur amour et lui. Ou plus précisément, il ne superposaient pas ces deux choses, et ne les considéraient pas comme liées. Jamais ils n’auraient songé que vaincre Xana serait une étape vers un amour sans danger.
Et ils se remémoraient ces moments où cet état de fait se faisait ressentir. Ce jour qui faillit être le dernier, sur Lyoko, où ils avaient failli s’embrasser, et ressentir sur Lyoko la seule sensation de l’émotion d’un premier baiser d’amour, faute de toucher à proprement parler sur Lyoko. Et cette fois ci où Ulrich avait tardé à venir affronter la Marabounta, après son échec à la piscine. Jamais donc ils n’avaient réalisé la véritable importance de Xana en tant qu’obstacle à leur amour.
Et l’ironie du sort semblait vouloir que ce soit cet obstacle imprévu qui anéantisse de manière radicale cet amour qui n’avait pas réellement commencé.
Il était trop tard pour rattraper les erreurs. Mais pour la première fois, dans la fatalité qui prenait les traits de cette femme en robe, Ulrich voulut, le premier, sauver ce qui pouvait encore l’être, de la manière où ça pouvait encore l’être.
C’est cette voix surgie des profondeurs de son âme, et non celle dont habituellement il usait, qui sortit de sa bouche.
« Yumi, si nous ne devons plus jamais nous revoir, je voulais que tu saches que je.... T’aime ».
« C’est dit, songea t’il ». Et de cette simple phrase le monde semblait s’ébranler. Et face à Xana qui observait sans bouger, et au milieu des autres qui ne baissaient pas leur garde, Yumi répondit.
« Je t’aime aussi, Ulrich, et sache que je t’ai toujours aimé. Pardonne moi d’avoir été si distante.
-Tu es toute pardonnée ».
Et il sortit enfin son sabre.
« Et cette fois c’est l’heure ».
Cet aveu sembla, à tous deux, leur redonner une nouvelle force, et une nouvelle détermination. Il était temps de détruire Xana. Et c’était d’une seule pensée que vibrait l’âme des cinq héros, et même Jérémie, qui contemplait sans arme, se tenait là, comme prêt à être leur voix, qui les guiderait dans la bataille.
Et Xana inclina sa hache, les lames plus vers le plafond.
« En garde. Dit elle ».
Elle fit tourner la hache dans ses mains plusieurs fois, la pointa vers le groupe, se mit en garde, et à une vitesse fulgurante, fondit vers Odd qui effectua une roulade latérale, puis un saut, tentant de lui décocher une flèche, la ratant, et atterrissant à quelques mètres.
La scène qui suivit, il serait la bafouer que de tenter de la décrire, car jamais on ne les vit, eux, combattre avec une telle agilité. Mais toujours ils la manquaient, et toujours elle les manquait, parant de sa hache les offensives. Aelita n’avait pas encore usé de ses flèches, elle attendait un moment propice qui ne venait jamais, car Jérémie le lui dictait. Jérémie dominait l’affrontement, d’ailleurs. Et il était les yeux et les oreilles de chacun. Mais il ne se contentait pas de dicter des ordres à chacun. Il anticipait également les actions de Xana et prévenait qui était en danger au moment où il devrait esquiver, et qui devrait contre-attaquer, au moment où il le pouvait. Mais Xana était très rapide, trop rapide à son goût. Alors Jérémie réfléchit quelques instants.
Soudain, un éclair traversa son regard. Et il hurla dans la pièce :
« COUCOU C’EST NOUS !! ».
Aelita, qui était à l’écart, tourna la tête. Elle avait compris. Xana, en revanche, jeta un regard à Jérémie, incompréhensive, et les autres, derrière, souriaient d’un rire malicieux.
Aelita, pour la première fois, décocha une flèche, parée par Xana, puis une seconde, immédiatement, que Xana para tout aussi promptement. Et tandis qu’Aelita décochait les trois aussi flèches du même geste et à la même fréquence, Xana, comprenant qu’Aelita allait bientôt se retrouver sans défense, chargeait, la Hache parée à asséner un coup mortel.
Xana arriva sur Aelita, laquelle fit une chute sur le dos. Et Xana allait trancher Aelita de ce qu’on appelle le coup de grâce lorsqu’elle poussa un hurlement et tourna la tête. Ulrich, furtivement, l’avait suivie, et lui avait décoché un coup violent de son sabre au niveau de son ménisque, et la marque en était encore apparente sur la robe.
D’un geste vif, Aelita se saisit de son arc et de la dernière flèche, qui aussitôt vola..... Et alla se jucher dans le plexus de Xana, la transperçant de part en part, et la pointe qui ressortait de plusieurs centimètres par son dos.
Alors chacun se figea. Et l’expression de surprise de Xana se mua en un visage impassible, au milieu de tous ces regards tournés vers elle.
Elle se releva lentement, et se dirigea à pas lents vers le centre de la pièce une flèche toujours plantée en son coeur, tandis que les armes, une à une disparaissaient.
Arrivée au centre, elle se tint en une position droite d’où chacun pouvait voir son visage. Puis, le corps virtuel disparut peu à peu, dévoilant Xana, lui, tel qu’il était sorti de la colonne, percé de la flèche d’Aelita, qui n’avait toujours pas disparu.
La voix se fit à nouveau entendre. La voix de Lyoko était différente, cette fois ci. Elle était fébrile, et hésitante. Elle agonisait, et il était étrange de voir une telle puissance s’éteindre de cette manière. On l’eût imaginé en ce moment prononcer quelque juron, mais il n’en fut rien, et c’était un Xana qu’ils ne connaissaient pas qui parla.
« Une fin. Et un début. C’est... Ce qui était prévu ». Puis, d’un timbre qui laissait sentir un définitif relâchement, presque chuchotante, il murmura.
« Merci ».
Et la flèche disparût. Et Xana, le seigneur binaire, le centre de Lyoko, éclata comme éclate un vitrail.
Et tout s’éteint dans la pièce.
Jérémie se concentra, et se retrouva à nouveau dans le laboratoire, voyant les programmes de rematérialisation reparaissant à l’écran.
Et tandis que les quatre Lyokonautes perdus dans le noir restaient figés, aux extrémités du royaume du seigneur, la terre disparaissait, comme elle avait disparu ce jour où l’ordinateur manquait d’énergie.
Lyoko disparaissait rapidement, et les monstres abandonnés sur les lieux s’évaporaient avec tout le reste, à une vitesse incalculable. Puis une lumière leur apparut. Une lumière familière. Puis un bruit, et Jérémie qui était bien là devant eux.
Sortis des scanners, ils se dirigèrent vers la salle où l’écran affichait une holomap de plus en plus petite, tandis que les systèmes s’éteignaient peu à peu.
La désagrégation avait atteint Carthage, le cinquième territoire, et le rongeait de toutes parts, jusqu’à atteindre cette sphère concentrique au domaine direct de Xana. Puis l’écran s’éteint, définitivement. Et en contrebas, sans qu’ils pussent le voir, mais le devinant tout de même, l’unité centrale éteignait en un instant ses feux, et même le levier d’extinction s’abaissa de lui-même. Ce n’était plus maintenant, et à jamais, qu’un tas de ferraille inerte. Et comme dans un râle d’agonie, une fente expulsa dans un bruit mécanique la barre d’uranium qui alimentait la machine, et ce fut le dernier mouvement du Supercalculateur.
Les héros du monde restaient là, observant l’écran, où il n’y avait rien à voir, dans une salle que n’éclairaient maintenant que quelques ampoules du plafond.
La bouche fermée, se tenant la main, ils regardaient. Et même dans une salle obscure, le monde leur sembla briller comme jamais il n’avait rayonné. Et quelque chose de nouveau naissait en eux.
Maintenant, ce n’était pas une fin, pensaient ils. C’était bien un début. Le début d’une chose merveilleuse.
Le début de quelque chose dont même Xana, le programme destructeur, que n’importe qui doué de raison se serait accordé à dire :
« C’est le début de la vie ».

FIN

Epilogue

Au sein de la ville et de celles qui l’environnaient, quatre jeunes adolescents étaient recherchés. Ceux-ci avaient prétexté partir ensemble solitaires en vacances avant la rentrée, et il était inutile de dire que leurs parents s’inquiétaient.
En réalité, ils étaient cinq à être partis.
Lorsque les parents eurent reçu l’e-mail de Jérémie, leur premier réflexe fut de prévenir le proviseur Delmas, du collège Kadic, où leurs enfants avaient été pensionnaires l’année durant. Celui-ci s’étonna beaucoup qu’Aelita ne soit point citée parmi les disparus, et à fortiori, c’était la mère de Odd, à laquelle Aelita était prétendue la plus apparentée, qui l’avait averti.
Monsieur Delmas était, sous des airs conventionnels, quelqu’un de très sage, aussi ne posa t’il aucune question à Madame Della-Robbia.
Il retourna au collège, et apprenant qu’un stock conséquent de nourriture avait été volé, il se mit à sérieusement réfléchir, et dans ses heures de réflexions, la vérité lui apparut comme une évidence. Aelita, c’était bel et bien le nom de la fille de Franz Hopper, son ancien collègue. Et cette bande de jeunes, le surveillant Jim Morales lui rapportait souvent sans qu’il y crût réellement qu’ils cachaient quelque chose de peut-être moins ordinaire qu’il pouvait le penser.
Alors il se souvint du Supercalculateur de Franz. Il s’était toujours demandé si Franz lui avait dit la vérité à ce sujet, et certes il questionnerait les fugitifs quand ceux-ci seraient rentrés. De reste il ne fallait pas que la vérité soit découverte à propos d’Aelita, et cela même s’il fallait enfreindre des lois. Sur ce, il avait sans plus tarder fait venir en urgence la seule autre personne au courant inconscient de ce secret, Suzanne Hertz.
Il ressortit du débat qu’il ne fallait absolument pas tenter de retrouver les fugitifs à l’usine, car s’ils s’y étaient rendus pour la durée totale des vacances, c’est qu’ils avaient une bonne raison à cela.
Au moment où, chez le proviseur, ils délibérèrent, il s’était déjà passé plus d’une semaine, et il y avait des policiers qui patrouillaient alentour pour les retrouver.
Cependant, ce ne fut qu’au bout d’un mois et quelques jours que le gang réapparut, et fut intercepté par les autorités à la gare, à la manière de jeunes gens qui rentrent de vacances. Bien qu’étant cinq et non quatre, ils n’étaient pas impossibles à repérer.
Alors ils furent menés à leurs parents, et il est inutile de préciser qu’à ce moment là, l’humeur générale n’était pas très enviable.
Parmi les parents, madame Hertz était présente, ainsi que le proviseur, en retrait. Il adressa un clin d’œil à la prof de physique.
Celle-ci savait ce qu’il se passerait si l’on découvrait qu’Aelita Stones n’existait pas dans les registres. Les enfants seraient inquiétés et ne pourraient plus jamais, d’une façon ou d’une autre, tourner la page de ce qu’ils avaient vécu. Aussi madame Hertz avait elle adopté Aelita. De manière officieuse, bien sûr, tout ce qu’elle fit, ce fut se présenter comme sa mère lorsque les enfants furent retrouvés. Aelita ne tenta bien entendu pas de la contredire, et l’on dit que par la suite, Aelita demeura chez madame Hertz, qui n’avait pas d’enfant.
Le proviseur demanda à s’entretenir seul avec les enfants. Madame Hertz était également présente, monsieur Delmas l’ayant exigé.
Alors, tout fut expliqué, car ils leur devaient bien ça. Et ils racontèrent l’histoire de Xana, du supercalculateur, de comment telle ou telle chose s’était produite, de pourquoi Franz Hopper leur avait menti. Ils racontèrent même ce mois passé dans l’illusion de Xana, sous son ombre dévastatrice, et des jours qui suivirent, lorsque, dans l’arène, le dernier des combats était mené.
Et les adultes furent subjugués que tant de choses qui les touchaient de près se soient passées sous leur nez, sans qu’ils ne le subodorent. Et à leur tour, ils expliquèrent leurs actes, durant leur absence, et Aelita ne semblait pas mécontente de s’être trouvé une nouvelle mère.
Cet entretien se termina dans une joie qui se poursuivit chez chacun. Car, bien que les parents s’efforcent de le dissimuler, ils étaient plus soulagés que furieux.
L’on peut considérer que tout fut terminé lorsque, quelques jours plus tard, la police reçut un appel anonyme, dont la voix de l’informateur était masquée, qui traitait de choses incompréhensibles, sur lesquelles les policiers enquêtèrent. Leurs pas les conduisirent, car ils y furent menés, au sous-sol d’une vieille usine désaffectée où gisait un ordinateur endormi.
Connaissant leur intérêt, il en ressortit qu’il fallait tout faire pour étouffer l’affaire, et le supercalculateur fut démoli pièce par pièce, étage par étage, et jamais ils ne comprirent son secret, ni même à quoi il pouvait servir.
Jérémie savait cela, lorsqu’il quitta sa cabine téléphonique, d’où il avait envoyé l’appel.
Et c’est un sourire malicieux qu’il arbora en rentrant chez lui.
Lyoko n’était plus qu’un souvenir, maintenant, et tout ce qu’il en existait avait disparu.
Quant à Xana, il avait pressenti que l’humanité représentait une menace, pour lui. Mais il s’était toujours trompé. Ce fut l’humanité qui le perdit, comme il l’avait prévu, mais pas de la manière qu’il aurait imaginé. En effet, il n’avait pas été vaincu par l’humanité du peuple terrien. Mais par la sienne.
Pouvait on dire pour autant qu’à la fin de sa vie, il était humain ? Pouvait on même parler de fin de vie pour un programme, même tel que lui ?
La seule personne capable de répondre à cette question s’en est allée aujourd’hui.
Pourtant, les héros qui l’avaient vaincu se disaient, par une superstition dénuée de sens, ses pulsations hanteraient à jamais les sous-sols de l’usine.
Mais peu importait. Il était parti pour toujours.
Un beau jour, les cinq se retrouvèrent au crépuscule, dans le parc municipal. Leur mission était accomplie. Certes, jamais ils n’oublieraient Xana et le supercalculateur, mais tout ce qui restait d’eux, c’étaient les liens qui avaient été tissés entre eux, au cours de cette aventure. Ulrich et Yumi, Jérémie et Aelita, au final, c’était Xana qui les avait réunis. Pas délibérément, bien sûr, quoique.... Ils se souvinrent la femme en robe. Elle, qui attendait. Mais qu’est ce qu’elle attendait ?
Tandis qu’à l’unisson ils songèrent une dernière fois pleinement à Xana, ils se séparèrent, chacun rentrant de son côté.
Ces idylles allaient elles durer ? Pour eux peu importait ; car dans la course de la vie, il n’y a pas de fin en soi.
Réalisant que pendant un demi kilomètres ils prendraient la même direction, ils se réunirent, tous bras dessus bras dessous. L’aventure qui les attendait serait sans doute la plus palpitante qu’ils pourraient jamais rêver de vivre. Et c’est dans l’instant présent que, les yeux illuminés d’avenir, ils s’éloignèrent sous un soleil couchant, là où plus rien ne pourrait leur voler leur jeunesse.

Là débute une histoire...


L'anonyme
24/09/05 à 22:45
J'ai écrit ce truc pour m'amuser. Ca s'appelle "Les Chroniques du monde virtuel", voici le premier épisode. J'espère que ça vous plaira.

Les chroniques du monde virtuel

EPISODE 1

XANADU

Chapitre un : Xana se réveille
Il faisait nuit au collège Kadic.
Alors qu’Odd dormait comme un loir, faisant peu de cas de la sublime cocotte en papier qui lui avait valu un zéro pointé en sciences, et empêchant ipso facto Ulrich de dormir de par ses ronflements, le réveil affichait deux heures du matin. En réalité, Odd Della Robbia avait développé à son maximum l’art de faire tout ce qu’il lui plaisait, et rien que ce qu’il lui plaisait. Il faut dire que dans une famille de six enfants, surtout quand on est le cadet, il faut savoir s’y prendre. Chacun à sa manière. Celle d’Odd étant « ne nuis pas à ton prochain, contente toi de l’ennuyer ». Ulrich ne se souvenait plus vraiment pourquoi il avait accepté de partager sa petite chambre avec un tel énergumène. En réalité, on ne lui avait pas donné le choix : le proviseur, à l’arrivée de Odd, l’avait mis d’office avec lui. Nul ne savait ce qu’il avait en tête à ce moment là, le caractère des deux jeunes gens transparaissant relativement bien dans leur apparence physique. Quant à Yumi était chez elle en train de se disputer avec son père à propos de ses…..fréquentations ; eh oui, tout le problème était là, pensait elle vraiment rassurer son père en avouant qu’elle était amoureuse ? Aurait-ce été mieux de lui annoncer qu’elle sauvait le monde une fois au moins par semaine ? Elle savait que non ; et cela avait le don de l’agacer, mais elle se faisait une raison. Peut-on vraiment reprocher à un père de ne pas être apte à comprendre que risquer sa vie n’est pas forcément mortellement dangereux, à fortiori étant donné que c’est faux ? Bref, tout ce petit monde vivait donc sa petite vie….excepté Jérémie qui n’arrivait pas à dormir, fixé à son écran en quête de la connaissance qui pourrait s’avérer être la clé de la disparition de Xana, et Aelita qui faisait toujours le même et mystérieux cauchemar qui s’approchait sans cesse de son terme. Le même petit bonhomme habillé en mauve courait dans la forêt, poursuivi par des loups. Arrivée à un cul de sac, l’elfe s’avouait vaincu. Il n’irait pas plus loin. Soudain, la meute formait une haie d’honneur pour laisser place au chef, un grand loup noir, deux fois plus gros que les autres. Dans ses yeux se dessinait une cible à quatre branches. Il avança, s’arrêta devant l’elfe…. Aelita se réveilla : il était minuit. Un frisson la parcourut : ne l’avait elle pas retrouvé, son pantin, ce Monsieur Pück ? Tout cela n’était il pas fini ? Apparemment non. Se rassurant peu à peu, elle se rendormit. Il lui restait forcément quelque chose à découvrir. Quelque chose qu’elle ignorait encore. Soit un secret qui la bouleverserait, soit une émanation de la puissance grandissante de Xana. Et quand l’on pensait au loup, ou plutôt à leur maître, du moins dans les cauchemars d’une jeune fille à la chevelure rose, on en aperçoit toujours les branches.
En effet, à l’usine, l’écran de contrôle du supercalculateur devint noir, l’holomap, toujours présente, affichait Carthage, l’immuable cinquième territoire qui flottait au milieu d’une gigantesque voute céleste prisonnière d’un soleil numérique. L’œil de Xana se dessinait…. Un scanner s’ouvrit dans un bruit mécanique, libérant une fumée blanche dans un sifflement gazeux, murmure de la menace approchante.
Chapitre deux : la fin du supercalculateur
Il est sept heures, lundi matin, l’heure de se réveiller pour de jeunes héros qui ont cours de chimie avec madame Hertz. Après le peu réjouissant cours sur la composition chimique des corps célestes, Jérémie eut à parler à ses amis. Quelque chose de plus réjouissant, à en croire l’expression que lui seul pouvait avoir après un cours avec Suzanne Hertz.
« J’ai réussi à l’isoler, le virus d’Aelita !!!
-vraiment ? Répondirent-ils, subjugués.
-Enfin, oui et non, je ne peux pas débarrasser Aelita du virus à l’heure actuelle. Mais je sais comment on peut accéder à l’antivirus.
-Qu’est ce qu’il faut faire ? demanda Aelita, impatiente.
-Il faut aller dans le cinquième territoire, au cœur de la sphère. Il y a un autre terminal avec une machine spécialisée dans laquelle Aelita devra se positionner.
-Mais comment est ce que tu sais tout ça ???? Odd était effaré
-Les données et archives du cinquième territoire se trouvaient dans les fichiers qu' Aelita m’a téléchargé. Je sais pas vraiment pourquoi ni comment ça s’est retrouvé là, mais en tout cas, c’est une chance qu’il ne faut pas laisser passer. En tout cas, Xana ne nous la redonnera pas.
-Qu’est ce qu’on attend ???? »
Ils filèrent vers l’usine. De loin, on aurait pu croire à des enfants joyeux qui filaient vers une nouvelle aventure.
De derrière le préau, madame Hertz sortit : elle avait tout entendu. La peur se lisait sur son visage. Elle courut vers le bâtiment administratif. Un noir secret venait de traverser son regard, et était parvenu à un cerveau qui avait oublié une histoire vieille de dix ans, sans que ce soit profondément oubliable.
Sur Lyoko, les choses n’étaient pas plus joyeuses. Les lyokonautes venaient de couper le compte à rebours et une horde de rampants se ruait sur des combattants qui, manifestement, approchaient du but.
Flèches laser, triplicata, éventails, tout y passa. Les monstres se faisaient toujours plus nombreux. C’était un véritable calvaire, car la zone était bien gardée. Et Xana les attendait, comme toujours. Heureusement, la méduse n’était pas là pour les enquiquiner ; et Xana n’allait pas prendre le risque de détruire Aelita sans avoir découvert ce mystérieux secret qu’abritait la mémoire de la fillette. Cette méduse, sans qu’il le dise, inquiétait vraiment Jérémie. Et à vrai dire, ce que pouvait vouloir Xana l’intriguait plus que tout, ces dernières semaines. En effet, il ne voyait pas ce que pouvait vouloir Xana dans la mémoire de quelqu’un qui n’a pas de souvenir. Il préparait quelque chose. De plus…. Jérémie remarquait bien que Xana n’était pas comme avant. Il avait évolué. Ses actions n’étaient plus les mêmes, et semblaient avoir un but plus précis et plus meurtrier que jamais. A coup sûr, il voulait quelque chose, et s’il l’obtenait, c’était la fin.
Quelques couloirs plus loin, ils y étaient : c’était une salle immense, avec un ordinateur au milieu et une sorte de tour au fond. La bataille faisait rage. Dans un soupir qui traduit une certaine lassitude d’une impression de déjà vu, de déjà ressenti, et de déjà dit, Jérémie éleva la voix.
« Odd, plus que dix points de vie.
-toujours la même rengaine.
-Et maintenant, Einstein ?
-Aelita, jette un coup d’oeil, les autres, défendez la zone »
Aelita s’exécuta, Odd avait disparu, il était hors jeu. Aelita trouva le programme et le lança. Pour la première fois depuis ce jour où Jérémie et les autres lui annonçaient que l’après midi suivant, elle serait sur Terre, il y avait une lueur d’espoir dans ses yeux. Elle s’installa dans la tour sur laquelle les monstres firent immédiatement feu. A priori, Xana se sentait en danger, et il faisait la dernière chose qu’il pouvait : isoler la tour de son destin. Yumi, désormais seule sur le ring, Ulrich ayant disparu, tenta de les retenir. Jérémie lançait la matérialisation et l’antivirus ; et dans un faux bruit propre à un monde dans lequel il n’y a pas d’air, la tour s’effondra, pendant qu’Aelita disparaissait. La tour tomba. Mais c’était fini.
« Jérémie, ou est Aelita ?
- Elle est avec nous, il s’en est fallu de peu, tu peux revenir »
Yumi, cible de tous les tirs, ne mit pas longtemps à s’exécuter aussi passivement que possible. Et tandis que les filles sortaient des scanners, l’heure était à la catastrophe au collège, où l’on délibérait sur une situation dans laquelle aucun être humain n’aurait envisagé de se trouver.

« Qu’est ce que vous dites ?
-J’ai bien peur, monsieur Delmas que le secret de ce collège ainsi que celui de Stern, de Della Robbia, de stones et d’Ishiyama n’en soit plus un.
-Nooooon, vous voulez parler de…
-De l’aberration technologique qui règne ici, précisément monsieur. Je les ai entendus, mais qu’est ce qu’ils peuvent bien faire avec cette horreur ?
-Le professeur Hopper nous avait certifié que tout cela était fini. Nous ne pouvons prévenir les autorités, c’est trop dangereux, il serait trop tard…. ».

A l’usine, l’heure était à la joie extrême. Aelita n’avait plus de virus, le supercalculateur pouvait être débranché en toute sécurité. Et le cauchemar arrivait enfin à son terme, après plus d’un an de souffrances.
Il était l’heure d’aller en cours. Ils le feraient le soir même. Xana ne pourrait rien faire, la tour de son territoire était bousillée pour un bon moment.
« Faut dire qu’on lui a mis sa pâtée, à Xana ! ».
Odd avait toujours le mot pour rire.
« C’est vrai, sur ce coup là, chapeau, vous avez assuré !
-Doit être mort de trouille, le Xana.
-C’est clair ».
Hilares, les enfants quittaient l’usine, étrangement heureux avant le prochain cours de Mathématiques qui s’annonçait…. Epicé.
Chapitre trois : retour de flamme
L’ultime victoire sur Xana dûment (bien que tristement lugubrement : collège oblige) fêtée, il était dix huit heures, nos amis retournèrent pour la dernière fois à l’usine. Salle de l’unité centrale du supercalculateur. Au dessus, l’ordinateur géant affichait l’œil de Xana, tristement conscient de son apparent destin.
Les scanners resteraient dans l’usine pour l’éternité, reliés à un ordinateur endormi qu’à présent seul dérangerait un silence de plomb… Mais tout cela n’avait aucune importance pour quatre collégiens qui écoutaient Jérémie répéter l’immuable discours, agrémenté de « petits » rajouts.
« Xana, tu nous en a fait baver, tu as menacé le monde, et manqué de tous nous tuer. Mais grâce à toi, on a connu Aelita, et au fond, peut être avais tu été programmé pour ça. Alors bye, et sans rancune »…
Au collège, en ce moment même, réunion au sommet. Jim, Madame Hertz et le proviseur Delmas étaient réunis pour une capitale délibération. Le proviseur, tout comme le professeur de sciences physiques, était encore tourmenté d’une révélation. Celle d’un souvenir perdu depuis un jour d’été de 1994. Et à présent qu’il se souvenait, il avait, en bon directeur qu’il était, convoqué Jim Moralès en sa qualité de surveillant dans son bureau, afin de lui faire part de ses craintes, car il n’y avait que lui, le surveillant, qui puisse vraiment faire quelque chose d’actif pour ou contre cinq collégiens dont la vie était en danger.
Le surveillant, Jim, accessoirement professeur d’éducation physique, les surveillait depuis longtemps, à vrai dire, ces enfants. Mais jamais il n’aurait pu imaginer, ni même croire ce que Jean-Pierre Delmas allait lui dire, si ce n’était pas Jean-Pierre Delmas lui-même qui le lui avait dit.
« Mon bon Jim, l’heure est plus grave que nous ne le pensions. Les enfants que vous surveillés sans cesse ont trouvé le supercalculateur.
-Le quoi ?
-Le supercalculateur, continua madame Hertz, a été conçu il y a quinze ans par un ancien professeur du collège, le professeur Franz Hopper. Lui et son collaborateur Waldo Schaeffer ont conçu cet ordinateur quantique pour produire une énergie non polluante en utilisant les fluctuations défectueuses de la quatrième dimension de l’espace-temps, provoquant des incohérences temporelles et faisant ainsi augmenter la puissance de l’ordinateur.
Un tel ordinateur n’est pas difficile à fabriquer quand on réussit, comme Franz, à créer le programme souche. Ce programme fut nommé Xanadu, d’abréviation X.A.N.A : eXtensed wAy of National Approvisation : voie d’extension de l’approvisation nationale (en énergie).
Enfin bref, Hopper avait une fille. Elle est morte à l’age de treize ans d’une maladie inconnue. Hopper eut alors une idée folle. Il changea entièrement les fonctionnalités de son supercalculateur, qui devint régent d’une réalité virtuelle, comme un jeu vidéo, en plus sophistiqué. Il construisit des scanographes en trois dimensions. Pour scanner toutes les parties du corps humain. A cette époque, si la mémoire ne m’abuse, il étudiait la biologie nerveuse, il s’exilait dans la propriété qu’il possède non loin de là….
Le fait est qu’il scanna le corps de sa défunte fille et, à partir de la matrice du monde virtuel, qu’il baptisa Lyoko, de faire repartir son cerveau virtualisé de ce fait, et de la faire revivre dans ce monde. Peut être Franz avait il découvert le secret, peut être…. ».

Ca y est, Jérémie allait tirer le levier, et Aelita ne s’était jamais sentie aussi bien. Inconsciemment, Ulrich et Yumi se tenaient par la main, Odd rigolait à l’arrière ; il y avait de quoi. Ces deux là, pensait il, ils ne se l’avoueraient jamais….. Une petite traction sur le levier…les lumières baissaient, l’œil de Xana s’estompa peu à peu pour ne laisser place qu’à la sombre noirceur de l’écran éteint. L’anxiété régnait maintenant ; était ce vraiment terminé ? Apparemment, oui. L’holomap disparût, le bruit ambiant s’arrêta. C’était fini. Réjouis, les enfants rentraient soit au collège, Yumi, chez elle, et personne ne se rendit compte de leur escapade nocturne. Les jeunes héros redeviendraient ces espiègles adolescents dont ils rêvaient depuis si longtemps de retrouver l’identité.

« …Et ainsi à t’il confié à Xana la mission temporaire de protéger le supercalculateur. Nous rendant compte des mystérieuses virées nocturnes du professeur, nous l’avons suivi jusqu’à l’usine, et nous l’avons vu…. Nous étions stupéfaits et épouvantés. Nous sommes retournés dans la rue, il nous a tout expliqué. Il nous a ensuite juré que nous n’entendrions plus parler de cela, nous étions soulagés. Franz repartit chez lui, nous ne l’avons plus jamais revu.
-Pourquoi ne rien m’avoir dit ? demanda Jim, sous le choc.
-Nous pensions que cela était fini….nous devions garder le secret.
-Vous auriez dû prévenir la police…
-C’était trop dangereux, dit le proviseur, nous ne pouvions plus entrer, l’ascenseur était bloqué. Nous ne savions pas si la fille était toujours prisonnière de Lyoko. Mais maintenant, nous nous en doutons….. »

Euphorisés par la conclusion de leur extraordinaire aventure, nos amis dormaient profondément.
Ils étaient loin de se douter que leur sentiment de bien être allait bientôt prendre fin. La cruauté de la vie le voulait ; le bonheur se méritait, et a priori mieux que cela. Ainsi allait le monde, le bonheur avait un prix, et ce prix s’appelait Xana.
Car à l’usine, un homme encapuchonné descendait vers la salle de l’unité centrale. Sa main livide sortit d’un pan de son manteau et se dirigea vers le levier.
Toujours furtivement, il descendit vers le supercalculateur et s’installa sur le siège. Il pianota sur les touches du clavier.
Le supercalculateur affichait de nouveau l’holomap et l’homme fit apparaître les programmes afin de les réactiver. Lyoko était de nouveau en service. Manifestement, la machinerie n’avait apparemment subi aucune séquelle irréparable. Le lendemain serait une dure journée. Et la désillusion risquait d’être plus rude encore.
Chapitre quatre:les bons, la meute et le programme
Sept heures du matin, nous sommes lundi… « Aujourd’hui, jour de sortie, cria madame Hertz. Vous allez aller dans la forêt faire de nouveaux croquis, les résultats de la dernière fois n’étaient pas très concluants, surtout pour vous, Elisabeth, ne me décevez pas, vous agirez par binômes, moi, j’ai….des affaires à régler ».
Cette fois ci, Ulrich put faire équipe avec Yumi, au grand désarroi de William qui, sur de lui, ne perdait pourtant pas espoir. Ah, ce William, il serait toujours en travers de leur route. Loin d’être méchant, William était l’archétype de l’adolescent collant, mais dont la technique est généralement probante. Pas avec Yumi. Elle, ce qu’il lui faillait, c’était l’opposé. Il lui fallait quelqu’un comme… Ulrich. Ca, William Dunbar commençait à l’entrevoir, mais il persévérait. Odd, fainéant invétéré, devait faire -au vœu de la prof de sciences naturelles- équipe avec Jérémie, qui allait laisser Aelita seule.
« Bon, y a qu’a faire comme la dernière fois, c’est pas difficile, pensa t’elle ».
Ainsi s’enfonça t’elle, sereinement mais prudemment, dans la forêt, sur le chemin de l’Ermitage, où elle était déjà allée par le passé. Elle eut comme un mauvais pressentiment, ce lieu ressemblait tellement à son rêve….Soudain, un craquement de bois à gauche, un grognement à droite, des pas sur les feuilles ; Aelita crut être en train de rêver.
Réalisant ce qui était en train de lui arriver, elle prit son courage à deux mains…. Et ses jambes à son cou. Dans une course effrénée, elle ne put se retourner qu’au bout d’une minute, lorsqu’elle ne sentait plus ses jambes, et qu’elle n’entendait plus rien.
Elle ne se trompait pas, elle était poursuivie par des loups. Elle se souvint alors de la suite de son rêve et eut une frayeur, qui prit fondement puisqu’elle arrivait à un cul de sac. Elle s’arrêta, effrayée….
Impossible, les loups s’arrêtaient et se mirent en lignes. C’était impossible, ça ne pouvait pas être vrai. Sans doute, elle rêvait…et pourtant non ; ils formaient bel et bien une haie d’honneur. Alors le grand loup allait apparaître, il allait la dévorer….C’était la fin, elle allait mourir…Quelle ignominie ; décidément, elle n’aurait jamais vécu en paix, sa vie avec Jérémie, c’était fichu…. Or, ce ne fut pas un loup qui apparut, mais bien un homme.
Cet homme, de haute stature, portait un long manteau à capuche qui dissimulait un visage de vieil homme, aux cheveux rares et gris et aux rides typiques de l’octogénaire en bonne santé. On n’aurait pu vraiment dire si il était gros ou mince ; ses manches descendaient jusqu’au chevilles, et une cape l’enveloppait à moitié. A part cette excentricité, non, décidément il n’avait rien de particulier.
Pourtant, il y avait quelque chose d’indescriptible sur son visage qui le rendait horrible, sans qu’on puisse trouver quoi que ce soit d’anormal, quelque chose qui traduisait comme une profonde haine, tellement profonde qu’elle apparaissait comme une évidence sur son visage. Et pourtant il souriait, d’un rire jovial et vrai, mais il y avait cette chose….c’était insupportablement laid.
Contre toute attente, l’homme des loups parla.
« Aelita –sa voix était froide et grave, comme dépourvue d’humanité- nous nous rencontrons enfin.
-c c comment ??
-Allons, ne fais pas l’innocente, ça ne te sied pas le moins du monde. Je suis là pour toi et tu le sais »
Il ordonna à ses loups d’un geste de la main de se retirer. Nos héros, ayant entendu le bruit, accouraient, haletant, ayant reconnu la voix d’Aelita.
« Et les enfants qui résistent depuis si longtemps.
-Qui êtes vous ? demanda nerveusement Jérémie
-Je suis le passé et l’avenir de ce monde qui m’appartient. La puissance technologique de cette région me permettra de mettre ce monde à feux et à sang et vous seuls m’en empêchez.
-Vous avez échoué monsieur le mégalo, on a tout débranché. Xana est réduit à néant désormais, dit Odd, fier de sa phrase qu’il estimait parfaite, vous ne l’utiliserez jamais.
-l’utiliser, pour quoi faire ? C’est moi Xana.»

Ce n’était pas vrai, il mentait, c’était impossible, ils l’avaient débranché, il était hors service, et pourtant, cet homme ne mentait pas, du moins, on le comprenait dans ses propos ; et c’était trop injuste...
Xana approchait, son sourire s’estompa pour donner place à la colère, il semblait grandir, il était affreux, et il allait les tuer.
« Les enfants, que se passe t’il, qui est cet homme ? »
C’était Jim, suivi de madame Hertz et du proviseur. Ils revenaient de l’Ermitage car Jim avait entendu du bruit, ils trottaient.
Xana approchait les enfants, il allait comme leur jeter un sort, il levait les mains. C’était sans compter Jim. Non pas que ce dernier fut un super héros qui s’ignorait, mais Jim était engagé pour protéger les élèves. Il mit de côté sa balourdise naturelle et, dans un élan de courage, il fit abstraction de l’aspect devenu monstrueux de l’homme et se rua sur lui.
Xana tomba à terre, mais, sans faire le moindre geste apparent, il expédia Jim sur une souche, sous le regard effrayé des adultes qui comprenaient –bien que partiellement- la situation.
Saisi d’une colère noire, Xana fit venir un grand loup noir, épais et féroce, monta sur son dos et fuit à travers les bois.
Chapitre cinq: le supercalculateur
Une petit explication s’imposait : enfants et adultes se regardaient. L’heure n’était plus au secret, ils se dirent tout. Les enfants racontèrent comment le supercalculateur leur était apparu, comment durant plus d’un an ils tinrent tête à Xana sans que personne n’en sache rien et comment Aelita avait été matérialisée.
« A ce propos, dit Jérémie, ça n’a pas été de la tarte. Défragmenter la matrice inertielle, ça ne suffisait pas. Il a fallu que je recompile toute les corrélations ADN et que je vérifie le fonctionnement de la production de l’ARN par simulation de métabolisme et de division cellulaire. »
Jim n’avait rien compris, le proviseur non plus ; même madame Hertz, qui hochait la tête, avait du mal à comprendre.
« C’est pas si difficile, quand on a le truc. »
Et les adultes racontaient l’histoire du malheureux Franz Hopper. Les adultes ne semblaient pas surpris du statut d’Aelita, maintenant qu’ils le disaient, c’est vrai qu’elle avait cet aspect là quand elle était morte. En réalité, c’était du pinaillage. Ils n’avaient aperçu Aelita qu’une seule fois, et encore, de loin. Et à ce moment là, elle semblait bien vivante, sur sa bicyclette. Aelita, en revanche, fut très surprise et même choquée d’apprendre qu’elle était morte. Imaginez vous, un jour, on vous apprend que vous êtres la reproduction synthétique de quelqu'un qui a vécu avant vous. Mais Aelita s’en accommodait. Après tout, ça avait été elle, et se serait toujours elle.
A vrai dire, ils furent tous très étonnés, enfin, pour des gens qui ont coutume de découvrir des révélations tous les jours…
Mais l’heure n’était pas au bavardage, ils devaient piéger Xana. Tout leur apparut très simple à présent, Xana allait retourner sur Lyoko, il fallait débrancher le supercalculateur quand il serait dedans.
Non loin de là se trouvait la voiture de Madame Hertz. En quelques minutes, ils étaient à l’usine. Ils descendaient à la salle des scanners, Xana était dedans, un sourire narquois aux lèvres, la porte se refermait. Il était sur Lyoko.
« Vite, débranchons le !!! Jim parlait avec foi, bien qu’il ne comprît que peu ce qu’il se passait. Pas qu’il soit vraiment stupide, mais cela, dans l’état actuel des choses le dépassait un peu.
-Non. Tout apparut clair aux yeux de monsieur Delmas, c’est peut être un leurre !
-C’est vrai !!! -Jérémie acquiesçait-. Qui nous prouve que nous avons vraiment détruit le virus… Il concerne peut être Xana, pas le supercalculateur…. Il était donc parmi nous depuis Dimanche soir….
-Si je comprends bien, dit madame Hertz, déjouer le plan de Xana nous coûterait nos souvenirs ?
-Ce n’est pas grave, vous devez le faire, et puis, c’est mieux comme ça : un proviseur comme moi ne saurait volontairement cacher l’existence d’un tel danger »
Tout le monde était d’accord, il fallait trouver la tour activée et la désactiver, tout rentrerait dans l’ordre.
Ce fut vite fait, elle était dans la forêt, Jérémie se lamenta de ne l’avoir point vue. Lyoko avait subi une procédure d’extinction simplifiée, mise de toutes pièces en place par Xana. Ca, maintenant, Jérémie le comprenait. Il avait été berné
Les enfants étaient sur Lyoko, près de la tour. Ils la voyaient à présent. Mais elle n’était pas gardée par des monstres, mais par Xana lui-même et sa méduse derrière lui. Sur l’écran de contrôle s’affichaient quatre fiches, celles d’Odd, d’Ulrich et de Yumi contre celle de Xana, symbolisée par l’œil en cible de celui-ci. Xana levait les mains, une foudre verte sortit, dans un hurlement d’outre tombe propre à une foudre se propageant dans un monde sans air. Odd était hors jeu. La méduse fonçait vers Aelita. Yumi la retarda en lui envoyant son éventail.
Elle était hors jeu, Xana était derrière. Ulrich dégaina son sabre. Contre toute attente, il ne visa pas Xana, il fit fuir une méduse sérieusement endommagée par un bon coup bien ajusté dans la cible.
« Tant pis, l’frai moi-même ! ».
Et Xana, ayant d’un coup perdu son calme apparent, soulevait Aelita, un rayon rouge les reliait. Mais Ulrich était là, il fractura le rayon de son sabre.
Xana sortit le sien, la lame était noire. Aelita courait. Un duel s’engagea entre Xana et Ulrich dont les sabres crépitaient. Et durant quelques minutes, le duel se poursuivit, et au terme, Xana s’avéra le plus fort, et Ulrich disparut.
C’était fini. Xana avait gagné, il soulevait Aelita à distance, le rayon rouge réapparaissait….
« CODE : SCIPIO ».
Remarquablement intelligent, Jérémie avait envisagé la possibilité que Xana ne résiste pas à la sphère.
Elle apparût. C’est enveloppé d’une intense lumière blanche que la voix glacée s’écria. « NOOOOOOOOOOOOOOOOON ».
Aelita entrait dans la tour CODE : LYOKO. « Tour désactivée ».
Jérémie, soulagé, pianota sur le clavier, et annonça nonchalamment, quoique avec un ton mêlant soulagement et déception : « Retour vers le passé ».
Epilogue
Il est sept heures, lundi matin, l’heure de se réveiller pour nos héros qui ont cours de chimie avec madame Hertz. Après le peu réjouissant cours sur la composition chimique des corps célestes, Jérémie eut à parler à ses amis. Quelque chose de peu réjouissant, visiblement. Car il était inhabituel de voir Jérémie Belpois sortir du cours de Suzanne Hertz avec une mine si abattue
« Alors, ça se termine comme ça…
-Et de nouveaux mystères à résoudre. Qu’est il advenu du professeur, pourquoi Xana veut il détruire l’humanité….
-Au moins, on ne s’ennuie pas…
-Ouais… »
Yumi aperçut madame Hertz
« C’est vrai que c’est passionnant le cluédo par ordinateur, on continuera la partie dimanche prochain ! »
Personne ne comprît. Ils se retirèrent, mélancoliques.
Madame Hertz était soulagée, elle imaginait des horreurs…
Mais elle avait raison, Xana était toujours là et plus puissant que jamais. Nos héros devaient s’armer de tout le courage qu’il leur restait pour les jours, et les épreuves, à venir.

FIN

Tchoucky
02/10/05 à 10:46
Je viens enfin de lire ((ah c'est terrible toutes ces fic que je n'ai plus le temps de lire)).
C'est plein d'idée, mais parfois des choses vont trop vite comme quand les héros et les adultes s'expliquent les uns aux autres tous ce qu'ils savent.
On voit également que tu ne te dégage pas d'une vision télévisuelle des choses, tu fait un montage qui est plus proche du montage cinématographique que littéraire.
Tu as couru le risque de publier cette histoire avant la fin de la saison 2. par conséquent, si, dans les épisodes prochains, un détail de ton histoire doit changer, envoie moi le texte corrigé en MP je le remplacerais.

Clem
10/10/05 à 23:43
désoulée pour le retard, j'ai du mal à trouver le temps de lire les fics (et c'est moi qui dit ca :emba:)

Alors, j'ai beaucoup aimé cette histoire. Effectivement, je suis comme Tchoucky, je la trouve un peu rapide: sur l'explication des enfants, sur le combat sur Lyoko... Tu aurais pu t'attarder par exemple davantage sur les sentiments des personnes (tu l'as fait pour les adultes, pourquoi pas pour les enfants?)
mais j'aime beaucoup l'idée et la façon aussi que tu as de raconter les choses donc continue, je serais ravie de lire toutes tes histoires :D

Gavroche
12/10/05 à 19:11
Bah j'en ai profité pour la lire, et bravo ! Du côté du scénario, ça donne un grand tournant à l'intrigue, et si tu pouvais écrire la suite, ce serait pas plus mal !
Pour l'écriture en général, je te conseille de faire attention au rythme. Des fois l'action file à une allure trop rapide, des fois, notamment lors des dialogues, tu ralentis le court du temps.
Utilisés volontairement aux bons moments, ces astuces seraient du plus bel effet.

Mais le point fort ça reste l'originalité de l'histoire, comme dit plus haut, et franchement, c'est une super Fic.

L'anonyme
17/10/05 à 22:50
Chose promise, chose due. Quoiqu'il ne s'agisse pas vraiment d'une suite, c'est juste une analepse pour introduire la suite. Néanmoins, j'espere qu'elle vous plaira


Les chroniques du monde virtuel

EPISODE 2

Ces sales gamins


Chapitre un : le souvenir de Xana
Ca allait mal à Carthage ; un nouvel échec à encaisser pour Xana, et inutile de dire que cela ne lui plaisait guère. Il faut dire que lorsqu’on est un programme informatique, on supporte mal les erreurs de calcul. Xana attendait le rapport ; il fallait qu’il soit positif, il devait être positif, une note de satisfaction ne ferait de mal à personne.
Sur ces entrefaites vint le vieil homme. Il paraissait à la fois soumis et enragé. Il faut dire qu’ils lui en avaient fait baver, ces sales gosses. Tout de même, se faire expédier au tapis par une sphère blanche. C’est qu’ils étaient malins, ces sales gosses, ils le savaient, que Lyoko avait ses règles que nul ne pouvait transgresser.
Il arrivait au beau milieu de la sphère Carthaginoise, il entra, la porte se referma.
« Quelles sont les nouvelles ?
-J’ai échoué, mon seigneur, je n’ai pu rivaliser, répondit le vieil homme, à présent entièrement soumis ; néanmoins, il y a un point positif, mon suzerain, ils y ont cru, ils croient que c’est moi, votre plan à fonctionné.
-Bien, laissez moi. ».
Et le vieil homme partit. Xana réfléchissait, comme un programme réfléchit, à une vitesse immesurable, pourtant, ayant toute sa « vie » côtoyé des humains, il en ressentait les sentiments, à la longue. Oui, Xana enrageait vraiment. Elle lui avait coûté la carrosserie de l’unité centrale, cette attaque, il faudrait tout recommencer. A quoi bon le renvoyer sur terre, il avait échoué, il échouerait encore. Heureusement, le retour vers le passé lui avait donné plus de puissance… Mais il voulait plus. Elle en savait trop, ça, il le savait. Ce qu’il ne savait pas, c’est de quoi il s’agissait, et il devait le découvrir. Plus de méduse. Il ne savait trop que faire : en recréer une ? Tenter autre chose ?
Il réfléchissait…et il se souvenait. Ses attaques, il les avait lancé bien avant la venue au monde de ces enfants. Aelita avait toujours été là pour le contrer. Il faut dire qu’à l’époque, il n’avait pas grand-chose. Un kankrelat par ci, un frolion par là…rien de bien concret….quand vinrent ces mômes. Oh, ceux là, il les avait vu venir. Il n’avait pas bien compris lui-même d’ailleurs ; c’était -ça il l’avait compris- une sortie en ville accordée exceptionnellement aux élèves. Ces quatre gamins étaient ce qu’ils appelaient « copains comme cochons », ils voulaient être « seuls ». Manifestement, un petite fille sournoise pourchassait le « leader » de la bande….une vraie petite chipie. Ils ont vu ce gros bâtiment qui renfermait son supercalculateur. Il ne leur a pas fallu bien longtemps pour aller en sous sol. Maudit soit ce garçon à écrans portatifs, pensa t’il. Il était vraiment trop curieux. Oh, il est bien certain qu’il l’aurait vaincue, à la longue, son Aelita ; à force de retours vers le passé, il avait déjà les plans de sa nouvelle invention, le Block, il l’aurait vaincue. Mais non, il fallait qu’ils s’en mêlent. Ce « Jérémie », c’était tout de même un génie informatique, comme l’était le créateur ; il ne lui avait pas fallu longtemps pour entrer en contact avec la fillette. Ils en faisaient, des têtes –Xana riait, maintenant-…Mais elle leur a raconté, et ils l’ont crue. Maintenant, il comprenait pourquoi ; il l’avait étudié, le comportement humain, et il le savait à présent : on est prêt à tout croire, quand on est face à quelque chose de « surnaturel », quand on est humain. Pourtant, qu’est ce pour eux que le surnaturel ? Ca, il ne le comprenait pas, les humains croyaient en un Dieu protecteur, mais ils ne croyaient pas à la science de l’informatique approfondie. C’était curieux. Elle leur a expliqué comment ça marchait, et, après ce qui semblait être deux jours, pour ces créatures faibles et stupides, ils y étaient. Non, c’était son territoire, ils ne pouvaient venir là en toute impunité, ils devaient être châtiés. Ces maudits gamins….. Il leur avait envoyé trois Kankrelats. Tous détruits. Ils étaient fort, décidément, ces gamins ; tant que Xana se demandait si ils n’avaient pas suivi un entraînement préparatoire. Ceci le poussa à mieux étudier le monde humain. Il n’y croyait pas : un des garçons, qui manifestement répondait au nom d’Ulrich, s’entraînait à faire la guerre…. Et il y prenait du « plaisir », ça n’était pas croyable. De toute façon, pour un programme informatique, qu’était ce donc, que le « plaisir » ? L’action de sourire, pensait il…. Et cela lui suffisait, ainsi, il croyait pouvoir savoir quand quelqu'un était heureux ou pas. Il poursuivit la jeune fille, la plus âgée du groupe, « Yumi », apparemment jusque « chez elle ». Alors là, il ne comprenait plus. Pourquoi avait elle une grande maison pour quatre personnes alors que les autres étaient entassés comme du gibier dans ce qu’ils appelaient « collège » ? C’était sans importance, ça ne l’aiderait pas à en savoir plus. Oh, mais qui voila donc ? Un petit garçon, plus jeune. Il avait un petit ordinateur dans la main. Sur l’écran s’affichaient une dizaine de personnages, qui se faisaient détruire tour à tour par un autre personnage en bas de l’écran ; un peu comme ces sales gamins l’avaient fait chez lui. Il souriait. Il était heureux…. IL JOUAIT. Ah, comment donc ? Ainsi, ils croyaient que c’était un jeu ? Bande de petits inconscients. Il allait leur montrer ce que c’était que Lyoko, il les tuerait, pour l’avoir sous estimé. Le nouveau programme, le block, était prêt ; Aelita serait impuissante, il allait tous les vaincre. Alors ils comprendraient, et il serait trop tard.
Chapitre deux : Xana passe à l’attaque
Il fallait qu’il frappe fort, mais Xana ne connaissait que très peu de choses sur ces humains. Il devait en savoir plus. En fait, il se serait avéré que ce « collège » était un lieu d’études. Les jeunes humains y étaient toute la journée, ils y apprenaient en quatre ans ce que Xana avait acquis en une minute. Oui, décidément, les humains étaient primitifs….. Mis à part ce Jérémie, qui semblait avoir un don ; il pourrait représenter une menace pour lui. Il regarda alentour, histoire de voir s’il n’y avait pas quelque chose de dangereux, qui pourrait simplifier son affaire. Il vit alors des enfants qui « jouaient » avec une balle et un bâton, ils appelaient ça Baseball, les bâtons étaient en métal ; avec un peu de chance, par électromagnétisme, ça pourrait donner quelque chose…… Surtout avec ces balles de plomb qu’ils s’amusaient à lancer le plus loin possible, quelques mètres plus loin…. Il avait son idée.
La journée durant, Xana observa ces sales gamins vivre joyeusement, dans l’attente du moment venu. Finalement, il jugea bon d’attendre la nuit pour attaquer ; il les assassinerait dans leur sommeil.
Le soir, au moment du couvre feu, il envoya une poignée de Kankrelats, cinq frôlions et trois blocks dans un des quatre territoires de lyoko, celui de la forêt. Il les envoya se poster devant une tour à découvert ; avec la certitude qu’Aelita sentirait les pulsations telluriques que cela occasionnait, et qu’elle serait rapidement dépassée par le nombre de monstres qu’il avait envoyé en ces lieux. Il était temps de commencer le massacre. Il devait faire vite, des fois qu’Aelita réussisse à désactiver la tour, il fallait qu’ils soient déjà morts, ce qu’un retour vers le passé ne réparerait pas. Cela constituait d’ailleurs un grand avantage pour lui, car ils l’ignoraient.
Un spectre, vague électromagnétique contrôlée par le supercalculateur, fut envoyé sur terre, dans la remise à matériel de sport, pour prendre le contrôle de ces engins de mort qui, il en était sur, feraient peu de cas du frêle squelette des ces odieuses créatures. Cette petite armée métallique réunie, il fallait maintenant passer à l’acte. Par malheur, ces ustensiles de torture faisaient trop de bruit, ce qui eut pour effet de réveiller le surveillant, « l’infatigable Jim », un homme bourru et bestial, tant et si bien que l’on comprenait immédiatement pourquoi il était à ce poste.
Mais Xana n’avait pas dit son dernier mot : une batte de baseball se cacha derrière une porte et assomma Jim lorsque celui-ci passa à portée. Les élèves, ayant entendu le vacarme sortirent de leurs dortoirs et, apeurés, découvraient le triste spectacle : des battes de baseball et des poids qui lévitaient, en quête de proies. Soudain, Ulrich et Odd apparurent. Xana tenait sa cible. Un poids vola à pleine vitesse en direction d’Ulrich, s’écrasa dans le mur, qui s’effondra à moitié. Le garçon avait décidément des réflexes fulgurants. Ils allèrent à toutes jambes réveiller Jérémie, essuyant les assauts consécutifs de trois battes et de cinq poids. Les trois garçons coururent, tentant d’échapper à ce paradoxe gravitationnel qui pourrait leur coûter la vie. Ils erraient sans but dans la cour de récréation, essayant de se cacher derrière les colonnes du préau afin d’échapper aux sphères de la mort et aux épées polies, lorsque Odd –une fois n’est pas coutume- réalisa soudain ce qui était en train de leur arriver. En effet, il ne fallait pas être un génie pour le déterminer, c’était loin d’être une coïncidence si il leur arrivait malheur surnaturel seulement un jour et demi après avoir découvert un ordinateur géant. En fait, il se méprenait, ce genre de « malheur surnaturel » lui était déjà arrivé un bon millier de fois, simplement, comment voulez vous déduire de ce genre de phénomène qu’il a été commandité par un supercalculateur dans une usine désaffectée en quête de sécurité ? En réalité, le retour vers le passé était toujours survenu à temps, au grand dam de Xana. Jamais personne ne s’était souvenu de rien, mis à part Xana et Aelita. Pourquoi ? Il faut dire que Xana était dans un territoire protégé de Lyoko ou le retour vers le passé n’a pas cours. Pour Aelita, il ne le savait pas, et ça lui avait toujours torturé l’esprit. Et maintenant qu’il se reconsidère, en quête d’idée, cela le torture toujours. Comment faisait elle ? Elle devait avoir des informations à propos de Lyoko que lui-même ignorait…. La n’était pas la question pour le moment ; les enfants se préparaient physiquement à rejoindre l’usine, ils devraient courir. Soudain, émergeant d’un buisson, une créature noire avec des oreilles pointues, qu’Odd appelait « chat » traversa la cour, sur la trajectoire d’une batte perdue, qui visait Jérémie. Le chat fut frappé de plein fouet à la tête, ce qui eut le mérite de retirer à Odd son habituel sourire : le chat était mort. A priori, Odd « aime » les chats. Mais qu’est ce donc qu’aimer ? Ca, même en fréquentant des humains toute sa vie, Xana ne l’avait toujours pas compris ; et il pensait à juste titre que là était sa faille : c’est pour ça qu’il échoue, il ne comprend manifestement pas les humains suffisamment pour les manipuler….Et c’était le but de cette réflexion soudaine aux évènements qui s’étaient produits depuis sa rencontre avec les humains : il voulait comprendre ces sentiments humains qu’il ne pouvait ressentir. Il peut, à la longue, certes, ressentir la haine et le mépris, mais « l’amitié », « l’amour », nada.
Enfin ; La joyeuse équipe des gringalets en couches culottes pressaient le pas vers son usine- Odd ayant repris ses esprits-, ayant bien pris le soin de prévenir la jeune pimbêche, Yumi, qui se hâtait également.
Mais ça, Xana l’avait prévu ; ils iraient sur Lyoko, ils seraient détruits par les monstres avec Aelita par-dessus le marché….. Tiens, tiens, c’est vrai cela : elle n’avait plus donné signe de vie depuis le début de l’attaque. Elle devait se cacher quelque part derrière un élément du décor…. C’était le cas ; et ce n’était pas grave, les monstres les tueraient tous en même temps. Comme il l’avait prévu, Jérémie entra en contact avec Aelita, qui, comme il l’avait prévu, leur indiqua les coordonnées de la tour. Comme il l’avait prévu, ils se positionnèrent dans les scanographes. Ils étaient arrivés, et ils étaient attendus. Voilà qui n’était pas banal, il fallait voir leur allure frénétique de combattants ; un « fine équipe » composée d’une fille maquillée en blanc, manipulant un éventail, un garçon en jaune et orange manipulant une épée à lame bleue, et un homme chat qui lançait des projectiles triangulaires ; en moins de deux, plus de Kankrelat. Aelita demeurait cachée, elle semblait « inquiète » pour ses nouveaux « amis ». Soudain, les blocks firent feu sur Odd ; en principe, il ne lui restait que dix points de vie. Ca n’était pas très prudent de sa part. Il envoya quelques flèches en direction des frôlions, en détruisant deux au passage. Un Block blessa Ulrich, qui contre attaqua. Il le manqua… de peu. Il fallait l’avouer, ces enfants étaient forts, très forts. Et avec la pratique, ils devenaient de plus en plus dangereux, ce n’était donc pas la bonne solution d’essayer de les détruire ouvertement avec de grandes attaques à démolition. Ca, Xana le comprenait, maintenant ; ce qui lui manquait, c’était une bonne idée, et il fallait qu’elle soit efficace et originale. Le fait est que, un block détruit par Yumi, un frôlion atteignit Odd en plein ventre. Ca y est, il avait gagné !!! Il avait détruit un de ces sales gamins. Maintenant, il fallait détruire les autres. Après, il tuerait tous les témoins de l’acte, et, après avoir levé une armée de balles et de battes, il s’en irait détruire l’humanité, de là, il pourrait entrer en possession d’armes plus dangereuses, de bombes ou de fusils, et il ferait un carnage, personne ne l’en empêcherait. Mais…. Quoi ???? Non, c’était impossible ! Au désespoir de Xana s’ouvrit un scanographe et Odd, le réel, en sortit, effrayé et essoufflé ; Il n’était pas mort. Il était stupide de ne pas y avoir pensé ; Xana aurait du se douter que, son monde n’étant qu’une simulation, il ne pouvait y supprimer ceux qui n’en dépendaient pas. Le seul moyen maintenant était de précipiter ceux qui étaient encore sur lyoko dans la mer numérique, ce vaste océan de données assez épais pour reformater entièrement un programme….. Mais il n’était déjà plus temps. Ulrich détruisit deux Blocks et Yumi, les trois frôlions qui restaient. Aelita sortit de sa cachette, courut vers la tour, et tandis que ses amis disparaissaient, elle entrait le code qui permettait de désactiver la tour, provoquant un retour vers le passé. De là où il était, Xana pouvait voir la grande sphère blanche qui englobait le monde….
Chapitre trois : les humains et le plan de Xana
Il n’y croyait pas, il avait échoué une fois de plus…. Ces sales gamins, sans eux, les Blocks se seraient occupés d’Aelita, il ne lui aurait pas fallu longtemps pour rayer l’humanité de la surface de la terre. Mais il y avait pire encore : ils se souvenaient. Ils se souvenaient de tout…. Et c’était sûrement à cause d’Aelita….. Comment faisait elle, c’était impossible, COMMENT ?
Les enfants avaient retrouvé le corps du chat noir, dans un bain de sang coagulé. On avait déjà retrouvé des animaux morts de causes inconnues dans l’enceinte du collège, ça n’avait jamais gêné Xana, mais là, ces sales gosses avaient tout compris. On ne revient pas à la vie après un retour vers le passé. Il envisageait le pire : bientôt, des hommes en bleu viendraient, ils trouveraient le supercalculateur serait débranché, s’en serait terminé, le but de sa vie serait détruit avec lui. Par chance cela n’arriva pas. Là non plus, Xana n’avait pas bien compris ; à priori, ça il le savait, Aelita périrait avec lui ; mais pour une raison qu’il ignorait, ces enfants feraient passer la vie de leur amie avant la sécurité de leur planète, ce qui n’était pas logique. En réalité, ça n’avait rien de logique, c’était purement humain, mais qu’est ce que vous voulez qu’un programme comprenne quelque chose qui n’est pas logique. Encore, Xana avait de la chance, il avait été conçu pour avoir la capacité d’apprendre ce qu’il voyait et de le retenir, et, maintenant, avec le recul, il finissait par avoir un début de raisonnement ; pour lui, ça devait venir de l’amitié. Mais il ne savait toujours pas ce que c’était, il ne s’en souciait guère à l’époque, tout ce dont il se souciait, c’est que ça l’arrangeait : tant qu’Aelita ne serait pas définitivement séparée du supercalculateur, il ne risquait rien de ces arrivistes.
Mais les choses se corsèrent ; les enfants rendaient de plus en plus en plus souvent visite à Aelita, ce qui pouvait à la longue devenir dangereux : avec ces absences à répétition, quelqu'un découvrirait leur secret, et là pour le coup, s’en serait terminé.
Alors Xana lança ce qu’il appela la « politique de sécurité virtuelle universelle » qui consistait en trois étapes.
D’abord, il offrit un cadeau aux étrangers. Un jour qu’ils venaient à l’usine parler à Aelita, Xana mit en évidence dans le supercalculateur le programme permettant une communication directe avec Aelita. C’était tout calculé : Jérémie avait un ordinateur portatif, il trouverait le programme, l’enverrait à son ordinateur et pourrait discuter avec Aelita depuis son lieu de vie. On n’est jamais trop prudent, Xana ne devait pas prendre de risque.
Ensuite, il envoya quatre attaques à forte démolition sur la terre (un retour vers le passé devait être déclenché à chaque fois) : d’abord, une tornade électrique. Elle était très dangereuse, mais elle n’eut aucun effet sur les gamins puisque Xana ne pouvait trop approcher l’usine. Le retour vers le passé fut déclenché en moins de deux ; le bâtiment des sciences avait été entièrement ravagé, mais la procédure d’évacuation avait été si bien exercée que personne n’avait été blessé. Il y eut bien quelques effets secondaires : les enfants avaient aménagée l’usine avec des cordes et les égouts pour y accéder avec une trottinette et des planches à roues, histoire d’aller plus vite à l’usine ; et il fut convenu qu’à chaque attaque de ce genre, quelqu'un resterait au collège pour protéger la population pendant que les autres iraient se battre sur lyoko, mais dans l’ensemble, Xana était satisfait : son nouveau monstre, le Krabe, un monstre qui se devait être à la fois rapide et efficace, était prêt. Il en testa l’efficacité avec la deuxième attaque : il prit possession des tuyaux dans les murs du collège pour, en les manoeuvrant, faire trembler le collège assez fort pour que les étages tombent sur les enfants. Odd et Yumi arrivèrent sur lyoko tandis qu’Ulrich restait pour aider les retardataires à gagner un endroit sur où ils attendirent que ça se passe. De leur côté, les krabes s’avéraient relativement puissants. A peine arrivé, Odd n’avait déjà plus que dix points de vie. Il réussit tout de même à en détruire un, et une diversion de Yumi sur l’autre permit à Aelita de désactiver la tour, et le retour vers le passé se fit. Les deux attaques suivantes ne furent guère plus brillantes, mais elles lui permirent de réaliser son ultime invention : le mégatank, une sphère renfermant un émetteur de laser blindée, sauf à l’intérieur, où la texture était visqueuse et métallique au milieu. La défense optimale de Lyoko était atteinte.
Pour finir, il lança une dernière attaque pour tester l’efficacité de ses monstres. Ce qu’il fit : un incendie ravagea le collège. Le mégatank, les deux krabes et les cinq Kankrelats leur avaient donné du fil à retordre. Ils réussirent toutefois, mais Lyoko était à présent assez bien défendu, l’important maintenant était de détruire les enfants.
Il devait en savoir plus. Pour un programme, il faut toujours en savoir plus. Bon, Aelita ne savait rien non plus sur le monde humain. Jérémie allait sûrement tout lui expliquer, alors, toutes les nuits, comme Jérémie parlait à Aelita, il les observait, et il écoutait. Cela dura plus d’une semaine. Ils parlèrent d’abord de physique, d’informatique ; ce que Xana connaissait déjà. Ils parlèrent du monde humain, de ses rituels, de ses mœurs, des bâtiments, et des institutions ; Xana comprenait, et il apprenait. Ils parlèrent de la vie en général, de leur journée, de l’école, des notes ; et il comprenait. Puis ils parlèrent d’amitié et enfin, d’amour ; Xana ne comprenait plus. Ils se disaient ouvertement qu’ils s’aimaient, ils ne disaient rien d’autre. Aelita comprenait, elle, comment faisait elle, elle ne se souvenait plus de l’époque où elle était la fille du créateur. Elle « l’aimait » aussi, comment faisait elle ? Elle était peut être plus humaine qu’il ne l’imaginait… Puis Jérémie émit une remarque, un jour, très pertinente, trop pertinente pour Xana pour qui ça commençait à sentir le roussi. Il n’avait pas tort, si les scanographes marchaient dans un sens, ils marcheraient forcément dans l’autre. Aelita serait matérialisée, et finie, la partie. C’était, certes, une manœuvre assez compliquée : il fallait en effet défragmenter la matrice inertielle, mais pas seulement, il fallait également recompiler toutes les corrélations ADN, et encore, rien ne permettrait d’affirmer que ça n’aurait pas d’effet secondaire, il faudrait le tester. Mais Jérémie était un génie, il trouverait, comme le créateur avait trouvé avant… A ce moment là, il faudrait se tenir prêt, il faudrait tout de même l’empêcher de se séparer entièrement du programme clé du supercalculateur, c'est-à-dire Xana. Il faudrait élaborer un virus, quelque chose qu’il lui inoculerait sitôt que Jérémie lancerait la procédure de matérialisation. Il avait bien son idée, mais il manquait de puissance.
Chapitre quatre : de l’élaboration du virus à l’aménagement d’un piège
Il devait faire vite ; et quoi de mieux qu’un ordinateur pour réfléchir vite ?
Tout comma les humains élaboraient, aux dires de certaines histoires racontées pas des livres ou des films humains, un plan A et un plan B, Xana organisa un plan à double but ; d’abord éliminer les enfants responsables de la prolongation de ses échecs. Si par malheur ça ne marchait pas, si par malheur les enfants triomphaient, ce ne serait pas grave ; les retours vers le passé lui feraient gagner assez de puissance pour créer son virus, ET ferait perdre du temps à Jérémie dans la création du programme de matérialisation. Tout y passa, il prit possession d’un ours en peluche, il tenta de faire sauter une centrale nucléaire, il tenta de rendre les murs dangereusement électriques de façon à électrocuter tout le monde, il répandit du gaz toxique dans le collège, il envoya un bus à pleine vitesse dans la nature, il alla même jusqu’à pirater internet. Bulldozers, création de fausse Yumi matérialisée, marionnette ou satellite, rien n’y fit, les enfants triomphaient toujours. Mais Xana gagnait de la puissance, tant et si bien qu’il avait maintenant un champ d’action plus vaste. Mais il y eut un jour où il a bien failli y passer ; une nouvelle élève fit irruption au collège, elle ressemblait comme deux gouttes d’eau à Aelita- et il faut dire qu’il s’y serait lui-même trompé s’il ne savait à ce moment là où était cette dernière. Ces abrutis avaient failli le débrancher, ils avaient même failli, en montrant l’ordinateur géant à la fillette, faire tomber le voile du secret de l’usine. Et cela n’avait que trop prouvé à Xana qu’il devait se hâter.
Maintenant, Xana pouvait posséder les animaux : il posséda les rats, les frelons, même Kiwi, le chien d’Odd, il le posséda, cherchant à faire consigner les quatre étudiants, de là, il pouvait les assassiner froidement. Mais il échoua une fois de plus. Toutefois, le virus était prêt, il n’y avait plus qu’à attendre le moment propice, la matérialisation d’Aelita.
Xana avait maintenant une bonne idée : il allait peut être pouvoir découvrir ce que cachait vraiment la mémoire d’Aelita. Il allait l’attirer chez lui, dans son territoire, et y cacher un monstre capable de la lui voler. Bon… Son territoire, c’était le néant total. Ca allait nécessiter un paquet de Bits quantiques, mais ça valait le coup. Il devait aménager la sphère à l’intérieur, créer quelques monstres surpuissants et ce monstre optimal qui devait voler la mémoire d’Aelita.
Pour ce faire, il allait tester beaucoup d’attaques. Toujours et inlassablement, il échouait. Il échouerait toujours. Pourtant, le grand concepteur sait combien il eut de bonnes occasions : un jour, Jérémie voulut personnellement aller sur Lyoko. Bien sur, il avait échoué parce qu’il n’y avait plus personne pour s’occuper du supercalculateur. Pourtant, ils réussirent quand même. Il y eut aussi cette fois où il avait réussi parfaitement à recréer le monde humain. Il y avait envoyé les amis de Jérémie. Au milieu de ses programmes destructeurs, ils étaient cuits. Mais toujours, il ne comprenait pas le sentiment humain. Ca l’agaçait. Une demi douzaine d’attaques plus tard, c’était le grand jour. Ca y est, Xana n’avait pas pu l’empêcher, Jérémie avait trouvé. Ces andouilles d’humains, il fallait qu’ils stockent n’importe quel type de données sur le même support. Cela inquiéta Xana, au moment même où Jérémie quittait la chambre après s’être trompé de disque compact, il lança une attaque. Son avancée scientifique récente lui avait appris deux nouvelles choses. Il pouvait créer l’enveloppe charnelle de ses monstres (seulement les kankrelats ou les frôlions, les autres étaient trop grandes pour les scanographes), et à créer un nouveau monstre, qu’il baptiserait le tarentuloïde –il avait beaucoup appris sur la faune terrestre-. Il activa une tour, il plaçait son virus dans une des tours, celle qu’utiliserait Aelita, et c’était bon, il n’y avait plus qu’à attendre.
Bon, voila, ils faisaient connaissance, parfait. Ils ne se doutaient de rien. Jim le surveillant avait pris conscience de l’existence de l’ordinateur géant, ce n’était pas grave. Il mourrait avec les autres. Et puis, le cas échéant, le retour vers le passé arrangerait les choses. Xana laissait les choses se faire. Il s’en moquait un peu. Il créait son nouveau monstre. Il avait presque fini l’aménagement de Carthage.
Chapitre cinq : le plan
Lorsqu’il sortit de son état créatif, Xana constata avec horreur qu’une sphère blanche enveloppait Lyoko. Il échouait une fois de plus.
Tant pis. Voilà, l’aménagement de Carthage était achevé, il pouvait amorcer son plan. Il fallait tester la tarentule….. Elle les tuait tous, un sans faute. Il fallait attiser leur curiosité. Il leur montra la maison du concepteur. Ca y est, sa dernière attaque finie, il pouvait le leur montrer. Ce qui fut dit fut fait. Mais la méduse n’était pas assez rapide. Attaque après attaque, elle s’approchait du but. Mais la dernière attaque était trop ambitieuse, Ulrich l’avait détruite.
Pourtant, il avait tout prévu, un monstre adapté, une attaque imprévisible, une assurance maintenant que le programme Xana pouvait sortir du supercalculateur par le biais d’une petite centaine de clefs USB……
IL réfléchissait, comme réfléchit un ordinateur. Qu’est ce que pouvaient avoir ces humains de si exceptionnel pour résister physiquement et psychologiquement à ses attaques ? Qu’est ce qui pouvait être assez fort pour obtenir cet acharnement, ce courage qui était la cause de ses échecs ? Car, et il le savait, si ça marchait avec eux, ça pouvait lui servir. Les sentiments ? Ca, il n’en doutait pas, mais au fond, pour un programme, c’était quoi le sentiment ?
Et Xana réfléchissait à pleines batteries. Il réfléchissait à tout ce dont il se souvenait maintenant, ce qui était encore sur la ram maintenant qu’il se l’était remémoré. Il ouvrait des fichiers à la vitesse du son, les analysait à la vitesse de la lumière. Quelqu'un écoutant dans sa mémoire aurait entendu une cacophonie de sons sans aucun sens enchevêtrés les uns dans les autres. Tous leurs dialogues, toutes leurs statures, leurs rougissements. Puis, il s’arrêta soudain sur une scène qu’il repassa à la vitesse du son un demi milliard de fois. « Je t’aime, Jérémie. » Jérémie rougissait. Et il se remit à réfléchir, mais cette fois ci, une phrase nette revenait souvent : je t’aime.
Ca y était, c’était le déclic ; ça lui apparaissait maintenant comme une évidence, toute la subtilité de l’amitié, de l’amour, de la compassion, il la comprenait, à présent. Cette subtilité de rougissement, de battements de cœur, de neurones en folie… Plus rien ne lui échappait.
Et ça l’aidait. Ca l’aidait même beaucoup. Il avait son plan. Ca lui coûterait de l’énergie mais il avait son plan. Ces sales gamins allaient le regretter, ils paieraient pour lui avoir si longtemps tenu tête. Il allait les briser, s’en serait terminé….

FIN

Gavroche
18/10/05 à 19:56
Superbe ! C'est vraiment bien réalisé, cette évolution de la "psychologie" de XANA. Encore une bonne idée bien traitée.

Lady-Sophie
19/10/05 à 16:16
Geniales tes histoires ....

Faut pas désespéré comme ca !!!! J'avais deja lu ta premiere fic une fois, mais j'avais pas mis de coms pourtant je l'avais trouvé bien !!!!!! Tout le monde n'en laisse pas tu sais ...

Pour le reste je suis tout a fait d'accord avec Gavroche ...

Aller contiune, on attends la suite ....

L'anonyme
10/01/06 à 18:47
J'avais abandonné depuis quelque temps, mais j'ai repris. Donc voici la suite (NB: le début étant déja sur le site, vous (les modérateurs et administrateurs) pouvez toujours y mettre la suite)

Les chroniques du monde virtuel
EPISODE 3
La guerre virtuelle

Chapitre un : Eh oui, on est mardi
«Eh bé!». Telles furent les premières paroles de Jérémie qui, visiblement, au saut du lit, ne se réjouissait pas de commencer une « nouvelle » journée au collège. Il était huit heures du matin, l’heure d’aller prendre le petit déjeuner.
« Et dire qu’on n’est que mardi ! Lança Odd.
-Ouais… ».
Aujourd’hui, c’était du bacon. Jérémie en avait assez du bacon : peu salé, pas bien préparé… Le petit déjeuner pourri dans toute sa splendeur. Encore Sissi viendrait, encore Ulrich lui rétorquerait qu’il ne sortirait pas avec elle avant même qu’elle ait dit un mot. Encore Yumi serait contente…. Et encore William viendrait faire la cour à Yumi, et encore Ulrich serait outré. Une fois de plus il aurait envie de lui en coller une.
Lorsque cela arriva, Odd se tordit de rire : c’était si prévisible, et même plus que quiconque pourrait l’imaginer. Après tout, n’avait il pas déjà vécu cette journée ?
En cours de Chimie, Odd n’écoutait pas. Mme Hertz se retourna.
« Odd, qu’est ce que j’ai dit ?
-Ben vous avez dit tres exactement que la parthénogenèse était une forme de reproduction minoritaire pratiquée par des êtres vivants qui se reproduisent, faute d’autre moyen, sans besoin de partenaire. Ensuite, vous vous êtes tourné vers le tableau, et vous avez écrit une équation. De là, vous vous êtes violemment retournée vers moi et vous m’avez demandé ce que vous aviez dit !
-Eh bien… C’est tout à fait ça, Odd. »
Oui, c’était tout à fait ça, une fois de plus. Et pour cause, on était mardi….. Pour la dix neuvième fois ! Xana s’était bien défoulé ces temps ci, il n’avait jamais été aussi fulgurant dans toute sa carrière. L’heure de la récréation sonna.
« Eh bien, Xana nous gâte ces temps ci
-Il veut peut être nous avoir à l’usure, je ne supporterai pas un cours d’Italien de plus.
-Je pense plutôt qu’il prépare un coup. Destruction par ci, blessés par là, encore vous interveniez à temps, mais avec les retours vers le passé qu’on a fait….
-Il devient toujours plus puissant… Il peut déjà nous apparaître sous forme humaine, que veut il de plus ?
-Là, par contre…
-Quoi ?
- Eh bien, ce n’était pas Xana. Je l’ai bien analysé grâce aux infos que j’ai pu récupérer dans la base de données, il s’avèrerait que c’est un nouveau monstre.
-Un nouveau monstre ? Mais c’est la fin des haricots, ça !!
-Hm. Non. Il doit être unique, comme l’était la méduse, ça fait longtemps qu’on ne l’a plus vue. Depuis qu’Ulrich l’a détruite. Le vieillard doit être moins vulnérable. En tout cas, c’est pas gagné. »
Ils en restèrent là. Ils étaient las, ils attendaient que la journée se passe tranquillement. Et elle se passa tranquillement. Le soir, Jérémie était heureux, enfin une nouvelle journée, cela faisait longtemps. Il s’assoupit.
Au bâtiment des sciences, cela n’était pas tres gai. Tout était prêt pour la très coûteuse prochaine attaque de Xana. Cette fois ci, il avait tout prévu. Ca devait marcher, ça allait marcher. Ils n’allaient soupçonner que trop tard ce qui sera en train de leur arriver, juste à temps cependant pour réaliser la souffrance qu’occasionne l’affront de l’être suprême que Xana voyait en lui-même. Il leur avait laissé passer enfin cet interminable Mardi. Mais Jeudi, Jeudi serait le jour le plus long. Et ce sans retour vers le passé, oh ça, ils le sentiraient passer.
Chapitre deux : la bataille du désert
Rien de bien particulier ne se produisit au collège ce Mercredi là. C’étaient tout de même navrant, pensaient nos héros : on venait de quitter un Mardi interminable, et pourtant les faits de ce jour là étaient aussi prévisibles que la veille. Ce n’était vraiment pas une vie. Il ne fallait cependant pas trop se morfondre, il fallait être à l’affût de la moindre attaque de Xana, si il frappait, il frapperait fort, c’est certain, il avait dû en gagner de la puissance, ces derniers jours. Il fallait toujours être prêt. Cependant, comme énoncé ci-dessus, rien de bien anormal ne se produisit en dehors des niaiseries habituelles (le cours de physique, Yumi William Ulrich…) et la recherche de l’antivirus motivée par le décryptage du journal de Franz Hopper en quête de connaissance -eh oui, il était fort probable qu’il soit mort, mais peut être était il vivant, alors, il faudrait le retrouver, il pourrait d’un claquement de doigts faire pencher la situation en leur faveur- mais même cela n’avait avancé à rien, où pratiquement. Il y avait quand même un avantage vis-à-vis de ces dix neuf derniers jours : Jérémie avançait, il avançait et se rapprochait du but, mais cela s’avérait quand même plus ardu que la matérialisation d’Aelita, difficulté cependant atténué par le gain progressif d’expérience de Jérémie qui travaillait toujours aussi ardemment, ce qui inquiétait sérieusement Xana : il était à court d’idée pour stopper le débranchement. Il n’y aurait pas forcément quelqu'un pour l’escorter ailleurs à ce moment là. Et même, les enfants étaient avertis, ils allaient prendre leurs précautions. Il fallait agir vite.
Dans la salle du supercalculateur l’écran s’agitait, les données fusaient, les programmes des monstres se déplaçaient d’un bout à l’autre de l’écran à la vitesse de l’éclair, l’œil de Xana apparaissait en fond d’écran ; et sur Lyoko, la terre se mit à trembler, les pulsations étaient plus fortes que jamais. Dans le désert, une tour s’activait. Des bruits. Beaucoup de bruits soudain se faisaient entendre, ce n’étaient pas des pulsations, c’étaient des pas, beaucoup de pas. Xana était prêt.

C’était un jeudi matin au collège Kadic. Les élèves s’agitaient en tous sens ; c’était l’usage avant un contrôle de biologie avec Madame Hertz. Il y avait deux groupes : ceux qui entraient et ceux qui se risquaient à l’intérieur. C’était la même chose apparemment mais cela représentait une grande nuance pour les élèves : prenons Jérémie : il entrait, fièrement ; il avait appris sa leçon (en fait, il la savait déjà avant). Maintenant, prenons Odd : il se risquait à l’intérieur: il n’avait pas réussi à faire passer cet admirable note contenant le savoir absolu qui aurait pu lui permettre de franchir la barre de la fainéantise suprême. Non pas que cela déplaise à Odd, lui qui savait si bien plier la copie, mais cela déplairait à ses parents, et honnêtement, il n’avait pas envie de redoubler. Il ne faut cependant pas s’inquiéter pour cet habile personnage : il y eut tellement de retours vers le passé qu’il les avait, ses bonnes notes indispensables ; ce qui avait pour mérite de décontenancer les sinistres fonctionnaires qui ne comprendraient jamais son cas.
Ensuite, il y avait ceux qui sortaient et ceux qui se risquaient dehors. C’était la même chose apparemment mais cela représentait une grande nuance pour les élèves : prenons Odd : il sortait, sûr de son zéro imminent, il sortait fièrement, c’était la récréation. Maintenant, prenons Jérémie : il se risquait dehors : comme tous les intellectuels, il était incertain. Allait il avoir une bonne note ? Bien que cela fût évident, il en doutait. Il se risquait : mince, c’est déjà la récréation, il n’avait pas eu le temps de peaufiner sa copie. C’était ainsi au collège. On pouvait vraiment parler de routine en ces moments là. Cependant, il y avait cinq exceptions : cinq élèves qui étaient tantôt élèves, tantôt héros, les Lyokonautes. Ces cinq adolescents vivaient sous la menace de Xana ; et justement, c’était l’heure pour Jérémie de vérifier si il n’y avait pas de tour activée…
« Xana est passé à l’attaque !!
-Qu’est ce que c’est, cette fois ?
-Je n’en sais rien mais c’est sûrement rien de bon
-On devrait aller voir sur Lyoko !
-Non, attendez, vous vous souvenez la fois où vous êtes restés coincés comme l’était Aelita ?
-Ouais, mais tu l’as pas réparé depuis lors, Einstein, non ?
-Je peux pas, Xana a un contrôle total sur cette partie du Supercalculateur.
-Alors on attend ? Yumi était anxieuse
-Ah non, pas envie de refaire dix huit mille six cent soixante dix sept fois la même grenouille de papier !!
-Bah, tu pourras avoir une meilleure note comme ça ! »
Ulrich avait parlé. Ils attendraient.
Toutefois, ils restaient à l’affût du moindre comportement étrange, du moindre animal, de la moindre fissure et du moindre nuage.
Mais les festivités ne commencèrent que vers treize heures, lorsque Xana envoya cinq spectres par le biais de prises électriques disséminées dans le collège. Ils y étaient maintenant habitués, aux possessions de Xana. A présent, ils s’arrangeaient pour les coincer quelque part avant d’aller à l’usine, au lieu de les fuir perpétuellement. Seulement voilà, Xana aussi avait son petit truc : les élèves possédés alertaient toute la mutinerie lorsque les Lyokonautes quittaient le collège, c’est pourquoi il fallait être à l’affût en ces moments là. Bon, cette fois ci, les cinq victimes étaient les inconnus au bataillon du fond de la classe, ceux que l’on ne remarque jamais ; et pour cause, ils étaient en cinquième, la classe la plus insignifiante. Xana avait été idiot, ce jour là, il s’était laissé piéger tout de suite. En quelques secondes, ils avaient déjà été semés et coincés dans le labyrinthe forestier des environs. Il est inutile de dire qu’en connaissance de cause, ces irréductibles sauveteurs de l’univers avaient trouvé un superbe chemin dans les bois pour semer les possédés : même Xana ne s’y retrouvait pas.
Ceci dit, c’était pas gagné non plus, il fallait encore trouver la tour et la désactiver, et ces temps ci, c’était pas l’énergie qui lui manquait, à Xana, ses batteries avaient été rechargées quelques semaines auparavant.
Enfin bref, Jérémie et sa petite troupe de combattants numériques étaient arrivée à l’usine, et personne ne les y avait suivis ; ils avaient de la chance, apparemment.
C’était vraiment devenu une routine à présent : plus besoin de parler, chacun savait ce qu’il avait à faire, et chacun le faisait. Mais, depuis que ce vieil homme leur était apparu, ils avaient une certaine appréhension avant d’entrer dans Lyoko : Xana était de plus en plus puissant, il envoyait de plus en plus de monstres. Ils n’avaient vu le vieil homme qu’une seule fois, mais ça les avait marqués.
Ils se souvenaient bien du jour où Aelita, poursuivie par des loups, s’était trouvée nez à nez avec ce grand homme d’age mûr qui avait réussi à leur faire croire qu’il était Xana. Bien que venant de Lyoko également, il ne ressemblait pas à Aelita. Il n’avait, maintenant qu’ils y pensaient, rien d’humain.
Ils arrivaient sur Lyoko. Ils n’étaient pas loin de la tour ; il n’y avait rien ni personne. C’était étonnant de la part de Xana. La tour était là, cette immuable lueur rouge qui l’entourait également. Visiblement, ça allait être facile.
Ils se trompaient. Un grand vrombissement se fit entendre, comme si Lyoko tremblait sur ses fondations et allait s’écraser dans la mer numérique. Un sentiment de malaise s’instaura. Le bruit se rapprocha, on put distinguer de quoi il s’agissait : c’étaient des bruits de pas masqués par la rotation d’énormes sphères. Un cercle noir mouvant apparut à l’horizon. Ils en étaient le centre. Ils étaient très loin de la mer numérique. Des formes apparaissaient et sortaient du sol.
« Jérémie….. Prépare les véhicules »
Yumi avait raison, ils en auraient besoin. Car ils étaient attaqués. C’était la guerre. Et tandis qu’à leur tête le vieil homme avançait, une horde de monstres s’abattait sur le désert.
La bataille du désert commençait.
Chapitre trois : Xana
Ca y est, l’armée était là, et on pouvait en distinguer les rouages : trois lignes de Kankrelats, une ligne de mégatanks, une dizaine de tarentules réparties entre les krabes et les kankrelats,
A l’arrière, des blocks se tenaient prêts. Et au dessus, une vague de frôlions dispersée au dessus des rangs. Ils étaient encerclés.
Et à leur tête, tel un fier général à la tête de ses troupes, le vieil homme se tenait devant ; il avait toujours cette laideur indéfinissable, toujours cet air hautain et cette essence inhumaine. Il ne s’était pas montré depuis l’anecdote des loups ; lui, que l’on avait cru être Xana. Mais le fait que ce ne fût pas lui était pis encore ; si Xana pouvait à présent créer des substituts d’humains, la chute n’en serait que plus dure.
Au lieu d’attaquer avec la hargne qui lui est propre avec sa grande lame de lumière noire, il prit la parole :
« Vous êtes venus ici pour la dernière fois. Je suis las de vous, et…
-Un instant –la voix de Jérémie se fit entendre- assez de faux semblants. Vous n’êtes pas Xana, nous le savons, maintenant, vous n’êtes qu’un programme, et il est inutile de dire je.
-Soit, soit (le vieillard était toujours calme). Le fait est que Xana est las de vous. Il veut vous détruire
-Si vous nous détruisez, comme vous dites, on revient dans le monde réel, clama Yumi
-Nous détruirons Aelita
-vous en avez besoin
-Seulement sa mémoire, il n’en aura alors plus besoin
-C’est idiot, Ulrich avait de la suite dans les idées, Xana sera détruit illico, s’il fait ça. »
Sans doute, le vieillard n’allait pas rire ; un programme ne rit pas. Toutefois, il trouva encore à répondre :
« Qui donc ? »
Il avait raison, la tour, qui était entourée d’un halo rouge, ne brillait plus : elle était éteinte. Et pis encore, les scanners éteignirent également leurs lumières. Jérémie savait qu’il ne lui faudrait qu’une heure ou deux pour tout réactiver, mais ce n’était pas gagné.
Dans les bois, les envoûtés se réveillaient, sans savoir ce qu’ils faisaient là. Certes, ils s’en sortiraient, mais ils ne comprendraient jamais, et ils oublieraient rapidement.
Ainsi, Xana était si puissant ; il pouvait ainsi agir sur Lyoko et le supercalculateur. Il n’allait pas tenter le coup une seconde fois, et cette fois ci, il le faisait car il était rechargé en uranium.
« Ok, on le fera à votre manière, soupira Ulrich »
Chapitre quatre : Que la fête commence
Celui qui ne savait pas à quoi s’en tenir aurait été des plus impressionnés : ils étaient tellement habitués à Lyoko qu’à présent, ce n’était pas une armée de monstres qui leur ferait peur. Ils ne faisaient maintenant qu’un avec leurs véhicules. Leur stratégie, quoique simple et belliqueuse, fonctionnait à merveille : Odd attirait les plus gros vers un coin, pendant qu’Ulrich roulait sur les petits, qu’Aelita créait une bloc rocheux pour regrouper les aériens tandis que Yumi les détruisait. Ainsi, Odd était, au bout d’une minute poursuivi par trois tarentules, six krabes et deux mégatanks. Ulrich suivait son plan : il roulait sur les kankrelats. Mais il était vite submergé, il y en avait tant et tant ! Autre petit problème technique auquel Odd n’avait pas pensé : il n’y avait pas de coin pour coincer les énormes : il étaient encerclés. Yumi, bien qu’aidée par Aelita, avait du mal à regrouper tous les frôlions que Yumi maîtrisait tant bien que mal. Au moins, une chose était sure : Xana n’en créerait pas plus ce jour là.
Odd avait plus d’une corde à son arc, cependant, et découvrit un moyen subtil d’améliorer la situation : le but était d’énerver le général, qui, tel un conquérant fier, se tenait au milieu de ses monstres, sans bouger. La technique, c’était de « chatouiller un mégatank ». Bon, jusque là tout va bien. Mais c’est là que cela se complique : ça l’ennuie, il tire. A partir de ce moment là, il suffit de tourner autour de lui. Il est à ce point du récit nécessaire de rappeler ce qu’est un mégatank : contrairement aux autres monstres qui envoient un tir lumineux sur leur victime, le mégatank, lui, est un destructeur : il envoie une ligne de lumière très concentrée qui s’étend sur plusieurs dizaines de mètres pendant un labs de temps de plus de dix secondes. Alors, imaginez ce que ça donne si le mégatank tourne sur lui-même pendant qu’il rayonne.
Eh oui, c’était la catastrophe : bilan : les trois tarentules, une dizaine de krabes, plusieurs kankrelats et vingt quatre blocks étaient à présent hors service.
Le général, voyant là une erreur logique (oui, si les monstres détruisent leurs équipiers, on ne s’en sort pas) décide de détruire tous les mégatanks.
Il ne lui fallut pas longtemps pour y parvenir : il était si rapide, on ne le voyait presque pas bouger, avec la persistance rétinienne ; et il était si fort, qu’il n’avait même pas besoin de les ouvrir, il pouvait percer la coque. Ensuite, certain de la victoire, sans doute, il retourna à sa position.
Ca faisait déjà une menace en moins. Il y avait maintenant une demi heure qu’ils se battaient.
Il n’y avait presque plus de kankrelats, il restait cinquante krabes, trois tarentules, et une soixantaine de blocks. Les frôlions étaient toujours un très grand nombre, et il demeurait impossible de les compter. Après avoir exterminé ce qui restait de kankrelats, Ulrich pensa au sort des krabes.
« Aelita, un mur à l’arrière, en demi cercle, Odd, avance avec tes flèches, et toi, Yumi… vas y
-Oui, chef
-ok
-très bien »
Le mur en demi cercle prêt, Odd, qui avait entre temps perdu l’overboard, courait comme un fou en projetant ses flèches vers les krabes. Ils reculaient. Yumi, elle, savait parfaitement ce qu’elle avait à faire : un éventail vers la gauche, un vers la droite, et c’en était fini des krabes aux extrémités. Le plan avait marché, on avait maintenant trente krabes acculés contre le mur ; mur sur lequel Ulrich roula à l’horizontale, maintenant son sabre vers le sol, et le laissant faire une entaille dans la cible de tous les krabes acculés.
Il n’y avait maintenant plus de krabes.
Comme à l’habitude, il ne restait à Odd que dix points de vie, Ulrich, lui en avait vingt, et Yumi quinze. L’overwing avait rendu l’âme dans un dernier assaut aérien, et l’overbike avait laissé des plumes sur la tombe des krabes.
Les blocs avaient beaucoup souffert, mais pas les frôlions ; et ils se préparaient à attaquer. Ce dernier assaut serait fatal.
Mais c’était sans compter Jérémie, qui était enfin parvenu à réactiver les scanographes.
Les Lyokonautes le sentaient… et le vieil homme aussi, visiblement. Tant et si bien qu’il décida d’en finir avec Aelita. Dans un élan fulgurant, il détruisit de qui restait de monstres, et dit.
« Je le ferai donc moi-même »
Cette implacable foudre bleue sortit à nouveau de ses doigts, et Odd disparut. Il en fut de même pour Ulrich.
Yumi lança ses éventails, le vieil homme sortit son sabre, les éventails disparurent. Un instant après, sa tête se détacha de son corps tandis que celui-ci se dévirtualisait. C’était la fin.
Chapitre cinq : un nouveau héros
Le rayon rouge qu’Aelita avait déjà senti pénétrer en elle reliait à nouveau sa tête à la sienne, et sa mémoire allait passer à Xana si personne ne l’arrêtait. Mais il n’y avait personne.
Et tandis que Yumi, Odd et Ulrich sortaient péniblement des scanographes, les cinq élèves égarés dans les bois retournaient au collège. On leur demanda ce qui s’était passé, ils n’en savaient rien.
Naturellement, ils furent punis. Ils ne s’en rappelèrent plus, à terme. Le compte à rebours continuait ; bientôt, la mémoire d’Aelita serait définitivement perdue. Jérémie, impuissant, le savait.
On imagine souvent que la dernière pensée d’un mourant rend hommage à sa vie passée. Aelita, elle pensait à ce mystérieux Franz Hopper, dont elle avait récemment appris être la fille. Elle se demandait encore pour quelle obscure raison on n’avait plus entendu parler de lui. Elle aurait voulu le connaître. Pourquoi l’avait elle oublié ? Elle aurait voulu le savoir. Elle voyait ce grand homme, à peine humain, qui ne la lâcherait pas. Elle était paralysée ; elle ne pouvait rien faire.
Jérémie se morfondait. Il essayait vainement d’entrer deux ou trois commandes ici et là… Lorsque la carte s’afficha et qu’un point bleu la survola à une vitesse phénoménale. Et tandis que Jérémie était abasourdi, sur Lyoko, une intense lumière bleue vint rompre le lien, il s’en était fallu de peu ; Aelita allait bien.
Ce n’était pas une lumière, c’était un garçon.
C’était Mr Pück, trait pour trait. Le même garçon aux cheveux châtain, à la tunique bleue et au bonnet violet. Un pantin venait à la rescousse d’une fillette aux cheveux roses ; c’est à peine croyable. Mais nous sommes sur Lyoko, le pantin est un garçon, et la fille, c’est Aelita.
Ainsi, dans un élan de bravoure presque surhumain, le garçon s’élança avec son épée sur cet horrible bonhomme au visage à présent tordu par la haine et paraissant plus grand que jamais. Une joute digne des récits médiévaux opposa alors les deux antagonistes. Aelita, qui n’avait rien d’autre à faire à ce moment précis, transmettait un visuel à Jérémie qui n’en croyait pas ses yeux.
Ils bougeaient aussi vite l’un que l’autre ; se surpassant tour à tour, lorsque le vieillard réussit à désarmer son adversaire, et, triomphant, s’avança sur lui.
Mr Pück tendit la main vers son épée pourtant à trois mètres de lui. Le vieillard était là, prêt à lui enfoncer le sabre dans le cœur. Soudain, l’épée argentée du petit bonhomme bougea et se mit à léviter en direction de Pück.
Personne ne vit rien de ce qui se passa ensuite. Mais une demi seconde plus tard, le sabre enfoncé dans le sol, cet horrible octogénaire était transpercé de l’épée argentée de Mr Pück.
Aelita fonça vers la tour enfin réactivée, et l’on entra le code terre.
Le vieux murmura alors au jeune
« Bien joué…. J’ai… j’ai perdu ».
Il disparût.
Epilogue
Dans la salle du supercalculateur, les Lyokonautes se remettaient de cette dernière attaque. Pour l’heure, ils devaient retourner au collège, mais le lendemain, il faudrait qu’ils sachent qui était ce garçon et d’où il venait. Certainement, il n’allait pas bouger ; il s’assit devant la tour ; et Jérémie avait entré une commande qui lui permettrait de le localiser où qu’il soit, maintenant qu’il avait ses données accessibles sur le supercalculateur. Il était souhaitable qu’il ne fût pas emprisonné par un gardien.
Xana était de plus en plus puissant, et ils ne seraient pas trop de six pour l’affronter.

FIN
La suite ne sera pas dans longtemps; le temps de la corriger et de l'améliorer

Gavroche
10/01/06 à 20:07
Tu racontes l'histoire très librement, ça permet d'influencer le lecteur et c'est agréable à lire. En fait, tu n'es pas un "narrateur" mais plutôt un "raconteur", ça te donne plus de libertés pour écrire et c'est pas mal du tout.
L'histoire en elle-même est intéressante jusqu'au bout, on se demande ce qui rend XANA si sûr de lui, on assiste avec inquiétude à la bataille titanesque et même à la fin, on continue à se poser une question.

C'est une bonne chose que tu aies recommencé à écrire, y a plus qu'à attendre la suite !

L'anonyme
28/01/06 à 23:11
Juste une petite transition entre la première partie et la deuxième partie du récit. Note aux administrateurs et aux modérateurs: on peut la mettre sur le site, comme la précédente.

Les chroniques du monde virtuel

EPISODE 4

L’épreuve

Chapitre un : poursuite
Ah, enfin l’heure de réveiller arrivait : on allait enfin savoir qui était ce mystérieux petit garçon elfique qui avait sauvé Aelita la veille. En mangeant une large bouchée de bacon demanda enfin tout haut ce que chacun pensait tout bas :
« Au fait, Einstein, pourquoi on a pas fait ça hier ?
-Ben, tout simplement parce qu’il était dix heures ; et qu’on aurait eu besoin de plusieurs heures. Aujourd’hui, c’est Mercredi et on a pas cours l’après midi.
-Mais admettons qu’on ne le retrouve pas…
-Avec le programme que j’ai lancé, si on le trouve pas, c’est qu’il se cache de nous ou qu’il a été détruit, ce qui est peu probable, au vu de sa puissance. S’il se cache, c’est qu’on a rien à en tirer, et qu’on saura ce qu’il faut savoir le moment venu.
-On l’aurait retenu….
-Il vous aurait dévirtualisé. »
C’était plus clair ainsi. Les quelques heures de cours de la matinée passèrent rapidement.
Après un repas relativement copieux, direction l’usine ; c’était l’enthousiasme général. Il faut dire tout de même que c’était intriguant de voir arriver monsieur Pück sur le champ de bataille pour massacrer la plus grande aberration de Xana.
Une petite exécution, et en un tour de main, le point jaune représentant le mystérieux personnage apparaissait comme une évidence sur le territoire de la forêt.
Le problème également apparaissait comme une évidence
« Jérémie, qu’est ce que…
-Deux mégatanks, Aelita. Si son statut vis-à-vis de Lyoko est le même que celui d’Aelita, on a du souci à se faire. Vous allez plonger. »
Sitôt dit, sitôt fait ; et une minute plus tard, ils étaient sur Lyoko ; non loin d’un spectacle peu commode : le lutin violet de la veille courait à une vitesse phénoménale ; poursuivi par deux mégatanks. Il faut dire qu’ils n’avaient encore jamais vu cela, mais on aurait pu le deviner, les mégatanks sont très rapides eux aussi. C’est logique : contrairement aux autres monstres, ils n’ont qu’à rouler. Et de temps à autre, ils tiraient une salve d’énergie, manquant toujours de peu le fuyard qui esquivait ; puis la poursuite reprenait.
Les Lyokonautes firent alors ce qu’ils avaient à faire : ils coururent après les mégatanks.
« Super sprint !!
-Jérémie, envoie les véhicules !
-Attends… voila, c’est fait ».
C’était incroyable : même avec les véhicules ; ils ne parvenaient toujours pas à rattraper le fuyard et ses poursuivants. La poursuite continua donc…. Jusqu’à ce que cela se gâte : une impasse. Il aurait été logique à ce moment là que cet étrange personnage les détruise d’un coup d’épée ; mais il n’en fit rien. Il ne fit qu’éviter les rayons ; se rapprochant toujours plus de la mer numérique.
Heureusement, Odd, Ulrich et Yumi étaient là pour sauver la mise ; et la bonne vieille méthode fonctionna à merveille : les mégatanks avaient un mal fou à conserver leur équilibre lorsqu’ils tiraient : et, n’étant pas très intelligents, il était aisé de les faire basculer dans la mer numérique.
Ce fut fait ; et pour la première fois, le garçon parla :
« M..Merci !
-Pas de quoi »
Chapitre deux : fraternité
Après une longue randonnée dans le territoire de la forêt, ils trouvèrent une tour. Comme de coutume, Aelita fut matérialisée ; et les autres Lyokonautes dévirtualisés.
De retour dans la salle de l’holomap, l’interface qui avait jadis servi à communiquer visuellement avec Aelita fut activée ; et le visage de Monsieur Pück se fit voir.
« Racontez nous tout, s’il vous plait. Dit Jérémie
-Je… je ne sais pas grand-chose, répondit il, c’est incroyable, mais j’ai l’impression de ne pas avoir de passé !
-Enfin, vous devez bien savoir qui vous êtes, et d’où vous venez
-Qui je suis, je ne sais pas vraiment ; de reste, je viens de la grande sphère entourée de tuyaux énergétiques.
-Le cinquième territoire… que faisiez vous là bas ?
-J’étais prisonnier. Je me suis évadé.
-Que s’est il passé là bas ?
-Rien, j’étais juste prisonnier : là bas, on m’appelait : humanoïde alpha.
-Que savez vous de l’endroit où on est ?
-Tout, ou presque : je sais que c’est un monde artificiel simulé par un ordinateur quantique et dirigé par Xana.
-Bon, je pense que nous vous devons quelques explications : en fait, nous sommes…
-Des enfants qui combattent Xana et l’empêchent de parvenir à son but ultime. De là où j’étais, j’ai tout vu, je suivais toutes les attaques que Xana a lancé contre vous ; il m’a dit que vous n’avez rien empêché et que tout était prévu depuis le départ. Il m’a dit qu’il cherchait à se procurer la mémoire d’Aelita… Il n’a pas voulu me dire pourquoi.
-Xana vous a expliqué ? Vous avez vu Xana ?
- Il venait souvent me voir… Où plutôt… Il me faisait venir à lui.
-A quoi il ressemblait ?
-Difficile à dire, strictement indescriptible.
-Comment avez-vous fui ?
-Pour cela, c’est vous que je dois remercier : votre dernière visite à causé une modification de la zone où j’étais incarcéré, désactivant la barrière magnétique qui me retenait.
-Hum… je vois. Vous parliez…
-Pourquoi chercher à me vouvoyer ? Je ne l’étais pas, là bas.
-Comme tu voudras. Tu parlais de son « but ultime »… Quel est il ?
-Il ne me l’a pas dit ; pourquoi l’aurait il fait ?
-Heu… ben… Autre chose ?
-Oui, ça risque de vous étonner ; mais il paraît que je suis le fils du programmeur.
-Franz Hopper… Tu serais donc le frère d’Aelita ???
Chapitre trois : Doutes
L’interrogatoire dura une demi heure de plus mais ils n’en tirèrent rien. C’était inouï, tout de même : Ils n’avaient jamais détecté de prisonnier du cinquième territoire ; et pourtant, il y en avait un, un enfant de leur âge à peu près, qui était le frère d’Aelita ! Elle qui avait été si perturbée d’apprendre son lien de parenté avec Franz Hopper, dont on ignorait toujours pourquoi et comment il avait disparu.
Cette découverte plus qu’inattendue suscitant bien évidemment des questions, le groupe se concerta afin de savoir ce qu’ils allaient faire.
« Bon, on va en trouver encore beaucoup des gens sur Lyoko ? Odd avait toujours je mot pour rire.
-La question la plus essentielle est : on fait quoi ? répliqua Yumi.
-Ben, quelle question, on le matérialise : on ne va pas le laisser courir tant de dangers sur Lyoko ! s’exclama Ulrich
-Oh, ça, je peux le faire facilement, mais je ne sais pas si c’est pas encore une ruse de Xana.
-Il pourrait créer un être humain à part entière ?
-Ah, ça non. Du point de vue apparence, évidemment, ce serait parfait, mais il ne comprend pas vraiment le comportement humain. Il a une vision théorique du monde humain.
-Ben là, il avait l’air parfaitement humain !! S’exclama Aelita
-Hum.. Pas sûr, dit Ulrich, soucieux, ce grand déballage n’était pas très réaliste.
-Pourquoi aurait il agi autrement ?
-Ben, à ses dires, il était prisonnier. Après un emprisonnement, généralement, on est méfiant.
-Pourquoi ? Il ne se souvient de rien, comme moi, alors pourquoi se méfierait il de nous ?
-Ben… Heu…
-Pour moi, l’affaire est simple, il faut le matérialiser.
-Peut être. Je vais bosser sur le programme de matérialisation. En attendant, il faudra essayer de voir s’il est vraiment humain ou si c’est un leurre »
La conversation s’arrêta là. Ils rentrèrent, après avoir dit au revoir à l’humanoïde alpha, au collège.
Chapitre quatre: Son père et son frère
N’importe quel être doué de raison s’interrogerait sur ce genre de cas de figure. Oui, c’était, pour Aelita, un peu fort. Son frère… Pourquoi pas, après tout ? Elle ne se souvient de rien.
En réalité, oui, Aelita voulait savoir. Elle ne conservait aucun souvenir de ce père dont elle ne connaît même pas la personnalité ; et maintenant, il fallait qu’elle eût un frère, sorti d’on ne sait où, prisonnier de ce Xana de malheur.
Parfois, Aelita aurait voulu que son père reste ce professeur du collège et que rien de tout ceci n’ait jamais eu lieu.
Elle ne croyait pas vraiment à cette histoire de nouvelle source d’énergie. Enfin, on ne crée pas un ordinateur quantique comme ça. Et d’abord, ce Waldo Schaeffer et toute son équipe, qu’est elle devenue ?
Si elle avait vraiment été morte, comment et pourquoi donc son frère résidait il aussi sur Lyoko. Non, il y avait autre chose. Il fallait qu’elle tire ça au clair. On avait menti à tout ce monde. Pourquoi ? Comment ? Il fallait qu’elle le sache.
Elle devait aller lui parler. C’était le seul moyen d’être fixé.
Elle se rendit donc à l’usine. Comment ? Eh bien, comme de coutume, elle fit le mur. Bien sûr, elle savait comment on utilisait le supercalculateur. En quelques minutes, elle était face à son présumé frère : il était en état de méditation, comme Aelita, à l’époque où elle était coincée là bas.
« Alpha ? Alpha !
-Oui ?
-Je suis désolée, mais je dois savoir.
-Quoi donc ?
-Tout.
-Je vous ai tout dit. Moi non plus, je ne me souviens de rien.
-Mais pourquoi il veut ma mémoire ? Pourquoi on est là, nous, à quoi il sert, ce fichu ordinateur ?
-mais j’en sais rien, moi ! Il ne parle pas, il me faisait juste venir à lui, et je ne me souviens jamais de ce qui ce passe dans ces moments là.
-Tu sais quand même qu’Hopper….
-Oui, mais je n’en sais pas plus.
-Bon, ben, désolé de t’avoir dérangé.
-Ce n’est rien. C’est bien d’avoir de la compagnie.
-Je ferai tout pour qu’on te sorte de là. »
Chapitre cinq: L’attaque
Le soleil se lève, on est Jeudi. Jusque là tout va bien. Xana était prêt pour une nouvelle attaque. Dans son cinquième territoire ; il avait déjà bien réfléchi : Une petite attaque de rien du tout, pas un bulldozer : il avait déjà dépensé assez de son énergie comme cela.
Allez, qu’est ce qu’on lui réserve, à ce collège ? Une petite possession ? Une petite possession.
Qui donc ? L’assistante du proviseur ? L’assistante du proviseur. Parfait. Ca faisait tout de même des mois qu’il étudiait le collège, il avait fini par comprendre comment le tout fonctionnait.
Ca devenait maintenant une habitude, il n’y avait pas grand-chose à faire pour qu’une tour soit activée, et un spectre envoyé…. Voilà, ça arrivait. Alors, ils sont où, les enfants ? A la cantine, génial. Bon, en piste.

« Qu’y a-t-il, Jérémie ?
-Le Super-scan ! Xana a activé une tour. Qu’est ce qu’il veut encore ?
-Bah, comme d’habitude, on s’en occupe. »

Ils finirent tant bien que mal leur repas, et gagnèrent rapidement la cour. Jim était là, et manifestement, il les attendait.
« Stern, Della Robbia, Ishiyama, Stones ; dans le bureau du proviseur.
-Mais, on a rien fait de mal m’sieur ! s’exclama Odd.
-C’est pas à moi d’en juger. »
Il est évident que cette histoire n’était pas nette, aussi avaient ils un mauvais pressentiment quant à ce qu’ils allaient trouver dans le bureau du proviseur. Et lorsque Jim les laissa avec l’assistante envoûtée, l’heure était surtout à la catastrophe : Xana l’assistante avait réussi à assommer le groupe et à transporter Aelita en dehors du collège, afin de la livrer à Xana.
Il n’y avait plus de méduse, mais Xana trouverait bien autre chose. Et, à moitié endormis et enfermés dans le bureau du proviseur, les Lyokonautes ne pouvaient que se morfondre.
Assommés, ils finirent par s’effondrer totalement.
Chapitre six: Confiance/Méfiance
Le soleil se lève, on est Jeudi. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. Telles furent les premières pensées de Jérémie en se levant ce matin là. Comment un retour vers le passé avait il pu être ainsi déclenché ?
Tout le monde dans le groupe se posait la même question. En fait, le retour vers le passé aurait eu lieu au moment où l’assistante se préparait à mettre Aelita dans le scanographe.
Il n’y avait qu’une explication rationnelle à cela.
« Alpha, est ce que c’est toi qui a lancé le retour vers le passé ? Demanda Jérémie, une fois à l’usine.
-Oui, c’est moi. Aelita était en danger, non ? la tour était tout près de moi, je peux aussi entrer le code.
-C’est logique…. Mais, comment as-tu fait pour lancer le retour vers le passé ?
-Ah, ça c’est très simple, il suffit de faire une manipulation particulière dans la tour pour interagir avec le supercalculateur et exécuter certaines applications.
-Ah… C’est bon à savoir. Merci, merci infiniment »

« Bon, c’est décidé, je pense, dit Ulrich, il est là pour nous aider.
-Et si c’était Xana qui lui avait dit de faire ça ?
-Réfléchis, Jérémie ; répondit Aelita. Un tel raisonnement est impensable de la part de Xana, il ne pense pas à long terme, ça va à l’encontre de sa logique, se contrer lui-même pour remplir un autre but.
- Ouais, d’autant plus qu’il a toujours zéro question sentiments humains, or celui là, on ne fait pas plus humain, s’il se met à nous sauver.
-Hmmmm, vous avez peut être raison. On ne peut se permettre une perte. Il sera mieux dehors que dedans ; il ne me prendra que quelques jours pour créer un programme de matérialisation pour lui. »
Epilogue
Alors, ça y est. C’était décidé.
Xana avait beaucoup appris du monde humain ; et il venait de découvrir un « jeu » très intéressant : les échecs. Il ne comprenait pas encore bien la notion de jeu, de divertissement.
Mais, le fait qu’avec une bonne stratégie, bien que bien des fois perdant, on ne fasse que piéger l’autre dans le but de lui donner le coup de grâce, ça il le comprenait.
Il le comprenait très bien, même.

FIN

Gavroche
29/01/06 à 18:53
Chouette, XANA devient encore plus tordu :mrgreen: !
Ah, ça promet. L'intrigue est intéressante. La progression peut-être un peu rapide, mais au moins ça ne nous laisse pas sur notre faim... Vivement la suite.

L'anonyme
06/02/06 à 22:06
La suite, à l'image de l'épisode 2.


Les chroniques du monde virtuel

EPISODE 5

Souvenirs

Chapitre un : Comme prévu
Il n’était pas facile de se promener dans Carthage : et pour cause, ça bouge tout le temps. Xana peut y créer des objets inutiles, des fausses tours par exemple.
Drôle d’endroit, certes, mais pas sans intérêt. Mais qu’y a-t-il là dedans qui puisse intéresser tant que cela les Lyokonautes ? Eh bien il y a Xana, le vrai, le seul et l’unique.
A priori, Xana ne sait faire qu’une chose : réfléchir. Il réfléchit tout le temps à de nouveaux plans. Enfin… Ca, c’était avant. Là, il le tenait le plan, et ça lui allait très bien.
Le principe était simple : il lui fallait la mémoire d’Aelita. Maintenant… La chose était de piéger ces sales gamins.
Pour l’instant, tout se passait comme prévu. Ah, ça, l’humanoïde alpha, ils l’avaient, certes, mais ils allaient avoir un choc lorsqu’il s’agirait de le matérialiser. Espérons seulement que ça ne les fasse pas douter ; ce serait fâcheux ; pour eux comme pour lui.
Le plan se divise en phases :
Plan A :
Phase première : on applique le plan T.D.L.B.D.L.P.H.A.
Phase deux : mémoire d’Aelita : on pompe encore et encore
Phase trois : Destruction des sales gamins qui essaieraient de venir la sauver
Phase quatre : Ca coule de source

Plan B : Au cas où le plan T.D.L.B.D.L.P.H.A échouerait…
Il fallait réfléchir encore. Bon, pour le moment, tout se passait comme prévu, mais il fallait s’attendre au pire : alors, il faudrait refaire une méduse. C’est le plus simple.
Y aurait il un autre chemin à exploiter, ne serait ce que pour affiner le plan A ?
Comme de coutume, pour trouver une solution, il faut agir par élimination : qu’est ce qui marche et qu’est ce qui ne marche pas.
Le meilleur moyen ? Se souvenir ; il fallait encore chercher dans la mémoire.
Non pas qu’il ne se souvenait de rien, mais il n’a pas « besoin » d’avoir toutes les données à la fois, en temps normal.
Alors. Jusqu’où remonter ? Pas après la découverte du supercalculateur par les Lyokonautes.
Faudrait il remonter jusqu’à la création du supercalculateur ?
Oui, là, Xana serait certain d’avoir en mémoire vive tous les éléments dont il disposait. Recherches sur tout ce qui concerne Franz, Aelita et tout le reste de la famille Hopper.
Le supercalculateur étant un ordinateur quantique, Xana réfléchit vite, très vite. Il réfléchit plus et mieux, également, avec plus de discernement –enfin à présent- que bon nombre d’ordinateurs.
Il faut dire que de la part de celui qui gère Lyoko, on n’en attendait pas moins. Après tout, c’était lui, Xana, le centre, le tout…
Il avait à présent les informations dont il disposait. Cela lui servirait mieux maintenant, puisque de ses dernières réflexions, il avait découvert la clef du comportement humain, ce qui n’était pas peu dire, car d’un point de vue machine, c’est extrêmement illogique.
Il revit alors, plusieurs années après, les premières choses qu’il avait vu.
Et ; tel un hypnotiseur hors de pair, il se plongea dans ses souvenirs.
Chapitre deux : Carthage Project
Xana revit ses premières heures.
Son premier souvenir est celui d’un néant absolu : il s’était allumé pour la première fois sans que Lyoko n’existe vraiment : il était seul, dans ce vide. A ce moment précis, comme l’instinct pousse les jeunes tortues à aller vers la mer, il calcula, et il créa Lyoko ; qu’il vit s’étendre de l’endroit que jamais il ne quittera jusqu’à l’extrémité des territoires. Pourquoi ? C’était comme un instinct, il avait été programmé pour créer et gérer Lyoko. Oui, mais pourquoi cette configuration ? Il savait, sans trop dire pourquoi, qu’il fallait que cela soit comme ça. Comment il a fait ? Mais il est fait pour ça ; il dit comment Lyoko devait être, il y eut une forte pulsation, et Lyoko fut ; il vit que cela était bon ; il n’eut pratiquement rien à recommencer.
Maintenant qu’il y réfléchissait comme il lui semblait que ferait un humain, il se peut qu’il soit resté comme ça longtemps avant de se voir assigner d’autres fonctions : en effet, il n’avait pas été conçu au départ pour calculer le temps qui passe.
Cela dit, il en savait déjà beaucoup ; il savait qu’il était lié à un ordinateur, qu’il en était un programme, et qu’il fallait que Lyoko demeure comme il était, et que rien ne devait en perturber l’équilibre.
Mais en un instant, tout changea. Des « écrans » s’allumaient devant lui… Et il voyait se qui se passait dehors. Il vit alors son créateur : Franz Hopper. Et il vit aussi son équipe, dont l’un des leaders était Waldo Schaeffer. Il entendait se qui se passait dans le monde extérieur, il comprenait leur langue. Il sût -sans doute venait on de le programmer- qu’il devrait coûte que coûte protéger le supercalculateur.
Il vit rapidement qu’il avait une certaine emprise sur une grande partie du monde extérieur. Du fin fond de son usine, il pouvait voir et interagir avec presque l’ensemble de la région parisienne.
Interagir… Voilà ce qu’il devrait faire si il devait protéger le supercalculateur. Il imagina des tours, des relais avec le monde extérieur, et des câbles, pour y accéder ; et il y eut des tours et des câblages.
De nouvelles entrées lui arrivaient. Il avait un plus grand contrôle sur Lyoko et le supercalculateur, tant et si bien qu’il y localisa un programme nommé « retour vers le passé », qu’il ne pouvait pas utiliser. Il savait que, comme son ordinateur était un ordinateur quantique, chaque retour vers le passé lui donnerait de la puissance.
Ce programme –nul ne l’importait à l’époque de savoir pourquoi- était souvent utilisé.
Xana devint omniprésent au sein du supercalculateur ; tant et si bien qu’on aurait presque pu dire que c’était la même chose.
C’est alors qu’une nouvelle instruction lui arriva. « Détruis le projet Carthage ». Telle était donc sa mission. Et il l’accomplirait.
Xana avait toujours un regard bienveillant sur les chercheurs, et sur leur famille ; et fût content de les accueillir, lorsque l’occasion se présenta. Il avait même créé dans les tours des systèmes pour passer d’un territoire à l’autre sans avoir à passer par Carthage.
Ce n’était pas par gentillesse, mais étant donné qu’il devait protéger Lyoko et ce qu’il y avait dedans, il fallait que les lieux soient favorables aux visiteurs. Il avait modifié les décors, par souci de ressemblance avec le monde humain.
Il était surtout très attentif à la famille Hopper ; il étudiait les humains. Aussi, Hopper installa t’il des caméras près de l’Ermitage, pour que Xana puisse mieux les surveiller. Il avait dans l’idée que, s’il fallait protéger le supercalculateur, il faudrait aussi protéger ses créateurs. La famille supportait la présence de Xana, ils finissaient par ne même plus s’en rendre compte.
Leur fille, Aelita, étant trop jeune, n’avait rien remarqué.
Aujourd’hui, Xana, bien qu’il soit le « méchant » (il en est conscient) si sa logique ne l’en empêchait pas, il la plaindrait. La pauvre petite, elle n’avait rien à voir là dedans.
Chapitre trois : Men In Black
Cette paix apparente ne dura pas. Visiblement, ce projet idyllique de Monsieur Hopper n’était pas très légal (c’est ce qu’il en avait déduit après toutes ces années).
Le gouvernement a commencé à s’intéresser aux recherches de Franz Hopper, qui n’avait rien trouvé de mieux comme couverture que professeur de Physique dans le collège d’à côté.
On ne soupçonnerait jamais cette vieille usine désaffectée. Et pourtant, ils avaient réussi à découvrir ce secret. Il était le chef de projet, et pourtant, il était très difficile de remonter jusqu’à lui.
Et cet état de fait, il était dû à Xana : par simple logique, pour empêcher que le supercalculateur soit détruit, à chaque fois qu’un membre du projet était découvert, il le tuait, avec toute sa famille, pour qu’il ne parle pas. Il espérait qu’ainsi, les déguisés, au nombre de trois, quand ils découvriraient les cadavres, seraient inculpés. Il se trompait ; il avait mal compris ce qu’était le système humain. Il n’allait pas tuer ces bandits, non, là, ce serait la preuve qu’il existe. Ainsi adopta t’il pour deux ans le principe de « pour vivre heureux vivons cachés. C’est à regret qu’il tua tous les scientifiques, un par un ; Waldo Schaeffer, Eric Lenscherr, Peter Faulenz…
Franz Hopper vécut longtemps seul avec sa femme et son enfant, cachés, et une fois découverts, utilisant le retour vers le passé pour l’empêcher.
Mais un jour… Ils ne les virent pas arriver. Ils mirent la maison à feu et à sang, et Hopper et sa fille allèrent se réfugier sur Lyoko. Sa femme y resta. Ils étaient des loups ; des loups sans pitié, ils l’ont tuée. Ils voulaient le tuer aussi…
Chapitre Quatre : A l’attaque
Mais il n’en fût rien. Xana ne l’aurait jamais toléré. Une fois Hopper et sa famille survivante à l’abri ; Xana envoya un spectre sur la ville. Elle provoqua un orage qui détruisit entièrement la maison ; qui tua ces horribles hommes en noir.
Alors Xana comprit ce qu’il restait à faire : le principe « pour vivre heureux vivons cachés » ne fonctionnant plus, il fallait adopter ces deux là :
La meilleure défence, c’est l’attaque
Si Vis Pacem, Para Bellum : si tu veux la paix, prépare la guerre !
Il venait de comprendre sa tâche : il devait protéger le supercalculateur. L’homme est dangereux pour le supercalculateur. Il faut donc détruire l’homme.
Hopper vint alors rendre visite à Xana, au milieu de carthage. Le dialogue, Xana le connaissait bien.
« Xana, je vais sortir pour aller cacher mon journal.
-Créateur, ne pars pas. Danger dehors.
-Je vais revenir, ne t’en fais pas.
-Autorisation de te surveiller ?
-Oui, à bientôt »
Sur ce, il partit. Xana allait tuer les humains. Mais pas Franz. C’était le créateur, et dans sa logique, le tuer serait porter atteinte au supercalculateur. Il fallait le protéger.
Il observa. Et il le vit sortir de l’usine, il était attendu. Un homme et une femme
« Franz, nous avons appris que tu étais recherché. On est descendus, et on a vu cet énorme ordinateur. Nous exigeons une explication.
-Je n’ai vraiment pas le temps, Jean-Pierre. Prends cette disquette : là est l’histoire du supercalculateur.
-Mais… Qu’est ce que tu es en train de faire ?
-Suzanne… Ne t’énerve pas. Vous n’entendrez plus jamais parler de ça. Adieu.
-Mais… »
Trop tard, il était déjà parti. A l’Ermitage, il prit dans un tiroir de la chambre de sa fille un poupée violette et la mit dans une fente de mur, derrière un dessin.
Puis, il revint.
Il alla retrouver sa fille et lui dit :
« Tu te souviens de la poupée que tu as eue quand tu avais six ans ?
-Oui… Monsieur Pück
-Eh bien, souviens toi. Je l’ai mis dans l’arbre, il contient quelque chose de très important »
Ils étaient tous deux à Carthage. Aussi n’était il pas difficile de les faire venir à lui.
« Nous sommes là, Xana.
-Bien, je dois vous protéger. Désolé.
-Comment ça, désolé ? »
Xana avait compris que s’il voulait les protéger, il fallait qu’ils restent sur Lyoko.
Ils furent presque entièrement reformatés. S’ils étaient dévirtualisés maintenant, c’était pour toujours. Cela causa à Aelita une amnésie totale. Ils furent consignés dans une salle de Carthage, d’où, selon Xana, ils ne devraient pas bouger. Ils avaient une interface pour tout mobilier.
Xana trouva que ce principe d’amnésie était des plus avantageux. Aussi l’utilisa t’il pour faire oublier aux autres professeurs de l’autre soir ce qui s’était passé. Ils ne s’en souviendraient que si quelqu'un ou quelque chose le leur rappelait. Il fit alors tout pour faire oublier le vieux Franz Hopper. Archives de la bibliothèque, mémoires des amis. Tout, TOUT y passa. Il était tranquille, et il pouvait commencer à attaquer sans être soupçonné. Il envoya une tornade en direction du continent. Il allait gagner…. Si Hopper n’avait pas réussi à libérer sa fille du cinquième territoire et n’avait pas-il ne sait comment- révélé à Aelita ce qu’il fallait qu’elle fasse. Elle devait aller dans la tour activée et taper un code : LYOKO.
Lyoko reconnaissait Franz et sa fille. Il n’y avait aucun monstre à l’époque, il ne fut donc pas difficile de contrer l’attaque et de lancer le retour vers le passé à l’époque si… accessible.
Chapitre Cinq : Aelita
Là, c’était le moment de bien réfléchir : On ne devait pas faire de mal à Aelita, c’était la fille du créateur. Mais elle pouvait contrer chacune des attaques de Xana et donc porter atteinte au supercalculateur. Elle devait mourir pour ça.
Hopper ne causerait plus de souci, il n’avait plus accès à l’interface ; il était cloîtré. Et Aelita, suite à un choc reçu dans une tour, commandité par Xana lui-même, ne se souvenait même plus de lui.
Tout ce dont elle se souvenait à présent (du moins, c’est ce qu’il pensait) c’est qu’elle était là, et qu’elle était seule. Xana ne pouvait pas se déplacer. Il lui fallait créer des entités pour empêcher Aelita de continuer à infecter Lyoko de sa présence.
Il avait gagné assez de puissance lors du dernier retour vers le passé pour créer le Kankrelat. Un petit monstre jaune sur pattes.
Il l’avait prévu, même avec cette menace, Aelita tenait le coup. Elle continuait à déjouer chacune de ses attaques.
Un instant, Xana réussit à l’emmener à Carthage.
Toujours soucieux de ne pas la tuer, il lui effaça une nouvelle fois la mémoire et la relâcha dans Lyoko, afin qu’elle ne puisse plus jamais voir son père.
Mais il se passa une chose à laquelle Xana ne s’attendait pas : Aelita avait oublié son père, mais elle se souvenait, comme un programme, ce qu’il fallait faire : désactiver les tours. Elle devenait une machine à détruire les tours.
Il faut dire que Xana a consacré à cette énigme pas mal de temps :
Avait il transformé, en la reformatant, la jeune fille en programme ? Hopper lui avait il implanté la procédure avant de la quitter ? Avait il omis un détail dans la procédure de perte de mémoire ?
Maintenant, il y réfléchissait à nouveau, et il croit comprendre : c’est encore la nature humaine qui lui joue des tours : il est des forces plus grandes que la mémoire, et si elle ne s’en souvient pas dans son cerveau, elle s’en souvient dans son cœur, comme les dernières paroles de ce père que, finalement, jamais elle n’oubliera.
Qu’auriez vous fait ? Vous êtes Xana, vous pensez devoir protéger la fille, mais elle met en danger votre mission. Bien sûr, vous ne la tueriez pas.
Mais vous êtes humain. Pas Xana. Xana est un programme : tout était clair pour lui maintenant, il devait la tuer.
Chapitre Six : Les Lyokonautes
C’est alors que ces humains lui apparurent, ils étaient venus…. Poussés par ce simple hasard. Ces humains étaient vraiment très dangereux.
Et ce sale Jérémie, son….. Adversaire le plus redoutable.
Car il est vrai que Xana n’allait pas considérer Jérémie comme un rival. Vaniteux ? Xana ne pouvait guère l’être. Il comprenait maintenant l’homme mais ne ressentait pas ses sentiments. Mais il aurait été de fausse modestie de dire qu’ils étaient rivaux : Xana était ô combien supérieur à Jérémie.
Mais, il aurait été humain, je ne pense pas qu’il l’aurait détesté. Il aurait même peut être été ému : il représentait pour lui un Franz Hopper potentiel. Il essayait de sauver Aelita, cette pauvre fillette qui aurait dû rester en dehors de ça. D’ailleurs, il aurait été humain, jamais il n’aurait fait ça : il est le monstre de Frankenstein ; mais son Frankenstein ne l’a pas renié, or c’est la raison pour laquelle le monstre s’est rebellé contre son « père ». Xana est…. Différent, il n’a que faire de son père, ni de sa « sœur », ni de personne, d’ailleurs.
Pourquoi alors a-t-il renoncé à attaquer ces sales gamins lors de la chute de la marabounta ?
Il aurait tout aussi bien pu les attaquer. Bah, il était faible, ça n’aurait servi à rien. Mais est ce que ça l’a jamais arrêté ?
Peut être était ce seulement un test. Un test de connaissances de l’humain. Ou peut être…. Peut être essayait t-il, inconsciemment, si toutefois il était possible qu’il ait une conscience, essayait il de se rapprocher du genre humain.
Peut être le monstre de Frankenstein ne devenait il que le bon docteur Jekyll essayant de résister au toujours plus malfaisant et toujours plus puissant Mr Hyde. Peut être les retours vers le passé lui donnaient t’ils une intelligence assez grande pour qu’il puisse être conscient de lui, qui sait.
Mais si toutefois Xana pouvait avoir un semblant d’âme, Hyde avait d’ores et déjà gagné.
Xana continuerait à combattre toue forme de vie sur cette terre ; et les Lyokonautes, semble t’il, jusqu’à l’application du plan T.D.L.B.D.L.P.H.A. continueraient à lui faire face
Chapitre Sept : Peut être même un rêve…
Que se passait t’il enfin ? Xana continuait de se souvenir, toujours à la vitesse de la lumière, mai un souvenir revenait trop souvent à son goût. Et au bout d’un moment, il n’y avait plus que lui.
C’était un soir, Jérémie venait encore de raconter à Aelita la vie des terriens. Il en avait particulièrement dit, aujourd’hui. Il avait parlé de musique. Il lui avait fait écouter de la musique. Ca lui avait plu.
Sur Lyoko, après la communication, elle essaya de chanter. Elle aimait bien chanter, visiblement.
On ne peut pas vraiment dire cela, mais faute d’un meilleur mot….. Cela émut Xana. Pas la chanson, bien sûr, mais cela lui rappelait qu’Aelita était humaine, et qu’il était cruel de faire endurer à un humain ce qu’il leur faisait endurer.
Xana se mit en veille un instant. Mais il garda un souvenir en mémoire, pendant son état de veille. Un souvenir….. et peut être même un rêve.
Non, pas un rêve, Xana n’était pas un humain, un programme, il devait les détruire, pour le supercalculateur. A quoi bon ?.... Ce n’était pas son problème : il devait les détruire, quitte à ce qu’il n’y ait plus personne sur terre.
La solution était simple, Xana se ralluma. C’était un programme, le souvenir, c’était une donnée, il l’effaça…. Définitivement. Et il le remplaça par un autre souvenir modifié. Celui d’un autre jour où il ne se passait rien de spécial.
Il fallait maintenant délibérer.
C’était simple : il fallait une méduse de secours. Jouer sur les sentiments….. Programmer un spectre pour qu’il prenne la forme de Franz Hopper. Il pourrait ainsi les mettre en confiance, exclure le petit génie le temps du génocide, et le détruire ensuite.
Pour le plan actuel, il suffisait de voir : ça finirait par marcher. Ca marcherait, même.
Et pour le créateur.... Il faudra maintenant s'en débarasser. C'était décidé.
Ce souvenir….. Ce rêve, peut être…. Cette nuit là, il ne s’en souvînt pas.
Pourtant, jamais il ne l’oublierait.

FIN

Gavroche
07/02/06 à 17:10
Analyse de XANA, deuxième ! Cet épisode était franchement intéressant. Je suis impatient de voir comment ça va se dérouler, cette affaire... Continue comme ça !

L'anonyme
14/02/06 à 18:10
la suite.
A noter: on est avant l'épisode "Franz Hopper".
On imagine que ca suit le cours de la saison 2, et que pour les derniers épisodes (à partir de FH), on supprimera toute information du DA inadéquate à la fic (pas grand chose, en fait), car ces éléments seront pris en compte à partir de l'épisode 8

Les chroniques du monde virtuel

EPISODE 6

Séduction


Chapitre un : Matérialisation alpha
La matinée de ce Samedi là n’avait pas été de tout repos. Et pour cause : la veille, Jérémie avait terminé de programmer la matérialisation de l’humanoïde Alpha, présumé frère d’Aelita.
Ils n’allaient pas l’inscrire immédiatement au collège : ils devaient encore trouver une ruse.
Bref : il n’était que huit heures du matin, et déjà ils étaient à l’usine, pour l’évènement. Xana n’avait pas l’air de vouloir faire mumuse avec une tour aujourd’hui, tant mieux. Le protocole de matérialisation eut lieu sans embûche, et s’était, pour tout dire, mieux que celle d’Aelita.
Ils descendirent à la salle des scanners, l’un d’eux s’ouvrit.
Ce fut un grand choc : ils ne l’avaient pas remarqué sur Lyoko mais ici, ça leur apparaissait comme une évidence, il était grand.
Pas extrêmement grand, certes, mais il avait une taille respectable pour l’âge qu’il paraissait, et à fortiori, il était plus grand que Yumi.
Ce n’était pas là le seul problème que l’on eût pu constater, loin s’en faut. En effet –et ça aurait peut être dû les intriguer- il avait exactement la même tenue que sur Lyoko. C’était un Mr Pück grandeur nature.
Il faudrait bien évidemment lui acheter de nouveaux habits avant de l’amener au collège. Qu’à cela ne tienne !
Ils restèrent à l’usine une bonne partie de la journée, à discuter avec ce nouveau Lyokonaute, soulagés de ne pas avoir eu à subir le courroux de Xana.
A peine sur terre, il se comportait déjà en bon humain. Il parlait de ce qu’il avait vu sur Lyoko, c'est-à-dire rien de bien particulier, puis de Xana, tel qu’il était là bas.
« Surprenant, dit il à ce sujet ». C’est la description la plus précise qu’il donna. On l'interrogea ensuite sur le temps qu’il avait passé là bas. Il faut dire que les Lyokonautes n’en savaient rien, comment l’auraient ils su, ils n’avaient pas encore décrypté ce fichu Journal de Franz Hopper.
A ce sujet, en revanche, alpha assura qu’il pouvait aider. Et Jérémie lui dit qu’il repasserait dans l’après midi pour lui rendre visite et mettre en commun leurs recherches sur l’antivirus.
Tous étaient heureux : il était certain qu’avec lui, tout irait plus vite.
Il leur montra de quoi il était capable : il leur montra comment on piratait certains codes d’accès du cinquième territoire, cela les satisfit.
Mais le temps passait et il était onze heures et demie, c’était l’heure d’aller se restaurer. Les jeunes gens quittèrent l’usine, heureux de leur matinée.
Jérémie s’attarda, tourna le dos au groupe.
Il vit l’humanoïde alpha, à qui il faudrait bien un jour donner un nom, se rasseoir devant le supercalculateur, puis il repartit.
« Jérémie, tu en fais une tronche !
-C’est que… Non, rien.
-C’est la ratatouille de ce midi ? Bah, tu sais, à chacun sa croix ».
Odd avait décidément cet art de la répartie qui n’appartenait qu’à lui.
Chapitre deux : Jérémie
Odd l’avait prévu, c’était loin d’être délicieux. C’était pourtant, avec le hachis Parmentier, la spécialité de Rosa, la cuisinière.
Quelques indigestions plus tard, Jérémie se décida à aller rendre visite à son confrère génie informatique qui siégeait sur l’imposant trône du temple de l’ordinateur géant : l’usine, afin de se mettre au courant des dernières avancées de celui-ci pour trouver l’antivirus d’Aelita.
Et il le trouva, comme prévu, sur le trône, en train de taper ces innombrables commandes sibyllines.
« Tu t’en sors ?
-Oh, très bien, regarde mes derniers calculs, je pense qu’en bidouillant les scanners de cette manière précise, on pourrait retirer ce virus sans aller sur Lyoko.
-Et toi ?
-Moi ? J’ai lancé un diagnostique automatique… Non, j’ai rien.
-Bon. Fais moi voir ces calculs….. Ouah ! Mais comment t’as trouvé tout ça ?
-Facile : j’ai abordé le problème dans l’autre sens. Toi, tu imaginais un antivirus compatible à Aelita et qui élimine le virus, alors que moi j’ai imaginé à quels antivirus Aelita pourrait être compatible et si on pouvait à partir de là annihiler le virus.
-Et tu as trouvé l’antivirus ?
-Nooooon, et pourtant, je cherche.
-A deux, on ira plus vite. »
Ils cherchèrent encore pendant plusieurs heures, et ils purent avancer, tant bien que mal, et même sans se traîner…. Lorsqu’un calcul vint prouver l’inutilité de tous les autres
« Ah, t’avais raison, c’est pas rien, ce virus. Une vraie petite saleté
-Bah, c’est Xana. »
Et ils continuèrent à chercher. Mais ils ne trouvèrent rien. Rien de plus que ce qu’ils avaient déjà.
« On tourne en rond !
-Tu sais, Jérémie, je pense qu’on pourrait trouver des trucs intéressants dans la maison du programmeur.
-L’Ermitage ? Ouais, possible. Mais on y est déjà allés, et on n’a rien trouvé de particulier.
-Peut être n’avez-vous pas cherché aux bons endroits. Peut être des choses me reviendraient elles si j’y allais.
-Eh, c’est une idée… Demain, c’est dimanche, on pourrait y aller.
-A midi là bas ?
-Ouais, bonne idée. Inutile de prévenir les autres, ça ne les intéresserait pas.
-D’accord. Tu devrais peut être y aller, il est vingt heures.
-Tu as raison, j’avais complètement oublié… Je vais me faire démolir. »
Et il partit.
Alpha retourna à ses recherches, sur cet ordinateur lugubre, toujours si imposant.

Il n’y a rien de pire que la ratatouille si ce n’est…. Le reste de ratatouille du Samedi soir. Pourquoi ? Me demanderez vous. Eh bien c’est la politique économique de la maison, tout simplement, et les élèves étaient bien placés pour ne le pas ignorer. Malheureusement.
Ils avaient eu beaucoup de chance, pensa Jérémie, de le rencontrer : d’une manière ou d’une autre, il allait bien les aider.
Chapitre trois : Odd
Il n’y a décidément que Xana pour être aussi infatigable : un élève, tout d’un coup eut l’air bizarre : il se mit à trembloter. C’était clair, Xana attaquait.
« Ok, les amis, on enclenche le plan X97G
-Paré, commandant ».
Le plan X97G, comme expliqué précédemment, consistait à ce que deux personnes, en l’occurrence Ulrich et Yumi, entraînent le possédé dans la forêt, là, ils pourraient le semer.
Pendant ce temps, celui qui reste, ici, Odd, va sur Lyoko aider Aelita à désactiver la tour.
Pourquoi deux ? Eh bien tout simplement pour se disperser dans deux bosquets différents : le possédé ne sait plus lequel suivre : il est perdu.
En un tour de main, Aelita, Jérémie et Odd étaient à l’usine.
« Alpha ?
-C’est à quel sujet ?
-Xana attaque.
-On y va !
-Tu te sens assez fort pour aller aider Aelita ?
-On peut maintenant me dévirtualiser à désir, je suis comme vous.
-Tu… tu es sûr ?
-J’ai lancé un diagnostic : c’est le virus d’Aelita qui l’empêche de se matérialiser.
-Alors foncez !! ».
C’était une mission de routine, maintenant. Aussi n’est il pas nécessaire de détailler le processus de virtualisation : Cette entrée dans un scanner qui se referme derrière soi, suivie d’un soubresaut du corps dans le scanner. Enfin, le corps disparaît et le voyageur est sur Lyoko.
Là l’attendent les monstres. Citons les plus connus. Tiens… Voilà deux Krabes. Ils sont rouges, et grands.
Mais l’humanoïde alpha est grand aussi, et il est fort. Ainsi, en cinq secondes, il n’y a plus de Krabes. Les deux Lyokonautes, enfin tranquilles jusqu’à ce qu’Aelita désactive la tour, peuvent alors parler librement.
« Dis, euh… Odd, j’ai écouté ton clip… « Break Danse avec les relous ».
-Comment tu trouves ? Génial, hein ?
-Ouais, c’est vraiment pas mal. En plus, j’adore ton style de musique.
-Vraiment ?
-Ouais !! Mais je pense que ce serait encore mieux si on le remixait un peu.
-Tu saurais faire ça ?
-Ouais, facilement. Ecoute : viens me voir dans les égouts demain vers midi, on sera tranquilles pour y travailler.
-Ben, euh… D’accord. Euh, mais si ça t’gène pas, n’en parle pas aux autres, ils trouvent le clip ridicule.
-Ils verront ».
Ils furent interrompus par la matérialisation : Ulrich et Yumi venait d’arriver, et la tour était désactivée.
La journée avait été dure, les Lyokonautes durent bien rentrer chez eux.
Odd, sur le chemin du retour, pensait déjà à une chose : la journée de demain allait être mémorable : ils allaient mixer comme des bêtes, et ils allaient sortir un bête de clip.
Ce fut le dernier jeu de mots désopilant qu’Odd imagina ce jour là. A peine arrivé dans sa chambre, il s’endormit, fatigué par la journée.
Ulrich, lui, ne pouvait dormir.
Bien évidemment, il pensait encore à Yumi. Il l’aimait, et tout le monde le savait. Elle ? Mais elle l’aimait aussi, et ça aussi, tout le monde le savait.
Mais Ulrich trouvait encore le moyen de douter.
Et il doutait encore, à longueur de journée, quand il vit ce qui était posé sur la table de chevet, près de son lit.
Chapitre Quatre : Les amoureux
C’était une lettre.
Une lettre avec un cœur. Une lettre de Sissi ? Ce n’était pas son genre.
Une farce, alors ? Elle l’avait déjà fait.
Il l’ouvrit. Il faillit tomber à la renverse : c’était Yumi, il en était certain, il reconnaissait son écriture.
Il est convenable ici de recopier le texte de la lettre, qui ce présentait à peu près de la manière suivante :
_________
Ulrich,
Je ne pouvais te le dire en face, car j’avais peur de ta réaction, alors je te l’écris.
Je ne suis pas le genre de fille à tourner autour du pot, alors voilà : je t’aime. Depuis toujours. Tu es le seul que j’aie jamais aimé.
Cela peut te paraître soudain, mais je ne pouvais plus continuer à vivre sans t’en avoir parlé.
Si tu ressens la même chose à mon égard, je t’en prie, viens me rejoindre au parc municipal vers midi, demain. Là, nous serons tranquilles pour discuter, là où William ne pourra pas nous voir.
N’en parle pas encore aux autres, s’il te plait, c’est déjà assez embarrassant.

Yumi
________

Ulrich était transporté de joie. Enfin, il en était sûr, enfin, Yumi l’aimait. Il l’aimait aussi. Demain, il irait la rejoindre au parc. Jamais il ne manquerait maintenant de voir pour toujours son ravissant minois.
Il s’endormit, pensant, extasié, à la journée de demain, qui serait sans doute mémorable.

Il avait raison, dans le sens où la journée de demain serait mémorable. Car il n’imaginait pas à quel point : Chez elle, par une heure si tardive, Yumi aussi recevait une lettre.
Et pas n’importe laquelle

« Yumi, du courrier pour toi !
-C’est de la part de qui ?
-Ton amoureux whahahaha
-HIROKI !! ».
Les moqueries d’Hiroki n’avaient, après tout, aucune importance : elle recevait une lettre d’Ulrich ! Une lettre d’amour, qui plus est, à en juger par le cœur dessiné sur l’enveloppe.

Il faut dire qu’elle aimait Ulrich autant qu’il l’aimait, et qu’elle aussi avait toujours douté. Ils avaient pourtant failli s’embrasser, un jour, sur Lyoko…
_________
Yumi,
Je ne pouvais te le dire en face, car j’avais peur de ta réaction, alors je te l’écris.
Je ne suis pas le genre d’homme à tourner autour du pot, alors voilà : je t’aime. Depuis toujours. Tu es la seule que j’aie jamais aimée.
Cela peut te paraître soudain, mais je ne pouvais plus continuer à vivre sans t’en avoir parlé.
Si tu ressens la même chose à mon égard, je t’en prie, viens me rejoindre au parc municipal vers midi, demain. Là, nous serons tranquilles pour discuter, là où personne ne sera là pour nous railler.
N’en parle pas encore aux autres, s’il te plait, c’est déjà assez embarrassant.

Ulrich
________

Il est clair que le ton de la lettre aurait intrigué n’importe qui. Mais pas Yumi. Elle était transportée de bonheur également. Elle allait y aller bien entendu.
Cette journée avait décidément été bonne, tout le monde était content.
Il est difficile de décrire l’émotion de Yumi et d’Ulrich à ce moment là, mais il n’est pas difficile de s’en faire une idée.
Même si personne à ce moment là n’imaginait vraiment pourquoi, tous avaient raison : la journée de demain serait mémorable.
Chapitre Cinq : Et enfin…
C’était donc fait.
De la prise de l’infirmerie sortait un spectre. Il est également inutile de décrire cette forme noire parsemée d’électricité surgissant de la prise, se dirigeant vers l’armoire, s’imprégnant du liquide de la bouteille de chloroforme et se dirigeant vers les chambres des filles.
Alpha, à l’usine s’affairait également. Il continuait inlassablement d’entrer des commandes, jusqu’à ce qu’enfin il téléphona à Aelita, laquelle répondit immédiatement.
« Allo ?
-Aelita ? C’est Alpha. J’ai une super nouvelle à vous annoncer : rejoins moi demain à l’usine à midi. J’ai déjà prévenu les autres.
-Midi ? Euh… d’accord.
-Bonne nuit
-Bonne nuit ».

Oui, bonne nuit : Aelita était à peine couchée, lorsque le spectre entra, invisible, pour déposer sur la fillette sa soporifique cargaison.
Elle allait faire la grasse matinée. Elle aurait un sommeil de plomb jusqu’à…. Midi.
Alpha, de son côté, ne dormirait sans doute que peu : il avait encore plusieurs choses à faire : il entra à nouveau quelques commandes, et une tour s’activait.
En bas, les scanners s’ouvrirent, emplis de fumée.
La journée de demain serait multiplement mémorable.
FIN

Gavroche
14/02/06 à 19:37
Rhah je l'savais je l'savais je l'savais c'est qu'un enfoiré ce Bêta (quoi c'est Alpha ?) :mrgreen: .

Toujours le même style, toujours la même réussite. Tu promets à la fin de chaque épisode une suite qui va être mémorable, et là on sent que la prochaine sera la bonne. Ca va être grandiose.

L'anonyme
27/02/06 à 22:20
Les chroniques du monde virtuel

EPISODE 7

Son but ultime

Chapitre un : Ce matin
Tous en même temps.
C’était un record à établir, ils s’étaient levés tous en même temps, ce dimanche.
Il faut bien le dire, ils étaient tous excités. Prenons les au cas par cas :
Odd, pour commencer : Il est imaginable que ce gai luron toujours prêt à épater la galerie ne peut imaginer ses cinglantes réparties sans ses quelques dix huit heures de sommeil.
Mais là, il n’aurait pu se résoudre à se lever après sept heures, pensez, ce n’était pas tous les jours qu’il avait l’occasion de remixer son grand chef d’œuvre. Le fait est que ce jour là, quoiqu’il fût Dimanche, il s’est levé à sept heures.
Ulrich, lui, avait l’habitude de se lever à huit heures. Mais là, il n’avait pas dormi de la nuit. Evidemment, quand on attend un rendez vous aussi important, on peut être excité. Pour ne pas éveiller les soupçons de ses amis, il étant resté au lit jusqu’au réveil d’Odd.
Le cas de Yumi était similaire, à ceci près qu’elle n’avait à craindre que les sarcasmes d’un frère imbécile.
Jérémie, qui par nature ne dort pas beaucoup, n’allait pas faire la grasse matinée le jour où l’on doit fouiller l’Ermitage.
Mais que devenait Aelita ? Personne ne se le demandait : après tout on était Dimanche, pourquoi devrait elle se lever tôt ?
Sans doute était elle fatiguée, sans doute avait elle besoin de repos. Personne, bien sûr, ne songea à aller la réveiller. Il était sept heures : il était bien trop tôt.
Hélas, c’est aux mensonges les plus gros que l’on croit le plus facilement. Et ils ne se doutaient pas qu’ils étaient d’ores et déjà piégés. Xana attaquait, et personne n’avait le cœur à s’en apercevoir.
A huit heures, le petit déjeuner commença : aucune surprise : toujours le même bacon desséché.
« Ben comme ça, on risque pas d’être dépaysés » Inutile de préciser l’auteur de cette remarque.
Le temps passait : il était neuf heures, pour tous il était temps d’y aller.
Ce bougre avait bien prévu son coup : chacun allait cacher jusqu’au bout aux autres qu’ils allaient quelque part à midi.
Pour Jérémie, rien de plus simple : il invoqua son éternelle recherche de l’antivirus.
Yumi, chez elle, pouvait prétendre faire du shopping, tandis qu’Ulrich lui préférait l’excuse d’un besoin de prendre l’air.
Odd n’en espérait pas tant, lui qui se retrouvait seul à présent, libre d’aller à son gré rejoindre son ami musicien.
Il était bientôt l’heure, tous devaient se hâter, et il est nécessaire à présent de citer quelques repères géographiques :
Le parc municipal était assez près de chez Yumi, pour ainsi dire assez loin du collège. En effet, le collège était à un kilomètre au sud de chez elle tandis que le parc était à cinq cent mètres au nord. Il fallait donc à Ulrich partir à 10h30 : il devrait en plus faire un petit détour afin de ne pas passer devant chez Yumi.
L’Ermitage est au milieu du bois : il ne faut qu’une demi heure pour y aller. Don c Jérémie dût partir à 11h15, afin d’entamer les recherches plus tôt.
Odd, d’un naturel retardataire, ne quitterait le collège qu’à 11h30 pour rejoindre les égouts, à l’endroit où est censé se dérouler la petite séance.
Bien sûr, Aelita ne se réveillerait que lorsqu’ils seraient tous partis.
Chapitre deux : En piste
Aelita se réveille, toujours un peu assommée par le chloroforme. Machinalement, elle regarde le réveil. Mince, il est midi !
Elle est en retard, elle doit se presser. Les autres sont sans doute déjà à l’usine.
Deux minutes plus tard, elle est dehors, sur la route de l’usine. Elle court, à présent, droit à l’abattoir.
Dix minutes plus tard, elle est à l’usine, Alpha est là.
« Les autres sont déjà là ?
-Oui, ils sont sur Lyoko.
-Et Jérémie ?
-Il est parti te chercher, il s’inquiétait. Il ne devrait pas tarder à nous rejoindre.
-C’est quoi cette bonne nouvelle, alors ?
-On va sur le cinquième territoire. Je pense avoir repéré une grosse source d’énergie
-Tu penses que ça aiderait à trouver l’antivirus ?
-J’en suis même sûr. Vas aux scanners, je t’y rejoins. Si on y est tous en même temps, on aura plus d’informations.
-A tout de suite ! »
La procédure de virtualisation terminée, Aelita se trouva dans l’aréna.
Elle n’eut pas le temps de s’interroger, Alpha l’y rejoignit.
« Mais comment ?
-Il y a un accès direct.
-Et les autres ?
-Ils sont plus loin, ils ont eu le temps de d’arrêter le compte à rebours… regarde, la porte s’ouvre. »


Jérémie arrive à l’Ermitage, il est presque Midi.
Toujours cette même demeure lugubre et abandonnée. Le domaine de Franz Hopper. La clef était là, c’était certain.
Il eut à peine le temps de franchir le portail, un buisson se mit à bouger. Alpha était là. Il était fidèle au rendez vous.
Il était différent, cependant : ses gestes étaient robotique, et son allure neutre aurait laissé deviner à quiconque n’ayant pas connaissance des évènements qu’il cachait quelque secret.
Jérémie était certain de savoir à qui il avait affaire, aussi ne s’aperçut il de rien.
« Tu es là, Jérémie ? Alors, allons y !
-Oui, allons y…. par où commençons nous ?
-Par le début, si je ne m’abuse.
-Très drôle, tu deviens comme Odd, c’est effroyable.
-On y va ?
-On y va. »
Ils entrèrent. Pauvre Jérémie. Il aurait dû comprendre par le ton neutre de ce sinistre personnage que ce n’était ni l’original, ni même un humain.
Il aurait dû comprendre que ce n’était pas là une de ces désopilantes plaisanteries, mais bien une erreur d’interprétation.
C’était un bug. Mais il était trop tard…


Toujours pas arrivé ? Remarque, il n’est que midi moins cinq.
Odd est dans les égouts, près de l’endroit où on rejoint l’usine. La plaque bouge… enfin le voilà !
« J’ai failli attendre
-Vraiment désolé, mais j’ai dû rester sur le supercalculateur. On devrait aller œuvrer, maintenant, pour qu’on ait fini à la fin de la journée.
-On reste là ?
-En fait, j’allais te proposer d’aller ailleurs, dans un endroit plus reculé des égouts, là où on ne pourra pas nous entendre.
-Ouais, bonne idée, du style…. Le carrefour à deux cent mètres ?
-Oui, allons y ».
L’enthousiasme d’Odd lui masqua trop longtemps l’étrangeté de la neutralité de son ton. Ils partirent alors, vers ce carrefour. Là, ils s’installèrent, tandis qu’Odd sortait son matériel, qui ne lui servirait sans doute pas. Il l’avait trop longtemps ignoré.


Hm Où est elle ?
C’est l’heure, pourtant. Elle devrait arriver. C’est dingue… il ne savait toujours pas quoi lui dire…
« Yumi, j’ai compris…. Euh, non, trop snob. Moi aussi Yumi, je…. Non, trop engagé.
Euh… Yumi, je sais pour… Ah mais elle sait que je sais sinon je ne serais pas là…. »
Là, c’était vraiment l’heure, et Yumi arrivait. Le parc était désert. C’était Dimanche, et c’était normal : personne n’y venait jamais.
Yumi avait l’air aussi gênée qu’Ulrich. Après tout, n’avait elle pas aussi reçu une lettre d’amour ? D’Ulrich, qui plus est, celui qu’elle avait toujours aimé ?
Il l’aimait aussi. Elle le savait. En elle, elle l’avait toujours su. Mais elle arrivait encore à en douter. Elle se cacha. Par où commencer ? Ils auraient tant de choses à s’avouer… Mais elle devait y aller prudemment, mais ouvertement.
Ils se préparèrent chacun de leur côté pendant cinq minutes encore.
On aurait pu penser qu’une conversation préparée et éloquente allait s’engager. Mais c’était mal connaître Ulrich et Yumi. C’était mal connaître leur amour réciproque. C’était mal connaître l’amour en général. Pour un politicien, le résultat eut été assez décevant.
« S.. Salut
-Salut Yumi.
-…
-Ca… Ca va ?
-Oui, ça peut aller »
Ca ne pouvait plus durer. On le sait, on l’aurait deviné, il fallait bien qu’à un moment ils se lancent. Mais ce cri déchirant surgi de l’océan de l’amour résonna comme un écho, et pour cause, tous deux le poussèrent
« Ecoute, je sais ce que tu ressens pour moi et je tiens à te dire que j’éprouve la même chose. »
« Yumi… J’ai reçu ta lettre. Et je suis content que tu me l’aies dit parce que je…
-Attends, tu as reçu ma lettre ?
-Ben, c’est pour ça que je… Pas toi ?
-Je l’ai fait parce que tu m’as envoyé une lettre, je, je…
-Oui, moi aussi je crois comprendre ! »
Le cri de l’amour se transforma en un cri de stupéfaction mêlé à de la colère et de la catastrophe. Là encore, ils le poussèrent ensemble
« XANA !! »
Ils virent une silhouette entrer dans le parc. Un petit homme à l’aspect mécanique, costumé de violet et de bleu arrivait.
Aucun doute, c’était alpha. Cela leur apparut à présent comme une évidence.
« Traître !
-Traître ? Selon moi, le terme est erroné : je parlerais plutôt de programmation à but ambigu.
-Appelle ça comme tu veux, Xana. Mais nos amis sont là, ils feront disparaître ta nouvelle création aussi vite que les autres
-Comment, vous n’avez pas compris ? »
Ils comprenaient maintenant : cette levée brutale, ils ne s’étaient plus vus depuis la matinée, Aelita dormait encore…
C’était un piège ! Ils étaient empêtrés dedans !
Chapitre trois : Un piège
Aelita le suit maintenant depuis cinq minutes à travers les couloirs du cinquième territoire. Elle ne voit toujours pas ses amis. Il n’y a que lui, son frère, qui la guide à travers des salles jusque là inexplorées.
« Alpha… Où sont ils ?
-Nulle part.
-Sérieusement, Alpha, où sont ils ? Ils sont sur Lyoko, tu l’as dit toi-même. Tu crois qu’il leur est arrivé malheur.
-Si je ne me trompe, pas encore.
-Qu’est ce qui ne vas pas ? Tu as l’air bizarre !
-Tu veux des réponses ? Les voilà : si je ne m’abuse, Odd est dans les égouts, Jérémie à l’Ermitage, Ulrich et Yumi sont dans le parc municipal.
-Ils ne sont jamais venus ici, n’est ce pas ?
-Non
-Je crois comprendre ».
Ce n’était pas par incompréhension qu’elle était si calme. Elle venait de comprendre ce qui lui arrivait. Elle essayait d’élaborer une ruse. Sans Jérémie, elle ne pourrait rien faire. Elle ne pouvait pas échapper à Alpha. Paniquer ne servirait à rien. Elle se forçait, donc. Elle avait survécu à bien pire.
« Je suis programmé pour te dire maintenant que tout ceci n’était qu’une machination, que tes amis vont mourir. Et que Xana gagne, cette fois ci.
-Programmé… Tu n’es donc pas mon frère.
-J’ai été programmé pour l’être.
-Xana est devenu puissant. Il peut maintenant feindre l’humanité. Mais il ne gagnera pas ; j’ai confiance en mes amis.
-Je ne suis pas censé te répondre, si c’est ce que tu attends de moi ».
Aelita avait confiance en ses amis. Ils ne l’abandonneraient pas. Mais serait ce suffisant ?
Alpha n’étant qu’un vulgaire programme, il était maintenant inutile de feindre le calme. Aelita était paniquée. Une seule idée à présent, fuir.
Elle vit dans sa fuite Alpha se dissoudre et entrer dans son corps, il en prit à moitié possession.
Elle était toujours consciente, entourée d’un halo rouge qui la forçait à marcher vers une sinistre destination : elle voulut tenter de résister, mais elle ne le pût.
Elle devinait où elle allait. Une voix intérieure le lui disait. Elle allait se retrouver face à face avec son ennemi juré.
Elle allait se retrouver face à Xana.

Ca faisait déjà dix minutes qu’ils fouillaient l’Ermitage, ils n’avaient rien trouvé de bien intéressant. Enfin, Alpha proposa qu’on aille à l’étage. Là, il y aurait sans doute plus de choses à voir.
Une chambre. Pas celle d’une petite fille, mais celle d’un couple. Le couple Hopper, sans doute. Il n’y avait rien non plus ici. A part un lit fendu en deux et des étagères renversées. Alpha ferma la porte.
« Pourquoi fermes tu la porte ? Imagine qu’on ne puisse pas l’ouvrir de l’intérieur !
-C’est une chambre. Ce serait étonnant.
-Oui, mais enfin, bon… que…. Mais ta voix !
-Je n’ai donc pas besoin de te faire découvrir la vérité. Je m’en réjouis
-Xana !
-Remarquable déduction.
-Tu es devenu puissant, Xana. Tu peux me rabaisser, cet état de fait en atteste. Mais mes amis sont là, ils t’arrêteront : me tuer ici et maintenant est dans le meilleur des cas voué à l’échec, et dans le pire des cas, inu….NON ».
Jérémie, à son tour comprenait. Ils étaient tous pris au piège. C’était fini. Comment avait il pû être aussi bête ?
« C’est inévitable. Xana triomphe. Et toi, tu as perdu ».
Une rafale électrique vola vers Jérémie, qui fut touché. Par chance, Alpha était vers l’intérieur de la salle : Jérémie pouvait fuir. Mais il était sonné.
Aussi décida t’il de feindre l’agonie le temps de récupérer. Alpha s’assit sur une moitié du lit, regardant Jérémie mourir.
Non, pas mourir, se relever. Se relever et fuir, sortir de la pièce.
« NON, JEREMIE, TU NE M’ECHAPPERAS PAS ! »

Odd avait sorti tout son matériel, son CD, et dit à Alpha :
« On peut y aller !
-A quoi bon ? La musique ne sert plus à rien, dans la tombe.
-Que ? Ta voix ?
-Eh oui !
-J’y crois pas : même les programmes peuvent sortir des vannes. Je me coucherai moins bête ce soir ! Merci Alpha. A la prochaine, Xana !
-Pas si vite.
-Oh, c’est toujours la même chose avec les vilains. On ne peut jamais aller aux toilettes. C’est pas bon de se retenir, tu sais ?
-Tu vas mourir, tu n’en as pas besoin
-Z’ont jamais le sens de l’humour non plus ! ».
Odd tenta de fuir par les égouts, afin de berner son poursuivant.
C’était peine perdue : il courait extrêmement vite. Il le rattraperait.
Mais il savait déjà où aller. S’il pouvait s’y rendre, il avait de grandes chances que la situation s’améliore.

« Vos amis, en ce moment même sont en train d’être massacrés de ma… De mes mains. Aelita est déjà sur Lyoko. En ce moment même, elle n’a peut être toujours pas compris qu’elle allait mourir… Comme vous.
-Alors une tour a été activée… Et on ne s’en est même pas rendus compte.
-Vous êtes des imbéciles face à la toute puissance de Xana.
-Xana ne nous a jamais vaincus. Nous l’avons toujours arrêté.
-Vous n’avez pourtant jamais triomphé. A mesure que vous remportiez une victoire, vous augmentiez sa puissance. Où vous l’instruisiez. Maintenant, il est trop puissant pour vous. Et vous allez mourir ».
Le but de la manœuvre était de les démoraliser. Xana avait appris à se méfier de ces enfants. Depuis plus d’un an il les voyait toujours sur son chemin. Jamais ils n’avaient faibli face à lui. A chaque fois, il gagnait presque.
C’est l’impression qu’il donnait, et pourtant, lui-même savait que la chance n’y était pour rien. Il devait les avoir tous en même temps. Ou piéger Aelita sans que quiconque puisse intervenir.
Les enfants, eux, n’ignoraient pas que Xana n’était après tout qu’une entité informatique. Il ne sait éprouver de sentiments. Jérémie, un jour, avait dit :
« A long terme, il pourrait nous comprendre. Ce jour là, il faudrait nous méfier. Mais il n’est pas humain. Il ne le sera jamais. Il ne peut éprouver un quelconque sentiment. A la rigueur, il pourrait en synthétiser un par un type de raisonnement propre à nos réactions à un sentiment. Si c’était le cas, nous aurions vraiment du fil à retordre ».
Yumi et Ulrich s’efforçaient donc de ne pas montrer à Xana leur désespoir. Ils devaient encore lui tenir tête. Peut être Xana allait il perdre, encore. Peut être… Peut être…
Non, ils étaient tous piégés. Ils devaient l’arrêter eux-mêmes. C’est pour ça que Xana voulait les décourager. Il voulait qu’ils abandonnent. Il voulait qu’ils reposent leurs espoirs sur d’autres, d’autres qui feraient de même.
« Non, Xana. Non, pas cette fois ci ! »
Ils coururent. Ils espéraient que les autres aient la même présence d’esprit qu’eux.
Ils allaient à l’usine. Ils avaient bien l’intention de sortir Aelita des griffes de cet horrible humanoïde alpha.
Chapitre Quatre : regroupement
Elle marchait toujours, guidée par cette chose, par ce halo rouge qui l’entourait. Elle marchait lentement mais sûrement.
Le cinquième territoire regorgeait de salles. Toutes identiques les une aux autres, et toutes différentes à la fois.
Elle ralentit. Elle était sans doute arrivée. Elle tourna. C’était un mur. Le même que celui qui s’ouvrait pour sortir de l’aréna.
Elle devinait ce qui se passerait. Le mur s’ouvrit. Il donnait sur un couloir…. Qu’elle franchit.
Elle s’attendait à trouver derrière quelque chose d’horrible, elle s’attendait à être surprise. Elle n’aurait pas pu tomber sur pire….
Mais ce qu’elle découvrit la terrifia. Une grande salle circulaire. Une sphère, même. Sans doute était ce le centre de Carthage… En tout cas, cette salle était gigantesque. Il y avait un immense trou, au milieu. Un trou béant. On n’en voyait pas le fond. C’était tout noir.
Non, pas comme si il n’y avait aucune lumière…. C’était plutôt comme si la lumière y était absorbée. Un grand bruit se fit entendre.
Cinq grandes pulsations provenant des profondeurs lui indiquèrent ce qu’il y avait en bas.
Puis un bruit mécanique lui fit comprendre que la chose remontait.
Elle se trouverait bientôt devant elle.
Le mur se referma. Le halo rouge se dissipa.
Tout devint sombre. Aelita perdit connaissance.

Jérémie ne se savait pas si bon coureur. Il avait réussi à fuir l’Ermitage. Il se disait qu’il allait rejoindre l’usine. De là, il pourrait peut être agir sur Lyoko. Ses amis, avec un peu de chance, y seraient aussi. Il pourrait peut être, en courant vite, les virtualiser.
Il traversait les bois. Il savait l’ennemi à ses talons. Aussi prit il ses jambes à son cou.
Il pourrait rejoindre l’usine en dix minutes. L’autre ne pouvait pas couper à travers bois et courir à toute allure : le calcul de trajectoire était sans doute insuffisamment élaboré pour qu’il n’atterrisse pas dans un arbre.
Victoire ! Jérémie arrivait à l’usine. Et c’était plus qu’il n’en espérait. Au même moment, qui vit il sortir des égouts en courant et en hurlant ? Ce cher Odd qu’il était comme toujours plus qu’Heureux de voir arriver.
Ulrich et Yumi, au loin, apparaissaient.
« Vite ! Entrez ! Vous trois, aux scanners, il faut vous virtualiser !
-Compris ! »
Il n’est plus besoin de dire que ces collégiens savent y faire : ils en ont vécu, des menaces ; et maintenant qu’ils étaient réunis, aller sur Lyoko serait un jeu d’enfant.
Récupérer Aelita serait une autre paire de manches : elle pouvait être n’importe où sur Lyoko.
Il fallait bien sûr fouiller le cinquième territoire. Une fois sur Lyoko, il fut convenu qu’Odd allait chercher la tour activée tandis qu’Ulrich et Yumi devaient récupérer Aelita.
Une minute plus tard, ils étaient dans l’aréna.
Ils ne se doutent pas qu’en ce moment même, Aelita est en fait face à leur ennemi de toujours, et qu’elle perd connaissance.
Ils restèrent trente secondes dans cette salle. Le mur ne s’ouvrit pas. Ah, ce Xana, il barricade la porte d’entrée…. Mais il laisse les fenêtres grandes ouvertes.
Car à ce moment précis, la salle se mit à vibrer, le cinquième territoire entier se mit à trembler. Une immense pulsation hurla à tout rompre, suivie d’une détonation assourdissante. Le cinquième territoire, ainsi que tout Lyoko, fléchissait : comme si une immense baisse de tension se produisait. Que se passait il, nul ne le comprit.
Sur terre, les trois Alpha s’évaporaient, en un éclair, comme si ils avaient été vaincus, alors qu’ils s’apprêtaient à entrer dans le laboratoire.
Odd venait de trouver la tour. Il les connaissait bien les tours activées, avec leur halo rouge caractéristique. Mais cette fois ci, c’était différent.
« Jérémie ? Il y a quelque chose qui ne va pas !
-De mon côté non plus, l’ordinateur me propose un retour vers le passé ! Ce n’est pas possible, en cas de tour activée !
-Elle ne l’est pas, enfin, si… Euh, je ne sais pas, mais enclenche le retour dans le passé !
-Euh… D’accord, RETOUR VERS LE PASSE ! ».
Chapitre Cinq : Rira bien qui rira le dernier
Il est sept heures, les collégiens se réveillent.
Personne n’a compris ce qui s’était passé. Ils allèrent réveiller, non sans la crainte de l’avoir perdue, Aelita, qui dormait encore comme un loir : le somnifère faisait encore effet. Elle se réveilla pourtant. Sa mémoire intacte, comme si rien ne s’était passé.
Après le récit de leurs aventures détaillées, on en fit la synthèse : une baisse de tension avait réussi à planter Xana. Le hasard ? Certainement pas. Mais que s’était il passé ? En outre, un problème demeurait.
« Alpha… Il est toujours à l’usine ! J’aurais dû m’en douter… Je l’ai vu sur les caméras, j’ai un accès direct.
-Mais… la tour s’est désactivée, enfin… Xana ne la contrôle plus.
-C’est un monstre de Xana. JE l’ai matérialisé, comme un idiot. Mais en oeuvrant intelligemment, on l’aura.
-Mais, mais comment ?
-Je crois avoir compris son fonctionnement. N’étant pas un spectre, Xana ne le contrôle pas directement. Il lui a donné un ordre précis, complexe, mais précis. Lui-même n’y peut rien changer. Et je suis prêt à parier qu’il ne se souvient de rien !
-Et comment on l’aura ?
-J’ai ma petite idée ».
Il n’est que neuf heures, pourtant Jérémie est déjà à l’usine.
« Salut, alpha !
-Jérémie ? On avait pas dit midi ?
-Je ne pouvais attendre, il faut qu’on fouille cette fichue baraque. Tu viens ?
-Euh… D’accord ».
C’est bien ce qu’il pensait. Alpha ne pouvait pas refuser. A l’approche de l’Ermitage, il allait l’abandonner quelques secondes, prétextant une niaiserie, pour être remplacé par son clone et aller à l’usine. Il ignorait qu’il n’avait plus de clone. Et il ignorait qu’en ce moment même les Lyokonautes sortaient de leur cachette aérienne pour rejoindre le labo.
Aelita s’installa au clavier, et ses amis, aux scanners. Quelques commandes, et elle repartit dans les égouts.
Jérémie et Alpha arrivaient à l’Ermitage.
« Jérémie…. J’ai une envie pressante, attends moi je reviens.
-D’accord….. Andouille ».
Il était parti, c’était sûr, il ne reviendrait plus. Pour plus de sécurité, Jérémie décida de rester. Il était presque onze heures.
Et il fut midi lorsque Alpha rejoignit le Supercalculateur, qu’Aelita ne lui laissa pas le temps d’utiliser.
« Les autres sont déjà là ?
-Oui, ils sont sur Lyoko.
-Et Jérémie ?
-Il est parti te chercher, il s’inquiétait. Il ne devrait pas tarder à nous rejoindre.
-C’est quoi cette bonne nouvelle, alors ?
-On va sur le cinquième territoire. Je pense avoir repéré une grosse source d’énergie
-Tu penses que ça aiderait à trouver l’antivirus ?
-J’en suis même sûr. Vas aux scanners, je t’y rejoins. Si on y est tous en même temps, on aura plus d’informations.
-A tout de suite ! »
Aelita atterrit dans l’aréna, une fois de plus.
Ses amis étaient là, cette fois. Elle alla se cacher derrière eux
« En joue ! »
Alpha se virtualisa. Il était attendu, il comprit trop tard qu’il s’était fait avoir
« SURPRISE !!
-Flèches laser
-impact ! »
Ils s’étaient bien préparés. Ils l’attendaient de pied ferme. Dix flèches lasers, trois assaillants à l’épée et deux éventails : il n’y résista pas. Ils n’en avaient fait qu’une bouchée : il ne les ennuierait plus.
Epilogue
Il était une heure de l’après midi, à présent. Tout danger était maintenant écarté. Ils l’avaient échappé belle. Mais ils n’en savaient pas plus sur cette mystérieuse explosion. Un détail cependant restait à éclaircir.
Aelita, la première, y pensa. Elle prit à part son cousin d’adoption, et lui demanda :
« Tu disais que la tour était bizarre… Mais qu’avait elle de particulier ?
-Oh, trois fois rien. J’ai dû avoir une grosse hallucination, c’est tout
-Odd, s’il te plait, c’est important. Qu’est ce qu’elle avait ?
-Un halo blanc ».
Ils se regardèrent, haussèrent les épaules, puis repartirent, en silence, rejoindre le groupe.

________
Il est temps maintenant pour un éclaicissement. Les évènements qui suivent cet épisode sont les suivants: Xana applique le plan B énoncé dans le n°5. Suivent les épisodes Franz Hopper, Contact, révélation et Réminiscence. On supprime à ces épisodes la révélation finale de révélation (inutile). On imagine qu'il y avait vraiment un virus, mais qu'il est anihilé par les évènements finaux de réminiscence (Franz sauvant sa fille) On tient compte des évènements du n°5, qu'on ajoute au tout, et on passe à la suite
_________

FIN

Note, pour le site, si elles venaient à êtres mises, qu'on mette cet apparté, toujours entre tirets

Gavroche
28/02/06 à 13:54
Aaaah, c'était donc ça le lien avec la fin de la Saison II...
C'est brillant, bravo, c'est du boulot de maître. Tu enchaînes rebondissements sur rebondissements, et ça fait son effet. Tes idées passent très bien, on comprend tout de l'intrigue, c'est super.

Bon, bah vivement la suite.

L'anonyme
05/03/06 à 18:10
La suite (pour ceux qui n'ont pas eu le courage de lire l'encadré, cet épisode se passe après réminiscence)


Les chroniques du monde virtuel

EPISODE 8

Le projet Carthage

Chapitre un : Le début des ennuis
C’en était fait, Xana était libre.
Bien que selon Jérémie le terme soit un tantinet hyperbolique, depuis la veille au soir, lorsque c’est arrivé, ceux qui depuis deux ans bientôt combattaient Xana avaient l’impression que chacune de leurs actions était vaine, à présent.
Ils avaient fait tout cela pour rien. Même Aelita, qui, toujours au centre de l’action avait suivi la nette évolution des évènements pensait que tout ce temps avait été perdu…
Ou plutôt… Qu’ils avaient seulement retardé Xana.
Les souvenirs d’Aelita ne l’aidèrent pas à retrouver le moral : c’était même le contraire. Elle ne se souvenait que de choses anodines.
Elle se souvenait que son enfance avait été plutôt heureuse.
Elle vivait en montagne, autrefois, avec son père et sa mère. Elle était fille unique. Toujours choyée par ses parents, elle avait été plus qu’heureuse de déménager en leur compagnie dans la région parisienne, dans une forêt où elle aimait se promener.
Elle n’a pas beaucoup été à l’école. C’est son père et sa mère qui faisait son éducation. Son père était un physicien de génie et sa mère avait fait des études de lettres. Elle n’a jamais compris pourquoi elle n’y allait pas.
Elle se souvient sue du jour au lendemain, elle n’avait plus vu sa mère. Elle était partie faire les courses, elle n’est jamais revenue.
Aelita n’avait pas compris pourquoi, mais au fond de son cœur, elle savait que jamais plus elle ne la reverrait. Elle a surmonté cette perte, son père lui fournissant assez d’attention pour assurer son bonheur.
Tout a basculé.
C’était un jour d’été. Franz avait l’air bizarre, ce jour là. Il tenait absolument à ce qu’Aelita aille en forêt, faire une balade à vélo.
Elle aurait dû noter –mais elle était trop jeune- ce changement significatif.
Son père changeait, au cours de la journée. N’importe quelle fille aurait oublié tous ces détails depuis tant d’années, mais Aelita venait de recouvrer la mémoire, et c’est comme si cet évènement s’était produit la veille. Elle s’était réveillée tôt, ce jour là. Vers six heures du matin. Elle se levait toujours tôt. Son père partait. Il allait travailler, sans doute, dans son laboratoire, qu’Aelita rêvait d’un jour visiter.
Il était revenu vers deux heures de l’après midi. Il avait l’air fatigué, et sa barbe avait poussé. Elle avait même beaucoup poussé, anormalement, même. Mais Aelita était petite, elle avait déjà vu son père ainsi, par le passé.
Il était en blouse de chimie. Il n’avait pas eu le temps de l’enlever.
Il se mit au piano et joua. Il termina sa phrase et se retourna.
« Il fait beau, dehors, pourquoi n’irais tu pas jouer dans la forêt ? Prends ton vélo ! »
Elle n’avait pas refusé : elle aimait la forêt.
Vers 17 heures, elle rentrait.
« Papa ! Je monte dans ma chambre !
-Très bien chérie ».
Aelita aimait la littérature de science fiction, et de fantaisie. Elle lut, pendant une demi heure, une histoire de lutin et d’un seigneur sombre qui envoyait des loups à sa poursuite. Elle imaginait sa poupée dans le rôle du lutin. Il fuyait, et se cachait dans une grotte. Il y avait un coffre. Il contenait….
Elle ne le sut jamais.
« Allons, sortez de là
-Papa ! Papa, il y a des hommes en noir en bas !
-Je sais, oui. Tu te souviens où est monsieur Pück ? »
Elle s’en souvenait, oui. Lui aussi était aller se cacher. Mais pas dans une grotte, dans un arbre creux. Peut être à ce moment là prit elle ces hommes en noir pour des loups qui la cherchait, telle un lutin. Et elle devait se cacher.
Ils descendirent les escaliers. Les loups étaient là. Ils étaient très méchants.
Le père et sa fille fuirent vers cette grotte, l’usine, et il y avait des coffres : trois grands caissons d’où sortaient une intense lumière. La seule solution pour échapper aux loups.
« A tout de suite, ma chérie
-D’accord, à tout de suite Papa ».
Ce souvenir hantait Aelita. Elle ne se souvenait pas bien de la suite.
C’était l’heure du déjeuner. Ils étaient tous de cette même humeur sombre, bien que les vacances fussent là dans une semaine.
Ils devaient penser à une solution constructive. Jérémie avait une idée.
Ils devaient savoir en détail ce qu’était Xana, ce qu’il était exactement programmé pour faire, ses moyens, et ses faiblesses.
Il savait où chercher. Le journal de Franz Hopper. Il y avait une partie très longue qu’il n’avait pas encore visionnée. C’était peut être important.
Ils en discutèrent, en mangeant. Evidemment, c’est tout ce qui restait.
« On doit savoir ce que sont les clés de Lyoko, là, on pourra peut être savoir dans quelle mesure Xana est libre, et ça nous permettra de déterminer si ton père est encore vivant. On pourra peut être trouver le moyen de détruire Xana.
-Tu es bien optimiste, Jérémie. Je te rappelle que jusqu’ici, Xana a toujours eu une longueur d’avance. Très franchement, si je continue à le combattre, c’est juste parce qu’on ne se rendra pas.
-Moi aussi. Il faut combattre jusqu’au bout.
-Je sais qu’on n’a pas eu beaucoup de chance jusqu’à présent… Mais Aelita est là, non ? Elle est libre !
-Xana aussi !
-C’est vite dit, et puis on doit regarder ce journal, qu’y perd t’on ?
-On y ira. On continuera à combattre Xana, même si c’est peine perdue ».
A quinze heures, ils partirent en direction de l’usine. Ils en avaient assez de Xana, depuis deux ans ils avaient envie de hurler : « Mais y en a marre ! »
Mais ils ne pouvaient pas. Ils combattraient Xana jusqu’à la mort. Chacun espérait que sa détermination ranimerait le courage des autres.
Franz Hopper ! Pourquoi avoir créé une horreur pareille ? Au moins peut être le sauraient ils, cette fois ci.
Ils étaient à l’usine. Ils savaient tout ce qui s’était passé ici, mais ils n’y faisaient même plus attention. Jérémie ne se rappelait du code de l’ascenseur qu’inconsciemment : il ne pourrait le réciter, mais face à ces boutons, il savait comment bouger les doigts.
Il ouvrit la zone privée du supercalculateur.
Le journal l’attendait.
Il ouvrit l’une des dernières entrées.
Chapitre deux : 6 Juin 1994. Jour 2545
6 Juin 1994. Jour 2545.
C’est mon dernier jour sur terre. Il me reste juste quelques réglages à faire sur les scanners et je m’en irai sur Lyoko avec Aelita. J’ai compris qu’il n’y avait pas d’autre solution. Je sais que ces agents viendront vers 17h30. J’ai déjà fait un exercice de sécurité. On peut parfaitement atteindre le supercalculateur en les semant.
Toutefois, si un jour nous devions revenir sur terre ou s’il nous arrivait malheur, je décide de cacher ce journal en lieu sur, et de consigner ici l’histoire de ces dernières années.
Je m’appelle Franz Hopper. J’ai longtemps fait partie d’un mystérieux projet. Le projet Carthage. J’étais payé pour programmer des ordinateurs de sécurité et ne pas poser de question. En 1975, je découvre malgré moi que le projet Carthage est à moitié illégal, et que ses buts réels demeurent mystérieux. J’en parlais à mes collègues, et plusieurs d’entre eux, dont moi, ont démissionné. Ca ne pouvait rien être de grave. Mais je ne voulais pas participer à ce projet.
Mon épouse et moi-même avons continué à vivre aux frontières de la Suisse plusieurs années durant, mettant au monde notre fille, Aelita.
C’est alors que j’ai compris tout à fait par hasard, en entendant une conversation dans un café, que le projet Carthage était un projet militaire ayant pour but d’intercepter les communications ennemies. J’ai prévenu mes anciens collègues, mais je ne comptais rien faire, à l’époque. Je pensais que ce serait bénéfique. Jusqu’à leur réaction.
Le chef de projet pensait que j’en savais trop. Il avait bien quelque chose à se reprocher. La tenue de ces agents le prouvait. Des hommes en noir.
C’était bien un projet antigouvernemental, ils voulaient contrôler les communications, et moi, j’en savais trop. Mes collègues aussi, visiblement. Trois d’entre eux sont morts avec leur famille, probablement traqués par ces hommes en noir.
J’ai fui. J’ai fui avec plusieurs collègues dans la région parisienne, avec ma femme et ma fille. Là, ils ne pourraient pas nous trouver.
Je n’allais pourtant pas me cacher comme un lâche. J’étais responsable, en partie. Je devais contrer le projet Carthage.
Plusieurs collègues décidèrent de me rejoindre.
Nous devions construire un programme plus puissant que ceux du projet Carthage, pour qu’il détruise le projet.
Nous l’appellerions Xana.
Un ordinateur quantique. Nous décidâmes de le cacher dans une usine désaffectée non loin de là. Mais un tel regroupement d’anciens scientifiques du projet Carthage nécessitait de multiples couvertures. J’ai toujours eu un faible pour l’enseignement. Je devins professeur de sciences dans le collège Kadic.
Nous ne devions cependant pas prendre le projet Carthage à la légère. Ils pourraient nous retrouver. Aelita n’est plus jamais allé à l’école depuis notre déménagement. Nous l’éduquions nous-mêmes, et j’empruntai des livres au collège pour son éducation.
Pendant ce temps, le projet Xana avançait.
Un jour, c’était fini. Nous l’avons alors allumé. J’avais programmé Xana avec les données de Lyoko. Il devait gérer Lyoko, protéger le Supercalculateur, et, lorsque l’heure serait venue, il devrait détruire Carthage. Son programme l’a poussé à veiller sur ses créateurs, moi en particulier, car leur destruction nuirait à l’intégrité du Supercalculateur.
Mais les hommes en noir ont retrouvé ma trace. Ils ont eu ma femme, et tué l’un après l’autre mes collaborateurs.
Je me retrouvai seul. Je me suis longtemps demandé comment ils m’avaient retrouvé.
Un traître. Il y avait un traître au sein de mon équipe. Waldo Schaeffer. Il m’espionnait. Lorsqu’il sut exactement le but du projet, il a prévenu Carthage. J’en ai la preuve. Un dossier qu’il gardait sur lui. Il avait été tué aussi, je me demande pourquoi. Dans ce dossier, il avait regroupé toutes les informations me concernant.
Nous sommes en Juin 1994. Je sais qu’ils m’ont repéré. J’ai voulu fuir avec ma fille et détruire le Supercalculateur, afin d’effacer toute trace de mes activités. C’est alors qu’au cours de manœuvres pour désactiver les programmes de l’ordinateur, je découvris l’une de ses propriétés les plus fascinantes : le retour vers le passé. Le Supercalculateur pouvait libérer assez d’énergie pour permettre le voyage temporel ET s’en protéger. Avec quelques manipulations, il pouvait même en protéger certaines personnes.
J’avais une idée. Lyoko était un univers virtuel. Si l’on pouvait créer des particules virtuelles à partir de nos particules matérielles, on pourrait se transférer dans Lyoko.
Une installation particulière était nécessaire. Le deuxième sous sol était réservé au matériel de construction. Il était inutile à présent. Il était judicieux d’installer là de gros scanners cylindriques. Je les ai fabriqués en trois jours, en restant prudent : je ne devais pas utiliser le retour vers le passé au risque d’avoir à recommencer. Il serait très long de les programmer. Les hommes en noir allaient arriver, ils m’avaient repéré, c’était définitif : j’ai surpris une caméra cachée qui m’espionnait. Nous étions le 5 Juin, et c’était pour demain.
Je ne devais pas quitter mon laboratoire avant la fin de la programmation. Je travaillerai de 6h00 à 14h00, revenant à cette heure là dès que 14h00 était atteint.
Aujourd’hui, j’ai presque fini. Je dois maintenant terminer de programmer les clefs de Lyoko, que je partagerai avec Aelita. Nous allions partir, et pour longtemps.
Il ne me reste plus qu’à expliquer de quoi il s’agit, et demain, à 14h00, après le rapport, je quitte le labo, je demande à Aelita de partir en forêt, je cache mon journal, crypté, dans un casier de gare dont je cacherai la clef là où jamais ils ne penseront à regarder : derrière un dessin affiché au mur de la chambre d’Aelita est cachée la poupée que nous lui avions offerte… je la cacherai là, essayant d’être le plus naturel possible à son retour.
Les clefs de Lyoko sont déterminantes : elles permettent deux choses : désactiver les tours qui ne devraient pas l’être : l’ordinateur nous reconnaîtra, nous pourrons entrer le code LYOKO en cas de bug.
Les clefs de Lyoko permettent aussi de quitter Lyoko sans besoin d’aide extérieure, en activant une tour de passage, au cas où nous aurions besoin de revenir sur terre.
Les tours de passage ne peuvent être activées, d’ordinaire : seules les clefs de Lyoko peuvent le permettre.
Elles permettent aussi accessoirement d’activer nous-mêmes les tours. Mais cela implique soit d’être à l’extérieur du Supercalculateur, soit d’être réduit à l’état de programme flottant, aussi est il préférable de ne jamais pouvoir s’en servir.
Si nous perdons les clefs, nous mourons. Mais cela n’arrivera pas : comment cela pourrait il arriver ?
Lorsque nous serons sur Lyoko, Xana détruira Carthage.
Espérons qu’un jour tout cela se calme, et que nous puissions retourner vivre normalement sur terre… Mais j’en doute.
Le compte à rebours est démarré : le retour vers le passé se lancera dans une minute. Il est 13h59.
Franz Hopper. Terminé.

Chapitre trois : Tout s’explique
Ils ne croyaient pas ce qu’ils entendaient.
Aelita s’en doutait déjà d’une certaine manière, mais comment avait elle pu ne pas voir tous ces évènements ?
Jérémie arborait une mine satisfaite. Il avait tout compris, et visiblement, les nouvelles sont bonnes.
« C’est exactement ce que j’avais envie d’entendre. Xana est programmé pour protéger le supercalculateur. Même maintenant, il ne veut pas qu’il soit éteint. Eteindre le supercalculateur ne sert plus à rien contre lui. Mais il doit encore avoir besoin des tours pour attaquer. Il serait peut être dangereux pour lui de tenter de nous avoir de lui-même. Il pourrait, mais ce serait risqué.
Il cherche à nous détruire, nous et le reste de l’humanité, parce qu’il nous considère comme un danger potentiel pour son ordinateur. Il ne veut pas prendre le contrôle du monde, preuve qu’il n’a pas évolué de ce point de vue là.
Quand aux clés de Lyoko, c’est simple, il n’avait qu’à activer les tours de passage pour sortir du cinquième territoire, or il ne pouvait pas….
-Et les clés que mon père avait programmées le lui ont permis…. Il est mort, maintenant. Il a dit lui-même qu’on ne pouvait pas vivre sans les clefs. Il s’est… Vraiment… Sacrifié pour me sauver. Le fragment que Xana m’avait volé devait contenir une partie des clefs, ça a dû modifier ma structure…
-Mais tu avais toujours la possibilité de désactiver les tours… Il te restait encore les clefs
- Voilà pourquoi on ne peut pas le faire, nous !
-Mais il y a aussi de bonnes nouvelles. Aelita, tu es maintenant…. Comme nous. Le fait de te tuer sur Lyoko ne te détruit pas : ça te ramène ici, à l’usine.
-C’est génial !
-Oui… Mais dans un sens seulement : tu es la seule à pouvoir désactiver les tours sur Lyoko. Si tu es dévirtualisée, tu sais bien que tu ne peux plus retourner sur Lyoko avant un certain temps : c’est dangereux. Pas plus d’un scanner par jour. Ces trucs là ne doivent pas être trop sollicités. Mais il y a autre chose !
-Quoi ? Dirent ils tous d’une même voix
-Maintenant qu’on tient la bonne structure virtuelle, je peux te programmer des armes ».
-C’est bien beau, tout ça, Einstein, mais comment on va détruire Xana maintenant.
-Ben… Euh, pour l’instant, la seule idée qui me venait à l’esprit était de le forcer à désactiver le Supercalculateur.
-Sans commentaire ».
Ils rentrèrent au collège, tout en réfléchissant. Dans une semaine, c’était les vacances. Ils n’allaient certainement pas détruire Xana en un laps de temps si court. Que faire ?
Aviser, sans doute, comme ils l’ont toujours fait.
Xana allait sans doute sous peu essayer de les avoir.
Coup de chance, il est sans doute plus facile maintenant pour Jérémie d’activer une tour sans que Xana en prenne possession.
Malheureusement, Hopper était forcément mort. Il n’activerait plus de tour et ne les aiderait plus.
Autre problème, il faudrait bien avouer un jour la vérité : Aelita n’était pas la cousine d’Odd et encore moins canadienne. Elle devrait avoir à peu près vingt cinq ans. Il faudrait inventer un gros mensonge.
« En temps normal, dans notre situation, on aurait plus qu’une chose à faire : attaquer Xana. Mais comment voulez vous qu’on attaque Xana ?
-Pour l’instant, nous devons nous défendre.
-La meilleure défense, c’est l’attaque
-Quelqu'un a dit qu’on était les meilleurs ?
-Non, donc on se défend comme on l’a toujours fait.
-Cette guéguerre commence sérieusement à m’agacer, qu’on en finisse, bon sang.
-C’est une guerre de positions. Il ne peut pas craquer, lui. Nous ne devons pas craquer. On n’abandonnera pas. Je m’attellerai à trouver tous les programmes du supercalculateur susceptibles de nous aider. Xana est peut être libre, mais sa seule arme… Comme notre seule arme reste un ordinateur quantique de trois étages, alors mettons nous dans la tête que rien n’a changé. Xana n’a jamais gagné. Il devient plus puissant, mais pas invincible. Ensemble, on l’aura…. Je vous le promets ».
Ils sourirent, croyant en leurs amis, en dans les paroles de Jérémie.
Xana était là, mais ils le combattraient. Il ne gagnerait pas.

FIN

Gavroche
05/03/06 à 20:27
Bon, bah un bon p'tit passage d'éclaircissements en règle, captivant et révélateur comme il se doit ! Maintenant, on est ramené à la question qu'on se pose depuis Réminiscence : Comment ils vont s'y prendre ?
Il me tarde de lire le prochain épisode.

L'anonyme
18/06/06 à 10:43
La suite que l'on attendait plus. Bon, rien de bien passionnant, mais bon, il fallait bien une petite transition^^ Par contre, je garantis pas que la suite soit mieux'^^

Les chroniques du monde virtuel

EPISODE 9

Xanaland

Chapitre un : Sortie
La fin de l’année était plus proche que jamais. C’était même à la fin de cette semaine de la fin du mois de Juin. La plupart des élèves étaient relativement heureux de cet arrêt bien que soudain de toute activité éducative.
Il y en avait pourtant quatre, qui eux n’étaient pas si heureux que ça. En effet, les vacances approchaient, et il n’était pas question qu’ils se séparent avant que le programme défectueux qui voulait leur peau depuis presque deux ans ne soit définitivement mis hors service. L’année dernière, ça n’avait pas posé de grands problèmes : ils avaient réussi à convaincre leurs parents de ne pas partir en vacances cette année là, et ce de gré ou de force. En effet, ils eurent même recours alors à nos chères bactéries. Leur parents, une fois tombés malades, ne purent pas partir en vacances. Mais cela ne servirait pas à nouveau cette fois ci, pour peu qu’ils trahissent leur secret. Ils devaient encore trouver une solution appropriée, ce qui n’était pas une mince affaire, étant donné que Xana, maintenant libre, se faisait plus menaçant que jamais. Ils parvenaient pourtant à trouver le sourire : aujourd’hui, c’était la sortie de fin d’année. Celle qu’ils attendaient tous : et pour cause, ce ne serait pas cette fois ci pure activité studieuse, puisqu’ils allaient dans un endroit ou chacun était certain de trouver son bonheur : le nouveau parc d’attractions de la ville, inaugurée quelques années auparavant. A ce propos, l’estimé Monsieur Delmas avait dit :
« Cette année, pour vous récompenser des efforts que vous avez fourni et du très faible taux de redoublements, l’équipe pédagogique a décidé que nous irions tous au nouveau parc d’attraction de la ville. En effet, le propriétaire nous a appelés, il nous y invite à moitié prix.
Nous déjeunerons là bas, aussi est il recommandé aux externes d’apporter leur pique nique. Bien entendu je compte sur vous pour garder une attitude convenable et responsable.
Quelqu'un a-t-il des questions ? »
La joie avait alors été la plus totale dans la salle polyvalente, où le proviseur tenait son discours. Ils s’attendaient à un musée d’art moderne ou encore à un laboratoire de recherches.
Aelita, bien qu’ayant maintenant tous les souvenirs de sa vie sur terre ignorait de quoi il s’agissait :
« Je passais le plus clair de mon temps avec Papa, disait elle, et on ne sortait pas beaucoup ». Aussi fallut il lui expliquer ce que c’était, et elle trouva le principe assez étrange.
Il était Midi, l’heure de déjeuner. L’excitation était à son maximum d’intensité, d’autant plus que plusieurs rumeurs circulaient : à ce que l’on disait, le parc en question venait de changer de propriétaire, au début de la semaine, et cela aurait occasionné une modification de certaines attractions.
Il paraissait même que le parc allait entièrement être robotisé : ce ne seraient plus des gens habillés en monstres qui animeraient le parc, mais bien des robots. De grands robots à ce qui paraissait. Si c’était aux normes ? Nul ne le savait : le centre serait « inauguré » par les élèves du collège. Ce qui bien évidemment entraînait, du moins en partie, ce mouvement d’excitation.
Il n’y avait, bien évidemment, cinq personnes que cela n’enchantait pas plus que cela : en effet, ceux-ci avaient combattu d’inimaginables cataclysmes. De l’ours en peluche géant aux perturbations climatiques, tout leur était tombé dessus, et c’était fait pour durer encore un peu.
« Alors, disaient ils, vous nous excusez, mais question panique, on est servis ».
Chapitre Deux : le parc des machines
Les bus scolaire étaient à l’heure. Il en fallait trois. Trois bus pour entrer dans le parc. Comment était il ? Gigantesque. A l’intérieur régnait une ambiance de nécropole. Ce n’étaient pas des cryptes, ni des pierres tombales, mais des statues métalliques représentant des démons, des créatures humanoïdes à l’aspect effrayant autant que réaliste. Hormis les jointures, on pût croire qu’ils étaient vivants.
Cette sombre population était surplombée par de grands échafaudages, ainsi que des bâtiments, tous plus imposants les uns que les autres : des attractions, dont les noms étaient ciselés dans les barrières. Le groupe émerveillé franchit une barrière, sans mot dire, dont le nom était caché par une banderole. Derrière, c’était un véritable village. Une ville fantôme. Le groupe finissait d’entrer, et la porte se fermait d’elle-même. Décidément, ce parc était parfait. Ils arrivaient à la grand place. Ils y virent la seule chose que l’on ne pouvait s’attendre à voir au milieu d’un parc d’attractions : une orgue. Une orgue gigantesque, et l’on peinait à imaginer quel son elle pouvait produire.
On était en Juin. Pourtant, même à quatorze heures, il faisait presque nuit : un épais brouillard dominait le parc. L’atmosphère était très inquiétante, en particulier pour une partie des collégiens, qui se demandaient à raison si quelque entité informatique ne les observait pas.
Le parc était toujours désert. Après dix minutes de réflexion, les adultes décidèrent de laisser les élèves en ébullition monter sur les machines de tortures qui s’ouvraient à eux. Des montagnes russes, des manèges en tous genres, le train fantôme, la salle d’exposition remplie de squelettes, et pour terminer, la visite guidée de la nécropole par des pancartes.
Tous les élèves devaient tout faire. On divisa le collège en cinq groupes. Un pour chaque zone d’attractions.
Naturellement, il fût impossible, et inutile, de séparer cette mystérieuse bande de gosses dont le secret demeurait impénétrable.
Bande qui, d’ailleurs, restée sur la place centrale, n’eut pas le temps de bouger. A peine les différents groupes s’étaient ils engagés dans les attractions qu’un bruit sourd se fit entendre. Et, transportant leurs malheureux passagers, montagnes russes, manèges et train fantôme se mirent lentement en marche. Les barres de sécurité rabattues, plus personne ne pouvait bouger, et personne ne comprenait. La salle d’exposition, où une partie était rentrée, ferma brusquement ses portes. Et tandis que les sombres rouages du piège qui s’était refermé derrière eux montraient tous leurs crans, les Lyokonautes virent arriver un homme.
Un petit homme bossu à la démarche fébrile. Ce qui fut l’objet d’une remarque de Yumi, à laquelle Jérémie répondit :
« On dirait plutôt ça pour un humain, mais là, c’est un robot».
Cette révélation ne surprit personne compte tenu des circonstances. Mais il avait l’air très élaboré. Trop élaboré pour un robot. Il n’avait pas….. Ce n’était pas…… c’était…
« XANA »Firent ils tous d’une même voix.
La banderole tomba. Confirmant les soupçons : elle affichait « Bienvenue à Xanaland ! »
Le ciel aussi, probablement, était un coup de cette sombre entité qui depuis deux ans les traquait.
On ne put jamais imaginer aussi humain de la part de Xana. Mais contre toute attente, l’orgue commença à jouer, seule, un air lugubre, mais entraînant. Une sorte d’Hymne infernal joué par des démons, tels ceux du cimetière.
Un malheur n’arrivant jamais seuls, ceux-ci mêmes commencèrent à s’animer, et quittèrent leurs piédestaux, et leurs tombes, comme pour hanter les vivants. Mais là n’était pas leur but. Ils voulaient simplement du sang. Celui de collégiens, ceux de Kadic, cinq en particulier.
Une mort horrible attendait ceux qui étaient face à ces créatures…. Tandis que ceux qui étaient dans la salle d’exposition, allaient mourir d’asphyxie dans le gaz qui se répandait à présent des fentes des murs. Le but de Xana était clair : il les tuerait tous, pas un ne devait en réchapper. De là dépendait la victoire, et il semblait impossible de l’arrêter.
« On doit désactiver la tour !
-Ulrich…… Aucune tour n’a été activée ». Dit sombrement Jérémie, son ordinateur à la main.
Chapitre trois : Tous mourir
Il aurait été humain à ce moment là qu’ils soient découragés. Dans un cas pareil, à l’époque où Xana n’était pour eux qu’une menace passagère –car il faut dire qu’en un temps, ils y crurent vraiment, à cette victoire rapide sur Xana-, ils l’auraient été. Mais là, c’était différent. Presque deux ans déjà qu’ils combattaient Xana. Toujours ils l’avaient contré. Avec l’amère certitude que ce serait plus difficile la prochaine fois. Toujours ils avaient été habitués à repérer la moindre anomalie dans le décor, la moindre incohérence, le moindre sursaut, la moindre brise et le moindre chuchotement. Toujours, cette anomalie repérée, avec sang froid, ils combattaient, désactivant la tour et contrant l’ennemi. Toujours un coin de leur esprit était réservé à cet ordinateur, dans l’usine, leur seconde maison. On ne souhaiterait à aucun enfant d’avoir à survivre à une attaque de robots, à une perturbation climatique, à un train fou, à des gaz mortels, ou à une plongée dans un univers virtuel. Eux l’avaient toujours fait. Eux savaient en ce moment même ce que Xana voulait, avec son armée de morts et son cimetière. Il voulait les effrayer. Et il échouait. Il échouait car ils ignoraient la peur. Oh, cet effroi singulier de petites choses, ils l’avaient toujours, mais ils ne redoutaient plus ce qui venait de Xana.
Car comme les fois précédentes, Xana perdrait. Ce fut pour les Lyokonautes un instant de grande réflexion. Ils repensèrent, sans même y songer, à ces aventures qu’ils avaient vécues, et à celles que, chronologiquement, ils ne semblaient pas avoir vécues. Il leur sembla qu’ils étaient plus vieux. Ils se comparèrent alors à ces héros, face au grand méchant, dans son trône de fer. Le grand méchant, lui, est bien à l’abri dans son sombre palais, tandis que le héros, péniblement et avec courage traverse les sentiers polaires, les déserts, les jungles impitoyables et autres marécages. Ces héros, dans les histoires, ils ont toujours des milliers de raisons de se retourner, et ils ne le font pas, ah non, non ! Ils continuent, pour ce en quoi ils croient. Et c’est pour ça qu’il faut combattre. C’est pour ça qu’ils n’abandonneraient pas.
Enfin, ils se souvinrent de Jim, le prof de sport. Un jour, il les avait aidé. Ce jour là, Xana avait matérialisé une horde de Kankrelats. Jim n’avait pas été un exemple de gloire médiévale, mais il l’aurait fallu voir hurler, dans le parc du collège, à l’assaut des Kankrelats, au nom de son devoir, de protéger les élèves. Et cette fois où lui, misérable balourd, avait empêché ce vieillard d’approcher Aelita.
Toujours ce même instant, ils repensèrent à leur dernier combat sur Lyoko, et ils s’imaginaient Franz Hopper, utilisant ses dernières forces pour sauver sa fille, avant de s’éteindre pour toujours. Au nom de tout ce courage, ils continueraient à ce battre. Eux aussi allaient frapper hurler, grogner, courir et se rendre ridicule, ne serait ce que pour une dernière fois se donner l’impression de botter les fesses de Xana.
Après tout, ce n’était qu’une petite attaque de routine. Le plan 152367gamma suffirait.
C’était simple : pendant qu’Ulrich combattrait les robots, Yumi protègerait les élèves, et Jérémie, Aelita et Odd partiraient à l’usine, afin de désactiver la tour.
« Mais il n’y a pas de tour activée !
-Non. Mais j’ai ma petite idée. Je reste ici. Odd, tu vas à l’usine, j’ai un plan.
-Mais je ne sais pas me servir du Supercalculateur !
-C’est très simple. Ecoute attentivement. »
Il lui souffla alors à l’oreille ce fameux plan, qui, ils l’espéraient, serait concluant.
Le tout était de le faire sortir du parc. Le seul moyen d’y arriver était de passer par le cimetière. Ca paraissait impossible, mais c’était essentiellement de l’esbroufe. Ces robots n’étaient pas bien rapides. Ils n’étaient qu’effrayants. Quoi qu’il arrive, ils passeraient.
Chapitre quatre : Victoire et défaite
Les autres étaient partis. Ils avaient couru dans toutes les directions pour secourir les élèves qui pouvaient l’être, ainsi que les professeurs. Odd, lui, devait passer. Les robots n’étaient pas très rapides, mais leurs griffes étaient de vraies lames de rasoir, et ils formaient une haie mortelle au milieu du cimetière, comme s’ils avaient deviné ses intensions. On ne pouvait pas leur passer au travers et espérer en sortir en un seul morceau. Les contourner serait idiot. Il n’y avait qu’une entrée qui faisait office de sortie, et tout chemin excepté celui dessiné entre les emplacements des robots menait obligatoirement à une impasse. Odd songea un instant à creuser un tunnel pour passer sous les robots, de toute façon trop lents pour l’atteindre avant qu’il ait refermé la première cavité, mais il se voyait mal creuser avec ses ongles, et cela eut pris au moins un mois. Tout spirituel qu’il fut, il n’envisagea aucun cas de figure dans lequel les élèves pouvaient survivre un mois dans ces pièges mortels. Bon, si on ne peut pas passer par en dessous, songea t’il, on va passer par-dessus. Cette idée lui étant venue, il remarqua soudain une planche avec des roues, abandonné par la providence même près de lui. Quiconque ayant l’esprit avisé se demanderait ce que cette planche faisait ici. La réponse n’en était, pour un résident du collège Kadic, que trop évidente. Un élève l’avait amené, soucieux de conserver auprès de lui un bien dont il ne pouvait se séparer, et qui, émerveillé par les attractions, l’avait laissé là. Il n’en était rien. En fait, ça appartenait au Xanaland. Il était automatique et servait à transporter certains robots d’un bout à l’autre du parc en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.
Ce qu’il lui fallait à présent, c’était une butte assez abrupte pour qu’il puisse espérer en tirer quelque saut de deux mètres de hauteur pour un mètre de longueur. Les collines de la nécropole feraient l’affaire. Il faut dire que les collines des nécropoles que l’on trouve dans les romans sont assez célèbres. Elles permettent au nécromancien de voir son armée se former dans sa totalité, au spectateur d’admirer l’aspect difforme, désordonné, et lugubre du cimetière ancien, et à Odd de passer par-dessus les robots qui bloquaient l’entrée. C’est tout de même un monde, pensa t’il. Il réussit. Aucune description ne serait suffisante pour le dire, mais il réussit. Etait ce gracieux ? Non. C’était très laid, visuellement parlant. Mais on ne vit jamais un saut aussi beau et aussi héroïque. D’ailleurs, on ne le vit, effectivement, jamais. Ce fut bien trop rapide. Trop soudain, et trop confus. Un instant, il roulait en direction des robots. L’instant d’après, il était derrière eux et fuyait à toutes jambes en direction de la sortie qu’il escalada sans trop de mal. Car Odd, non content de les aimer, est très semblable aux chats. Il a leur finesse et leur agilité. Il pouvait escalader n’importe quelle paroi, du moment qu’elle comportait une prise tous les deux mètres. Aussi incroyable que ça puisse paraître, ce n’était pas un collégien qui escaladait la barrière, c’était un chat. Un chat ? Non, c’était mieux que ça. C’était Odd.
Les robots, voyant cette aberration de la nature sortir du parc se dirigèrent tous vers la porte, laissant les élèves terrorisés à qui Yumi faisait signe de la suivre en direction de l’orgue.
***
Des montagnes russes s’élevait un hurlement continu. Le train allait de plus en plus vite et n’empruntait jamais deux fois le même chemin. En effet, une commande de la cabine de contrôle servait à dévier le train sur tel ou tel rail. Xana contrôlait la machine. « Il faut en prendre le contrôle, pensa Jérémie, sinon les élèves vont finir par éclater ». La première idée qui lui passa par la tête fut de se servir de son ordinateur portable ; en le branchant à la console, peut être pourrait il en prendre le contrôle. C’est ce qu’il tenta. Le résultat ne fut guère probant. Avec toute la puissance de son ordinateur, il pouvait au mieux appuyer sur un bouton, et ce uniquement le temps de cinq secondes. Xana, lui contrôlait tout. Jérémie réfléchit. Les rails se croisaient par endroits. Il y avait deux lignes. Trois croisements. A vingt mètres d’intervalle les uns des autres. En les utilisant à bon escient, on pouvait sans doute empêcher le train de beaucoup descendre, et donc freiner le train, à terme. Il faudrait avoir le bon réflexe au bon moment. Des trois leviers, seul celui de gauche et celui de droite avaient une importance. Si la diode était rouge, le train garderait le chemin qu’il suivait. Dans le cas contraire, si elle était verte, le train changerait. Pour que ce plan marche, il fallait qu’il change à chaque fois. Xana tenterait de résister, il faudrait donc abaisser le levier à chaque fois, si tant était que la diode était rouge, au bon moment, et sur un intervalle de temps allant de deux à cinq secondes. Jérémie n’avait pas les cartes en main. Mais il avait déjà fait preuve de plus d’habileté, face à Xana. Les ordinateurs, il connaissait. L’algorithme de baisse de levier était au mieux trop compliqué, au pire inexistant. Mais même s’il fallait qu’il ne s’en remette qu’à ses propres réflexes, Jérémie réussirait.
***
Un groupe d’élèves, celui qui s’était dirigé vers les manèges, avait choisi pour cible un stand d’autos tamponneuses. Au départ, tout allait bien, et ils s’amusaient à aller de plus en plus vite en direction des autres voitures dans le but plus que douteux d’en déstabiliser le conducteur. C’est alors qu’ils se rendirent compte qu’ils ne contrôlaient pas leur automobile. Les ceintures de sécurité s’étaient bloquées, et la vitesse prise par les véhicules aurait tôt fait de devenir mortellement dangereuse. La mission d’Ulrich : les arrêter.
Si c’est dit simplement, c’est que l’acte est simple. Ils avaient toujours combattu Xana. Il leur volait leur jeunesse. Il la leur avait déjà un peu volée, par ailleurs. L’insouciance de la jeunesse, ils l’avaient perdu. Contrairement à la plupart des enfants, ceux-ci ne rêvaient plus d’aventure, la vivant chaque jour et n’en voyant à présent que les mauvais côtés. Ces collégiens étaient des héros. Mais ils étaient les seuls collégiens au monde à ne pas rêver d’en être.
Ulrich fit ce qui lui semblait le plus simple. Les voitures suivaient toutes progressivement la direction d’une voiture non commandée un peu plus grande que les autres. Si Jérémie avait été là, il lui aurait expliqué que Xana devait répartir sa force sur une grande étendue, et que par conséquent, il n’avait pas la puissance nécessaire pour contrôler chaque voiture indépendamment des autres. Aussi n’en contrôlait il qu’une seule, les autres étant configurées pour la suivre. Mais cela, Ulrich n’avait pas besoin de le savoir. C’était un homme d’action. Il n’est pas difficile de l’imaginer prendre l’automobile en pleine marche et d’être ensuite en assez bon état pour pouvoir improviser. C’est ce qu’il fit. Une auto tamponneuse n’était pas quelque chose de très solide, ni de très stable, à fortiori parce qu’il fallait qu’elle aille vite. Et Ulrich n’étant pas ligoté à son véhicule, il lui fut aisé de le bousculer assez violemment pour le retourner et ainsi en arrêter la course folle, ce qui eut pour effet immédiat d’arrêter les autres voitures, après quoi il ne restait plus qu’à libérer les autres élèves secoués, toujours captifs d’une lanière de cuir.
Ils n’étaient pas encore tirés d’affaire, pensa Ulrich. Xana ne s’avouerait pas vaincu si facilement. Il ne restait plus maintenant qu’à espérer que le plan de Jérémie fonctionne…
***
Quel sentiment étrange que la peur. Prenez un soupçon d’hormones, trompez ou montrez à votre esprit des choses qu’il n’aime pas, et ça y est, vous avez peur. Sentiment idiot, aussi, car il s’applique aussi bien au dangereux qu’à l’inconnu. L’Homme craint l’inconnu, l’étrange, ce qu’il ne voit pas ou ce qu’il ne s’explique pas. Cette peur engendra des spéculations, qui devinrent des légendes. Aujourd’hui, ces légendes, ces mythes sont répertoriés. On les appelle « Vampires », « fantômes », « Trolls », « ogres » ou « dragons ». Ces monstres, dus à l’appréhension maladivement primaire de l’inconnu par l’être humain moyen. Et il était la cause et l’objet du train fantôme. Car en plus, pour couronner le tout, pour prouver son incohérence et sa stupidité naturelle à laquelle personne ne peut prétendre se soustraire, l’homme aime avoir peur. Pourquoi ? Parce qu’il aime avoir des sensations fortes. Et la seule sensation forte que l’on peut acquérir seul est liée au danger, et à la peur que l’on en a.
Un groupe s’était dirigé vers le train fantôme dans ce but, sans en être conscient. En effet, il aurait peur. Les spectres qu’ils allaient croiser dans leur train fantôme étaient d’une nature toute autre que ce qu’ils auraient pu imaginer. En effet, ce n’étaient là que des impulsions électriques, commandées par quelque entité froidement informatique, égarés à la sortie d’un câble, destinés à prendre possession d’un corps et de le rendre invulnérablement mauvais.
Ils entrèrent dans le train. Ils hurlèrent de terreur. Puis ils se turent. Cinq minutes plus tard, ils sortaient du long tunnel. Ils ne criaient plus, ils ne riaient même pas. Ils ne vivaient plus. Une étrange lueur brillait dans leurs yeux. L’emblème qui avait terrorisé les Lyokonautes pendant deux ans se dessinait dans leur regard. Ils ne vivaient plus. Ils étaient possédés. Ils sortirent lentement du train, impassibles, en quête de forfait. Nul n’aurait pu reconnaître en eux des adolescents.
***
Le groupe de William était entré dans la salle d’exposition. Elle était fort quelconque. C’était un musée des horreurs des plus ordinaires. Du moins en apparence. Ce qu’ils avaient d’abord pris pour un dispositif anti-incendie émettait en réalité un gaz toxique, dont la nature importait peu, mais qui les endormait progressivement. Une inhalation prolongée entraînerait à n’en point douter leur mort.
Yumi et son groupe d’élèves se dirigeait dans leur direction. Xana n’avait pas investi dans une infrastructure solide, et sans doute serait il aisé de défoncer la porte. Ils étaient assez nombreux pour ça. En espérant qu’il ne fût trop tard.
La salle d’exposition n’était, vue de l’extérieur, qu’une grande bâtisse en bois décoré par des bas reliefs peints représentant des horreurs en tous genres. Le sigle de Xana était présent sur la porte d’entrée, grossièrement dessiné, comme pour donner à l’endroit un aspect inquiétant, en donner l’apparence d’une cabane de sorcier aux pratiques ésotériques, mais au lieu d’un pentagramme tracé avec du sang de brebis, il y avait ce sigle tout aussi inquiétant, de travers, et bavant sur le reste de la porte. Pour les autres, c’était le signe de quelque malédiction. Pour Yumi, ça signifiait juste que c’était là qu’il fallait frapper. Et elle n’allait pas attendre que quelqu’un vienne lui ouvrir.
Elle fit signe aux élèves d’abattre un des arbres synthétiques plantés là pour cette même recherche d’ambiance lugubre. Il n’était pas bien grand. Un mètre quatre-vingt au plus. Il n’était pas si solide non plus. Il fut aisé de l’abattre, et de le transporter à la verticale pour s’en servir de bélier. Au bout de cinq coups bien portés, la porte céda. Les élèves étaient étendus au sol, succombant peu à peu au gaz mortel. Comme par réflexe, chaque élève sain en prit un endormi par l’épaule, pour le transporter au dehors.
***
La suite du plan était la suivante : chacun devait revenir avec son groupe à la grande orgue, qui continuait à jouer la même mélodie sinistre. Jérémie, ayant enfin réussi à arrêter le train, se dirigea avec son groupe au milieu du parc. Les autres étaient déjà là. Sauf Aelita. Celle-ci devait s’occuper du train fantôme. Peut-être avait elle eu moins de chance et lui était il arrivé malheur. Ulrich s’apprêta à aller la secourir, lorsque soudain, Jérémie la vit arriver en courant, paniquée.
« Attention, restez pas là, Xana a pris le contrôle d’un groupe d’élèves, ils vont nous encercler… ».
Mais il était déjà trop tard. En effet, on voyait de tous côtés arriver des robots, groupés, suivant des élèves possédés de leur démarche lente. Ils étaient si nombreux. Et armés. On ne pouvait les contourner, ils étaient partout. Ca allait être un carnage.
L’orgue reprit de plus belle, le ton se fit plus rapide, le son plus puissant.
Là, tous étaient découragés. Ils étaient anéantis, et terrifiés. Ils allaient mourir dans d’atroces souffrances, ainsi que tous leurs camarades.
Tout ce qu’ils avaient fait ces dernières années étaient irrévocablement vain. Xana voulait le leur faire comprendre par cette machination.
A peine ils avaient réussi héroïquement à se sortir de cette situation désespérée que Xana contre-attaquait plus vite et plus fort. C’était ce qu’il faisait depuis longtemps. Ils avaient déjoué chacune de ses attaques une à une. Et même ainsi, il revenait toujours, plus puissant et plus avisé qu’avant. Cela ne finirait donc jamais. Ils allaient mourir, et Xana sèmerait la destruction sur le monde.
Mais ils ne regrettaient pas d’avoir lutté. Ils avaient fait ce qu’ils avaient pu. Il faut toujours faire ce que l’on peut, même si c’est limité.
« Courage, dit Jérémie ».
Les robots avançaient, lentement. Ils n’étaient plus qu’à quelques mètres, dirigés par leurs généraux zombies.
L’orgue s’arrêta.
Chapitre cinq : Vaincu jusqu’à la prochaine fois
Elle s’était arrêtée depuis vingt secondes lorsque les robots s’arrêtèrent à leur tour.
Peu après, un râle électronique s’éleva des possédés, et des spectres en sortirent. Personne hormis Jérémie n’avait le courage de regarder ce qui se passait.
Mais ce qu’il vit fut à la fois terrifiant et rassurant.
Des spectres s’élevaient de chaque partie du parc, pour se regrouper au dessus de l’orgue, et former un gigantesque nuage sombre, qui descendit un temps devant Jérémie. Aucun son ne sortit, mais Jérémie crût entendre : « Tu es malin, Jérémie ». Puis le spectre géant se dirigea avec une vitesse phénoménale vers l’est, tant et si bien que, même si le soleil avait reparu, au bout de trois secondes, on ne le voyait plus. Odd avait accompli sa mission.
Le coup était très incertain, mais il était à tenter. Jérémie avait demandé à Odd de débrancher le supercalculateur. Peut-être Xana y accordait il encore une importance assez grande pour que les données de Lyoko ne doivent pas être effacées. Peut-être cesserait il toute activité au sein de Xanaland pour rallumer et réintégrer provisoirement le supercalculateur. Il y avait une chance sur deux. Et ça avait marché. Ca avait toujours marché. Une fois de plus, ils triomphaient. Qui pourrait dire s’ils allaient triompher la prochaine fois ? Mais ça n’avait aucune importance. Ils vivraient l’instant présent, jusqu’au moment d’en finir, de n’importe quelle manière.
Voyant le soleil réapparaître, tout le monde se découvrit le visage, et aperçut les adultes accourir, au milieu de ce parc sinistre, où tout était immobile, inerte, et meurtri.
Epilogue
« Bonsoir, et bienvenue au 19/20, édition régionale. Toute suite, nous allons démarrer les actualités, puis nous recevrons notre invité Francis Dupré pour son nouveau roman, mais avant, voici la météo… ». Les parents de Yumi venaient d’allumer la télé. Ils avaient eu vent des évènements s’étant produit le jour même au Xanaland. Aucun parent ne s’était vraiment plaint, car aucun élève n’était sérieusement blessé, et les adultes avaient pris en charge chaque élève non sain sans faire de difficulté. L’infirmerie cependant était bondée. Mais l’état des endormis s’améliorait, ils se réveilleraient le lendemain, sans doute. Le parc appartenant à un particulier, la ville ne serait pas blâmée. Mais il régnait un sentiment de mystère concernant cette affaire. Il était évident qu’il ne s’agissait pas d’un accident.
« On ignore ce qui s’est vraiment passé aujourd’hui au nouveau Xanaland. Notre envoyé spécial sur les lieux n’a pu y constater que chaos et désolation. Rien n’a été filmé, mais plusieurs témoignages concernant des nuages électriques et des élèves possédés intriguent les enquêteurs sur la raison de la rébellion des attractions et des robots contre leurs utilisateurs. Toutefois, il est évident maintenant que le parc est impraticable, et il sera détruit. Tout le monde ignore encore l’identité du mystérieux propriétaire des lieux.
Alain Firmry a été condamné à perpétuité pour son… »
Yumi éteignit la télé. Elle en avait assez entendu.
Xana s’était révélé au monde, à présent. Il faudrait redoubler de vigilance. Il y aurait des patrouilles dans toute la ville. Ils allaient sans doute découvrir l’usine…. Et les vacances approchaient.
FIN

Gavroche [invité]
18/06/06 à 19:15
(Fiouuu, heureusement que les week-ends existent... M'en s'rais voulu de rater ça ^^)

Ce sera pas un bon gros commentaire, désolé ^^, mais j'vais quand même répéter ce que j'apprécies dans ces Chroniques : c'est cette manière de presque faire passer l'action au second plan, pour détailler un maximum les mentalités et les réactions des personnages. LA SUIIIIIIIIIITEEEEEEUH !!! ET PAS LA PEINE DE BRAILLEEEEEER !!!! :twisted:

L'anonyme
26/06/06 à 12:01
La suite, qui fait office d'introduction à la prochaine partie de l'intrigue

Les chroniques du monde virtuel

EPISODE 10

Fuite

Chapitre un : Au collège Kadic
Il y avait en région parisienne un collège assez réputé pour son bon niveau d’enseignement et pour sa propreté exemplaire : le collège Kadic.
Comme son nom l’indique, il y avait dans ce collège des classes allant de la sixième à la troisième. C’était un internat. Un internat fort quelconque, de reste, avec un joli parc sans plus, et un confort raisonnable sans pour autant atteindre celui d’un hôtel cinq étoiles. Mais ce qu’il y avait de si particulier dans ce collège, c’est qu’il était riche. Non pas financièrement parlant, car il faut dire que, comme dans tout bon collège, il y avait toujours fort à faire pour renouveler le matériel éducatif, et offrir aux élèves des conditions de vie correctes. Sa richesse provenait essentiellement des gens qui l’occupaient. De qui s’agissait il ? Du personnel. Chacun d’entre eux aimait son travail, et l’exerçait avec soin et efficacité.
Parmi eux, Jean-Pierre Delmas, le proviseur, secondé par sa secrétaire, Nicole Weber. Toujours soucieux du bien être et de la sécurité des élèves, et à fortiori de sa fille, à priori l’unique membre de sa famille, qui résidait à l’internat, il avait engagé un agent de la sécurité tout à fait atypique : Jim, le prof de sport. Conseiller d’éducation et surveillant, sa balourdise naturelle et son franc parler dissimulaient mal un cœur d’artichaut et une passion de son travail. Et s’il arrivait qu’il y ait un manque de vigilance, et un accident, Yolande Perraudin, l’infirmière scolaire, était présente pour rattraper le tir. A priori, cette infirmière n’avait rien d’extraordinaire, mais on ne vit jamais à Kadic quelqu’un aller à l’hôpital, hormis des cas très graves dont la nature n’était de toute manière pas liée à quoi que ce soit d’ordinaire et de vraisemblable. Le parc et les bâtiments devaient leur état exemplaire à trois personnes :
Michel Rouiller, pour ce qui est des espaces verts, Gaston Lagrange et Rosa Petitjean, à noter que ces deux derniers avaient aussi pour mission de nourrir plus d’une centaine de bouches affamées, et ce d’une à trois fois par jour, dans le réfectoire du collège. Les professeurs étaient d’un niveau assez élevé, voire très élevé. Bien sûr, Suzanne Hertz, le professeur de sciences, n’égalerait jamais le niveau atteint dix ans auparavant avec Franz Hopper, qui enseigna à Kadic pour une durée relativement courte, et à qui entre autres le collège devait sa renommée. Cet homme, en outre, était un réel génie. Les rumeurs le concernant avaient circulé parmi l’équipe pédagogique, et les plus anciens ont encore en eux le souvenir de cette époque et de la sordide disparition de cet individu. Cependant, ils n’imaginaient pas que cette situation aurait des conséquences à long terme, et ne connaissaient pas sa nature exacte. Ils croyaient à un projet gouvernemental. Le projet secret de Franz Hopper n’avait qu’une motivation : son goût de la justice. Mais cela, tout le monde l’ignorait, et à sa disparition, on voyait en lui un sombre génie dont les compétences l’avaient fait monter et chuter.
Bref, ce qui faisait la force de ce collège, c’était sa vie intérieure, comme une bulle isolée du monde extérieur.
Hélas, comme chaque année, pendant deux mois, tout ceci n’aurait plus aucun sens, et le collège allait être dépouillé de ses valeurs. Le phénomène est courant et s’applique à chaque établissement dans le monde, et s’appelle communément « les vacances ». Loin d’être aussi apocalyptique que pourraient le suggérer les précédentes lignes, c’était un évènement plaisant, et très attendu, aussi bien par les élèves que par les professeurs. Les élèves, ingrats, préféraient être oisifs à écouter les cours ennuyeux de professeurs qui, en étant conscients, estimaient avoir besoin de repos.
Comme tous les ans, le collège allait être vidé par les vacances, et l’on se préparait à dire au revoir aux troisième qui, ayant depuis maintenant deux jours passé leur brevet, s’en iraient au Lycée ; et bonjour aux nouveaux arrivants, qui de l’école primaire arrivaient au secondaire. Bien que certains adieux puissent s’avérer tristes, l’ambiance générale était à la joie.
Cependant, les vacances avaient toujours embarrassé cinq élèves. Aimaient ils particulièrement travailler ? Avaient ils une affection particulière pour leurs professeurs ? Etaient ils extravertis au point de ne pouvoir se séparer de ce tout formé par les élèves, uniquement dissociable au moyen des vacances ? Point du tout. Leur réticence face à ce phénomène n’était pas liée au principe. Elle était uniquement une question de lieu. Ils devaient rester. Ce groupe, les Lyokonautes, devaient combattre Xana. Le seul moyen d’y arriver était de pouvoir atteindre le supercalculateur à chacune de ses attaques, jusqu’à trouver le moyen de l’anéantir à jamais. Or s’ils partaient en vacances, l’on ne donnerait pas cher du monde, à ce moment à la merci de Xana qui n’avait d’autre but que de le détruire.
L’année dernière, ils avaient pourtant trouvé une bonne technique pour s’éviter ces vacances forcées : ils avaient fait une culture de bactéries peu dangereuses mais très virulentes, et les avaient inoculés à leurs parents, et, par précaution, aux voisins, afin de dissimuler qu’il s’agissait d’un acte prémédité. Lesdits parents, renonçant de fait à leur départ, laissaient les enfants libres de tout mouvement durant ces « très longues vacances au cours desquelles ils risquaient de s’ennuyer ». En effet, ils eurent à déjouer plusieurs attaques.
De plus, l’été, Xana était très inspiré. Mais ses actions étaient très limitées par sa logique : il voulait tuer les Lyokonautes avant de s’attaquer de nouveau au monde, ceux si ne pouvant alors plus appliquer de mesure d’extrême urgence : débrancher le supercalculateur.
La situation, cette année, était différente : Débrancher le supercalculateur n’était plus une mesure d’extrême urgence, car Aelita était libre. Xana, en revanche, n’avait plus besoin du supercalculateur pour perdurer, mais sa dernière attaque ratée l’avait poussé, manifestement, à recommencer d’utiliser les tours. En somme, la situation était au même niveau, et il serait folie de retenter le coup des microbes. Un autre facteur, en outre, entrait en jeu : Xana, avant sa « libération », gagnait plus de puissance à presque chaque attaque. Il était donc bien plus fort.
Il est également nécessaire de rappeler quel état d’esprit était le leur en ces moments mêmes : ils en avaient assez. Assez de vivre sous le joug de Xana, assez de combattre, assez de ne plus vivre, assez de penser que tout ce qu’ils avaient fait avait été vain. Ils voulaient en finir. Ce serait quitte ou double : soit ils triomphaient avant la prochaine rentrée scolaire, ou bien ils pouvaient dire adieu à la terre.
N’importe qui d’avisé se demanderait pourquoi les Lyokonautes ne disaient pas tout aux autorités. Après tout, il n’y avait plus aucun danger technique à le faire. Mais Aelita n’avait ni père ni mère. Elle n’avait aucun parent connu, et la révélation de cet état de fait aux autorités serait catastrophique. N’oublions pas qu’il s’agissait d’adolescents ! Aelita serait placée en orphelinat, et la séparation serait terrible. Ces adolescents réfléchissaient en fait surtout à l’instant présent : d’abord, ils doivent vaincre Xana. Ensuite, ils verraient. Peut-être après tout pourraient ils compter sur l’aide des deux membres du personnel du collège qui étaient approximativement au courant de l’affaire « Franz Hopper ».
Malheureusement, il n’était plus question d’éteindre le supercalculateur, et ils n’avaient plus aucune idée de ce qu’ils allaient faire.
Cependant, Jérémie avait trouvé un début de piste : Xana étant retourné dans le supercalculateur, explorer de fond en comble le cinquième territoire serait un moyen envisageable pour trouver une solution au problème.
Ils avaient souvent rêvé d’un monde sans Xana, un monde vraiment heureux. Ulrich et Yumi envisageaient en secret un avenir commun. Jérémie et Aelita le faisaient, mais moins secrètement.
Ah, autre point problématique : Yumi entrerait au Lycée. Il fallait donc en finir rapidement. Ulrich en était bouleversé, par ailleurs. Il se jurait toujours à lui-même de tout lui avouer avant son départ –fut ce au dernier moment- afin de sauver leur relation, ou de se rendre compte qu’elle était vouée à l’échec. Quelle ironie du sort ! Yumi avait en tête la même idée. Mais après tout, le non aveu est il un mal en soi ? En effet, il était principalement lié au comportement adolescent commun aux deux amoureux. Mais un adulte plus mur aurait sans doute fait de même. N’oublions pas qu’ils devaient combattre Xana, et que ce genre de sentiments ne devait en aucun cas interférer, les conséquences auraient été désastreuses pour la solidité et l’unicité du groupe. Pour Jérémie et Aelita, la situation était totalement inverse : de leur amour naquit un programme de matérialisation, et la solidarité totale du groupe envers Aelita venait, sans qu’ils en soient vraiment conscients, de là, à la base. Mais pour que tout ce qu’ils ont vécu ensemble, et que tout reste fort et solide, ou le devienne, il faut impérativement vaincre Xana.
Lui, c’était le programme. De quoi s’agissait il ? « Au tout début, disait Franz Hopper, c’était un programme que j’avais conçu… Basé sur un système multi agents, et destiné à contrer un projet militaire ». C’était en effet rien de plus, et rien de moins. Il fut créé pour détruire le projet Carthage. Il veut détruire le monde. Mais il n’est pas méchant. Le qualifier de méchant serait un grossier abus de langage. Il était juste froid et logique. Cet état de fait le rendait encore plus détestable. Le malaise ressenti par les héros lorsqu’ils pensaient à cela est indescriptible, mais il coule de source, même pour qui ne vivrait pas cette aventure.
Peut-être, dira t’on, avait il raison à propos de l’Homme. Mais là n’est pas la question. Rien ne lui donne le droit de faire ce qu’il fait. Mais c’est une question de droit moral, or qu’est ce que le droit moral pour un programme ? Une notion abstraite ne peut être comprise par un ordinateur.
Il devait être détruit au plus vite. On devait l’empêcher de commettre le moindre dégât important. Et pour cela, il fallait renoncer aux vacances, et surtout y échapper, quitte à faire du mal à leurs proches ; de toute façon, ils en auraient sans doute moins que s’ils partaient au bout du monde dans un endroit paradisiaque.
C’était le dernier jour de cours au collège Kadic, qui se terminait. Ce serait bientôt l’heure de dîner, et Yumi avait obtenu de ses parents qu’ils la laissent le prendre au collège, afin de dire au revoir et adieu à tous ses camarades et amis.
Chapitre deux : Solution douloureuse
S’il y avait bien une faction qui n’aimait pas changer ses habitudes, c’étaient bien les cuisines. On était le dernier jour de cours, certes, mais on était avant tout vendredi, et le Vendredi soir était le soir du hachis Parmentier, au grand dam de chacun et à l’extrême bonheur d’Odd.
Après ça, les élèves rentreraient tous chez eux, sans exception. C’était donc un moment capital.
Le moment de délibérer.
« Bon, alors on fait quoi ? Demanda Ulrich.
-Il faut absolument qu’on reste ! répondit Odd. Sinon, qui prendra soin de Xana ?
-Là, il faudrait surtout prendre soin de l’envoyer à la casse, celui là, répliqua Yumi.
-Ce n’est pas la question. On a présentement plusieurs problèmes : on ne peut pas partir : Xana ne nous donnerait pas l’occasion de refaire cette erreur. En plus, Aelita n’a pas de famille vivante connue, et tout le monde croit encore que c’est la cousine d’Odd. Or, il n’en est rien.
-Bon, on peut rattacher les deux problèmes et leur trouver une solution commune. Maintenant, laquelle ?
-Plus question de tenter de raisonner les parents. La seule solution maintenant serait de leur échapper. Ulrich avait parlé.
-Mais alors que doit on faire ?
-Fuir.
-Mais tu es malade ? On a pas d’endroit où aller, on va nous retrouver, on va nous cuisiner, et de toute façon, comment on subsisterait ?
-Mais on DOIT le faire, et…
-Attendez, dit Jérémie, j’ai une idée. On va aller se réfugier à l’usine, dans la salle du Supercalculateur. Là, personne ne nous trouvera, on s’arrangera pour ça. En plus, ça empêchera les patrouilles de police de trouver le Supercalculateur.
On pourra faire nos expéditions sur Lyoko sans discontinuer, et quelqu’un ira régulièrement nous chercher à manger, juste ce qui est nécessaire pour survivre.
-C’est de la folie, mais c’est jouable, après tout, je suis restée dix ans dans le Supercalculateur, et je combats Xana. Aller s’installer à l’usine n’est pas plus fou qu’autre chose…
-Je suis partante. Déjà, on peut voler les fruits et le pain de la cantine, il y en a des tas.
-Oui, et le dernier sous sol de l’usine est réfrigéré, on pourra tout y mettre !
-Alors c’est décidé, proclama Ulrich. Ce soir, on part en vacances. On installe le camp, et dès demain, pas de pitié pour Xana !
-Ouais, cette fois ci, on le loupera pas !
-C’est parlé ! On a pas fait tout ça pour déclarer forfait maintenant.
-MORT A XANA ! ».
Et ce qui fut dit fut fait.
Une demie heure plus tard, le repas terminé, ils profitèrent du manque de vigilance de Jim du à la fin de l’année pour aller chercher des sacs dans la remise. En effet, ils se servaient de ces sacs pour les remplir de feuilles mortes, ou de bois coupé. Puis, ils se dirigèrent vers la cuisine. A cette heure ci, en effet, l’on mangeait encore, et la quasi-totalité du personnel se trouvait dans le réfectoire. Le reste était déjà rentré chez lui pour ces longues vacances. Comme ils l’escomptaient, ils trouvèrent de la nourriture. Il n’y en avait pas énormément. Juste de quoi nourrir chaque élève pour un repas. Mais c’était suffisant. Il fallait que ça le soit, et puis… Ils n’étaient que cinq. Ils remplirent donc les sacs de fruits, de viande, de chips, et de quelques légumes. Rien de bien folichon, bien sur, juste ce qu’on peut avoir avec le budget accordé à la restauration, dont la faiblesse fait la notoriété des cantines françaises.
Sans doute pourraient ils chauffer la nourriture avec les nombreuses machines de l’usine. Ils les connaissaient, ces machines. Ils les avaient visité, actionné, combattu, et même détruit certaines d’entre elles. Maintenant, ils allaient vivre à l’usine. Parmi ces machines.
Il faut avouer que cette aventure dans laquelle ils avaient été entraînés malgré eux leur faisait vivre des expériences non seulement peu communes à leur âge, mais peu communes tout court.
Imaginez vous, au temps de votre adolescence. Avez-vous combattu une entité maléfique ? Avez-vous fait des pieds et des mains pour conserver ce secret inavouable ? Avez-vous seulement réfléchi à ce que vous feriez dans une telle situation ? Non, vous n’avez rien fait de tout cela, et vous ne le ferez probablement jamais. En revanche, vous en avez rêvé. On rêve tous d’être un héros. Eux, non. Ils ne rêvaient plus. Ils n’en avaient plus le temps ni l’énergie. Ils ne se considéraient d’ailleurs même pas comme des héros. Ils étaient esclaves. Esclaves de Xana. Rien de plus et rien de moins. Ils n’étaient pas héroïques. Ils ne se considéraient d’ailleurs pas comme des gens normaux. Ils faisaient leur devoir. Et le feraient toujours. Oh, bien sur, peut être, à terme, vaincraient ils Xana. A terme, ils la remporteraient sans doute, cette ultime victoire. Il cesserait d’exister, à coup sur, ne fut ce que par épuisement. Mais sa victoire serait peut être plus grandes que lui-même ne pourrait l’imaginer, sur ces enfants. Guériraient ils de ce combat ? Pourraient ils un jour passer outre, continuer à vivre, ou même recommencer ? Ou au contraire se laisseraient ils mourir, les séquelles étant trop grandes ?
A coup sur, ils avaient perdu leur adolescence. Il ne tenait à présent qu’à eux de ne pas gâcher le reste. Les ressources, ils les avaient. Evidemment, jamais ils n’oublieraient Xana. Jamais ils n’oublieraient cette aventure. Serait ce un bon souvenir ? Une leçon de vie ? Ou au contraire symboliserait elle le début de la fin de ceux qui sont devenus les Lyokonautes ? Seul l’avenir pourrait le dire. Peut être seraient ils plus murs et plus sages à l’issue de ce combat sans merci. Peut être au contraire resteraient ils à jamais des êtres privés de vie. Qui vivrait verrait. Mais à cela, y pensaient ils vraiment ? Sans doute, mais pas de la même manière. Ils voyaient cela essentiellement d’une manière technique. Et ils préféraient ne pas penser à l’avenir. Du moins, ils n’en parlaient pas. L’instant présent et lui seul comptait. Il était assez riche à lui seul pour qu’on ne puisse décemment se soucier d’autre chose.
Tandis que ceux qui sont au calme réfléchissent à leur situation future, eux, n’avaient en fait qu’une idée en tête, celle de leur fuite.
Ils couraient à présent, des égouts vers l’usine. Ils prenaient le chemin habituel, avec leurs planches à roulettes et leurs patinettes. Cette fois ci, ce serait différent. Ils ne laisseraient pas les véhicules derrière eux. Les patrouilles fouillaient déjà la ville à la recherche de la cause de l’accident du Xanaland ; ils fouilleraient encore plus lorsque leur disparition serait signalée. Ils allaient prendre lesdits véhicules avec eux, et les emporteraient avec le reste à l’usine. C’est ce qu’il y avait de mieux à faire. Il fallait aussi s’efforcer de ne pas laisser de trace derrière eux. Ils furent donc très prudents. Ils avaient encore près d’un quart d’heure avant que leur absence ne devienne inquiétante. D’ici là, ils auraient rejoint l’usine. Ils avaient déjà planifié de visiter le cinquième territoire de fond en comble le lendemain.
Dix minutes plus tard, ils traversaient les couloirs de l’usine, menant à l’ascenseur, celui là même qu’il faudrait remonter et verrouiller. C’est ce qu’ils firent.
Trois minutes plus tard, Ulrich et Yumi installaient la nourriture près du bain d’azote liquide, pour la garder au frais, Jérémie consultait le super-scan, tandis qu’Odd et Aelita aménageaient la salle du supercalculateur afin de la rendre habitable. Ils organisèrent les lits en cercles, afin que personne ne se gêne. Ils seraient réveillés à la moindre attaque. Parfait.
Il ne leur fallut que deux minutes pour accomplir leurs tâches respectives et se rejoindre dans leur dortoir improvisé. L’instant était grave, tout comme la mine qu’arborait chacun des collégiens. Dire qu’ils étaient en vacances. Il était 21h00. Leurs parents s’inquièteraient, et préviendraient la police d’une minute à l’autre. Ce n’était pas grave. Ils ne les retrouveraient pas. Toutefois, il était tout de même important, voire essentiel, de les rassurer quelque peu. Ils délibérèrent.
« Bon, ben, il ne reste plus qu’une chose à faire. Annonça jérémie.
-Oui, on doit écrire à nos parents. Maintenant, reprit Yumi… Que leur dit on ?
-On ne peut pas leur dire ce qui est, ce serait trop d’indices. Il faut leur mentir.
-Odd, décidément, tu changeras jamais, dit Ulrich, d’un air mêlant ironie et exaspération.
-Non, non, il a raison. Cependant….
-Il ne faut pas les inquiéter. Je me souviens à quel point mon père pouvait être inquiet quand il ne savait pas où j’étais…
-En même temps, il faut le comprendre, vous étiez recherchés.
-Même, on peut pas les inquiéter. J’ai une idée, continua Jérémie : on pourrait dire qu’on est partis faire du camping, qu’on savait qu’ils n’allaient pas nous laisser si on leur avait demandé, et qu’on revient à la fin des vacances.
-c’est très simpliste…. Mais ça peut marcher. Après tout, on est des ados, on est tous un peu cinglés sur les bords.
-Ouais, surtout toi, Odd ».
Jérémie prit son ordinateur portable, et se mit à écrire un e-mail qu’il allait envoyer à tous leurs parents.
« Chers parents,
Nous sommes bien conscients de l’inquiétude que notre absence pouvait susciter. Mais nous vous demandons de ne pas vous inquiéter. Nous sommes justes partis camper dans le nord de la France pendant la période des vacances.
Nous comprenons que vous soyez inquiets, et nous nous excusons de vous infliger de telles craintes.
Cependant, après cette si belle année scolaire, nous n’avions pas le cœur à nous quitter, et avons préféré partir ensemble en vacances, afin de célébrer le brevet de Yumi, et son départ au lycée, sans avoir à nous quitter d’une manière aussi brusque que la fin des cours. Ne vous inquiétez pas pour nous, nous serons prudents.
De plus, nous sommes quatre, et vous nous savez débrouillards. Partez donc en vacances sans vous soucier de nous. Nous nous débrouillerons très bien sans vous, nous. Nous avons des vivres, et nous pouvons dormir décemment.
Vous allez nous manquer.
-Yumi, Odd, Jérémie, et Ulrich.
-PS : N’oubliez pas de signer nos dossiers de réinscription, et les papiers pour la cantine ».
C’était parfait : juste assez sale gosse, et juste assez bien tourné de manière à se faire passer pour plus responsables qu’ils ne sont. Ils seraient crus, ça ne faisait aucun doute. Leur traque ne ferait aucun doute également. Il faudrait être synchrone.
Tandis qu’ils envoyaient le mail, les parents, déjà très inquiets, le recevaient. Ce courrier électronique eut deux effets. D’abord, leur inquiétude s’atténua, du fait qu’ils n’avaient pas été kidnappé par quelque brigand désaxé ; puis elle augmenta, à l’idée de ces frêles enfants seuls dans la nature. Ils prévinrent immédiatement la police. Si vraiment les enfants étaient trop loin, ils songeraient à appeler le proviseur, afin de savoir ce qu’ils avaient en tête.
Jérémie connaissait bien les parents, et cette réaction, il l’avait deviné, et il avait déjà tout prévu.
« Demain, dit il, j’imiterai la voix d’une hypothétique mère d’Aelita pour rassurer le proviseur, et tenter d’éviter de quiproquo».
Sur ce, fatigués de leur escapade, et de l’heure qu’il étaient, ils s’étendirent, rassurés par les paroles de Jérémie, et pensifs, vis-à-vis du lendemain. Bien que leur excitation soit grande, ils s’endormirent presque instantanément.
Merveilleux age que l’adolescence. A cette période, le corps pouvait relever les défis les plus grands.
Sans doute rêvaient ils de temps plus propices, de paix, de monde sans Xana. Depuis la confection du programme de matérialisation, leur conviction, et leur détermination n’avaient jamais été aussi grandes.
Etrange spectacle, s’il en était ; l’holomap était inopérante, et la salle entière paraissait endormie. A l’étage du dessous, trois tubes métalliques dormaient aussi, surplombant un bain d’azote liquide. Plus aucune lumière n’était allumée, si ce n’est une faible lueur provenant de l’écran.
Les temps à venir seraient durs, ils devaient s’y préparer.
La lune brillait, haut dans le ciel. La ville entière était endormie, sans s’inquiéter de ce danger invisible qui la menaçait, prêt à frapper, dès que ces jeunes gardiens de l’humanité auraient péri.
Des données défilaient lentement à l’écran du supercalculateur. Accélérant parfois, puis ralentissant. Lyoko dormait aussi. Les monstres qui patrouillaient sur les territoires étaient immobiles. Des données fusaient dans les câbles, provenant de Carthage, où seul Xana ne dormait pas. Son esprit, essentiellement fait d’algorithmes, songeait toujours à de froides tactiques visant à une destruction à peine mesurée par sa cause, qui ne se souciait en réalité que du but qu’il s’était fixé. Détruire.
Lui seul ne dormait pas. Un programme ne dort pas. Et partout sur Lyoko, les données continuaient à fuser, au rythme des pulsations.
FIN

L'anonyme
09/07/06 à 00:23
Chose promise, chose due, voici la suite

Les chroniques du monde virtuel

EPISODE 11

Apocalypse

Chapitre un : Calme réveil au milieu d’une tempête
Huit heures. L’usine, toujours calme et obscure, ne laissait transparaître aucun signe de l’heure qu’il était, et rien ne semblait pouvoir dérober les jeunes endormis au sommeil.
Oui, ils dormaient profondément, ces jeunes guerriers. Peut être rêvaient ils, qui l’eut pu dire ?
Dans ces moments là, ils avaient l’air de paisibles adolescents.
Ils avaient besoin de repos. La journée qui les attendait serait rude. Ils avaient élaboré, lors de leur fuite, un plan détaillé, et un objectif précis à leur expédition.
Sitôt levés, ils prendraient un petit déjeuner. A tous les petits déjeuner, ils prendraient une demi pomme chacun hormis une personne qui, à tour de rôle, en prendrait une entière. Ensuite, direction les scanners et le clavier. Ils atterriraient dans la forêt, et direction Carthage via le transporteur. De là, Ils activeraient la clef au plus vite. Puis ils fouilleraient Carthage de fond en comble histoire d’en trouver le centre. Il n’était pas question d’utiliser l’ascenseur sans avoir entièrement exploré le niveau. Si Xana résidait physiquement là, ils le trouveraient. Il était entré dans le supercalculateur, et étant donné sa logique, il n’y avait aucune raison pour qu’il en soit sorti entre temps. S’il n’était pas invincible, le but serait de l’éradiquer à jamais. Mais avant, il faudrait déjà qu’ils se réveillent.
Il ne leur fallut pas attendre longtemps pour cela. Quelques minutes plus tard, comme prévu, les lumières de la salle s’allumèrent. Leur réveil fut paisible, lui aussi. Ils se relevèrent en douceur, et ne semblaient pas avoir perdu le nord.
« Aaaaah, bon. Au boulot. Allez nous chercher les pommes, on descend.
-Reçu ».
Le petit déjeuner fut pris sans joie ni peine. Juste en attente des évènements à venir.
Puis ils remontèrent. Quatre aux scanners, et un au clavier. Jérémie fit machinalement quelques manipulations.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il se rendit compte que le supercalculateur était hors d’état !
Pas une diode électroluminescente allumée, pas un seul bruit, pas une seule réaction lorsqu’une touche était enfoncée.
Il se dirigea vers le dernier sous sol. Là aussi, l’unité centrale était hors d’état. Sa brillance avait entièrement disparue.
« Venez vite ! »
Sitôt dit, sitôt fait. Et quelques instants plus tard, la surprise était entièrement partagée.
« Que s’est il passé ici ? Demanda Yumi
-Je l’ignore, répondit Jérémie. C’était déjà comme ça quand je suis arrivé.
-On peut le rallumer, s’empressa de dire Ulrich ?
-Il est allumé, théoriquement. Mais rien ne marche, et visiblement, si j’en crois mon ordinateur portable, ça fait longtemps qu’il est comme ça.
-Tu veux dire… Que…
-Oui, Aelita. Lyoko n’existe plus. Il a été effacé.
-Et Xana ?
-Je ne sais pas. Il a du s’enfuir, pendant l’extinction de Lyoko
-Pourquoi n’a-t-il rien fait, alors ?
-Il ne pouvait peut être pas
-Mais c’est positif, pour nous, ou négatif ? demanda Odd, qui pour la première fois semblait vraiment inquiet.
-C’est totalement négatif ! La logique de Xana ne prend plus en compte le Supercalculateur. On pourrait plus lui faire le même coup qu’au Xanaland, or, c’est ce qui nous avait sauvé !
-Mince… On fait quoi ?
-On improvise. Déjà, on essaie de le repérer, et on…. Quoi ? »
Jérémie fut interrompu par un grand bruit sourd. Comme quelque chose qui s’effondre. Ce n’était pas loin. C’aurait pu être le tonnerre, mais c’était trop fort, et trop sourd. Jamais le tonnerre ne ferait pareil bruit.
« On va regarder ce qui se passe aux caméras de surveillance ».
Heureusement, Jérémie s’était arrangé, il y a quelques mois, à pouvoir accéder aux caméras de surveillance à l’aide de son ordinateur portable.
Dans une inquiétude extrême, il l’alluma. Puis, il cliqua sur l’icône appropriée.
Les caméras intérieures n’indiquaient rien. Peut être que ça venait de l’extérieur…
Avec un peu de chance, il pourrait le voir avec la caméra donnant à l’entrée. Il l’activa.
Tous sursautèrent. Il y avait un homme. Un homme allongé sur le ventre. En costume… peut être allait il travailler, mais son corps, dirigé vers l’usine, indiquait qu’il s’y rendait. Et qu’il s’y rendait en courant. Pourquoi ? Poursuivi, peut être. Il était peut-être blessé. Il fallait aller voir. En tout cas, cet homme n’avait rien à voir avec eux, à priori. Ce qu’on pouvait voir de son visage n’évoqua rien aux ex-Lyokonautes désormais au chômage.
Yumi se porta volontaire pour partir en éclaireur.
Elle traversa prudemment la cathédrale de verre.
Arrivée au couloir, elle aperçut. Rien d’autre, à ce moment là, n’aurait pu attirer son regard. Aussi ne regarda t’elle que lui. Il faisait gris, au dehors. Et le temps était un peu brumeux. Elle courut vers lui, et se pencha dessus.
Elle prit son pouls.
Ainsi constata t’elle avec horreur que son cœur ne battait plus. Cet homme était mort. Elle le retourna avec anxiété. Non. Décidément, elle ne le connaissait pas. Que se passait il ? Il n’avait aucune plaie. Il était intact, à première vue. Mais ses yeux morts grands ouverts laissaient imaginer que la mort avait été subite. Pourtant, rien. Comme s’il avait été ensorcelé…. A coup sûr, c’était Xana. Le fait qu’il soit devant l’usine était sans doute un signe. Comme toujours, il voulait aussi leur faire comprendre qu’eux aussi allaient mourir.
Elle entendit un cri. Elle se releva, et regarda vers l’horizon.
Et ce qu’elle découvrit la terrifia.
Chapitre deux : Désolation
Elle courut à nouveau. Elle était paniquée, et devait prévenir ses amis. C’était urgent. De retour dans la salle du Supercalculateur, elle était livide. Elle ne pouvait plus parler, tellement le choc était intense.
Elle ne put rien leur dire, mais leur fit signe de venir.
Le voyage en ascenseur lui parut une éternité. Elle voulait qu’ils viennent rapidement. Très rapidement. Elle courut, au travers de la cathédrale et du couloir. Ses amis la suivaient.
Ils la virent dans la lumière. On ne pouvait distinguer ce qu’il y avait derrière. En effet, voila quelques heures qu’ils étaient dans le noir presque complet, leurs yeux se fermaient naturellement. Tout ce qu’ils auraient pu voir malgré cette lumière, le brouillard les en empêchait.
Puis, leurs yeux purent s’ouvrir. Découvrant un paysage désolé.
Dans la brume, ils purent voir d’autres gens étendus à terre. Beaucoup de gens. Tout le quartier, ou presque, probablement. Tous morts. Pas de sang, pas de plaies. Juste des corps étendus sans vie au sol, dans un épais brouillard.
Machinalement, et lentement, ils traversèrent le pont, arrivant en ville. Les trottoirs étaient tapissés de corps sans vie, et les rues bondées de voitures immobiles. La mort conduisait chacune d’entre elle.
Une forme noire surgit soudain de l’ombre d’une ruelle. C’était un spectre de Xana. Il changeait juste de rue. Son passage fut accompagné d’un hurlement, puis la plainte fut à nouveau suivie du silence, dans ce brouillard de mort.
Etait il au moins naturel, ce brouillard ? Pourquoi en plus faisait il si gris ?
Pour répondre à cette question, sans qu’ils aient besoin de se le demander, ils levèrent les yeux au ciel. Ils aperçurent un épais nuage noir électrique, qui s’étendait sur des Kilomètres… C’était Xana. Sa puissance avait augmenté. Comment ? A moins…. Aurait il pu prendre en lui toute la puissance du Supercalculateur ? Etait ce possible ?
La réponse à cette question vint avec le poissonnier, effrayé, sortant de sa boutique. Trois spectres arrivèrent de trois ruelles différentes. Ils se ruèrent sur lui pendant qu’il hurlait et se protégeait de ses mains. L’un des spectres le traversa. Il tomba au sol. Il était mort.
C’était épouvantable. Non seulement Xana n’avait plus besoin du Supercalculateur, mais en plus, il n’éprouvait plus le besoin de tuer les Lyokonautes en premier. Car Lyoko n’existait plus. Xana était devenu invincible. Il triomphait, et les morts s’étendaient à perte de vue.
Et lui s’étendait toujours plus loin tel un typhon dont l’épicentre correspondait au toit de l’usine. Les deux spectres restés inactifs durant cette sordide scène se retournèrent, et foncèrent vers les enfants, qui hurlèrent à leur tour.
Mais les spectres ne purent pénétrer leur corps. Une barrière magnétique les en empêchait. Face à cet échec, les deux spectres partirent, sans demander leur reste, et comme s’ils ne les avaient pas aperçu.
« Nous sommes toujours immunisés, pensa Jérémie ».
Cette contemplation silencieuse dura deux heures encore, et lorsqu’ils purent recouvrer la parole, lorsque le choc fut enfin atténué, tous dirent en même temps :
« Et qu’est ce qu’on fait, maintenant ? »
Bonne question. Le seul moyen de combattre Xana avait toujours été le supercalculateur. Or, celui-ci n’existait plus.
« Heu… ben….
-Mince, de mince de mince de mince, pourquoi ?
-On a toujours su que Xana voulait faire ça. Seulement, on ne pensait en aucune façon qu’on aurait un jour à y assister.
-Doit on abandonner ?
-Non, non, on doit pas abandonner…
-Mais il y a déjà tant de morts…
-Il y en aura encore plus si on ne fait rien.
-Ecoutez. Avant même qu’Aelita soit matérialisée, j’avais prévu un système pour annihiler les spectres, au cas où ce genre de cataclysme arriverait
-Et pourquoi on s’en est pas servi avant, alors ?
-Parce que c’est une mesure d’extrême urgence. Xana ne doit pas être au courant que nous avons une arme secrète. Sinon, il aurait déjà élaboré quelque chose pour en contrer les effets.
-Et quelle est ton idée ?
-On va aller aux frontières du pouvoir de l’influence de Xana. Sauvons là bas ce qui peut encore l’être. On y arrêtera l’avancée des spectres.
-Mais comment, Xana est plus rapide que nous…
-On prendra une voiture. On roulera encore, encore, et encore.
-Mais alors, on ne peut aller que dans une direction…
-Quand Xana s’apercevra que ne serait ce que dans une direction, on peut quelque chose contre lui, peut être voudra t’il nous anéantir en priorité, comme avant. Or il ne peut pas le faire ainsi. Donc, il s’arrêtera.
-Mais, c’est de la folie, cria Aelita
-Peut-être, dirent Odd et Ulrich, mais on a pas le choix.
-Croisons les doigts. Termina Yumi ».
Chapitre trois : Dernier espoir
Ledit système, nommé par Jérémie « Anti-spectral oméga », ressemblait en fait à un révolver dont l’effet était d’aspirer le spectre par magnétisme, pour alimenter l’appareil par la suite.
Jérémie avait pris soin de cacher son prototype au collège kadic, derrière L’armoire. Bien sur, l’anti-spectral oméga était assez grand, mais le meuble avait été placé là par le personnel d’entretien de manière stratégique : il dissimulait un grand trou dans le mur, informe. Nul ne se souvenait ce qui avait causé un tel désastre dans cette chambre. Par chance, Jérémie en avait hérité, et il cachait là ce qui ne devait pas être vu.
Bien que sachant qu’ils ne seraient pas ennuyés par ces spectres, les survivants avançaient prudemment sur les routes en direction du collège, le regard dans le vide, et très lentement, par pas très espacés.
Ils ne se dirent pas un mot, et constataient à mesure qu’ils progressaient que les spectres étaient déjà passés. Ils les voyaient faucher les rares survivants effrayés, mais ils y devenaient indifférents. Le choc causé par la vue de ce paysage sinistre ne pouvait être amplifié par la vue d’une personne qui meurt traversée par une ombre.
Ils voulaient aller plus vite, sauver le plus de gens possible, mais ne pouvaient pas. Ils tremblaient, et leurs jambes étaient lourdes.
Ils entendaient derrière eux de nouveaux bâtiments s’effondrer comme les autres, au milieu de cette brume omniprésente, qui empêchait que l’on discernât quoi que ce soit à plus de dix mètres.
Tout était devenu irrévocablement silencieux lorsqu’ils arrivèrent enfin au collège Kadic. A l’intérieur, il n’y avait aucun mort. Seulement la brume et le silence. Les bâtiments n’avaient pas été touchés, puisqu’il n’y avait personne à y trouver. Il y avait encore une chance pour que l’anti-spectral soit encore là.
Arrivés dans ces lieux moins apocalyptiques, ils se mirent à courir en direction des chambres, comme poussés par une force surnaturelle mais non moins puissante appelée conviction. Ils devaient faire quelque chose. Ils devaient faire vite, et ils devaient faire fort.
Ils n’eurent aucun mal à atteindre la chambre de Jérémie, où il n’y avait plus rien, si ce n’était ce vieux poster d’Albert Einstein au dessus du lit. Cette affiche suivait Jérémie depuis la sixième. A l’époque où Xana n’existait pas. Voir cette affiche lui rappelait cette époque. Jérémie, d’une manière générale, n’a jamais été un collégien comme les autres. Il était surdoué. Il l’avait toujours été.
Comme beaucoup d’élèves ayant des notes supérieures à l’extrême nullité commune aux établissements publics, il était isolé. Cette solitude avait elle été désirée ? Ou provoquée ? Sans doute un peu des deux. Le monde de l’intellectualisme est vraiment un univers à part pour qui n’en fait pas partie.
Mais à terme, ce rejet relatif lui pesait. Et il tentait tant bien que mal de s’intégrer ne serait ce qu’à un petit groupe. Il finit par le trouver.
Sa chambre même était symbole de sa solitude. Lui qui avait sauté une classe devait à tout pris être protégé de ces abominables tortionnaires de l’âge supérieur. Aussi avait il toujours été seul dans sa chambre. Oh, cet état de fait ne l’avait jamais gêné outre mesure : il pouvait y installer tout le matériel dont il avait besoin pour se distraire. Car pour lui, la science, plus qu’une vocation, était une distraction. Avant Xana, il fabriquait des robots, écrivait tel et tel programme pour améliorer son ordinateur…..
Et ses professeurs l’adoraient.
A présent, bien que ses notes n’aient pas changé, à présent qu’il s’affirmait, les professeurs qui l’avait vénéré les deux premières années se mettaient à se méfier de lui, au même titre que sa « bande de mauvaises fréquentation ». A présent, on voyait comment il aurait été fréquenté, le monde, à cette époque, s’il n’y avait pas eu ce genre de « mauvaises fréquentations ».
Tandis que Jérémie, les yeux rivés sur son poster, réfléchissait à tout ceci, les autres s’affairaient autour de cette maudite armoire qui semblait s’être bloquée au fil du temps.
D’un coup, elle sortit de ses gonds et s’effondra au sol, dévoilant la cavité dans laquelle demeuraient quelques CD et le fameux appareil.
« Wah, dit Odd, on se croirait dans Star Wars ».
En effet, l’engin, assez lourd, donnait un effet assez futuriste. On s’attendait à en voir sortir un rayon bleu, rouge ou vert, qui viendrait frapper les spectres de plein fouet, les anihilant sur le coup.
« Bah, répondit Jérémie, tu dis ça parce que tu ne l’as pas encore vu à l’œuvre
-Tu l’as déjà essayé ?
-Non, mais je l’ai conçu. Par conséquent, je connais l’effet qu’il produit.
-Bon, maintenant, on part en chasse, les gars.
-Oui, on va trouver une voiture, et on va poursuivre Xana au nord. De là, on pourra montrer à Xana de quoi on est capables ».
Ils se remirent à courir, et peu de temps après, ils étaient sortis du collège.
Cette fois ci, plus question de lambiner. Ils étaient armés. Ils continueraient à courir.
Arrivés au centre ville, ils avaient tout ce dont ils pouvaient rêver en terme de véhicules.
Soudain, ils s’arrêtèrent.
Un spectre arrivait, comme pour leur faire comprendre que l’heure était venue de tester l’anti-spectral oméga.
Jérémie braqua l’arme sur le spectre, et quand il fut certain de ne pouvoir le rater, il appuya sur la détente. Et l’effet fut, comme escompté, visuellement très décevant. Un bruit sourd se fit entendre. Rien ne sortait de l’arme. Le spectre ne bougeait plus, il commença à trembler lorsque Jérémie abaissa l’arme.
Il trembla de plus en plus vite, si rapidement qu’il en devenait presque invisible. On commençait à le voir s’estomper.
Vingt secondes plus tard, il avait disparu. Comme s’il n’avait été là.
Ca fonctionnait.
D’un pas décidé, ils se dirigèrent vers un véhicule, qu’ils purent démarrer sans aucun problème, une fois tous à l’intérieur, et tandis qu’ils filaient à toute allure vers l’horizon, s’élevait un cri qui disait :
« Sus à Xana ».
Chapitre Quatre : Désillusion
En une quinzaine de minutes seulement, ils étaient au cœur même de Paris.
Gagner la capitale ne fut pas bien ardu : Ulrich se souvenait parfaitement de ce jour où ils avaient été initiés à la conduite, au collège. Ledit jour, il l’avait vécu deux fois. Pourquoi ? Trois fois rien. Le collège avait été envahi par quelques énormes crustacés mécaniques, et pour éviter que les élèves fassent des cauchemars, il avait fallu le leur faire oublier. Et ce, bien sur, avec la propriété la plus étonnante de l’ex supercalculateur : le retour vers le passé. Bien entendu, Ulrich ignorait à ce moment là que la technique apprise ce double jour là lui aurait servi à devancer un nuage noir de plusieurs kilomètres de diamètre et sa horde de nuages électriques, mais elle lui avait servi à gagner une cause encore plus désespérée : bluffer son rival : William.
Tout cela était bien loin, à présent. Y pensait il lui-même ? Non. Il était trop concentré sur ce slalom imposé par toutes ces voitures à l’arrêt. A côté de lui, Jérémie était aux aguets avec son arme anti-spectre, et derrière se serraient Odd, Yumi, et Aelita, soucieuses de cet avenir incertain.
Tout fut différent, en arrivant à Paris. Les gens continuaient à vivre, hors du brouillard, comme d’honnêtes gens dont le lendemain semble certain, même prévisible.
Qui l’eut vu eut à coup sur l’impression que Xana n’avait jamais posé un pied au monde, et même qu’il n’avait jamais existé. Curieuse impression que celle qu’ils ressentirent à ce moment là. Quelques minutes de plus, et ils auraient pu croire que tout ceci n’était en fait qu’un mauvais rêve.
Xana ne leur laissa pas ce temps. Il ne leur accorderait pas telle faveur, ne leur laisserait pas tel répit, et une brume légère sépara les formes puis les ombres des gens qui se retournaient pour voir ce qui se passait en sa provenance.
Le ciel devint sombre. Xana était au dessus d’eux. Il se faisait toujours aussi menaçant.
Soudain, le bruit parisien cessa, et céda la place au strident cri du silence. Un cri qui jurait la mort, la peine, et la souffrance. Un cri qui hurlait les malédictions et les sortilèges les plus abominables. Un cri qui bénissait les morts et blâmait les vivants jusqu’à ce qu’il les fauche. Ce cri, c’était aussi celui de Xana, ce jour là.
Il poussait un cri qui disait « mort », et de sa bouche sortirent ses agents du mal.
En effet du brouillard sortirent cinq spectres. Ils ne bougeaient pas.
Cinq enfants avançaient vers eux, tandis que chacun reculait prudemment, sans savoir ce qu’ils voyaient. Et les spectres restèrent immobiles.
Le silence continuait d’hurler sous ce ciel obscurci, et dans cette brume épaisse, lorsque les cinq enfants passèrent devant une foule qui se mit à fuir en hurlant par-dessus le silence.
Les spectres se mirent à bouger. Ils flottaient à toute allure vers leur proie. Jérémie en pointa un, visa, et tira. Il n’y avait plus que cinq spectres.
Les quatre autres furent plus difficiles à stopper, il y avait moins de précision, et moins de temps pour la visée, mais chacun fut atteint avec succès, sous le sourire fatigué mais plein d’espoir de chacun des jeunes héros.
Un râle venu du ciel se fit entendre. Puis un grognement semblable à un coup de tonnerre prolongé. Xana était furieux. Son ombrageux nuage s’organisa alors en spirale, et un typhon noir descendit au sol, tel une colonne menant au royaume des cieux pour qui y croyait. La colonne tournait lentement sur elle-même. Puis plus rapidement, et plus dangereusement.
« J’ai un mauvais pressentiment, murmura Yumi ».
A mesure que la colonne tournait, des spectres en échappaient, qui se regroupèrent et flottèrent en l’air, la plupart hors de portée de l’arme destructrice. Jérémie se hâtait de détruire les moins prudents, ne prenant garde qu’à eux, et, les ayant tous détruits, il leva les yeux au ciel. Un deuxième nuage se formait. Une nuée de spectres avait naqui sous ses yeux.
Ils allaient frapper. Les gens fuyaient, apeurés. Les pauvres. Ils eurent tôt fait d’être happés par la mort. Cette mort, loin d’avoir la forme d’un squelette faucheur, avait celle d’une ombre qui grandissait et se diffusait au travers des corps, qui tombaient pétrifiés et sans vie les uns après les autres, tandis que Jérémie tentait de détruire le plus de spectres possible.
Mais il était trop tard ; Deux minutes plus tard, les rues de ce quartier de Paris ressemblaient à celles de l’usine. Il n’avait plus qu’une ville fantôme désolée, où l’on n’entendait plus que le vent, et où l’on ne voyait que le brouillard, et la chaussée tapissée de corps d’innocents. Oh, innocents, peut-être ne l’étaient ils pas. Mais nul ne mérite la mort ainsi. Nul humain ne pourrait justifier l’acte de Xana. Il était purement froid et injuste.
Plus qu’horrifiés, les ex futur héros étaient abattus, défaits et minés par une telle horreur, par une telle injustice.
Chacun était découragé, et s’en voulait.
Jérémie se blâmait de n’avoir pas su gérer ça, de n’avoir pas su avoir assez d’avance sur Xana, à la place de ce retard qu’il avait accumulé.
Ulrich se reprochait de n’avoir été assez fort, comme tel était son rôle, pour mieux protéger ses amis lorsqu’ils en avaient besoin.
Odd n’avait de cesse de se souvenir quel manque de sérieux il avait toujours manifesté, bien que tel ne fut pas son réel sentiment. Il pensait avoir retardé le groupe.
Yumi, l’aînée, aurait, selon elle, du mieux mener le groupe, mieux gérer les problèmes, sans paniquer, et respecter avec brio la tradition de ses honorables ancêtres, qui dans les temps anciens, dans l’ancien japon, auraient su tout prendre d’une manière plus neutre.
Quant à Aelita, elle avait fait passer sa vie avant celle de milliers de gens. Elle ne méritait pas de vivre, car ce combat, plus que le sien, avait été mené pour elle. Sans sa vie, Xana n’existerait déjà plus, et ce depuis bien longtemps.
Le groupe exténué, croulant sous la culpabilité, n’eut d’autre choix que de rentrer à l’usine, s’y abriter, et délibérer. La nuit tomberait, mais peu important, on ne voyait pas le jour. Le nuage d’ombre présentait plusieurs trous, comme un nuage dans le ciel. Des trous permettant d’apercevoir la pleine lune dans le ciel qui luisait comme pour dire « Il est tard ».
Gagner l’usine fut simple, tout comme se coucher machinalement, et finir par s’endormir, la fatigue l’emportant sur la culpabilité.
Dans un dernier bâillement, une question de Jérémie se fit entendre :
« Que fait on maintenant ?
-On dort, répondit Odd.
-Mais ensuite ?
-Demain, et les jours qui suivront, reprit il, on fera ce qu’on a toujours fait, à part que là, on sauvera ce qui peut encore l’être.
-Oui, poursuivit Yumi. On emmènera des gens à l’usine. On y pensera demain.
- Ouais, dit Ulrich, ça va pas être de la tarte.
-Bonne nuit… Enfin, on se com….prend, dit Yumi dans un dernier soupir ».
Ils dormaient déjà, dans une usine sombre et désormais inutile.
Au dehors, le nuage voyageur laissa percer la lumière le la lune, par un des trous. L’astre trembla un peu, se troubla, puis réapparut. Il brillait toujours de mille feux.
A mesure que le nuage voyageait, sans doute, des spectres se déplaçaient, et les trous changeaient de position au gré d’un vent inexistant.
La pleine lune brilla quelques instants, puis disparut à nouveau dans la brume.
FIN

L'anonyme
09/07/06 à 13:06
Note: je mets "Fin" à chaque chapitre, mais c'est juste parce que ej suis stupide, et que, ayant commencé ainsi, je comptais toujours garder la même mise en page^^

L'anonyme
19/07/06 à 10:17
La suite. Et je suis dans les temps, même si c'est limite^^

Les chroniques du monde virtuel

EPISODE 12

L’armée

Chapitre un : Quand la guerre fait rage
Un mois. Un mois que ce cauchemar durait, et que Xana étendait sur le monde sa funeste domination. Un mois que cinq adolescents meurtris le combattaient…. Sans grand résultat. Dès le deuxième jour d’hostilités, chacun était parti dans sa direction tandis que Jérémie se servait des pièces de l’ex supercalculateur pour fabriquer des armes. Ils voulaient sauver des vies.
Xana suivait un plan de conquête bien précis. Il prenait d’abord une centaine de kilomètres au nord, puis à l’est, pour arriver à l’ouest en passant par le sud. Puis le nuage s’étendait de la zone conquise jusqu’à l’épicentre qui devenait de fait de plus en plus grand. Il tuait sur son passage. Beaucoup d’hommes et de femmes arrachés à la vie en quelques minutes. Il faut tout de même dire que Xana n’était pas bien rapide, au départ. Les gens furent rapidement prévenus de cette menace toujours inexplicable et s’étaient réfugiés aux frontières.
Sitôt que les armes furent prêtes, les enfants purent aller dans les zones de conquêtes ; Ce ne fut alors guère probant. Xana put montrer qu’il pouvait être plus fort et plus rapide, et les malheureux combattants n’avaient pu sauver en un jour qu’une dizaine de personnes sur une centaine de victimes. Et durant un mois, ils continuèrent à mener leur combat désespéré. Bien que sans mouvement notable, ce mois signa tout de même quelques tournants.
Au bout de deux semaines, voyant que le nuage noir s’arrêtait manifestement aux bords des océans, la population, du moins, ceux qui le pouvaient, se réfugièrent aux états unis, depuis avertie de la menace par les services spéciaux.
La situation fut si désespérée que des centres précaires furent érigés pour accueillir les rescapés sans qu’une question soit posée. Yumi s’arrangea alors pour que les rescapés encore résidents à l’usine puissent être acheminés jusqu’à la mer, ce qui ne fut pas une mince affaire.
L’Europe de l’est et l’Asie furent rapidement mises au courant, et des transports d’urgence eurent lieu, non sans émeutes, et non sans mal. Plusieurs morts, bien entendus, à cause de l’agitation. Et le moins que l’on eut pu dire, à terme, c’est que les îles de l’atlantique et du pacifique, ainsi que les Etats-Unis, furent rapidement surpeuplées.
Oh, certes, cela n’arrêterait pas Xana. Quand il aurait rasé le continent, il s’attaquerait à la traversée des océans, il trouverait bien des moyens assez rapides.
Les deux dernières semaines, après deux semaines donc d’intense activité, le groupe tenta de sauver ce qui pouvait l’être, et parvint tant bien que mal à sauver quelques personnes, cherchant avec hâte le moyen de le stopper… En vain.
A chaque tentative, Xana se montrait toujours plus grand, toujours plus fort, et toujours plus rapide.
A mesure que le combat s’avérait désespéré, les jeunes rebelles abandonnaient le front, pour retourner, en deux jours de plaintes, de remords, et de silence, à l’usine, où comme d’habitude, comme après chacune de ces campagnes insensées, ils s’endormiraient, la lassitude l’emportant sur des sentiments qu’enfin, ils n’éprouvèrent plus. Au fur et à mesure que le temps passait, leur étincelle de vie s’éteignait au profit d’un combat sans espoir.
Puis un jour, lorsque le soleil se leva, perçant par endroits au travers du nuage, c’était pour dévoiler un monde détruit, un monde sans vie, un monde rasé. Le continent indo européen avait tout simplement été rayé de la carte. Et le ex Lyokonautes en demeurait les uniques survivants.
Ce jour là, rien ne pouvait donner à ces braves l’envie de combattre. Xana leur avait volé leur vie, leur but… Il leur avait volé leur âme. Et c’était sur les plages de l’ouest de ce monde dévasté que Xana se traînait encore péniblement et silencieusement, donnant l’impression de ne pouvoir passer, lui, et ses spectres.
Chapitre deux : Promenade champêtre
Huit heures, comme d’habitude. Qui eut pu dire qu’il était vraiment huit heures, et que l’horloge marchait encore bien ? Et surtout, qui s’en souciait ?
Il était l’heure de se réveiller, et peu importait s’il était plus tard où plus tôt que l’heure du réveil.
Oh, sans ce réveil, sans doute se seraient ils réveillés d’eux-mêmes. Ils avaient pris l’habitude d’être le plus réguliers possible, de ce point de vue là. Simplement, ce jour là, c’était différent. Il n’y avait plus rien à faire, plus rien à sauver. Juste un désastre à contempler.
La salle du supercalculateur n’avait plus rien à voir avec que qu’elle avait été. La plupart des dispositifs avaient été démontés, et ce qui avait été un ordinateur ne ressemblait plus maintenant qu’à une décharge publique. C’était ici qu’ils dormaient.
Sans grand enthousiasme, ils se levèrent, ne songeant même pas à se mettre quoi que ce soit sous la dent. Que faire, à présent ?
La réponse ne se fit pas attendre. Ce fut d’une voix faible et lente qu’ils en arrivèrent à la conclusion que la seule chose à faire maintenant était de constater l’étendue des dégâts, de rejoindre les côtes, pour voir ce que Xana allait faire, sachant qu’il n’y avait plus grand espoir de l’en empêcher. Il était, à ce titre, inutile de se hâter.
Lentement, ils sortirent de l’usine, puis s’arrêtèrent un instant. Cet homme. C’était celui par lequel tout avait commencé. Il n’avait perdu que les couleurs de son visage. Les morts de Xana n’entraient jamais en putréfaction. Ils restaient là, immobiles, inchangés. C’était sûrement dû, pensait Jérémie, au fait qu’ils étaient encore chargés électriquement. Ils avaient été traversés par des spectres électriques, et il est probable que ceci n’attire pas les microorganismes responsables de la décomposition post mortem.
Peu importait. Ces quelques instants de contemplation passés, ils reprirent leur route. Ils allaient traverser le pont, et prendre la direction du centre ville. De là, ils pourraient prendre un véhicule et rejoindre la plage. Oh, bien sur, ils avaient ce qu’il fallait à l’usine, mais cette promenade les apaisait.
Le silence. La brume. La mort. Il n’y avait plus rien sur leur chemin. Les morts s’alignaient. C’était comme un champ. Ils étaient en campagne, et arpentaient un chemin qui traversait des champs. Des champs non cultivés où s’étalaient sans ordre aucun les hommes, les femmes, et les enfants, au gré des meurtres, sous un ciel obscurci. Pourtant, la lumière perçait, laissant voir le triste spectacle, et un horizon opaque.
Qu’étaient devenus leurs amis ? Ils l’ignoraient. Leurs parents ? Ils ne les avaient jamais retrouvés. Ils avaient pourtant cherché, lorsque le pouvoir de Xana s’étendait jusqu’en Hongrie. Ils n’avaient jamais pu trouver. Au pire, ils étaient morts, en tentant de fuir, et au mieux, ils avaient fui au large, et ne tarderaient pas à subir le même sort que toutes ces personnes.
La poissonnerie, qui avait perdu son toit, conservait la porte entrouverte qui avait laissé le propriétaire rejoindre les éternels endormis. Souvent, ils avaient eu à passer ici, et à chaque fois, ce lieu gênait Jérémie. Il y avait quelque chose d’anormal en ce lieu Quelque chose de faux, quelque chose d’affreux et de répugnant. Mais surtout, quelque chose d’indescriptible qui rendait ce coin de rue surnaturel. Qu’était ce donc ? Il devait bien y avoir quelque chose. Personne ne savait quoi.
Pourtant, cette zone laissait Jérémie toujours plus perplexe. A chaque passage, il réfléchissait des heures durant. Quelque chose ici n’allait pas, et il voulait comprendre quoi.
Ses amis ne ressentaient pas cette impression, et Jérémie ne leur en parlait pas, craignant d’être cru fou, ou que ça n’intéresse personne. Il passa son chemin, se remettant à suivre le groupe.
Une porte s’ouvrit, cinq jeunes survivants entrèrent, et ce qui restait de vie sur ces terres se dirigea vers l’ouest, abandonnant à jamais les champs du silence.
Chapitre trois : Par delà les mers
Sur la route, nul besoin d’admirer le paysage. Il n’y avait rien à admirer, sur la route. Tout était silencieux, immobile, et avec la vitesse, et le brouillard, dix yeux n’étaient pas trop pour regarder la route.
Après un pénible voyage, ils arrivèrent en vue des côtes. En vue ? Le terme est inexact. Il serait plus juste de dire que le bruit de l’océan constituait un contraste assez important avec le silence pour qu’on puisse le prendre comme paramètre de référence pour jauger sa distance à la plage ; et vers 16h30, au réveil, cette distance était assez proche de zéro, et les ruelles assez étroites pour qu’il fut préférable de mettre pied à terre.
Ils marchèrent quelques centaines de mètres, jusqu’à ce que leurs yeux soient aveuglés un moment par une violente lumière blanche.
Habitués à l’obscurité, ils ne supportaient plus la lumière d’un ciel découvert. Xana se traînait toujours aux bords des eaux, et son nuage ne les dépassait pas.
Apparemment, la traversée constituait en soi un défi pour Xana. Il semblait être bloqué par quelque champ magnétique trop puissant pour espérer le traverser.
L’explication de se phénomène ne se fit pas attendre longtemps.
Xana avait pour habitude d’envoyer ses spectres en zone libre, et de les y suivre ensuite. Or manifestement, les spectres ne pouvaient pas faire un mètre au dessus de l’eau sans s’évaporer. C’était assez curieux et inattendu. Peut être était ce dû au fait que l’eau étant conductrice d’électricité, une surabondance du liquide entraînait un propagation du spectre, et donc sa dissolution.
Cette solution, peu probable, semblait pour les spectateurs de cette lutte contre les éléments la seule qui puisse avoir un sens.
De toute manière, ceci n’avait guère d’importance. L’important maintenant était que Xana semblait stoppé.
Le moment était venu de constater l’ampleur des dégâts dans leur ensemble.
Il y avait une grande étendue de ciel découvert ici, et c’était l’occasion d’observer Xana depuis l’espace. Jérémie, en bon pirate informatique qu’il était, avait accès à plusieurs satellites géostationnaires de surveillance, et constater les limites de Xana reviendrait à savoir ce qui restait de zones libres.
En quelques minutes, une image apparaissait. Jérémie avait lancé un programme pour faire une synthèse de ce que voyaient les satellites, et pouvait ainsi obtenir un planisphère complet.
Le résultat était assez curieux. On distinguait très bien les contours des continents au centimètre près, et pourtant la totalité du continent indoeuropéen, asiatique, et Africain étaient recouverts d’une masse noire. Xana n’était pas encore parvenu en antarctique, en Australie, en Amérique, et il lui restait un certain nombre d’îles, mais tout le reste était en son pouvoir. Et lorsqu’il aurait trouvé le moyen de franchir les eaux, ce serait le planisphère entier, et donc la planète entière, qui serait recouvert d’un épais brouillard noir.
Il fallait agir.
Soudain, Xana s’agita, il créait des spectres de la même manière que de coutume. Une colonne nuageuse descendit du ciel, se mit à pivoter sur son axe, libérant nombre de spectres, qui s’alignèrent en deux lignes parallèles à la côte, et s’étendant rapidement à perte de vue, ce qui, avec la brume, n’était pas si aberrant. Cependant, il était pensable que Xana avait procédé de la même manière sur la totalité des côtes, à intervalles de distance réguliers.
Ainsi, tout portait à croire que la terre était encerclée par une double ligne de spectres.
Cette sombre assemblée resta immobile, quelques instants, puis trembla d’un commun mouvement, changeant de forme et de couleur.
Des polymorphes. Encore. Quelle catastrophe allait il encore se produire ?
Les créatures prirent alors des formes évocatrices pour le groupe stupéfait, car tandis que la première ligne prenait des formes plates et triangulaires, la seconde se créait un corps effilé et quatre longues pattes.
C’était un curieux cortège qui prenait forme sous leurs yeux. Une ligne de mantas suivie d’une ligne de tarentules. Des monstres. Il n’était même plus besoin de les matérialiser, à présent. De simples spectres suffisaient.
Ils n’étaient pas au bout de leurs surprises. La première ligne s’affaissa au sol, et la seconde lui monta dessus. Il était à présent aisé d’imaginer le plan de Xana. Une armada de mantas chevauchées par des tarentules était en place pour envahir le nouveau monde.
Comme un seul homme, le cortège s’éleva soudain au dessus du sol, partant à un allure inhomogène vers l’horizon qui peu à peu s’emplissait de brume, suivie par l’ombre. Les monstres prenaient le large à une vitesse moyenne de quinze kilomètre à l’heure.
Les enfants regardaient, sans bouger, sans mot dire, effarés comme au premier jour. C’était fini.
Une heure plus tard, la lumière avait disparu, et on ne voyait que la mer qui ondulait et le nuage qui s’étendait.
Quelques minutes, la lumière réapparut. Un trou dans le nuage. Et le planisphère réapparut sur l’écran, montrant que l’ombre, lasse de s’arrêter aux côtes, enveloppait peu à peu ce qu’il y avait encore de visible, et ce des deux côtés du monde, encerclant l’Amérique.
Puis l’image disparut, avec la lumière, et le silence se fit à nouveau, ponctué de bruissement de vagues.
Il n’était plus temps de sauver le monde. Oh, pas qu’il fut trop tard ! C’était bien pire. Il n’y avait rien à faire. Et il n’y avait jamais rien eu à faire. Le monde allait mourir, pour de bon. Détruit par Xana. Leur tour viendrait sûrement. Il n’y avait aucune raison que les nouvelles créatures ne puissent pas les atteindre de leurs tirs, eux, comme tous les autres.
Sans doute seraient ils les derniers. Non pas que Xana ait en lui une quelconque notion de cruauté, du moins, ils ne le pensaient pas, mais ils étaient coriaces. Et l’objectif de Xana n’était visiblement pas de s’attarder sur eux, qui ne pouvaient rien contre lui.
Aussi, par réflexe, s’éloignèrent ils de la plage, pour trouver quelque refuge en ville. Ils ne comptaient pas retourner à l’usine. Jamais.
Chapitre quatre : Un village de vacances
Ce qui jadis avait été une charmante petite ville touristique n’était maintenant plus qu’un champ de ruines. Les rares bâtiments dépassant encore les dix mètres de haut étaient très espacés, comparativement aux tas de pierres dont ont imagine qu’ils furent des magasins, des hôtels et des restaurants.
Il y avait des morts plein les rues, et on en imaginait d’autres dans les décombres. Cet amas silencieux de morts ramena Jérémie à ses réflexions.
Il revoyait dans son esprit ce coin de rue, la poissonnerie, le meurtre du poissonnier, et du malaise que ces lieux suscitaient en lui.
Il y avait cette boutique en ruine, ce paquet inhomogène de morts, qui semblaient tous se ressembler, mais Jérémie conservait l’impression que quelque chose sonnait faux, que quelque chose manquait, mais quoi ?
Sa réflexion fut coupée par un puissant grondement venu du sud est. Comme si quelque chose de massif roulait dans leur direction.
L’origine de ce bruit sortit soudain de la brume. Deux mégatanks.
Ils étaient sans doute la cause de la destruction de la ville.
L’un d’eux s’ouvrit soudain, prêt à faire feu. Il déversa une rafale d’énergie sur un des seuls bâtiments restants. A priori, il n’avait subi aucun dommage, mais c’est cinq secondes plus tard, lorsque le bâtiment s’effondra, que la prochaine cible présumée de la créature eut tout à coup une pensée commune : courir.
Etrange comportement que celui de l’être humain. Même s’il est doué d’intelligence, s’il en est, de raison et de notions tels que l’espoir, il n’en restait pas moins un animal.
Ceux qui avaient jadis été des héros, et qui maintenant avaient perdu tout espoir, et toute notion humaine optimiste, l’instinct de survie demeurait. Ils fuirent.
Ils fuirent à travers les ruelles. Les ruines leurs semblaient de plus en plus grandes, comme se dressant sur leur route, leur barrant le chemin de la survie. Les bruits de roulement s’amplifiaient. Ils se rapprochaient. Et toujours ce labyrinthe devant eux. Ils couraient. Tournaient à gauche, puis à droite, ne se retournant jamais, entendant les bruits, prenant d’obtus virages parfois, courant toujours à une même allure, celle de gens dont la survie dépend de la vitesse pure.
Soudain, dans une ruelle, ils s’arrêtèrent net, car d’un virage surgissait l’un des Mégatanks. Le mégatank était immobile devant eux, mais les bruits continuaient : il y en avait encore un derrière qui accourait. Soudain, le silence.
Yumi et Odd se retournèrent, de trouvant dos à dos avec les autres. En effet, ils étaient encerclés.
D’effrayés qu’ils étaient, le calme leur revint, et ils restèrent stoïques, jusqu’à ce que le silence fût rompu par l’ouverture simultanée des deux sphères. Xana croyait qu’il les aurait ? C’était mal les connaître, pensa Ulrich. Il murmura deux mots aux autres.
« A trois ».
Les mégatanks accumulaient de l’énergie. Puis se mirent à tirer.
« TROIS ! ».
Puis une rafale d’énergie illumina les lieux. La rafale fut suivie d’une explosion. L’explosion fut suivie du silence, et lorsque l’obscurité revint, il n’y avait plus de mégatank, et plus de bruit. Il ne restait que cinq adolescents allongés à terre de part et d’autre de la chaussée, étalés au sol comme après un plongeon.
Ils avaient survécu.
« Pfiou, dit Odd, on l’a échappé belle
-Pour ce à quoi ça nous avance ! Répondit Jérémie, Xana a déjà gagné, il doit déjà tout avoir dévasté à l’heure qu’il est ».
C’est sur ces paroles que le calme revint et que les derniers humains du monde se dirigèrent vers le centre ville.
Odd hésita, mais ne dit rien. Cela faisait un mois qu’il n’avait plus plaisanté. Sa joie habituelle avait disparu. Son aspect ironique demeurait, mais comme jamais, depuis le début de la guerre, il aurait eu honte de l’affirmer.
Alors il se taisait. Et personne n’avait l’air d’en tenir compte. Personne ne parlait, de toute façon, sauf mesure d’urgence.
Il voyait Jérémie toujours songeur, Aelita toujours préoccupée. Le cas d’Ulrich était plus difficile à analyser. C’était un mélange de rage et de désespoir. La rage contre Xana, dont il avait envie de lui décocher un bon coup de sabre, le désespoir de ne pouvoir le faire. Yumi semblait honteuse. Elle semblait accorder à sa position des responsabilités plus grandes qu’elle n’en avait en réalité. Son âge, sans doute, mêlé à sa culture Japonaise dans laquelle elle était baignée.
Odd, lui, conservait son caractère profond, à ce qui semblait, sans l’affirmer. Il ne l’aurait jamais dits, en de pareils jours, mais le fond de sa pensée du moment se résumait de la manière suivante : ce village de vacances proposait des activités sacrément exotiques.
Chapitre cinq : Reddition
Au centre ville, il y avait encore un grand immeuble avec un écran géant. Sans doute pour regarder les matchs de football, ou pour les activités nocturnes du village de vacances. Il était éteint maintenant. Et il ne semblait pas abîmé. Etrange.
Ils le contemplèrent quelques minutes, se demandant s’ils étaient là sous l’effet du hasard, ou si Xana avait justement cherché à les amener ici.
Rien n’est jamais dû au hasard. Ils le comprirent lorsqu’ils virent sur l’écran s’afficher ce symbole qu’ils connaissaient bien, et qui leur inspirait le plus profond des dégoûts.
Puis un message s’afficha. Ils le lurent.
« Vous êtes les derniers survivants de la terre. Contre la puissance de Xana, la victoire serait maintenant inutile, même en oubliant le fait qu’elle est impossible. Je pourrais vous traquer de par le monde, vous pourriez même vous en sortir, mais après tout à quoi bon ? Vous n’avez plus rien à sauver, car j’ai déjà gagné. Il ne vous reste plus qu’une alternative, maintenant. Vous rendre. Je vous offre de vous permettre de mourir face à moi, comme les héros que vous avez été. Vous avez le choix entre ça et être traqués comme des chiens. C’est à vous de choisir mais je vous conseille de ne pas sous estimer mes pouvoirs. Ils furent assez grands pour tuer près de six milliards d’humains et le centuple d’animaux. Rendez vous. Vous mourrez, oui, mais à quoi bon vivre, maintenant ? ».
Il avait raison. Ses propos eurent tôt fait d’atteindre les « héros » en question. Ils s’étaient battus, ils avaient perdu. Leur cause était vaine. Ils devaient reconnaître leur défaite. C’était tout ce qu’il leur restait. Oui, ils avaient perdu. Oui, Xana avait gagné, oui, tout était vain.
Ce fut d’une voix rauque que Yumi répondit, après un hochement de tête du groupe empli de désespoir et de tristesse :
« D’accord, Xana, tu as gagné. Tu as les cartes en main, nous reconnaissons notre défaite ».
A peine eut elle prononcé ces mots qu’un second message apparut.
« Vous rejoindrez la côte d’où vous m’observiez tout à l’heure –oui, je sais que vous étiez là- dès que vous le pourrez. Deux navettes vous y attendront. Elles vous mèneront dans ma nouvelle forteresse ».
Jérémie lut, et réfléchit. Pourquoi Xana faisait il ça ? Comment était il possible qu’il eut une quelconque notion de « reconnaître sa défaite » ou « mourir en héros », et surtout, en quoi cela l’importait il ?
Il revit cette scène, au coin de la rue. Dans sa tête, le poissonnier sortait, et ces spectres impitoyables venaient sur lui. L’un d’eux, plus proche, ou plus rapide, il ne s’en souvenait plus, traversait le pauvre homme. Toujours dans sa tête, ledit pauvre homme tombait. Il tomba plusieurs fois dans l’esprit de Jérémie. Il se repassait la scène en boucle. L’homme tombait, et….
« On a jamais revu son corps, murmura t’il ».
Jérémie, sous le choc, se dirigea vers un des corps. Il le souleva légèrement. Il en était sûr, à présent.
« Les amis !
-Quoi ? Demandèrent ils d’une voix lasse commune
-Observez attentivement, et écoutez bien ».
Jérémie fit cinq pas en avant, sous le regard incompréhensif de ses amis de toujours. Il ramassa une pierre, dans les décombres, puis revint se placer à l’endroit du groupe.
D’un geste assuré, il le va la pierre derrière son épaule, et la lança, à une courte distance, juste dans la brume, dans un endroit que, de cette position, on ne pouvait voir. Ce geste pourtant anodin fut très révélateur. Tous écoutèrent attentivement. Rien. La pierre ne tombait pas, la pierre ne percutait pas le sol. Pas de doute, elle était assez grosse pour qu’on l’ait entendue tomber.
Sous les yeux ébahis de ses camarades, Jérémie sourit, pour la première fois depuis un mois.
A leur tour, remis du choc, les autres sourirent, d’un sourire triomphant et revanchard. Ils avaient tout compris à présent, et savaient que faire.
« Décidément, Xana, pensa Aelita, tu nous les auras toutes faites ».

FIN