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Histoire : La demande


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Écrite par Leana le 13 novembre 2012 (32717 mots)

PROLOGUE

Driiiiiiiiiiiiiing ! Driiiiiiiiiiiiiing ! Dri…

Je me débats dans mes couvertures puis envoi valser l’appareil à travers la pièce d’un revers de la main. Rah, stupide réveil ! Rien de mieux pour me gâcher ma journée, qui s’annonçait pourtant géniale ! Je grommelle dans ma barbe, tentant vainement de me rendormir. Moi qui dormais si bien, rêvant d’un certain beau brun de troisième qui a le don de me faire craquer... C’est trop bête ! Je regarde les rayons du soleil s’infiltrer, traitres, à travers la fenêtre de ma chambre, puis me surprends à rêvasser. Qu’est ce que je ne donnerai pas pour que ce rêve soit réel...

C’était si doux, presque magique et affreusement réaliste, contrairement au réveil, qui était trop brutal à mon goût. Faudra que je pense à changer la sonnerie, ou bien à engager un réveilleur plus doux... Comme celui de mon rêve… Je jette un œil au cadran en morceaux, puis attrape finalement mon portable, et sursaute en voyant l’heure si avancée. Sept heures et demie, je vais être en retard ! Et mes amis qui reviennent de voyage juste aujourd’hui ! Et merde ! C’est vraiment pas mon jour !

Après une belle course poursuite contre la montre, je réussis à arriver au lycée à l’heure, et, soulagée, je constate que la cloche n’a pas encore sonné, et que les autres élèves sont tous présents dans la cour, bavardant de choses et d’autres. Je me dirige automatiquement vers le banc où se trouve habituellement mes amis: un petit blond à lunettes, Jérémie, qui discute avec ma meilleure amie, Aelita.

Les cheveux roses de cette dernière flottent au vent, et elle boit littéralement les paroles de Jérémie - pour changer, ces deux là vraiment.. Ça se voit pire que le nez en plein milieu de la figure -, tandis que derrière eux un autre blond, Odd, avec lui une mèche violette dans les cheveux, tape la causette avec le fameux beau brun de mon rêve, Ulrich. Toujours aussi beau soit dis en passant. Ce dernier me sourit quand il me voit arriver et cela n’échappe bien sûr pas à Odd, qui se retourne pour me saluer et en profite pour charrier mon…. Ami ? … Sur notre relation assez… Compliquée ?…

« Salut-salut Yumi ! Comment ça va ? » Il n’attend même pas une réponse de ma part et enchaine « Alors .. ? Tu vois bien qu’elle va bien, ce n’était pas la peine de te faire un sang d’encre encore une fois Ulrich-ounet … »

S’il est évident que la première partie de sa phrase s’adresse à moi et que la seconde non, c’est cette dernière qui attire le plus mon attention sur le coup. Que ? Ce genre de phrase est pourtant habituelle de la part d’Odd, mais bizarrement, elle me marque, et je me tourne vers Ulrich, assez surprise. Surtout à cause du manque de réaction - protestations - de sa part, je l’avoue. Je me gratte bruyamment la gorge en réfléchissant à voix haute.

« Euh tu… Tu.. Fin, tu t’inquiétais vraiment pour moi ? À cause du retard ? » M’étonnais-je.

Il rougit violement, semblant sortir d’une sorte de rêve lui aussi.

« Euh… Euhm, bah c’est-à-dire que, euh… Que je… Je… Bah en fait… Euhm ! Je… Oui ! Fin ouais.. Enfin non.. Si ? .. Euhm.. Un peu.. »

Il bégaye et cela le rend encore plus mignon. Je remarque aussi qu’il avait un peu changé… Euhm… Physiquement dirait-on… Mais rien qui ne le rende méconnaissable. Odd enchaine, sourire aux lèvres, parlant fort et attirant l’attention des autres, tout en empêchant Jérèm’ de poursuivre ses explications scientifiques avec Aelita, qui n’en avait de toute façon pas franchement besoin, juste follement envie.

« S’inquiétait ? Yumi, franchement ! C’est le moins qu’on puisse dire. Il croyait même presque à une attaque de Xana, alors qu’on a éteint le super calculateur depuis belle lurette, t’imagine ? .. L’amour, je vous jure.. Ça vous fait dire de ces conneries.. ! » Réplique Odd avec un grand sourire victorieux.

Un sourire se dessine également sur mon visage en guise de réponse. Il s’inquiétait vraiment pour moi, alors ? Vraiment ? Adorable ! C’est plutôt moi qui aurait du m’inquiéter, trois semaines sans nouvelles, tout ça à cause d’une foutue panne de réseau là bas. Je m’étais fait un sang d’encre.. ! Sans l’avouer à personne bien sûr. Remarque, ces trois semaines… Pour lui c’était le même laps de temps qui s’était écoulé et s’il s’était inquiété aussi, alors ça voulais dire que je lui avais manqué autant qu’il m’avait manqué… ? Donc qu’il tenait autant à moi que moi je tenais à lui ?... Oui ? ... Non ! … Ou alors… C’était peut être par simple amitié… Oui, une simple amitié. On est tous les deux copains, et pis c’est tout ! Non ? ... Oh ! Arrête de rêver Yumi ! Justement, en parlant de rêver.. Mon rêve… Oups, merde ! Odd me parle de puis un bon moment maintenant, et j’ai rien écouter…

« Tu sais Yumi, la prochaine fois, préviens-nous, qu’il ne nous fasse pas une crise cardiaque, mortelle.. » Ajoute Odd, avec un clin d’œil malicieux. Et bourré de sous entendus.

Je coupe Ulrich d’un coup, qui ouvre la bouche pour ajouter quelque chose, et m’adresse à Odd, les mains sur les hanches, faussement énervée pour ses répliques plus que déplacées. Non mais depuis quand j’ai des obligations envers eux, hein ? Et moi, j’en avais eu des nouvelles pendant tout ce temps ? .. Bah non ! Alors, na !

« Tu sais mon cher Odd, c’était une simple panne d’oreiller, ça arrive a tout le monde, non ? J’ai pas entendu le réveil, du coup je me suis levée trop tard, et ça a décalé tout mon planning du matin. Ça arrive à tout le monde.. Et je dirais même que ça arrive plus à certaines personnes qu’à d’autres, et il me semble qu’on a un connaisseur dans le coin, hm ? … »

Je souris ouvertement, et Aelita se retiens de rire. Après tout, ce n’est pas lui, l’expert en la matière ? Combien de fois Ulrich a dû galérer pour réussir à le lever le matin ? Beaucoup trop, et beaucoup plus qu’on ne peut les compter.. Odd s’étonne faussement, assez bon acteur, et réplique, peu offensé.

« Toi ? À toi, Yumi Ishiyama ? Une panne d’oreiller ? Mais noooon ! Mais qu’est-ce qu’il c’est bien passé pour que ça t’arrive ça, à toi ? » Me questionne-t-il, vraiment curieux à la fin cette fois, comme d’habitude.

Touchée.

« Euhm… »

Je cherche désespérément une excuse valable. Parce que bon, un rêve passionnant, c’est valable mais bon.. Si je parle d’Ulrich… Oh pis merde ! Un rêve, c’est la bonne réponse ! .. Et s’il cherche à en savoir plus, qu’est ce que je pourrais trouver comme contre partie, hein ? Que j’étais en pleine Amazonie avec les Indiens entrain de sauter de liane en liane avec Tarzan et que Jane voulait me tuer ave le fusil de Clayton ? .. Franchement ! ... Ulrich me jette un regard interrogatif et je rougis. Un peu. Je lui dois la vérité, quoiqu’il en coûte, et j’espère que ça suffira à Odd et qu’il se taira, c’est ma meilleure option.

« Un rêve ! » M’écriais-je rapidement « Je rêvais, tout simplement, et j’étais tellement prise dans le rêve que… Bah je n’ai pas entendu le réveil sonner quoi… Tout simplement ! »

J’ajoute avec ses aveux un grand sourire de fautive. Ironique ? J’espère vainement pourtant, que cela lui suffira comme réponse, mais évidement, il revient à la charge en cherchant à savoir de quoi je rêvais pour ne pas avoir entendu mon réveil… Aie ! Aouch ! Ouille ! J’suis fichue…

« Euh… » Alors surtout, surtout, c’te fois-ci, maintenant-là, ne pas dire la vérité. Interdiction formelle ! Mais l’histoire de Tarzan aussi… Je rougis déjà pas mal - beaucoup trop - et le coup d’œil que j’ai lancé à Ulrich est assez… Éloquent ? Comme réponse... Oh lala, vite, vite, vite, vite, vite ! Dire quelque chose, n’importe quoi, dire n’importe quelle idiotie mais… Euh… Ben je… En fait.. Raaaaah ! …

« Elle rêvait d’Ulrich, cette nuit comme toutes les autres d’ailleurs… » Quo-ah ?! Non, pitié, pas ça… « Vous pouvez tous en être sûr, je sais ce que je dis, et elle parle pas mal quand elle dort… Elle maintient presque la maison éveillée, c’te folle avec ses délires.. ! »

Je me retourne vivement. Non ! Non, non, non, non, non ! Faites que je rêve encore, pitié. Mon Dieu, je vous en prie ! Tout ! Mais pas ça. Pas lui ! La voix horripilante reprend.

« Alors sœurette, ça va comme tu veux ?

- Hiroki ?! »

Mon imbécile de petit frère - qui cela peut-il bien être d’autre, je vous le demande ? - me regarde d’en bas en souriant de toute ses dents, fier comme un cop de sa connerie monumentale - et véridique en passant -. Abrutit…

« B’jour ma sœurette ! Heureux de constater que tu as - finalement - réussis à sortir de ton lit ! Pas trop tôt… »

Inspire, expire. Inspire, expire… Souffle !

« C’est ça, c’est ça… En attendant, ce n’est pas grâce à toi que je suis là ! » Contrattaqué-je automatiquement. Malheureusement pour moi, il a toujours une - bonne ? - répartie.

« Eh mais je voulais bien faire moi ! Et puis… Et puis t’avais l’air à fond dans ton rêve, quoi ! M’enfin bon, c’est toujours moi le coupable à la fin ! » Pauvre petit Caliméro… ! Puis ce morveux me jette un regard de défi. « … Je ne te demande même pas si t’as bien dormi, tellement ça se voyait et ça se voit comme le nez en plein milieu de la figure ! »

Encore touchée.

« Ah ouais ? » Répliqué-je malgré tout, alors que j’aurai bien mieux fait de me taire.

« Et ouais ma sœurette ! Et la réponse est logiquement : oui ! Oui tu as bien dormi.. ! Enfin, à en juger par ce que tu marmonnais quand je suis parti pour le collège, c’est clair que c’est oui.. » Fait-il avec un sourire complètement innocent. « Hum, attend voir que je me rappelle… Ah oui ! Tu baragouinais un truc du genre : Ulrich, mon Ul… »

« Eh, Hiroki ! Attends, regarde ! C’est… Ce n’est pas Milly là-bas par hasard ? Eh ! Bah si c’est notre Milly ! Et sans Tamiya.. Mais par contre.. Ah oui... Avec… Attends, le petit Pierre là, je crois, non ? »




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CHAPITRE I


Ulrich vient de me sauver la mise et ce n’est pas la première fois qu’il le fait. Je soupire, lui sourit. Faudra sérieusement que je pense à le remercier convenablement un jour, vu tout ce qu’il endure pour moi.. Je me plonge dans les souvenirs. Le pauvre, c’est vrai que je n’ai vraiment pas été sympa avec lui des fois, mais le « Copain et puis c’est tout », avec le recul, c’était un peu de trop je pense. Enfin, j’en suis sure plutôt. On en subit les lourdes conséquences tous les jours, avec les remarques d’Odd, et nos doutes en plus. Au moins avant c’était clair alors que maintenant.. Quand je réalise que j’ai mis fin a notre relation en partie a cause d’un programme multi-agent qui a tenté de nous tuer, moi et mes amis, une bonne centaine de fois, je me dis qu’on ne doit pas entendre ça dans tout les couples normaux… Si ?

Comme le fait que je combattais dans un monde virtuel, Lyoko, situé dans un Super Calculateur, placé dans une usine désaffectée pas très loin de mon collège, et que le responsable de tout ça, le père de ma meilleure amie, est mort il y a quelques mois maintenant. Bon, dit comme ça, c’est assez étrange je le conçois, mais bon, ça c’est une autre histoire, longue, mais très intéressante, mais qui n’est pas la mienne. Maintenant, c’est fini, et j’espère de tout mon cœur qu’Ulrich ne m’a pas oubliée, et virée de son cœur, et fait un trait sur notre histoire, et jetée comme un vieux souvenirs au orties, à la benne, et…. Bref ! Je l’espère vraiment, malgré ce qu’en pensent les autres.

Revenons au présent. Hiroki se retourne vivement suite aux paroles d’Ulrich, et voit effectivement Milly en train de rire aux éclats avec Pierre. Je souris à la vue de cette scène ! Et toc, le morveux ! Dans les dents ! Surtout que je sais, enfin, me doute, que Milly ne sort pas avec Pierre. Parce que Tamiya, sa meilleure amie, le déteste, pour une histoire de faux scoop ou je ne sais quoi. Mon stupide frangin fronce néanmoins les sourcils et se tourne vers Ulrich, les bras négligemment croisés sur sa poitrine, l’air de rien.

« Qu’est-ce que … Qu’est-ce qu’il fait, à… À ton avis ? » Demande-t-il, finissant par se tordre les doigts douloureusement dans tous les sens sous l’attende et la crainte de la réponse.

Ah oui c’est vrai, j’avais presque zappé. Mon frère avait également demandé des cours de drague à Ulrich, la dernière fois que celui-ci était venu à la maison. La honte ! Surtout que… Surtout que, ceux d’Odd ont beau être débiles, ceux de William, tordus, ceux… Ceux d’Ulrich fonctionnent sans problème, quoi ! Et, même, je crois, sans qu’il ne s’en rende compte la plupart du temps. Alors double merde, si le morveux arrive à conquérir Milly.

Ulrich fronce les sourcils, puis hausse les épaules.

« Bah, logiquement, on peut supposer qu’il la drague, oui. Vu les éclats de rire et tout, hm.. Mouais. Voir peut-être plus même, et c’est mauvais pour toi, il peut être entrain l’inviter au bal de fin d’année. Si on considère en plus le fait que c’est demain, bah… » Répondit simplement mon beau brun.

« Quoi ? Le bal de fin d’année ?! Mais… Mais… Je…J’avais carrément zappé ! Bon sang, qu’est-ce que je fais ? Ulrich !! Qu’est-ce que je…Oh non ! Et…Et si… Et si elle accepte et… Et qu’est-ce que je fais ?! » Paniqua-t-il.

Ulrich hausse une nouvelle fois les épaules. Solution magique et logique.

« Ben tu vas tout simplement la voir, et tu ne te gênes pas avec l’autre. Il n’existe pas, compris ? Concentres-toi sur Milly. Et juste sur Milly. Tu te pointes là bas, squattes la convers’, mais sans être trop lourd, hein, j’insiste. En finesse. Puis, au bon moment, lui demande un tête à tête et après, ben tu l’invite au bal, quoi… » Répliqua Ulrich calmement « Ça me parait clairement la chose la plus logique à faire. T’arrive, tu la prends à part, tu lui fait ta demande. Et vite, enfin, avant que petit Pierre le fasse à ta place. » Explique-t-il avec un petit sourire en coin.

« La chose la plus logique à faire ? Logique, d’accord ! Mais c’est facile à dire, oui ! .. Franchement, c’est bien beau ta petite histoire là mais… De un, je n’ai pas le cran nécessaire, hein, et pis, de deux, Milly… Je sais pas… Tu t’y prendrais comme ça toi, par hasard, pour inviter ma sœur ? » Le questionne-t-il, sans gêne, les yeux toujours à moitié fixés sur la jeune rousse, qui visiblement commence à s’ennuyer de sa compagnie.

Ulrich rougit violement, se reprend difficilement, mais essaye de rester impassible sous le coup du choc. Il s’efforce de ne pas me regarder, alors que moi je le dévore des yeux en attendant avidement sa réponse, mais il soupire, choisissant un ton neutre pour répondre, tout en laissant apercevoir un soupçon de lassitude.

« Hiroki… » Commence-t-il…

Ce dernier soupire aussi, et se détourne pour clouer Ulrich du regard.

« C’est oui ou non ? C’est simple à dire, quand même ! Tu t’y prendrais comme ça, ou pas ? » Insiste mon frère.

Petit lourdingue malin. Je croise nonchalamment les bras sur mon ventre, tandis qu’Ulrich esquisse - enfin - un regard dans ma direction. Il se racle ensuite lourdement la gorge, puis répond.

« Oui, non, ou peut-être… Je n’en sais rien franchement… Ça dépendrai de la situation. » Explique-t-il patiemment, sous le regard insistant de mon frère.

Attends.. Il a considéré la chose… Et on parlait bien de m’inviter, hm.. Ça voudrait dire qu’il va se proposer pour être mon cavalier au bal ?!

« Et si par hasard elle était avec William ? » Précise Hiroki, ce qui me fout une douche froide. « Tu te pointerais de cette façon là, façon chevalier servant pour l’inviter, chose que tu n’as toujours pas faite d’ailleurs ? »

Ulrich se tend d’un coup. Il n’aime pas William, c’est sur et certain. Pas du tout même. Et puis, il est tendu, je pense aussi, par la dernière réplique sanglante à la Hiroki. « Chose que tu n’as toujours pas faite d’ailleurs… ». Ce qui n’est pas vraiment faux. Ce bal, j’ai bien l’intention d’y aller avec lui, moi. Quoiqu’il m’en coute. Ulrich se tourne vers moi, me regarde droit dans les yeux un long moment, puis repart vers Hiroki. Il prend une grande inspiration, et encore une fois, je suis un minimum déçue par sa réponse plus qu’évasive.

« Ce n’est pas ça la question. Toi et moi, ce n’est pas du tout la même chose. On est différent. Pareil pour Yumi et Milly ! Ce sont deux filles bien distinctes, donc ce n’est pas la même technique d’approche. Pour Milly, je pense qu’il vaut mieux faire comme ça. Pour ta sœur, je…. Ahem, bref ! Ça ne te regarde pas. Alors maintenant, ou tu vas voir Milly et tu lui dis ce que t’as à lui dire, ou, tu laisse passer ta chance et tu te trouve une autre cavalière ! Sans mon aide… »

Hiroki bougonne et regarde Milly, puis moi, et Ulrich, puis encore Milly, moi, Ulrich, Milly… Et soupire. Je souris. Gagné. Ulrich, t’es le meilleur ! Tu m’as encore une fois débarrassé de cette peste ambulante !

« Ok, ça va j’ai compris. » Ulrich sourit, fier de lui « Mais t’as intérêt à inviter ma sœur à ce bal, je ne tiens pas à ce qu’elle y aille avec l’autre crétin, d’accord ? »

Touchés. Sale morveux…

« Hiroki… » Fait une nouvelle fois Ulrich en levant les yeux au ciel.

« D’ac’ ? » S’entête le petit monstre, les allers retours entre nous et Milly et Pierre devenant plus insistants et plus fréquents au fil des secondes.

« T’inquiète, je gère ! Je me charge personnellement de ces deux la ! » Intervient Odd, me sauvant de mon frère, mais me faisant me préparer psychologiquement au futur. Parce que, d’un, Odd peut être plus lourd que mon frangin s’il le souhaite, et, de deux, je n’ai légalement pas le droit de le frapper lui, s’il va trop loin… J’suis foutue.

Mon frère hoche la tête rapidement en le remerciant, et part en courant retrouver sa précieuse Milly. Je souris en voyant la jeune rousse ravie de partir avec lui. Finalement, il n’a pas essayé de squatter la conversation, ce n’est pas si elle s’est limite jetée dans ses bras ! Sérieusement. Elle est venue vers lui directement, chapeau. Elle lui prend la main et l’entraine dans le parc, sous les yeux assassins du petit Pierre. Et bah, désolée hein, mais.. Dans tes dents, Pierrot !

« Ils sont trop mignons, tu ne trouve pas, Yumi ? »

Je me retourne pour voir Aelita et Jérémie qui les regardent aussi : depuis quand suivent-ils la conversation sans se faire voir ses deux là ? Je souris, et me retourne face à eux.

« Oui. » Me contenté-je de répondre. « Ils forment un joli couple. Et puis franchement, il lui fallait un peu de gaité dans sa vie à Hiroki, en dehors de son sadisme habituel qui était sa seule joie. Peut-être qu’il me laissera finalement en paix, maintenant… »

Aelita et Jérémie éclatent de rire, tandis qu’Ulrich fait la grimace. « Hm, bah moi je n’en suis pas si sur, il est coriace ton frangin, et il connait mes points faibles… » Je l’entends grimacer, et ne peux qu’être d’accord avec lui.

« C’est vrai. J’espère pour toi en tout cas… Enfin, pour vous deux.. » Renchérit Aelita, échangeant un regard complice avec son amoureux, tandis qu’ils se dirigent lentement, suivis par tout le groupe, vers la salle de cours. C’est que l’heure tourne.. !

« Alors comme ça, tu as eu une panne d’oreiller ce matin Yumi ? » Me questionna Einstein sur le chemin.

Ah, apparemment ils suivaient la conversation depuis le début. Je vois Aelita donner un coup de coude pas si discret que ça à Jérèm’, mais je n’y prête pas attention. Je rougis repensant à mon rêve parfaitement parfait. Faite qu’il soit prémonitoire, s’il vous plait.. Il se passait pendant la soirée du bal de fin d’année et…

« Yumi ? Yumi Ishiyama ! T’es avec nous ? » Crie Odd en me passant la main devant les yeux.

Je secoue la tête de droite à gauche, et souris une nouvelle fois à mes amis en les détaillants les uns après les autres. Jérémie a les yeux bleus, bleu océan, cachés par des lunettes rondes aux bordures noires qui lui donnent un air d’intello, renforcé par des cheveux blonds plaqués, hormis une mèche rebelle qui lui tombe sur le front. Il porte un pull marron et un pantalon beige et bleu sur les côtés. Aelita en est dingue.

Elle est très jolie, avec des yeux verts et des cheveux roses, courts, naturels, qu’elle a hérités de sa mère. Elle s’habille d’une robe rose, simple, mais qui lui va très bien, avec des bottes de la même couleur.

Odd est excentrique, il n’y a pas de mot plus approprié. Des cheveux bonds comme Jérèm’, mais relevés en un grand pic de gel sur la tête et teints en violet au centre. Son look est comme lui, un peu fou, il s’habille en mauve et rose, mais surtout en mauve, c’est sa couleur préférée. Il a des yeux gris magnifiques.

Et enfin, Ulrich. Ah Ulrich, c’est le plus beau mec de Kadic. Sans rire, c’est lui que les filles ont élu, cette année et les précédentes - Odd lui en a toujours un peu voulu dans le fond d’ailleurs -. J’ai voté pour lui moi aussi, mais ça, il ne le sait pas. Heureusement ! M’enfin, c’était prévisible… Pour qui j’aurais dû voter ? William ? Jamais. Bref !

En tout cas, Ulrich a décemment tout pour plaire. Des cheveux bruns désordonnés et savamment décoiffés, des traits de visage fins, des yeux en amandes, marron-vert-doré - Odd n’arrête pas de ma dire que je suis la seule à lui trouver du doré dans les yeux, mais bon, j’insiste, et je suis la seule à les avoir vu de très, très près, donc… - qui, quand il le veut, peuvent vous faire tourner la tête. Un nez droit, une bouche à se damner - On se demande bien d’où viennent mais rêves après ça - et un sourire à couper le souffle.

Il est très musclé, contrairement à Odd, et plus discret que lui. Il porte un jean bleu clair, un T-shirt kaki foncé et par-dessus une veste d’un vert plus clair, avec des poches et un petit col. Il la porte ouverte sur son T-shirt. Le vert lui va bien, cela renforce son côté mystérieux qui fait que les filles l’admirent et que les garçons le jalousent. Il était plus petit que moi avant, mais il a du prendre une double ration de soupe le soir - et le midi ! - ces dernière semaines, parce que maintenant, il a bien quelques centimètres en plus …Ou alors, c’est une poussée de croissance normale.


Il me regarde en souriant. Rah ! Ce n’est pas possible, pas possible d’être aussi beau. Ça devrai être interdit .. ! Ses lèvres bougent, je suis complètement hypnotisée. Si je n’avais pas fait ce rêve, j’aurai pu me contrôler, comme avant, comme toujours, mais là… Là j’ai envie de me laisser aller à baver ouvertement sur lui..

Il me dit quelque chose, il s’approche de moi et me prend par les épaules. Il me secoue un peu.

« Yumi, ça va ? » Souffle-t-il.

Ah oui, sa voix aussi est à se damner, j’avais presque oublié. D’ailleurs à cet instant précis j’oublie tout. J’oublie les autres, et les gens, et la cloche, et les cours, et le regarde dans les yeux. Prunelles noires contre marron. Les siennes gagnent, je ne cherche pas à me battre par le regard. J’ouvre la bouche et prend une inspiration. Son parfum me frappe de plein fouet et me brûle la gorge. Je crois que je vais tomber dans les pommes, il ne m’a jamais fait cet effet- là, ce n’est pas normal. Houston ? On a un gros problème ! Qu’est-ce qu’il se passe avec moi aujourd’hui ? Je ne me suis jamais sentie comme ça.

Peut-être est-ce du au fait qu’il me détaille ainsi, cherchant à lire en moi. Sauf que je ne suis pas un livre ouvert, loin de la. Mais il essaye, il me scrute, cherchant à comprendre, sans doute, mon comportement bizarre. Il aurait laissé parler Hiroki, il aurait comprit de suite le pourquoi du comment..

Odd a tord, Ulrich a du doré dans les yeux. Plein d’étincelles dorées. De l’air, il me faut de l’air dans la seconde, sinon je vais finir à l’infirmerie avant d’avoir le temps de dire ouf.

« Ulrich, je… » Je tente vainement d’articuler.

Je ne sais comment j’ai la force de parler. Il approche davantage son visage du mien. Dites-moi que je ne rêve pas cette fois ! Je dois lever les yeux pour ne pas lâcher son regard. Wouah ! Il a vraiment grandit et embelli, comme pas possible. J’ouvre la bouche pour parler et nos souffles se mélangent. Aie, aie, aie. Comment je fais moi, maintenant ? Je crois que je ferme les yeux, je ne me rends pas compte. J’ai l’impression de m’envoler, d’être toute légère. Est-ce qu’il va m’embrasser ? Maintenant, tout de suite ? Si vite ? C’est ce que je veux moi en tout cas ! Depuis trois ans ou presque ! Mais en tout cas ce moment-là est… C’était parfait, un peu en avance chronologiquement vis-à-vis de mon rêve, mais sinon c’était juste parfait… Enfin, jusqu’à ce que…

DRIIIIIIIIIIIIIIING ! DRIIIIIIIIING !

J’ouvre grand les yeux - que j’avais effectivement fermés - et redescend brutalement sur Terre. Aouch ! Ça fait mal, même justement psychologiquement. Encore interrompus. Je regarde Ulrich - tellement près de moi que ma respiration en prend un sacré coup - sans comprendre réellement ce qui c’est passé et me dégage de son étreinte. Quoi ? Je suis trop digne, c’est ça ? Incapable de reconnaitre que j’avais l’intention de l’embrasser ? Pff !

Je jette un regard noir à la cloche qui a tout cassé. Saleté ! Pire que le réveil franchement ! En me retournant pour prendre mon sac sur le banc je vois que mais amis nous observent mi-amusés, mi- complètement bufflés par ce qui vient de se passer. Oh, non ! Je ne survivrai pas aux remarques d’Odd… Je rougis jusqu’à la racine des cheveux, regarde ailleurs, et croise - malheureusement ? - le regard d’Ulrich, un peu perdu et rougissant aussi; je détourne tout de suite les yeux, essayant de l’éviter.

Je ramasse mon sac en vitesse, le fait glisser sur mon épaule, et m’apprête à partir quand une main posée sur mon bras me retient. Je ferme les yeux, ayant peur de comprendre, puis les rouvre et me retourne.

Ulrich.





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Je ramasse mon sac en vitesse, le fait glisser sur mon épaule, et m’apprête à partir quand une main posée sur mon bras me retient. Je ferme les yeux, ayant peur de comprendre, puis les rouvre et me retourne.


Ulrich.



CHAPITRE II

Je me retourne vers lui et il en profite pour me tirer un peu à l’ écart des autres. Ah, il veut des explications, ok… N’empêche que la cloche a sonné et… Oh et puis merde ! C’est qu’une saleté, elle ne vaut pas la peine que je m’inquiète à cause d’elle…. Surtout qu’en plus, vu que c’est la fin d’année, les cours ne sont plus vraiment des cours, alors… Une fois qu’il nous juge suffisamment loin, Ulrich s’arrête, se retourne vers moi, et me fixe encore. Le même regard que tout à l’heure. Oh non… Non, non, non… Non ! Je ne me ferai pas avoir deux fois, il est prévenu. Namého ! … J’attends patiemment cinq bonnes minutes, ou du moins, une bonne éternité, et constate qu’il refuse de prendre la parole. Ah bien ! Puis-ce qu’il ne veut pas commencer, je commence moi d’abord…

« Écoute Ulrich, je suis désolée pour tout à l’heure, je… Je ne sais pas ce qui m… »

Il me fait taire en posant délicatement un doigt sur mes lèvres. J’écarquille les yeux, et en grand. C’est la première fois qu’il fait ça. Qu’il… Qu’il me touche comme ça, quoi ! Mon cœur loupe un battement et enchaine les autres un peu trop vite à mon goût. Boum, boum, boum, boum, boum, boum ! Ça s’enchaine, sans arrêt. Ce mec tuera mes nerfs, et pas qu’eux ! Ulrich fait glisser son doigt doucement le long de l’ourlet de ma lèvre supérieure, comme s’il caressait ma bouche. Bon sang, s’il joue la carte de la séduction, ce n’est pas fair-play, mais alors pas fair-play du tout ! Je rumine intérieurement. Tricheur ! Espèce de sale tricheur ! Il sait très bien que ça marche avec toutes les filles, encore mieux avec moi. Et il en profite clairement, comme ce n’est pas permis… Rah !!

Puis il retire sa main et mes lèvres me piquent, déjà en manque. Non, mais c’est quoi ce délire, là ? Et puis quoi après ? Il faudrait qu’il m’embrasse aussi, pour que mes lèvres retrouvent leur comportement habituel. Ulrich plonge sa main dans sa poche et sort un petit papier plié en quatre, qu’il me tend simplement. Je me mords la lèvre, mille et unes questions me torturant l’esprit, dont la plus fréquente, à savoir : qu’est-ce que c’est ? Je prends le papier timidement, et m’apprête à l’ouvrir, curieuse, et fière de l’être, mais il me stoppe, posant sa main sur la mienne, ce qui me fait frissonner. Et merde… Je le questionne du regard, impatiente de savoir le pourquoi de l’histoire. Il me sourit. ‘Tain ! Encore un sourire comme ça et je me retrouve à l’hôpital, branchée à la machine, avec une perfusion au bras et tout le toutim. Il se penche vers moi et je retiens ma respiration. Ulrich, à quoi tu joue bordel ! Sa bouche chatouille mon oreille.

« Les tête à tête, c’est très bien comme idée, mais il y a pas que par l’oral qu’on peut faire une demande… »

Et là, je comprends.

Oh mon Dieu… Ne me dites pas que… Ulrich recule doucement et me dévisage pendant un long moment, à l’affut d’un signe quelconque de ma part. Ma respiration s’accélère et devient fichtrement saccadée durant ces quelques secondes qui me semblent des heures… Je… Je crois que j’ai comprit, maintenant, enfin, ce que veux dire le papier. La discussion avec Hiroki me revient en tête et je rougis violemment. Oh lala… Si c’est bien ce que je crois, je sens que je vais sauter au plafond avant même que…

« Tu me donnes ta réponse à la récrée, d’accord ? »

Hein ? La récré ? Ah… Euh, ok… Je mets un temps à comprendre qu’il attend une réaction de ma part, mais je suis dans l’incapacité de parler pour le moment. Je me contente de hocher la tête de haut en bas rapidement. Une vraie débile ! Ulrich sourit encore, et ses yeux pétillent. Ce n’est pas juste, je ne veux pas mourir comme ça. Imbécile de beau gosse qui fait tanguer mon cœur ! C’est qu’il a pris de l’assurance chez je ne sais pas qui, avant c’étais p..

Ulrich prend mon visage entre ses mains, stoppant toute autre pensée, et faisant mon cerveau se focaliser sur ce seul et unique contact physique… Euhm, ça sent pas bon… Et il hésite un instant, puis dépose un doux baiser sur mon front. Je ferme les yeux, savourant le moment qui risque de ne pas durer, malheureusement. Et chaque seconde est précieuse dans ce cas… Que ça fait du bien ! Depuis le temps que… Et puis, pour une fois que c’est lui qui se décide à se laisser aller, et pas moi…. Voyant un manque de réaction, enfin, aucune réaction violente de rejet, Ulrich se prête au jeu et fait durer le plaisir, laissant trainer ses lèvres contre ma peau plus longtemps que coutume. Bon Dieu ! Il baisse la tête, son nez frôle le mien, et moi, je frôle l’authentique crise cardiaque. Puis il me caresse le visage avec ses mains et sa figure, et recule, tout sourire. Peut-être, surement, parce qu’il sait que ça aurait été n’importe qui d’autre, n’importe lequel des autres gars de ce collège, je lui en aurais collée une belle. Une belle et mémorable gifle ! Il le sait, parce que c’est déjà arrivé avec notre cher William. Il en a souffert lui, deux jours avec la marque rouge écarlate de ma main sur sa joue. Cinq doigts bien détachés et bien distincts. Comme dans les films. Mais Ulrich a prit le risque, a tenté le tout pour le tout, et a comprit qu’il n’aurait aucune baffe. Aucune. Et il en est fier. C’est limite s’il ne me fait pas une petite danse de la joie, là. Abrutit… Mon abrutit que j’aime tant…

Je suis perdue avec lui, ce n’est pas croyable. J’arrive - par je ne sais quel miracle - à reprendre une certaine contenance et décide de ne pas me laisser faire si facilement. Namého ! C’est mon tour de m’amuser maintenant, rah ! On va bien voir qui rigole, hein ! Je le regarde avec dans les yeux une lueur de défi qui le fait tiquer, et lance, les mains sur les hanches.

« Eh oh ! Tu m’a prise au dépourvu, d’accord ? … Ça t’arrive à toi aussi quand même ! Alors arrête de faire le coq.. Tout le monde peut être pris au dépourvu, toi aussi.. Et par moi, en particulier, non ?… Et souvent aussi, je dirais…»

Il éclate de rire, ses joues rosissant, puis m’examine attentivement en me renvoyant le même regard, en un peu plus provocateur. Je souris intérieurement. Alors tu veux jouer, hein ? Et bah on va jouer beau gosse ! Ulrich me sourit, et se rapproche de moi. Un peu trop près. Parfaitement près.

« Ah oui ? »

Et il me cherche en plus. Je m’apprête à rétorquer quelque chose quand je me rappelle brutalement que je devrais déjà être en cours depuis cinq bonnes minutes, si ce n’est dix, ou plus. Et merde ! Je regarde Ulrich, le gymnase où m’attends GI Jim et les tapis gym, puis Ulrich encore… Hum, pas le temps de m’éterniser, mais pas question non plus de partir comme ça. N’ayant pas le temps trouver autre chose, je m’élance vers Ulrich, et dans le même mouvement, l’attrape par les épaules, lui colle un rapide baisé au coin des lèvres, lui fait un clin d’œil malicieux et complice, et le relâche, le tout en quelques secondes à peine. Je pars ensuite vers le gymnase en courant, tout sourire, mais je m’arrête et me retourne à mi-chemin brusquement. Tout ça pour voir Ulrich me regarder d’un air.. Absolument.. Béat. Éclatant de rire, je lui lance d’une voix moqueuse.

« Tu vois bien que moi aussi, je sais te prendre au dépourvu beau brun ! »

Il sort de sa léthargie, me tire la langue puérilement, éclate de rire aussi, et part en courant vers le bâtiment des sciences. Il ouvre la porte en grand, presque violement, se retourne, me fait un furtif signe de la main et disparait à l’intérieur. Je souris et entre à mon tour. Une fois n’est pas coutume, Jim, le professeur de sport-surveillant s’est bloqué le dos en faisant une démonstration de gymnastique. Pas très sexy. Plié en deux, il ne cesse de gémir le nom de Yolande, l’infirmière, tandis que les élèves les plus dissipés se sont déjà… Bah dissipé… Dans la surface du bâtiment. Je repère William du coin de l’œil qui me fait de grands signes. Je lui réponds d’un simple hochement de tête en guise de bonjour. Depuis qu’il a été l’allié de Xana, je ne lui fait plus trop confiance. C’est dommage. Mais on ne peut pas me blâmer… Enfin…Et puis cette histoire de baiser en plus, franchement... Je m’installe en silence et observe ce pauvre Jim qui gesticule piteusement quand une voix retentit derrière moi.

« Oh mais si, j’te jure, ils ont faillit s’embrasser dans la cour bon sang ! Même que les gamines là, les pseudo paparazzis des Echos de Kadic les ont loupés, et elles en étaient dégoutées ! »

Je soupire, encore un papotage entre filles sur les mecs, ou sur le nouveau couple de la semaine. Voyons voir qui sont les « heureux » élus. Pendant ce temps, Yolande, l’infirmière, arrive à grand pas pour soigner notre prof de sport, qui se trouve dans une position plutôt comique maintenant, ayant fait un faux mouvement par dessus le précédent. Derrière moi, les deux filles continuent encore de papoter, et de plus en plus fort, ce qui a le don de m’agacer fortement. N’ayant rien d’autre à faire, je décide d’écouter la conversation.

« Tu crois qu’il l’aime vraiment, dis ? ». Assez inquiète.

« Hm, peut-être, peut-être pas, qui sait. Eux deux, ce n’est pas la première fois qu’on en entend parler et j’en sais quelque chose après tout, et je parie que ce ne sera pas la dernière fois non plus... Remarque, rien que pour la tête de la fille du proviseur ça valait le coup qu’ils fassent ça, non ? ». Plutôt contente de sa réplique…

« Mais qu’est-ce qu’elle a de plus que moi celle là ? » Continue l’autre, éplorée, et j’en déduis qu’elle doit forcément être jalouse de ladite fille qui sort avec ledit gars.

« De qui ? Elisabeth ? » Sissi ? Et bah heureusement que la principale concernée n’est pas là.. ! Remarque, j’aimerai bien voir sa tête rien qu’à cause du Élisabeth moi aussi…

« Mais nan imbécile ! Je parle de Yumi ! Yumi Ishiyama ! » Aaah, ok je…Hein ?! Yu.. Yumi Ishiyama ?! M… Mais c’est moi Yumi ! Pardon ?

Je sursaute et me concentre davantage, tendant l’oreille afin d’en savoir plus. La voix continue de plus belle.

« Ok, elle est assez jolie, même s’il faut qu’elle fasse des efforts pour les fringues, c’est vraiment dépassé de la mode ces trucs-là qu’elle nous porte, mais… J’suis quand même mieux pour lui, nan ? » Mais une bonne fois pour toutes qu’est-ce qu’elles ont mes fringues, hein ?

« Hum ? Moi je trouve qu’ils vont bien ensemble.. ! En plus ils font tout les deux le même sport de combat je crois. Il y avait une rumeur à un moment qui disait qu’ils s’étaient rencontrés là-bas, et qu’ils ont eu un coup de foudre l’un pour l’autre. Dans ce gymnase et tout ! … Ce n’est pas romantique, ça ? » Attends ! Minute papillon… Elles parlent bien d’Ulrich, là ? D’Ulrich, et de moi ?

« Romantique ? Mouais, ben moi j’y crois pas trop à c’te rumeur. Yumi allant à un entrainement de sport de combat, c’est une fille, oui ou non elle quand même, parce que… Bref, mettons qu’elle y aille, et là, bam ! Elle rencontre, par hasard, le plus beau gars de Kadic, et là, double bam ! Il a un coup de foudre pour elle, et vice versa, nan, ça tient pas la route. » Si je me retourne ça va chauffer… Et je me retourne.

« C’est ton cerveau qui ne tient pas la route. » J’insinue sournoisement.

Elles sursautent et rougissent. Je me tourne vers elles, curieuse, n’ayant pas réellement prêté attention aux voix… Il s’agit d’Anaïs Fiquet et Emilie Leduc... Hm… Je parirais que c’est Anaïs qui est jalouse de moi, j’aurais dû d’ailleurs me douter que ce soit elle qui parle comme ça, mais Emilie me défend, un peu, elle a bon fond, et puis euh… Je ne peux pas trop lui en vouloir, c’est en partie grâce a elle qu’Ulrich et moi on a failli s’embrasser sur Lyoko une fois.. Alors hein…. Anaïs reprend contenance mais Emilie baisse les yeux, honteuse, hors, elle, elle n’a strictement rien à se reprocher.

« Excuse moi.. Tu as dit quoi ? » Dit-elle d’une voix qu’elle juge menaçante - du genre Sissi qui fait l’chien d’garde -.

« Que ton cerveau ne tenait pas la route » Je répète patiemment. Puis, après réflexion, j’ajoute « Et si tu me redemande ce que je viens de dire, je commencerai à croire que tu es sourde en plus d’être psychologiquement atteinte… »

Et sans lui laisser le temps de répondre, je me lève et change de place, me mettant dans un coin à part, un peu plus loin et isolée des autres. Apparemment le problème de Jim va durer encore plus longtemps que d’habitude. Le pauvre ! Je soupire et change de position, passant les jambes sous mes fesses. Quelque chose me gêne dans la poche droite de mon pantalon, un petit rectangle dur et fin. Je passe la main dedans et mes doigts rencontrent un bout de papier: la lettre d’Ulrich. Enfin, le petit mot. Vérifiant que personne ne me regarde, je la sort prudemment et commence à lire en cachette. Un grand sourire illumine mon visage à la fin.


Plus ! Parce que j’avais mis les deux à l’époque... x)

CHAPITRE III

Dring !

C’est l’heure la plus lente de ma vie. Je suis tellement pressée de retrouver Ulrich que j’ai failli tomber en sortant du gymnase, trébuchant sur la petite bordure là, qui sert à rien mais qui soit disant maintient la porte en place. Je ne vois pas quel intérêt a cette stupidité, mais bon, revenons au plus important, qui est, en un mot : Ulrich.
Je relève la tête et aperçoit mes amis sur le banc habituel, mais je n’ai d’yeux que pour lui. Lui et lui seul. Il me regarde subitement, je le regarde en retour, et on se sourit de loin. J’ai une chance incroyable qu’il m’ai choisie, moi, parmi toutes les filles de Kadic il avait largement le choix : petites, grandes, grosses, maigres, brunes, blondes, rousses, yeux bleus, verts, marron, noirs ou même gris, à la mode ou pas, intellos ou médiocres, noires ou blanches de peau, il avait le choix !
Ce garçon pouvait conquérir la fille qu’il voulait - sans faire des efforts monumentaux comme Odd parfois - . Il pouvait, et ce sans problèmes. Et il avait choisit…Et cette fille, c’était moi. Grande, dans les un mètre soixante-dix, taille fine, assez mince, sans être anorexique tout de même, bien brune, avec des courts cheveux noirs, des yeux noirs aussi, avec apparemment des longs cils - on me l’a déjà dit plusieurs fois -. Et habillé de couleur … Noire, pour changer. Banale. ‘Fin bon.
Je m’apprête à partir - courir - le retrouver - mais un bras me retient. Je me retourne, surprise. Qu’est-ce qu’on me veut encore ? … Ah, ok… William. Ok euh… Je regarde Ulrich qui semble serrer déjà les poings de loin. Oh ! Non, non, pas de crise de jalousie, ce n’est pas le moment… Ulrich… Je m’efforce de le rassurer tant bien que mal du regard. Car le seul gros - énorme - défaut d’Ulrich, c’est sa jalousie. Et son orgueil et son caractère de cochon… Mais surtout sa jalousie, maladive presque. Si encore je n’avais pu plaire qu’à lui - Ulrich - et à lui seul... Mais non, je plais aussi à Willy à ce qu’il dit. Et à quelques autres par-ci par-là aussi, ce qui a le don de rendre Ulrich complètement fou. Et pas d’amour…

Bon revenons à William. Qui me sourit et m’offre un regard charmeur. Hm… Revois tes leçon de drague, beau gosse, ça ne fait pas le même effet que celui « à la Ulrich ». William ouvre la bouche et s’apprête à me faire une de ces grandes déclarations dont il a le secret - celles qui donnent envie de s’endormir, ou vomir, à la deuxième phrase -. Oh non, pas le temps pour ça, je suis pressée. Sans lui laisser le temps d’en placer une, je lui lance.

« Non c’est bon, pas la peine, je suis déjà prise, et je n’irai pas avec toi demain au bal. »

Il abandonne son regard charmeur dans l’instant qui suit, ma réplique lui ayant fait l’effet d’une douche bien froide, et un éclat de colère traverse ses yeux noirs. Il resserre sa prise sur mon bras, au point de me faire presque mal - s’il avait un peu plus de muscles toutefois - .

« Pourquoi ? Pourquoi lui ? » Me demande-t-il d’un ton dur.

« Et bah, parce que lui je l’aim… Euh ça ne te regarde pas ! C’est lui, et c’est tout. » Finis-je rapidement, écarlate.

Je me dégage ensuite d’un coup, vaguement consciente du fait que j’allai faire une gaffe sinon, esquive une autre tentative de sa part, et court vers Ulrich, comme si j’avais dix ans et que je venais d’apercevoir un tout nouveau jouet dans la vitrine d’un magasin. À la différence que là, ma mère ne me court pas après pour me rattraper et me gronder. Ni Willy. Et heureusement. Beaucoup d’élèves me regardent, mais je n’y fait pas attention. Merde à eux. Qu’ils soient heureux avec leurs cavaliers/cavalières ! J’arrive vers mon beau brun et je ne perds pas de temps. Lui non plus, d’ailleurs.

« Faut qu’on parle ! »

Nous avons sortit cette même phrase en même temps et nous nous souriions. Ulrich s’avance et me prend la main, possessivement, mais doucement, pour me tirer vers le parc, ne lâchant pas mon regard. Les yeux dans les yeux, je suis prête à aller jusqu’au bout du monde à ses côtés, quand soudain..

« Mooooon Ulriiiiiiiiiiiiiiiiiiiich! »

Mon soupir doit s’entendre de loin, très loin, car dans mon dos la même voix irritante reprend de plus belle, et de plus près.

« Y’a un problème, Ishiyama ? »

Je me retourne pour faire face à, qui cela peut-il être d’autre, miss Élisabeth Delmas, Sissi pour les intimes, non, en fait, pour tout le monde, qui se trouve derrière moi, les mains sur les hanches, croyant adopter une posture avantageuse, ce qui… Euh… Comment dire ça avec un minimum de tact… Lui fait plus ressembler à Quasimodo qu’à la belle Esméralda.
Elle se passe la main dans les cheveux, les lissant de ses doigts puis les entortillant sur son majeur, et lance un regard amoureux à Ulrich, et, pour rajouter un soupçon de charme à son regard, bats des cils comme si elle avait une quelconque poussière dans l’œil.

« Non tout va bien, Elisabeth… »

J’ai envie de l’énerver aujourd’hui… Et apparemment ça marche. Elle sert ses poings, plantant ses ongles recouverts d’une « french manucure » encore récente dans sa peau, et son visage se contracte de colère. Oooh ! Ma pauvre chérie.

« Sissi, c’est Sissi, t’as comprit le corbeau ? »

« Yep l’autruche, on a comprit ! Oh pardon, je croyais qu’on devait énumérer des volatiles ! » Réplique Odd, laconiquement. « Enfin bon. Tu es gentille comme une grande fille, et tu laisses partir les amoureux tranquilles maintenant. ».

Je note que, pour la première fois, ni Ulrich, ni moi, ne faisons de réflexion par rapport à cette remarque. Vis-à-vis du « les amoureux ». Tant mieux. Mine de rien, ça me faisait toujours mal les réponses qu’il revoyait sans cesses à Odd, du style : « Je t’ai déjà dis cent fois que Yumi et moi, c’est copains et c’est tout ! » … Mais bon, à qui la faute ?

« L’autruche ? Tu me compare à une autruche ? Attends, tu parles du grand oiseau tout moche avec des ailes là ? Une autruche ? »
« En même temps ma chère Sissi, un oiseau quel qu’il soit, ça a forcément des ailes. » Remarque Odd, étrangement calme, avant de reluquer ses pieds dans toute leur splendeur.

Je le fixe, abasourdie, et Ulrich aussi. Odd, calme ? Mais quand il lève les yeux sur nous, là, là c’est trop. Je ne me retiens pas, mon beau brun non plus, et les Einstein ne vont pas s’en priver. Un fou rire nous prend, et il s’agrandit quand Sissi rajoute, déjà hors d’elle : « Et tu me traite vraiment d’autruche ! Non mais tu t’es regardé le maigrichon ?! »

« Change de remarque, ça devient lassant… » Soupire Odd, mystérieusement calmé, en s’appuyant contre le banc. « À moins que ton cerveau ait besoin d’aide ? Tu sais y’a p’t’être des donateurs dans le coin, non ? Faut qu’ils soient bien généreux pour te céder un truc à toi d’accord mais.. Tente ta chance avec Hervé en premier, conseil d’ami, il se fera un plaisir de t’aider, j’en suis sur ! »

« Oh ! OH !! La ferme, espèce de… De… »

« Désolé, cerveau en surchauffe, provisoirement déconnecté, veuillez tenter votre chance plus tard, merci.. ! En cas de surchauffe trop importante, veuillez vous adresser à notre administrateur préféré, Mr Hervé Pichon. » Lance Odd, d’une voix mécanique. « Et entre temps, pense à acheter un dico’ aussi, ça te servira surement dans la vie. » Reprend-t-il d’une voix normale en lui tournant le dos.

« Rrrrh, grrrrrrrrrrrh…. »

« Comme c’est dommage, en être réduite à grogner… Hé !? Tu sais quoi ? T’as p’t’être raison finalement, t’es pas une autruche, t’es plutôt une sorte de… Truie primitive ? »

Mes amis éclatent de rire et je les suis, ne pouvant résister à la tête que fait Sissi. Waouh quoi ! C’te fois-ci, même Quasimodo est préférable à elle. Puis, me rappelant que j’ai un devoir à faire, enfin, une réponse à donner, et je serre doucement la main d’Ulrich, que je n’ai toujours pas lâchée. Il me regarde, je fond, et lance un regard en direction du parc. Il sourire. Je l’entraine, il me suit sans opposer de résistance, et bientôt les arbres nous engloutissent. Mais, avant ça, j’ai tout juste le temps d’entendre la voix d’Odd qui retentit, bien plus forte que les autres.

« Ah, y’sont trop mignons ces deux-là, non ? Et il était temps, pas vrai ? Bon, maint’nant, reste plus qu’vous deux* bruitages incompréhensibles, certainement des protestations* Ben quoi, Einstein, faut t’lancer, mon gaillard…. Quoi ? Et ben mais dis lui qu’tu l’aimes plus que tout au monde et surtout, surtout, prends une voix passionné, amoureuse, montre lui à quel point tu es fou d’elle, et à quel point tu donnerais tout pour elle, pire que la lutte quotidienne contre un programme multi-agent démoniaque, que tu as combattu derrière un écran soit disant en passant, mais.... Eh ! Pas taper Jérémie, arrête.. ! T’as bien lutter contre Xa.. Ah, pour Aelita ! Oooh ! Bah tu l’aimes, dis le lui mon beau gosse ! C’pas si compliqué enfin ! Aie ! Mais aiiiie ! Aiiiie ! Aelita, au secours ! À l’aide ! SOS !! SOS !!! Frank-Einstein en liberté ! Je vais, aaaaah ! Non Jérèm’, noooon ! …. Aelita arrête de rigoler bon sang ! Aide moiii !!… S’cours ! AU SECOURS… Y’a personne qui m’entends dans ce bled ! … Aelita stop, c’est pas drôle, franchement, c’est lui qui veut pas se déclarer ! C’est pas ma faute s’il t’aime au point de me frapper, là au moins c’est plus du virtuel ! J’espère que tu l’aimes au moins autant que ça toi .. Quoi ?! J’ai dis quoi ?! Eh ! Tu vas pas t’y mettre toi aussi !? J’avais entendu dire que l’amour rendait fou mais je … AIE !! N’empêche que c’est une preuve d’amour ça aussi princesse ! Ehh ! Ça fait mal.. ! Mamaaaaaan !! »

J’éclate de rire et Ulrich fait de même. Ah, il a entendu aussi. Odd a toujours le mot pour rire et détendre l’atmosphère. Ça fait du bien. Non pas que je sois à proprement dit « tendue », mais bon, de là à dire que tout baigne, y’a une ch’tite différence je pense. Quand nous jugeons être assez loin des autres pour ne pas qu’ils nous entendent et assez cachés par les arbres pour ne pas qu’ils nous voient, nous nous arrêtons, parfaitement synchronisés.






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CHAPITRE IV

Qui est-ce qui commence ? C’est à lui maintenant, non ? C’est chacun son tour, c’est comme ça que ça doit marcher en principe ?... Mais je pense qu’Ulrich n’a jamais dû entendre cette phrase parce qu’il ne lâche pas un mot et se contente de me regarder fixement, attendant patiemment que… Attendant patiemment que quoi au juste ? Un signe ? J’ai une subite perte de mémoire, d’un coup ! C’est qu’il est tellement beau, et qu’il m’avait tellement manqué, et qu’on avait tellement faillit s’embrasser tout à l’heure que… J’en ai perdu la mémoire du coup…

Il n’y a que lui, que moi, que nous, ici, mais apparemment, il attend quelque chose de ma part ! Mais alors quoi ? Il fait une vilaine grimace, et me scanne du regard, s’impatientant… Euhm… Pourquoi on est venus là au fait ? Je m’en souviens plus.. ! Il soupire, s’apprête à ouvrir la bouche pour s’excuser quand je l’interromps, ayant finalement - et ce n’était pas trop tôt - démêlé le pourquoi du comment de cette affaire ! Donc, oui, un signe, une réponse, il attend une réponse, une réponse à sa lettre de tout à l’heure ! Et je dois lui répondre ! Euh…

Je me racle la gorge et me passe la main dans les cheveux, nerveuse moi aussi, puis je lui envoie un sourire pour le rassurer, ce qui ne fonctionne qu’à moitié… Mon problème n’est pas de savoir quoi lui répondre, mais plutôt comment lui annoncer ma réponse ? Elle est positive, c’est quand même plus simple, mais bon ! La lettre était assez…Ambigüe pour ainsi dire et, ben, ouais, il m’avait un peu emmêlé les pinceaux avec mes sentiments et les siens…

La lettre :
« Yumi, comme tu le sais, le bal de fin d’année approche - c’est même carrément demain - et je me demandais, bien sûr, si tu aimerais y aller avec moi ? Je sais parfaitement que nous deux c’est copains et c’est tout maintenant, mais, les autres années, celles où ont était encore ensemble, avant, on a jamais pu y aller ensemble, et ce toujours plus ou moins par ma faute, alors…
Enfin voilà, donnes-moi ta réponse tout à l’heure s’il te plait… Je ne cache pas que j’espère qu’elle sera positive ! Je t’ai….Ulrich. »


Bon, vu comme ça, ça doit avoir l’air simple, c’est juste le bout là, où … Le « Je t’ai… », ce.. Ce passage là, où… Fin, du moins, il me semble qu’il a écrit ça, car cette partie de la lettre est toute raturée, et.. Et bah ça me perturbe. Il aurait pu la réécrire, non ? Au propre et.. Ou alors il l’a fait exprès… Je me repasse la lettre en tête, dont j’ai passé l’heure à analyser les moindres mots, allant de la ponctuation au vocabulaire… Il voulait me dire je t’aime à la fin, hein, c’est ça ? Mais ça me parait impossible ! Quoique, vis-à-vis de toute à l’heure je… Mais il l’a écrite avant ça la lettre, obligé.. Bon, laissons, je suis en train de passer pour une cruche devant lui, là, à ne rien dire, et ça le stresse. Je peux comprendre…
Allez, je me lance ! Courage ! Alors… Je regarde Ulrich, puis me fige. Il a totalement changer d’attitude, passant avec une aisance bluffante d’angoissé à sur de lui, limite.. Limite dragueur, et… Mais… Mais arrête de me regarder comme ça ! Ulrich, bon sang ! Tu… Stop ! … Ce.. Ce regard .. ÇA suffit ! Je… Il me regarde d’une… D’un œil … Amoureux ? … En plus du fond de stress qui ressurgit bien sûr mais… Attends ! Waouh c’est… C ’est trop.. ! Rah ! Stop ! Concentres-toi Yumi ! Allez, concentration ! Hum ? … Raaaaaaah !

Ses yeux brillent quand il me voit froncer les sourcils, puis rougir de gêne sous l’intensité de ses regards, qui - il le fait exprès ou quoi ? – augmentent d’intensité à chaque secondes. Il me lance encore un sourire dont il a le secret - il a apparemment mis définitivement le stress de côté -, accompagné d’un regard charmeur - qui, quand c’est lui qui me le lance, fait son effet -, le tout à couper le souffle.

Et c’est ce qui arrive. Ma respiration se bloque, ma phrase - qui n’aurait pas du prendre autant de temps à sortir- se coince dans ma gorge et ma bouche s’assèche pour ressembler au Sahara, en plus petit, mais avec le même taux d’humidité à l’intérieur…. C’t’à dire en concret que ça frôle les 0% d’eau… Ulrich fronce les sourcils, et prend finalement la parole.
« Quelque chose ne vas pas Yumi ? » S’enquiert-il, mi-réellement inquiet, mi-amusé..

J’crois que c’est l’amusement qui l’emporte.. Parce qu’il a lu dans mes yeux que je voulais y aller avec lui, à ce foutu bal ! Parce qu’il sait que je n’irais avec personne d’autre ! Parce qu’il sait aussi que je n’aurai pas couru vers lui tout à l’heure, ni esquivé William, ni faillit l’embrasser, et que je l’aurais encore moins entrainé dans le parc si c’était pour lui annoncer une mauvaise nouvelle.. ! Une fois ça suffit...

Il approche sa main et caresse ma joue du bout des doigts, provocant chez moi des frissons de la tête aux pieds. Sa main s’alourdit sur mes pommettes, et mes yeux se ferment quelques secondes, cédant sous le coup de ce frôlement presque intime … Et merde !

« Comme si tu ne le savais pas ? » Je murmure doucement.

Calant ma tête dans sa paume, je souris tendrement, puis lâche un soupir de soulagement. Qu’est-ce que je les aient attendus, ces moments tendres avec lui..

« Ben, j’ai encore un petit doute, mais… Il faudrait que je vérifie si c’est bien ça.. Dis moi, s’il te plait… » Fait-il en se rapprochant encore plus de moi.

Ses derniers mots sont presque une prière.. Je m’appuis carrément contre lui, ce qui n’a pas du tout l’air de lui déplaire, et ferme les yeux, savourant le contact…

Parce que chacun de mes contacts physiques avec Ulrich est unique et qu’il m’apporte constamment une sensation de légèreté sans pareil .. ! Il a toujours su me comprendre, être là pour moi, et c’est un des seuls à savoir quand je vais mal et quand j’ai besoin d’une aide extérieure... Quitte à pousser le bouchon très loin, et sauter par-dessus mon mauvais caractère… Étant d’origine japonaise, je suis plutôt douée dans l’art de cacher mes sentiments - et pour preuve, j’ai résisté à Ulrich durant plus ou moins trois ans -, mais lui devinait et devine toujours quand j’ai un problème… Il est donc devenu en tout logique irremplaçable et indispensable à ma vie depuis que je l’ai rencontré.

Et quelle rencontre ! C’était un peu chaotique et vachement sportif ! Le coup de foudre en plein combat de pentchat-silat, c’est vraiment arrivé ! Ce n’est pas qu’une « légende » du bahut. Et c’était incomparable avec un autre… Et, pour couronner le tout, c’était d’autant plus fort que c’était mon premier coup de foudre … Même si techniquement, c’est plus lui qui a prit des coups lors de notre toute première rencontre !

Ulrich caresse ma pommette en faisant des cercles dessus avec son pouce. Il monte son autre main et réitère le même geste, prenant mon visage en coupe de ses deux paumes. C’est chaud, c’est doux… Je sens son souffle frais sur mon visage et entrouvre les yeux pour le regarder. Nos regards se croisent pour ne plus se lâcher et je me noie dans ses pupilles chocolatées.

« Tu doutes toujours ? Vraiment ? » Je murmure dans un souffle…

Il sourit, puis retire une main de mon visage pour la passer dans ses cheveux, gêné. Je fais la moue en réponse, et il la replace bien vite « à sa place ».

« Hum, ça dépend… » Lâche-t-il. « Tu veux aller au bal avec moi, alors ? »

Il me répète sa question à voix haute lui donnant une autre tournure que par écrit.. Se voix est posée, et il me répond sur le même ton que le mien, bas, et doux. Mes yeux brillent davantage suite à cela; il me redemande de l’accompagner à la fête, donc ça lui tient à cœur on dirait, au moins autant qu’à moi alors.. Enfin je pense…

Parfait alors, il n’y a plus d’hésitation à avoir… Parce que finalement, je n’ai pas besoin d’une réponse compliquée… Parce que finalement, un mot simple suffit, un seul petit mot, anodin, de trois lettres.

« Oui … » J’affirme. Puis je souffle. « Bien sûr que oui… Et je ne veux et pourrais y aller qu’avec toi de toute façon… »


Plus !


CHAPITRE V


Soupir.

Quelle journée ! Riche en émotions ! … Après lui avoir donné ma réponse, Ulrich et moi étions à deux doigts, mais vraiment à deux doigts, de nous embrasser. Pire que dans la cour ce matin..

Re-Soupir.

Les yeux clos, ses mains qui caressaient mon visage tout en l’attirant vers le sien, et les miennes qui se déposaient doucement sur son torse, nos souffles se mélangeant, nos lèvres qui commençaient à s’effleurer dans un nouveau flot de sensations paradisiaques, et l’air qui était comme emplit d’une douce musique de fond. Bref tous les éléments étaient réunis...

Sauf que… Une branche qui craque, c’est le bruit qui casse tout dans un moment pareil. Et c’est ce qui était arrivé…Ulrich et moi avions sursauté, brusquement sortis, encore une fois, de notre rêve et je commençais sérieusement à en avoir marre ! C’était la troisième fois que ça nous arrivait - si on comptait mon rêve de cette nuit, bien sur -.

Nous avions cherché dans les alentours, ce qui nous avait, ou du moins qui aurait pu nous déranger, mais nous n’avions trouvez personne. Aucun foutu petit espion à massacrer, réduire en charpies, ébouillanter et trancher en petites rondelles fines digne d’un carpaccio de grand chef… Zut !


Puis Ulrich s’était tourné vers moi, et m’avais fait comprendre que ce n’était pas grave, rien qu’en me regardant… Parfois j’ai l’impression qu’il y a une sorte de connexion entre nous, parce que, on se comprend sans se parler, un peu comme des frères jumeaux. Sauf que dans ce cas là, c’est de l’Amour. Et avec un grand « A », s’il vous plait, hein, pas une stupide amourette de pacotille passagère, d’accord ? Un vrai amour, un vrai coup de foudre.

Je me concentrais sur Ulrich. Il fixait les alentours, calme et serein. Puis il haussa les épaules et secoua la tête de droite à gauche. Son regard se posa sur moi, avec ce petit sourire en coin, et je compris... C’était un regard qui signifiait très clairement un « Alors ? Où on en était ? » malicieux…

Je souris et me rapprochais radicalement, et décidant de ne pas y aller par quatre chemins - pour ne pas échouer une quatrième fois -, et je passais donc directement les bras autour de son cou, raccourcissant rapidement la distance entre nos deux visage. Ulrich avait sourit aussi, il était visiblement ravi de mon enthousiasme, quoiqu’un peu surpris... Il posa ses mains sur ma taille, cette fois, et même en étant plus habituée à son toucher spécial, ça ne m’empêchait pas de frissonner de la tête aux pieds encore et encore.

La même mélodie revenait - à moins que ce ne soit mon cerveau qui ne l’invente - et détendait l’atmosphère. Centimètres par centimètres, nous nous rapprochions de plus en plus, savourant chaque seconde plus que la précédente. Vint le reste, les yeux se fermèrent, les nez se touchèrent, les lèvres continuèrent leur bout de chemin tranquillement. Tout comme cinq minutes auparavant. Exactement tout…

Soupir à nouveau.

Et oui, on a été interrompu, et c’était d’autant plus horrible que c’était par un tonitruant :

« STERN ! ISHIYAMA !! Mais qu’est-ce que c’est que ce délire ?! »

Jim, qui d’autre… J’avais rougit et m’étais séparée d’Ulrich comme s’il m’avait brulée… Jim continuait son monologue, sans qu’aucun de nous deux n’y prête réellement attention..

« Vous pouvez m’expliquer c’qui c’passe, là ? Non d’un p’tit bonhomme, vous ne savez donc pas qu’il est interdit d’aller dans le parc aux heures de récréation ? » .

Et alors qu’Ulrich ouvrait la bouche pour répliquer - et protester justement -, mais notre cher surveillant le devança :

« Pas un mot, Stern, je te préviens, sinon, chez l’proviseur et pas de bal demain pour toi, ce qui serait dommage, non, vu que t’as l’air d’avoir ta jolie cavalière ! Z’avez d’la chance que ce soit la fin d’année, et que je sois d’humeur clémente parce que franchement… »

Et là, nous avions étaient « priés » de retourner en cours, la maudite cloche venant de sonner, à nouveau.

Et ensuite, je n’ai pas vu Ulrich en tête à tête, et, même si je l’aimais comme une dingue, je n’aurais, et d’ailleurs je ne serai, jamais capable de lui sauter dessus pour l’embrasser, en plein réfectoire bondé d’élèves mangeant et discutant bruyamment... Quoi que.. ? .. Hum… Nan ! Nan, nan, nan ! Je ne tiens pas à me ridiculiser ! Si on considère qu’une preuve d’amour est ridicule, bien sûr…

Bref, en tout cas, j’ai était absente pendant toute la conversation à table, mes yeux plongés dans ceux de mon samouraï, qui me lançais des regards emplis… D’amour ? Des regards craquants et tendres, amoureux et doux, passionnés et adulateurs… Pour changer...

On s’est même fait choper par Odd… Mais il a quand même mis du temps à comprendre, lui qui d’habitude trouve des signaux là où il n’y en a pas… . Alors Ulrich et moi, on l’a cherché pendant un bon moment, s’amusant comme des gosses. On le regardait, puis on se bouffait des yeux, en lui jetant des coups d’œil provocateurs... Et il ne s’est rendu compte de notre jeu que quand mon beau brun et moi nous nous envoyions des baisers volants, à l’aide de nos mains, ou dans l’air tout simplement en faisant juste le bruit avec la bouche. Il s’est alors retourné vers nous et nous a fixés avec des grands yeux étonnés. Jérémie et Aelita s’étaient tût, vu qu’ils discutaient avec le blondinet à la mèche mauve de l’intérêt d’une quatrième part de raclette extra fromage dans un repas campagnard.

« Vous… Vous… Là vous… L.. Aah ... Là … Vous… Là vous… Vous, vous… J’vous jure, vous… Vous… Mais merde, vous… Vous.. » Avait-il bégayé, ses yeux comme deux soucoupes, sa bouche grande ouverte, et son doigt accusateur braqué sur nous.

Ulrich et moi avions éclaté de rire, sa tête, plus celle des deux Einsteins, valaient une médaille d’or. Jérémie essayait désespérément de se reprendre et bredouilla en ajustant ses lunettes sur son nez:

« Mais enfin vous… Vous…. Que…Vous… Vous vous êtes vu là, vous deux, vous… Vous… »

J’arrivais à peine à balbutier, entre deux éclats de rire libérateurs...

« Aah .. Arrête Einstein, j’suis morte ! Sérieux ! Oh.. Odd et toi vous.. Vous devriez monter un duo comique, vous.. Vous feriez un .. Un tabac, j’en suis sure, vous… Vous…Vous… »

J’éclatais de rire avant la fin de ma phrase, incapable de la finir en condition, tandis qu’Ulrich en face de moi, était en pleine crise de « vous, vous, vous » aigue…. Puis il se calma, un peu, et me tendit sa main droite au dessus de la table et je lui en « tapais cinq » avec plaisir, reprenant tant bien que mal ma respiration…

En sortant du self, je me rappelle, j’en riais encore un peu dès que je croisais le visage d’un de mes trois amis. À tel point que j’en avais les larmes aux yeux. Et Ulrich s’en était aperçut, et calmant le fou rire qu’il avait pris après avoir reçu un regard courroucé de Jérémie, et une tape d’Odd, il m’avait essuyé les joues avec ses pouces. Mon sourire s’était transformé, passant de la presque euphorie, à la gêne, en un éclair. Et un affreux silence s’était emparé de nos amis…

Un garçon et une fille, plus jeunes que nous, des petits sixièmes je crois, se couraient après dans la cour mais ils s‘étaient arrêtés net en nous voyant, comme figés….

« Waouh… T’as vu ça ? » souffla la fille, Marion, il me semble. Un des premiers coups de cœur de mon frère il y a quelques temps, avant Milly. Mais cette dernière a explosé tous les records, et je crois même qu’elle lui a fait l’effet qu’Ulrich m’a fait.. Vu la façon dont le morpion réagit dès qu’on mentionne le doux prénom de « Milly Solovieff ».. Enfin..

Cette réflexion avait énervé Ulrich, j’avais sentis ses mains se contracter sur mes pommettes... Je lui avais souris pour qu’il se détende, ce qui avait plutôt bien fonctionné, et nous avions rejoint les autres, qui ne nous en voulaient déjà plus, sur notre banc habituel. J’avais vu Odd enfiler dans sa poche un petit objet, et ce geste m’avait intrigué, mais je l’avais vite oublié.

L’heure de se séparer était arrivée vite, et j’avais un poids au cœur… Je n’allais pas revoir Ulrich avant le lendemain. En effet, j’avais cour encore une heure et après, je devais ramener mon frère à la maison et le garder jusqu’à ce que les parents rentrent, c’est-à-dire assez tard dans la soirée. Ils avaient prévus leur sortie en amoureux depuis longtemps, et je ne pouvais pas leur faire faux bond… Ni laisser Hiroki seul, même pour Ulrich, il risquerait se blesser ou pire.. Et je n’avais pas besoin de ça..

Quand la cloche avait sonné, il s’était levé, et m’avait fait la bise. Enfin deux gros bisous sur les deux joues, assez près des lèvres, quand même. Sous les yeux furieux - assassins - de Sissi, qui regardait la scène de loin, en fulminant… Pas si en silence que ça, en fait. Je lui avais rendue la pareille, ressentant un électrochoc lorsque nos coins de lèvres s’étaient touchés, vraiment, par inadvertance. Et j’avais rougis violemment, tentant ignorer cette merveilleuse sensation, sans y parvenir réellement.

Les yeux d’Ulrich étincelaient et maintenant j’étais capable de reconnaitre cette lueur sans égal : il voulait m’embrasser ! Pas étonnant ! Et moi aussi je voulais ! Je voulais qu’il m’embrasse ! Tout de suite, même ! Et tant pis, tant pis s’il y avait du monde tout autour de nous, tant pis s’ils allaient jaser là-dessus, tant pis je.. Il se pencha vers moi, et je lui tendis mes lèvres sans hésiter - moi ? Impatiente ? Mais non ! -… Allez, juste un petit baiser pour la route, s’il vous plait .. Mais Ulrich fut soudainement et brutalement tiré en arrière et une voix stridente retentit :

« Euh, y’a cours de maths, là Ulrich, au cas où tu ai oublié, et euh… Madame Meyer est déjà là en fait, depuis cinq minutes avant la sonnerie comme d’hab’ tu le sais, et euh euhm…Tu sais aussi euhm, enfin je me doute, qu’elle a horreur des retardataires…Et puis…Ben… Elle…Euh… Elle te regarde plutôt bizarrement, là ! »

Ulrich était un peu perdu et regardait Odd, les yeux dans le vague. Celui-ci s’adressa alors à moi, qui n’était pas forcément plus apte à comprendre qu’Ulrich vu la situation :

« Désolé princesse, mais tu vas devoir attendre ton prince encore pendant quelques heures, le regard de la prof il signifie clairement deux heures de colle chacun, donc, bon, à demain ! Et bon courage pour garder ton frère aussi ! »

Je bredouillais vainement, perdue dans mes pensées…

« À… À demain alors.. »

... Tandis que dans ma tête, les mêmes mots sadiques se répétaient en boucle.. Cinquième fois ! Cinquième fois ! Cinquième fois ! Cinquième fois ! Cinquième fois !

Et toujours pas ! Je sentais à ce moment là que j’allais faire une grande et belle crise de nerf ! … Je regardais distraitement Ulrich partir vers Mme Meyer, qui les attendait impatiemment, en tapant carrément du pied à vrai dire… Je soupirais, et me tournais vers Mme Kensington, ma très gentille prof d’anglais, qui me souriait, elle, bien évidemment…. Quelle romantique perdue celle-là, je vous jure ! Je n’eu aucune remarque de sa part en entrant dans la salle, mais à peine installée à ma place habituelle, au deuxième rang vers les fenêtres, elle lança d’une voix forte et audible :

« Et maintenant, pour le plaisir, et ce car c’est la fin de l’année, je vous propose de voir la version la plus récente de Roméo et Juliette, le couple le plus célèbre de notre cher William Shakespeare ! J’ai récupéré une version originale sous-titrée les enfants, vous allez voir, on va bien s’amuser ! ».

Youpi ! Whouhou ! J’adore ce film ! Et on va le revoir…. Encore une fois….

Soupir.

La prof mit la vidéo et, en allant fermer les volets, me fit un petit clin d’œil dans le genre complice tandis que le menu film apparaissait à l’écran. J’écarquillais les yeux au maximum, choquée… Ce n’est pas vrai !

Note mentale : Penser à dire à Ulrich de ne plus faire de scène romantique quelle qu’elle soit devant la prof d’anglais, ça lui donne de mauvaises idées pour me faire plaisir.





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CHAPITRE VI


« Hiroki, tu m’énerves ! T’es vraiment qu’un sale morveux, tu le sais au moins ?! Un sale morveux égocentrique et narcissique qui passe son temps à emmerder le monde ! »

J’entends le monstre qui redescend les escaliers quatre à quatre juste pour passer sa tête par l’encadrement de la porte de la cuisine pour me narguer.. J’enrage de ne as pouvoir lever la main sur lui à ce moment précis. Sale.. Rah !

« Et fier de l’être, sœurette ! »

Raaaaah, mais qu’il m’énerve ! Qu’il m’énerve !!

J’abats durement mon poing sur le plan de travail, de toutes mes forces, pour essayer de canaliser ma colère. Sauf que, malchance ou étourderie stupide de ma part, j’ai juste oublié qu’un des coins était en pierre, juste à côté de l’évier, là, oui, le petit truc vous voyez, et … Bingo ! Je tape en plein dedans, et avec le décalage entre ça et le plan de travail, je risque même de m’être pété la main. Et merde… !

Mon cri retentit dans toute la maison, et peut-être même jusque chez les voisins.

Quand Hiroki redescend, encore une fois, je suis en train de passer inlassablement mon bras sous l’eau pour éviter qu’il ne devienne bleu. Manquerai plus que ça, pour le bal de demain et tout… Mon frangin esquisse un malin sourire en s’approchant de moi, silencieusement bien sûr.

« Alors, sœurette, tu t’es fait mal .. ? » Insinue-t-il sournoisement.

« Hmmmm Hrmmmh Grrmml… »

« Ah d’accord… ! Tu voudrais peut-être que j’appelle Ulrich pour qu’il te fasse un bon gros bisou magique alors ? Y parait que ça marche d’enfer ! »

Je m’arrête, et soupire, même si l’idée est ô combien alléchante. Je suis sure qu’il ne se ferait pas prier pour venir d’ailleurs, mon Samouraï.. Enfin, je l’espère… Calmement, j’évite de me retourner pour lui répondre, car voyez vous, là, il risque de s’en prendre une bien belle, et là, mon bras risque de rester en mode « Schtroumpfs’s Color » pour une semaine ou plus…

« La preuve, tu en abusais souvent avec maman du bon gros bisou magique… » Je lâche patiemment, tandis qu’il se crispe.

Puis je retire ma main de l’évier pour la sécher à l’aide d’une serviette en coton bleue qui traine à côté.

Je le sens qui cherche furieusement une bonne répartie… Du calme Yumi, du clame, évite de t’énerver… En attendant, ça y est, ma main est sèche ! Alors, voyons voir…

J’observe minutieusement les moindres plis de mon poing. Ça va, ça aurait pu être pire je n’ai pas trop mal, et quand je m’énerve, ça y va fort ! On ne devrait rien voir, et puis, si on y voit quelque chose, je trouverais une excuse pour me faire chouchouter, hum ? Hors de question de camoufler au fond de teint, déjà que la séance maquillage de demain me terrorise alors c’est même pas en rêve…

Hiroki - après avoir difficilement digéré l’info sur les bisous - en rajoute une couche ; depuis qu’il m’a vue dans la cour avec Ulrich, il fait tout pour m’énerver ce sale gosse ! Et je ne peux pas lui rendre la pareille, malheureusement. En partie parce que je ne sais pas ce qu’il c’est passé avec Milly et, quand j’en ai parlé, il a sourit au lieu de se mettre en colère… Pff, faites des gosses, je vous le dit ! … Quoiqu’un mini Ulrich dans mon ventre… Ahm… Je ne dis - rais - pas non… Remarquant que je suis dans les nuages, il continue..

« T’es sure, hein ? La douleur est supportable sœurette ? Ça ne le dérangerai pas, Ulrich, de venir, j’en suis sur ! Et il a déjà fait tellement de fois le mur pour venir te voir ou te chercher, que franchement pour ça je lui fais confiance.. ! Ça ne risque rien ne t’en fais pas, allé, je peux lui téléphon…»

Je prends une grande inspiration, essayant vainement de me relaxer. Il cherche à m’irriter pour me faire lâcher une info sur Ulrich et moi, qu’il refilera ensuite à Milly pour qu’elle en fasse la une des « Échos de Kadic », dans l’espoir de lui plaire !

L’amour, ça rend idiot, franchement !

« Ma douleur est supportable, p’tit frère, par contre la tienne ne le sera pas longtemps si tu continu à me saouler comme ça ! Je te promets que tu le regretteras et pas qu’un peu ! »

Je me tourne, et la cuisine est vide.

Waouh, ça l’a radicalement calmé. Il prend réellement mes réelles menaces au sérieux ! Et il a raison l’marmot !

Bon, au boulot ! Je relis la liste de choses à faire demain que j’ai rédigée en arrivant. Dieu qu’elle est longue… Hiroki a dû repartir jouer à la console là haut.. Du moment qu’il me fout la paix, celui-là.

Je soupire. Hum ? Alors ? Je m’empare d’un stylo Bic, dont je mâchouille distraitement le bouchon. Voyons voir…

Le matin, je devrais aller au collège pour aider à préparer la salle de bal - le gymnase pour changer, ils n’ont rien de mieux franchement… - et j’en profiterai pour voir Ulrich une heure ou deux et essayer, j’ai bien dis essayer, de lui parler –

Puis je ramènerais Aelita, qui mangerait avec nous à la maison, et toutes les deux, on devrait aller chercher nos robes au magasin - faut pas croire, j’avais déjà prévu nos tenues depuis un moment namého ! Mais ça, elle ne le sait pas .. -.

Après, séance maquillage et coiffure avec ma mère, qui tient à ce que l’on ressemble à d’après ses mots à deux princesses. Et cette partie là, ça promet, vraiment…. Pauvre de moi surtout, parce qu’Aelita ne se plaindra pas forcément d’être chouchoutée… Fin, j’en sais trop rien en réalité.

En parlant d’Aelita, elle m’a envoyé un message il y a une petite demie heure... Ça y est ! Einstein l’a finalement invitée pour le bal ! Je suis vraiment contente pour elle, et, je dois l’avouer, je suis fière de Jérèm’ car il s’est lancé, et c’est plus que bien. Aelita m’a dit qu’Odd et Ulrich lui avait refilés des conseils quand même, et que ça s’était vu…. Ce n’est pas pour autant que j’arrive à imaginer Jérémie lançant à Aelita les regards qu’Ulrich me lançait à moi. Ça ne colle pas dans ma tête, c’est tout...

Mon beau brun est un séducteur né, et Einstein, comme son surnom le dit si bien, il.. Est plus intellectuel, et je n’ose pas imaginer son numéro de séduction. Mais de toute façon, Aelita l’aime plus que tout, alors il n’a pas dû avoir à trop utiliser son charme.

Je m’inquiète un peu au niveau des conseils qu’a pût lui fournir Odd, par contre, parce que…Voilà, c’est du Odd quoi.

Et Odd, c’est un dragueur qui ressort toujours de ses conquêtes irrévocablement célibataire et éploré. D’ailleurs, je me demande qui est l’Élue, pour demain… Une fille spéciale, peut-être une nouvelle, ou une de l’extérieur, ou… Je me creuse la tête, puis abandonne l’idée, prise d’une migraine soudaine.

Je soupire et laisse mon esprit vagabonder sur mon samouraï, ce qui me détend directement. Je suis en train de l’imaginer vêtu de sa tenue virtuelle, qui lui allait vraiment comme un gant… Le bandeau dans ses cheveux, sa tenue… Eumh… Que je qualifierai de moulante…Ses deux katanas dans son dos, sa démarche spéciale quand il utilisait son Supersprint, son air de combattant, son aura mystérieuse et attirante, son…Son …Ahm… Quand soudain j’entends un drôle de sifflement qui explose ma bulle de rêve...

Et je me retourne pour voir l’eau en train de déborder dangereusement de la casserole ! Je baisse le feu en quatrième vitesse. Et soupire. Faut vraiment que j’arrête de penser à Ulrich, parce que sinon, dans pas longtemps, je vais mettre le feu à la maison, ou l’inonder, ou la détruire, ou….

Me mettant sur la pointe des pieds, j’attrape le livre de cuisine japonaise de ma mère. Ça fait un bon moment que j’ai envie de tenter une recette. J’ouvre le bouquin au sommaire et sélectionne la bonne page. Ouh là ! C’est bien plus long que prévu, tout ça ! Merde… !

Hum ?

Je jette un bref coup d’œil à l’horloge, et revient voir le temps de cuisson.

Hum ? Trop long.

J’hésite puis opte finalement pour le pratique, c’est-à-dire un bon plat de spaghettis sauce bolognaise. C’est simple, rapide, et ça rempli bien le ventre… Au diable la recette, je demanderai à ma mère de la faire pour Aelita demain midi !

Quand le repas est fin prêt, j’appelle Hiroki pour qu’il vienne manger. Il descend tête basse, et le repas se déroule dans un silence de mort, pesant... À la fin, il rejoint sa chambre après avoir posé l’assiette dans l’évier, tout ça sans dire un mot. Je débarrasse le reste et fait la vaisselle en silence, la culpabilité me nouant le ventre…

Qu’est ce qu’il se passe ? Je suis un peu triste, mine de rien. Il me boude ou quoi ? Lassée des assiettes et couverts à essuyer, je monte en silence et écoute à la porte de sa chambre ; pas un bruit… Que ? … Je pousse la porte et découvre Hiroki appliqué à écrire quelque chose sur son bureau... Qué ? Il a encore des devoirs à cette période de l’année ... Intriguée, je m’approche à pas de loup et commence à lire par-dessus son épaule.

Oh ! C’est un poème, un poème pour Milly ! Oh, mais ça c’est trop mi…. Attends ! C’est un poème pour Milly, ok mais… Mais, celui là, il me parait vaguement familier…

Soudain, je comprends et m’écris.

« Eh, mais c’est mon poème ! »

Hiroki sursaute, frôlant la crise cardiaque, et me regarde, paraissant ailleurs un instant. J’en profite pour m’emparer de la feuille et la lire à voix haute :

« Si je te chipe tel un voleur de cœur, de toi des senteurs de toutes fleurs, si j’le fais à la dérobée, c’est que, subjugué, je n’ose point trop m’approcher. Mais ton sourire est une arme, toi dont je convoite les charmes, et je me sais en sursit, ô toi jolie Yumi. »

Mais au lieu d’engueuler mon frère, je souris, repensant à ce fameux jour. La Saint Valentin…

Quelle galère ! Sissi avait pris Ulrich à part pour lui offrir un cadeau, ce qui m’avait énervée à juste titre puisqu’on était ensemble à l’époque, puis William avait fait pareil avec moi, ce qui avait énervé Ulrich qui avait lu son poème à voix haute… Mais il l’avait modifié, remplaçant mon nom par celui de Sissi pour me rendre jalouse et moi, j’avais…Eumh… Fait un petit bisou à Willy… De un parce que j’étais jalouse de ce magnifique poème, et de deux, pour rendre Ulrich jaloux à son tour... Le gros bordel, quoi !

Et après bah, j’avais faillit mourir sur Lyoko en tombant dans la mer numérique, et Ulrich, me sauvant la vie - encore une fois -, m’avait avoué avoir écrit le poème pour moi… Ahm… Je me mords la lèvre... Ce poème est l’original, la feuille, le brouillon, où l’on voit bien mon nom écrit par sa belle écriture, que je reconnaitrai entre mille.

Et là, mon frère a recopié le même poème, identique et magnifique, remplaçant simplement mon nom par celui de Milly… Il s’est pas foulé, la rime était facile ! Je sors de ma torpeur quand Hiroki agite sa main devant mes yeux, comme pour me réveiller.

« Euh Yu’ ? .. Yumi, ça va ? ».

Mon sourire s’agrandit et je m’agenouille pour être à sa hauteur….Et lui ébouriffe les cheveux tendrement, ce qui le fait sursauter.

« Moi ? Ça va super bien ! »

Il écarquille les yeux à fond, surprit. Et moi, je prends la lettre et la serre contre mon cœur.

« Par contre, si tu veux un conseil, écrit toi même le poème pour Milly.. Si ce que tu dis viens du cœur, quelque soit les rimes ou mots que tu utilises, une fille le sens toute de suite et c’en est d’autant plus agréable.. C’est ça qui compte. Ce poème est à moi, ok ? » J’ajoute sur un ton un peu plus dur, histoire qu’il comprenne bien.

Il reste un moment interdit puis hoche la tête en me lançant un « désolé » par le regard. On se comprend aussi comme ça, comme avec Ulrich. Après tout, Hiroki, c’est mon petit frère, non ? Je me retourne pour aller retrouver ma chère cuisine, que je n’ai pas finie de ranger malheureusement... Au moment où je passe la porte, je l’entends qui ne peut pas s’empêcher de faire une réflexion, pour une fois pas si sournoise que ça :

« L’amour, ça transforme énormément les gens, pas vrai ? »

Je m’arrête net dans l’encadrement de la porte, et, posant ma main contre le mur, je me retourne vers lui. Il a l’air plus que sérieux, ses deux bras croisés sur sa poitrine, et son regard clair, sans une once d’ironie. Ouh là ! Bien ! Je décide d’être tout aussi honnête et de dire la réponse que je pense correcte.

« Oui, et tu en as deux preuves vivantes devant toi. »

Il hésite, pesant la justesse de ma réponse. Et me lance finalement un énorme sourire, celle-ci ayant l’air de lui plaire. Et bah ! Juste ça pour ça..

« Tu vois que tu l’aimes … » Se contente-il d’ajouter.

Touchée.

J’esquisse un petit sourire, et lève les yeux au ciel… D’accord, t’as gagné, mais que pour cette fois-ci le morveux…

« Bien sûr que je l’aime Hiroki, énormément. »

« Yeeeeeees !! Je le savais ! »

« … Et d’ailleurs, tant qu’on en est aux confidences… Je vois que tu aimes vraiment Milly aussi, hum ? »

Il rougit violemment sous le choc, mais tente de le cacher et je ris ouvertement de sa tête embarrassée. Il se retourne vers la fenêtre les yeux dans le vide, grommèle dans sa barbe, puis revient à moi en bougonnant encore. J’ai même la « surprise » de le trouver « mignon » comme ça…

« Rho, ça va, hein ! Ouais, je l’aime, mais arrête de faire cette tête ! T’es pas mieux que moi je te signale ! » S’indigne-t-il faussement.

Je lui tire puérilement la langue.. Moi ? Pas mieux que lui ? Pas mieux que lui ?! ... Et.. Et bah si le mioche ! Je suis bien mieux que toi ! Moi j’ai failli embrasser Ulrich une bonne… Demi douzaine de fois depuis le début de notre histoire, alors hein ! Et toi ? Rien je paris ! Alors chut ! Namého !

« Peut-être que je ne suis pas « meilleure que toi » mais moi en tout cas, je l’assume ! »

Il se redresse vivement, manquant de faire tomber la chaise de bureau par terre, au comble de l’excitation. Ramassant ce qui est en quand même tombé, à savoir quelques livres - de cours ?! - et la copie de mon poème, il pointe un doigt à la fois accusateur et victorieux sur moi, tout sourire.

« Ah ! Depuis quand ?! »

Je souris mystérieusement, préparant minutieusement ma réponse tout en m’avançant vers les escaliers, et lui réponds en murmurant sans me retourner…

« On va dire que c’est depuis que je me suis rendue compte que c’était réciproque… »

Il me laisse sortir sur cette phrase, certainement perdu au plus profond dans ses pensées… J’en suis à peu près au milieu des escaliers quand une voix aigue - la sienne - retentie dans toute la maison.

« Eh ! Dis ! T’as besoin d’aide pour ranger la cuisine grande sœur ? »


Plus !


CHAPITRE VII

« Yumiiiii !! … Réveilles toi ma chérie ! »

Hum ? J’ouvre un œil et le ferme immédiatement vu la clarté de la chambre… Et merde, je hais les réveils ! J’entends une nouvelle fois ma mère prononcer mon nom du rez-de-chaussée, commençant à s’agacer..

« Hummmmmmm… Laisse-moi dormir … » Je marmonne en gémissant.

Un soupir se fait entendre tout près de mon visage, et je devine une présence... Merde, y’a quelqu’un d’autre ! Puis un mouvement, un grincement atroce, et mon lit qui bouge, et mes édredons et couvertures qui tombent, et le froid qui entre, me couvrant de chair de poule et… Et une voix qui aurait dû être horripilante vers mon oreille…

« Debout grande sœur paresseuse, faudrait pas que tu loupe ton beau chéri ce matin ! »

Beau chéri ? Ulrich ? Merde ! C’est le jour du bal ! Je me redresse en sursaut et me cogne le front contre mon frangin, décidemment penché trop près de moi.

« Aie ! » On gémit en même temps.

Puis on se sourit et on se frotte le front. En parfaite synchronisation. Je souris une nouvelle fois, et attrape mes affaires de toilette vite fait, pas bien fait, parce que j’en oubli la moitié au passage, et me précipite pour sortir de la chambre. La seule chose que j’ai bien eu le temps de remarquer est que mon fainéant de frère est déjà habillé, donc qu’il doit être très, très tard… Alors, merde ! Faut faire vite ! Je fais donc quelques pas, m’arrête en plein élan en plein couloir, manque de me vautrer contre le mur d’en face, exécute un demi-tour illico presto et retourne dans ma chambre aussi vite que le vent. Sérieux, ça a dû durer au moins de dix secondes… Je passe ma tête par l’encadrement.

« Merci ! »

Je n’ai même pas le temps de voir mon frère sourire et lever les yeux au ciel que je me suis déjà élancée vers la salle de bain en quatrième vitesse, manquant toutes une ribambelles de mimiques excessives et excessivement écœurante.. Le morveux est de retour. Il murmure à ma mère, qui est montée et est restée en retrait dans un coin de la chambre, assez surprise un « T’en fait pas, elle est juste amoureuse ! ».



Plus tard en pleine récrée du matin à Kadic, au banc habituel, alors que je viens d’arriver, à moitié essoufflée d’une nouvelle course poursuite avec le temps... Heureusement que les déodorants existes, je vous le dit ! Parce que sinon, Ulrich n’aurait pas fait un pas dans ma direction aujourd’hui… Quoique… Ça aurait été une bonne façon de tester son amour pour moi.. C’est vrai qu’aux entrainements il disait trop rien.. Enfin, passons !

« Alors Yumi ? Encore une panne d’oreiller ma grande ? »

Ouh… Odd t’as choisi le mauvais jour… Car même si la journée - et surtout la soirée - promettent d’en mettre plein la vue, en ce moment, je ne pense qu’à une chose. Ulrich. N’est. Pas. Là. Donc, pas de bonjour, pas de bisous, et moi qui suis si impatiente de le voir et… Rah !

« Je ne suis pas en retard, Odd. » Je réplique aigrement, un brin énervée par la situation.

Et puis pourquoi il a fallut qu’il n’y ai plus d’eau chaude, pile poil ce matin ! Hein ? Pourquoi ? Je hais les douches froides, ça me met de mauvaise humeur… Calamité ! En plus, je suis sure que c’est encore un coup de marmot, qui a du trafiquer la douche… Il a beau être « mignon » quand il veut, les réveils brutaux, il n’arrive pas à y résister… Et celui de ce matin était trop beau pour durer… Fallait compter sur le coup de la douche… Rah, Ulrich ! Tu es où mon amour ?

« Ouais, peut-être, mais t’as faillit ! Encore un rêve ? »

Odd, ferme là, je t’en prie, et même si t’as raison, s’il te plait, juste, ferme la... J’essaye de calmer mes énergies négatives, alors n’en rajoute pas une couche… Même si, c’est vrai, j’ai encore rêvé d’Ulrich ! Et ça ne m’étonne pas de toute façon. Et il ne fait rien pour arranger ça, celui là !

« Ça se pourrait.. » Je réponds plus calmement.

Penser à Ulrich, et à tout ce qui va avec, m’aide énormément à ce niveau là… Calme… Je ferme les yeux. La colère ne mène à rien dans la vie me dirait mon père s’il était là et assistait à la scène… Après tout, pourquoi s’énerver ?... J’inspire une grande goulée d’air et expire par le nez... Hm… Ulrich… J’ouvre les yeux brusquement. À propos de lui, il fait quoi ? Et il est où ? Je me racle la gorge distraitement, ou du moins fais tout pour que ça paraisse discret…

« D’ailleurs, où il est Ulrich ? » Je demande. Car il faut dire que... J’ai plus que très envie de le voir, à juste titre.

« Ulrich ? .. Ben Ulrich, il est… » Commence Aelita, les yeux pétillants, avant de s’arrêter brusquement en plein milieu de sa phrase.

« Il est.. ? Il est où ! » Je m’impatiente, et commence à taper du pied d’énervement, suite aux sourires entendus des trois autres.

« Juste derrière toi… » Souffle une voix que je ne connais que trop bien à mon oreille.

Mon cœur s’arrête d’un coup et repart en trombe tout aussi vite. Je me retourne et, évidemment, il est là, comme un miracle, beau comme un dieu… Et il me sourit. Et je fonds. Littéralement… Je lui souris aussi, et je me sens légèrement idiote. Il se penche vers moi, et me fait la bise, à la fois légère et très significative… Je rougis violemment, et les rougeurs s’étendent, s’étendent… Après les Schtroumpfs ,je vous présente la nouvelle couleur de notre collection, Tomato Ketchup ! Carrément ! Mais… Mais le truc c’est que je ne m’y attendais pas vraiment, mais… Mais évidement, je lui rends la pareille. Après tout, gagnant, gagnant !

« T’as bien dormis ? » Me demande-t-il d’une voix… Euhm, normale… D’où il semble ressortir une espèce de… Tendresse ? … Quoiqu’il en soit le ton me plait…

« Euh … Eumh… »

J’étais tellement occupée à décrypter le ton de sa phrase que je n’avais pas fait gaffe à sa question ! Mince ! Abrutie, moi ? Réfléchi Yumi ! Et vite ! Alors… Ahm… Ah oui !

« Euh... Hein ?! Ah ! Ben… Ben oui ! Oui, j’ai bien dormis ! … Merci ! » Je reprends d’un air plus naturel.

Quelle cruche ! ‘Tain mais quelle cruche ! Quelle cruche ! Rah ! M’énerve ! Il me sourit, encore… M’énerve ! … Je fronce les sourcils… Oh toi ! Arrête avec ton charme, d’accord ? Ce n’est pas parce que t’es - trop - mignon comme gars que je vais craquer et te faire un jolie sourire en retour parce que tu le veux alors que moi je suis en colère parce que tu viens de me faire un sourire alors que je suis en colère parce que j’ai l’air d’une conne et que…’Fin voilà, quoi !

« Yumi ? »

Hein ? Quoi ? Il me parle ! Concentration Yumi ! Concentration !

« Hein ? Que…quoi ? »

Brillant Yumi, c’est brillant ! Carrément hallucinant, illuminant ! Tu devrais même lancer une carrière là dedans. Waouh ! On se demande comment il ose s’intéresser à toi, après…... Quoi ? C’est bien vrai, non ?

« Qu’est-ce qu’il a mon charme ? » Me demande Ulrich calmement, essayant de dissimuler un sourire que je perçois quand même clairement au coin de ses lèvres tentatrices… Mais…

Non.. Non ! Je veux mourir ! Aurais-je parlé à voix haute, là ? Non ? Sérieux ?! J’ai parlé à voix haute !? .. Je rougis et me prends la tête dans mes mains pour cacher mes rougeurs qui remontent cette fois-ci jusqu’à la racine de mes cheveux. Mes amis éclatent de rire quand je jette un œil à Ulrich à travers mon rideau de mèches noires. Ulrich sourit et attends que je sois calmée pour me prendre dans ses bras et me caresser les cheveux doucement. Inutile de préciser que les rougeurs reviennent en force et en couleurs. Il se penche vers mon oreille et l’embrasse avant de me parler.

« Faut pas avoir honte de rougir, ma belle, tu es magnifique quand ça arrive… » Me souffle-t-il.

Je sursaute puis un frisson me parcourt le corps des pieds à la tête. Ma belle… Magnifique ? … Ohm… Je me reprends avant qu’il ne se pose trop de questions sur mon comportement assez étrange.

« C’est pas les rougissements qui me gênent, on a l’habitude, non ? C’est plus la réflexion que j’ai faite… »

Et bon dieu, qu’est-ce que j’ai pas été dire… Argh ! Ulrich sourit, et repousse les cheveux de mon visage pour mieux me regarder.

« Sur mon charme ? Juste pour ça ? » Me questionne-t-il, un peu surpris.

J’acquiesce en enfonçant ma tête dans son cou… Qu’est-ce qu’on y est bien… C’est chaud et doux… Mon petit coin à moi... Je sens son cœur battre sous ma main droite et je suis surprise de voir, enfin de sentir plutôt, qu’il bat aussi fort, aussi vite… Je frissonne encore, légèrement. Je me sens tellement en sécurité avec lui. Et j’ai l’impression que rien ne peut m’atteindre en ce moment là… Qu’on ne fait qu’un… Avec une âme pour deux personnes... Le paradis… Quand je suis « calmée », je relève la tête pour le regarder dans les yeux. Une lueur amusée dans traverse son regard… Je comprends aussi qu’il veut me poser une autre question.

« Hum, quoi ? » M’enquis-je à voix basse, consciente des autres qui nous écoutent.

Il a un magnifique sourire en coin.

« C’est … Euhm… C’est vrai la réflexion comme quoi tu me trouve mignon ? »

Je recule de quelques pas, me décollant de lui et de son corps de dieu, le regardant fixement histoire de voir s’il est sérieux là, ou s’il bluffe, ou s’il se fout tout simplement de ma gueule… Et apparemment, merde pour moi ! Il est sérieux, plus que sérieux…

« Quoi ?! T’as entendu ça aussi ?! »

Ma voix vient de partir très, très, très haut dans les aigus. Il se passe la main dans ses cheveux chocolat, embarrassé, avant d’acquiescer et de me rapprocher vivement de lui, pour éviter que je ne m’échappe définitivement.

« Euhm… Ouais.. Fin, oui, j’ai entendu ça ouais.. Fin je crois .. ! »

Alors, là, je ne peux pas tomber plus bas que ça.. Je me cache le visage avec mes mains une nouvelle fois, ignorant les vaines tentatives à répétition d’Ulrich pour les enlever… Si lui ça l’amuse, et bah pas moi ! Ça soit être le manque de sommeil, et les réveils brutaux, et les rêves trompeurs, et… Ohm…

« Oh non, je veux mourir… »

Je fini par ré-enfouir ma tête contre son torse, plus gênée que jamais… Et lui, il se fait un plaisir de retirer sa main de ses cheveux pour la poser sur le bas de mon dos, m’enlaçant complètement. Il dépose aussi un baiser sur mon front, et essaye d’accéder plus bas pour m’en faire d’autres… Sauf que là, non, non ce n’est pas le moment : je suis morte de honte… Et je veux mourir de honte.. Ulrich soupire.

« Sauf que je ne te laisserai jamais mourir, Yumi. En plus, y a pas de quoi avoir honte, c’est un beau compliment, quand même, non ? »

Ça ne marchera pas. Tu peux toujours essayer de faire ce que tu veux Ulrich, c’est foutu…

« Mais j’ai honte ! » Je grommèle. « Ça doit être dû au manque de sommeil, fais pas attention à ce que je raconte même si c’est totalement vrai, je ne… Rah ! La honte ! »

Ulrich éclate de rire, et commence à nous faire nous balancer de droite à gauche en murmurant à mon oreille qu’il faut que je me calme, et qu’il ne faut pas que je le prenne mal, et que ça lui fait même super plaisir et.. Ah lala ! J’en ai le tournis.. De bonheur !

« Mais c’est surtout qu’y’a vraiment pas de quoi en faire tout un plat! Franchement Yu’ ! Ça fait plaisir de le savoir que tu me trou… »

Je lui colle vivement mes deux mains sur la bouche pour le faire taire, ce qui a l’air d’être la réaction qu’il attendait puisque je le sens sourire par-dessous..

« Arrête bon sang ! T’en rajoute une couche ! » Il me fait un clin d’œil. « Et ça te plait de savoir que tu me plais énormément en plus, non mais et… Rah ! Tu me fais dire des trucs insensés, c’est dingue.. ! »

Son regard s’attendrit. Il embrasse mes mains, et surprise, je les retire brusquement tandis qu’il m’attrape une nouvelle fois par la taille. J’entends la voix d’Odd en fond sonore et j’ai vaguement conscience de sa présence ainsi que de celle d’Aelita et de Jérémie.

« Tout pour te garder dans mes bras encore un peu… » Chuchote Ulrich dans mon oreille.

Je rougis, frissonne de la tête aux pieds, et me colle encore plus à lui. Il n’y a rien de mieux que d’être dans ses bras. Je le sens sourire, tout content. Il essaye de me regarder dans les yeux, mais je tourne la tête, encore embarrassée… C’est trop brutal tout ça, trop inhabituel, il me faut du temps…

« Hum.. Apparemment, c’est réciproque… »

Réciproque ? Réciproque… La conversation d’hier avec Hiroki me revient en tête.. Je souris… En passant, il l’a écrit, son poème, même si j’ai pas eu le privilège de le lire.. Et il l’a donné à Milly ! Directement en arrivant, je l’ai vu aller vers elle tout rougissant, presque mignon, et le lui a offert. Je crois même qu’elle lui a fait un bisou après pour le remercier. C’est une des petites choses que j’ai pu remarquer avant qu’Ulrich ne se pointe avec ses questions délicates…

« Evidemment idiot ! »

Il éclate de rire et je relève la tête pour croiser son regard mordoré qui s’emplit de douceur quand ses yeux se posent sur moi. Il colle son front contre le mien. On se regarde un moment sans bouger puis, bien évidement, miss Indésirable se ramène pile à ce moment... M’enfin je ne lui en veux pas trop, j’ai assez bien profité d’Ulrich aujourd’hui… Pour l’instant. Elle prend un air contrarié et croise les bras sur sa petite poitrine qu’elle essaye désespérément de mettre en valeur avec un décolleté plus que provocateur. Autant dire que ça baille, et pas qu’un peu… Je décide de prendre les devants, avant qu’elle ne nous refasse un numéro de crise de jalousie piqué à Crystal de Love Potion.

« Quoi ? Y’a un problème ? » J’assène durement.

Elle pince les lèvres très fort, et fronce les sourcils, très fort aussi, de façon à ce qu’ils se joignent presque - une des mimiques préférées de sa Crystal.. Et non, je ne regarde pas la série. Simple constatation, j’ai lu ça dans les Echos de Kadic -.. Et me regarde de haut, ce qui, en sachant que je suis toujours plus grande qu’elle, est comique.

« Je t’ai pas sonné le corbeau ! Et puis bats les pattes de mon Ulrich ! »

Mon Ulrich, mon Ulrich, mon Ulrich, elle va continuer à me foutre les nerfs encore combien de temps ! C’est mon Ulrich, à moi, à Yumi… Enfin… Bref !

« Ton Ulrich ? Tu parles de qui, là, Sissi ? Ton Ulrich… Attends voir… »

Je jette un œil à Ulrich et fais semblant de comprendre. Et j’enchaine dans la foulée en faisant un signe discret à Odd pour qu’il prenne la relève après moi. Il me fait un clin d’œil entendu. Ok, parfait..

« Ah, d’accord ! Oh ! Mais attends cinq minutes... Pourquoi ton Ulrich, il est dans mes bras à moi alors… Hein ? C’est bien ton Ulrich dans mes bras, non ? Ou alors je me trompe d’Ulrich ? Tu peux me le dire s’il te plait ? Je ne voudrais pas me tromper.. » Je réplique avec un grand sourire.

J’adore la rendre folle, elle est tellement drôle. En ce moment même, j’ai limite l’impression que de la fumée lui sort par les oreilles tellement elle semble bouillir à l’intérieur en réalisant que, vraiment, "son" Ulrich est dans ms bras…

« Même que ton Ulrich, chère Sissi, il a pas du tout l’intention de lâcher sa Yumi, alors je serai toi je partirai tout simplement, hein. Et loin… Allez, je te raccompagne si tu veux, d’accord ?.. »

Il passe son bras sur ses épaules, se contentant de faire le minimum pour la faire fuir, mais bon, c’est aussi une manière très efficace puisqu’elle se dégage, comme brûlée ou pire, souillée, et s’époussette vivement en criant à qui mieux-mieux.

« Oh ! Oooooodddd ! Non mais lâche-moi ! Lâche-moi, t’entends ! Lâche-moi crétin ! Aie ! Rah !! » Crie-t-elle, avant de partir d’un air furibond.

J’entends Einstein et Aelita éclater de rire aussi, et échanger un regard complice… Hm… Mais c’est qu’ils m’ont l’air bien plus proches qu’hier ces deux-là… Ahahah ! Ça cache quelque chose.. Je me promets d’enquêter là-dessus une fois seule avec elle… Elle doit avoir plein de trucs à me dire.. !

« Ah, cette Sissi, quelle plaie, franchement ! » Soupire Odd. Puis il ajoute en souriant. « Et tout ça pour pas que je la touche… Ah lala… Bon les doubles amoureux, vous venez, faut qu’on prépare le gymnase maintenant ! J’en ai pas plus envie que vous mais bon… »
Sur ce, Ulrich et moi, on le suit. Devant nous il y a les Einstein… Aelita attrape Jérèm’ et le tire possessivement par le bras. On entre tous ensemble et Aelita va voir les installations pour la musique, elle sera DJ une bonne partie de la nuit ! Raison de plus pour être belle et bien maquillée lui à dit ma mère pour la convaincre de venir à la maison…




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Suite et fin du Chapitre VII





Sur ce, Ulrich et moi, on le suit. Devant nous il y a les Einstein… Aelita attrape Jérèm’ et le tire possessivement par le bras. On entre tous ensemble et Aelita va voir les installations pour la musique, elle sera DJ une bonne partie de la nuit ! Raison de plus pour être belle et bien maquillée lui à dit ma mère pour la convaincre de venir à la maison…


Jérèm’ s’occupe des installations électriques, Odd fixe la boule de disco au plafond, et Ulrich m’aide à placer les guirlandes aux murs en soutenant l’escabeau sur lequel je suis montée. Et il est gentil, il pose même quelques fois ses mains sur ma taille avec pour évident prétexte, d’éviter de me faire tomber. Je pourrais me blesser... Me blesser ? Mouais… Non pas que ça me dérange, mais bon.. Bien sur ! On y croit, on y croit ! … Et moi, je suis la reine d’Angleterre !

… En parlant de reine, cette année on ne va pas élire miss Kadic, la plus belle fille du collège-lycée, noooon - Sissi s’est bel et bien énervée contre son père mais elle n’a rien changé à l’histoire - car un vote organisé par Milly & Tamiya a été fait à travers les « Échos de Kadic » et les élèves ont choisis d’élire, non pas la fille, mais le couple de Kadic, pour changer... C’est pour ça que l’on doit être absolument accompagné pour y participer ! En couple quoi.. Bon, c’est clair, les gens célib’ se démerdent, mais ne participent pas… Quoique les filles nous ont prévu des surprises… Je m’attends au pire. Quoiqu’il en soit les règles sont claires.. Les filles doivent porter une belle et longue robe et les gars un beau et… Normal ? .. Smoking ! Sinon, disqualifié ! À condition d’avoir voulu participer, bien sûr… Avec Odd, on a fait un pari sur le couple de l’année élu ce soir, et du coup, on a insisté pour qu’il s’inscrive ! Mais il ne nous à pas laisser voir le nom de sa nouvelle - ou bien une ex-ex - copine, donc voilà… Bref !

D’autre élèves sont venus nous aider et installent des tables et quelques chaises, qui d’ici n’ont pas l’air super confortables. Faudra que je trouve une alternative… M’enfin.. Les gars « les plus forts » montent la scène. Assez petite.. Vu qu’ils ont du mal, Ulrich va les aider, Jérèm’ n’ayant pas assez de force et Odd étant totalement enroulé dans du ruban adhésif double face… Je me demande où il a pu le trouver, et à quoi il devait bien lui servir d’ailleurs… En attendant, j’assure à Ulrich d’un regard charmeur que j’y arriverai toute seule, car mon samouraï n’a pas vraiment envie de me laisser sur l’escabeau sans personne pour m’assurer... Je vous jure ! … Soudainement, il m’attrape par la taille pour m’attirer à lui, faisant basculer l’escabeau un temps, et créant des murmures surpris et des gloussements, en particulier chez les filles. Ainsi que des grognements rageurs.. Et ouais ! Dans leurs dents ! Je souris ouvertement.. Mon visage est au dessus du sien, à quelques centimètres seulement, mais mes cheveux cachent quelque peu la scène donc il les repousse tendrement et pose sa main sur ma joue. Je rougis un peu, mal à l’aise soudainement en sentant tous les regards braqués sur nous, avides de romantisme éperdu..

« Sois prudente … Je voudrais pas qu’il t’arrive un truc avant ce soir, ni même après, mais j’ai des plans impossibles à reporter…Alors ne tombes pas s’il te plait.. » Me souffle-t-il, me fixant dans les yeux une longue seconde, avant de m’embrasser le front et de partir aider le pauvre Matthias Bruel qui chancèle sous le poids astronomique d’une simple barre de ferraille.

Je me redresse et le regarde partir, fixant son dos.. Qui est magnifique, comme le reste.. Je soupire puis souris tendrement, me remettant avec hâte au travail... Des filles me fixent encore, les yeux écarquillées et bouches bées, comme des poissons hors de l’eau… Je tente vainement de les ignorer. Après tout, c’est juste moi qu’elles reluquent. Mais quand je m’aperçois qu’elles ont changé de cible et qu’elles matent Ulrich qui à cause de la chaleur a dû retirer le T-shirt vert clair qu’il portait, et ceux en bavant et se pavanant pour attirer son attention, petites et grandes confondues, j’explose :

« Oh ! Vous n’avez vraiment rien d’autre à faire !? »

Je n’obtiens pour réponse que des simples « Mais chut ! » ; « Ferme-la ! » et des « Il est trop beau ! », « T’as vu ces muscles ! », « Rah lala, c’est un Dieu ce mec, pendez-moiiii ! » et encore pire de la part des filles plus âgées... Mon cerveau bloque sur ces phrases. Et j’enrage carrément en entendant ça… Et Ulrich qui ne voit rien, et qui continu à leur fournir un spectacle des plus délicieux ! Voyant qu’aucune ne me réponds clairement et calmement, j’augmente le ton d’un cran ou deux.

« Hé !! »

Elles se tournent finalement vers moi, en colère aussi d’être dérangées dans leur reluquage de mon Ulrich… Cette attitude achève de m’énerver et je descends de l’escabeau en quatrième vitesse, manquant de le faire tomber d’ailleurs, me mettant entre elles et Ulrich.

« Allez-y, ne vous gênez surtout pas ! Profitez-en c’est gratuit ! »

Je.. Je vous jure, je vais les.. Rah ! Hum, ah lala, mes nerfs… Ils ne vont pas tarder à me lâcher !

« Oh, ça va bien, hein !? » Lance une d’entre elle. Vieille en plus ! .. Enfin, trop vieille pour Ulrich… Fin je crois… Fin je.. Et puis merde ! « Il est pas à toi en plus ! » Continu-t-elle, sur de ce qu’elle avance. « Et puis, même si par hasard il avait décidé de l’être, au cas où t’ai pas remarqué, il vient de retirer son T-shirt "Propriété de Yumi Ishiyama". Du coup, plus aucun compte à te rendre … »

Ah mes nerfs ! Je pense qu’ils m’ont lâché… À vrai dire, je suis sure qu’ils m’ont lâché.. Et si Ulrich n’avait pas tourné la tête à ce moment là, je tuais cette poufiasse à mains nues, je le jure ! .. Je prends une grande inspiration.

« Toi, ta gueule tu la fermes, ça vaut mieux pour toi si tu ne veux pas que dans la seconde qui suit elle se transforme en celle qu’avait Mme Hertz quand elle s’est perdue en forêt l’autre nuit. » Je réplique automatiquement.

Et je leur tourne le dos et m’approche d’Ulrich à grands pas, non sans avoir remarqué que la fille vient de blêmir… Pauvre Mme Hertz… Elle avait été sacrément amochée, dû à ses nombreuses chutes... Je soupire ; souris narquoisement, et fixe Ulrich... Un Ulrich qui a l’air d’avoir suivit toute la scène à en juger par le sourire en coin qu’il a sur le visage. J’attrape son T-shirt à la volée sur le chemin et le lui tends simplement.

« Tiens, remets-moi ça tout de suite ! » J’ordonne.

Il écarquille les yeux, sous le choc de mon ordre, puis commence à protester vainement.

« Mais euh non je.. Pourquoi, Yu’ ! Y fait trop chaud et puis je ne suis pas le seul, regarde là bas… Y’a bien Tim, Yannick et même Thierry qui sont comme moi sans, et dehors tu peux voir, fin il y en a d’autres, je... Jean-Machin et... »

Il essaye désespérément de trouver des excuses pour rester sans ce foutu T-shirt ma parole ! Namého ! À croire que ça lui plait de voir que des filles le reluque, et que ça me rend dingue ! Mais bon sang de bonsoir Ulrich Stern ! On est en couple ou p… Ahem !

« Je m’en fous complet ! » Je réplique, les joues un peu rouges du fait de mes pensées. Puis je me racle la gorge, chasse ces stupides idées de mon esprit, et enchaine, magnanime. « Eux, elles les reluquent pas en bavant comme avec toi. Alors enfile moi ce T-shirt ! ».

« Ah ok.. J’ai compris… T’es jalouse, ma belle, c’est ça… » Fait-il en souriant.

Bingo ! Les deux énormes taches rouges réapparaissent sur mes joues, encore plus en force et en couleur que celles d’avant à cause du malin petit sourire qu’Ulrich arbore fièrement… Abrutit… Je soupire ; fais style de m’en contreficher, et réponds presque hargneusement, les mains sur les hanches.

« Pff ! Arrête de délirer haut et fort mon beau gosse ! .. Quoiqu’il en soit, Ulrich Stern, si ce n’est pas toi qui mets ce stupide T-shirt, tout de suite, et par tes propres moyens, c’est moi qui te le mets ! »

Il sourit, un sourire furtif et ravi, puis écarte les bras en signe d’impuissance, et me fait signe d’avancer avec un de ses doigts. J’obéis, en petite fille bien élevée, et mes yeux se posent directement sur son torse et là, bug ! Je viens seulement de remarquer que… Et bien… Je remarque pour la première fois à quel point il est vraiment musclé, et .. Comme l’on dit les filles, et ça m’embête de concorder avec elle mais… Ulrich est vraiment "bien foutu"… Vraiment… À en faire pâlir d’envie Apollon… En arrivant à ce stade là de mes pensées, je me mets à rougir plus que pas mal et ça me fait reculer d’un pas en arrière. Ulrich parait surpris, et se regarde, cherchant se qui cloche au niveau de son physique… Oh mon gars, si tu savais…

« Qu’est-ce qu’il y a Yu’ ? J’ai… J’ai un truc de travers là, pour que tu me fixe comme ça avec des gros yeux, hum ? » Demande-t-il, les sourcils froncés.

Puis il suit plus précisément mon regard et voit que je détaille avidement toutes les parties de son torse exposées à la fine lumière du jour. Et il sourit, légèrement surpris.

« Oh ! Alors, si j’ai bien tout compris, elles, elles ne peuvent pas mater, mais… Mais toi tu peux ? Et tu te gênes pas d’ailleurs, pardonnes moi du peu… »

Je sors de ma contemplation de son torse parfait - pectoraux + abdominaux magnifiquement musclés - en sursaut pour lui répondre, décidée à le contredire. Namého ! A-t-on idée d’être si… Si… Si parfait ! .. Je lève les yeux sur son visage, mais détourne néanmoins la tête en voyant son air plus que ravi.

« Je ne te matais pas Ulrich ! Et je t’ai déjà dis d’arrêter tes films ! » Je grommèle quand même, de mauvaise foi.

Parce qu’en fait, c’est vrai. C’est vrai mon Dieu ! Je le dévorai littéralement des yeux ! A-t-on idée d’être aussi parfait ? Hein ?! .. Imbécile… Il me refait signe d’avancer… Oh mon Dieu… Cet homme sera le tombeau des femmes, moi la première.

« Ah oui ? » Fait-il ironiquement.

« Exactement ! » .. Alors moi et ma mauvaise fois, je vous jure.. « C’est pas parce que les autres pouffes surexcitées le font que je vais forcément le faire moi aussi. Ulrich, bon sang ! Je ne .. Suis pas comme elles … En attendant tu mets ton T-shirt ! Tout de suite ! Capiche ? »
Il éclate carrément de rire, et agite ses bras dans tous les sens, avant de me tirer puérilement la langue.

« Ben viens me le mettre alors, ma belle… » Sourit-il.

Je soupire, et souris en même temps… Impossible de s’en empêcher.. Il fait tout pour me mettre hors de moi, et moi.. Moi je fonds pour lui. Ma belle… Il va me tuer.

« Si tu crois que je n’en suis pas cap, mon beau… »

Pourtant, dans ma bouche, dire « mon beau », fais plus penser à une parole amicale dite à un chien plutôt qu’à une belle réponse à son compliment… Oh, je vous jure ! .. Sans se défaire de son sourire, Ulrich continu ses mouvement pour m’encourager à venir… Je serre le T-shirt dans mes mains, tremblant d’anticipation, et il me reluque de haut en bas, s’arrêtant bien sur mes doigts crispés.

« Viens me le prouver… »

Je m’approche doucement, pas à pas, mesurant avec angoisse la distance qui me sépare de lui et de son corps de Dieu.. Et Ulrich, lui, me parait toujours aussi calme… Enfin face à face… Bien près même… Mais trop ? Je n’en sais rien… Je lève prudemment le T-shirt au dessus de sa tête ; et il n’a pas de réaction. Je souris ; continu, et le passe par-dessus sa tête sans encombre. Sa tête émerge du T-shirt et il me colle un bisou sur le nez tandis que je vire au rouge pivoine. Pour les bras, il m’aide du mieux qu’il peut, et je fini par le lui enfiler sans problèmes, ce foutu T-shirt… Enfin j’ai juste eu un petit bug quand mes doigts ont effleuré sa peau.. La peau de son torse, tout doux, tout chaud, tout.. Intime..

Je lui souris, contente de moi, et m’apprête à repartir fixer c’te banderole... Et .. Il me sourit, me clouant sur place et… Toujours tout sourire, il le retire. J’écarquille les yeux. Puis me mets immédiatement en colère. Indignée.

« ULRICH !? »

Il lâche un petit rire, tandis que je m’emporte et lui colle un énorme croche patte rageur qui l’envoi valser au sol et mordre la poussière. Il tombe donc sur son superbe derrière - sans commentaires d’accord ? - et grimace.

« Aie ! Yu’ ! » Ah si tu crois que je vais m’excuser en plus mon vieux… Je lui tourne ostensiblement le dos, et il se lève d’un bond, passant ses bras autour de moi et me chuchotant quelques mots doux à l’oreille, mais qui pour autant ne m’apaisent pas. « Yu’ .. Écoute, je suis désolé, ma belle. Tu sais très bien que je n’en ai rien à faire qu’elles me regardent ou pas, et je peux comprendre que ça t’énerve, c’est adorable, mais… Mais il fait trop chaud ma Yumi… » Soupire-t-il.

« Je me dégage brusquement, et réplique au tac au tac, troublée même si j’ai honte de l’avouer.

« Et alors ! Je sais qu’il fait chaud ! Mais.. Mais bon sang ! J’ai bien mon T-shirt moi ! Même si je crève de chaud.. ! »

Il soupire, et essaye de me ré-attraper contre lui, mais j’esquive habilement le coup de bras, et me mets limite en position de combat pour le contrer..

« Yumi… Ok, tu as ton T-shirt mais.. Mais toi, t’es une fille Yu’… C’est pas pareil. »

Je soupire. Décidemment entre soupirer, sourire, et rester plantée devant lui inutilement je ne sais pas faire grand-chose… Puis, je commence à m’enflammer.

« Et alors Ulrich !? Qu’est-ce que ça change que je sois… » Je m’arrête en plein milieu de ma phrase, une idée saugrenue mais susceptible de marcher venant de me traverser l’esprit. Je souris, un petit sourire vicieux qui semble inquiéter mon beau brun, et pèse le pour et le contre.. C’est finalement le pour qui l’emporte, et je fixe Ulrich, impassible. « Tu sais… Garçon ou fille ça ne change rien.. Alors… Enfin.. J’ai aussi chaud que toi après tout… Alors je me disais… Moi aussi je pourrai enlever mon T-shirt si tu ne te décide pas à enfiler le tien ? »

Je rajoute à mon ton léger et ironique un large sourire narquois à la fin, ce qui achève Ulrich. Je me retiens d’ailleurs d’éclater de rire, à fond dans mon rôle de trainée.. Alors là mon coco, un à zéro pour bibi ! Tu devrais voir ta tête.. ! Ulrich, qui avait fermé les yeux un instant, les rouvre d’un coup, et en trèèès grand.

« QUOI ?! Tu te fiches de moi là !? » Hurle-t-il, tandis que d’autres élèves qui apparemment écoutent la conversation depuis un bout de temps éclatent de rire. Moi-même je souris, fière de mon petit effet. Ulrich se racle la gorge trop fort, et ajoute, tentant vainement de se convaincre. « T’es.. T’es.. Bon sang de bonsoir Yu’ ! T’es pas sérieuse ? »

Je secoue mes cheveux dans tous les sens, m’aérant la nuque très éloquemment, puis je m’évente avec mes deux mains, faisant semblant de suffoquer sous la chaleur.

« Bah si, pourquoi ? .. Après tout, y’a pas de raison pour que les mecs vous puissiez vous exhiber autant que vous voulez, et pas les filles ? .. Et puis je suis sure que ça ne gênerai pas les autres, pas vrai ? »

J’entends de nombreux sifflements, surtout des garçons, et de certains que je connais à peine en plus ! Ma proposition à finalement l’air de plaire alors, et pas qu’un peu, ce qui me donne un peu plus d’assurance face à Ulrich et son corps parfait… Qui se mets d’ailleurs à hurler de rage face à ces exclamations d’enthousiasme.

« Fermez-la bon sang ! Tout de suite !? Vos gueules ! » Puis il se tourne vers moi, et me prends les mains tendrement, tentant de me faire changer d’avis.. « Yu’.. Je .. Ma Yumi… Je.. Écoute... Je… Rah ! Tu…Tu ne peux pas me… Enfin… Tu… Rah ! T’as pas le droit ! C’est tout ! » Bégaye-t-il.

Je penche ma tête sur le côté, attendrie, et caresse même sa joue du bout des doigts, avant de retirer ma main brusquement et de me dégager.

« Bah si mon Ulrich… ! » Puis je change radicalement de ton, retrouvant celui d’avant, celui de la menace. « Et je te jure, Mr Stern, que si tu ne remets pas ton T-shirt dans les trois secondes, moi j’enlève le mien ! »

Les sifflements redoublent d’intensité, tandis qu’Ulrich serre les dents, refusant de s’avouer vaincu, « si facilement » j’ai presque envie de dire..

« Non ! »

Je souris, passe mes mains sur le bas de mon T-shirt et l’agrippe fermement sans lâcher mon beau brun des yeux. Puis je commence à compter.. Très, très, très, très, trèèès lentement, lui laissant le temps de réfléchir..

« Un... »

Ulrich semble ne comprendre qu’à cet instant que je suis sérieuse, et commence à paniquer, toujours sans s’avouer vaincu.

« Yu’, ma belle, je t’en prie … » Tente-t-il vainement.

Je lui lance le sourire le plus ironique et le plus puéril qui soit, savourant ma vengeance par avance... Je soulève mon haut un peu plus haut, et on aperçoit la peau de mon ventre. J’entends les sifflements tripler, et les gars qui commencent à ne plus se retenir sur les commentaires, mais je me concentre sur Ulrich.. Et uniquement sur Ulrich.. Qui semble à la fois obnubilé par ce que je fais, et extrêmement tendu par la tournure de la situation. Quand à moi, je continu à compter, magnanime..

« Deux… »

Il se passe la main dans les cheveux, allant de mon ventre, à son T-shirt, puis à mes doigts, et aux personnes qui nous regardent, et de nouveau mon ventre, plus qu’apparent désormais. Embarrassé, il bredouille minablement tandis que moi… Bah je compte.

« Yumi… Yumi arrête s’il te plait, je .. Je… »

Je tire encore un bon coup vers le haut, brusquement, et Ulrich sursaute. Et les sifflements .. Bon Dieu j’en parle même pas ! Ça fout un sacré coup à l’égo c’est moi qui vous le dit ! .. Certains gars se tordent même dans tous les sens pour essayer de voir plus sous mon T-shirt, déjà bien trop remonté à mon gout, et j’espère que mon samouraï va se bouger… N’empêche que tout ça rend Ulrich fou. Et ça me fait bien rire..

« Et puis tro.. »

Un bout de mon soutien gorge noir apparait à la vue de tous, sous le vacarme des cri d’excitation. Ulrich ouvre les yeux en grand, puis les fermes, et les rouvre, les écarquille encore plus… Et oui, ça y est je…

« C’est bon ! C’est bon !! Stop ?! T’as gagné, je le mets ! Je le mets !! »

Et bah non ! Je n’enlèverais pas mon T-shirt aujourd’hui, hihi ! Tant pis !

Il attrape son T-shirt kaki d’un mouvement de bras furtif et l’enfile rapidement. Je souris, fière, très fière, et lui, jugeant sûrement que je mets trop de temps avec le mien pour le remettre en place, me le rabaisse vivement, en le maintenant fermement en place avec ses mains sur mes hanches. Je me mords la lèvre inferieure. Qu’il est beau… Et il m’obéit en plus ! .. Sous le coup de la menace, mais il m’obéit. Ulrich me regarde dans les yeux, avec un accrochage sur ma bouche au passage, et ne peux s’empêcher de lâcher un sourire aussi. Il s’approche de mon oreille, et murmure tendrement.

« Tu.. Tu sais que t’es dangereuse toi, au moins ? »

Mon sourire s’agrandit et les commentaires vont bon train, mais franchement… Je m’en moque totalement maintenant !

« Peut-être bien, oui ... » Je soupire. « Mais j’ai horreur qu’elles te reluquent en bavant comme ça c’est.. » Je plonge dans ces yeux « Irritant… » Je termine doucement.

Il dépose un baiser sur mon front.

« Ah, ma Yumi… » Souffle-t-il, tandis que je rougis violement.

Il ne bouge pas. Je ne bouge pas non plus. On est là, enlacés en plein milieu du gymnase, heureux d’avoir évité une vilaine catastrophe… Je passe donc un petit moment avec lui, juste comme ça, puis je me décale, sort de ses bras et retourne calmement à l’escabeau. Je monte une première « marche » et regarde Ulrich, toujours planté au même endroit que tout à l’heure.

« Allé ! Au boulot fainéant ! »

Il sourit tendrement et reprend la barre de fer qu’il portait avant, partant continuer son travail…

….

J’ai bientôt fini de tout accrocher, moi, et j’en suis fière … Quel sale travail ! Je passe donc mon temps à tout revérifier, accroche par accroche, déplaçant à chaque fois l’escabeau avec précaution... J’ai bientôt terminé mon petit travail quand j’entends Aelita qui m’appelle et me fait de grands signes au loin ! Non ?.. C’est l’heure d’y aller ?!

Il y a peu de gens dans le gymnase maintenant, et je viens seulement de le remarquer. Je jette un coup d’œil rapide à ma montre. Bon sang le temps passe si vite ! C’est déjà l’heure du déjeuner ! Et d’ailleurs c’est un miracle qu’Odd soit encore là ma parole ! Je me tourne vers ma meilleure amie qui sort en vitesse du gymnase pour aller chercher son sac avec quelques affaires qu’elle veut absolument apporter, suivie par mes amis... Même si j’ai tout et plus que tout à la maison à lui donner..

« J’arrive Aelita ! » Je lui cri.

Je termine de réajuster la banderole « Le couple Kadicien de l’année ! », banderole où le couple élu devra écrire son nom et son prénom, ainsi que sa signature. Ça a été voté aussi, ça… Mais, attention bonus, le couple n’aura pas de couronne à porter. Heureusement. Il aura juste une photo dans les « Échos de Kadic » et une interview exclusive à accorder à Milly et Tamiya, bien sur... Et peut-être une valse à danser aussi... J’espère qu’Ulrich connait les pas, je les ai moi appris de toute petite, quand je rêvais encore au prince charmant... Que j’ai d’ailleurs trouvé !

Bon, petite, mon prince était blond aux yeux bleu sur un cheval blanc, comme pour la plupart des petites filles, et là il est brun aux yeux chocolat, et il n’a pas de cheval ! .. Mais bon, c’est quand même lui mon prince.

Je me recule pour admirer mon travail.. Ah ! Y’a pas photo, c’est beaucoup mieux qu’avant comme ça ! Non mais franchement y’a des gens qui ne sont pas doués pour la déco… Je commence à descendre précautionneusement, un pied après l’autre car l’échelle est vraiment haute… En même temps la banderole est vraiment haute aussi alors… J’en suis environ à la moitié de la hauteur, qui reste importante mine de rien, quand soudain mon pied dérape sur une marche, je glisse, ne trouve rien pour me rattraper, et tombe…




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CHAPITRE VIII


Je glisse et je tombe… Bah, directement dans les bras de mon sauveur pardi ! Une fois de plus Ulrich est arrivé pile poil au bon moment, vous croyez que quoi ? Que j’aurais pu mourir - bon, d’accord, y’a exagération, mais m’amocher - sans qu’il intervienne ! Jamais ! Enfin, j’espère.. Manquerais plus que je me sois cassé une jambe en plus ! Juste avant ce foutu bal ! Enfin, foutu.. Tout ça c’est dit sous le coup de la colère.. Foutu escabeau plutôt ! Mon samouraï chancèle légèrement son mon poids, largement amplifié à cause de ma chute, mais se remet droit en un rien de temps.. Je lui souris maladroitement. Qu’il est beau.. !

J’ai un peu de mal à reprendre ma respiration. C’est vrai que les chutes sur Lyoko était bien plus simples, on n’avait pas le souffle coupé et la poitrine compressée par le choc ! On se contentait juste d’être dévirtualisés, et d’arriver un peu pompette dans les scanners.. Là c’est plus la même ! Ulrich aussi a du mal à s’y faire, mais pas pour la même raison que moi.. Ou plutôt si, exactement pour la même raison que moi ! Car lui aussi il a eu peur.. Ça se voit dans ses yeux. Peur que je me fasse mal, qu’il n’arrive pas à temps, et je ne sais pas quoi d’autre. Car même si de cette hauteur je ne risquais pas de me tuer, j’aurai très bien pu me casser quelque chose, et hors de question d’aller passer la soirée à l’hôpital !

Ulrich soupire clairement de soulagement, puis me regarde, ses magnifiques yeux chocolat trahissant son inquiétude. Je lui lance un sourire encore un peu crispé par l’émotion pour le rassurer, et ça le détend perceptiblement quand même. Son corps rigide reprend une fermeté plus proche de la normale que celle d’une statue de marbre blanc.. ! Il me tient bien serrée contre lui le temps de reprendre son souffle, avec un bras nonchalamment glissé sous mes genoux, et l’autre resserrant sa prise sous mes aisselles, effleurant ma poitrine au passage et créant de malicieuses rougeurs sur ses joues, ainsi que sur les miennes..

Se reprenant, il vient ensuite appuyer son front contre le mien, soufflant un bon coup. Son haleine fraiche me fait un bien fou après toutes ces péripéties, c’est la bouffée d’air que j’attendais, qu’il me fallait.. Je sens mon cœur reprendre peu à peu un rythme normal au fil de nos inspirations… Enfin, normal.. Le rythme normal des circonstances on va dire.. Car avec un Ulrich essoufflé à deux centimètres de moi, plus le fait que je sois tranquillement coincée dans ses bras, plus les regards emplis de.. D’un somptueux mélange de soulagement, d’amour, de protection.. Qu’il me lance, comment voulez-vous que mon cœur batte normalement ? Hein ? Je vous le demande bien moi : comment ?

Ulrich ouvre soudainement les yeux, qu’il avait fermés quelques secondes auparavant, et me sourit. Ce sourire à faire fondre la banquise au pole Nord. Je lui renvois la même chose, ou du moins, j’essaie, en murmurant un merci à peine audible. Apparemment pas pour lui, car son sourire s’agrandit et il dépose un tendre baiser sur mon front, repoussant mes cheveux maintenant encore plus en bataille que les siens.

« À votre service, belle demoiselle.. ».

Je lâche un petit rire gêné.. Belle demoiselle.. Il s’est cru dans un remake de quoi là ? J’essaye ensuite de redevenir sérieuse un instant. Et ça marche ! .. Un instant seulement.. Du moins, deux secondes, avant que je ne me noie dans l’océan noisette des yeux d’Ulrich.. De là où je suis, je vois plus de vert que d’or dans ses prunelles magnifiques.. C’en ai trop.. J’essaye de décrypter le message qu’il me transmet, tandis que, lentement, il se rapproche de moi.. Et puis il y a eu le..


*FLASH*

Je bats des cils dans le vide, aveuglée par une lumière blanche éclatante ! Je suis sensée ne pas être morte durant ma chute, non ? Ou alors je suis morte en tombant. J’ai eu droit à un avant gout du paradis avec ce petit tête à tête avec Ulrich, et là on me fait brutalement revenir sur terre, où le monde n’est que douleurs et blessures - pessimiste ? Noon ! -, entrecoupés de violents flashs blancs.. Le rêve !

Quand je retrouve la vue, après quelques battements de cils désespérés - piètre imitation des battements d’aile d’un papillon -, c’est pour découvrir Milly et Tamiya, appareil photo à la main en train de s’extasier.. Le paradis était trop beau, je suis décemment tombée bien plus bas que l’enfer.. Si elles ont gâché ce magnifique moment pour une stupide interview, je les étrangle.. ! Milly commente la photo que sa voisine vient de prendre, un énorme sourire aux lèvres.. Oh noon..Pire que l’interview à venir, là.. Ça sens une page spéciale dans les Echos de Kadic à plein nez.. ! Je me cache dans le cou d’Ulrich, ce qui n’a pas vraiment l’air de lui déplaire vu l’attitude protectrice qu’il adopte en resservant sa prise sur mo..

« Alors là Tami’, la une de demain, c’est celle-là !! Oh bon sang qu’vous êtes beaux ! » S’extasie-t-elle, ce qui a pour évidente conséquence de nous faire rougir. Et bingo, la une, rien que ça ! Et elle en rajoute une couche en plus : « Peu importe le couple élu ce soir - même si, faut pas être fou ma Tami’, s’ils vont au bal ensemble, ils seront élus c’est obligé - Quoiqu’il en soit… Je veux celle-là en première page ! Il faut qu’on trouve un titre !? »

Tamiya lève les yeux au ciel, bien plus calme que ça meilleure amie et corédactrice du journal du collège-lycée. Elle soupire, puis laisse échapper un doux sourire.

« Tout à fait d’accord. Mais calme-toi un peu d’abord ! » Puis ses yeux se reposent sur la photo, et, croisant son regard devenu malicieux avec celui de Milly, elle explose aussi. « Aaannnnh ! Hiroki avait raison, pour une fois, ces deux là, ils valent une première page à eux tout seul ! Tu vas voir qu’on va exploser le nombre de vente avec ce numéro tellement ils sont beaux ! »

Le regard de Milly change subitement suite à la dernière réplique de son amie. J’ai le bonheur de constater que quelques rougissements sont également apparu suite à la mention du nom de mon frère.. Enfin un truc pour le faire chanter !

« Euh…Oui, oui c’est sur ! » Répond la jeune rousse, un peu perturbée. Elle se met ensuite à bégayer à la mention du prénom de mon petit morveux de frère. « Mais euh.. Mais pourq.. Pourquoi t’as dit qu’Hi.. Hi.. Hiroki avait r-raison p-p.. Pour une fois ? »

Tami’ relève les yeux au ciel, et donne un petit coup complice dans l’épaule de sa voisine, toujours perturbée. Ah ! Les talents d’Ulrich ont payé alors, il semblerait que Milly soit tombée sous le charme de mon frangin, il était temps ! Et au moins, ça nous fera un enquiquineur et une journaliste en moins !

« Rho, ça va, hein ! Ce n’est pas parce que c’est ton petit-ami-non-officiel-pour-l’instant que je n’ai pas le droit de critiquer quand même ! »

La petite rousse devient rouge de honte, et, frappant Tamiya avec ses deux petits points, se met à bégayer de plus. Quand à moi, intéressée, je sors ma tête du cou d’Ulrich, lui arrachant un grognement rageur. Je lui fais un clin d’œil, et l’embrasse vite fait sous l’oreille pour le calmer.

« C’est…Ce .. Ce n’est p-pas m-m-mon p-petit am-mi ! » Se défend Milly.

Tamiya éclate de rire, renforçant la subite fureur de Milly, alimentée par sa gêne. Elle recommence à la frapper, et je cache mon sourire. Tu es prise en flagrant délit, Milly Solovieff ! C’est Hiroki qui va être heureux, c’est une sacré info qu’elle vient de me donner sans vraiment s’en rendre compte ça.. !

« Eh ! Aie ! Ouais, c’est ça et moi je suis le Pape ! » Insinue la jeune africaine en souriant.

« B-Ben.. Ben si ça se trouve, oui ! » Assène la pauvre Milly, n’ayant rien trouvé de mieux à dire.

Et elles s’en vont comme elles sont venues, se chamaillant un peu-beaucoup, mais toujours très complices.. Et manquant de trébucher sur l’escabeau posé en travers de leur chemin. Ni Ulrich, ni moi, n’avons bougé d’un poil après ça, trop choqués. Puis il me regarde, je le regarde, et soudainement, on éclate de rire ensemble.. Enfin seuls. Ulrich pose sa tête sur la mienne, et peine à bégayer cette simple phrase qui me fait repartir de plus belle !

« Autant.. Autant moi je.. Je donne des conseils à ton f.. A ton frère niveau drague, autant.. Autant Aelita devrait en donner à Milly pour.. Pour remballer les gens ! Ou.. Ou même.. Ou même Odd tiens ! Cas désespéré = méthode désespérée, c’est.. C’est ce qu’on dit normalement, n-non ? ».

Et je repars dans un fou rire libérateur ! Ulrich sourit. Qu’il est beau seigneur, qu’il est beau.. Ça me fait du bien et ça détend perceptiblement l’atmosphère, un peu lourde mine de rien. Après tout, nous sommes seuls tous les deux, dans les bras l’un de l’autre, à la veille d’une une des Echos de Kadic. Il faut au moins ça.. Et ça la détend, certes, légèrement, mais pas encore assez, il y a une certaine gêne dans l’air, pesante, comme toujours quand je suis seule avec Ulrich. Enfin surtout depuis qu’on a faillit s’embrasser…

Je m’arrête de rire instantanément, redevient sérieuse - évidemment, si j’arrête de rire aussi -, et me mets à réfléchir. Je me demande quand il va remettre ça ? Et s’il va remettre ça.. Une soudaine pensée me traversa l’esprit. Et si ? .. Je le regarde… Je pourrais si facilement l’embrasser là, il est tellement près ! Je lui ai bien fait un bisou tout à l’heure, alors.. Je pourrais.. D’ailleurs je ne sais ce qui me retient. Je suis paralysée par…Je ne sais pas, je.. Je suis, bloquée ? On dirait en tout cas ! .. Par la peur ? Hm, je ne pense pas.. Et la peur de quoi ? De sa réaction ? .. Non plus... Mais alors quoi ? Quoi ? Qu’est-ce qui me bloque ?! La peur de l’inconnu ? Non ! Après tout, ce n’est pas comme si hier on avait failli s’embrasser quatre fois ! Et aujourd’hui quelques unes encore.. Je souris à cette pensée si agréable en fermant les yeux, et en me laissant envahir par le bonheur..

« Ah, Ulrich..Si tu savais comme je t’aime, toi.. » Je murmure doucement dans son cou où je - re - viens de me caler. Heureuse.

Puis, au bout d’un petit moment, je me rends compte de quelque chose.. Le silence. Un affreux et lourd, lourd, lourd silence. Ulrich ne rit plus, d’accord, mais j’ai même l’impression qu’il ne respire même plus du tout ; et le gymnase est atrocement silencieux. Tout le monde est partit au réfectoire manger depuis longtemps, hormis nous deux. Milly et Tamiya sont parties.. Le silence règne, pesant et je fini quand même par relever la tête et voir qu’Ulrich me regarde, surprit et…Ému ?! .. Qu’est-ce qu’il se passe encore ? C’est quoi ce cirque ? Ulrich … Pleure ?! Hein !? Non !

Il a, c’est vrai, presque les larmes aux yeux et je ne peux que remarquer, subjuguée, que le chocolat de ses yeux en devient presque liquide, magnifiquement pailleté d’un jaune or plus brillant que jamais.. J’ai presque envie de poser mes lèvres dessus, recueillir ce semblant de larme qui perle au coin de ses yeux, de l’aspirer, de m’imprégner de cette essence d’Ulrich, je.. Je souris, ne comprenant pas vraiment, et monte une main pour caresser sa joue. La larme coule. Je dois dire que m’inquiète un peu, là, beaucoup même..

« Tu.. Ulrich, tu as mal ? » Je demande..

Il sourit et d’autres larmes cristallines viennent s’entasser à la commissure de ses yeux. Je les essuie avec mes pouces, patiemment, comme il l’a fait hier avec moi. Je me sens si bien près de lui comme ça.. Il ferme les yeux, et tremble

« Ulrich, ça va ?! ».

Ma voix part dans les aigus. Il commence à m’inquiéter sérieusement là ! .. Même si, quelque part, je le sais, je le vois, je le devine, qu’il n’y a aucune raison pour cela. Ses yeux me le crient silencieusement, il va bien. Plus que bien même. Je le sens, je le sais.. Tout va bien..

Il retire son bras de sous mes genoux et me dépose par terre doucement. Ah oui, c’est que je suis restée un long moment dans ses bras, le pauvre ça a dû le fatiguer. Je vacille légèrement quand mes pieds touchent le sol, n’étant plus habituée à sentir tout mon poids seulement soutenu par mes pauvres jambes. Ça a vraiment dû l’épuiser.. ! Il me retient à lui en passant ses bras autour de moi, et je frissonne, agrippant sa chemise de mes deux mains. Il fait glisser son autre bras jusqu’au creux de mes reins, me faisant tressaillir encore une fois de la tête aux pieds. Il relève ensuite mon menton pour me regarder. Et je fonds littéralement devant lui.. Son charme opère encore et toujours sur moi à ce que je vois.

Ma respiration se bloque et je me prends à penser qu’elle me fait de plus en plus souvent défaut ces jours-ci. Je souffle, inspirant puis expirant plusieurs fois de suite pour me calmer, mais ça ne marche pas. Et cela devient encore pire en voyant ses yeux, que l’amour inonde. Face à lui et a ses regards, je suis pieds et points liés. Je ne peux pas m’échapper. Je suis prisonnière de son amour pour moi, dans une bulle, intouchable.

La seconde qui suit semble être la plus longue de ma vie. On ne fait que se regarder, mais il y a des étincelles dans nos yeux et des millions de papillons dans mon ventre, qui volètent dans tous les sens, me donnant une drôle de sensation. Le reste disparait, il n’y a que lui. Et moi. Nous.

Puis mon samouraï approche sa main de mon visage, lentement mais surement, et il la pose sur ma joue. Et la caresse. Il laisse glisser ses doigts sur mon cou, suivant la ligne de ma mâchoire avec son pouce. Il me relève le menton, que j’avais de nouveau baissé pour je ne sais quelle - stupide - raison, et rapproche son visage du mien. Il pose ses lèvres sur mon front, puis descend vers mon nez qu’il embrasse aussi sur toute sa longueur. Il descend encore. Son nez frôle le mien et nos lèvres s’effleurent. J’halète carrément, à ce moment précis. Mon cœur s’emballe et bat la chamade.

Ulrich hésite, je sens son souffle doux sur mes lèvres. Il relève les yeux, me demandant la permission il me semble. Je me contente de fermer les yeux et de lui tendre mes lèvres, attendant. Une invitation muette qu’il ne peut refuser. Je sens quelque chose de doux et chaud se poser sur ma bouche. Et je comprends. Il m’embrasse ! Ulrich Stern m’embrasse !

Je suis tentée de soulever les paupières pour vérifier, mais je suis envahie par un flot de sensations jusqu’alors inconnues qui me prennent par surprise. La main droite d’Ulrich caresse ma pommette, tandis que la gauche resserre sa prise autour de ma taille. Je pose mes mains sur son torse et il commence alors ce que l’on peut appeler un vrai baiser avec moi. Et avec les intérêts, s’il vous plait ! Je vacille, me raccrochant à tout ce qui me passe sous la main de lui, pour ne pas tomber littéralement dans les pommes. Sans blagues.. Si j’avais su ! Je… Je suis au septième ciel là. J’ai des ailles qui me poussent dans le dos et me font quitter la terre ferme - carrément, oui -. Seul Ulrich et ses lèvres contre les miennes me maintiennent en place. Ainsi que la douceur et la chaleur du premier baiser.

Ulrich lâche mes lèvres quelques secondes, à bout de souffle. C’est vrai que moi aussi j’ai besoin d’air. Le gymnase de retrouve empli de notre respiration erratique. Une fois un peu calmée, j’ouvre les yeux lentement pour me laisser le temps de réaliser, et me mord la lèvre. Bon sang ! Il me sourit, et recommence à m’embrasser dans la seconde qui suit, ses mains partant délicieusement faire l’exploration de mon visage et de mon corps.

« Hum- hum… HUM-HUM ! »

Je sursaute en entendant cette voix, mon beau brun aussi, et ouvre les yeux brusquement.

M’apercevant que j’embrasse toujours Ulrich, je lâche ses lèvres à regret, et rougit, trèèèès violemment. Je sais que je ne suis pas prête de me dépêtrer de la situation dans laquelle je me suis mise. Et que je vais en entendre parler pendant très très très longtemps.. Car mon adorable petit frère et Aelita se tiennent devant la porte du gymnase, et nous sommes à leur merci. Aelita à l’air visiblement d’être vachement gênée de nous trouver comme ça, mais mon frère non, du tout. Il s’appuie dans l’encadrement de la porte, croisant les bras sur sa poitrine, me dardant de son regard noir aussi impénétrable que le mien.

« Désolé de vous déranger, hein .. ! » Dit-il d’un ton faussement ennuyé.

Ton qui déteint face à son sourire ravi. Le même que le Chat d’Alice au Pays de Merveilles ! Je ferme les yeux, très fort. Dites moi que tout ça n’est un rêve.. Enfin non ! J’ai embrassé Ulrich, et je ne veux pas que ce soit encore un rêve, il faut que ce soit vrai ! .. Mais dites moi, s’il vous plait, dites moi que ce n’est pas Hiroki qui nous as interrompus .. ! Juste ça. Ulrich et moi nous nous regardons et rougissons une nouvelle fois ensemble. Quel-le hon-te ! Enfin, c’est naturel d’embrasser quelqu’un, mais d’être surprise par mon petit morveux de frère.. Il n’y a pas de situation plus embarrassante que celle dans laquelle on vient de nous trouver.. ! Aelita toussote un peu pur attirer l’attention sur elle.

« Je.. Je lui ai dit qu’il fallait d’abord te.. Te téléphoner pour.. Pour savoir.. Enfin.. Je voulais moi je te jure, mais… » Commence-t-elle, confuse, les joues rosies. « Je suis désolée. »

« C’est bon, c’est pas grave Aelita.. » Je la coupe en souriant pour la détendre. Alors que c’est moi qui aurait bien besoin d’être détendue tout de suite !

Le bras d’Ulrich relâche lentement sa prise sur ma taille, pour ne pas me brusquer. Je lui lance un regard mi surpris-mi courroucé, si bien qu’il finit par me sourire avant de me presser possessivement contre lui, ses doigts s’accrochant à la poche de mon jean. « On va lui faire face, au morveux ! Maintenant va s’assumer ! », voilà ce que crient nos yeux.

« Oui, ne t’en fait pas Aelita » Rajoute Ulrich, sans me lâcher des yeux, son sourire s’agrandissant et ses joues reprenant leur teinte normale..

« Remerciez-la quand même hein, c’est grâce à elle que j’ai perdu du temps à venir ! Sans elle, ça ferait bien plus looongtemps que je serai venu ! » Réplique mon frangin, brisant une nouvelle fois l’ambiance.

« Je te jure que tu serais venu ne serais-ce que trente secondes avant, je t’aurais écorché vif avant de te cuisiner dans l’huile à friture de Rosa ! »

Ulrich sursaute et me dévisage avec de grands yeux étonnés. « Bah quoi, t’aurais pas fait pareil toi ? » je lui lance par le regard. Il me répond par un sourire déséquilibré, mais touché. Hiroki nous regarde, sourit et s’adresse à mon Samouraï.

J’ai encore du mal à me rendre compte de…Ça. Je crois que si je me réveille maintenant et que tout cela n’est qu’un rêve, je ne le supporterai pas. En deux jours, presque tous mes rêves se sont réalisés. C’est … Irréaliste. Je suis si heureuse, que même un retour de Xana ne me pourrirait pas la vie. Enfin, c’est quand même vite dit tout ça..

« T’inquiète va, tu vas vite t’habituer aux menaces de mort Ulrich ! Je te plains sincèrement d’être, officiellement, avec ma sœur ! »

Officiellement.. Ça y est, il a tout résumé le gamin. C’est officiel.. Avant que je n’ai cependant le temps de rappliquer avec une autre menace, Ulrich me devance et passe son bras libre autour de moi. Plaquée contre lui, mes mains heurtent son torse, et mon souffle se mélange au sien.. C’est officiel.. Me dévorant des yeux, il répond à mon frère tout en guettant ma réaction. Et il se trouve que je rougis énormément de sa réponse..

« Hiroki Ishiyama, non mais franchement, tu te rends compte de ce que tu viens de me dire ? Tu me plains ? Mais plains moi autant que tu veux mon petit, moi je ne me plains pas ! Je ne pouvais pas rêver mieux ! Imagine un peu que moi je vienne te plaindre quand tu auras la petite Milly dans les bras ce soir ? » Il coupe la parole à Hiroki sans même le regarder, devinant simplement que mon frère voulait parler. « Laisse moi finir.. C’est bien la fille que tu aimes, non ? Alors ça revient au même. Tu te plaindrais en étant avec Milly, ce qui ne va pas tarder à arriver ? » La dernière partie de la phrase était chuchotée pour moi. Je souris. Ulrich aussi.. Je l’aurai bientôt ma vengeance..

« Moi ? Mais non ! Ça va plus ou quoi Ulrich ?! » Hurle mon frère. Le pauvre, il est si prévisible.. Je me demande si c’est héréditaire, et si je faisais la même tête vis-à-vis d’Ulrich à chaque réflexion tordue...

Je souris de sa réplique et lance un regard en coin à Ulrich. Il n’empêche qu’on va l’avoir ce soir ! Tout à coup ma mère fait irruption dans mon champs de vision et passe sa tête par la porte entr’ouverte. S’apercevant qu’elle interrompt la discussion en plein débat, elle nous regarde tous les uns après les autres, surprise.

« Mais.. Ben alors ! Qu’est-ce que vous faites, là vous tous ? Je vous attends depuis un bon moment dans la voiture comme une idiote, moi ! »

Hiroki se retourne vers nous, un grand sourire aux lèvres.. Aouch !

« Excuse nous maman .. ! On a eu du mal à retrouver Yumi, elle.. Elle avait un petit.. Contretemps.. » Répond mon frère en me jetant un regard qui en dit long. Et il a l’air de jubiler le morveux en disant ça, je sens que je vais l’égorger sous peu moi..

Ma mère semble alors s’apercevoir que je suis là, et qui plus est dans les bras de mon Ulrich. Elle écarquille les yeux et mon beau brun, prudent, me lâche doucement pour ne pas faire de scandale. Cette fois ci, je ne dis rien. C’est ma mère, et même si c’est officiel et qu’elle adore Ulrich, chaque chose en son temps.. Je le regarde et lui souris. Il me rend la pareille. Je me décide - non sans peine - de me dégager de lui lentement, l’embrasse sur la joue à défaut d’oser la bouche, et lui chuchote tendrement à l’oreille :

« À toute à l’heure mon beau brun….Et crois moi, j’ai hâte ! »

Il rougit, ce qui fait que tout le monde se pose des tas de questions, ma maman la première, et Hiroki ne se gêne pas pour exposer son point de vue sans demander leur avis aux autres sur la cause de ce rougissement. Mais mon amour se reprend vite et me fait un clin d’œil malicieux, sans rien ajouter. Après tout, il n’y a rien à jouter..



Je sors en compagnie de ma mère, mon frère et ma meilleure amie, et je ne peux m’empêcher de jeter des regards en arrière plusieurs fois. Ulrich est toujours là bas, et attends sagement que je parte pour s’en aller lui aussi. Je me demande un instant si les autres ont pu l’attendre pour manger, mais qu’un instant car après tout connaissant Odd et son appétit légendaire - aussi légendaire que son estomac d’ailleurs -, il doit encore en être à son quatrième plat principal.. Il reste encore logiquement entre trois et six dessert selon la consistance des entrées et plats ingurgités. Ça devrait aller..

En montant dans la voiture je le regarde une dernière fois, puis soupire tandis qu’il me fait un signe discret de la main. « Je t’aime » j’ai envie de lui crier. Mais je souris simplement en lui retournant son geste, car après tout, c’était un moment magique bien qu’il ait été écourté. J’entre enfin, suivie d’Aelita. Hiroki lui a voulu faire son grand et est monté à l’avant. Ça me va, je pourrais l’étrangler plus facilement comme ça. Juste à enserrer le siège entre mes bras et tendre les mains et.. Le moteur démarre. Je ne peux m’empêcher de regarder Ulrich jusqu’à ce qu’il ne se transforme en un point microscopique et ne disparaisse de ma vue. Hiroki se retourne vers moi, en soufflant.

« C’est bon, tu le reverra ce soir ! Ou plus tôt même si tu te dépêches. Mais là, là, il n’est plus là Yumi. Alors tu peux te retourner maintenant steuplait, tu me donnes un torticolis ! »

Ma mère rit et me fixe dans le rétroviseur tandis que je m’installe correctement, en boudant. Il me manque déjà… J’attrape une bouteille d’eau, la mienne, calée dans la poche à l’arrière du siège passager. Hiroki, toujours retourné, me regarde tranquillement faire.. Et je connais cet air, ce n’est pas bon, pas bon du tout même.. Qu’est-ce qu’il prépare ? Quand il ouvre la bouche, je ne le regarde déjà plus ayant déjà fait overdose de son visage. A croire qu’il a attendu ce moment précis. J’en était à compter le nombres d’heures qui me séparaient d’Ulrich, aussi je suis surprise de l’entendre, mais surtout de sa réflexion, que je ne peux m’empêcher de trouver pour le moins décalée et hors contexte. Enfin..

« Je ne savais pas qu’embrasser quelqu’un ça donnai si soif ! »

Je m’étouffe carrément, et Aelita à la gentillesse de taper dans le dos pour calmer mes quintes de toux. Je crois même avoir recraché de l’eau par le nez, charmant.. Elle me prend la bouteille des mains et la referme précautionneusement car il est vrai que j’ai failli tout renverser… Sur la tête de mon frère. Et merde. Elle est trop gentille Aelita, une douche, ça lui aurait fait du bien au morveux. Heureusement que c’est ma mère qui conduit et qu’on est à un feu rouge, parce que sinon…

« Mais t’es pas bien ? » Je hurle, quand j’ai réussi à récupérer une respiration plus ou moins convenable.


« Yumi chérie, doucement » Me gronde gentiment ma mère en bifurquant à gauche. « Calmes-toi, s’énerver ne sert à rien, rappelles-toi.. »

Elle me lance un clin d’œil furtif dans le rétroviseur et je lui souris. Mais c’est qu’elle a tout a fait raison. Pourquoi s’énerver avec Hiroki ? Je repense à Ulrich et à la future une du lendemain.. J’ai une vengeance à mettre en place.

« On reparlera de tes exploits avec la belle Milly Solovieff demain ! On verra bien si t’auras soif ou non ce soir en rentrant. » Dis-je à mon frère, plus calme ».

Malheureusement pour moi, il rougit violement ce qui amuse ma mère, mais trouve une repartie presque tout de suite.

« Ahah peut-être, j’avoue, je suis grillé. Désolé maman. » Ma mère l’excuse d’un sourire. « Mais, t’inquiète Yumi, pour bien faire, j’ai demandé des conseils à Ulrich ! » Je me tends.. Il ne va pas oser.. « Et vu que ça avait pas l’air de te déplaire à toi, toute à l’heure quand on est arrivés avec Aelita, je me dis qu’y’a pas de raisons pour que ça lui plaise pas à Milly ! Non ? Mais ne t’en fais pas, je ne l’ai pas embrassé ton Ulrich hein, c’était tout de la théorie et sa bouche t’es réservée. Il n’empêche, c’était aussi votre première fois tout à l’heure alors je me dis que.. »

À ce moment ma mère stationne devant chez moi. Je bondis de la voiture ouvrant la portière avant même qu’elle ne soit totalement arrêtée, mais Hiroki a été plus rapide cette fois, et il est déjà dehors. Je m’élance après lui dans la maison, courant en montant les escaliers et en hurlant si fort que l’on doit m’entendre de dehors.

« Hiroki Ishiyama, je vais te tuer !! »

Aelita, restée avec ma mère, regarde la scène avec étonnement, et une certaine compassion. Ma mère la regarde avec attendrissement. Je sais qu’elle l’a toujours appréciée.

« Ne t’inquiète pas ma belle, ça arrive souvent ! » Lui chuchote-t-elle avant de l’inviter à entrer

Et elles éclatent de rire toutes les deux et nous suivent à l’intérieur.






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CHAPITRE IX


« Hiroki !!! Ouvre cette porte sur le champ !! » Je tambourine contre la porte à coups de pieds et de poings. Ça il va me le payer, me le payer très cher. Je dois avoir l’air d’une gamine faisant un caprice en ce moment, mais tant pis. « Hirokii ! »

« T’es pas folle, sœurette ? Je tiens à la vie, moi, surtout aujourd’hui !! » Me répond mon frère, qui a bien pris le temps de s’enfermer dans sa chambre, et vu sa voix étouffée, de colmater la porte avec la commode et les coussins, comme à chaque fois.. Les cousins quoi…

J’ai un arrière gout amer dans la bouche.. Le lâche !! Rah, le lâche ! Et il m’énerve avec ses remarques ! J’abats durement mon poing fermé contre le mur. Hm, ça fait plus mal que sur la porte, mais je ne m’en soucie pas. Du moins pas tout de suite, car moins de dix secondes plus tard... Aiie.. Je sens une présence derrière moi et me retourne rapidement. Aelita est là, au sommet des escaliers qu’elle vient de monter quatre à quatre derrière moi, et me regarde, encore étonnée.

«.. Rappelles-moi de ne jamais t’énerver Yu’… » Dit-elle, avant de tenter un sourire.

« Avec toi ce ne serait pas pareil, Aelita ! Il est vraiment trop embêtant lui des fois .. ! » Lui dis-je en souriant.

Elle me sourit pleinement en retour. Elle est vraiment jolie. « Belle comme un ange » M’a dit ma mère. Et elle a tout a fait raison. J’ai toujours considéré Aelita comme ma petite sœur, car même si elle ne l’est pas biologiquement, elle l’est dans mon cœur. On est la seule famille qu’il lui reste maintenant, même s’il y a un vainc espoir pour que sa mère soit toujours vivante. C’est d’elle qu’Aelita tient ses cheveux roses et ses grands yeux verts qui font tourner la tête de Jérémie. Quand je pense que la pauvre a perdu sa mère il y a des années, puis son père tout récemment, je me dis qu’elle est vraiment courageuse de rester debout, droite et fière, et de cacher sa peine comme ça. Je l’admire. Où trouve-t-elle la force de se lever tous les matins ? Moi je ne sais pas si je tiendrais sans mon père, ma mère et Hiroki. Il me resterait Ulrich, mais l’amour est quelques fois éphémère, et je dois avouer qu’une de mes plus grandes craintes est qu’il se lasse de moi. Je sais que moi je l’aime au point de me satisfaire de son amour à vie, mais lui..


« Yumi ? Ça va ? »

Je sors de ma contemplation de ma meilleure amie, et aussi, petite sœur de cœur, et lui sourit amicalement. Il faut que je cesse de penser à Ulrich. Notre relation est à peine officielle que j’ai déjà peur.. Aelita me rend mon sourire de suite, ainsi qu’un clin d’œil complice. Elle s’apprête à ajouter quelque chose mais nous sommes interrompues par ma mère qui nous appelle pour manger.

« Yumi, Aelita ! Les filles ! À table, c’est prêt !! » Nous appelle ma mère.

« On arrive maman ! » Je lui cri en retour. « Quand à toi tu perds rien pour attendre.. ! » J’ajoute à l’intention de la porte de mon frère.

« Et ramène ton frère aussi Yumi ! » Continu ma mère, non sans une pointe d’amusement dans la voix..

« C’est comme si c’était fait ! »Je réplique cyniquement. J’entends ma mère râler gentiment en retour, ainsi qu’un vague « Et en douceur si possible.. » Je soupire. Elle a été plutôt compréhensive aujourd’hui, et il ne vaut mieux pas trop en rajouter.. Surtout que je ne sais pas comment mon père réagira si Hiroki l’ouvre sur moi et Ulrich au repas.. Je m’adresse donc à la porte close en serrant les dents et en ravalant ma fierté. Je me vengerais... « Hiroki, à table…. »

« C’est ça ouais, comme ça tu pourras m’en foutre une ! Mais c’est que même pas en rêve, sœurette ! Je bouge pas un pied d’ici, tu peux prévenir maman ! » Je lève les yeux au ciel en soufflant bruyamment. Ben voyons !

« Je peux me charger de le dire à papa aussi ! Ne viens pas te plaindre s’il vient te chercher lui même après ! Tu sais qu’il n’aime pas trop les retardataires ! »

J’attends un moment en silence, faisant signe à ma meilleure amie pour qu’elle m’imite. Toujours rien.. Hm.. Il a vraiment peur le morveux.. Aelita me regarde, curieuse. Je lui fais un clin d’œil. Son visage s’illumine quand elle comprend finalement ce que j’attends. Puis soudain, un petit bruit, un mouvement, puis le raclement d’un meuble sur le sol qu’on déplaçait. Un verrou qui tourne, et ensuite la tête de mon frère qui sort prudemment dans l’encadrement de la porte. Il a à peine le temps de prendre un air surprit que je ne l’attrape par le bras, le tire dehors et demande Aelita de vite refermer la porte. Elle s’exécute.

Je regarde d’un œil assassin mon bientôt misérable petit frère que je tiens encore. L’heure de la vengeance a sonnée en avance en fin de compte. Je m’apprête à ouvrir la bouche, mais la sonnette retenti et une voix forte résonne en provenance du hall d’entrée.

« Coucou, c’est moi ! Akiko, chérie, tu es là ? .. Ah te voilà ! .. Yumi, Hiroki ! Les enfants, papa est rentré !! »

Papa, déjà ?.. Aie ! Bon bah.. Je relâche Hiroki à grands regrets et fait signe à Aelita de me suivre dans les escaliers. Le morveux, lui, sourit, et nous suit sagement tandis qu’Aelita et moi saluons mon père. Vient ensuite mon frère qui lui fait une vraie fête quand vient son tour, content qu’il soit arrivé pile maintenant. Je le regarde fixement, puis lui sourit froidement. « La vengeance est un plat qui se mange froid, n’oubli jamais ça frérot ! »

« Alors mes chéris, vous allez pouvoir me raconter tous un par un votre journée, c’est très important ! Alors ma Yumi... Que c’est-il passé de beau aujourd’hui dans la journée de ma princesse ? »

Le lilliputien assis à côté de moi se mets à hurler de rire, tandis que ma mère sourit en me regardant. Aelita pose discrètement sa main sur mon bras, compatissante..

« Euhm.. Bah en fait.. »


[...]


Après le repas Aelita me suit dans ma chambre, tandis que ma mère est partie faire quelques courses tout de suite, pour qu’on soit plus libres cet après midi pour faire les boutiques. Mon père travaille, et Hiroki est chez Johnny, lui aussi ayant des préparations à faire pour le bal de ce soir.. On reste un bon moment dans la chambre avec ma meilleure amie, discutant de tout et de rien. C’est bien de n’être que toute les deux pour une fois, même si je n’arrête pas de jeter des coups d’œil à la pendule pour voir quelle heure il est. On bavarde cependant avec entrain, quand vient sur le tapis, LE sujet intéressant.

« Oh oh oui, que c’était drôle.. ! .. * silence.. * Euhm.. Et.. Alors, tout à l’heure, tu… » Commence timidement ma meilleure amie.

Je retiens mon sourire. « Oui Aelita, quoi ? »

Ma meilleure se tord les mains nerveusement. « Ben…Ben je….En fait.. Le prends pas mal, juste.. J’aimerai bien savoir si.. En fait.. » Hésite-t-elle.

« Roh, mais accouche Aelita ! »

Mon amie se tend, puis prend un air offusqué, fronçant les sourcils tout en ouvrant sa bouche sur un petit « oh ! » vexé. Une belle mimique piquée consciencieusement à Sissi qui me fait bien rire. Elle rajoute une touche personnelle à cette fausse colère en mettant ses poings fermés sur ses hanches.

«Yumi Ishiyama ! » Scande-t-elle en détachant chaque syllabe de mon nom. « Je vous signale que je ne suis pas enceinte ! .. Vous par contre, je pense que ça ne saurait tarder ! »

« Aelita ! » Je crie, mine de rien surprise par sa remarque piquante, en lui balançant un coussin à la figure.

Elle éclate de rire et me le renvoi. Ok, le jeu commence ! Je plonge de mon lit où j’étais assise, enfin, de mon futon, pour me coucher pas terre afin de l’éviter. Ce qui ne change pas grand-chose malheureusement. Ma peluche préférée, la violette, tombe en même temps et je l’attrape pour la lancer sur Aelita. Désolée.. Elle l’esquive facilement, la pauvre petite ne volant pas bien haut, et s’affale sur mon lit. Par contre ma peluche fait très vite connaissance avec mon bureau, où elle renverse ma lampe de chevet.

Ça fait un petit « boum » quand la lampe se couche, et on sursaute en même temps. On s’arrête toutes les deux durant quelques secondes, puis on se regarde, on éclate de rire, et on part à la recherche de nouvelles munitions. S’en suit alors une grande bataille de polochon, où Aelita et moi nous nous bombardons de coussins, achevant de mettre ma belle chambre sans dessus dessous ! Et je dois dire que ma meilleure amie est très forte à ce jeu.

Au moment même où je pense retrouver l’avantage dans notre bataille, je me retourne et me prends ma peluche en plein figure. Parce qu’elle vole bien, la traitresse, quand c’est Aelita qui la lance.. K .O ! J’en suis complètement K.O ! On voit limite un drapeau blanc imaginaire s’agiter au dessus de ma tête pour déclarer forfait. Aelita éclate de rire. Je grommelle un truc complètement incompréhensible, ce qui amplifie son hilarité. Elle se traine rapidement vers moi, toujours en riant. Voyant que je ne bouge pas, elle devient méfiante et ralentie l’allure.

« Yumi ? » Fait-elle à mon oreille, sur ses gardes. « Ça va ? »

« Hummmggrrmlllmmhhhmmm….. » Est tout ce que je trouve à répondre.

« Oh, Yumi ! Allé, debout feignante ! » Me lance ma meilleure amie. Voyant que je ne bouge pas, elle ajoute. « Eh, bah, si t’es comme ça maintenant, je n’imagine même pas ce soir. Et je n’imagine même pas non plus notre Ulrich qui va devoir danser avec une Yumi toute ramollo… A moins qu’il ne décide de changer de cavalière, après tout je suis sure que personne n’oserai refuser son invitati ..Aie ! »

Au moment même où Aelita prononce le « changer de cavalière », je me redresse brutalement et, donc, me cogne contre elle. Il est absolument hors de question qu’Ulrich change de cavalière, ce soir ou un autre ! A moins que je ne sois pas sa cavalière attitrée, là, il pourrait.. Mais pour venir avec moi ! Pendant ce temps, ma petite Aelita se frotte le front, me jetant à l’avance des menaces si jamais il lui arrivait le malheur d’avoir un hématome à cause de moi. Mais la douleur n’est pas ma priorité. Et puis, le maquillage ça existe !

« C’était à prévoir après tout ! » Fait Aelita après avoir soupir.. « Bon, ça va, t’es bien réveillée maintenant ? »

« Moi ? Je suis en pleine forme ! » Je fais en m’étirant, avant de retomber la tête dans les oreillers, un sourire angélique en pensant à Ulrich.

« Hm, j’ai quelques doutes là-dessus moi… » Répond Aelita. Je prends mon coussin et l’abats sur sa tête d’ange si inoffensive. « Eh, mais arrête ! » Fait-elle, légèrement contrariée. Puis elle reprend un air normal. « Bon, enfin, changeons de sujet. »

« Exactement ! » Je réplique. « Alors, qu’est-ce que tu voulais me dire tout à l’heure ? »

« Oh ça.. » Lâche ma meilleure amie en s’empourprant à nouveau. « Ben… Ben en fait je…Euh… C’est que.. ».

« Ah non, hein ! » Je m’exclame. « Tu ne vas pas me faire le même coup que toute à l’heure, Aelita ! Allez, crache le morceau, je ne te mangerais pas.. » Aelita fait semblant de vomir et on éclate de rire encore une fois. « Allez dit moi. » Je reprends une fois que je suis calme. « Tu sais que tu peux tout me dire.. »

« Ben, je voulais savoir…Qu’est-ce, enfin.. Comment s’était ? Je veux dire le baiser avec Ulrich ? »

Je rougis violement quand même. J’avais tout de suite deviné qu’elle voulait parler de ça, mais ça ne m’empêche de rougir. Je ferme les yeux, me rappelant les merveilleuses sensations de ce premier baiser. Comment je pourrais les décrire sans minimiser ça.. Il n’y a pas de mots assez forts.. !

« C’était… Y a pas vraiment de mot pour décrire justement, en tout cas aucun assez fort…Hum, c’était…..Intense on va dire. Intense à te faire trembler de la tête aux pieds... D’ailleurs je te le dit à toi mais, il n’aurait pas était là pour me soutenir, je crois que je me serais évanouie… »

« Non sérieux ? À ce point ?! » Me demande Aelita, choquée. J’hoche la tête de haut en bas. « Waouh ! » Reprend-t-elle, vraiment surprise. Elle ne s’attendait peut être pas à ce que je sois si honnête..

« Et ouais… »Je souffle, n’ayant pas d’autres mots à dire.

« Et euh.. Comment c’est arrivé ? » Me questionne-t-elle, ses joues légèrement rosies.

« J’suis tombée de l’escabeau. » Je lâche négligemment. Aelita écarquille les yeux, subitement plus inquiète. Je la calme d’un mouvement de la main. « Et mon prince charmant a accouru pour me sauver et…Voilà, c’est arrivé, c’est tout. J’ai pas d’autres explications, on s’est regardés, et.. C’est arriver.. Et ça devait arriver .. »

S’en suit ensuite un long silence plutôt gênant entre nous. C’est vrai que ça devait arriver, en tout cas moi j’y ai toujours cru, et encore plus fort après l’extinction du supercalculateur. Même encore après le coup du « copains et c’est tout » que je lui ai fait. J’y croyais. A chaque regard que je posais sur Ulrich, je sentais qu’il fallait que ça arrive. Je voulais que ça arrive ! Même si je ne le montrais pas, pas du tout, je le voulais, je l’ai toujours voulu, d’autant plus à partir de la première tentative, je..

« Tu sais que t’as de la chance de l’avoir ! » Me dit Aelita soudainement.

Je me retourne vers elle au quart de tour.

« Hein ? Pourquoi ? Tu as bien Jérémie, toi ! » Je lui demande, légèrement choquée. Elle essaye de me faire passer quel message là..

« Oui, bien sur que j’ai Jérémie, et je .. Je l’aime mais.. Jérémie, il…Il a…Fin, contrairement à Ulrich, Jérémie..Oh, et merde ! Ce que je veux dire c’est qu’Ulrich n’a pas honte de t’embrasser, lui.. C’est tout.. ».

Elle baisse la tête et je sens de l’inquiétude mêlée à de l’amertume dans sa voix. C’est vrai que depuis le baiser qu’elle lui a donné, Jérémie n’a pas donné de signes particuliers traduisant l’envie que ça se reproduise. Je me tais cependant, hors de question de lui dire ça. J’opte pour une répartie plus soft, et surtout bien plus vraie.

« Jérèm’ n’a pas honte, Aelita, il est timide, c’est tout ! Tu le sais, mais il tient beaucoup à toi. » Je m’arrête, puis décide de jouer le tout pour le tout. « Il t’aime Aelita bon sang, je le sais et toi aussi.. !»

Elle se raidit, me regarde les yeux écarquillés, puis marmonne dans sa barbe pour cacher sa surprise.. « Mouais, ben moi j’y crois pas trop ! Des fois il.. »

« T’inquiète, va ! Je sais ce que je dis ! » Je l’interromps et la serre dans mes bras. « Ce soir, tu verras ! Ulrich et Odd sont entrain de lui remonter les bretelles, ça aussi je suis sure ! Tu verras… »


.....

Effectivement, dans le légendaire collège Kadic, dans une chambre du dortoir des garçons, trois jeunes hommes s’affairent, plus ou moins angoissés.

« Rah mais ça va, c’est bon, je connais mon texte par cœur je t’ai dit ! » S’époumone un jeune blond à lunettes, harcelé plus particulièrement par un de ses deux camarades.

« Hm.. T’es sur Einstein ? » Insiste ce camarade, un autre petit blond avec une mèche violette dans les cheveux, une énième fois.

« Oui je suis sur, va embêter quelqu’un d’autre ! » Il se tourne vers le troisième gars présent, un beau brun allongé sur un des lits. « D’ailleurs, Ulrich, tu ferais mieux de revoir le tien de discours toi aussi !


.....


« Ulrich ?! Allo ! »

J’émerge difficilement.

« Hein ? Quoi ? »

Je dois l’avouer, je suis complètement dans les nuages depuis le baiser avec Yumi. Et quel baiser ! Cette sensation de plénitude, j’attendais ce moment depuis tellement longtemps. Depuis notre première tentative, en fait. Ça me semble si loin.. Parce que oui, personne ne le sait, mais on avait déjà faillit s’embrasser avec Yumi. Sur Lyoko. C’était il y a deux ans à peu près.

Deux ans. Le temps passe si vite. On sortait plus ou moins ensemble après, avant aussi mais les choses n’étaient pas claires. Après le presque baiser, si. Du moins jusqu’à ce que l’autre crétin vienne me pourrir la vie. J’aurais pu être son pote, ouais, j’aurai PU, je l’admets. S’il n’était pas tombé amoureux de la fille que j’aimais et s’il n’avait pas tenté plus d’une fois de me la voler, et dans mon dos, en plus ! Et je n’ai toujours pas digéré cette histoire de baiser, mais bon, la claque monumentale de Yumi en valait la peine.

Bref, après la venue de Willy chéri, notre histoire avec Yumi est devenue de pire en pire. Un vrai cauchemar. Crise de jalousie sur crise de jalousie, séparations momentanées, puis on revenait ensemble tant bien que mal. On a tenu presque un an comme ça. Puis après elle a craqué : Le fameux « on est copains et puis c’est tout ».

La douleur. La seule chose que j’ai ressentie à ce moment, c’était de la douleur, de la souffrance même. Son regard décidé, froid. J’ai su que s’était la fin pour nous deux. Je l’avais perdue avec mes conneries. Je me suis détesté. Oh oui, je me suis détesté. Le soir, quand Odd dormait, enfin ronflait, j’ai versé une larme. Une larme qui contenait toute ma douleur. Et pour quelqu’un comme moi, qui encaisse les coups sans jamais broncher, cette larme représentait tout mon amour pour celle que j’ai longtemps considéré et que je considère toujours, comme l’amour de ma vie.

Et à partir de là, j’ai essayé de l’oublier. J’ai essayé d’oublier Yumi Ishiyama. De l’oublier, d’enterrer au plus profond de moi son sourire, qui suffisait pour effacer tout mes problèmes, de dire adieu ses regards emplis d’une douce chaleur, ou emplis d’amour, d’ignorer les battements affolés de mon cœur en la voyant, d’effacer toute trace mon amour pour elle, quoi ! Mais il n’y a qu’une seule chose incontrôlable dans la vie.

L’amour.

Les sentiments.

Les vrais sentiments.

On ne peut pas jeter aux oubliettes ce que l’on ressent. C’est impossible. C’est exactement pareil que 2 + 2 = 5. Impossible. Ça n’arrivera jamais.

Je ne pouvais pas l’oublier. Même avec toute la volonté du monde. Alors j’ai caché mon amour. C’était la seule chose à faire. C’était la seule chose que je POUVAIS faire. Cacher mes sentiments, et attendre.

J’ai reprit espoir avec sa promesse. Une belle promesse faite quand tout c’est terminé. Il n’y avait plus de Xana, donc plus de risques. Je la revois, me prenant les mains dans les siennes, me fixant avec ce doux regard qui m’avait tant manqué : « Des supers moments, y’en aura d’autres même sans Lyoko » ; « Promis » ; « Juré.. ». Et c’est ainsi qu’on avait passé un sorte de pacte secret. Je le voyais dans ses yeux, elle voulait tout recommencer, depuis le début. Un truc nouveau.

En tout cas, elle tient magnifiquement ses promesses. Comme super moment, un premier baiser avec elle, je ne pouvais rêver mieux. Mais une phrase me tourmentait. Celle qu’elle avait murmurée dans mon cou : « Si tu savais comme je t’aime, toi.. ». Du moins, il m’avait semblé entendre ça. En tout cas, une chose est sure.

Moi aussi je l’aime. Moi, je l’aime.

Et je ne la laisserai pas partir encore une fois, ça c’est sûr et certain. Et je suis prêt à tout pour la garder. Absolument tout pour la rendre heureuse à mes côtés.

Je soupire. Elle me manque déjà…

« Eh oh, Roméo ! Si tu veux séduire ta Juliette, faut que t’apprennes ton texte ! …Ulrich ? »

Je me tourne vers Odd, surprit. De quoi ils parlent tous les deux, ils.. Ah oui, le texte ! Ma déclaration pour Yumi. Je ne peux retenir mon sourire. Le pauvre. S’il savait..

« T’en fait pas pour mon texte, Dom Juan ! Je m’en sortirais ! »

Après tout, un surnom comme le mien en vaut bien un comme le sien. Odd me regarde étonné, et je m’efforce de paraitre calme, et surtout normal.. Mais c’est vrai, quoi ! Je n’ai même plus besoin de texte, l’étape la plus délicate est passée sans problème : le baiser.

Un sourire niais s’affiche sur mon visage. Je sens encore les lèvres de Yumi contre les miennes, m’embrassant doucement, et ses mains s’agrippant à mon T-shirt. Oh bon sang..! Cette fille sera ma tombe. Je suis déjà complètement accro après un seul baiser. Il n’y a pas photo, je l’ai toujours su, mais maintenant j’en ai la certitude, c’est avec Yumi que je veux partager le reste de ma vie. Elle sera la seule et l’unique dans mon cœur. Elle et elle seule. Pour toujours. C’est la femme de ma vie. Je le sais..

Odd me tapote doucement, enfin, doucement à sa façon, l’épaule. Je me retourne vers lui, sortant de mon rêve avec Yumi, moi, et nos futurs enfants comme personnages principaux.

« Allez Roméo, en route ! Tu rêveras de ta chérie et de votre futur premier baiser en chemin ! On a nos costumes à allez chercher ! »

« Futur.. ». Le mot résonne dans ma tête. Je souris encore. Sacré Odd. S’il savait.