Regarde-moi !
Toi, devant moi
Toi que je pointe du doigts
Même si je ne te vois pas
Regarde-moi !
Même si la lumière s’est éteinte
Même si la victoire était feinte
Même si la perle est tombée
Même si nous n’allons pas y arriver
Regarde-moi !
Ton regard me permet de tenir,
Tenir jusqu’à en mourir...
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~~Prologue~~
La porte du scanner s’entrouvrit. A l’intérieur, la petite chevelure rose apparût, masquant le visage angélique, juste en dessous. D’un pas lent, le corps frêle et tremblant sortit de l’imposant tube métallique. La jeune fille porta sa main douce, très lentement, à son visage. Ses doigts fins caressèrent doucement sa joue rose pâle, afin de la séparer des quelques perles de chagrin qui avait coulé ici et là, de suite remplacée par de nouvelles. Derrière elle, la lueur s’éteignit doucement... A jamais. Sa deuxième main se plaça sur son front abaissé. Une troisième main, amicale celle-ci, se posa sur son épaule. Puis, la jeune fille fût prise dans une longue étreinte amicale. Ses bras entourèrent bientôt le cou du jeune adolescent à la chemise bordeaux, peut-être de manière un peu excessive. Et les perles de chagrin continuaient de naître. En abondance. Elles s’élançaient, tentant d’emmener une part de l’infini chagrin qui lui rongeait le cœur avec elles, puis se jetaient dans le vide, avant de s’écraser au sol, ou sur l’épaule du dénommé Jérémie. Les trois autres âmes ici présentes échangèrent un regard, avant de poser leur mains droite sur l’épaule de la fillette aux cheveux roses. Un a un. Et, à l’unisson, ils regardaient les yeux humides de la jeune fille. Celle-ci ne dit rien, se contentant de regarder tour à tour Odd, Ulrick et Yumi. Les lèvres de Jérémie se posèrent doucement sur la joue de la jeune fille aux cheveux rosés.
« Viens... »
La main du jeune homme rejoignit celle d’Aelita et la serra doucement. Celle-ci posa simplement sa tête sur l’épaule de Jérémie, tout en essayant vainement de retenir ses larmes. Le garçon à lunettes passa ses doigts dans les cheveux rose-bonbon, tout en fermant les yeux, et en commençant à avancer vers la sortie de l’usine, en silence. Lentement, sans un mot, les quatre autres se mirent à le suivre. L’ambiance était comparable à celle d’une marche funèbres, ambiance renforcée par les pièces métalliques, froides et distantes. Le soleil brûla légèrement les yeux des cinq amis, quand ils atteignirent la surface, dans la forêt. Mais l’astre du jour commença à se cacher aux yeux des cinq amis. De lourds nuages noirs faisaient leur apparition, et le tonnerre se fit entendre. Bientôt, d’innombrables larmes divines se mêlèrent à celles de la petite nouvellement orpheline. Mais ni elle, ni aucun des cinq ne s’en souciait. La pluie était certes glaciale, et alors ? Seules les larmes salées-amer d’Aelita comptaient. Au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient du collège, l’ambiance se faisait de plus en plus lourde. Autour d’eux, les enfants se mettaient soudainement à courir pour échapper au froid. Le préau n’était qu’à vingts mètres. Mais aucun des cinq ne se pressait... Malgré tout, ils arrivèrent dans un endroit sec. Là, sans rien dire, Aelita se dirigea vers un banc, et s’assit. Elle posa son visage angélique sur ses mains dénuées de cicatrices, et ne dit plus rien. Pas le moindre son. Ses yeux clos laissaient malgré eux échapper quelques larmes, un tantinet plus douces, plus apaisées que les premières. Jérémie s’assit à sa droite, et posa sa main sur son épaule. Il approcha ses lèvres de l’oreille de la jeune femme :
« Aelita... »
Elle retint ses larmes et plongea son regard humide dans celui du blond, en silence. Jérémie porta ses doigts aux cheveux de l’adolescente, rabattant une mèche rebelle derrière son oreille. Il lui adressa par la suite un maigre sourire, que la jeune fille n’était pas en état de rendre. Ses lèvres se misent à mouvoir.
« Ton père n’est peut-être pas définitivement mort... »
Doucement, de petites étoiles d’espoir vinrent se greffer à l’océan de larmes qui coulait le long des joues de la fillette. Un demi-sourire s’affiche sur son visage, qu’elle effaça aussitôt.
« Tu en es sûr ?
- C’est pas à exclure... »
Alors que la jeune fille aux cheveux roses se mit à sourire à moitié, Yumi fronça les sourcils. Soit Jérémie était en train de donner de faux espoirs à Aelita, ce qui la briserait encore plus, soit un avait une mauvaise idée derrière la tête. Et elle n’aimait pas ça. Dans le reflet d’une flaque, une ombre observait la scène. Elle se mit à frotter deux objets l’un contre l’autre, à très grande vitesse. Elle finit par ne plus se soucier que de ses objets. L’un était un plan de taille moyenne, l’autre était un petit cylindre. De ses grands yeux jaunes soudain, il observa à nouveau le groupe, l’air menaçant, de grandes dents blanches contrastant avec la nuit noire.
Il était 18h30.
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Chapitre I ~~
Les larmes célestes s’intensifièrent à nouveau. Les lampadaires, un à un, s’illuminèrent dans la rue. Quelques élèves sortirent des préaux, et, en vitesse, coururent vers les voitures qui stationnaient devant le collège afin de rentrer chez eux. Pourtant, il y avait un autre véhicule, qui n’attendait aucun enfant. Une berline, de couleur bleue sombre, que les différentes marques jugeaient plutôt ancienne. Comme les autres, elle s’arrêta devant le portail. Ce qui se passa ensuite était plutôt surprenant, à cette heure et en ces lieux. La portière arrière s’ouvrit, laissant apparaître un visage enfantin, très jeune. Ce visage était masqué par d’imposantes lunettes opaques, qui glissaient doucement le long d’un petit nez fin. L’un des deux verres était masqué par une imposante mèche brune, aux reflets bleutés, descendant jusqu’à l’épaule de la fillette. On pouvait apercevoir, dans ses mains frêles, un petit livre couvert d’une fine couche de velours. Elle sortit du véhicule et se décala d’un pas. Une autre fille, un peu plus âgée, sortit également. Elle n’avait pas de paire de lunettes, et était vêtue d’un manteau blanc nacre descendant jusqu’à ses genoux. Ses cheveux blonds doré étaient bien plus courts, se contentant de descendre jusqu’à ses oreilles, en mèches plus ou moins brillantes. Elle tenait à sa main une petite canne d’aluminium, peinte en blanc, dont une extrémité avait été recouverte de caoutchouc. Elle prit la main de la plus jeune et y glissa la canne, avant de la guider d’une main dans le dos. Leurs lèvres bougeaient, mouvaient. Elles discutaient. De quoi ? Sûrement du Collège dans lequel elles venaient de pénétrer, le lieu étant totalement inconnu aux jeunes filles. La plus âgée semblait décrire les lieux à l’autre, qui y portait la plus grande attention. Elles se dirigeaient vers les dortoirs, d’un pas rapide, dû à la pluie qui devenait de plus en plus glacée. La plus âgée poussa la porte de marbre et entra, guidant la petite qui semblait avoir du mal à se déplacer seule. Elle lança ensuite son regard émeraude sur les portes qui l’entouraient... Après quelques secondes de recherche, elle prit la direction d’une petite porte rose, et la poussa doucement. On l’avait prévenue que cette chambre n’était pas vide.
« Euh... Bonsoir. »
Son regard chlorophylle se glissa dans la petite chambre. Sympathique, se dit-elle. La petite salle était loin d’être insalubre. Deux lits se faisaient face, dont l’un était composé de deux matelas superposés. Une fenêtre propre, un sol étincelant... Déjà, elle n’aurait pas à dormir avec une fille qui jette ses papiers par terre...Elle entra doucement, tenant toujours la main de celle qui semblait être sa sœur Elle la guida sur le lit, avant de regarder la jeune fille qui était couchée sur le lit simple, le regard vers le mur. D’après les légers mouvement de ses épaules, elle se retenait de pleurer... La jeune femme indiqua à sa petite sœur de rester là, et s’assit sur l’autre lit, posant sa main sur l’épaule de la jeune inconnue. Un petit détail la surprit : La couleur de ses cheveux, d’un rose pâle, doux, sucré. On ne voyait pas ça tous les jours...
« Ça va ? »
Elle se retourna lentement et regarda la jeune fille qui venait de s’adresser à elle. Ses yeux, bien que fort jolis, étaient devenu rouges et humides, à cause d’une peine trop lourde. La jeune blonde entoura sa colocataire de ses bras fébriles, prenant une voix rassurante et amicale au possible.
« Allons, qu’est-ce que qui ne va pas ? »
Dans un même temps, elle souffla le nom de la plus jeune et lui demanda de venir, ce qu’elle fît. L’adolescente aux cheveux roses regarda les nouvelles venues, un peu surprise. Un petit « Bonsoir », étouffé par les perles de chagrin qui coulaient le long de ses joues, se fit entendre. La nouvelle arrivante rougit d’un coup, s’excusa, et prit la parole :
« Désolée, j’oublie mes bonnes manières... Mon nom, c’est Céleste, et voici ma petite sœur Noethilde. » Elle se tût pendant un bref instant, souriante, avant de reprendre : « Et toi, comment tu t’appelles ? »
Le regard de la jeune fille s’abaissa, pour fixer les draps. Une petite larme roula le long de sa joue, pour glisser vers ses lèvres sucrées, avant de retomber sur le tissu.
« Aelita... Aelita Shaeffer...
Comment ?! »
Elle serra les draps dans ses poings; et ferma les yeux le plus fort possible, mais ne parvint pas à retenir trois larmes égarées...
« Shaeffer.. »
Céleste lança un regard à sa sœur, avant de prendre sa main. Elle prit ensuite celle d’Aelita et les joignirent toutes trois.
« Je crois que... Que nous sommes cousines... »
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