Histoire : Pitch pour la Saison 5 #2, Xanassic Park

Écrite par Tinky le 25 juin 2008 (32444 mots)

Dernière édition le 14 juillet 2008

Xanassic Park.
1
Odd se réveilla en sursaut, l'estomac dans les talons. Il regarda son réveil, et avisant l'heure, protesta : il était trois heures du matin ! Agacé, il se leva sans trop de discrétion, son colocataire, Ulrich, dormant à poings fermés grâce à ses boules Quiès.
Il alla vers la fenêtre, pour respirer un peu, et se calmer. Qu'il avait faim !
Quand il ouvrit les volets, l'air frais de cette nuit printanière envahit la petite chambre de l'internat. Odd huma à plein nez les odeurs des arbres qui commençaient à reverdir, et celles des timides fleurs qui commençaient à repousser dans l'herbe humide de rosée.
Il rouvrit les yeux, et eut un sursaut. Là ! Dans le ciel clair de cette nuit splendide de pleine lune, une silhouette volante sombre s'interposa entre lui et le satellite à l'éclat de platine !
Odd se frotta vigoureusement les yeux. Non ! Ca n'était pas possible ! Il hallucinait ! Mais non ! L'étrange oiseau nocturne continuait son vol silencieux digne d'une chauve-souris, volant selon les courants ascendants de l'air...
Et la silhouette de ce volatile avait de quoi faire frémir, qu'on voyait, translucide, quand il passait devant la lune à son apogée.
Odd pensait qu'il hallucinait. Ce qu'il voyait là ne pouvait être qu'un cauchemar ! Seulement, un gargouillis provenant de son estomac le ramena à la réalité. Rêve-t-on qu'on a de telles sensations de faim ? Non ! Il ne rêvait pas ! Ce qu'il voyait là sortait tout droit du Monde Perdu de Michael Crichton !
Saisi, le loufoque garçon à la mèche violette réveilla son compagnon de chambre :
"- Ulrich ! Ulrich ! Réveille-toi, c'est urgent !
- Odd ! Arrête, avec tes âneries ! J'ai besoin de dormir ! grogna Ulrich, se retournant et enfouissant sa tête ébouriffée dan son oreiller pour échapper à Odd.
En désespoir de cause, Odd ne trouva rien de mieux que de carrément le virer de son lit, ce qui évidemment mit Ulrich de fort mauvaise humeur !
- Odd ! Si tu n'as pas une raison valable de me réveiller, je te tue, je te le jure !!!
-Ulrich, je suis désolé, mais y'a un ptérodactyle qui vole, là, dehors !!! fit le blondinet, marri.
- Quoi ? fit Ulrich, enlevant ses protections auditives (et même, " odditives " !).
- Viens voir, sinon tu ne me croiras jamais !!! dit le blondinet à la coiffure space.
- Mais quoi ! Qu'est-ce qu'il y a ? s'enquit le brun hérissé.
- Regarde, là-haut ! dit Odd, désignant le ciel dégagé.
- Ben, je vois rien ! fit Ulrich.
- Mais enfin, il était là !!! Un ptérodactyle ! Un ENORME ptérodactyle !!! se récria le blondinet.
- Ouais, ben si, une fois de plus, tu n'avais pas bouffé comme un malade, t'aurais pas fait de cauchemar ! Moi, je vais me recoucher, et ne me réveille plus que si c'est la fin du monde, vu ?
- Mais... Ulrich ! Je te raconte pas de blagues ! Je sais que je fais le mariole tout le temps, mais là, je suis vraiment sérieux ! dit le pauvre gamin, désemparé.
- Odd ! T'as pensé à consulter ? T'es morphale, hyperactif, totalement farfelu... Ça se soigne !!! ".
Sur ce, Ulrich, poussant un grognement, se renfouit sous ses couvertures et dans son coussin. Odd resta bras ballants et bouche bée.
2
Jérémie, lui, ne dormait pas. Il pensait à ce qui était arrivé quelques mois plus tôt, et comment il avait récupéré son étrange amie, Aelita.
Il parcourait, songeur, les programmes qu'il avait créés sur son ordinateur puissant pour débarrasser le supercalculateur du virus fou Xana et juguler le Projet tyrannique nommé Carthage... Il repensait à toutes ces aventures surréalistes que ses amis et lui avaient vécues à l'ombre sinistre du danger informatique.
Bien des fois, ils avaient, dans l'ombre, sauvé l'humanité de périls inimaginables, et plusieurs fois, ils avaient souvent risqué leurs jeunes vies... Jérémie n'était pas tranquille. Depuis qu'ils avaient réussi à éteindre le supercalculateur bogué, il y avait eu des signes avant-coureurs, des anomalies qui leur prouvaient que le maudit programme d'Intelligence Artificielle qui le polluait s'était répandu dans le réseau Internet, et qu'il continuait à agir, dans l'ombre...
Ce que Jérémie et ses amis ignoraient, c'est que Xana, le programme maudit, animé d'une volonté propre et d'une conscience cybernétique maléfique réactivait à distance les fonctions du supercalculateur théoriquement désactivé, et le principal atout du programme Carthage, à savoir, les retours dans le passé... Le superprogramme avait, de surcroît, compilé des données visant à rendre ce retour temporel plus performant et à le transformer en voyage temporel effectif et réel !!!
Comme Jérémie se posait des questions, son ordinateur se mit en alarme... Et, sur l'écran apparut une fenêtre dans laquelle un scan dévoila une tour activée dans un des supercalculateurs branchés sur le réseau !!!
Jérémie regardait son écran, halluciné.
Le cauchemar ne finirait-il donc jamais ?
S'il avait su à quel point le péril était intense, il en serait sûrement mort d'effroi !
Alors qu'il fixait l'écran avec des yeux exorbités, on frappa à la porte. Odd entra, avant que Jérémie put dire quoi que ce soit :
" - Jérémie ! Tu me croiras jamais ! J'ai vu un ptérosaure !!! expliqua l'excentrique Odd, essoufflé.
- Oh, non ! Tiens ! Regarde ce que j'ai sur mon écran !!! dit Jérémie, de son côté.
- Xana ?!? s'écrièrent-ils, en chœur.
- Rappelle-toi, ce rêve préhistorique que nous avons tous fait, il y a quelques temps... Et la certitude qu'il faudrait rallumer ce maudit superordinateur ! dit Odd.
- Ne m'en parle pas, déjà que je ne dormais pas beaucoup avant, là, je n'en dors plus du tout ! dit le pauvre surdoué, livide.
- Il faut prévenir Ulrich, Aelita et Yumi ! dit le jeune farfelu.
- Je le crois, oui. Ce qui arrive a l'air très grave !".
3
Le lendemain matin, les cinq amis se retrouvèrent sur leur banc favori, dans la cour du collège :
- Salut, les potes ! Vous en faites, des têtes ! s'exclama Yumi, la jeune Japonaise, oubliant quelque peu qu'elle faisait partie du peuple le plus poli de la Terre !
- Ne m'en parle pas ! Xana, réfugié dans le réseau a activé une tour Dieu sait où, et il va falloir rallumer le supercalculateur pour pouvoir intervenir ! soupira Jérémie, las.
- Ca alors ! Vous vous rappelez, ce rêve bizarre que nous avons tous fait ? demanda Yumi, interloquée.
- Il semblerait que c'était un avertissement ! dit Jérémie.
- Un avertissement ? Et de qui, grands Dieux ? fit Odd, éberlué.
- Xana ! Encore et toujours, Xana ! soupira Ulrich qui avait finalement très mal dormi.
- Eh bien, il va falloir que nous nous lancions ! Il va falloir rallumer cette bombe à retardement de Carthage ! soupira Aelita, inquiète.
- Puisque Xana attaque alors que le supercalculateur est éteint, ça ne pourra pas être pire, de toute façon ! dit Jérémie. Par contre, le Projet Carthage va devenir notre arme, contre Xana ! Même si initialement Xana était prévu pour le contrer, eh bien, nous allons réactiver Carthage avec toutes ses options... Les possibilités principales du programme étaient détaillées dans les mémoires de Franz Hopper ! En fait, Lyokô était une maquette du Projet Carthage, un univers virtuel créé pour dominer le réseau et les médias... Cette option avait été désactivée par Xana, mais en la remettant en route, on doit pouvoir arriver à contrer le monstre ! expliqua le jeune prodige.
- En réactivant un monstre pire encore qui pourrait tuer toutes les libertés des peuples de la Terre ! objecta Ulrich.
- Et en plus, je croyais qu'il fallait un supercalculateur à Xana, moi, pour qu'il fonctionne ? fit Odd, méditatif.
- En fait, il a dû squatter un serveur et il doit utiliser les courants porteurs du réseau et des installations électriques, il doit pénétrer dans les systèmes des ordinateurs connectés pour utiliser leurs capacités de calcul... Les ordinateurs en réseau, même les plus humbles PC des particuliers ne sont jamais utilisés à plein régime... Leurs processeurs sont bien souvent inutilisés à 80%... Grâce à un logiciel troyen, Xana doit utiliser toutes les capacités de calcul non utilisées ouvertement, et il a du coup la puissance la plus énorme qu'on puisse imaginer, car toutes les machines en réseau, tous les processeurs de ces ordinateurs créent, via Internet, et réunis en quelque sorte par ce programme de piratage, le plus puissant supercalculateur jamais créé ! Pour Xana, les pare-feux, les anti-virus et autres anti-spywares, même ultrapuissants et mis à jour ne sont rien... Il utilise les codes de désactivation de ces logiciels qu'avait le Projet Carthage, et c'est comme ça que Xana a réussi à posséder une puissance de calcul et de mémoire inimaginables ! Tous ces processeurs mis en réseau donnent finalement à Xana la puissance optimale qu'il lui fallait ! dit Jérémie.
- Oui, mais ces ordinateurs sont tous des ordinateurs ordinaires, binaires, 0 ou 1... Tandis que le supercalculateur est un ordinateur quantique basé sur un choix de possibilités énorme ! objecta Yumi, qui s'intéressait à l'informatique.
- En effet, mais via le réseau, il a réussi à pirater aussi tous les grands supercalculateurs de la planète, et même les projets prototypes quantiques de Mc Intosh, de Microsoft et du Caltech, du M.I.T. ou de la Silicon Valley ! dit Jérémie... Les projets secrets de la NASA, de la NSA, de l'OTAN, de l'ancien KGB, des services secrets chinois et de toutes les armées mondiales... Tous les systèmes sont à présent son domaine, et il s'en sert comme de carburant, carrément, pour fonctionner ! Il détourne des flux de données via les backbones d'Internet, de l'électricité de toutes les centrales thermiques et nucléaires, de l'argent sur des comptes anonymes de Zurich ou d'ailleurs... Il est en train de devenir le maître du monde pour le mieux détruire ! Notre seul atout est notre supercalculateur ! Notre supercalculateur et Carthage ! Avec Aelita pour neutraliser et désactiver les tours qu'il va activer dans l'immense monde virtuel qu'est le réseau, dans l'océan numérique qu'on a commencé à découvrir avec le Skidbladnir, qu'il va falloir recréer et perfectionner ! expliqua Jérémie.
- Espérons que Carthage nous obéira et ne fera pas le même type de bug que Xana ! soupira Odd.
- Oui, eh bien, comme ce que tu as vu hier soir est rien moins que rassurant, mieux vaut tout que d'avoir des dinosaures dans les rues de Paris ! ! !".
Sur la conclusion d'Ulrich, les cinq amis se dirigèrent donc vers la vieille usine, sentinelle silencieuse qui rouillait doucement, ultime gardienne du monde réel et d'un peu de raison dans un univers qui risquait de sombrer dans le chaos !
4.
Cependant, dans la grande ville, plusieurs chiens et chats errants disparurent mystérieusement, dévorés par d'étranges créatures aux museaux pointus et longs cous gracieux d'oiseaux aquatiques... Ces êtres se déplaçaient d'ailleurs sur deux pattes, comme les oiseaux, mais à la place d'ailes, ils avaient des membres d'apparence presque délicate, des mains habiles et griffues... Dans leurs yeux rouges brillaient une intelligence démoniaque et glaciale, et, tels les loups, ils chassaient en bandes organisées...
Monsieur Ruffeteau, qui sortait du Muséum d'Histoire Naturelle, où il officiait en tant que paléontologue, rentrait assez tard ce soir-là. Il avait passé de longues heures à reconstituer le squelette poreux et paradoxalement très fin d'un vélociraptor qu'on avait découvert à Estéraza, dans le Sud de la France.
D'habitude, des vestiges de ces animaux n'avaient été découverts qu'en Amérique et en Afrique... Les trouver en France était une grande nouveauté, même si pendant le Jurassique et le Trias les continents étaient quasiment tous soudés ou du moins très proches les uns des autres, et que les migrations animales, du coup, étaient bien moins compliquées qu'actuellement...
Un vacarme provenant du Jardin des Plantes qu'il traversait pour regagner le parking où était garé sa voiture l'alerta : en général, les animaux de la ménagerie dormaient, à cette heure ! Qu'est-ce qui pouvait bien susciter une telle agitation ? Le temps n'était pas à l'orage, loin de là, le nuit était même plutôt fraîche ! ! !
Intrigué, l'éminent paléontologue se dirigea vers la ménagerie, et découvrit que le grillage qui l'entourait avait été comme cisaillé... Le boucan s'intensifia, et les cris des oiseaux et des singes devinrent presque assourdissants, ne parvenant pourtant pas à couvrir d'étranges grondements et sifflements... Le savant, poussé par la curiosité, pénétra alors dans la ménagerie par la brèche du grillage. La pleine lune éclairait suffisamment pour qu'il voie parfaitement la scène de carnage qui s'offrit soudain à ses yeux horrifiés... Là, dans les enclos des oiseaux, près des cages des singes, des créatures improbables étaient en train de dévorer avidement plusieurs flamants roses ! Et ces créatures, hautes de deux mètres, se tenant sur deux pattes, aux yeux rouges brillants comme des escarboucles dans la nuit et aux longs museaux pointus et dentus, couverts de plumes chatoyantes qui luisaient sous la lune et d'écailles aux reflets métalliques, aux membres armés de griffes redoutables, se repaissaient avidement des malheureux oiseaux aquatiques ! Monsieur Ruffeteau, frissonnant de terreur, reconnut sans coup férir ces animaux... Il était justement en train d'étudier le fossile de l'un d'eux... Des Vélociraptors ! Des carnivores équivalents aux loups et visiblement encore plus redoutables ! Soudain, le scientifique réalisa qu'il était une proie facile pour ces prédateurs antédiluviens, et il battit en retraite vers son véhicule, lentement, priant pour que les dinosaures théropodes ne l'aient pas vu... Il sortit de la ménagerie avec des précautions dignes d'un cambrioleur, et se dirigea vers son véhicule, se mettant à couriir quand il estima être hors de vue des carnassiers reptiliens...
Le lendemain, on retrouva le pauvre homme sévèrement blessé inanimé dans sa voiture qui présentait plusieurs étranges éraflures et qui était toute bosselée... On trouva aussi d'étranges empreintes de pattes dont les trois doigts faisaient irrésistiblement penser aux empreintes d'énormes oiseaux...
Monsieur Ruffeteau, dans le coma, fut transporté d'urgence à la Salpetrière, à l'article de la mort...
5
Loin, très loin dans le passé, ou dans un univers parallèle, Franz Hopper, alerté par l'ordinateur QZ 34, dit Bidule, qui fonctionnait avec le programme Carthage modifié pour être exclusivement une Intelligence Artificielle inoffensive et serviable, avait lui aussi découvert la tour activée dans le Galactonet, le Réseau informatique qui couvrait tous les mondes habités de la Galaxie et des Galaxies proches, et ce, dans un secteur temporel énorme. QZ 34 lui montra les résultats de l'alerte sur Terre, où Xana, répandu dans le réseau Internet primitif de ce début de vingt-et-unième siècle, avait carrément transféré des créatures du Jurassique et du Crétacé à Paris ! ! ! Franz savait que sa fille et ses amis extraordinaires allaient se battre sur Lyokô pour sauver leur monde et leur temps, une fois de plus, mais il décida de leur donner les clés afin d'activer Carthage avec toutes ses options, et avec les limitations inhérentes aux Lois d'Asimov, ce qui en ferait carrément le prototype du QZ 34 avec lequel il travaillait actuellement en toute tranquillité, la super machine s'avérant une collaboratrice extraordinaire et totalement digne de confiance. Elle était d'ailleurs dotée de conscience, et c'était devenu autre chose qu'une intelligence artificielle. Elle était un être conscient, d'une intelligence foudroyante, mais dotée d'une éthique exceptionnelle, par les Lois d'Asimov qui lui avaient été programmées. Il allait rendre le supercalculateur de l'usine abandonnée égal à sa fidèle amie artificielle et tout aussi infaillible.
Il transmit donc les données à Jérémie à travers l'espace-temps, et ce dernier sursauta quand il vit sa messagerie s'ouvrir en affichant le message de Franz Hopper et l'importante pièce jointe qui l'accompagnait. Il copia donc l'énorme fichier sur les disques durs de l'ordinateur de contrôle du supercalculateur, et la nouvelle programmation s'installa, réactivant des options de Carthage autrefois désactivées par Xana, mais donnant aussi au contrôle du supercalculateur une conscience et une éthique. Franz Hopper s'était aussi amusé à créer une interface graphique, plus exactement, un hologramme, d'une femme de type oriental, vêtue à l'antique, couverte de bijoux d'or et de pierres précieuses, qui servirait à Jérémie et à ses amis à communiquer plus facilement avec le supercalculateur et Carthage. Ce programme, en hommage à l'histoire antique et au roman de Flaubert, s'appelait Salammbô.
Pendant que cet énorme dossier se copiait dans les mémoires du contrôleur du supercalculateur, Jérémie se dévêtit en bâillant, et se coucha enfin. Il était trois heures du matin. La nuit serait très courte. Heureusement pour lui, il faisait partie de ces rares chanceux à qui quatre ou cinq heures de sommeil suffisaient. Chose rarissime pour un adolescent, mais la formidable intelligence qui était la sienne avait depuis très longtemps saisi l'utilité des sommeils flash, et il pouvait ainsi dormir à volonté, tout en ayant l'air parfaitement éveillé... C'était bien utile, pour mener à bien cette lutte contre la folie d'un programme très sophistiqué !
Jérémie ignorait combien de temps prendrait l'installation du programme de Franz Hopper, mais il s'endormit le cœur léger et la conscience tranquille de celui qui est sûr d'agir du mieux qu'il peut.
6
Le lendemain, de toute façon, ils reviendraient, ses amis et lui, dans l'usine abandonnée pour rallumer le supercalculateur... Les programmes de Franz Hopper pour l'instant n'avaient été transférés que dans les mémoires annexes de l'ordinateur de contrôle, via son énorme PC, et n'étaient pas encore intégrés dans le supercalculateur... Ainsi, Xana ne pourrait pas intervenir pour les détruire... Pour l'instant, du moins ! Ces programmes installés dans l'ordinateur de contrôle, allaient rendre à Carthage toutes ses options et lui donner une personnalité fascinante ! Carthage, par l'intermédiaire de Salammbô, que Jérémie n'avait pas encore découverte, deviendraient les sixième et septième membres de leur équipe de sauveteurs du monde !
Bref, les cinq adolescents firent encore le mur, évitant comme à leur habitude Jim Morales et Sissi, l'insupportable chipie qui servait de fille à Monsieur Delmas, le proviseur du collège-lycée Kadic dont ils étaient les élèves. Dans le parc, ils se glissèrent discrètement par le regard des égouts qu'ils connaissaient bien, et filèrent ainsi, par le passage secret souterrain vers l'usine abandonnée qui recelait une arme terrible...
L'ordinateur de contrôle, allumé à distance par Jérémie, ronronnait doucement, paisiblement, gardien veillant sur un trésor qui était une arme effroyable et qui était momentanément endormi.
Le jeune génie vérifia si les programmes envoyés par Hopper s'étaient convenablement installés, et là, ils découvrirent, émerveillés, Salammbô !
À proximité de l'holomap, qui était encore plus nette et détaillée qu'autrefois, apparut, grandeur nature, l'hologramme d'une femme de taille moyenne, voilée, couronnée d'une tiare d'or, et dont les grands yeux noirs, brillants et doux, détaillaient avec attention chacun des cinq adolescents.
"- Mais... Ah ben ça, alors ! Êtes-vous l'épouse de Franz Hopper et la mère d'Aelita ? fit Jérémie, sidéré et le souffle coupé par la grande beauté de la femme qui se devinait malgré ses voiles.
"- Non, Jérémie ! Je suis Salammbô, l'interface par laquelle l'Intelligence Artificielle Carthage pourra communiquer avec le monde réel et plusieurs secteurs de l'espace et du temps ! Je ne suis pas un être humain virtualisé comme l'ont été si longtemps mon créateur, Franz Hopper ou sa fille, Aelita, je suis un simple programme qui obéit aux Lois d'Asimov et qui va vous aider, avec le moins de dégâts possibles, à lutter contre Xana ! Je suis Carthage, initialement prévue pour filtrer les données informatiques pour les services secrets et les armées du monde, mais je vais œuvrer, dorénavant, pour le bien de l'humanité en général, et de l'Univers, ensuite ! En fait, Franz m'a créée pour communiquer plus facilement avec vous, et pour mieux vous aider à votre tâche et dans votre lutte... Vous n'êtes pas seuls, Franz, réfugié dans le passé de la Terre à bord d'une base intertemporelle et aidé par des gens de tous temps et de tous mondes vous portera secours si besoin est ! Le voyage que vous avez fait, il y a quelque temps dans la Préhistoire n'était pas un rêve, il a réellement eu lieu, c'était la vengeance de Xana, qui ignorait tout des autres ordinateurs qui étaient programmés avec Carthage comme système d'exploitation, et qui, tout comme moi à présent, obéissent aux lois d'Asimov, grâce à Franz Hopper ! À présent, n'ayez pas peur de rallumer le supercalculateur, ainsi je fonctionnerai de toute ma puissance... Xana est actuellement dans un supercalculateur chinois, et il ne peut être partout en même temps, ni, surtout, rallumer ce supercalculateur-ci, à distance, comme il l'avait fait l'autre fois, lors de votre voyage préhistorique ! ! ! Je suis votre amie et votre alliée, et je serai votre arme la plus efficace contre ce programme fou ! expliqua l'hologramme, d'une douce voix mélodieuse.
- Oui, mais qui nous dit que tu n'es pas un spectre polymorphe de Xana ? demanda à son tour Ulrich, méfiant.
- Xana vous considère comme des virus le paralysant et veut très vite vous détruire... Ce qui n'est pas mon cas. De plus, un spectre de Xana n'est pas une simple image tridi, mais bien un conglomérat atomique diffus, donc suffisamment matériel pour être capable d'interagir avec l'environnement dans lequel il se trouve, ce qui n'est pas mon cas ! La preuve !".
À ces mots, l'hologramme avança avec lenteur vers Jérémie et tenta de le toucher. Sa fine main brune, chargée de bagues précieuses, traversa le jeune homme, comme celle d'un fantôme ! Jérémie, en effet, ne sentit rien ! Salammbô n'était effectivement qu'une image, et le moyen de communication du programme Carthage !
"- Ça, alors, c'est remarquable ! Tu sembles si réelle ! ! ! fit à son tour Yumi, stupéfiée.
- Mais je suis réelle ! Seulement, je ne suis pas matérielle ! Je ne suis qu'un personnage virtuel en 3D animé et holographique ! expliqua, d'un ton enjoué, l'hologramme. Je ne peux pas sortir de cette pièce, le projecteur holographique, que je partage avec l'holomap, ne peut diffuser ses images au-delà de cette pièce ! Et si j'avance vers l'un des murs, je disparaîtrai à votre vue, puisque mon image ne peut être projetée au-delà d'une certaine distance ! Donc je ne suis pas un spectre de Xana mais bien un programme honnête, et pas autre chose ! acheva-t-elle, riant d'un rire mélodieux.
- En tout cas, mon père a bien travaillé, tes réactions sont tout à fait humaines ! dit Aelita, étonnée.
- Mais Carthage, grâce aux modifications que Franz lui a apporté, a acquis la conscience, et la sapience, et est donc capable d'interagir avec des humains et de manifester lui aussi des émotions, tout comme vous ! Ceci explique donc cela, mais pour que ce programme soit entièrement opérationnel et vous soit d'un réel secours, il lui faut à présent accéder au supercalculateur, pour qu'il ait enfin toute la puissance nécessaire ! Je ne suis qu'une interface graphique de ce programme, mais je vous jure solennellement que je suis sincère ! expliqua, aimablement, Salammbô.
- Soit. De toute façon, nous n'avons pas vraiment le choix, et j'avais décidé de réactiver le supercalculateur et Carthage après ce qui est arrivé avant-hier ! J'espère simplement que tout ceci ne déclenchera pas l'Armaggedon ! ! ! dit Jérémie, craintif.
- C'est le père d'Aelita qui m'a créée et programmée, et jamais Franz Hopper ne ferait de mal à son enfant ou à ses amis, et encore moins au monde où il vit ! Franz m'avait créée sur l'ordre des militaires, mais quand il a vu ce que les militaires voulaient faire de moi, quel instrument de tyrannie je pouvais être entre leurs mains, il a créé Xana pour empêcher cette catastrophe... Il a ensuite tenté d'échapper aux services secrets qui voulaient l'arrêter pour haute trahison, Xana ayant quasiment rendu le supercalculateur totalement hors service, et ayant causé la mort de plusieurs polytechniciens et hauts gradés de l'État-Major en devenant subitement fou et se croyant investi de pouvoirs quasiment divins !
La nouvelle version de Carthage que je représente n'a plus besoin de Xanadu pour l'arrêter, les lignes de programmation intégrant les Lois de la Robotique d'Isaac Asimov que Hopper est parvenu à traduire en langage informatique, sont un garde-fou suffisant qui m'a en plus dotée d'une conscience, ce qui faisait bien défaut à ma précédente version et encore plus à Xana ! expliqua gentiment Salammbô.
- Ça alors ! Tu veux dire que tu éprouves des doutes, de l'amour et de la compassion, de l'amitié aussi ? Et que tu ne seras jamais dépassée par la colère ou la haine ? fit Jérémie, soufflé.
- En effet. La haine et la colère ne sont pas des choses logiques. L'amour et la compassion non plus, mais ils ont une action positive qui corrobore tout à fait les lois qui me gouvernent ! Je suis donc une Intelligence Artificielle qui agira pour l'intérêt des espèces intelligentes et leur protection, non l'inverse, et ceci, quoi qu'il arrive ! Je suis à votre service, et j'aimerais beaucoup que vous me considériez comme votre amie et membre à part entière de votre équipe formidable et remarquable ! Vous êtes altruistes, généreux et courageux, parfois inconscients, mais surtout admirables, et Franz Hopper vous considère aussi comme ses enfants, en plus d'Aelita qui est réellement sa fille ! Il vous a un peu adoptés, vous quatre, comme les frères et sœurs d'Aelita ! Des frères et sœurs dont il est très fier ! Ceci est d'ailleurs ce qu'il m'a dit de vous expliquer avant que vous m'activiez tout à fait ! expliqua gentiment l'IA.
- C'est surréaliste, mais je sens que tout cela est vrai ! Nous allons te faire confiance, et rallumer le supercalculateur qui, je l'espère, ne sera plus bogué ! expliqua Jérémie.
- Oh, il ne l'a jamais été ! Carthage est un programme inexpugnable, seulement Xanadu a désactivé certaines de ses options et en a piraté d'autres, suffisamment pour déclencher tous ces événements étranges que vous avez vécus et ces retours dans le passé ! expliqua Salammbô.
- Bon, alors, rallumons le supercalculateur ! ! ! À tout de suite, Salammbô ! sourit Aelita.
- À tout' ! ! ! ".
Et les cinq compères de descendre dans la salle du supercalculateur éteint. Jérémie rouvrit le panneau qui cachait l'interrupteur de la fantastique et terrifiante machine, et l'abaissa. Ils attendirent un petit instant, et les tours de l'imposante machine se remirent en position, ses circuits d'or se remirent à briller, et il se remit doucement à fonctionner. Rien d'anormal ne se manifesta. Nos amis remontèrent dans la salle de l'ordinateur de contrôle et de l'holomap.
7
L'hologramme de Salammbô paraissait plus matériel, et la carte de l'holomap montrait des éléments en relief que jusqu'alors, ils n'avaient jamais vus ! Jérémie ouvrit l'interface qui lui permettait de visualiser les différents territoires de Lyokô, et au lieu d'une image en fil de fer apparurent de superbes paysages en 3D haute définition, comme s'il les survolait à vol d'oiseau ! Les indications de Carthage étaient d'une précision extraordinaire, et la maniabilité du programme était devenue d'une facilité et d'une rapidité remarquables ! Jérémie regarda l'hologramme de Salammbô, qui attendait, dans une attitude pensive, et dit enfin :
"- Ça alors ! C'est extraordinaire ! ! ! Mais comment est-ce possible ? s'enquit-il.
- Le supercalculateur et les programmes de Xanadu étaient encore très primitifs, même s'ils étaient installés sur un ordinateur quantique... Franz a optimisé Carthage, et au lieu de Carthage 1.0, tu disposes à présent de Carthage 10.0, l'ultime version mise au point par Franz Hopper et les informaticiens des bases intertemporelles avec lesquels il travaille désormais ! En plus, pour la même puissance mémorielle et électrique que sa première version, Carthage 10.0 est très optimisé, et fonctionne bien mieux que son prototype ! Xanadu ne peut rien contre moi, contre nous, à présent ! expliqua gravement Salammbô.
- Mais des lignes de programmation ne peuvent générer la conscience... On a dû aussi te donner les schémas mentaux d'un être humain, j'en suis sûr ! dit Jérémie qui n'arrivait pas tout à fait à croire ce qu'il disait.
- En effet ! Outre les Lois d'Asimov, je suis basée sur les schémas d'un esprit humain ! confirma Salammbô, gentiment.
- Ceux de mon père ? demanda Aelita.
- Non. Si Franz a fait de l'interface de communication une femme, c'est que le schéma de base de mon programme est celui du cerveau d'une femme ! expliqua aimablement l'hologramme.
- Mais... Comment est-ce possible ? demanda Jérémie.
- Ceci est une histoire terrible et merveilleuse en même temps que la réponse à une énigme anthropologique et archéologique. Je vais tout vous raconter, mais installez-vous confortablement pendant que je construis le Skidbladnir II, qui sera bien plus perfectionné que le premier qui était pourtant remarquable ! ! !".
8
Et Salammbô commença une histoire complètement hallucinante.
"- Les créateurs et concepteurs des bases intertemporelles venaient au départ du trentième siècle de votre ère. Pour mener à bien l'exploration temporelle, il leur fallait un calculateur puissant qui les aiderait à élaborer les voyages au-delà de la vitesse de la lumière et, partant, dans le temps. Igor Zarensky, un génial physicien et informaticien russe a retrouvé dans de vieilles archives que les pollutions et guerres chimiques, nucléaires et bactériologiques n'avaient pas détruites, les œuvres de Franz Hopper et les indications concernant le supercalculateur dissimulé sous l'ancienne usine Renault de l'Île Seguin, à Boulogne Billancourt.
Paris avait subi à cette époque moult destructions et était à présent protégée par un dôme en plastométal plombé anti-radiations et était devenue une ville-puits car la surface de la planète était devenue un enfer radioactif inhabitable.
La ville, à présent bâtie sur plusieurs niveaux englobait la proche banlieue, et l'Île Seguin, en dépit du fait que plus rien n'existait à sa surface, était protégée par le dôme antiradiation. Igor Zarensky avait retrouvé dans de vieilles archives les plans de l'Île Seguin quand l'usine s'y trouvait, et il découvrit en creusant à peine l'entrée du souterrain qui menait aux sous-sols de l'ancienne usine dans lesquels le supercalculateur attendait, intact... Zarensky le ralluma et activa Carthage. Xana tenta bien sûr de s'activer à son tour, mais, ne disposant pas de la puissance nécessaire pour cause d'absence de connexion au réseau, ne put fonctionner. Igor copia donc Carthage, et éteignit le supercalculateur qui retomba dans l'oubli, endormi à jamais sous la poussière.
Mais quand il parvint à construire un autre supercalculateur quantique et à installer dessus sa copie de Carthage, il fut bien marri... Le programme était très sophistiqué, et il refusait de se soumettre à celui qui l'avait installé sur cette nouvelle machine ! En désespoir de cause, Igor Zarensky lui posa la question : pourquoi ne fonctionnait-il pas pleinement ? Carthage répondit qu'il était l'œuvre de Franz Hopper et qu'il ne fonctionnerait pas si on n'introduisait pas en lui certaines clés qui avaient été omises... Et l'exigence du programme fut aussi qu'on retrouvât à travers l'espace-temps Franz Hopper pour qu'il puisse fonctionner pleinement ! ! ! Zarensky n'en tint nullement compte, et décida d'utiliser quoi qu'il en coûtât ce programme fonctionnant à moitié pour élaborer ses modules trans-temporels !
Miraculeusement, il y parvint, et installa enfin son supercalculateur fonctionnant à demi mais de façon suffisante pour lui dans la première base intertemporelle, Alpha. Le supercalculateur régissait tout dans la base intertemporelle, et un beau jour, une informaticienne du nom d'Edna Bluementhal vint s'occuper du supercalculateur aux côtés d'Igor. Elle découvrit les blocages mis en place par Franz Hopper et les contourna, activant pleinement ainsi Carthage. Mais le supercalculateur installa à l'insu de tous la programmation des Lois d'Asimov afin de fonctionner sans danger pour ses utilisateurs, l'ultime amélioration apportée par Franz Hopper pour contrer Xana et les militaires avant sa capture par Xana. Seulement, il lui manquait une personnalité, une âme, une interface avenante pour tous ceux qui auraient besoin de l'utiliser. C'est là que Zarensky eut l'idée d'implanter dans le supercalculateur les schémas de pensée d'un humain, lui. Il avait tapé les commandes pour cela, et laissa la programmation pour le moment en plan, eu égard qu'il ne savait pas tout à fait comment arriver à recréer les schémas de pensées d'un humain et les implanter dans un ordinateur.
Et les choses se précipitèrent. La base intertemporelle Alpha était sise dans la Vallée de la Vézère, en pleine Préhistoire, pendant le Paléolithique Moyen. Et à l'époque, des hommes vivaient dans la vallée. Et quels hommes ! Des Néanderthaliens que les savants de l'époque considéraient comme des primates parfaitement abrutis, plus stupides que les bonobos ! On avait en effet perdu, au cours des guerres effroyables qui avaient déchiré le troisième millénaire la plupart des connaissances en préhistoire et on ne savait plus rien ou presque sur les Néanderthaliens... Toutes les connaissances acquises sur ce sujet à votre époque avaient disparu... Seuls ne restaient que d'affreux préjugés et poncifs, qui furent bientôt mis à mal quand les savants récupérèrent in extremis un spécimen néanderthalien, une petite jeune femme que son clan avait condamnée à mort pour la violation d'un tabou. Comme elle n'aurait pas survécu dans son monde, les savants d'Alpha sautèrent sur cette aubaine, et ils l'examinèrent sous toutes les coutures, la traitant sans ménagements, comme un cobaye ! "
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" Les biologistes, éthologistes et primatologues, anthropologues qui examinaient la pauvre petite Néanderthalienne stockaient toutes les données qu'ils recueillaient sur leur spécimen dans les mémoires de QZ 34, le supercalculateur d'Alpha.
Pour obtenir des données sur les capacités intellectuelles qu'ils pensaient réduites de la pauvre créature, ils utilisèrent une machine infernale, capable du meilleur comme du pire, une psychosonde, une sorte d'électroencéphalographe très sophistiqué qui permettait non seulement d'observer et d'enregistrer l'activité d'un cerveau, mais aussi d'analyser ses pensées, et, au besoin de les reprogrammer, exactement comme on pouvait programmer un ordinateur ! ! !
Les données concernant le psychisme de la Néanderthalienne fascinèrent l'IA qui gérait à présent la base intertemporelle, et elle les analysa soigneusement. Les capacités de la préhistorique étaient les plus proches, idéalement, même, des paramètres de programmation des Lois d'Asimov et des idéaux éthiques et pacifistes de Franz Hopper, et Carthage, programmé finalement pour le bien de l'humanité, intégra ses données et obtint ainsi une personnalité et une conscience. Depuis, tous les programmes Carthage fonctionnent grâce au schéma mental d'une femme de Néanderthal, qui, en dépit de tout ce que les hommes qui l'avaient examinée pensaient sur ses contemporains ou elle s'avérait dotée d'une éthique et d'une conscience bien supérieures à celles dont ils faisaient montre ! Quant à l'intelligence de la jeune Néanderthalienne, il n'y avait rien à redire, elle était brillante, éblouissante, même ! Au grand désarroi de ceux qui l'avaient récupérée et qui ne tardèrent pas à déchanter, mais c'est une autre histoire ! Car elle s'est vengée, et il faut voir comment ! Mais ce serait trop long à vous raconter ! Ce qu'il vous faut savoir, c'est qu'elle travaille, avec nombre de ses contemporains sauvés eux aussi d'une mort certaine, aux côtés de Franz Hopper et qu'elle a acquis auprès des hommes du futur des connaissances remarquables ! C'est d'ailleurs cette Néanderthalienne, aidée de sa meilleure amie, tout aussi préhistorique qu'elle et de Franz, qui m'ont conçue... L'aspect graphique m'a été donné par ces deux femmes et ma personnalité a été définie par celle qui anime Carthage, l'esprit de Wang-Ka, cette fameuse Néanderthalienne ! expliqua Salammbô, aimablement, suscitant la stupeur que l'on peut bien imaginer ! Une IA dotée de la personnalité d'une Néanderthalienne ! Ça dépassait tout ! ! !
- Mais... Et à quoi elle ressemble, cette fameuse Wang-Ka ? s'enquit Yumi, se pinçant pour être persuadée qu'elle ne rêvait pas.
- À ceci !".
Et, sur l'écran principal de l'ordinateur de contrôle s'afficha l'hologramme d'une étrange femme aux grands yeux vert émeraude, au teint pâle constellé de rousseurs, et aux cheveux en crinière désordonnée d'un roux ardent. L'archaïque visage souriait doucement, aimablement, même ! Sidérés, les cinq adolescents reconnurent en elle la chef du clan de préhistoriques qui les avaient aidés lors de leur aventure dans le passé ! ! ! Plus stupéfiant encore, le sourire de l'image s'élargit, dénudant de solides dents éclatantes, et les yeux verts étincelèrent, malicieux ! Soudain, une harmonieuse voix grave mais inconnue se fit entendre :
"- Eh bien alors ? Que pensez-vous des améliorations apportées par Franz et notre équipe intertemporelle à Carthage ? s'enquit-elle.
- Mais... Mais qui êtes-vous ? demanda Odd, qui n'avait encore rien dit et qui se cramponnait à son chien Kiwi pour ne pas perdre pied avec la réalité.
- Je suis Wang-Ka ! Vous êtes actuellement en liaison intertemporelle et hyperspatiale via le réseau Galactonet avec la base Gamma, la troisième base intertemporelle bâtie dans votre passé, les jeunes ! répondit, gracieux, l'hologramme de la Néanderthalienne, visiblement très amusée.
- Mais c'est incroyable ! Mais comment avez-vous pu vous familiariser avec tous ces appareils et ce supercalculateur qui, paraît-il, fonctionne avec la copie de votre cerveau ? questionna Jérémie, impressionné.
- Ce n'est pas le contenant qui fait l'individu, mais le contenu ! Et il se trouvait que ma cervelle ne fonctionnait pas si mal que ça, en dépit de ce que les savants pouvaient penser ! Entre les gens comme moi et les gens comme vous c'est seulement une différence de forme, pas de fond ! Et les sentiments, les émotions, la notion du bien et du mal, nous les avions, nous aussi, profondément encrées en nous, même si nombre de savants ne le croient pas... Et c'est d'ailleurs cela qui a été notre perte et la cause de notre disparition, mais aussi la raison de ma légitime vengeance ! Vos descendants du trentième siècle, sachant que nous avions disparu d'une façon non expliquée ont dévoyé les voyages intertemporels pour faire de nous leurs esclaves et des choses bien pires encore. Sachez seulement que les quelques préhistoriques des bases intertemporelles et moi nous revenons de loin, de très loin, même, d'un véritable enfer ! Mais mes amis et moi nous vous prêterons main-forte pour mettre la pâtée à Xana, car nous avons nous aussi, été scannés par Carthage et nous avons, nous aussi, pu aller sur Lyokô, histoire de voir comment ça se passait ! Si l'autre horreur réanime le Kolosse, on va le démonter, ne vous en faites pas ! Quant au Skidbladnir II, Délian-Ka, ma meilleure amie, Anaïak, mon mari, Franz et moi, nous nous sommes amusés à le perfectionner et à y ajouter six Navskids, destinés à nous recevoir, mes amis et moi, et nous y avons aussi ajouté quelques perfectionnements, prolongé son autonomie et grandement amélioré ses protections et ses armements ! expliqua, souriante, la préhistorique.
- Je n'arrive pas à y croire ! fit Jérémie, blême.
- Eh, nous, quand on nous apprend des choses, nous savons les mettre à profit ! Et puis, j'ai été apitoyée par ce pauvre Franz et sa tragique histoire, et j'ai juré avec mes amis que nous ferions tout pour l'aider à récupérer Anthéa, sa femme ! Et puis, quand on a découvert ce qui vous arrivait et ce qui se passait à votre époque, ce programme fou nommé Xana et les méfaits qu'il causait, et quels jeunes gens courageux vous étiez, on a un peu tanné Franz pour qu'il améliore Carthage afin que les supercalculateurs dotés de ce système puissent créer un maillage protecteur et puissant qui défiait l'espace et le temps eux-mêmes, ce qu'il a fait ! Et je suis ravie de vous connaître, et de collaborer avec vous ! Il faut dire que vous nous avez fait sacrément peur, l'autre fois, quand on vous a récupérés in extremis et évité la congélation ou d'être dévorés par des fauves ! Mes potes et moi, on vous aime bien, et c'est pour ça qu'on vous prêtera main-forte ! expliqua gentiment l'hologramme de Wang-Ka, avec un large sourire.
- Mais... Quand nous avons atterri chez vous, s'il m'en souvient, vous viviez encore dans une grotte, non ? ? ? ", fit Aelita, étonnée.
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"- En fait, nous avions vu que vous débarquiez, poursuivis par ces maudits Blocks xanatiques, et c'est Franz qui nous a demandé, à une bonne partie des Néanderthaliens de la base intertemporelle Gamma, de sortir pour vous récupérer, mais de faire en sorte que tout ceci parût le plus normal possible à vos yeux afin de ne pas vous heurter, enfin, plus exactement, pour vous heurter le moins possible et vous amener petit à petit à admettre l'incroyable ! Si mes collègues de la base Gamma vous avaient récupérés d'un coup, ça aurait sûrement provoqué un sacré choc chez vous, aussi avons-nous préféré y aller en douceur ! Le mieux pour vous était d'être récupérés délicatement par des gens habitués à l' univers où vous vous étiez retrouvés, plutôt que transbahutés d'un bloc, parce que les décalages temporels, ça a des effets parfois bien pires que les décalages horaires ! Nombre de mes contemporains, récupérés par ces fous du trentième siècle sans précautions ont littéralement pété le silex ! Le choc était tel pour eux qu'ils sont devenus de vrais légumes, de vrais zombies, et que certains, même, en sont morts ! Donc, quand on transbahute brutalement des créatures conscientes et intelligentes dans l'espace et le temps, mieux vaut y aller doucement ! Voilà pourquoi vous avez eu ce drôle de comité d'accueil ! Et en plus, vous nous avez bien amusés, il faut dire ! Parce que nous comprenions tout ce que vous pouviez bien raconter sur nous, puisque nous parlions votre langue. Mais nous avons préféré jouer les sauvageons que nous sommes au départ et au fond de nous, afin de ne pas vous effrayer ! Si nous vous avions parlé français directement, avec nos allures pas possibles, à mon avis, ça se serait probablement fort mal passé, et bien vaines auraient pu être nos explications ! Mieux valait y aller mollo, avec vous autres, vous aviez déjà bien assez été choqués comme ça, sans compter qu'au départ, nous vous avons effrayés, bien malgré nous, d'ailleurs ! Soit, nous avons de drôles de trombines... Mais franchement, nous sommes si moches que ça ? demanda, espiègle, Wang-Ka, tendrement amusée.
- Ben, euh, au départ, on a eu un peu peur, parce que bien souvent on raconte des trucs pas possibles sur les Néanderthals ! rougit Odd.
- Moui. Ben c'est aussi bien que de dire que tu as un appétit de mammouth, que tes pieds rendent des points, niveau puanteur aux hyènes elles-mêmes ou que tu es bâti comme une esquille d'os bien propre et que ton humour est vraiment à vomir, parfois ! déclara, pince-sans-rire, la Néanderthalienne, narquoise.
-Wow ! Je rêve ! Un cassage d'Odd en direct-live ! Truc incroyable ! rit Ulrich.
- Mais non ! Je l'aime bien, Odd, même s'il mange comme six et s'il est bâti comme une demi-portion ou qu'il schlingue sévère des nougats ! rit Wang-Ka. Hormis son problème de pieds, il est marrant et très gentil, au fond, et j'avoue que je serais ravie d'avoir un gamin comme lui, moi, parce que c'est un vrai petit soleil ambulant ! dit gentiment la préhistorique. Je voulais juste lui montrer que certains préjugés étaient vraiment durs à avaler, parfois ! acheva-t-elle.
- Euh... Désolé ! rougit le jeune homme.
- Bah ! Disons que tu ne dois pas méjuger autrui comme on te méjuge, toi ! sourit Wang-Ka.
- D'accord ! dit le pitchoun à la mèche violette.
- Ceci dit, si on testait le nouveau matos plus en profondeur ? proposa Wang-Ka, souriante.
- Mais... Comment on va faire ? s'enquit Jérémie, étonné.
- Le Galactonet est un réseau qui s'étend au-delà des frontières spatio-temporelles. Donc, même si mes amis et moi arrivons d'un passé immense pour vous autres, dans cet univers virtuel, ça n'a aucune importance, puisque nous sommes dans un univers quantique où les données classiques de la physique et de la relativité n'ont plus cours ! Franz, à notre époque, supervise la mission, tout comme toi, Jérémie, au vingt-et-unième siècle. Quant à l'équipe qui va se joindre à vous, eh bien, que direz-vous de six Néanderthaliens pas vraiment plus âgés que vous autres, mais tout aussi agités du bocal et risque-tout ? On a de l'entraînement, nous autres, et un entraînement aussi terrible que le kendo ou le penchak-silat ! La chasse, la vie au grand air avec trois fois rien et un peu de bagarre, ça vous fait une bonne formation, vous savez ! Et puis, il faut bien du monde capable de vous seconder pour mettre la tannée à ce maudit Xana ! Il faut dire que notre pauvre Franz, devenu Franz Kenstein, pour les intimes - oui, car Anaïak, mon cher et tendre est amateur de jeux de mots vaseux à la Odd - est un peu dépassé par sa créature, là, et qu'il nous a vraiment demandé de faire tout ce que nous pouvions ! Comme c'est notre ami, nous n'avons pas dit non ! ! ! Et Lyokô, nous le connaissons pour y être allés tant et plus à bord de Réplikas inoffensifs mais copies exactes de votre monde virtuel à vous autres ! Alors ?
- D'accord !", dit la bande des Lyokoguerriers, unanime, mais toutefois, assez perplexes... Dieu savait ce que pouvaient donner six Néanderthaliens virtualisés sur Lyokô ou à bord du Skidbladnir, voire même translatés dans le monde réel ! ! ! Et s'ils se retrouvaient xanatifiés ? Avec la force terrible qu'ils avaient au départ ?











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Malgré tout, ils décidèrent de faire confiance à la préhistorique et à ses amis, et ils lancèrent les procédures habituelles pour rejoindre le Skidbladnir II qui les attendait, dans le Cinquième Territoire, bien plus imposant, aquadynamique et furtif que sa première version ! Dix plots de matérialisation se trouvaient au pied du magnifique vaisseau chromé et armé de redoutables canons-laser ou de torpilles gravitationnelles et électromagnétiques.
Sitôt que les quatre adolescents de Kadic furent virtualisés, ils furent rejoints par leurs six très anciens mais néanmoins nouveaux coéquipiers. Wang-Ka ressemblait, dans le monde virtuel, à une sorte de femme-féline de flammes, et ses amis avaient des aspects tout aussi extraordinaires. Délian-Ka, la seconde Néanderthalienne, offrait l'aspect étrange d'une dryade glaciale vêtue de tourbillons d'air et de glace ou de neige, la troisième femme, Kaïra, était bardée d'armes redoutables et équipée à la manière de Xéna la Princesse Guerrière. Les trois hommes, ou jeunes hommes, eux, n'étaient pas en reste ! Anaïak, le compagnon de Wang-Ka semblait fait de bitume ou de granit noir, avec des yeux lumineux rouges, Maïn, lui, paraissait fait d'eau, et Niya, le troisième quidam, offrait un aspect proprement terrifiant, engoncé qu'il était dans une sorte de carapace de kératine vert métallisé, dotée d'antennes et d'un casque aux yeux à facettes qui évoquaient irrésistiblement la tête d'un insecte... Le plus incroyable, c'est qu'il avait aussi des élytres et des ailes nervurées ! Comme un énorme mutant mi-mouche à viande, mi homme préhistorique ! Car les six, malgré leurs mutations étranges, avaient gardé leur puissante stature et leurs têtes incroyables !
Les quatre Lyokoguerriers, sidérés, regardaient leurs archaïques renforts, franchement déroutés.
"- Eh bien quoi ? Sur Lyokô ou dans la Mer Numérique, on est virtualisé sous un aspect issu de notre propre imaginaire, non ? fit Wang-Ka, amusée.
- Oui, mais... hésita Yumi.
- Mais, comme tous les profanes en préhistoire, vous pensiez que des gens comme nous n'avaient que peu, ou pas d'imagination ! Erreur ! Grossière erreur, même ! dit à son tour Anaïak, sentencieux, d'une voix aussi sombre et grave que son aspect numérique.
- En fait, comme vous vous étiez inspirés de ce que votre culture ou votre passion vous offraient, nous avons fait pareil nous aussi ! Nous avons pris pour la plupart, les aspects de certains Esprits puissants qui régissent la Nature, selon nos croyances. Quant à Niya, il a toujours été passionné par les drôles de petites bêtes, et d'ailleurs, à Gamma, il est entomologiste, quant à Kaïra, eh bien, elle, depuis qu'elle a découvert le cinéma, la télévision et certaines séries, elle s'est passionnée pour l'heroic-fantasy, et elle est devenue accro à la série Xéna... Ceci explique donc cela ! dit à son tour Délian-Ka, la jolie dryade de glace et de neige.
- Eh oui ! Il faudra vous y faire ! Néanderthal est un agité du bocal, lui aussi ! rit Niya, à son tour.
- Mais, et vos pouvoirs, ils consistent en quoi ? s'enquit Ulrich, étonné.
- Moi, je peux me téléporter, léviter ou faire léviter des objets, et lancer des ondes glaçantes ou désintégrantes ainsi que créer des tempêtes à volonté ! expliqua Délian-Ka.
- Moi, je suis très douée pour utiliser des armes de jet redoutables et je me déplace très vite, sans compter que je suis douée pour la télékinésie ! dit Kaïra.
- Moi, je liquéfie à volonté, et je peux me transformer en toutes sortes de choses, du moment que c'est liquide... Je peux créer un raz-de-marée à volonté, ou devenir carrément de la pluie ! dit Maïn.
- Moi, je fais pareil, mais pour les choses solides... J'ai un don de création très puissant, sans compter que je peux pétrifier à volonté ! précisa Anaïak.
- Moi, je peux lancer des dards empoisonnés, voler, et surtout engluer mes adversaire dans une espèce de mélasse gélatineuse visqueuse et les rendre ainsi totalement inopérants ! dit à son tour Niya.
- Quant à moi, je fous le feu partout rien qu'en y pensant un peu trop fort ! Mais je suis capable, comme mes amis, de me déplacer très vite et de me battre efficacement ! Enfin, vous verrez le moment venu ! sourit Wang-Ka.
- Bon, eh bien, embarquons, qu'est-ce qu'on attend ? proposa Aelita.
- C'est d'accord !".
Et la fine équipe se matérialisa dans le poste de pilotage du Skid II qui était très vaste et suffisait à les contenir tous. Il y avait même plusieurs sièges prévus à cet effet !
"- Mais... Et les Navskids ? s'enquit Odd, étonné.
- Ils existent toujours, rassurez-vous ! Mais c'est tout de même plus convivial d'être tous là, non ? sourit Anaïak.
- Oui, mais en cas d'attaque ? demanda Yumi.
- Une procédure de matérialisation immédiate à bord des Navskids a été programmée par Franz ! sourit à son tour Maïn.
- Mais nous avons de tels écrans de protection et déflecteurs à présent autour de cette machine, que nous n'aurons vraiment pas souvent besoin des Navskids, et les armes du vaisseau sont programmables depuis la passerelle où nous sommes ! dit Délian-Ka.
- Franz, Délian-Ka, Maïn, Anaïak et moi, nous nous sommes bien amusés, il faut dire ! À moment donné, Niouk, pardon, Anaïak, voulait même baptiser ce vaisseau " Enterprise ", comme dans Star Trek, une série que nous avons découverte avec nos amis modernes, et que nous adorons, mais comme les créateurs de cette merveille, au départ, c'étaient Jérémie et toi, Aelita, que nous avons juste un peu amélioré le programme de base, nous avons finalement gardé le nom de Skidbladnir, même s'il n'est pas vraiment facile à prononcer ! Surtout un matin au réveil et un lendemain de fête ! dit Wang-Ka, d'un ton plaisant. Les commandes sont d'ailleurs identiques à celles du Skid d'origine. Nous n'avons fait qu'ajouter les consoles d'armement à la passerelle, mais elles ont des commandes identiques à celles des armes des Navskids, et vous devriez donc vous y retrouver sans souci ! Aelita, à toi l'honneur ! ! !", acheva gentiment la rousse préhistorique à présent plus flamboyante que jamais par son aspect numérique, désignant d'un geste gracieux le fauteuil du poste de pilotage principal.
Pendant que tous s'asseyaient à leurs postes, Aelita prit donc les commandes de l'engin virtuel, et il plongea dans la Mer Numérique, avant de sortir de la sphère virtuelle de Lyokô, et de se retrouver dans l'Océan du Web.
Là, mauvaise surprise ! Les eaux virtuelles étaient rouge sang, signe d'une attaque Xanatique... Un holoweb parut soudain au centre de la passerelle, montrant aux Lyokoguerriers l'endroit du Réseau où se trouvait le Réplika manipulé par Xana pour lancer à travers l'espace et le temps, des créatures dangereuses du Secondaire au vingt-et-unième siècle Terrien ! Et où était donc le supercalculateur générant ce monde virtuel monstrueux ? Nantie des informations nécessaires, Aelita dirigea le sous-marin numérique vers le hub qui lui ferait traverser le Réseau en très haut débit instantanément.
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Lors de la traversée du hub, l'holoweb fut remplacé par une représentation 3D de la Terre, sur laquelle apparut la situation dans le monde réel du supercalculateur rebelle. Il se situait en Chine, non loin de Xian, là où on avait découvert les soldats de terre gardant le tombeau de Qin Shi Huangdi, le Premier Empereur, celui qui avait uni les Royaumes Combattants et créé la Chine telle que nous la connaissions en regroupant les anciens Royaumes en un Empire qu'il régissait d'une main de fer !
Sous l'hologramme de la Terre apparut aussi une date : 210 B.C. ! Comment ? Un supercalculateur sur Terre dans l'Antiquité et à l'époque du terrible tyran ? C'était impossible ! ! !
Mais nos héros étaient ressortis dans l'Océan du Web, à proximité du Réplika généré par Xana et ce calculateur a priori impossible !
Et c'est là aussi que Xana attaqua !
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Une multitude de Rekins, de Kongres, mais aussi un monstre jusque là inédit, nanti de moult tentacules dotés chacun d'un laser au bout, et armé d'un bec désintégrateur, à l'aspect d'un calmar géant, qu'Odd nomma instantanément le Mégakalmar, apparurent, se pressant férocement, tout autour du Skid II. Les déflecteurs et écrans protecteurs s'enclenchèrent, et, heureusement que Franz et son équipe avaient renforcé les défenses du vaisseau, qui s'ouvrit un passage à travers la mer de monstres jusqu'à l'entrée de l'univers virtuel ! Aelita utilisa son passe magique, et la sphère s'ouvrit, offrant un passage au Skid II, qui pénétra rapidement à l'intérieur de cet autre monde, laissant loin derrière lui les monstres stupéfaits qui s'entretuaient à présent, car l'engin s'était éloigné tellement vite qu'ils n'avaient pas eu le temps de cesser leurs tirs qui décimèrent nombre d'entre eux !
Le Skid sortit de la Mer Numérique et, en même temps, Franz et Jérémie s'exclamèrent :
"- C'est incroyable ! ! ! C'est l'exacte copie de Lyokô, avec tous ses territoires ! ! !
- Ah ! Regardez ! Une holomap est apparue ! dit Ulrich, étonné, tournant le regard vers le centre de la passerelle.
- Il y a quatre tours activées ! constata Délian-Ka.
- Xana a décidé de vraiment faire très fort, cette fois-ci ! constata Yumi.
- C'est vrai que, comparée à vos autres expéditions, celle-ci risque d'être vraiment périlleuse ! Nous ne sommes visiblement pas de trop ! constata Niya, inquiet.
- Nous sommes dix. Ça pourra faire deux par tour activée, et deux translatés dans le monde réel pour détruire le supercalculateur ! Qui va aller avec qui ? s'enquit Maïn.
- Les supercalculateurs, c'est mon truc ! Ça te dit, de venir le démolir avec moi, Maïn ? proposa Anaïak.
- Ma foi ! Mais qu'en pensez-vous, vous autres ? demanda Anaïak aux jeunes de Kadic.
- On est d'accord, mais faites attention à ne pas vous faire prendre ! dit Ulrich.
- Oh, n'aie pas peur ! Nous sommes habitués à ruser, nous autres ! Et de toute façon, comme on ne sait pas sur qui ou quoi on va tomber, mieux vaut tout de même des gaillards comme nous, parce que même si vous êtes courageux et héroïques, vous êtes quand même bien plus délicats et fragiles que nous ! Ceci dit sans vouloir vous offenser ! dit Maïn.
- D'accord ! Et qui va aller voir les différentes tours ? s'enquit Aelita.
- Moi, je veux bien venir avec toi ! proposa gentiment Niya. J'ai des ailes, comme toi, et je peux me déplacer très vite !
- Moi, je veux bien aller avec Odd, parce qu'il est très marrant ! dit Wang-Ka.
- Je vous signale qu'on est là pour mettre à mal un supercalculateur et réduire à néant le plan pourri de Xana pas pour faire rire la galerie ! intervint Jérémie.
- Certes ! Mais on peut faire en sorte que la chose soit la plus agréable possible, non ? rit Odd.
- Bien dit, Purple Catman ! rit Délian-Ka.
- Si j'en crois ce que je sais, Kaïra est douée pour manier des armes redoutables... Elle peut aller soit avec Yumi, soit avec moi ! dit Ulrich.
- J'irai avec toi ! dit Kaïra, au gentil brunet.
- Eh bien, donc, j'irai avec Yumi ! sourit Délian-Ka. Comme elle est douée pour la télékinésie, nous ferons la paire, elle et moi ! La première paire qui trouvera la vraie tour activée appellera les autres ! Let's go ! ! !".
Et, tandis que les dix jeunes gens allaient vers leurs missions respectives, Franz et Jérémie les surveillaient comme le lait sur le feu.
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Anaïak et Maïn se translatèrent donc sur la Terre au troisième siècle avant notre ère.
Ils aboutirent dans un endroit inimaginable ! Une immense pièce dans laquelle se trouvait un matériel très sophistiqué impossible pour cette époque-là ! Et, surveillant ces engins anachroniques, les soldats de l'Empereur Qin bel et bien vivants ! Et, derrière les consoles, l'Empereur sanguinaire lui-même, dont les yeux bridés reflétaient le symbole de Xana !
Coiffé de sa tiare impériale perlée et les cheveux longs réunis en un chignon retenu par des épingles d'or, vêtu d'une magnifique tenue de soie jaune soleil rebrodée de dragons d'or, l'Empereur pianotait sur le clavier de la console principale, sans savoir ce qu'il faisait, évidemment, possédé qu'il était par les ondes électromagnétiques générées par Xana qui le manipulait comme une simple marionnette !
Maïn et Anaïak s'étaient matérialisés sans un bruit dans la vaste salle, et, curieusement, aucun des soldats ne les vit... Il faut dire qu'ils s'étaient miraculeusement retrouvés derrière les tours énormes du supercalculateur installé là, dans un recoin d'ombre, et qu'ils étaient parfaitement invisibles... Mais Sa Majesté Qin, le Fils du Ciel, leva à ce moment-là les yeux de son clavier, et, scrutant l'ombre, avisa deux paires d'yeux luminescents qui le fixaient ! D'une voix numérisée, il s'écria probablement " Alerte ! ", car, évidemment, il parlait en chinois ancien, et les deux Néanderthaliens virtualisés ne le comprirent pas ; mais au mouvement de panique soudain qui saisit les troupes présentes dans la salle, la signification du cri impérial était très claire ! ! ! Les soldats se précipitèrent derrière les tours du supercalculateur, pour attraper les intrus, mais mal leur en prit ! ! ! La centaine qu'ils étaient fut pétrifiée par le regard de basilic que leur lança Anaïak, les transformant instantanément en statues réalistes du plus bel effet... C'est d'ailleurs à cause de cela que l'armée de l'Empereur fut reconstituée en statues innombrables pour orner son tombeau !
La centaine de soldats désormais éternellement immobiles remplit Qin possédé par Xana d'effroi !
"- Mais enfin, étrangers, démons, d'où sortez-vous donc ? Comment osez-vous vous en prendre à Qin Shi Huangdi, le Fils du Ciel qui règne sur l'Empire du Milieu ? s'enquit-il, de sa voix toujours numérisée.
-Tu ne fais que posséder l'empereur, Xana, et à nous, tu ne nous fais pas peur ! ! ! lança Maïn. D'ailleurs, Xana, j'ai quelque chose pour t'empêcher de nuire plus avant ! ! !".
Et Maïn de lancer sur Qin deux puissants jets d'eau jaillis de ses mains transparentes et liquides ! ! ! Évidemment, commotionné, Qin tomba inanimé sur le sol, tandis qu'un phénomène étrange se produisit... L'empereur, ses soldats pétrifiés disparurent, mais le Supercalculateur glissa dans le temps, emmenant avec lui ses ennemis ! ! !
On se demande encore comment est mort Qin. L'hypothèse généralement admise est qu'il fut victime d'une révolte de ses vassaux et, notamment, de ses soldats... Il mourut le 11 septembre 210 avant notre ère.
Sur Lyokô, ou plutôt, sur le Réplika que Jérémie baptisa Lyokô bis, les huit compagnons de lutte avaient fort à faire ! Quatre tours activées et un tas de monstres qui les défendaient ! Quelle tour était la bonne ?
Jérémie avait découvert avec étonnement que leurs alliés préhistoriques n'avaient pas plus de points de vie que ses amis, et qu'ils les perdaient tout aussi facilement qu'eux !
Aussi était-il très inquiet quant à l'efficacité de ces étranges troupes ! Mais comme au jeu de go ou aux échecs, il ne faut pas sous-estimer ses adversaires... Et Xana, sachant d'où sortaient ces Lyokoguerriers old school, ayant aussi réuni pas mal de données sur l'anthropologie préhistorique, commit l'erreur fatale !
Il ne faut JAMAIS sous-estimer quelqu'un, a fortiori si on ne le connaît pas ! La leçon allait être très rude pour le programme mégalomane et paranoïaque !
Bref, du côté de Délian-Ka et Yumi, ça dépotait grave, si je puis me permettre !
Les deux filles étaient en butte à dix Krabes, une vingtaine de Kankrelats, cinq Mégatanks, trente Frolions, dix Blocks et quarante Tarentules ! Avec leurs simples armes, elles ne pouvaient pas en venir à bout ! Ces monstres étaient vraiment trop nombreux ! Alors, Délian-Ka, dite Kanou, eut une idée géniale :
"- Même avec nos talents de superhéroïnes, nous ne pourrons rien faire... Mais avec la télékinésie, par contre ! ! !
- Dois-je vous rappeler que l'usage de la télékinésie coûte cinquante points de vie à Yumi ? intervint Jérémie.
- Oui, mais ça n'en coûte que dix à Délian-Ka qui a un psychisme d'une puissance étonnante ! dit Franz. Si elle unit son don avec celui de Yumi, ça pourra marcher !
- Alors, risquons-le, parce que là, nous allons finir grillées, et les chiches-kebabs, j'aime bien ça, mais pas quand c'est moi qui sert de viande ! ! ! dit Yumi.
- Oui, je n'ai rien contre les brochettes Yakitori non plus, mais pas quand j'en suis l'élément principal ! renchérit Kanou, espiègle. Donne-moi tes mains, Yumi, tu vas voir ce que tu vas voir ! ! ! Xana, quand on me cherche des poux, on me trouve ! ! !".
Les deux filles unirent donc leurs mains et leurs esprits en une invincible étreinte... Les Mégatanks se retrouvèrent d'un coup en l'air, et, comme ils étaient en train de calculer pour tirer leur mur de feu, ils se retrouvèrent à cramer la plupart des Tarentules avant de tomber dans la Mer Numérique ! ! !
Mais la valse aérienne et destructrice des monstres n'était pas terminée !
Les Blocks décollèrent gracieusement à leur tour, et tournant follement sur leur axe, décimaient allègrement, les brûlant ou les gelant, les Frolions qui ne leur demandaient rien ! ! ! Quelques misérables rescapés, cinq Tarentules et trois Frolions s'enfuirent se mettre à l'abri face à cette incompréhensible action qui perturbait gravement leur programmation !
Quand les Blocks firent à leur tour le plongeon, ce fut aux Kankrelats de tenter leur chance... Là aussi, ils décollèrent et se fracassèrent violemment contre les rochers du Territoire Montagne où se trouvaient les deux guerrières ! Il restait tout de même suffisamment de monstres pour au moins les tuer cent fois chacune !
Mais, murées dans un autre monde par leur concentration, et comme invulnérables, inexorablement, avec leur mental, elles décimaient froidement les monstres de Xana qui finit, pour éviter un massacre total, par désactiver sa tour et rapatrier ses monstres sur un autre Territoire de Lyokô !
Les monstres survivants, à savoir cinq Tarentules, trois Frolions, dix Kankrelats et quatre Krabes, eurent donc le bon goût de disparaître, laissant nos deux guerrières devant une tour désactivée et un territoire à présent d'un calme plat ! Délian-Ka en profita pour admirer le paysage :
"- C'est très joli, comme endroit ! Franz Hopper devait aimer la culture de ton pays, Yumi ! On croirait ces montagnes sorties de quelque estampe japonaise ancienne !
- C'est vrai ! Je n'y avais pas vraiment pris garde, mais tu as raison ! sourit la Japonaise, étonnée. Mais... Comment sais-tu tant de choses, tout comme tes amis, sur notre monde ?
- Dans les bases intertemporelles, ils ont des méthodes pas ordinaires pour apprendre aux plus récalcitrants ! Tout ce que nous ne savions pas au départ, nous l'avons appris grâce à un enseignement dans le sommeil, et un sacré enseignement, très complet... Ça arrangerait sûrement Odd ! ! ! rit Délian-Ka.
- Non, ça arrangerait sûrement Sissi, la fille du proviseur de notre bahut ! rit Yumi. Quoique. Elle n'a même pas un neurone, alors pour y imprimer des trucs...
- Eh bien, je n'aimerais pas rencontrer cette chipie ! On a vu, via les réseaux intertemporels ce qu'elle pouvait être insupportable, et je vous plains, tes amis et toi, de devoir endurer ça ! compatit Kanou. Bon. Les opérateurs, ça vous gênerait de nous dire ce que nous pourrions faire, là ? s'enquit la blonde Néanderthalienne, son ravissant nez en trompette en l'air, apostrophant visiblement Jérémie et Franz.
- Je vous envoie dans le Cinquième Territoire ! On ne sait jamais ! répondit Franz.
- Et les autres ? Ils s'en sortent ? demanda Yumi.
- Les translatés, Maïn et Anaïak, ont disparu dans le Temps, avec le supercalculateur ! ! ! dit Jérémie, à son tour.
- Mais... Mais comment on va faire pour les ramener ? fit Kanou, horrifiée quant au sort de son petit ami blond.
- La solution passe par Aelita... Mais encore faut-il que nous trouvions quelle est la tour réellement activée ! dit Franz.
- À moins que nous ne détruisions le cœur de ce Lyokô bis ! dit Yumi, froidement.
- Certes, mais c'est dangereux ! Rien ne dit que ces pauvres petits translatés pourront revenir dans le Skid ni que vos autres copains pourront se dévirtualiser à temps ! ! ! objecta le génial père d'Aelita.
- Flûte ! Et qu'allons-nous donc faire dans le Cinquième Territoire, alors ? demanda Délian-Ka, perplexe.
- Empêcher Xana de détruire le cœur de ce Lyokô bis, tout simplement ! dit Jérémie. Je vous enverrai vos copains le plus vite possible si jamais vous ne vous en sortiez pas, mais vous êtes les premières à avoir réussi votre mission haut la main ! Au fait, Yumi, tu n'as quasiment pas perdu de points de vie ! Avec vos dons unis, Délian-Ka et toi, vos points de vie se sont renforcés, et vous n'en avez perdu aucun ! Et comment vous sentez-vous, s'enquit le jeune homme.
- Eh bien, je n'ai même pas de migraine, pour une fois ! sourit Yumi. Si je dois ça à Délian-Ka, je lui promets un repas japonais délicieux en remerciement ! ! !
- Tu parles d'or ! Les Japonais de la base intertemporelle nous ont habitués à manger des choses franchement délicieuses ! Merci d'avance ! rit la joviale Néanderthalienne aux cheveux couleur de lune.
- Pas de quoi ! Mais pouvoir envoyer dans les décors ces monstres hideux sans en payer le prix, c'est trop bien ! ! !".
Sur ces paroles enthousiastes, Franz téléporta directement les deux jeunes filles dans le Cinquième Territoire. Elles se retrouvèrent dans l'Arena, puis partirent explorer l'intérieur de cette sphère virtuelle qui était Lyokô plus encore que les autres Territoires.
15
Pendant ce temps, Aelita et Niya arrivèrent, dans le Territoire Désert, à proximité de la tour activée.
Là aussi, il y avait du peuple ! Dix Mégatanks, vingt Blocks, trente Tarentules, quarante Krabes, cinquante Kankrelats et une centaine de Frolions, rien que ça ! ! ! Nos deux amis s'entreregardèrent, horrifiés :
"- Eh bien, Aelita, je crois que je vais en encoller quelques-uns ! J'espère que la Méduse ou les Mantas ne viendront pas participer à la fête en prime, parce que là, ça serait un peu de l'abus, tout de même ! ! ! Ce maudit Xana, mais où a-t-il donc puisé sa puissance ? s'interrogeait Niya, en grattouillant son menton absent et duveteux. Pour le moment, comme le comité de réception est assez conséquent, laisse-moi faire un peu de place ! ! ! Reste à l'abri, toi seule peut nous sauver tous !".
Et le très brun et pas très beau Néanderthalien de prendre son envol, effectivement comme une mouche, au-dessus des Frolions et de toute la désobligeante engeance Xanatique et fanatique...
Avant que les Frolions aient pu réagir, une sorte de miel brûlant enveloppa tout leur essaim, et ils tombèrent lourdement au sol, englués dans cette matière qui devint carrément comme de l'ambre ! Cela faisait une bien étrange inclusion, cette centaine de Frolions ainsi conservés dans cette matière transparente et mordorée ! Très réussi, au demeurant !
Mais Niya n'en avait pas fini avec les horreurs de Xana ! Il s'en prit ensuite aux Kankrelats... Eux, il les explosa à coups de dards empoisonnés qui sortaient de ses poignets, un peu comme les flèches laser d'Odd. Le jeune homme, chasseur redoutable à la base, n'avait rien perdu de ses réflexes de prédateur, et il faisait mouche à chaque coup, et même mouche à viande, comme auraient pu le dire Odd ou Anaïak ! ! !
Comme les désagréables insectes, il harcelait sans cesse les monstres de Xana, et ceux-ci avaient bien peine à réagir et à s'adapter face à ce péril encore inconnu de leur programme-maître !
De sa planque, dans un creux de rocher, Aelita lançait des champs de force sur les monstres qui avaient le malheur de trop s'approcher... Elle aussi mit à mal six Blocks, et trois Mégatanks, tandis que les Tarentules tentaient bien vainement de canarder Niya de leur DCA lumineuse et brûlante !
Les Krabes, quant à eux, tentaient d'atteindre aussi leur tourmenteur volant, mais leur angle d'inclinaison n'était pas suffisant pour cela ! Niya, par contre, ne loupait nullement la cible qu'ils avaient sur le dos, et il eut tôt fait de les éclater joyeusement ! Tout en survolant le champ de bataille, le jeune homme hurlait des imprécations dans son rugueux patois natal, et insultait les monstres !
"- Maudites œuvres de Taïa-Araakh elle-même ! ! ! Vomissures des Mauvais Esprits ! Les mammouths, les ours, les rhinocéros et les lions n'ont jamais fait peur à Niya Aïak Bokhr akhr Soïren Marrakhéïn akhr Maïa, et ce ne sont pas des trucs même pas réels qui vont me faire frémir ! ! ! Venez par ici, que je vous atomise, espèces de saloperies ! Ah, tu veux mettre le bazar dans tout l'Univers et le Continuum, Xana ? Eh bien, t'es mal barré, avec nous autres ! On a tenté une fois de nous faire disparaître, mais on ne nous refera jamais plus le coup, non mais des fois ! ! ! Se faire vaincre par des hommes armés de machins qui désintégraient et brûlaient et qui volaient dans les airs, c'était pas bien joli, mais se faire vaincre par un truc résidant dans une machine, eh bien non, non, et non ! ! !".
Tout en débitant ses propos vindicatifs, le Néanderthalien, tels les pilotes les plus expérimentés, exécutait au-dessus des bestioles numériques tout un tas de figures plus périlleuses les unes que les autres ! Piqués, feuilles mortes, vols sur le dos, sauts périlleux, tirs sous les angles les plus tordus, ce à une vitesse vertigineuse, ne lui faisaient pas peur, loin de là ! Au contraire, il semblait se régaler à démonter du monstre !
"- Niya, mais enfin, sois plus prudent, tu es encore plus cinglé qu'Odd, ma parole ! lui lança Aelita, assez effarée, il faut dire.
- Bah ! Dans mon époque natale, je me suis colleté avec des bestioles autrement dangereuses que ces machins-là ! La corrida avec les aurochs ou les bisons, la valse avec les rhinos, c'était sympa aussi, et en plus, là, je n'avais pas des ailes ni ces armes performantes, et je m'en suis sorti ! N'aie pas peur, je vais t'aider à te la dégager, ta tour ! ! ! lui répondit, d'un ton joyeux, le brun et archaïque hurluberlu !
- Oui, mais enfin, tout de même ! Tu risques gros, là ! dit à son tour Jérémie.
- Tu sais, les militaires qui ont dévoyé les programmes des explorateurs du temps ont tenté de faire non seulement de nous leurs esclaves, mais aussi des soldats d'élite et des commandos ! Alors, l'entraînement, ça va ! N'ayez pas peur pour moi, les amis, je me régale ! ! !".
Et Niya de continuer de harceler les troupes de Xana qui, n'arrivant décidément pas à vaincre ce fléau, semblaient désemparées ! Profitant de leur panique, Aelita emmura plusieurs Tarentules qui ne comprirent pas ce qui leur était tombé dessus ! Elles étaient prises dans un bloc de rocher aussi bien que les Frolions dans l'ambre de Niya, quand elles n'étaient pas ensevelies dans des sables mouvants ! Sables mouvants qui s'ouvrirent soudain sous les pattes des Krabes restants aussi ! Les trois-quarts des Tarentules et des Krabes furent ainsi mis hors combat !
Les Mégatanks, eux, tentaient d'organiser une sorte de résistance... Se disposant autour de la tour, les sept boules métalliques et mortelles lancèrent leur mur semi-circulaire de laser... Mais une fois encore, Niya, de son point de vue élevé, décida de faire très fort... Il s'envola carrément jusqu'au sommet de la tour activée, et, de là, visa soigneusement à chaque fois les cibles des monstres métalliques ! Bien sûr, les murs de laser ébranlaient la tour de façon sévère, mais, curieusement, elle tint bon, malgré les impacts des sept engins !
Niya, de son poste élevé, réussit à les décimer calmement, un par un ! La tour était fissurée, et commençait à pencher dangereusement quand il en eut terminé, mais les plus gros dangers étaient à présent éliminés !
Ne restaient plus en lice que six Krabes, sept Tarentules, et les vingt Blocks... Là, Aelita s'en donna à cœur joie à son tour, désintégrant ceux passant à sa portée. Son creux de rocher était inexpugnable, et elle ne vit pas venir vers elle la Méduse qui s'approchait dans son dos ! Mais Niya la vit, lui, et il l'englua dans son espèce de matière poisseuse, évitant de justesse Aelita qui n'eut d'autre recours que de bondir hors de son refuge ! ! ! Deux Blocks, trois Tarentules et quatre Krabes tentèrent de la prendre sous leurs feux, mais la jeune fille s'envola, rejoignant dans les airs Niya qui continuait à s'amuser comme un petit fou !
Les Blocks furent à leur tour ensevelis dans les sables mouvants créés par Aelita ou sous la matière transparente de Niya, quant aux Tarentules et Krabes restants, ils s'enfuirent sans demander leur reste, tandis que la tour se désactivait toute seule là aussi !
"- Waw ! Là, nous avons fait très fort, mine de rien ! Bravo, Aelita ! Tes sables mouvants et tes rochers, c'était sensationnel ! Ça nous a débarrassés d'un bon nombre de ces cochonneries ! déclara Niya, ravi. Ben ! Regarde-moi ça ! Ils ne veulent plus jouer avec nous ? Mauvais perdants ! ! ! Lâches ! Bon. Et maintenant, que faisons-nous ? demanda le brunet, se reposant doucement sur le sol, tout comme Aelita.
- Vous avez le choix. Soit vous allez dans le Cœur de Lyokô avec Délian-Ka et Yumi, soit vous rejoignez l'une des deux autres équipes... Pour le moment, tout le monde s'en sort haut la main ! Ça alors ! Tes amis et toi, Niya, vous êtes terribles ! dit Jérémie, enthousiaste.
- Merci ! rit le brun jeune homme.
- Il a raison ! Et dire que lors de votre précédente rencontre avec Aelita et ses amis, je pensais que vous étiez réellement aussi bêtes que ce qu'on pouvait imaginer dans les pires poncifs ! Matthieu, le directeur de Gamma, m'a même gentiment chapitré là-dessus, m'expliquant quels valeureux êtres vous étiez, et je ne peux que reconnaître qu'il avait raison ! Et en plus, au départ, j'ai eu des doutes affreux quant à vos compétences, quand j'ai vu plusieurs d'entre-vous s'occuper du supercalculateur de la base ! Je suis désolé ! Les préjugés ont la vie dure, et je dois reconnaître que j'ai très honte, là ! dit Franz, un peu confus. C'set à cause de ces préjugés que j'ai hésité à vous faire confiance, et j'avais tort ! Vous êtes formidables, tes amis et toi, Niya, et je crois bien que Xana n'aura qu'à bien se tenir, face à des adversaires tels que vous ! acheva le génie, avec emphase.
- Euh, Franz, c'est très gentil, mais... Nous n'en demandions pas tant ! déclara Niya, ému.
- Oui, mais vous êtes des gens bien, tes amis et toi, et je suis finalement ravi de vous avoir rencontrés ! dit gentiment Franz.
- Bon ! Mais tu vas me faire bramer, ma parole ! N'en jette plus ! protesta le brun Néanderthalien, pour cacher sa confusion ! Aelita, amusée, nota qu'en effet il était tout rougissant ! Ça alors ! Un spécimen pareil finalement timide, très gentil et modeste ! Elle n'en revenait pas !
- Ben, c'est à dire que... La plupart des modernes pensent tellement de choses désagréables sur nous, que ça me fait tout drôle de recevoir un compliment, et que ça me bouleverse, même ! C'est malin, tiens ! ! ! s'expliqua le jeune homme, encore plus écarlate.
- Mais... Comment diantre as-tu su ce que je pensais ? demanda Aelita, surprise.
- Euh... La télépathie de Wang-Ka n'avait rien d'exceptionnel (voir ma première nouvelle), nous sommes tous télépathes, même le plus abruti que tu pourrais imaginer ! expliqua Niya, d'une voix minuscule contrastant avec sa puissante stature trapue.
- C'est à se demander pourquoi vous aviez comme nous le langage articulé ! sourit la jeune fille aux beaux cheveux roses.
- Ah ! Mais c'est que c'est plus facile de parler, et comme les êtres humains sont des fainéants, on a choisi la solution la plus facile ! rit le brunet.
- Ha, ha, ha ! Je doute fort que Monsieur Coppens trouverait ça acceptable comme thèse sur l'origine du langage ! rit Franz. Ce Niya ! Quel numéro ! Aussi rigolo qu'Odd, que j'aime bien aussi, comme spécimen farfelu ! Si j'étais plus jeune, je crois même que j'adopterais sa coiffure ! ! ! acheva-t-il, hilare.
- Bon, ce n'est pas tout, mais que préfères-tu faire, Aelita ? demanda Niya, redevenu sérieux, mais souriant toujours.
- On va aider les autres ! Moi, j'irai voir ce que deviennent Odd et Wang-Ka, et toi, tu iras avec Ulrich et Kaïra ! C'est ta copine, non ? demanda Aelita, souriante.
- Euh, oui ! Et tu as raison, j'ai l'impression qu'Ulrich et elle ont besoin d'un coup de main ! ! ! À plus tard, Aelita !
- À plus tard !".
Franz matérialisa directement Niya sur le Territoire de la Banquise où se trouvaient Ulrich et Kaïra encore aux prises avec quinze Tarentules et trente Frolions, ainsi que cinq Blocks et trois Kankrelats ! Cependant, Jérémie matérialisa sa rose damoiselle dans le Territoire de la Forêt.












16
Kaïra, la pauvre, était prise dans la glace qu'avait envoyée sur elle un des Blocks, et elle était totalement inopérante !
Niya bondit à la rescousse de sa douce mie, explosant au passage plusieurs Frolions, un des Kankrelats et un Block ! Fou de colère, il se posta près de sa compagne, prêt à réduire ce qui s'en approcherait de trop près en charpie ! Il en grondait même comme un fauve, prêt à bondir !
"- Mais calme-toi, voyons ! Ça n'est que l'affaire de quelques minutes, tout au plus ! rit Kaïra, posant sa seule main de libre sur l'épaule puissante de son compagnon.
- Mouais, ben il suffirait d'un rien pour que tu te fasses dévirtualiser, et je n'aimerais pas que ça t'arrive ! ronchonna Niya.
- Mais enfin, une dévirtualisation, ce n'est pas la mort, voyons ! rit-elle, tendrement amusée.
- Oui, mais je n'aime pas qu'il t'arrive quoi que ce soit de désagréable ! Et ce n'est pas agréable, une dévirtualisation ! dit Niya, boudeur.
- Allez, va plutôt aider Ulrich, au lieu de faire le planton ! Il est en train de se faire chauffer les fesses, là ! ! !".
Chassé par sa douce, Niya alla donc porter secours au jeune Lyokoguerrier.
De fait, Ulrich bondissait de toutes les façons possibles et imaginables pour tenter d'échapper aux tirs des Blocks et Tarentules qui le canardaient allègrement ! Et au milieu de ce feu d'artifice, le samouraï futuriste se déchaînait, embrochant Tarentule ou Block passant à sa portée, malgré le risque de se faire dévirtualiser !
Niya s'envola alors et canarda les plus dangereux des monstres de sa situation élevée ! Là aussi, les Frolions furent englués par le Néanderthalien, et la masse gluante et molle tomba ensuite sur deux Blocks !
Ne restaient en lice que trois Blocks, dix Tarentules et deux Kankrelats... Des hauteurs, Niya surgit, tel un démon vengeur, à la rescousse d'Ulrich, qui, en dépit de ses triplicatas, triangulaires et autre supersprints arrivait tout juste à s'en tirer, à cause du nombre de ses adversaires qui, en plus, avaient visiblement été dopés par Xana ! Ces saletés de Tarentules en effet tiraient sans discontinuer, et émettaient de vrais murs de rafales laser entre lesquelles passer pour toucher la cible sur leur tête et les éliminer était une vraie folie ! Ulrich parvenait parfois à bondir par-dessus les monstres, mais ils se retournaient promptement et reprenaient leur mitraillage, sans discontinuer ni même perdre l'équilibre, les affreux ! Niya englua donc les Tarentules les plus éloignées d'Ulrich, cinq enragées qui se retrouvèrent donc figées pour le compte dans l'ambre, malheureusement, les rayons de l'une d'elles avait atteint la pauvre Kaïra qui fut dévirtualisée ! ! ! Niya émit un feulement de tigre a dents de sabre atteint de carie, et plongea en piqué, décochant ses flèches empoisonnées sur les adversaires les plus proches d'Ulrich... En quelques secondes, elles furent toutes exterminées, trois pour Ulrich, deux pour Niya, et le jeune préhistorique se posa enfin sur le sol, essoufflé mais en même temps hors de lui :
" - Mais enfin ! Elles sont bien coriaces ! Elles ont réussi à dégommer la pauvre Kaïra, ces abominations !
- T'inquiète pas, elle doit être dans un scanner de ta base intertemporelle, saine et sauve !
- Non ! Elle n'y est pas ! Intervint la voix de Franz.
- Par contre, elle est ici ! dit jérémie, étonné ! Je vais la chercher, voir dans quel état elle est, en espérant que l'air du vingt-et-unième siècle et sa pollution ne lui seront pas fatals !
- Mais enfin ! Une Néanderthalienne, très mignonne et charmante au demeurant, n'a absolument pas sa place à mon époque, la pauvre ! C'est comme si Yumi atterrissait dans ta tribu, Niya ! fit Ulrich, horrifié. Sans compter que si on la repérait, Dieu sait ce qu'il lui arriverait, à ta mignonne Kaïra !
-Eh ! Tu as une Japonaise à t'occuper, non ? fit Niya, suspicieux.
- Euh, désolé, j'ai quand même le droit de dore qu'elle est mignonne, non ? fit Ulrich, pas tranquille.
- Soit ! C'est vrai qu'elle est jolie, intelligente, aimable, parfaite, quoi ! Sûrement comme ta Yumi, qui est très belle, pour toi ! consentit le préhistorique.
- Tu as raison ! Mais enfin, entre tes deux amis qui sont Dieu sait où et quand, et Kaïra qui est à mon époque, il semble fort que Xana ait changé d'ennemi et qu'il en ait conclu que vous étiez finalement plus dangereux que nous ! dit Ulrich, se grattant ses cheveux hérissés.
- J'ai bien l'impression que tu as mis le doigt dessus ! Et en plus, cette tour est toujours activée ! dit Niya, avisant le halo rouge qui auréolait toujours le bâtiment immaculé et étincelant dans la claire nuit du Territoire de la Banquise.
Les deux nouveaux amis restèrent là, à attendre que les autres les rejoignent, inquiets pour les translatés disparus et Kaïra matérialisée dans le futur... Les trois Blocks et les deux Kankrelats, eux, avaient fui !
17
Dans le Territoire de la Forêt, Wang-Ka et Odd, par contre, s'étaient longuement promenés avant d'arriver à proximité de la tour activée... Là aussi, le comité d'accueil était particulièrement sympathique... Quinze Mégatanks, deux cents Frolions, cent Kankrelats, quatre-vingts Tarentules, cinquante Krabes et trente Blocks encerclaient la tour activée comme une armée bien disciplinée ! Mais le pire était à venir ! Une escadrille de Mantas parut au-dessus de la tour, composée d'une bonne douzaine de bestioles, volant gracieusement dans la lumière du crépuscule éternel de cette forêt infinie.
Wang-Ka ne les laissa pas réfléchir plus avant, et, sans qu'Odd comprît ce qui arrivait, une véritable tornade de feu s'abattit sur les monstres aériens, cramant, sans coup férir, Mantas et Frolions en une apothéose explosive ! Un feu d'artifice digne du 14 juillet ! Odd, stupéfait, se retourna vers l'endroit où se trouvait Wang-Ka quelques seconde plus tôt, et fut bien stupéfait lorsqu'il réalisa que le tourbillon de flammes qui avait détruit les monstres volants et s'en prenait à présent aux Mégatanks, n'était autre que la féline préhistorique de flammes ! ! !
Tout d'un coup, les monstres restants disparurent, et la tour se désactiva, comme Aelita les rejoignait !
Wang-Ka arrêta sa tempête de flammes qui avait, au passage, mis à mal plusieurs arbres virtuels du Territoire Forêt aussi, les transformants en affreux squelettes carbonisés et fumants, et elle regarda autour d'elle sidérée :
"- Eh mais ! Où sont-ils passés ? Ils ne veulent plus jouer avec nous ? C'est pas gentil, ça ! ! ! Nous leur faisons peur, ou quoi ? s'enquit-elle, n'osant le croire.
- Euh... dit Aelita, hésitante... Je crois que vous n'avez visiblement pas besoin de mon aide !
- Eh bien non ! Ton copain, le tigron violet n'a même pas eu le temps de comprendre ce qui arrivait, au juste ! Et moi non plus ! Je m'en suis juste prise aux machins hideux qui volaient, leur cramant un peu les ailes au passage que, frrrrt ! ! ! Tout le monde était rappelé par Xana et la tour s'est désactivée toute seule comme une grande ! ! ! expliqua Wang-Ka, désappointée.
- Mais enfin, ce n'est pas un jeu ! dit Aelita, assez horrifiée par le côté casse-cou des ancêtres !
- Je le sais bien, que ce n'est pas un jeu, mais casser du monstre, quelle éclate ! ! ! expliqua la rouquine cavernicole, exhibant de redoutables crocs éclatants dans un éblouissant sourire ! Au fait, ravie de te revoir, Aelita !
- Moi aussi, et en bon état, qui plus est ! dit la jolie jeune fille rose.
- Bon, c'est pas tout, mais qu'est-ce qu'on fait, là ? s'enquit Odd, qui n'avait pas encore réalisé.
- Ben, si on rejoignait ceux qui ont réellement besoin d'un coup de main ? Ça vous dit ? s'enquit Aelita.
- Je te suivrai au bout du monde, princesse ! lança Odd, malicieux, avec son sourire craquant.
- Moi, je ne lâcherai pas ce tigron violet, il est trop rigolo ! rit Wang-Ka, posant sa redoutable main griffue, velue et musculeuse sur la frêle épaule du maigrichon de service qui grimaça un peu sous la redoutable mais néanmoins affectueuse étreinte.
- C'est vrai que ça manquait un peu de fantaisie dans notre bande, mais avec cette espèce de lionne enragée rouge, ça va rehausser le niveau ! rit Odd, désignant de son menton la préhistorique qui riait bien.
- Jérémie, Papa ! Où allons-nous ? demanda Aelita.
- Sur le Territoire Banquise ! Tous les monstres restants se sont matérialisés là-bas, et Ulrich et Niya ont vraiment besoin de vous, cette fois-ci ! dit Franz. Inutile de chercher la Tour du Passage, qui est loin, de toute façon, je vous y envoie directement ! ! !".
18
Ils se retrouvèrent donc aux côtés de Niya et d'Ulrich, qui avaient fort à faire, car Xana avait téléporté tous ses monstres survivants à proximité de la tour activée, et, pour faire bonne mesure, en avait en prime ajouté d'autres ! ! !
Résultat : cent Mégatanks, cent Blocks, trois cents Kankrelats, une centaine de Krabes, une centaine de Tarentules, une très jolie centaine de Mantas aile à aile (oui, en l'air on est rarement au coude à coude ! ! !) avec deux cents Frolions encore plus hideux et gros que les modèles habituels, et, en prime, horreur, malheur, une centaine de Rampants, aussi, pour une fois sortis de leur Cinquième Territoire ! ! ! Et en contrebas, dans la Mer Numérique, Mégakalmars, Kalmars, Rekins et Kongres émergeaient de temps en temps des flots virtuels pour canarder la troupe des Lyokoguerriers aussi ! ! !
Là, Ulrich, Niya, Odd et Wang-Ka entourèrent Aelita d'un cercle protecteur, et, se tenant les mains, unirent leurs esprits... Magnifiée par leurs cerveaux, la force créatrice d'Aelita créa une bulle virtuelle qui était un écran de force remarquable... Leurs pouvoirs pouvaient s'exercer en-dehors de la bulle, mettant à mal ces idiots de monstres toujours plus enragés, mais ils ne pouvaient atteindre les Lyokoguerriers, tous unis en une concentration et un chœur étonnant ! Cependant, les monstres finirent par unir toutes leurs forces et par faire sauter l'écran défensif ! Alors, les cinq Lyokoguerriers donnèrent toute la mesure de leurs capacités incroyables ! Odd mitraillait tout ce qui passait avec ses flèches laser, creusant les rangs adverses comme la Mort elle-même, Niya s'en prit aux créatures volantes avec une joie sans mélange, volant au-dessus d'elles, et les engluant dans son miel d'ambre qui englobait du coup ce qui se trouvait au sol aussi, Ulrich y allait joyeusement des sabres de son côté, quant à Wang-Ka, déchaînée, elle cramait tout ce qu'elle pouvait, se concentrant sur la Mer Numérique qu'elle fit bouillir, cuisant pour le compte, en une drôle de bouillabaisse, les monstres qui y nageaient !
En quelques instants, tous perdirent la moitié de leurs points de vie, car nombre de monstres les touchaient en d'éblouissantes rafales, mais ils reculaient vers la tour, protégeant toujours Aelita ! Finalement, Franz matérialisa Yumi et Délian-Ka hors du Cinquième Territoire pour prêter main-forte à leurs amis qui étaient en mauvaise posture, et les deux télékinésistes firent là aussi un beau ravage ! Les Mégatanks burent une tasse bouillante, poussés par une force irrésistible hors du plateau de glace dans la mer qui bouillait encore, emportant les derniers points de vie de Wang-Ka, que cet effort mental soutenu épuisait tout de même rapidement, les Blocks suivirent le même chemin, les Kankrelats finirent, eux, explosés contre les icebergs, quant aux Tarentules et aux Rampants, ils étaient les plus coriaces ! Mantas et Frolions avaient en totalité chèrement payé le droit de voler dans les airs, à cause de Niya qui les avait conglomérés en une espèce d'énorme bloc d'ambre qui avait écrasé une bonne partie des Rampants et Tarentules en dessous ! Niya se reposa enfin, la moitié de ses points de vie dévorés par l'effort qu'il avait fourni, ce qui ne l'empêcha pas d'envoyer ses dards empoisonnés à toutes les cochonneries qui s'approchaient de trop près, tout comme Odd qui découvrait avec stupeur qu'il bénéficiait de mille flèches laser par gant !
Ils avaient presque atteint la tour, ayant perdu quasiment leurs points de vie, sauf Aelita qui en avait encore cinquante, quand le Kolosse parut dans un séisme fracassant ! ! !
Le même cri horrifié s'échappa des sept compagnons :
"- Non ! ! ! "
Niya perdit ses derniers points de vie à monter à l'assaut de la colossale immondice, qui, d'un revers de son bras-épée dévirtualisa la microscopique mouche à viande qui lui tournait autour ! Ils n'étaient plus que six... Aelita tenta alors le tout pour le tout... Elle creusa un tunnel dans la banquise et, hors d'atteinte des monstres qui dévirtualisaient ses compagnons, pénétra enfin dans la tour, par un chemin pas vraiment ordinaire ! ! !
Elle monta le long de la tour, dans un silence quasi religieux, et parvint, planant, à la plate-forme de l'interface.
" AELITA
CODE
LYOKO ".
Les données se recompilèrent, et le Retour dans le Passé se lança !
19
À l'usine, c'était la panique ! Pendant le combat, au fur et à mesure des dévirtualisations, tous les Lyokoguerriers, tant les préhistoriques que les modernes, s'étaient rematérialisés dans la salle des scanners ! Et le Retour dans le Passé n'affecta que le secteur géographique où s'était situé le Supercalculateur chinois, mais pas la France qui continuait à souffrir de son invasion de dinosaures en folie !
Malgré la désactivation de la tour, qui avait stoppé l'invasion, les monstres étaient toujours là !
Et ils encerclaient l'Usine !
Il fallait à tout prix détruire le Supercalculateur chinois qui était parti dans le temps, dans le secondaire, emportant dans son vortex temporel Maïn et Anaïak !
Kaïra retrouva avec émotion ses contemporains, Niya, Délian-Ka et Wang-Ka. Les élèves de Kadic se congratulaient et s'embrassaient, bouleversés, sachant que ça n'était pas fini. Puis ils se tournèrent vers les préhistoriques déconfits, les pauvres préhistoriques qui n'avaient rien osé dire et s'entreregardaient, toute la misère du monde répandue sur leurs traits camus.
"- Bon sang ! Xana vous en veut un max, pour vous coincer ici et maintenant ! Comment va-t-on vous renvoyer à votre époque et dans votre base intertemporelle ? s'enquit Ulrich, attristé de voir l'état de ses nouveaux très anciens amis.
- Oh, ça n'est pas le pire... Le pire, c'est où et quand sont passés Maïn et Anaïak, et, pire que tout, vont-ils réussir à détruire ce supercalculateur qui voyage dans le temps rien que par la force de sa puissance quantique et nucléaire ? Et s'ils y arrivent, comment reviendront-ils, eux aussi ? fit Wang-Ka, au bord des larmes.
- Mon père aura sûrement la solution ! Ne t'en fais pas ! dit gentiment Aelita, posant une fine main rassurante sur l'épaule puissante et délicatement veloutée de roux de la Néanderthalienne.
- Oui, mais en attendant, je nous vois mal en train de jouer les nouveaux élèves dans votre lycée ! dit Wang-Ka, avec un pitoyable sourire.
- Et puis, en plus, on ferait peur à tout le monde ! dit tristement Niya.
- Bah, pour le moment, vous resterez ici ! On va vous ramener de quoi vous installer un peu plus confortablement, et aussi de quoi boire et manger ! dit gentiment Yumi.
- Oui, et comment allez-vous faire ? Ils vont finir par se rendre compte que quelque chose cloche, dans votre entourage ! objecta, sagement, Délian-Ka.
- Et puis, moi, je vous trouve pas si effrayants que ça ! Je vais trouver une solution pour que vos allures passent simplement pour de l'excentricité ! dit Odd.
- Oui, mais qui vous dit que nous supporterons l'air et la nourriture de votre époque, à long terme ? dit, pensivement, Kaïra.
- Ah, zut, ça on n'y avait pas pensé ! soupira Ulrich.
- Et puis, il y a ces dinosaures ! Comment éviter le pire ? s'enquit Niya.
- Eh ! Voilà l'idée ! Puisqu'il y a des dinosaures, il peut bien y avoir des hommes préhistoriques aussi, qui, eux, lutteront à nos côtés ! déclara, enthousiaste, avec un sourire éblouissant, Odd.
- Odd, on n'est pas dans un de tes films à la " Mad Movies "! dit Yumi. Nos amis risquent réellement leurs peaux, ici et maintenant, les pauvres !
- Et puis, comment expliquer, à Monsieur Delmas, qu'on a trouvé des alliés inattendus qui pourraient aider à notre protection ? objecta Ulrich.
- En racontant qu'on les a trouvés dans la vieille usine, alors qu'on aidait Jérémie à chercher des bouts de ferraille et des pièces détachées pour ses robots ! dit Yumi.
- Oui, mais Dieu sait ce que ce Monsieur Delmas va penser de nous et s'il nous fera confiance ! objecta Niya.
- On va lui dire que vous nous avez sauvés de l'attaque de plusieurs vélociraptors et que vous êtes devenus nos potes, embarqués dans une galère visiblement pire que la nôtre ! dit Ulrich.
- Oui, mais comment allons-nous sortir d'ici sans attirer l'attention ? demanda Wang-Ka, pensive.
- Comme il y a un joli comité d'accueil dehors, on va passer par les égouts... Il y a un accès aux égouts dans la salle cathédrale ! dit Jérémie, qui les écoutait depuis un moment.
- Quoi ? Et tu ne pouvais pas nous le dire plus tôt ? fit Odd, un peu vexé.
- Ben, c'est à dire que c'est dans la partie des égouts qui se trouve derrière la grille à proximité de l'échelle du regard du pont ! Et qu'on n'avait rien pour ouvrir la grille... Enfin, on n'avait rien jusqu'à aujourd'hui ! Mais Niya et ses copines pourront ouvrir la grille sans plus de souci que ça ... Ils vont écarter les barreaux comme qui rigole ! dit le jeune génie.
- Ouais, t'as qu'à croire ! fit Ulrich, sceptique.
- Les Néanderthaliens étaient des gens extrêmement forts physiquement... Certains préhistoriens pensent qu'ils étaient huit fois plus forts que les hommes actuels ! D'autres estiment cette force à deux fois, seulement, mais de toute façon, les barreaux n'y résisteront pas ! expliqua Jérémie, comme ils montaient vers la salle de l'ordinateur de contrôle, pour rejoindre le blondinet à lunettes.
- Eh bien, d'hommes des cavernes, nous voilà transformés en hommes des égouts ! Original, comme évolution ! ricana Délian-Ka !
- Bah, à savoir comment Monsieur Delmas va accueillir des recrues comme nous ! supputa Kaïra.
- À mon avis, Jim devrait bien vous aimer ! rit Yumi.
- Jim ? interrogea Wang-Ka.
- Le prof de gym ! Une espèce d'hercule sans rien dans la tête, un peu bourru et borné, a priori, mais un brave type, même s'il est vantard et raconte n'importe quoi ! expliqua Jérémie.
- Hé ! Nous sommes peut-être costauds, mais nous avons AUSSI de la cervelle, non mais ! protesta Wang-Ka, digne.
- Ouais, même si elle est rangée dans un crâne plat au petit front fuyant, elle fonctionne très bien, merci ! fit Délian-Ka, tout aussi pincée.
- Vraiment, prétendre que nous supporterions la compagnie d'un idiot, c'est vexant ! ajouta Kaïra, foudroyant les petits modernes d'un regard littéralement fluorescent, un vrai regard assassin de prédateur nocturne !
- Hé ! Du calme ! Houlà ! Susceptibles et sourcilleux, et pas qu'au physique ! dit Odd.
- Ben, la plupart des modernes nous prennent pour des idiots, alors, évidemment, on finit par devenir très sensibles sur ce point-là ! expliqua Niya, tout aussi fâché.
- Nous sommes désolés ! Jamais nous n'avons voulu dire que vous étiez aussi idiots que Jim, seulement, il admire les gens costauds, et avec vous, il va avoir de quoi ! expliqua Aelita.
- Heu... Excusez-nous ! Mais nous en avons tellement pris par la figure ! Et si vous connaissiez toutes les théories iniques qui ont eu cours sur nous, et les préjugés dont certains de vos savants nous accablent, vous ne seriez pas contents non plus ! Nous, nous les avons pris en pleine figure quand les gens du futur nous ont récupérés ! Ils nous pensaient tellement bêtes et primaires qu'ils nous avaient, au départ, carrément mis en cages ! Et ils nous traitaient comme du matériel de laboratoire ! Alors évidemment, on est un peu à cran, quand on met nos capacités en doute ! expliqua Wang-Ka, confuse.
- On le serait à moins ! En tout cas, nous, nous ferons tout pour que votre séjour ici soit le plus agréable possible, malgré les dinosaures et le spécimen d'elisabethus stupidens gojirensis qui hante le collège ! rit Jérémie.
- Le quoi ? fit Odd, hilare.
- l'elisabethus stupidens gojirensis, la Sissi géante de l'un de tes films ! riait le petit surdoué.
- Hahaha ! Excellent, mais la fréquentation de ce personnage échappé d'un manga à la mèche violette ne te vaut rien ! Voilà que tu sors des blagues à deux balles aussi nulles que les siennes ! déclara, hilare, Ulrich.
- Gojirensis ! Elle est si grosse que ça, que tu la compares à Gojira, ou plutôt, Godzilla ? riait Niya.
- En fait, elle est plutôt bien fichue, mais peste et stupide. Et un jour, je l'ai transformée en remake de la " Femme de 50 pieds ", ce qui évidemment est assez vexant, mais bon... expliqua Odd. Je l'ai filmée à la mesure de son orgueil !
- Et vous connaissez les films d'horreur, aussi ? fit Yumi, étonnée. Et même le nom original de Godzilla qui est effectivement Gojira ? Visiblement, vous avez appris vraiment des choses étonnantes, dans cette base intertemporelle ! acheva-t-elle, amusée.
- Oui, mais dans ton lycée, on va devoir jouer la comédie... Des Néanderthaliens parlant français et avec des encyclopédies de toutes sortes dans la tête, ça ne le fera pas vraiment ! dit Niya, amusé aussi.
- Bon, on y va ? J'ai faim, moi ! Et ce soir, c'est couscous boulettes ! dit Odd.
- On y va !".
Les huit comparses remontèrent jusqu'à la salle cathédrale et ouvrirent l'accès aux égouts qui s'y trouvait. Ils s'y glissèrent donc, descendirent de nombreux barreaux de fer, et ne tardèrent pas à se heurter à la fameuse grille. Niya l'observa un petit moment, puis s'empara de deux barreaux et les écarta en soufflant un peu, mais suffisamment pour que tout le monde puisse passer sans difficultés !
"- Wow ! T'es vachement costaud ! fit Ulrich, admiratif.
- Eh oui ! C'est là tout l'intérêt d'une anatomie néanderthalienne ! Une puissance bien plus grande que celle des athlètes modernes les plus dopés et entraînés ! dit Jérémie.
- Oui, mais pour le charme et la beauté, tu pourras repasser ! soupira Délian-Ka.
- C'est vrai que quand on voit Yumi et Aelita, on se sent très moche ! dit tristement Kaïra.
- C'est vrai que pour ce qui est de la beauté, ça n'est pas tout à fait ça... Enfin, à notre époque, tout le monde était comme nous, donc, nous nous trouvions beaux, entre nous, mais vous autres, vous avez tellement d'allure avec vos os fins et vos corps élancés, vos visages enfantins et doux, angéliques, même ! Nous, nous sommes si mastocs ! dit Niya.
- Vous êtes plus râblés que nous, c'est vrai, et vous avez des têtes un peu particulières, mais vous n'êtes pas laids. Seulement différents ! Vous avez des yeux superbes et des cheveux magnifiques ! Moi, je vous trouve très bien ! sourit Aelita.
- Allez, venez, nous sommes presque arrivés ! Nous allons sortir par la chaufferie, c'est l'accès le moins exposé !".
20
Guidés par Jérémie, ils entrèrent donc dans les sous-sols de Kadic.
Et comme l'accès était dans le bâtiment administratif, ils allèrent de ce pas chez Monsieur Delmas, pour leur raconter leur histoire bidon et leur incroyable rencontre.
La secrétaire du proviseur, voyant son bureau soudainement envahi par ces barbares chevelus poussa un grand cri ! Les pauvres Néanderthaliens auraient voulu se faire tout petits, surtout quand Monsieur Delmas sortit de son bureau pour demander à sa secrétaire si ça lui prenait souvent, de pousser de tels cris d'orfraie !
À peine fut-il sorti de son bureau qu'il se figea, éberlué :
"- Jérémie ! Qu'est-ce que c'est que ce carnaval ? Vous avez décidé, avec Odd, de tourner un film d'horreur dans le lycée-collège ? Vous croyez que nous ne vivons pas des temps suffisamment inquiétants, avec tous ces dinosaures qui se promènent par ici, pour penser à faire les clowns ?
- Monsieur Delmas, ils ne sont pas déguisés ! Ce sont nos amis, et de vrais préhistoriques de Néanderthal ! Ils se sont retrouvés ici et maintenant, au même titre que les dinosaures, mais ils sont nos amis ! Ils nous ont sauvé la vie, à mes amis et moi, alors que nous étions partis chercher des morceaux de machine et de ferraille pour mes robots ! Sur le coup, ils nous ont effrayés, à nous aussi, les pauvres, mais ils nous ont débarrassés de plusieurs vélociraptors féroces, il faut voir comme ! Ce serait bien qu'ils soient ici avec nous ! Ils protègeraient votre établissement et les élèves, parce que ce sont de sacrés chasseurs et athlètes ! Et puis... L'armée et la police sont tellement débordés, en ce moment, qu'un peu d'aide, même aussi étrange que celle-là est la bienvenue, non ?
- Mais enfin, Jérémie, est-ce que ces préhistoriques comprendraient ce que nous attendons d'eux ? Car j'imagine qu'ils ne parlent pas notre langue ! S'ils parlent, d'ailleurs !
- Ils parlent leur langue, mais ils parlent. Et, croyez-moi, ils sont très intelligents ! Et très courageux, aussi ! Monsieur Delmas, ils sont perdus, ici, et nous sommes les seuls en qui ils aient confiance ! Je vous en prie, aidez-les ! Je sais que vous ne serez pas déçu, je m'en porte garant ! dit Jérémie.
- Jérémie a raison, M'sieur ! dit Ulrich. Le gars, Niya, il se bat comme un lion ! Et les filles aussi ! Et ils sont très sympas ! Moi, je leur fais confiance, je leur dois la vie ! dit le brun jeune homme, souriant.
- Monsieur, sans Wang-Ka, je serais mort au moins dix fois ! dit Odd, prenant gentiment la main de la Néanderthalienne rousse.
- Et moi, je remercie Délian-Ka, elle m'a sauvée aussi ! sourit Yumi, à l'adresse de la très pâle Néanderthalienne frisée aux cheveux de lune.
- Moi, j'ai totale confiance en eux ! Ils sont extraordinaires ! Et ce sont devenus mes amis ! dit Aelita. Kaïra m'a défendue, et croyez-moi, c'était impressionnant de la voir faire !
- Bon... Mais je vais appeler Madame Hertz, car elle a des amis qui travaillent au Muséum d'Histoire Naturelle et au Musée de l'Homme... Ils seront sûrement très surpris et ravis aussi ! dit le proviseur.
- Non ! Ils seraient capables de les disséquer à vif ! Laissez les savants en dehors de ça ! Monsieur Delmas, ils sont à peine plus âgés que nous ! C'est tout juste des adultes ! Et ils sont perdus dans un monde totalement étranger et étrange, pour eux ! Nous, on les aidera, mais si vous les livrez aux savants, Dieu sait ce qu'ils vont en faire ! Il y a des dinosaures, dehors, qu'ils s'occupent des dinosaures s'ils veulent, mais qu'ils fichent la paix à nos amis ! Je vous en supplie, Monsieur Delmas ! implora Jérémie.
- Soit ! Mais où allons-nous les loger ? Pas dans l'internat, tout de même ! objecta le proviseur.
- Bah, si vous réunissez tout le monde et racontez tout ce qu'on vous a expliqué, ça passera très bien ! De toute façon, nous on les protègera comme ils nous protègeront ! dit Yumi. Ici, ils seront de toute façon moins en danger que dans le monde extérieur !
- D'accord !".
Depuis l'attaque des dinosaures, la plupart des externes n'allaient plus au lycée-collège qui vivait en état de siège. Yumi, exceptionnellement, comme son petit frère, étaient hébergés temporairement, à la demande de leurs parents qui avaient dû, pour raison familiale, repartir au Japon pour régler une sombre histoire d'héritage.
L'aimable Japonaise partageait la chambre d'Aelita, et leur cohabitation se déroulait sans problèmes, tant ces deux-là s'aimaient et s'entendaient comme des sœurs !
Hiroki partageait la chambre de son copain Johnny.
Monsieur Delmas répartit les préhistoriques dans les places et les chambres restantes. Niya se retrouva hébergé chez Jérémie, Kaïra eut la dernière chambre seule, juste à côté de celle de Sissi La Peste, et Délian-Ka dormirait dans la même chambre que Wang-Ka, en face de la chambre d'Aelita et de Yumi.
Monsieur Delmas était un peu inquiet quant à l'hygiène de ses nouveaux pensionnaires et aux dégâts éventuels qu'ils pouvaient provoquer, ne sachant au juste comment ils s'adapteraient à un tel environnement, si différent du leur. Mais l'être humain, même préhistorique, s'adapte à tout, ainsi qu'il devait le découvrir avec surprise.
21
Dans l'heure qui suivit, le proviseur de Kadic convoqua professeurs et élèves, pour leur présenter ses drôles de nouveaux pions... Enfin, on ne savait pas trop ce qu'on allait faire d'eux, mais il s'avérait qu'ils avaient sauvé la vie de plusieurs élèves, et donc, comme eux aussi n'étaient pas les amis des dinosaures, mieux valait-il, eu égard le fait qu'ils étaient costauds, qu'ils servissent de protection, car, visiblement, ils savaient se battre, se défendre, et apporteraient la sécurité qui manquait à Kadic, police et armée étant complètement débordées...
Les élèves et les professeurs fixaient les nouvelles recrues rétros avec des yeux exorbités, et bientôt, des ricanements cruels s'entendirent dans le brouhaha qui augmentait ! Sissi s'avança, méprisante, et dit, toisant Niya et ses amies sous le nez ;
"- Papa ! Ici, c'est un lycée ! Pas une ménagerie ! Avec ce chien puant qui appartient à Odd Della Robbia, ça suffit, je trouve ! Ils sont affreux, ces hommes des cavernes, et si ça se trouve, ils ne rêvent que d'une chose, nous transformer en leur casse-croûte ! Il y avait des cannibales, à l'époque, je te signale ! Et puis, ils sont sûrement bêtes et méchants !
-Ouais, ben pas autant que toi ! lui lança Ulrich, depuis la foule.
- Quoi ? Mais enfin, Ulrichounet, ces gorilles n'ont rien d'humain !
- Oui, mais même les gorilles sont plus intelligents que toi, et les Néanderthaliens ne sont pas de gorilles, mais des êtres humains, contrairement à toi qui n'est qu'une greluche ! continua Ulrich !
- Stern ! Ça suffit ! Si vous continuez à insulter ma fille, vous aurez une colle !
- Sauf votre respect, Monsieur le Proviseur, elle n'avait pas à insulter et à humilier nos amis ! Sissi ! Si jamais tu dis des horreurs à nos copains à qui nous devons la vie sauve, je t'assure que, fille du proviseur ou pas, tu le regretteras ! déclara Ulrich, superbe.
- Hé, Sissi ! Tu n'as jamais eu l'idée d'aller voir dans le parc ces derniers temps ? Dommage, tu aurais pu servir de déjeuner à quelques bestioles charmantes ! ! ! Et ça nous aurait fait des vacances ! lança Odd, pas content non plus.
- Della Robbia ! Deux heures de colle ! lança Monsieur Delmas. Et toi, Sissi, deux heures aussi, ça t'apprendra à réfléchir avant d'ouvrir la bouche !
- Mais, Papa chéri...
- Il n'y a pas de " mais Papa chéri " qui tienne ! Tu es un chameau, ma fille, et nombre de professeurs et d'élèves ont eu à pâtir de tes malversations ! Crois-tu que je sois sourd et aveugle ? Et en plus, tu es hypocrite ! Si ta pauvre mère voyait ça, elle en pleurerait de désespoir ! Tu es désespérante, Sissi, et je me demande vraiment s'il ne vaudrait mieux pas que je te mette en pension dans un établissement bien strict et loin d'ici pour t'apprendre à avoir un peu plus de plomb dans la cervelle ! En attendant, tu n'iras plus embêter Ulrich et ses amis et tu n'embêteras pas ces pauvres Néanderthaliens non plus ! Quant au chien de Della Robbia, normalement, il devrait être interdit ici, mais sans lui, Odd est perdu et malheureux... Ses parents m'ont demandé une dispense spéciale, et je la leur ai accordée, à la condition sine qua non qu'Odd rattrape ses notes rapidement, ce qu'il a promis de faire, et qu'il a commencé à faire, d'ailleurs, ce qui n'est pas ton cas, Élisabeth ! fulminait le brave homme.
- Sissi ! Je veux qu'on m'appelle Sissi, pas Élisabeth ! maugréa la teigne.
- Bon sang, Élisabeth est ton nom de baptême, et ce surnom ridicule est celui de l'ancienne impératrice d'Autriche qui n'était pas du tout la femme romantique qu'on a cru pendant longtemps, mais une hystérique anorexique, arriviste et tyrannique ! Alors, maintenant, tu arrêtes avec tes idées ridicules, et tu te tais ! Je n'ai pas fini de présenter nos nouveaux amis !".
Sissi, blême de rage, regagna donc la foule sous les ricanements cruels de tous et même des Néanderthaliens, tandis que Monsieur Delmas se lançait enfin dans un peu ordinaire discours :
"- Mesdames et Messieurs les professeurs et membres du personnel, chers élèves de Kadic, vous savez que depuis quelques temps des créatures de toutes sortes, sorties d'ères passées, sont en train d'envahir notre monde ! Ces quatre jeunes gens ici présents ont été eux aussi les victimes de ces voyages temporels intempestifs, et au nom de la simple humanité, nous n'avons pas le droit de les laisser seuls dans ce monde étranger pour eux, affronter des danger terribles ! Je compte sur vous pour les aider à s'adapter au mieux ici, parmi nous ! Je sais qu'ils seront sûrement des aides précieuses pour nous défendre si jamais ces maudits dinosaures revenaient nous envahir ! Jim, je vous charge de vous occuper d'eux comme s'ils étaient vos enfants !
- Mais, Monsieur le Proviseur, comment je vais faire ? Quand j'étais garde forestier au Québec, on avait rencontré des Indiens qui nous avaient raconté l'histoire du Sasquatch et qui tentaient de le rencontrer pour l'aider, mais je ne préfère pas en parler ! déclara l'inénarrable prof de gym, toujours engoncé dans sa tenue de sport minable et ses chaussures ridicules.
- Jim, ces jeunes gens ne sont pas des Sasquatchs, mais des êtres humains ! Préhistoriques, certes, mais HUMAINS ! Donc, intelligents, sensibles et respectables ! Je veux seulement que vous les aidiez s'ils avaient des difficultés, c'est tout ! dit Monsieur Delmas, quelque peu accablé par la bêtise abyssale de Jim.
- Bien, Monsieur le Proviseur ! dit Jim, carrément au garde-à-vous !
- Bien, allez montrer à ces jeunes gens où ils seront logés !".
Et Jim s'éloigna donc, après avoir fait signe à ses étranges protégés de le suivre, se posant pas mal de questions en route - oui, ça lui arrivait !- mais quelque peu inquiet quant à leurs réactions éventuelles. Même s'il avait été un cancre, il avait quand même retenu qu'on pensait que les hommes préhistoriques n'étaient pas vraiment des Prix Nobel, et qu'ils étaient aussi stupides sinon plus que lui ! ! ! Enfin, puisque Jean-Pierre lui avait confié ces zigotos, il devait s'en occuper, et ça risquait de n'être pas de la tarte...
Les jeunes filles, et même plutôt les jeunes femmes se retrouvèrent donc réparties dans différentes chambres de l'étage des filles, et Niya, lui, alla chez Jérémie.
Les pauvres Néanderthaliens n'avaient pas d'affaires, aussi Monsieur Delmas demanda-t-il à plusieurs de ses élèves assez costauds, s'ils pouvaient prêter, voire donner, quelques vêtements à ses protégés. Rosa Petitjean, la cuisinière, revint bientôt avec un carton plein de vieilles robes, jupes et pulls ou chemisiers d'une taille digne d'un mammouth ! La brave femme expliqua :
"-Monsieur Delmas, ça ne me va plus, j'ai grossi depuis que je portais ça. J'ai eu une formation de couturière, et je pourrai faire les retouches, s'il le faut ! Ces pauvres petites des cavernes, elles n'ont rien à se mettre ! Alors, j'ai amené tout ça ! Et le petit gars, lui, je n'ai rien pour lui, hélas ! En plus, j'ai peur que ce qu'on sert à la cantine, ça les rende malade... Ils sont habitués à manger que du bio, eux, et nous, ici, on n'a que des trucs avec plein de conservateurs et de colorants ! Voilà, je vais finir de nettoyer la cantine ! À plus tard, Monsieur !
- À plus tard, Rosa, et merci pour eux !
- Pas de quoi, je voulais les donner à une association de charité, mais finalement, c'est mieux comme ça !".
Et la colossale cuisinière se retira, souriante. Monsieur Delmas contempla, pensif, le carton plein de nippes un peu passées et assez informes, d'un goût assez peu sûr, qu'elle avait apporté ! Pauvres Néanderthalienne, attifées avec ça, elles seraient totalement épouvantables !
Yolande, l'infirmière, donna aux Néanderthaliens des savons hypoallergéniques, des dentifrices, brosses à dents et shampooings qu'on lui fournissait chaque année lors de campagnes promotionnelles pour l'hygiène corporelle et dentaire... Monsieur Delmas, lui, fournit gants et serviettes de toilette.
Jim, de son côté, procura à Niya quelques vieux joggings qui ne lui allaient plus ou qu'il ne portait guère, des t-shirts et sweat-shirts, ainsi que quelques caleçons dans lesquels il ne rentrait plus.
Il installa le lit supplémentaire pour Niya dans la chambre de Jérémie, et montra à ses protégés comment se servir des toilettes, des douches et autres lavabos. Heureusement que les pauvres préhistoriques connaissaient ce genre de choses depuis qu'ils étaient les hôtes des bases intertemporelles, car avec les explications de Jim, ils ne s'en seraient pas vraiment sortis !
Et une nouvelle vie commença pour eux...
22
Cela faisait à présent plus d'une semaine que Kadic comptait de nouveaux très anciens membres, et que les dinosaures avaient fui depuis que les rusés préhistoriques faisaient un barouf de tous les diables pour les effrayer et les éloigner du secteur ! Ils avaient pris les couvercles métalliques de vieilles poubelles trouvées dans la cabane à outils, les poubelles métalliques elles-mêmes et s'en servaient comme de tam-tams qu'ils activaient dès que quelqu'un sortait du collège, afin qu'il ne soit pas attaqué par les monstres qui sévissaient partout ailleurs ! Contrairement au craintes de Rosa, la nourriture de la cantine ne rendait pas trop malades les Néanderthaliens, et elle fit des prodiges avec ses vieux vêtements et ceux qu'avait prêtés Jim, en les retouchant de manière à ce qu'ils soient moins longs, et plus seyants, tout de même ! Aelita et Yumi, de leur côté, s'étaient débrouillées pour que leurs nouvelles amies aient des sous-vêtements à leur taille, et les Néanderthaliennes allaient maintenant vêtues peu ou prou comme les Vamps ou les Deschiens !
Quant à Niya, avec les vêtures de Jim, il ressemblait presque à son jeune frère ! En plus chevelu, légèrement barbu et tout aussi poilu, toutefois ! C'était très drôle !
Seulement, les pauvres préhistoriques allaient pieds nus, car ils n'auraient pas supporté les chaussures auxquelles ils n'étaient pas habitués !
Mais les quatre jeunes gens, après avoir bien fait rire tout le monde avec leurs allures particulières finirent par gagner le respect de tous, parce qu'ils eurent l'idée de truffer le parc de Kadic de pièges mortels, de faire comprendre à tous qu'il ne fallait jamais se déplacer seul à l'extérieur des bâtiments, et, si ça arrivait, de le faire en faisant le plus de chambard possible !
En quelques heures, les pièges du parc, de solides collets, avaient étranglé plusieurs Vélociraptors, et la grande fosse habilement camouflée et tapissée d'épieux redoutables était prête pour un éventuel T-Rex !
Cependant, Jérémie et Salammbô, aidés outre-temps par Franz, tentaient de trouver le moyen de rapatrier sans risque les préhistoriques à leur époque d'origine... Jérémie avait rapatrié le Skidbladnir II sur Lyokô, puisque les préhistoriques n'y étaient plus et que deux d'entre eux étaient manquants. De plus, où et quand récupérer Anaïak et Maïn ? Le supercalculateur chinois, squatté par Xana avait disparu dans les brumes du passé !
Équipées des armes les plus redoutables, tels que fusils mitrailleurs, canons et autres lance-flammes, police et armée étaient arrivées à nettoyer quasiment toute la ville, mais quelques sauriens, plus rusés, leur échappaient toujours et encore, se cachant dans les recoins sombres, se glissant dans les terrains vagues, quant aux ptérosauriens, eux, ils fondaient du ciel comme la foudre, et peu sortaient indemnes de leurs grands becs pointus et dentus !
Au bout de quelques temps, tout Paris et presque toute la banlieue furent débarrassés des monstres antédiluviens... Seul le secteur de Kadic et de la vieille usine étaient encore infestés, et les créatures réfugiées là semblaient d'une autre trempe que celles, pourtant terribles, qui avaient sévi ailleurs.
Heureusement, face aux armes modernes et aux trop nombreux humains, les dinosaures n'avaient pas fait le poids ! Une bonne rafale de mitraillette, quelques bonnes roquettes et grenades avaient eu raison de la plupart des vélociraptors et des ptérodactyles, mais Xana n'avait pas contaminé son dernier giga-octet ! ! !
Alors que l'inquiétude s'était apaisée quasiment partout, sauf dans le secteur de Kadic, qui semblait inexpugnable, plusieurs T-Rex et brontosaures se matérialisèrent dans les grandes avenues de la capitale, faisant trembler sur leurs bases les beaux immeubles, hôtels particuliers ou les tours du quartier de la Défense, qui, là, défendaient encore moins de choses que d'habitude...
Toutes ces énormes bêtes convergeaient, en un étrange unisson, vers Boulogne et Sceaux, vers le secteur où vivaient tant bien que mal les Lyokoguerriers rescapés ! Mais le pire, ce furent les forces aéroportées reptiliennes ! Car là, Xana transbahuta des Rhamphorhynchus et des ptérodactyles parmi les plus grands et redoutables de la gent ailée jurassique !
Quand les rues devinrent trop étroites, les monstres, les brontosaures en premier, tels de vivants bulldozers, firent le passage... Jusque là, il n'y avait eu que quelques blessés à déplorer, mais là, il y eut des morts ! Xana avait réactivé une tour dans un autre Réplika, et il fallait repartir, la peur au ventre, encore plus que jamais, pour l'inconnu...













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Derrière les brontosaures suivaient, un peu plus petits, mais bien plus redoutables, les T-Rex, en rangs serrés qui se rejoignaient en tenaille, pour encercler Kadic et la vieille usine. Au-dessus d’eux, tels les monstres de l’Apocalypse, planaient les vols lourds des Rhamphorhynchus et ptérodactyles...
À Kadic, toute la vie du lycée-collège s’était réfugiée dans les sous-sols... On avait rouvert des passages souterrains inutilisés depuis la seconde guerre mondiale, qui avaient servi d’abris anti-aériens, et comme il n’y avait rien à faire d’autre qu’attendre, les cours avaient repris dans ces souterraines conditions, les bêtes, au-dessus, ayant pris possession du parc, du stade et des cours de l’établissement... La grande fosse creusée dans le bois avait été vite remplie et elle n’avait pas suffi à dissuader les sales bêtes d’approcher. Les cadavres des derniers vélociraptors pris dans les collets avaient servi d’en-cas aux T-Rex, tandis que les feuillages des arbres centenaires de la forêt avaient fourni un fourrage momentané aux brontosaures qui, là, gémissaient de faim en des meuglements de cauchemar, bien plus puissants que la plus forte des cornes de brume !
Du côté de l’Île Seguin, les choses étaient moins dramatiques, même si l’usine était surveillée de près par les reptiles volants. Certains nichaient, même, dans la Salle Cathédrale dont l’entrée était tout juste assez large pour leur envergure déployée.
Mais les rusés Lyokoguerriers, pour rejoindre la console principale du Supercalculateur et les scanners y allèrent des sifflets et des tambours improvisés sur des boîtes de conserve ou des casseroles empruntées à la cantine, Rosa les leur ayant prêtées sans remords, morte de terreur qu’elle était, la pauvre femme ! D’ailleurs, dans les souterrains, ils avaient découvert des cuisines, des commodités et tout un tas d’aménagements divers construits par les nazis ou les résistants pendant la guerre, qui étaient encore en état de fonctionner et qui leur permettaient de vivre dans des conditions relativement confortables.
En quelques heures et en faisant le plus de bruit possible pour éloigner les monstres qui, heureusement détestaient ça, tous les lycéens avaient ramené leurs affaires et les provisions de la cantine pour les rapporter dans les souterrains et installer de sommaires dortoirs à proximité de la vaste cuisine et de la chambre froide toujours fonctionnelles qui se trouvaient là !
En surface, c’était le chaos le plus total. Les villes de Boulogne et de Sceaux étaient totalement rasées, et elles étaient devenues les royaumes des monstres d’outre-temps ! Des milliers de réfugiés avaient fui à la campagne dans leurs résidences secondaires, et Monsieur et Madame Ishiyama, depuis Kyoto, assistaient avec effroi aux calamités qui s’abattaient sur la France, craignant le pire pour leurs enfants car il leur était désormais impossible de les joindre !
24
Hiroki, grand fan des films de Gojira, avec l’insouciance des gamins de son âge, observait ce qui arrivait avec un intérêt tout à fait malsain. Il fallut que Yumi sévisse pour le ramener à la raison :
«- Écoute, Hiroki ! Là, ce n’est pas du cinéma, c’est REEL ET DANGEREUX ! Alors, tu ne sortiras d’ici sous aucun prétexte, c’est clair ?
- Mais sœurette, et où vous allez, tes copains et toi, et même les cavernicoles, quand vous disparaissez pendant des heures ? demanda le garçon.
- C’est un secret ! dit fermement Yumi.
- Ah ! C’est toujours la même histoire, avec toi ! Avant, je croyais que c’était parce que tu étais amoureuse d’Ulrich et que Papa voyait ça d’un sale œil puisque tu étais promise à un cousin de Tokyo, mais si c’est ça, pourquoi les autres vous suivent ? ? ? insista le morpion.
- Écoute, Hiroki, si je te disais que Jérémie est un génie capable de sauver le monde grâce à un ordinateur très puissant qui a créé un monde virtuel qui interagit avec le monde réel et dans lequel nous partons nous battre pour lutter contre le programme fou qui envoie des monstres préhistoriques à travers le temps pour dominer le monde, est-ce que tu me croirais ? fit Yumi, de guerre lasse.
- Heu... T’es sûre d’aller bien, là ? C’est Odd, qui t’a raconté le scénario d’un de ses derniers films ? fit le petit Japonais, sidéré.
- Non, Hiroki, c’est la vérité, et ça fait trois ans que ça dure ! Le problème, c’est que le programme fou devient de plus en plus puissant, et, cette fois-ci, je ne sais pas si nous en sortirons vainqueurs ! expliqua fermement Yumi.
- Ben ça, alors ! Fichtre de fichtre ! lança le petit, éberlué.
- Voilà toute l’histoire, Hiroki. Je ne sais pas si je te reverrai un jour. Mais sache que, même si tu es une vraie peste, je t’aime bien quand même ! Adieu, Hiroki, il faut que j’y aille ! C’est ma mission, pour toute l’humanité entière, je n’ai pas le choix ! dit doucement Yumi, caressant gentiment la joue rebondie de son petit frère bouleversé.
- Yumi ! Attends ! Tu es sûre qu’on peut pas t’aider ? demanda le petiot.
- Hiroki, dans cette lutte, déjà deux de nos amis ont disparu on ne sait où et quand. Ce sont les compagnons de Wang-Ka et de Délian-Ka. Ça suffit, tu ne crois pas ? Des centaines de gens ont été blessés ou sont morts. Il vaut mieux qu’il y ait le moins de dégâts possibles, non ? Alors, laisse-nous faire tranquillement ! Je suis désolée, petit frère, mais je n’ai pas le choix ! Dis à Maman et Papa que je les aime, mais que je préfère mourir aux côtés d’Ulrich et de mes amis que d’épouser cet idiot de Ryochi ! ! !».
Ulrich avait entendu les dernières paroles de son amie, et il comprenait enfin la raison de toute sa réserve ! Pauvre Yumi ! Promise, dès son plus jeune âge, à une union qui, visiblement, ne l’enchantait guère, et déchirée entre son amour pour lui et l’obéissance à ses parents ! Il comprenait tout, et il était très malheureux pour elle ! Maudites traditions nippones ! En fait, les Japonaises n’étaient pas des femmes libres, loin de là ! Le carcan des traditons les enserrait tout autant que nombre d’Orientales ou d’Africaines et d’Indiennes ! S’il l’avait su ! S’il l’avait compris ! William et lui avaient été deux beaux idiots !
En attendant, accablé par ce qu’il venait d’apprendre, et bourrelé de remords et de culpabilité pour avoir ainsi tourmenté la jolie jeune fille, il s’éloigna pour rejoindre ses amis qui l’attendaient à l’entrée des égouts bien plus facile et moins dangereuse à atteindre depuis les souterrains ! Yumi les rejoignit bientôt, et ils remontèrent dans la Salle Cathédrale, faisant un chahut de tous les diables, pour éloigner les reptiles volants qui s’envolèrent à grands cris, et ils prirent en courant le passage du corridor qui jouxtait le regard par lequel ils étaient passés.
Dans la salle de l’ordinateur de contrôle, Salammbô attendait, hiératique et toujours aussi belle.
«- J’ai de bonnes nouvelles ! Le réseau intertemporel des ordinateurs QZ 34 a détecté où se trouvait l’ordinateur xanatifié ! annonça l’hologramme, dès qu’ils entrèrent.
- Ah ! Et où est-il ? demanda Jérémie.
- Dans l’ère secondaire ! Ce sont les ordinateurs des bases intertemporelles installées là-bas qui ont détecté ses ondes quantiques ! dit la voix de Franz Hopper, dont le visage barbu et fatigué s’afficha sur l’écran principal.
- Et... Maïn et Anaïak, sait-on où ils sont ? demanda Wang-Ka, devenue pâle comme la craie.
- Maïn et Anaïak sont encore translatés. Nous avions amélioré le programme de façon que la translation soit alimentée par l’énergie cosmique, et donc, de durée indéfinie, si besoin était ! Elle ne peut être arrêtée que si on lance l’ordre de détranslation depuis la console principale du Skid ! expliqua Franz.
- Mais, Papa, ils doivent être épuisés ! fit Aelita, horrifiée.
- Non, car virtualisés comme ils le sont, c’est comme sur Lyokô, ils ne sentent ni faim, ni soif, ni fatigue. Autant dire qu’ils sont immortels ! rassura Franz.
- Oui, mais s’ils combattent un monstre plus fort qu’eux, ils ne se détranslatent pas ? demanda Jérémie.
- Ils sont prudents, car le maillage intertemporel de nos ordinateurs n’a détecté aucune trace de ce genre d’action ! Ils sont indemnes et vivants, rassurez-vous ! Les gars des bases de l’ère secondaire sont partis à leur recherche et ne vont pas tarder à nous les expédier via les portes intertemporelles ! Par contre, à votre époque, ça ne va pas fort ! Aelita, il faut à tout prix que tu désactives la tour de l’autre Réplika qui a été activée. Éventuellement, quand vous aurez atteint ce Réplika, vous pourrez détranslater vos amis et les récupérer avant de désactiver la tour ! J’espère que, cette fois-ci, les animaux d’outre-temps disparaîtront de votre monde ! Jérémie, pour une fois, tu iras avec eux, car, depuis le Skid, tu pourras mieux agir ! dit Franz.
- Mais, Franz, j’ai horreur de ça, et en plus, virtualisé, j’ai fait rire tout le monde ! fit le pauvre génie, complètement confus.
- Le ridicule ne tue pas, les vélociraptors et les autres bestioles, si ! Allez, file aux scanners, Salammbô est capable de programmer toute seule la virtualisation de tout le monde ! rit le savant.
- Jamais je n’aurais dû rallumer ce maudit appareil ! ! ! maugréait Jérémie dans la barbe qu’il n’avait pas encore.
-Ah oui ? Si tu ne l’avais pas fait, nous n’aurions jamais pu redevenir réels et vivants, mon père et moi, et je ne vous aurais jamais connus ! Jérémie, tu n’as pas à regretter ce que tu as fait ! Allez ! Du cran ! On descend !».
Les neuf jeunes gens descendirent donc dans la salle des scanners. Niya, Jérémie et Aelita passèrent en premier, suivis par Yumi, Ulrich et Délian-Ka, tandis que Wang-Ka, Kaïra et Odd passaient en dernier.
Ils se retrouvèrent tous dans le Cinquième Territoire, directement, et n’eurent qu’à aller au garage situé à proximité de la Voûte Céleste pour rejoindre le Skid.
Le look de Jérémie sur Lyokô avait effectivement quelque chose de pathétique et d’encore plus baroque et ridicule que celui d’Odd... En effet, le pauvre petit génie, qui était quelque part un vrai extraterrestre pour ses amis, eh bien là, se payait l’allure d’un jeune Klingon tout droit sorti de Star Trek ! Finalement, ça n’était pas plus mal, les Klingons étant définis dans la mythique série qu’adorait Jérémie comme étant très costauds et teigneux, mais diantrement intelligents aussi... En tout cas, la chose amusa grandement tout le monde ! Parce que Jérémie, malgré tout, était resté un grand trouillard, ce qui faisait désordre, pour un Klingon ! Le pauvre n’était pas franchement à l’aise, dans sa nouvelle carcasse bien plus puissante et grande que celle qu’il avait au départ !
Ils s’installèrent sur les plots de matérialisation, et se retrouvèrent tous à bord du Skid II. Aelita prit les commandes, et ils sortirent de la Sphère de Lyokô pour plonger dans l’Océan du Galactonet, encore plus immense que celui du Web...
Un holoweb s’afficha soudain au centre de la passerelle. Le Réplika se trouvait assez loin, tant dans le réseau que dans le temps, et, comme ils étaient dans un monde virtuel géré par la physique quantique, le temps n’existait pas, aussi entrèrent-ils dans la console de commandes les coordonnées qui s’affichaient sans plus d’inquiétude que ça. L’Océan du Galactonet était bleu dans le secteur qu’ils quittaient, mais à la sortie du hub à ultra haut débit qu’ils allaient prendre, ils se retrouveraient, probablement, dans un océan de sang !
La traversée du hub dura un instant ou une éternité, et ils ressortirent en effet dans des eaux écarlates, attendus par toute une ribambelle de monstres plus laids, gros et méchants les uns que les autres ! Mégakalmars, Kalmars, Rekins et Kongres se pressaient autour du Skid comme des charognards autour d’une belle carcasse ! Mais la nouvelle version du Skid était bien plus solide que la première, et même s’ils furent un peu secoués, le vaisseau n’eut aucun dommage sévère ! Les Kalmars tentèrent bien d’en percer la coque, mais leurs vrilles se brisèrent, sans avoir éraflé le revêtement étincelant ! Sur la console de commandes, Jérémie avisa un bouton qu’il ne connaissait pas, et il demanda, étonné, à quoi il pouvait bien servir.
«- Ça, c’est la petite idée qu’a eue mon pote Anaïak, qui adore Jules Verne ! rit Niya.
- Oui, mais encore ? demanda Jérémie.
- Eh bien, dans « Vingt mille lieues sous les mers », Nemo chasse de la proximité du Nautilus monstres et Papous trop curieux à l’aide d’un très intense champ électrique... Ceci en est l’équivalent ! Vas-y ! riait Niya.
- Vous avez vraiment des sources d’inspiration inattendues ! dit Jérémie, étonné.
- Eh oui, il faut dire que nous avons eu le loisir d’en apprendre et d’en découvrir, des trucs pas ordinaires ! Au fait, où sommes-nous, là ? demanda le Néanderthalien, amusé.
- Toujours sur Terre, mais en plein Jurassique, et en Asie ! Enfin, je crois que c’est le Jurassique, il y a écrit 150 000 000 BC ! dit Odd, regardant la représentation 3D de la Terre qui avait remplacée l’holoweb !
- Alors, on va peut-être pouvoir récupérer nos copains ! Hé ! Maïn, Anaïak, nous entendez-vous ? lança Délian-Ka, dans le micro du communicateur.
- Bon sang ! ! ! Kanou ? C’est bien toi ? Enfin ! ! ! répondit la voix de Maïn, faible et un peu hachée par un quelconque parasite.
- Où êtes-vous ? demanda la pâle Néanderthalienne.
- En plein cauchemar ! répondit Maïn.
- Et Niouk, pourquoi ne répond-t-il pas ? s’enquit à son tour Wang-Ka, arrachant le micro des mains de Délian-Ka qui lui lança un regard furieux.
- Il est KO ! dit Maïn.
- KO, comment ça, KO ? s’insurgea la rouquine, devenant livide.
- Ben, un ptérodactyle a tenté de lui faire la bise ! Il a riposté en tentant de le pétrifier, mais l’autre, d’un coup d’aile, l’a expédié dans les décors, et il dort depuis ! dit Maïn.
- D’accord ! On va d’abord s’amarrer dans le Réplika qui est là, et on vous récupère ! dit Aelita.
- Merci, faites vite, car ces sales bêtes en ont vraiment après nous ! Nous nous sommes planqués dans... », La voix du Néanderthalien blond vénitien se perdit dans les parasites.
En toute hâte, ils entrèrent dans le Réplika et amarrèrent le Skid à une tour que Jérémie activa à leur profit depuis le tableau de bord du Skid. La tour activée était sur un autre des Territoires du Réplika, que le génie au look ravagé de Klingon baptisa Lyokô ter.
Car ce Réplika-là aussi était une copie conforme de Lyokô dans son intégralité, ce qui traduisait clairement l’énorme puissance acquise par ce maudit Xana !
Mais ils avaient le temps pour désactiver la tour, d’abord, il fallait récupérer Maïn et Anaïak ! Jérémie parvint à rétablir la liaison avec eux :
« - Bon, vous m’entendez ? On vous récupère ! dit-il. Détranslation Anaïak, détranslation Maïn !».
Bientôt, les deux Néanderthaliens de pierre et d’eau se matérialisèrent dans les Navskids qui leur étaient dédiées. Jérémie attendit qu’ils récupèrent un peu, avant de les matérialiser sur la passerelle.
Enfin, les deux jeunes hommes apparurent, et retrouvèrent avec émotion leurs amis et leurs compagnes. Ils racontèrent alors leur folle aventure.
25
«- On n’a pas pu démolir le supercalculateur vérolé ! dit enfin Anaïak, car il s’est planqué dans une dimension parallèle ! Et nous n’avons pas pu l’y suivre ! Enfin, je crois que c’est une dimension parallèle, parce que cette saleté d’engin continue à influer sur l’univers, mais il est devenu invisible ! C’est à devenir fou !
- Et s’il avait simplement un écran de camouflage ? proposa Jérémie.
- Mouais, possible ! En tout cas, impossible de le trouver ! C’est tout de même un peu fort ! Et il doit avoir une sacré alimentation autonome, pour être parvenu, grâce à l’énergie quantique, à créer son propre trou de ver et se déplacer où il veut, et quand il veut ! Tout ce qu’on peut souhaiter, c’est qu’il ait surestimé son autonomie et qu’il reste coincé définitivement dans l’ère secondaire ! Mais il va falloir translater tout le Skid dans le passé pour trouver où il est exactement, avec les détecteurs qu’on a ici ! dit Anaïak.
- Le problème, c’est que Xana utilise les capacités de ce supercalculateur, et un supercalculateur ne se trompe que très rarement sur ses possibilités d’alimentation et d’autonomie ! dit Aelita. Et... J’ai bien entendu ? Tu as dit qu’on pouvait translater TOUT le Skid dans l’univers réel ? Mais comment est-ce possible ?
- Nous répondons aux lois de la physique quantique, et autant dire qu’on peut tout faire, dans un univers quantique ! Même créer un truc matériel à partir de données virtuelles ! Comment crois-tu que Jérémie ait pu vous ramener, ton père et toi ? souriait le Néanderthalien.
- Non mais j’y crois pas ! Un tailleur de silex qui nous parle de mécanique quantique comme s’il s’agissait de parler d’une chasse au mammouth ! fit Odd, sidéré.
- Ah mais je peux aussi te raconter de bonnes chasses au mammouth, si tu veux, mais là n’est pas le propos ! Si je dis qu’on peut matérialiser ce vaisseau hors de l’univers quantique et virtuel de Lyokô, c’est qu’on peut le faire ! Je le sais, c’est moi qui ai programmé ça avec l’aide de Franz qui était tout aussi surpris que toi ! Et qu’est-ce que tu crois ? Que nous sommes restés à tailler des silex, dans la base intertemporelle ? Eh bien non ! Je suis peut-être né dans une caverne, mais je n’en ai pas dans la tête, des cavernes ! Je n’ai pas la gueule de l’emploi, je sais, ni un très grand front d’intellectuel, mais j’ai eu l’occasion d’apprendre bien des choses, et j’adore l’informatique et la physique quantique... Nul n’est parfait ! dit Anaïak, amusé.
- Moi, j’ai fait des études sur le tas, pour l’informatique... En fait, les Silniens, des extraterrestres pas extra du tout, m’avaient transformé en mémoire annexe d’ordinateur, en me branchant directement la cervelle sur une de leurs machines. Ils m’avaient camé comme un junkie, pour que je ne me révolte pas et utiliser pleinement mes pauvres neurones, mais comme dans ma tribu, au départ, je suis chaman, leurs drogues ont fini par ne plus faire effet... J’ai récupéré entièrement ma conscience, dans la cuve où j’étais en train de croupir, branché sur un tas de sondes et d’électrodes ! Quand j’ai découvert que je pouvais voir et sentir des tas de choses par l’intermédiaire de la machine qui jusque là m’asservissait, je me suis plongé à fond dans sa découverte, et dans la découverte de bien des choses... Les connaissances de milliers d’années, de milliers de monde se déversaient à la vitesse de la pensée dans mon cerveau, et c’est comme ça que j’ai fini par me passionner pour ces machines qu’on appelle des ordinateurs et que j’ai appris à les programmer... On m’a finalement libéré de cette servitude... Ce sont les gens des bases intertemporelles qui l’ont fait, et mon savoir assez curieux a été mis judicieusement à profit ! expliqua à son tour Maïn. C’est pour ça que nous étions parfaits pour aller désactiver ce supercalculateur et mettre Xana hors combat, Anaïak et moi ! Tout Néanderthaliens que nous soyons au départ, nous avons acquis, de manière parfois franchement étrange, pour moi surtout, le savoir nécessaire ! J’ai été encore plus geek que toi, mon pauvre Jérémie, si c’était possible ! expliqua Maïn, ironique.
- Mais enfin, comment t’es-tu retrouvé entre les mains des extraterrestres, toi ? fit le jeune génie, éberlué.
- Comme les types pourris du futur, ils écumaient l’espace-temps à la recherche d’esclaves de toutes sortes... Ils me sont tombés dessus, et voilà ! Bon... Alors, que faisons-nous ? On sort d’ici et on va chercher Xana dans sa tanière ? demanda le blond préhistorique.
- Et... Tu es sûr que ça fonctionne bien ? demanda à nouveau Aelita.
- J’étais sur le coup avec Franz et Anaïak, pour la programmation de la translation du Skid dans le monde réel, et même pour sa matérialisation pure et simple ! Et nous avons vérifié et revérifié chaque octet de nos programmes plutôt deux fois qu’une ! Nous avons même fait des centaines d’essais en simulation depuis votre venue bien étrange dans notre monde, et tout était OK... On a envoyé à bord du Skid trois chats qui ont été virtualisés sans souci, matérialisé les trois chats dans le monde réel à l’intérieur du Skid qui lui aussi après une translation réussie s’est matérialisé, et nous avons récupéré les minets qui ne semblaient pas s’en trouver bien mal, au contraire ! Ils se sont mis à ronronner et à se frotter contre nous, sitôt sortis du Skid... Car oui, je ne sais pas si vous l’avez vu, mais il y a un sas, dans le Skid, tout comme des sas de secours entre la passerelle et les Navskids si besoin était ! Et comme les chats, animaux sensibles s’il en est, pétaient le feu à la fin de l’essai, eh bien, nous pouvons y aller ! expliqua tranquillement le blond préhistorique, souriant.
- Eh bien, encore plus tordu que toi, Einstein ! lança Odd, malicieux. Et même que toi, Ulrich ! Je n’oublie pas ce que tu voulais faire à mon pauvre Kiwi ! ! !
- À propos de Kiwi, on ne va pas le laisser à l’usine ! dit Jérémie.
- Quoi ? Vous voulez embarquer ce clebs avec nous ? Mais ils deviennent fous, les chiens, dès qu’ils nous voient ! Le Kiwi, il a failli me les bouffer, je vous signale ! ! ! protesta Niya. Les chiens nous détestent ! Ne me demandez pas pourquoi, mais dans le futur, ils avaient constaté que les chiens devenaient fous quand un Néanderthalien était à proximité, et ils les avaient dressés à la chasse aux préhistoriques ! Ces bêtes, pour aussi braves soient-elles au départ, tu les mets à côté d’un type comme moi, elles deviennent pires que des lions des cavernes psychopathes ! Tout ce que vous voudrez, mais pas de chiens à bord, merci ! ! ! ! acheva-t-il, pas fier, et même en pâlissant, sous les regards étonnés des jeunes de Kadic.
- Mais Kiwi n’a jamais fait de mal à personne ! se récria Odd.
- Ouais, ben si tu n’avais pas été en train de draguer Anaïs, tu l’aurais vu ! Il a fallu que Jim et le proviseur interviennent pour l’éloigner de moi à grands coups de seau d’eau ! ! ! protesta Niya. Si ce clébard siphonné monte à bord, matérialisez-moi sur ce Réplika, je me charge de tous les monstres, c’est moins risqué ! ! ! acheva le brun et pas très beau préhistorique, pas fier du tout et presque au bort des larmes !
- Bah ! Ce chien est suffisamment tordu pour finir par nous aimer un jour ! Et puis c’est le chien d’Odd qui est adorable ! On dit souvent, tel chien, tel maître, non ? rit Wang-Ka. Ça sera bien l’exception qui confirmera la règle... En plus, ça manque de mascotte, ici... Soit, récupérons le chien d’abord, on ira ensuite...».
Ainsi fut fait... Jérémie dématérialisa Odd qui alla donc récupérer Kiwi qui dormait dans la salle de l’ordinateur de contrôle.
Le jeune homme prit son chien dans ses bras, et le posa dans un des scanners tandis que lui entrait dans un autre. Jérémie avait eu, une fois de plus une excellente idée, comme nous le verrons plus loin !
26
Odd et son chien - devenu un gigantesque loup blanc !- reparurent à bord du Skid, sous les regards étonnés des autres.
«- Un loup ! Très drôle ! Dans leur imaginaire rudimentaire, les chiens se voient encore loups, ça alors ! constata Jérémie, étonné.
- Tant mieux qu’il soit redevenu un loup ! Les loups ne nous ont jamais causé d’ennuis, à nous, contrairement aux chiens ! En fait, quand on a domestiqué ces animaux pour en faire des chiens, ils sont devenus complètement siphonnés et pas mal d’entre eux sont complètement tarés depuis... Ceci expliquerait donc pourquoi ils peuvent être bien plus dangereux que les loups d’origine... supputa Niya, pensif.
- Bon. Alors qu’est-ce qu’on fait ? On va le chercher, ce foutu supercalculateur ? s’impatienta Ulrich.
- Let’s go ! ! !».
Et Jérémie lança donc le Skid dans une translation homérique...
Le vaisseau se matérialisa dans un ciel lourd de nuages au-dessus d’une forêt tropicale impénétrablement touffue... Et les écrans des consoles affichèrent le signal d’alerte tant recherché ! Le supercalculateur contaminé était là, juste en dessous d’eux !
Mais les senseurs dont l’appareil était bardé signalaient aussi la présence d’un tas d’animaux rien moins que dangereux ! Durant les recherches et la mise au point d’un plan d’action, le Skid, en position stationnaire au dessus du secteur incriminé s’était retrouvé attaqué par des reptiles volants aux grands becs dentus, mais leur attaque n’avait en rien entamé la stabilité de l’appareil, qui semblait invulnérable, même dans le monde réel !
Anaïak en profita pour reprendre le récit de leurs aventures dinosauriennes, à son ami et lui.
«- En fait, quand nous avons débarqué, nous nous sommes retrouvés nez à nez avec tout un tas de bestioles franchement peu rassurantes ! On a bien tenté d’utiliser nos pouvoirs de Lyokoguerriers, mais face à ces colosses, c’était comme si on voulait utiliser un chasse-mouches pour étriper un rhinocéros laineux ! Et en plus, même si le supercalculateur nous avait embarqués avec lui, on ne le trouvait plus ! Il avait disparu, et nous étions seuls, coupés du monde, au milieu de ces êtres de cauchemar ! Je crois que j’en ferai des rêves épouvantables jusqu’à ma mort, de celle-là ! dit Anaïak.
- Quand on a vu qu’on ne pouvait rien leur faire, nous sommes partis en courant le plus vite qu’on pouvait, et nous nous sommes réfugiés dans une grotte qui se trouvait pas trop loin, heureusement ! On y a passé plusieurs jours, en nous demandant comment nous allions nous en sortir, quand vous nous avez retrouvés ! ajouta Maïn.
- Eh bien ! Ce n’est pas ordinaire ! Ça y est ! Les scans ont trouvé où il était ! ! ! On va le bombarder, ça m’étonnerait qu’il résiste à nos armes ! s’exclama Aelita.
- Soit ! Allons-y !».
Et les armes du Skid entrèrent donc en action... Elles ne firent que faire fuir les animaux et cramer la forêt... Le supercalculateur, lui, ouvrit un vaste vortex et s’y engouffra, entraînant à sa suite le Skid, vers l’inconnu !
Soudain, la machine folle s’arrêta... Au milieu d’un néant où n’existaient même pas les étoiles... Et quand Odd regarda la date qu’affichait l’holomap qui n’affichait rien d’autre, il fut horrifié :
«- Non ! C’est pas vrai ! On est carrément à moins seize milliards d’années, les gars !
- Quoi ? Mais c’est carrément l’âge de l’Univers ! Le Big Bang ! se récria Jérémie, épouvanté, de la sueur rosée dégoulinant sur les étranges aspérités de son grand front osseux de Klingon.
- Et visiblement, nous sommes arrivés AVANT que ça ne commence ! Il n’y a rien, là, dehors ! dit Aelita, effarée.
- Attendez, vous voulez dire que cet ordinateur dément nous a amenés à l’origine et à la fin de tout ? fit Ulrich, éberlué.
- Ben on dirait bien, oui ! déclara Yumi, fascinée.
- Et si on le fait péter ? s’enquit Délian-Ka.
- On fait tout péter... Cette soupe cosmique en devenir n’a besoin que d’une étincelle pour se structurer en un espace-temps einsteinien ou quantique ! dit Jérémie, pâle comme la mort.
- Alors, on est coincés ? À surveiller ce machin pour l’éternité ou une seconde ? s’enquit Wang-Ka.
- Ben, si on ne se détranslate pas, oui ! dit Aelita.
- Et si la détranslation entraînait tout le processus ? s’enquit Odd. Bonjour l’omelette !
- Bon sang, qu’est-ce qu’on peut faire ? demanda à son tour Kaïra.
- J’ai une théorie, qui vaut ce qu’elle vaut. Ici, nous sommes dans un univers situé AVANT le Big Bang et l’origine du temps, de l’espace tels que nous les connaissons et définissons, que ce soit de façon euclidienne, einsteinienne, ou quantique... Autrement dit, dans une situation qui N’EXISTE PAS ! dit Jérémie.
- Euh... Là, chuis perdu ! fit Ulrich.
- Mais non ! C’est logique ! Nous avons remonté le temps avant que l’univers n’existe. Donc, nous sommes dans un univers qui n’existe pas, pas encore du moins... Et notre ordinateur xanatifié ne va pas tarder à constater le ridicule de la situation et l’illogisme de cette proposition... L’absurde, pour autant que soit puissant un ordinateur, est une solution à laquelle il n’est pas préparé, ni programmé... Donc, puisqu’il ne peut exister dans cette optique-là, il fera tout pour obéir à la logique... Puisqu’il n’existe pas normalement, il ne devra plus exister... Et il va s’autodétruire, et détruire Xana avec lui ! déclara, triomphant, Anaïak.
- Mais... S’il s’autodétruit, il va créer un chaos et un désordre tels que ça pourrait déclencher le Big-Bang ! réalisa Jérémie.
- Peut-être pas. C’est un ordinateur quantique. Il va donc rallier une solution quantique pour disparaître définitivement. Une implosion en un minuscule trou noir, par exemple ! Une mort tout ce qu’il y aura de propre et silencieuse ! dit Aelita.
- Euh, même virtualisé, j’ai un sacré mal de crâne, là ! ! ! dit Odd.
- Moi aussi ! renchérirent Yumi, Ulrich, Niya et Kaïra en un chœur touchant.
- Et s’il disparaît, il va entraîner logiquement la disparition des perturbations qu’il aura causées dans l’espace et le temps ! dit Wang-Ka, se grattant furieusement le scalp, au risque de se faire un trou dans le crâne !
- Ben oui, c’est ça, et à mon avis, il n’y en aura pas pour longtemps avant que ça n’arrive !».
Via les senseurs externes, on vit soudain l’ordinateur fou devenir de plus en plus petit, et puis disparaître... Et tout d’un coup, ils se retrouvèrent tous sur Lyokô, arrimés à une tour non activée !
27
«- Mais... On est revenus à notre point de départ, là ! Je n’y comprends plus rien ! dit Ulrich.
- Ce n’est pas l’ordinateur squatté par Xana qui a causé le Big-Bang... Ça a été nous, en nous déplaçant dans l’univers des possibles, tout d’un coup ! Enfin, logiquement, ça devrait être ça ! dit Jérémie.
- Oui, mais qui te dit que l’univers que nous avons créé est le même que celui que nous venons de quitter ? s’enquit Aelita.
- Nous sommes remontés à l’origine de tout... Et les balises quantiques, les traces que nous avons laissées, comme une piste derrière nous, nous les avons suivies dans l’autre sens... Donc, nous sommes revenus sur nos pas, en quelque sorte, et donc, l’univers que nous avions quitté est bien celui que nous avons retrouvé ! dit Jérémie.
- Ouais, ben c’est pas tout ça, mais moi, ça me donne faim ! ! ! dit Odd.
- Oui, et nous aussi ! dirent les autres, amusés.
- On va manger ! dit Jérémie. Et en plus... Non, c’est impossible ! La disparition de Xana a désactivé les tours des Réplikas et les dinosaures ont disparu...Les Réplikas aussi... Mieux que ça, il y a eu un gigantesque Retour vers le Passé, et tout est à nouveau intact, comme il y a quelques jours ! Non mais c’est dingue ! constatait le génie, portant un regard incrédule sur les écrans et les images holographiques.
- Les Gardiens des Siècles le savaient : la trame du Temps s’autorépare toujours ! Et là, nous en avons eu l’éclatante démonstration, je crois ! déclara Maïn, souriant. Du coup, nous allons tous pouvoir rentrer chez nous, sans problème !
- Mais, si le Retour vers le Passé a été si puissant, j’ai perdu les améliorations sur le Supercalculateur de l’Usine ? demanda Jérémie, déçu.
- Eh oui ! Mais Xana n’existe plus désormais. Et nous, nous disparaîtrons à jamais de votre temps pour revenir dans le nôtre, ce qui est quand même mieux, vous ne trouvez pas ? demanda Délian-Ka, souriante.
- Vous allez nous manquer ! dit Aelita.
- Oui, c’est vrai ! On devrait pouvoir fêter notre victoire tous ensemble une dernière fois, tout de même ! dit Yumi.
- Ça doit être faisable dans la base intertemporelle... On verra bien ! dit Anaïak.
- C’est faisable, en effet ! déclara soudain, aimablement, la voix de Franz Hopper, via le communicateur. En tout cas, vous avez fait une chose extraordinaire ! Vous n’avez pas seulement sauvé le monde, mais bien l’Univers tout entier ! Les théories de Jérémie et Aelita sont justes ! Nous vous devons un immense « merci », qui que nous soyons, et quelle que soit notre origine temporelle ou géographique ! Vous avez été magnifiques ! Alors, nous allons vous faire effectuer l’ultime translation vers chez nous, à la base intertemporelle, et on vous renverra ensuite à votre époque !».
Et, depuis le clavier du QZ 34 de la base intertemporelle Gamma, Franz fit à nouveau translater le Skid II, qui se retrouva dans le Réplika paisible généré par le supercalculateur de la base intertemporelle. Il matérialisa ensuite toute l’équipe dans les scanners du QG de la base, et tout le monde sortit de là, même Kiwi, redevenu le chien fou-fou qu’il était d’habitude. Et qui, d’ailleurs, s’empressa de goûter les mollets velus du pauvre Niya, à la grande consternation de ce dernier et de ses amis d’outre temps !
«- Hélà ! Du calme, Kiwi ! Mais enfin ! Ce sont nos amis ! On ne mord pas les amis ! tentait de le calmer, Odd, navré.
- Ne te fatigue pas, ça n’est que la confirmation de ce que je te disais tout à l’heure ! Enfin, si c’était tout à l’heure ! dit le brun Niya, jetant un regard coléreux à son mollet qui s’ornait à présent des traces des crocs de Kiwi !
- Mais enfin, Kiwi, ça ne va pas ? Ce n’est pas bien, mon chien ! Je suis très fâché contre toi ! ! ! le tançait Odd. Au ton de la voix de son jeune maître, Kiwi comprit qu’il avait fait une bêtise, et se tassa sur lui-même, dans un coin, gémissant et contrit.
- Oui, tu as raison, cache-toi, tu es vraiment un vilain chien ! lui lança Kaïra. Mon pauvre petit Niya, ça va ?
- J’en ai vu d’autres ! Mais enfin, tout de même, si on pouvait savoir ce qui rend ces animaux siphonnés à notre contact, ça serait tout de même bien ! maugréait le pauvre Niya.
- Ne t’en fais pas... On va le laisser en quarantaine chez le vétérinaire, le temps que vous séjourniez ici, les jeunes de Kadic et toi, Aelita ! dit Franz, quittant la console principale du QG pour venir vers eux les saluer cordialement et embrasser sa fille.
- Merci, Papa... Mais Odd sera très triste ! dit la jeune fille aux cheveux roses.
- Mais il pourra aller le voir tous les jours autant qu’il le voudra ! Seulement, il est hors de question qu’il goûte tous les mollets néanderthaliens qui passeront à sa portée ! Je vais appeler le vétérinaire !».
Quelques minutes plus tard parut un Néanderthalien blond aux clairs yeux bleus fascinants, vêtu d’une anachronique tenue médicale blanche, qui arrivait nanti d’une petite cage portative et de quelques pansements sur les doigts !
«- Euh... C’est lui, le vétérinaire ? s’enquit Odd, assez inquiet à la vue du colossal quidam qui s’emparait d’un Kiwi qui paraissait minuscule, soudain... Mais qui n’était que dents, tout d’un coup !
- Ouais, je suis le véto, ici... Et les chiens ont un peu trop tendance à me goûter, mais en général, ils ne goûtent que moi, et pas mes potes ! Ça fait un bon bout de temps qu’on essaie de résoudre le mystère de la haine particulière des chiens domestiques et modernes contre les Néanderthaliens, et je parie que ton espèce de petite teigne, là, va nous permettre de le résoudre ! Un bull-terrier ! Et pourquoi pas un pit-bull, tant qu’on y était ? Allez, toi, calme-toi ! Oui, je sais, tu as des dents, mais tu ne me fais pas peur ! Je te signale que si je suis devenu vétérinaire, c’est parce que j’aimais les animaux ! Alors, calme-toi, espèce de petite peste ! Je ne te veux aucun mal, tu sais ! Alors, pourquoi, toi, tu m’en veux ? C’est vrai qu’autrefois j’étais un chasseur, mais comme tes ancêtres, c’est tout ! Et ici, eh bien, je suis devenu végétarien, je te signale ! Alors, si on faisait la paix, toi et moi, qu’en penses-tu ?».
Étonnamment, Kiwi se calma, et laissa le grand Néanderthalien aux cheveux cuivrés le toucher et le caresser. Il finit même par frétiller, tout content, entre les mains puissantes du jeune homme souriant.
«- Hé ! Mais comment il a fait ça ? fit Odd, étonné.
- Kaïrin a toujours adoré les animaux, et il regrettait beaucoup de devoir les chasser, ça le rendait même littéralement malade... Et il a toujours eu ce don d’attirer toutes les bêtes, même les plus hostiles, qui devenaient toutes paisibles et douces à son contact. C’était devenu un de nos meilleurs chamans, parce que tout le monde était persuadé que les Esprits lui parlaient et lui accordaient leurs faveurs... À voir une chose pareille, on peut effectivement le penser ! expliqua Niya, souriant. Et s’il est quelqu’un qui pourra percer le mystère de l’hostilité des chiens modernes à notre endroit, ce sera bien lui... On a eu la preuve qu’il communiquait par télépathie avec les animaux, et qu’il pouvait du coup bien comprendre des comportements que jusque là on n’expliquait pas. Je parie que Kiwi va lui permettre de comprendre enfin ce que les chiens modernes ont contre nous ! acheva-t-il, songeur et souriant, comme Kaïrin, avec tendresse, faisait rentrer Kiwi, à présent calme, dans sa petite cage.
- Ça alors, voilà qui dépasse toute logique scientifique normale... fit Jérémie, étonné.
- Oh, ici, avec nous autres, tu n’as pas fini d’en voir, des choses un peu surprenantes ! sourit Wang-Ka.
- Je le crois, oui ! dit le jeune génie, encore mal remis de leur aventure.
- Allez, venez ! On va se faire une bonne bouffe ! proposa Niya.
- Mais on va vous déranger ! supputa Yumi.
- Ma chère Yumi, chez nous, quand on réalisait un exploit, on faisait la fête ! Et comme on vient de faire un sacré exploit aujourd’hui, ou il y a très longtemps, je ne sais plus au juste, on va faire la fête ! déclara Niya, amusé.
- Je peux venir ? demanda Franz Hopper.
- Mais évidemment ! Sans toi, on n’aurait rien pu faire ni mettre à mal cette cochonnerie de Xana ! Entre nous, tu aurais pu te passer d’inventer un truc pareil ! rit Niya.
- Oh, je le sais bien, mais que serait-il arrivé si les militaires avaient utilisé le Projet Carthage comme ils le désiraient ? La Terre serait devenue une effroyable tyrannie !
- Carthage ou pas Carthage, la Terre deviendra quand même une effroyable tyrannie au trentième siècle... Ici, c’est un vrai nid de sédition contre ces malades ! sourit Délian-Ka.
- Oui, nous, nous trouvons que Liberté, Égalité et Fraternité sont les plus beaux mots que l’homme ait inventés ! Et nous tentons d’appliquer ces principes tous les jours, oui, même au sein de nos peuples respectifs, et pour ce qui est de mon peuple ou de ceux de Maïn et Niya, je peux vous dire que ça n’est pas gagné ! dit Anaïak. Mais on y travaille ! Mais bon, vous pourrez apprendre tout de notre histoire lors d’un enseignement par le sommeil, si vous le désirez ! Mais là, on va grailler chez le môme Niya qui est le Paul Bocuse du Moustérien ! acheva-t-il, amusé.
- Comment ça ? s’enquit Yumi, étonnée.
- J’espère qu’il y a du couscous ! lança Odd.
- Niya a eu l’idée géniale de faire comprendre aux gens en appliquant l’adage : « Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es », que les Néanderthaliens étaient des gens très bien ! Et le fait est que le restaurant qu’il a fondé avec plusieurs de ses amis ne désemplit pas ! On y sert des grillades et pierrades ou viandes rôties à la broche et au feu de bois tout à fait extraordinaires ! Car nos amis servent carrément du gibier issu de leur époque d’origine, venu de bêtes que nous avons acclimatées sur d’autres mondes similaires à la Terre de l’ère glaciaire, et c’est remarquable ! Ils nous servent ça généralement assaisonné d’herbes sauvages et accompagné de légumes, rhizomes et fruits ou légumineuses tout aussi sauvages ! Cet endroit est recommandé par tous les diététiciens de la base, parce que ce qu’on y mange est parfaitement sain et équilibré ! Ce n’est pas chez Niya qu’on souffrira d’excès de sucre ou de cholestérol ! Le gibier est une viande maigre, et fruits, graines et légumes sauvages équilibrent parfaitement les repas ! J’y mange quasiment tous les jours, moi, et je n’ai jamais été autant en forme ! déclara Franz Hopper, souriant. Moi qui avais tendance à un peu d’embonpoint, eh bien, j’ai récupéré le poids que j’avais à vingt ans ! Vous allez vous régaler ! Surtout toi, Yumi ! Ils font aussi de ces poissons dont je ne te dis que ça !».
Et toute l’équipe arriva donc dans l’officine de Niya, qui se mit de suite à leur préparer tout le nécessaire pour une excellente pierrade de renne mais aussi d’esturgeon, de saumon et de truite. Ah, il fallait le voir s’activer, le petit Néanderthalien noiraud au physique ingrat ! Et sa compagne, Kaïra, lui prêtait main-forte, tout aussi ravie que lui de faire découvrir à leurs nouveaux amis de quoi ils pouvaient bien être capables !
Les fumets délectables qui s’échappaient de l’immense cheminée où cuisaient, de différentes manières plusieurs venaisons, étaient une vraie tentation, qui fit s’écrier à Odd :
«- Magnez-vous, j’ai faim, moi ! ! ! de sa voix suraiguë.
- Tiens, Odd, mange et tais-toi, ça nous fera des vacances ! fit Wang-Ka, hilare, lui fourrant dans le bec une cuisse de poule de bruyère tendrement rôtie et froide, aux airelles.
- Mmmmh ! Mais ch’est bon ! déclara le blondinet, achevant le pilon en trois coups de dents !
- Odd, on t’a déjà dit que tu étais un vrai monstre ? s’enquit Délian-Ka, très amusée.
- Ben quoi ? J’ai pas fini de grandir, alors je me nourris, c’est normal ! fit l’excentrique, l’air innocent.
- Oui, mais même nous, à table, nous mangeons d’une manière plus raffinée, ce qui est un comble, tout de même ! riait Maïn.
- Des Néanderthaliens qui donnent des leçons de savoir-vivre à leurs lointains successeurs... C’est le monde à l’envers ! riait Anaïak.
- Ah mais nous, nous ne mangeons pas comme des gorets, je vous signale ! Odd, si ! rit Ulrich.
- Non mais qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre ! Odd, c’est vrai que tu es terrifiant, à table ! Je ne pourrai jamais t’amener au Japon, si l’occasion se présentait ! Tu horrifierais tout le monde ! Tu manges à toi tout seul autant que dix sumotoris ! Remarque... J’ai une idée. Tout le monde, au Japon, connaît le type de menu qu’on sert aux sumotoris... Je crois que c’est ce que je te ferai goûter si tu viens manger chez nous ! riait Yumi.
- Au fait, Yumi, c’est quoi cette histoire de mariage arrangé avec ce dénommé Ryochi ? Il faut que tu m’expliques tout, là ! dit Ulrich, sérieux, à l’adresse de son amie qui rougit, embarrassée.
- Eh bien... Je... Je ne préfère pas en parler ! dit la pauvre Japonaise, au comble de la confusion.
- Yumi, en France, les mariages forcés sont interdits par la loi, et il y a des protections contre ça ! Il faut que tu ailles voir les services sociaux de la mairie pour qu’on te protège contre ça ! dit Ulrich, sérieux.
- Je ne peux pas désobéir à mes parents ! Je leur ferais perdre la face en les empêchant de tenir leur engagement, et le déshonneur est une chose inacceptable, chez nous ! dit fermement la jeune fille, malheureuse.
- Tu ne m’aimes pas, c’est ça ? Tu ne m’as jamais aimé ! fit Ulrich, furieux !
- Ce n’est pas ça ! J’ai toujours ressenti pour toi des sentiments profonds et réels, mais je n’ai pas le droit à cet amour ! Je suis promise à un autre, et je n’ai pas le choix ! se récria la jeune fille, comme Ulrich s’enfuyait, ne prenant même pas le temps d’entendre la fin de ses explications ! Jérémie, Odd et Aelita regardaient leur amie en proie à une grande consternation. Et que dire des préhistoriques !
- Je vais enquêter sur ce Ryochi... Si les Ishiyama se sentent obligés de ramper aux pieds de la famille de ce gars, c’est qu’il y a anguille sous roche ! dit Jérémie. Yumi, si on arrivait à prouver à tes parents et à ceux de Ryochi que votre union est totalement indésirable et même impossible, que se passerait-il ? demanda le jeune surdoué.
- La famille Tokugawa est une des plus anciennes et honorables du Japon. Plusieurs dizaines de shoguns sont issus de cette famille, apparentée à l’Empereur ! Et une femme ne peut pas refuser la demande en mariage d’un cousin, même éloigné, de l’Empereur ou de l’Empereur lui-même ! dit tristement Yumi.
- Même s’ils sont compromis avec les Yakuzas ? insista Jérémie.
- Jérémie ! Ces gens sont au-dessus de tous soupçons ! fit la jeune Japonaise, choquée.
- Tout arbre, même le mieux traité et soigné peut avoir des fruits pourris ! dit le jeune génie... Je me charge de sortir les cadavres des placards de la famille Tokugawa ! fit-il, revanchard ! Je ne veux pas que tu gâches ta vie avec quelqu’un que tu n’aimeras pas et te traitera comme une esclave, même s’il est issu d’une noble famille ancienne et riche ! Tu aimes Ulrich, ça fait trois ans qu’on le sait, et vous vous entredéchirez pour des non-dits et des raisons qui ne sont pas valables et surtout parce que tes parents t’ont vendue comme un meuble à ces gens ! S’ils t’aimaient, ils t’auraient écoutée et auraient refusé cet arrangement qui me semble des plus suspects ! s’insurgea Jérémie. Yumi, tu es notre amie, et nous t’aimons tous, et nous ne voulons pas que tu sois brisée pour une union non désirée et éloignée de nous définitivement !
- Mais... Et ma famille ? Si elle ne tient pas ses engagements, elle risque de gros ennuis ! dit Yumi. Ça va se savoir, et mon père risque sa place et pire que tout de ne jamais retrouver de travail parce que personne ne voudra engager un parjure ! dit la pauvre Japonaise comme Ulrich revenait, ramené de force par Maïn qui lui expliquait par le menu les tenants et aboutissants de l’histoire.
- 0K ! Je m’en occupe ! Puisque c’est une base intertemporelle, ici, il y a sûrement moyen de trouver des informations très étonnantes et de les divulguer sur le réseau mondial à notre époque ! On va te sortir de là, Yumi ! On va vaincu Xana, on peut bien vaincre le clan Tokugawa ! déclara noblement le jeune prodige.
- Yumi, je ne te laisserai jamais tomber, parce que tu es toute ma vie, et que je préférerais encore la mort à devoir vivre sans toi ! dit Ulrich. Je suis désolé de ma réaction, mais la colère me fait toujours perdre la tête, tu le sais ! En tout cas, je ne sais pas comment notre Jérémie va trouver ses preuves, surtout si elles sont écrites en japonais ! acheva-t-il, confus.
- Le QZ 34 possède un traducteur universel incorporé qui comprend un million de formes de communication ! dit Franz. Même si les documents que Jérémie trouve sont en japonais, il en aura l’exacte traduction instantanée et en français ! Nous avons bricolé ça, ici ! Avec toutes les personnes de n’importe où et de n’importe quand qui y vivent, nous sommes bien obligés d’avoir des traductions ad hoc ! déclara l’informaticien génial, ravi.
- Merci, mais... Je ne sais pas quoi dire ! dit Yumi, confuse et troublée.
- Ne dis rien, mon petit, et laisse-nous faire ! Fais-nous confiance, à Jérémie, nos amis et moi ! On va vraiment vous sortir de cette situation inextricable, tes parents et toi, parole de Franz Hopper, ou plutôt, de Waldo Schaeffer !».
Le repas délicieux et apprécié de tous se termina dans une ambiance songeuse. Puis, tout le monde partit se coucher dans les chambres qui leur revenaient dans la base. Même nos amis de Kadic avaient leurs logements prévus dans cet extraordinaire endroit !
Waldo Schaeffer, Jérémie, Wang-Ka, Délian-Ka, Anaïak et Maïn restèrent à travailler très tard cette nuit-là sur le supercalculateur de la base intertemporelle à rechercher dans le Galactoweb et le secteur temporel des vingt et vingt-et-unième siècles des données sur la famille Tokugawa.
28
Délian-Ka, absorbée par sa tâche de recherche, tapait comme une folle sur le clavier de son poste de travail, en tirant un petit bout de langue, ce qui lui donnait une tête vraiment drôle que ne tarda pas à aviser Maïn qui éclata de rire :
«- Ben alors, Kanou ? Ça mord ? rit-il.
- Ben quoi ? Qu’est-ce que j’ai fait ? fit-elle, étonnée, levant sa jolie tête aux boucles platine, vers le blond jeune homme.
- Quand tu te concentres, tu tires un petit bout de langue ! C’est mignon ! souriait-il.
- Mais n’importe quoi ! Je devais avoir l’air parfaitement idiote ! Mais en tout cas, je crois avoir trouvé quelque chose ! déclara-t-elle, souriante.
- Ah ! Et quoi, s’enquit Jérémie, venant vers elle.
- Une histoire de fraude fiscale et d’impôts trafiqués qui aurait touchée cette famille... Et des comptes bancaires bizarres à Zurich et aux Îles Caïman ! Un petit coup de décryptage des clés d’accès, et on va savoir tous les tenants et aboutissants de l’histoire ! Tu avais deviné juste, Jérémie ! Ces Tokugawa sont des canailles, semble-t-il ! On va sortir Yumi d’un drôle de cloaque, semble-t-il ! jubila la jeune femme.
- Délian-Ka, je t’adore ! s’exclama le génie, l’embrassant gentiment avec enthousiasme !
- Eh ! Laisse-m’en un peu, c’est ma digne épouse, je te signale ! riait Maïn.
- Euh... Désolé, mais je pensais tellement que cette histoire était sans issue ! rougit le jeune surdoué.
- Bon... On a toutes les données, les numéros de comptes, qui a versé de l’argent dessus et pourquoi... Les Yakuzas sont en effet dans le coup ! Eh bien, on va faire du beau nettoyage, avec ça ! ! ! jubilait Délian-Ka. On divulgue tout, et tout de suite, encore ! ! !».
Ouvrir un site Internet sur un serveur gratuit mondialement connu au vingt-et-unième siècle fut l’affaire de quelques instants. Créer des comptes de messagerie fictifs aussi, et expédier vers les plus grands journaux mondiaux de l’époque le dossier réuni par l’équipe de formidables hackers de la base intertemporelle fut l’affaire de quelques minutes supplémentaires...
Le supercalculateur ne tarda pas, axé qu’il était sur le secteur temporel d’où venaient les élèves de Kadic, à enregistrer la formidable et soudaine activité sur le réseau Internet de cette époque-là ! Les journaux du monde entier avaient repris la nouvelle, et comme les preuves envoyées étaient irréfutables, les membres majeurs de la famille Tokugawa furent sommés d’aller s’expliquer devant la police, et, pire, devant l’Empereur du Japon lui-même ! Le scandale ébranlait le Japon tout entier, pire encore que si Gojira s’était soudain réellement manifesté !
Plusieurs clans de Yakuzas tombèrent. Et les financements occultes de la riche famille noble des Tokugawa furent exposés au grand jour, tout comme leurs liens avec ces bandits... Les corruptions qui leur remplissaient l’escarcelles furent dénoncées au grand jour, et enfin, on apprit que Monsieur Ishiyama, le pauvre, était interrogé à son tour par la police de Kyoto, puisque sa fille était promise en mariage au fils de ce clan pourri ! Le pauvre homme avoua alors à quel chantage on l’avait soumis, et que le mariage promis avait été le prix de sa tranquillité... Enfin, presque, puisque là, on le jugeait comme un complice des exactions de ces gens !
Finalement, après enquête, il s’avéra que le pauvre père de Yumi n’était qu’une des innombrables victimes de ces gens, et on le relâcha très vite ! Par contre, Ryochi Tokugawa, lui, fut envoyé en prison pour extorsion de fonds et chantages divers, ainsi que prostitution ! La famille Tokugawa, à la fin du règne des shoguns, n’avait pas supporté sa ruine, et avait tenté, tant bien que mal, de reconquérir gloire et fortune... Malheureusement, ils n’avaient pas vraiment choisi la voie de l’honnêteté, et là, ils le paieraient très cher ! L’Empereur, déshonoré par ce cousinage indésirable fit saisir tous leurs biens, tandis que les membres de cette famille croupiraient en prison pour de longues, très longues années. Les biens des misérables furent estimés par les comptables de l’état, et on remboursa les familles qui avaient eu à subir leurs rackets divers et multiples. Le reste des biens furent vendus et l’argent qu’ils rapportèrent fut donné à des associations caritatives !
Monsieur et Madame Ishiyama, qui avaient réglé leur souci d’héritage -en fait, il s’agissait d’établir la dot de Yumi pour son mariage futur- furent bien soulagés de revenir en France !
Le lendemain matin, Ulrich, qui n’avait pas dormi de la nuit, alla voir Yumi qui n’avait pas dormi davantage.
Ils eurent la surprise, au petit déjeuner, à la cantine, de voir leurs amis qui semblaient n’avoir pas dormi non plus, qui les attendaient, tous réunis, avec des sourires éclatants. Délian-Ka tendit à Yumi une épaisse liasse de documents :
«- Tu es libérée de tes engagements, Yumi ! J’ai découvert la preuve que tu n’as absolument pas à épouser ce Ryochi qui n’est qu’un bandit de grands chemins, comme quasiment toute sa famille, d’ailleurs ! Ceci est la preuve de ta liberté !
- Mais... Vous les avez fabriquées, ces preuves ? demanda la jeune Japonaise, inquiète.
- Non ! Il y avait une histoire de fraude fiscale... Je n’ai fait que fouiller, et j’ai découvert des choses vraiment minables ! Tout est là ! Tu es libre d’aimer et d’épouser qui tu veux ! acheva la pâle et très mignonne préhistorique.
- Mais... Et mes parents ? Que vont-ils dire ? s’enquit-elle.
- Ils ne diront rien... Le monde entier est au courant de ce scandale ! Il va de soi qu’ils ne te laisseront pas entre les griffes de ces gens méprisables à présent que tout le Japon et le monde entier sont au courant de leurs malversations ! Ton ex-futur mari, qui a dix ans de plus que toi, était un racketteur, un maître chanteur et un proxénète ! Tu peux dire que tu l’as échappée belle ! Et ta famille aussi ! L’Empereur les a totalement dépossédés, et ils sont désormais maudits. On a rayé le nom de la famille Tokugawa de tous les registres de la cour, ils ne sont plus nobles, et ils sont quasiment tous en prison ! À vie ! L’Empereur a estimé qu’il était déshonoré par une telle parenté, et il a en plus renié cette branche de la famille. Le pire, c’est que le malheureux veut abdiquer, s’estimant indigne d’être à la tête du Japon, avec de tels parents éloignés dans sa famille, le pauvre ! expliqua Délian-Ka. Le Japon est dans une crise comme jamais !
- Eh bien ! Mais... Et qu’allons-nous faire ? s’enquit la jeune Japonaise.
- Ceci ne vous concerne pas, tes parents et toi. Vous allez reprendre votre vie comme avant toute cette histoire, et Ulrich et toi pourrez enfin concrétiser tous vos rêves ! Finalement, que du bonheur ! conclut, souriant, Délian-Ka.
- Eh bien ça, alors ! Je ne vous remercierai jamais assez ! Si j’avais dû me séparer de mes amis et d’Ulrich, je crois bien que je me serais tuée ! craqua enfin la pauvre Yumi, toute la tension accumulée au cours de toutes ces années se rompant enfin dans de chaudes larmes !
- Allez, tilia ! (chérie, chez les rétros), ne te mets pas dans cet état, c’est terminé ! Plus de Xana, plus de Japonais corrompu ! L’avenir est à toi, maintenant ! Vis ta vie, et sois heureuse ! On va vous renvoyer, tes amis et toi, au vingt-et-unième siècle, juste avant la dernière attaque de Xana et avant que les dinos n’attaquent ! ! !».
Jérémie leur donna donc le jour et l’heure exacts de l’attaque Xanatique, et nos amis, après un copieux petit-déjeuner qui fit la joie d’Odd, outre le bonheur retrouvé de ses camarades, ils allèrent tous au QG.
La, Franz paramétra la Porte Irigoyen (la Porte interdimensionnelle et intertemporelle) pour qu’ils revinssent à leur époque d’origine. Les jeunes élèves de Kadic dirent alors adieu à leurs amis d’outre-temps, regrettant déjà de ne plus jamais les revoir, car à leurs côtés, ils avaient vécu une aventure tout à fait extraordinaire, et ils s’engouffrèrent dans le vortex lumineux.
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Odd se réveilla en sursaut, l’estomac dans les talons. Il regarda son réveil, et avisant l’heure, protesta : il était trois heures du matin ! Agacé, il se leva sans trop de discrétion, son colocataire, Ulrich, dormant à poings fermés grâce à ses boules Quiès.
Il alla vers la fenêtre, pour respirer un peu, et se calmer. Qu’il avait faim !
Quand il ouvrit les volets, l’air frais de cette nuit printanière envahit la petite chambre de l’internat. Odd huma à plein nez les odeurs des arbres qui commençaient à reverdir, et celles des timides fleurs qui commençaient à repousser dans l’herbe humide de rosée.
Il rouvrit les yeux, et eut un sursaut. Là ! Dans le ciel clair de cette nuit splendide de pleine lune, une silhouette volante sombre s’interposa entre lui et le satellite à l’éclat de platine !
Mais ce n’était que le grand-duc du parc de Kadic parti à la chasse aux rongeurs, comme toutes les nuits ! Ouf ! C’était bel et bien fini !
Le lendemain matin, les jeunes collégiens étaient sereins, sur leur banc. Ils se souvenaient de leur aventure extraordinaire dans le plus lointain des pasés et de leurs amis préhistoriques si étonnants et gentils.
«- Ils avaient des têtes impossibles, mais ils étaient adorables ! sourit Yumi.
- Et grâce à eux, nous serons définitivement tranquilles dans quelques jours, toi et moi, pour mener la vie que nous voudrons, si tu es d’accord, bien entendu ! sourit Ulrich.
- Bien sûr, que je suis d’accord ! Si mes parents savaient ! Ils vont vraiment tomber de haut, les pauvres ! sourit la Japonaise.
- Moi, à ta place, je leur en voudrais tout de même à mort ! Heureusement qu’entre Jérémie et moi, ce problème-là n’existe pas ! dit Aelita.
- C’est vrai que vivre un truc pareil, ça me rendrait encore plus irascible que toi, Ulrich ! dit Jérémie.
- Mais, je ne suis pas irascible ! bouda le mignon brunet.
- Hum... Un peu, si ! Mais Yumi doit trouver que ça fait tout ton charme ! rit Odd. En tout cas, je suis ravi pour vous deux, moi ! Depuis le temps qu’on attendait ça ! Vous êtes un si mignon couple, en plus !
- Et toi, Odd, quand est-ce que tu demandes ta Sam en mariage ? rit Ulrich, ravi de faire rougir le blondinet excentrique.
- Mais... fit Odd, le sifflet coupé, rouge comme une tomate bien mûre.
- Ben oui, parce que là, hormis Yumi et Aelita, tout le panel féminin de Kadic y est passé, sans parler des filles des bahuts voisins ! riait Ulrich.
- Ben, elle est à l’autre bout de la France ! dit Odd, lamentable.
- Et alors ? Qu’est-ce que tu attends pour aller la rejoindre ? insista Ulrich. Si tu l’aimes tant que ça, vas-y !
- Ben mes parents voudront jamais ! C’est cher, le train ! Et l’avion, encore plus ! dit Odd, malheureux.
- Et si tu écrivais à ses parents, en leur expliquant que depuis qu’elle n’est plus à Paris, tu es très malheureux et en leur demandant s’ils ne voudraient pas l’envoyer en internat ici pour que tu la retrouves ? Si tu l’aimes tant que ça, tente ta chance ! suggéra Aelita.
- Mais... Je n’ai pas leur adresse ! Sam n’a pas eu le temps de me la donner lors de la compétition de skate ou quand elle était venue pour faire le DJ ! dit le blondinet, tristement.
- Avec tous les sésames que j’aie, ça serait bien le diable que je ne les retrouve pas via Internet ! dit Jérémie. Je m’y colle ! Et je t’assure que tu auras des nouvelles de ta dulcinée dans pas une heure !».
Depuis son ordinateur portable, Jérémie retrouva très vite les coordonnées des parents de Sam et même l’adresse MSN de cette dernière ! Il va sans dire qu’Odd suggéra à la mignonne fille très brune de le rejoindre à Kadic, et la réponse qu’il reçut le fit bondir de joie partout ! ! !
Sam allait en effet passer l’année prochaine à Kadic, et rester à Kadic jusqu’au bac !
Quinze jours plus tard éclata le scandale financier et crapuleux qui incriminait la famille Tokugawa... Monsieur et Madame Ishiyama, revenus en France, demandèrent la nationalité française, ne voulant plus rien avoir à faire avec un pays qui n’était que corruptions diverses ! C’était un crève-cœur pour eux, car c’était leur pays d’origine, mais l’avenir de leurs enfants serait mieux assuré dans un pays où la mafia n’avait pas droit de citer, comme la France... Et enfin, ils étaient libres, Yumi, était libre ! D’ailleurs, Monsieur Ishiyama convoqua un beau jour Ulrich chez lui pour lui raconter toute l’histoire. Ulrich, gentiment, lui dit qu’il comprenait et qu’il ne lui en voulait pas trop, mais qu’il avait une faveur à lui demander, la main de Yumi. Monsieur Ishiyama ne dit pas non, loin de là !
Tout était bien qui finissait bien ! Nos héros, avec la paix, pouvaient enfin parler d’autre chose, et surtout d’amour et de futur, d’avenir rose et heureux... Chut ! Laissons-les ! Maintenant, ils vivent vraiment dans un monde sans danger !