Dernière édition le 28 avril 2008
Épisode 1 « Catastrophe » (Introduction)
Cinq semaines se sont écoulées depuis que Jérémie a éteint le supercalculateur quantique. Il n'y avait plus de raisons de penser qu'il aurait besoin de le rallumer un jour. En effet, XANA avait été éradiqué et Franz Hopper semblait s'être sacrifié pour y parvenir en fournissant toute son énergie au supercalculateur afin de permettre à l'antivirus de Jérémie de pouvoir s'exécuter correctement. Mais, après tous les coups fourrés de XANA toujours plus tordus les uns que les autres, il savait très bien que l'histoire ne se déroule jamais comme on l'aurait voulu.
Il était 7 heures. Dans sa chambre, Jérémie s'éveillait péniblement. Il s'était endormi pour la énième fois sur le clavier de son ordinateur, et une fois encore, son front s'en souvenait: il y avait en effet trois belles traces de touches disposées en triangle dessinées sur le haut de son crâne. Il faut dire qu'il passait beaucoup de temps sur son PC.
A vrai dire, il y passait de plus en plus de temps, mais toujours en présence d'Aelita. Tout ça pour essayer d'améliorer ses petits robots qu'il aimait tan fabriquer et voir évoluer de façon autonome. Aélita, elle, s'était endormie sur le lit de Jérémie, exténuée par leur travail. Jérémie, qui venait de s'étirer quelque peu bruillamment, s'approcha d'elle et lui carressa la joue en lui sussurant à l'oreille:
« Aélita, réveille-toi, il est sept heures! »
Elle poussa alors un petit gémissement puis leva difficilement la tête. Elle ouvrit les yeux et vit Jérémie qui la regardait. Il la contemplait même. Il la trouvait si belle, et plus particulièrement au réveil.
« Bonjour » lui marmona-t-elle. Elle remarqua alors les traces de touches sur son front et ne put s'empêcher d'éclater de rire.
-« Ben, qu'est-ce qui te prend? » lui dit-il. « Pourquoi tu ris comme ça?
- C'est parce que t'as des traces de clavier sur ta tête!
- Ho, non! C'est pas vrai! Pas encore! Odd et Ulrich vont encore me chambrer...
- Il faut faire attention avant de t'endormir n'importe où!
- Je sais pas comment je dois le prendre, ça! Merci, Aélita! Bon, allez zou, à la douche sinon tu va arriver après Sissi et t'auras plus d'eau chaude!!! Et après, bonjour la méga bonne humeur toute le journée!!
- Oui, t'as raison! Je me dépêche! »
Jérémie prit alors ses affaires de douche et les deux amoureux sortirent de sa chambre. Une fois arrivés au niveau des escaliers, Aélita se retourna vers Jérémie et ils s'échangèrent un sourire. Ils se mirent à rougir, tous les deux étaient visiblement génés.
-« A tout à l'heure, Jérémie!
- OK, à tout à l'heure! »
Ils se séparèrent. Jérémie se dirigea vers les douches de l'étage tandis qu'Aélita se rendit à l'étage des filles. Elle se rendit dans sa chambre puis se prépara pour aller à la douche. Elle dut se dépêcher car elle avait entendu Sissi s'affairer dans sa chambre, ce qui signifiait qu'elle était presque prête à aller à la douche à son tour.
Dans la chambre d'Odd et Ulrich, c'était toujours la même histoire. Ulrich s'était levé en premier et essayait de réveiller Odd, mais sans succès, comme d'habitude...
« Allez, réveille-toi, Odd! On n'aura plus d'eau chaude pour la douche et en plus on va être en retard en cours! ».
Rien à faire. Odd ronchonnait des mots que lui seul comprenait, ayant plongé son visage dans son oreiller afin d'essayer de rester dans les bras de Morphée un peu plus longtemps. Ulrich décida alors de le prendre par les sentiments pour parvenir à ses fins.
« Odd, lève-toi!!! Y a Samantha qui est entrée dans la cantine et elle a volé tous les croissants!!!
Elle a même empaillé Kiwi!!! »
Odd se dressa brusquement sur son lit en hurlant:
- « NON!!! PAS LES CROISSANTS!!!!
- Ha! Enfin! T'es décidé à te lever! Sympa pour Kiwi, aussi...
- C'est malin, tiens!! Et laisse mon chien en dehors de tout ça!
- C'est vrai qu'entre toi et les croissants, c'est une histoire d'amour passionnée. Ou du moins, plus qu'avec Kiwi...
- Rhaaaaaaa!!!! Qu'est-ce que je viens de dire!? »
Puis Odd se calma et dit : « Mais, au fait, dis-moi, où ça en est entre toi et Yumi?? »
Ulrich ne répondit rien, il était très gêné par la question. Son visage était d'un rouge écarlate. Par chance, il avait tourné le dos à Odd avant d'entendre ce que lui avait dit son collègue de chambrée, ce qui lui permit d'éviter les vannes d'Odd à ce sujet. En fait, Ulrich lui-même ne connaissait pas la réponse à cette question car rien n'avais évolué entre eux depuis l'arrêt du supercalculateur. On n'entendait plus rien dans la chambre. Odd avait bien compris la situation et n'avait pas envie de le mettre dans l'embarras plus que cela. Puis ils s'affairèrent pour aller à la douche.
Vers 7h30, nos quatres pensionnaires se retrouvèrent à la cantine pour prendre leur petit déjeuner.
Yumi devait les rejoindre vers 7h45. Quant à William, il ne trainait plus beaucoup avec eux, il s'était fait d'autres amis dans sa classe avec qui il passait presque tout son temps. Les quatres internes en profitaient pour discuter de tout et de rien, des rêves qu'ils avaient fait pendant la nuit et autres petites choses sans importance, tout cela dans la bonne humeur habituelle de la bande. Ça faisait longtemps qu'ils n'avaient pas pris de petit déjeuner sans se préoccuper d'une éventuelle attaque de XANA. Puis Odd lança:
- « au fait, beau brun, tu m'as toujours pas répondu... Vous en êtes où, toi et Yumi?
- Lache-moi la grappe, tu veux! Y a rien entre nous, je te l'ai déjà dit!
- Quoi?! Tu vas quand même pas essayer de nous faire croire qu'il n'y a rien entre vous deux?!
- Ben, pourtant, faudra bien que tu t'y fasses parce que c'est la réalité!
- Mais bien sûr! »
Ulrich se leva brusquement, tapa fermement du poing sur la table et répondit à Odd:
« Comment faut que je te le dise pour que tu rentres ça dans ta petite tête?! Y a rien entre moi et Yumi!! »
La réaction d'Ulrich surprit tout le reste de la bande, Odd le premier. Il ne s'attendait pas à une telle virulence. Il voulait juste le titiller un peu, mais pas l'énerver à ce point. Au même moment, la principale intéressée par ces propos entra dans la cantine. Elle avait entendu Ulrich parler. Elle qui s'était fait une joie de se préparer pour Ulrich, affichait maintenant une mine déçue et n'osait plus approcher. Aélita la remarqua à cet instant, elle se tourna vers elle, lui fit signe de s'approcher et dit:
« Hé, Yumi! Tu va bien?
- Salut les amis, ça va bien! Et vous? »
Yumi avait fait mine de n'avoir rien entendu et affichait un sourire radieux pour cacher son embarras à Ulrich. Les trois autres se retournèrent vers elle. Ulrich se rassit. Ils lui répondirent que oui. Elle s'approcha du petit groupe et s'assit à coté d'Ulrich qui, lui, avait l'air plutôt gêné. Puis ils commencèrent à discuter tous ensemble.
Quand soudain, la voix de Yumi se mit à dérailler comme un CD qui saute, et son corps devint tout flou avant de disparaître sous les yeux ébahis de ses amis. Tous restaient sans voix devant le spectacle étrange et inexplicable qui venait de se produire sous leurs yeux impuissants
- « C'est pas possible! » lança alors Jérémie, « C'est quoi ce délire!! Ça peut pas être XANA, je l'ai éradiqué comme de la vermine! Dites moi que je rêve!
- Ben ça alors!! » dirent simultanément Odd et Ulrich d'un air désapointé
- « Elle était juste à coté de moi! » continua Ulrich, « Et elle s'est évaporée comme ça sans qu'on puisse rien faire!! » poursuivit-il avec les larmes presque aux yeux.
Épisode 2: « Désarois »
Sissi arriva alors à leur table et s'assit à coté d'Ulrich avec son plateau et dit:
« Salut les amis, comment ça va aujourd'hui? »
Pas de réponse. Sissi vit qu'ils avaient tous l'air catastrophés, et que Ulrich avait les larmes aux yeux.
« Ben, qu'est-ce qu'il y a, mon chéri? Pourquoi tu pleures? » poursuivit-elle, l'air inquiète. « Tu sais bien que tu peux tout me dire et que je serais toujours là pour toi. Tu sais bien que nôtre amour est plus fort que tout. »
A ce moment-là, elle s'approcha de lui et le serra dans ses bras. Ulrich se laissa faire, complètement éffaré. Il n'y comprenait plus rien. Les autres non plus, d'ailleurs. Sissi qui se montait soudainement très intime avec Ulrich, ça paraissait bizarre pour toute la bande. Que se passait-il? Personne n'avait de réponse. Sissi commençait à s'affoler devant le silence pesant de ses camarades.
- « Quelqu'un va-t-il se décider à me dire ce qui se passe, à la fin? Vous me faites vachement peur, là! Il eu un mort? Vous avez vu un fantôme? Ou alors vous me faites encore marcher? » dit-elle.
- « Ben, en fait, Yumi était assise juste là, à ta place il y a trente secondes, quand elle a soudainement disparue sous nos yeux. Comme ça, pfouttt!!! Évaporée! Partie en fumée! » lui répondit Jérémie. « ça fait un choc! On n'a rien compris...
-Hein? Comment c'est possible? Vous avez regardé sous la table au moins? Et puis d'abord, c'est qui cette Yumi?? Je ne la connais pas, celle-là, elle est nouvelle? Et puis qu'est-ce qu'elle faisait assise à coté de toi, Ulrich chéri? »
Sissi était toujours très jalouse dès qu'une fille s'approchait d'un peu trop près de son Ulrich. Personne n'osait lui répondre tant la situation leur échappait complètement. Ils étaient tous plus abasourdis les uns que le autres par ce qui venait de leur tomber dessus. Ils en dicutèrent encore un peu jusqu'à ce que la sonnerie retentisse. Sissi n'y comprenait vraiment rien mais elle faisait comme si de rien n'était. Il était déjà 8 heures. Les cinq compagnons de tablée se décidèrent à aller en cours malgré tout. Après tout, peut-être n'était-ce qu'un mauvais rêve et qu'ils allaient se réveiller bientôt. Du moins, l'espéraient-ils tous en secrêt.
La pause de midi arriva. Dès la sonnerie, Ulrich se précipita hors de la salle de classe où il se trouvait avec ses amis et se dirigea comme une flèche vers celle où Yumi devait avoir cours. Il resta inspecter celle-ci depuis la porte d'entrée pour essayer de voire qui s'y trouvait. Il la cherchait du regard, mais en vain. Il s'approcha de William pour lui demander:
« Dis, William, t'aurais pas vu Yumi ce matin?
- Ben non, pourquoi? Je pensais qu'elle était une fois de plus avec vous sur Lyoko.
- T'es con ou quoi?! C'est pas possible! Je te rappelles pas qu'on a éteint le supercalculateur!
- Ha oui, c'est vrai! J'avais oublié! T'inquiètes donc pas pour elle, si ça se trouve, elle est juste clouée au lit avec une bonne fièvre. Tu la verras demain! »
En entendant cela, Ulrich se dit qu'il avait peut-être vraiment rêvé tout cela et que William avait sûrement raison. En même temps, tout ça avait l'air si réel... Il voulut en avoir le coeur net et décida alors de se rendre chez Yumi vérifier. Il traversa alors la cour du collège en courant. Odd, qui l'avait vu, se mit à courir derrière lui pour le rattraper. Il y parvintquelques instants plus tard et lui demanda:
« Où tu vas comme ça?
- Chez Yumi, pour vérifier si elle y est! Mais faut faire vite si on veut pas se faire repérer!
- OK! Je te suis! »
Ils sortirent ensemble du collège par l'entrée principale en faisant bien attention de ne pas se faire prendre. Une fois dans la rue, ils se mirent à courir à toute vitesse pour arriver au plus vite devant chez Yumi. Enfin, ce qui était censé être sa maison. Quelle ne fut pas leur désarois en voyant la maison toute délabrée avec un écriteau jaune où une inscription en noir indiquait que la maison était à vendre. Elle avait l'air inoccupée depuis de très nombreuses années. Comment cela se pouvait-il, alors qu'ils avaient vu Yumi le matin même?
« HO!... HO!... » dit Odd, « Allô, Houston? On a un sérieux problème, là!!
- J'te le fais pas dire! » renchérit Ulrich. « Faut qu'on voit ça avec les autres! J'appelle Jérémie pour le lui dire.
- OK, d'ac! »
Ulrich sortit son portable de sa poche et composa le numéro de Jérémie. Il le plaqua contre son oreille droite et attendit quelques secondes, le temps que celui-ci décroche.
« Allô, Jérémie?
- Ha! Ulrich, enfin! Ça fait 10 minutes qu'on vous cherche partout? Qu'est-ce que vous foutez?
- Là, on est devant chez Yumi, et y a un énorme problème!
- C'est à dire??
- En fait, c'est pas chez Yumi!
- comment ça, c'est pas chez Yumi? T'y es ou t'y es pas?
- J'y suis, mais c'est plus chez Yumi! Et visiblement, ça ne l'a jamais été!
- Expliques-toi, je comprends rien!!!
- En fait, la maison est en ruines. Et il y a un panneau qui dit qu'elle est à vendre! Vu son état, ça doit faire super longtemps que c'est comme ça! »
En entendant ces paroles, Jérémie avait vraiment la sensation que tout sétait passé comme si quelqu'un avait tout simplement mis un coup de gomme sur la vie de la famille Ishiyama. Il se posait de sérieuses questions sur le fait d'avoir réellement éliminé XANA. C'est vrai, comment pouvait-il en être sûr à 100%? Surtout depuis qu'il avait éteint le supercalculateur. Cela se pouvait-il que XANA ait fait une sauvegarde de lui-même quelque part dans le réseau et qu'il ait fait en sorte qu'elle s'active quelques jours après qu'il soit complètement supprimé? Après tout, il avait réussi à accéder à la conscience, alors pourquoi pas. Et Franz Hopper, qui l'avait créé, aurait-il fait de même? Tout cela se mélangeait dans la tête du génie, à tel point qu'il ne savait pas quoi dire.
- « Jérémie? Jérémie? T'es toujours là? Allô??? » lui dit Ulrich
- « Heu... Oui, je suis là. On en reparle ce soir, parce qu'il y a quelque chose de vraiment pas clair là-dessous! Dépêchez-vous de rentrer, Jim trouve bizarre que vous soyez pas avec nous, il commence à vous chercher partout! On lui a donné une excuse bidon mais il a l'air de se douter de quelques chose! Magnez-vous sinon ça va barder pour tout le monde!!
- OK, on arrive! Gardez-nous des places à la cantine!
- C'est comme si c'était fait! A plus!
- A plus! »
ils raccrochèrent tous deux leur portable. Odd et Ulrich se remirent à courir en direction du collège. Ils arrivèrent juste à temps. Jim était en train de questionner leurs amis accompagnés de Sissi. Les trois jeunes intérrogés furent soulagés en les voyant entrer dans la cantine. Ils les montrèrent du doigt à Jim, qui se retourna vers eux en leur disant:
- « Alors les jeunes! Où étiez-vous donc encore passés? Je croyais que la vie de superhéros pleine de dangers était finie pour vous!
- Ben, en fait, pas tant que ça! On est allés aux toilettes après les cours et on est restés coincés dedans! » répondit Odd.
- « Sans blagues! Et vous allez me dire que les toilettes vous retenaient en otages, qu'ils ont réclamé une rançon pour vous libérer, mais que vous avez réussi à vous échapper pendant qu'ils vous tournaient le dos, c'est ça?? » reprit Jim.
- « Mais comment vous savez ça, vous? Vous y étiez aussi??? A moins que vous soyez leur complice ? » renchérit Odd.
- « Allons, Della Robia, qu'est-ce que vous allez vous imaginer! D'ailleurs, ça me rappelle l'époque où j'étais dans l'escadron paranormal de l'armée militaire! »
Les cinq jeunes se mirent à pouffer de rire. Jim ne le remarqua pas et continua sur sa lancée:
« On nous appelait les chasseurs de l'ombre. On travaillait surtout la nuit. Et vous savez quoi, être chasseur de l'ombre la nuit, c'est super dur!!! »
Ils ne purent se retenir d'éclater de rire au moment Jim prononça cette phrase. Mais lui poursuivait:
« On enquêtait souvent sur ce genre de trucs. Mais on n'a jamais eu de preuves suffisantes pour dire ce que c'était, jusqu'au jour où...
- Jusqu'au jour où??? » demanda Sissi.
- « Heu... Je préfère ne pas en parler!
- Ho ben non! On veut savoir, nous! » clama Odd.
- « Peut-être qu'un jour je vous le dirais, mais en attendant, c'est secrêt-défense! Alors... » conclua Jim, visiblement gêné par la tournure que la discution avait pris
Puis Jim leur tourna le dos et s'éloigna. Nos cinq jeunes prirent leur déjeuner tous ensemble. Malgré l'absence pesante de leur amie Yumi.
Odd ne put s'empêcher de faire un commentaire à propos de Jim:
« T'y crois pas! L'armée MILITAIRE!!! Ouaaah, trop fort, le Jimbo! L'escadron paranormal en plus! »
Ils éclatèrent de rire. Et Ulrich de rajouter:
« Tu m'étonnes qu'il était paranormal, son escadron! Vu la lumière qu'ils ont embauché dedans! On lui piquerait sa brosse à dents qu'il croirait que c'est un fantôme qui l'a fait!!! »
Et la bande continua à rire de bon coeur! Après tous ces événements, ils décidèrent d'aller en cours et de discuter de tout ça le soir venu. Ils sortirent de la cantine pour aller en cours quand le portable d'Ulrich vibra dans sa poche. Il le sortit et vit dessus l'indication « Numéro Inconnu ». En effet, le numéro qui était indiqué en dessous semblait provenir de l'étranger et ne lui disait vraiment rien. Il décida quand même de décrocher.
- « Allô?
- Ulrich! 㐱ケ㐯 Yumi! 㐰㐡㐒㐳㐕 !
- Allô? C'est quoi cette blague?! Je comprends rien de ce que vous dites, madame!
- 㑊㐠㐚? 㐫㑂㑾㔾! 㕚㔸㔲㔳?!
- Bon, si c'est une blague, c'est pas très drôle! C'est pas la peine de recommencer! »
Puis il raccrocha sans ménagement. Aélita lui demanda:
- « Qui c'était?
- Je sais pas, c'était bizarre! C'était une femme qui avait l'air paniquée! J'ai rien compris de ce qu'elle disait! Et l'appel ne vient pas de France, en plus!
- Ha bon? » rétorqua Jérémie. « Mais, et si... » Puis il se tut, songeant alors au coup de fil étrange que son ami venait de recevoir.
Ulrich se demanda soudainement s'il ne connaissait pas cette voix qu'il avait entendu au téléphone. Il fut pris d'un gros doute à ce sujet. Plus le temps passait et plus il en était convaincu. Il avait déjà entendu cette voix ailleurs. Il croyait même l'avoir reconnue. Comment était-ce possible? Il était totalement perdu. S'il avait raison, ce qu'il espérait, comment faire alors pour franchir la barrière de la langue qui, manifestement, était venue s'intercaler entre eux de façon aussi impromptue. Il sentit alors son portable vibrer à nouveau dans sa poche. Il le sortit et vit que c'était encore le même numéro qui cherchait à le joindre.
Épisode 3: « A l'évidence »
Il n'eut pas le temps de décrocher que la sonnerie se fit entendre. Il décida donc de ne pas répondre et d'aller en cours, même si ce qui venait de se produire le laissait perplexe. Et il n'y avait pas que lui. Jérémie aussi y pensait, mais ce qu'il en avait conclu le tracassait. Il n'osait pas trop y croire. Et pourtant, quelque part, ça le soulageait un peu. Il avait eu peur qu'une catastrophe irréversible ne se soit déroulée sous ses yeux impuissants. Ils avaient décidé de se réunir après les cours dans la chambre du petit génie pour essayer de découvrir ce qui était en train de se dérouler et quoi faire.
A la sortie des cours, alors que la fin des cours venait de sonner, Sissi, qui était assise à côté d'Ulrich, le regardait amoureusement. Tous les élèves rangèrent alors leurs affaires dans leur sac et commençcèrent à quitter la salle de classe. Sissi était à présent debout à côté de lui et continuait à le regarder avec autant d'amour dans le regard. Lui aussi venait de se lever. Quand il se tourna vers elle, Sissi l'embrassa subitement et passionément sur la bouche. Ulrich, qui n'avait pas vu le coup venir, fut comme pétrifié quelques secondes. Il se laissa faire puis se reprit et la repoussa fermement.
« Mais qu'est-ce qui te prends? Qu'est-ce que t'essayes de faire? T'es pas un peu folle? » lui dit-il en la regardant droit dans les yeux. Il ne pouvait pas faire autrement car elle s'était collée à lui. Il avait l'air paniqué par ce qui venait de se produire. Il venit de perdre sa bien-aimée. Elle, par contre, ne comprenait pas ce rejet si soudain de la part de son bien aimé. Ele le regardait dans les yeux, totalement déconcertée par la réaction de son ami qu'elle aimait du plus profond de son être depuis le premier jour où elle l'avait aperçu.
Odd, qui avait vu la scène de loin mais n'avait rien entendu de ce qu'Ulrich avait dit à Sissi, s'approcha d'eux et lança à Ulrich:
« Ben dis donc! Tu perds pas de temps, toi! Tu te prives pas quand Yumi n'est pas là! A peine disparue que tu la remplaces illico par Sissi!!! »
Odd éclata alors de rire. La victime de ses sarcasmes se retourna vers lui et lui répondit sèchement:
- « Ho, ça va! Laches-moi, toi! T'es franchement pas drôle, là! Comment tu peux plaisanter avec ça???
- Ho la la! Si on peut plus rigoler!!! Bonjour l'ambiance! J'ose même pas imaginer la joie de vivre de vos futurs enfants!! » conclut Odd en s'éloignant du couple.
- « Odd!!! Arrêtes!!! » lui dit Ulrich, sur un ton qui laissait clairement paraître son agassement face aux propos du petit blond excentrique de la bande.
Puis il se retourna vers Sissi et lui dit sur un ton plus calme:
« Sissi, je te reconnais plus! Qu'est-ce qui t'arrives? Pourquoi tu m'embrasses comme ça? Tu te souviens pas que je ne suis amoureux de toi? »
Sissi fut littéralement décontenancée par ces paroles. (Mais non! Elle ne s'est pas pissée dessus! )
Elle lui dit alors:
« Quoi? Tu ne m'aimes plus? C'est pas possible! Tu ne peux pas me le dire comme ça! Non! Ne me quittes pas! »
Elle se mit alors à fondre en larmes. Ulrich fut lui aussi décontenancé par la réaction de Sissi. (Mais non! Lui non plus ne s'est pas pissé dessus! Franchement, faut avoir l'esprit tordu pour s'imaginer ça! )
- « Mais de quoi tu parles, Sissi? Y a jamais rien eu entre nous, tu le sais très bien! » lui dit-il.
- « Ha bon? Alors pendant toutes ces années où on était tout le temps fourrés ensemble, tu n'as jamais rien éprouvé pour moi? » lui répondit-elle en sanglotant. Avant de rajouter: « Et quand on partait en vacances l'été, toi chez moi puis moi chez toi, tu ne ressentais rien pour moi? Et quand tu m'as embrassée pour la première fois à la sortie des cours en sixième, tu va tout de même pas me dire que tu n'éprouvais rien non plus? »
Ulrich ne savais pas quoi répondre. Elle continuait à lui parler et lui donnait beaucoup de détails sur sa propre vie privée, alors qu'il s'était bien gardé de lui dire. Ce qu'elle disait semblait si réel et crédible. Comment savait-elle tout cela? Tout ceci lui paraissait vraiment de plus en plus louche. Il se précipita alors vers la chambre. Il venait de se rendre compte d'une chose. Tout cela lui paraissait de plus en plus évident à présent. Il laissa Sissi seule avec son désespoir.
Sissi pleurait à chaudes larmes. Elle était totalement perdue. Que faire quand la personne que vous aimez et de qui vous croyez être aimé(e) vous dit qu'en fait il (elle) n'a jamais rien éprouvé pour vous? Sissi se posait cette question. Elle se sentait trahie et humiliée par celui qu'elle aimait plus que tout au monde.
Ce monde, justement, Ulrich venait de comprendre ce qui venait de s'y passer. Du moins, le pensait-il. Tout lui semblait si limpide à présent. Il arriva enfin devant la porte de la chambre de Jérémie. Il frappa, entendit la voix de son ami qui l'invitait à entrer et s'exécuta. Les trois autres l'y attendaient. Une fois la porte fermée, Aélita lui lacha:
« Ha ben enfin! Sissi n'est pas avec toi?
- Heu... Ben non, pourquoi? Elle devrait? » répondit-il innocemment.
- « Odd nous a raconté le baiser langoureux que vous vous êtes échangés, toi et elle! » continua-t-elle.
- « Ha non! Ça va pas recommencer! C'est elle qui s'est jetée sur moi! Et puis, faut que je vous dise! Je crois savoir ce qui s'est passé pour yumi! »
C'est alors qu'il leur exposa sa théorie sur les événements de la journée. Il leur déballa tout: le comportement étrange de Sissi, l'appel mystérieux, l' « évaporation » de Yumi sous leurs yeux, et Sissi qui ne se rappelait même plus de celle qui était sa pire ennemie. Et il y en avait d'autres, notament l'absence d'Hiroki au collège. Ils n'y avaient pas prêté attention, mais lui aussi avait disparu.
« Alors toi aussi, tu crois que c'est ça? » lui dit alors Jérémie.
- « Comment ça, moi aussi? » lui demanda Ulrich, un peu étonné.
- « Ben, en fait, ça m'a occupé l'esprit tout l'après-midi, après le coup de fil bizarre que t'as reçu! Mais j'osais pas y croire. Franchement, ça me rassure un peu de savoir que je ne suis pas seul à le penser. »
Les discutions sur le sujet allèrent bon train jusqu'à l'heure du diner. Ils sortirent de la chambre de Jérémie pour se rendre à la cantine. En chemin, ils croisèrent Sissi. Quand elle vit Ulrich, elle s'empressa de fuire dans sa chambre en essayant de cacher tant bien que mal le fait qu'elle était en larmes. Elle ne comprenait rien à ce qui se passait. Ulrich se sentit embarrassé par la situation.
Ils prirent leur repas dans le calme puis allèrent dans la chambre d'Ulrich et Odd pour discuter de la mésaventure de leur amie disparue. Pour s'assurer qu'ils avaient bien raison, Jérémie proposa d'aller voire le proviseur pour demander où était passée Yumi.
Ils se couchèrent. La nuit passa. Pour tous, elle avait été un peu courte. Sauf pour Odd qui, comme à son habitude, ronflait de bon coeur. Le réveil se déroula comme tant d'autres matins avant celui-ci. Mais il était un peu particulier car Yumi était loin, très loin d'eux. Et cela les faisait un peu souffrire au fond d'eux-même. Et plus particulièrement Ulrich.
Après s'être rendus à la cantine pour y prendre leur petit déjeuner, ils se dirigèrent vers le bureau du proviseur. Arrivés devant la secrétaire, Jérémie lui demanda:
« Bonjour, madame, on vient voire Monsieur Delmas. Est-ce qu'il peut nous recevoir? »
La secrétaire afficha une mine étonnée et amusée à la fois. Elle répondit alors:
« Monsieur Delmas? Le jardinier? Mais pourquoi vous me demandez ça? Vous n'avez qu'à vous rendre dans sa remise dans le parc, vous verrez bien s'il est là!!! »
tout le monde fut surpris par cette réponse. Jean-Pierre Delmas, le père de Sissi, jardinier?! Comment cela était-il possible? Cette fois, ils eurent une preuve irréfutable de ce qu'ils pensaient. Quelqu'un ou quelque chose avait bel et bien altéré le monde dans lequel ils vivaient. Ils sortirent alors pour se rendre dans le parc pour discuter loin des oreilles indiscrètes de la cour de récréation.
Sissi, qui trouvait ce comportement si étrange et les avait vu se rendre dans le parc, les suivit discrêtement pour écouter ce qu'ils disaient. Elle n'entendit que ceci de la conversation:
« Faut se rendre à l'évidence, maintenant! Y a quelque chose de grave qui s'est passé... » dit Jérémie.
Odd ne put s'empêcher de lui couper la parole et de renchérir:
« Sans blague! On n'avait pas remarqué! »
Mais Aélita le reprit:
« Odd, il a raison! C'est peut-être même pire que ce qu'on avait imaginé! Comme s'il avait encore frappé! »
Odd ajouta alors:
« Oui, mais pourtant, ça ne lui ressemble pas! Il n'y a rien qui permette de dire que c'est lui! »
Ulrich prit alors la parole. Comme il tournait le dos à Sissi, celle-ci ne compris rien de ce qu'Ulrich avait dit. Puis ils retournèrent et commencèrent à se diriger vers la cour. Ulrich se retourna alors et Sissi entendit clairement de sa bouche:
« De toute façon, il faut le faire! C'est la seule façon d'en être sûr et peut-être même d'enfinir une fois pour toute avec lui! »
Jérémie déclara alors:
« Bon, je propose qu'on en rediscute à fond ce soir dans ma chambre pour décider de ce qu'on va faire. En attendant, on a une dure journée de cours qui nous attend! »
Les trois autres acquièssèrent. Alors que le petit groupe partait du parc, Sissi essayait de se cacher du mieux qu'elle pouvait pour ne pas se faire prendre.
Épisode 4: « Grande Muraille »
Elle avait peur qu'Ulrich la découvre et lui dise des mots qu'elle ne voulait pas entendre, qu'elle ne voulait plus entendre. Le petit groupe s'éloigna. Sissi soupira. Puis elle entendit Ulrich dire:
« Franchement, Sissi m'inquiète aussi beaucoup. Je comprends bien qu'elle ne se souvienne pas de Yumi. Mais qu'elle me dise qu'on était ensemble depuis l'école primaire! Là, c'est du délire! En plus, elle a carrément changé dans son comportement! Elle est devenue gentille! Ça change d'avant! Si seulement elle avait pû se montrer comme ça avant... Et puis ça me fait de la peine de lui faire ça, elle avait l'air si triste quand je le lui ai dit. »
Le sonnerie résonna une fois de plus dans le collège pour annoncer le début des cours. Une fois hors de vue de la bande, Sissi sortit de sa cachette pour aller en classe. La journée passa sans qu'aucun autre événement particulier ne se soit déroulé. Sissi avait fait en sorte de s'éloigner le plus possible du garçon qui venait de lui briser le coeur et de ses amis. En classe, elle alla s'assoire à coté d'un certain Poilochiott ou Poloneuff, elle ne s'en souvenait pas exactementet, à vrai dire, elle s'en fichait éperdument.
Elle n'avait pas envie de parler à Ulrich. Elle souffrait en silence. Son esprit était submergé de questions sur cette Yumi dont elle n'avait aucun souvenir et que pourtant tous les autres semblaient connaître. Pour autant qu'elle s'en souvienne, ils passaient tout leur temps ensemble, et s'ils la connaissaient avant, elle s'en souviendrait. Tout aussi bien que le jour où Aélita arriva à Kadic. Elle se dit que si cette fille était au collège, alors peut-être les autres élèves en avaient-ils entendu parler, ou même la connaissaient-ils. Elle demanda à son voisin à voix basse:
« Hé! Dis, tu connais pas une fille qui s'appellerait Yumi par hasard? »
Nicolas, à qui elle n'avait jamais adressé la parole, se tourna vers elle. Il la regarda avec un air complètement abruti et contemplatif à la fois. Si elle ne l'avait jamais remarqué, lui, par contre l'adimrait en secret depuis longtemps. Et elle venait de lui parler. Il était resté bouche bée. Il en bavait presque.
« Ohé! C'est à toi que je parle! » lui dit-elle, « Y a quelqu'un dans le cerveau??? » continua-t-elle en lui tapotant sur le front.
- « Hein? C'est à moi que tu parles? » répondit-il.
- « Ben non, crétin! C'est à ton joli cartable que je parle!!! » poursuivit-elle.
Il avait vraiment l'air imbécile. Elle ne regrettais pas de ne jamais lui avoir adressé la parole avant.
- « Ha bon! » rajouta Nicolas, tout penaud.
- « Évidamment que c'est à toi que je parle!
- Ha! Et tu me disais quoi?
- Je te demandais si tu connaissais une fille à Kadic qui s'appelle Yumi.
- Yumi??? C'est bizarre comme nom! On aurait dit que c'est chinois, tu trouves pas?
- Alors tu la connais?
- Ben non! »
Puis elle demanda à tous les élèves situés autour d'elle. Mais personne ne semblait la connaître. Qui était donc cette mystérieuse Yumi? Se pouvait-il qu'Ulrich la trompe en secret avec cette fille? Après tout, elle n'était pas avec lui dans sa chambre le soir, après qu'elle se soit couchée. Ulrich faisait-il alors le mur pour retrouver cette fille? Toutes ces questions restaient sans réponses.
Le soir venu, Sissi courrut dans sa chambre pour pleurer. Elle avait encore trop de chagrin. Pendant ce temps, la petite bande se retrouva dans la chambre de Jérémie. Jérémie commença:
- « A vôtre avis, est-ce que ça peut être un coup de XANA?
- Ben, franchement, ça ne lui ressemble pas! Il n'y a pas eu de phénomènes du genre xanatification ou électrocution. Alors j'en doute. » répondit Ulrich
- « Ouais, c'est vrai ça! C'est pas dutout signé XANA, ça » ajouta Odd
- « Peut-être mais je veux en avoir le coeur net. Et pour ça, il faut faire un truc. Mais je peux pas le décider seul. » Dit alors Jérémie.
- « Qu'est-ce que tu proposes, alors? » demanda Aélita.
- « Ben, c'est simple! Il faut rallumer le supercalculateur! De toute façon, si c'est bien XANA, on a toujours l'antivirus! » répondit Jérémie.
- « Ouais, mais si XANA s'empare du supercalculateur avant que ton antivirus démarre, comment on fait? » questionna Ulrich. « Ça risque de recommencer comme avant, non? Les attaques à toute heure du jour et de la nuit, les retours vers le passé... Et tout le reste, sauf que Yumi ne sera pas là pour nous donner un coup de main! »
- « Heu, ouais, j'y avais pas pensé, à ça! Attendez, il faut que je réfléchisse deux minutes... » déclara alors Jérémie.
Ce dernier prit un crayon et un papier. Il écrivait, effaçait, gribouillait et raturait plein de choses sur son papier. Aélita lui suggérait de temps en temps quelques idées. Les deux autres ne comprenaient rien de tout ce charabia. Au bout de dix minutes d'intense réflexion de la part du petit génie et de sa dulcinée, Jérémie s'écria:
« Ça y est! La voilà la solution! On n'a qu'à installer un firewall sur le supercalculateur! Comme ça, vu que XANA ne s'y trouve plus, il ne pourra pas en prendre le controle! Et après, on fait un scan de tout le réseau pour trouver XANA. Ensuite, on lui balance l'antivirus aux trousses et on l'élimine une bonne fois pour toutes! »
Jérémie et Aélita avaient chacun un grand sourire aux lèvres. Odd et Ulrich, eux, ne comprenaient rien et la solution qui leur était présentée les laissait perplexes. Ulrich s'aventura alors à leur poser une question:
« Dis, Einstein, c'est quoi au juste un firewall?? »
Jérémie écarquilla les yeux en regardant Ulrich puis lui répondit:
« T'es vraiment une biquette en informatique,toi! Un firewall, c'est un programme qui.... »
Jérémie se lança alors dans des explications qui n'avaient ni queue ni tête pour Ulrich et Odd, et déjà ceux-ci ne l'écoutaient plus. Odd l'interrompit et lui demanda alors:
« Et sinon, en français, ça veut dire quoi??? »
- « OK, je vois! Bon, vous connaissez la Grande Muraille de Chine? » leur demanda Jérémie.
- « Ben ouais! » déclarèrent les deux garçons.
- « Mais quel est le rapport? » pousuivit Ulrich.
- « Ben, en fait, c'est simple! La Grande Muraille de Chine a été construite pour empêcher les peuples barbares d'envahir et piller la Chine. Un Firewall, c'est pareil! Sauf que lui, il empêche les virus et les hackeurs de s'emparer du supercalculateur! C'est tout simple! » leur dit alors Aélita, venue soutenir son prince charmant.
- « Si vous le dites, on veut bien vous croire! En attendant, moi, j'ai rien pigé du tout » répondit Odd
- « Mais pourquoi je suis pas étonné par cette réponse, moi?? » dit Jérémie sur un ton exaspéré. Avant de poursuivre:
- « Alors là, si vous n'avez pas compris, je me demande ce qu'il vous faut de plus!
- T'inquiètes pas, on te faisait marcher! On a tout compris » lança Odd
- « Forcément, quand c'est bien expliqué, on comprend plus vite!! » renchérit Ulrich.
A ce moment-là tous les trois éclatèrent de rire et Jérémie se mit à bouder dans son coin.
« Allez, fais pas cette tête- là! On rigolait! C'est pas la peine de bouder pour ça! » lui dit Ulrich.
- « Mouais, bon! OK! Ça va! » répondit Jérémie. « Sinon, vous êtes tous d'accord pour qu'on rallume le supercalculateur? »
Tous les trois acceptèrent. Cependant, Jérémie leur précisa que pour éviter tout risque inutile, ils ne le feraient pas tant que le firewall ne serait pas au point. Sans le supercalculateur, cela s'avèrerait difficile mais il savait qu'avec l'aide d'Aélita, il y parviendrait.
Quand soudain, le portable d'Ulrich se mit à vibrer. Il n'attendait aucun appel. Il sortit son téléphone de sa poche et vit encore une fois que c'était le même correspondant étranger que la veille qui cherchait à le joindre. Il dit alors:
« Jérémie! C'est elle! Qu'est-ce que je fais? »
Épisode 5: « Reconnexion(s) »
Jérémie se leva alors et se précipita vers son ami et lui disant:
« Ben, vas-y! Réponds! »
Ulrich s'exécuta. Il dit alors:
« Allô... »
Il n'eut pas le temps de dire plus que la voix à l'autre bout du téléphone lui dit:
« Ulrich!!! Ho... Ulrich!! It's me! Don't ring off the phone, please! I need your help! »
(Traduction: « Ulrich!!! Ho... Ulrich!! C'est moi! Ne raccroches pas, s'il te plait! Aides-moi! »)
Ulrich resta sans voix pendant quelques secondes. Les quelques mots qu'il venait d'entendre de cette voix qu'il espérait à nouveau entendre un jour, même s'il n'y avait strictement rien compris, le rassuraient. Il était soulagé de l'entendre à nouveau. Il n'avait dès lors plus qu'une seule hâte: qu'elle soit présente à nouveau à ses côtés le plus rapidement possible. Il ferait tout ce qu'il pourrait pour y parvenir, peu importe ce qu'il lui en coûte.
Elle le savait et, elle aussi, ferait tout pour qu'ils soient de nouveau côte à côte. Malgré la situation dans laquelle elle se trouvait, elle avait tiré quelques leçons sur elle-même. Elle s'était rendu compte d'à quel point elle ne pouvait pas se passer d'Ulrich. Pourquoi avait-elle douté d'elle même alors que tout cela lui paraissait si évident à présent? Elle ne s'en était pas vraiment rendue compte avant, mais elle vivait pour lui. Et cela chaque jour un peu plus. Les sentiments qu'elle éprouvait envers lui étaient devenus si forts qu'elle ne pouvait plus les cacher à elle-même. Et elle se promit qu'elle les lui dévoilerait dès qu'elle le reverrait. Quand bien même elle redoutait ce moment.
Jérémie, Odd et aélita, voyant le silence d'Ulrich, visiblement bouleversé par ce qu'il venait d'entendre, se demandaient bien se qu'elle pouvait lui dire pour qu'il reste là sans rien dire. Jérémie se décida alors à lui parler.
- « Alors??
-Hein?? Heu... Quoi? » lui répondit Ulrich, visiblement sorti précipitamment de ses pensées par son ami.
- « Ben, alors? Qu'est-ce qu'elle raconte? »continua Jérémie.
- « Heu... Attends, je vais lui demander! » déclara alors Ulrich
Il s'adressa alors à sa correspondante au téléphone:
- « Heu... Yumi, t'es où??
- What? I don't understand any word of French! Speack English, please! »
(Traduction: « Quoi? Je ne comprends pas un mot de français! Parles anglais, s'il te plait! »)
Ulrich dit alors à ses amis, d'un air éffaré:
« Elle parle anglais maintenant!!!
- Et alors? » répondit Jérémie. « T'y comprends déjà un peu plus que quand elle te parlait en japonais, non?
- Mais qu'est-ce que je fais, alors?
- Ben, réponds-lui! Idiot! »
Mais pourquoi parlait-elle anglais maintenant? Alors qu'elle lui avait parlé en japonais quand elle l'avait appelé la première fois. Cet événement lui aurait-il l'aurait-il affectée au point de lui faire oublier le français? Ulrich s'exécuta alors et dit d'un ton peu rassuré:
- « But... Heu... I am a... Heu... A big quiche... In English!!!
- A quiche??? What is it??? »
(Traduction: heu... ben, en fait, là, y a pas besoin de traduire... Tout le monde a bien compris, je pense!)
Entendant ces paroles, Odd et Aélita ne purent s'empêcher d'éclater de rire. Jérémie, lui, était exaspéré par le niveau d'anglais de son ami et se contenta de pouffer de rire. Il s'approcha alors de son ami et lui dit:
« Passes-la moi! Je vais lui parler »
Ulrich décolla alors son portable de son oreille et Jérémie s'en saisit. Il demanda alors:
- « Yumi? Is it you?
- Ho, Jérémie! It's good to hear your voice!
- Thanks, Yumi! But where are you now? We were worried about you!
- I'm in Japan! I don't know why and how, but I'm in the town where I'm born. Ho, Jérémie, what happened? I feel very bad here! So much things have changed! I don't recognize anything!!
- Don't worry, Yumi! We have a plan to make things going back to order! But it will take a bit time. »
(Traduction: - « Yumi? C'est toi?
- Ho, Jérémie! Que c'est bon d'entendre ta voix!
- Merci, Yumi! Mais où est-tu maintenant? On s'inquiétait pour toi!
- Je suis au Japon! Je ne sais pas pourquoi ni comment, mais je me trouve dans la ville où je suis née. Ho Jérémie, qu'est-ce qui s'est passé? Je me sens très mal ici! Y a tellement de chose qui ont changé ici! Je ne reconnais plus rien!!
- T'inquiètes pas, Yumi! On a un plan pour faire que tout rentre dans l'ordre! Mais ça va prendre un peu de temps.)
Après cet échange, Jérémie lui demanda si toute sa famille allait bien et si personne n'avait disparu. Quelle ne fût pas sa surprise quand elle lui annonça qu'elle avait deux soeurs en plus de son petit frère Hiroki, dont l'une d'entre elles était sa soeur jumelle et l'autre avait l'âge de Jérémie et Aélita.
Sa soeur jumelle s'appelait Naru et sa petite soeur Nomura. Yumi lui dit aussi qu'elle s'était enfuie de chez elle car ce changement l'avait tellement perturbée et paniquée. Elle en était même choquée.
Pour rassurer Jérémie, elle rajouta alors qu'elle avait trouvé refuge dans une maison abandonnée, derrière un centre commercial, et que, pour se nourrir, elle avait piqué des boites de biscuits et autres denrées non périssables dans les livraisons du supermarché, quand elles étaient stockées dehors quelques minutes avant d'être rentrées pour y être vendues. Elle lui dit qu'elle ne pourrait pas tenir bien longtemps comme ça et qu'il fallait qu'il se dépêche, avec Aélita, de faire quelque chose.
Puis vint le temps de raccrocher. Jérémie lui dit alors qu'il allait trouver un moyen de lui téléphoner tous les jours pour la réconforter sans exploser les forfaits de toute la bande. Yumi lui dit alors de rassurer toute la bande à son sujet, et en particulier Ulrich quelle savait très perturbé par sa disparition si soudaine. Elle n'avait déjà presque plus de batterie. Cependant, elle avait pris son chargeur avec elle. Elle avait de la chance dans son malheur. Dans la vieille maison abandonnée, l'électricité navait pas été coupée. Il y avait même encore l'eau courante, mais froide uniquement. De cette façon, elle pouvait faire sa toilette décemment et en toute tranquilité sans avoir à se rendre dans je ne sais quel endroit mal famé pour faire cela.
Une fois raccroché, Jérémie rendit son portable à Ulrich. Les autres s'empressèrent de lui demander des nouvelles de Yumi. Ce qu'il fit promptement. Odd, Ulrich et Aélita n'en crurent pas leurs oreilles quand Jérémie leur annocça que yumi avait une soeur jumelle et une petite soeur en plus. A ce moment-là, Odd ne put se retenir de vanner Ulrich:
« Ben comme ça, si Yumi ne veut plus de toi, tu pourras tenter ta chance avec sa jumelle!!!
- Ha... Ha! Très drôle. J'suis mort de rire, là. » Répondit l'intéressé, sur un ton qui laissait paraître sa lassitude face aux sarcasmes de ce genre de la part de son compagnon de chambrée.
Jérémie poursuivit sur ce que lui avait confié Yumi. Ils se décidèrent alors à faire comme ils avaient prévu de faire avant l'appel de leur malheureuse amie. Jérémie et Aélita se mirent alors immédiatement au travail sur leurs ordinateurs respectifs. On était vendredi soir, et ils pouvaient se permettre de se pencher toute la nuit sur le problème.
Une semaine passa. Elle fut plutot éprouvante pour les deux génies en herbe. Ils avaient réussi tant bien que mal à finir de fabriquer le programme du firewall et à améliorer le superscan pour l'adapter au réseau, afin qu'il soit plus rapide et plus efficace à detecter les traces éventuelles de l'activité et de la présence de XANA. Ils y avaient passé le moindre de leur temps libre. Ils s'étaient même disputés plusieurs fois mais sans conséquences sur leur détermination à faire revenir les choses à la normale.
Ils avaient appelé Yumi tous les jours depuis l'ordinateur de Jérémie connecté à l'antenne-relais du réseau téléphonique située sur le toit du collège. Ils l'avaient réconfortée et renseignée sur l'état d'avancement des travaux d'Aélita et de Jérémie. Curieusement, pendant toute la semaine, Sissi n'était pas venue en cours et personne n'avait eu de npuvelles d'elle. Personne non plus n'avait essayé d'en avoir.
Le vendredi soir venu, tous les quatres se retrouvèrent après les cours à la bouche d'égout du parc. Ils soulevèrent la plaque et s'y engouffèrent un à un. Ulrich, qui était passé en dernier, remit la plaque en place pour ne pas éveille les soupçons. Puis la bande se rendit à la vieille usine désaffectée par le chemin habituel et avec leurs moyens de locomotion habituels. Sauf pour Jérémie qui constata que sa trottinnette avait été remplacée par un skateboard.
« Alors, Einstein? On se met au skate maintenant? » lui lança Odd.
- « Heu... Ben faut croire que oui, dans ce monde-là! Dites, quelqu'un peut m'aider? » répondit-il.
Les trois autres se mirent à rire. Aélita lui proposa alors de monter avec elle sur sa trottinette.
Ce qu'il accepta volontiers. Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent à l'usine. Ils décidirent les cordes et rentrèrent dans le vieux monte-charges. Ils descendirent alors jusqu'à la salle du supercalculateur. Jérémie s'en approcha. Il actionna le mécanisme de sortie du supercalculateur, ce qui ouvrir la trappe sous laquelle il était rangé. Il monta alors pour sortir du sol et libérer l'accès au levier de mise en marche. Jérémie et Aélita se dirigèrent alors vers celui-ci puis déconnectèrent quelques cables de celui-ci. Ulrich et Odd, très surpris de voir ce que faisaient leurs deux amis, se demandaient s'ils devaient les en empêcher. Ulrich se riqua à poser une question.
« Mais qu'est-ce que vous êtes en train de faire?? Ça va pas?
- Rassures-toi » lui répondit Jérémie. « On déconnecte juste le supercalculateur du réseau au cas ou XANA serait juste en train d'attendre qu'on le rallume pour rentrer dedans avant qu'on ait le temps d'installer le firewall. »
- Ouais, on a juste peur que XANA soit en embuscade dans le réseau! » poursuivit Aélita.
- « Mais t'inquiètes pas, on va le reconnecter après » reprit Jérémie.
Quand ils eurent fini, Jérémie actionna le levier d'allumage de l'engin, qui se mit à faire quelques bruits bizarres. Odd demanda:
« Heu... Dis, Einstein, c'est normal tout ce boucan???
- Ben oui, c'est le groupe cryogénique qui se met en route pour refroidir le supercalculateur. » dit alors Jérémie. « Il est refroidi à l'hélium liquide, alors faut bien ce qu'il faut pour liquéfier l'hélium. C'est normal que ça fasse du bruit au début. Mais après, ça va s'arrêter, rassures-toi. »
Ils remontèrent alors dans la salle de commande via le monte-charge. Jérémie s'installa à sa place habituelle. Le temps que le supercalculateur soit en condition de fonctionner correctement, ils avaient patienté un peu plus d'une demi heure. Jérémie en profita pour dire à Ulrich et Odd comment ils allaient procéder ensuite afin qu'ils ne soient pas surpris de la suite des événements. Et comme à leur habitude, il fallut qu'Aélita leur réexplique tout afin qu'ils arrivent à comprendre ce que Jérémie leur avait dit.
Quand le supercalculateur fut près, il commença par recréer Lyoko. Jérémie avait laissé le programme qui générait ce monde virtuel en place juste au cas où il se serait avéré utile par la suite. Une fois fait, Jérémie inséra un cd-rom, sur lequel il avait enregistré son firewall, dans le lecteur du supercalculateur. L'installation de la Grande Muraille, comme Aélita l'avait baptisé, commença. Cela prit plus d'un quart d'heure. Une fois terminé, il lança l'application fraichement installée pour s'assurer qu'elle fonctionnait bien.
Puis il redescendit à la salle du supercalculateur pour l'arrêter à nouveau. Il était accompagné d'Aélita. Odd et Ulrich étaient restés en haut. Les deux petits génies reconnectèrent tous les cables qu'ils avaient débranchés auparavant. De temps en temps, comme ils n'étaient toujours l'un à côté de l'autre, il arrivait qu'ils s'échangent quelques petits regards amoureux entre deux reconnexions de cables. Une fois terminé, ils rallumèrent le supercalculateur et ils remontèrent dans la salle des commandes en se tenant la main dans le monte-charges. Jérémie et Aélita étaient tous rouges. Ils se regardaient amoureusement dans les yeux. Quand la porte du monte-charges s'ouvrit, Odd les remarqua et s'écria:
« Un bisou! Un bisou! Un bisou! Un bisou!...
- Odd!! Tais-toi!! » lui dirent alors simultanément Jérémie et Aélita.
Ce qu'il fit aussitôt. Puis Ils sortirent du monte-charge, Jérémie se dirigea vers son siège. Aélita resta à côté de lui. Le redémarrage du supercalculateur fut plus rapide que la fois précédente. Il vérifia alors que la Grande Muraille avait démarré automatiquement et qu'elle fonctionnait à la perfection. Jérémie inséra alors un autre cd-rom dans le lecteur, après avoir retiré celui de l'installation du firewall. Il procéda alors à l'installation de l'Hyperscan, la version améliorée du Superscan qu'ils venaient de finir le matin même. Cette opération avait pris plus de temps que les précédentes. Tout cela fini, il démarra l'Hyperscan et décida de le laisser travailler toute la nuit. Ils rentrèrent tous à Kadic pour se coucher.
Le lendemain matin, Jérémie se réveilla en premier. Il avait, avant de se coucher, reconnecté son ordinateur au supercalculateur, afin de pouvoir voir les résultats de l'Hyperscan sans avoir à retourner à l'usine. Il consulta alors les informations recueillies par son programme. A ce moment-là Aélita, Odd et Ulrich entrèrent dans sa chambre. Jérémie était penché vers l'écran de son ordinateur.
Il parcourrait le fichier des yeux. Ulrich lui demanda:
« Alors, Einstein? Verdict?? »
Jérémie ne répondit rien. Puis il se redressa et s'écria:
« Ça alors!!! C'est dingue!!! »
Épisode 6: « L'ombre d'un XANA »
- « Alors, Einstein? C'est quoi le verdict? » lui demanda Ulrich.
- « Alors? Ben, je crois qu'on a un énorme problème! » répondit Jérémie.
- « Comment ça? Qu'est-ce qu'il y a? » s'inquièta Aélita.
- « L'Hyperscan n'a rien trouvé! Enfin, à première vue. Parce qu'il n'a détecté que des événements sans importance et qui n'ont visiblement rien à voir avec la « téléportation » de Yumi! » déclara-t-il.
- « C'est pas possible! Comment on va faire, alors? Et Yumi? Qu'est-ce qu'elle va devenir? » demanda Ulrich, peu rassuré par ce que venait d'avouer Jérémie.
Odd s'approcha alors de son ami et lui dit:
- « T'inquiètes pas, on va tout faire pour qu'elle revienne! On cherchera jour et nuit s'il le faut, mais on trouvera! »
- « Ça se voit que c'est pas toi qui passe ters nuits à chercher! » lança Jérémie.
- « Forcément! Si on ne me donne rien à faire, je suis pas prêt de vous aider!
- Si t'étais meilleur en informatique, aussi...
- Hé! C'est pas de ma faute si j'y comprends rien!
- C'est pas de la mienne non plus!!! »
Jérémie s'arrêta pour réfléchit quelques instants. Il s'interrogeait. Que pouvait-il bien s'être passé? Comment se pouvait-il qu'il n'y ait aucune trace de ce qui s'était déroulé sous leurs yeux? Il se dit alors que peut-être il ne trouvait plus rien parce que le supercalculateur était éteint à ce moment-là et que les effets de cet événement s'étaient effacées en se diluant progressivement dans le réseau. Mais peut-être qu'il n'était pas trop tard et que l'Hyperscan n'avait pas été réglé de façon à être suffisamment sensible pour détecter les quelques relicats de cette version altérée du monde dans lequel ils vivaient.
Il exposa alors sa théorie fraichement élaborée aux autres. Aélita suggéra d'examiner quand même plus en profondeur les données du premier passage de l'Hyperscan dans le réseau, histoire d'être sûrs que rien ne leur ait échappé après cette première analyse un peu rapide de Jérémie. Peut-être que les événements qu 'il avait qualifiés d'insignifiants étaient justement ces traces tant espérées.
Aussitôt leur douche prise et leur petit déjeuner avalé, Jérémie et Aélita se mirent au travail. Ils passèrent prseque tout le week-end à vérifier minutieusement toutes les données générées par l'Hyperscan.
Pendant l'après midi, Odd et Ulrich avaient appelé Yumi. Ulrich, toujours aussi doué en anglais, tentait tant bien que mal de se faire comprendrede son amie. Odd lui soufflait parfois quelques trucs dans l'oreille, et lui les répétait sans les comprendre vraiment. Parfois, il pouvait constater, au ton sur lequel Yumi lui répondait, qu'Odd lui soufflait de grosses, très grosses âneries qui ne faisaient rire que lui. Ulrich avait beau lui dire d'arrêter, Odd ne pouvait s'en empêcher et, à chaque fois, il était plié de rire.
Ulrich ne savait pas trop quoi lui dire. Il aurait aimé lui dire à quel point elle lui manquait. Il lui aurait bien déclaré sa flamme mais n'osait pas trop, étant donné qu'il avait Odd, Aélita et Jérémie à ses côtés. Il voulait le faire d'une façon plus discrète, seul face à celle qui occupait la moindre de ses pensées depuis si longtemps. Il était tout timide et Odd, l'oeil toujours aussi acéré, l'avait bien compris. Une fois de plus il ne put se retenir:
- « Ho! Comme c'est mignon! Il est tout timide avec son amoureuse!
- Odd! Arrêtes! T'es pénible à la fin! » répondit Ulrich.
Une fois le coup de fil terminé, Ulrich retourna s'assoire sur le lit de Jérémie. Quelqu'un vint alors à frapper à la porte de la chambre. Jérémie se leva alors pour ouvrir la porte; C'était William. Il était venu demander des nouvelles de Yumi. Il commençait à s'inquiéter car cela faisait maintenant presque dix jours qu'il ne l'avait pas vue en cours et que les professeurs ne semblaient pas se soucier de son absence. Jérémie le fit entrer, il referma la porte et lui explica alors la situation. William n'en revenait pas. Il pensait qu'ils en avaient enfin fini avec ce genre d'aventures. Il resta alors aveceux toute la soirée.
C'était déjà dimanche et il était sept heures du soir. Jérémie et Aélita avaient presque terminé l'épluchage des résultats de leur programme. Ils commençaient à désespérer. Ulrich et Odd avaient passé leur journée avec eux. Ulrich regardait par la fenêtre, il avait le regard dans le vague. Odd, lui, était occupé à jouer à Super Méga Tutur 2008 sur sa console. William, lui, n'était pas venu car il avait un devoir de math à préparer. Jérémie dit alors:
« Pfou! C'est pas possible! On a presque fini et on n'a rien trouvé! Je commence à désespérer, moi! »
Ulrich sortit de ses pensées et s'adressa alors aux deux surdoués de la bande:
« Et si vous aviez mal reconnecté le supercalculateur? » demanda Ulrich. « C'est peut-être pour ça que vous n'avez encore rien trouvé! Ce genre d'erreur, ça peut arriver même aux meilleurs, tu sais!
- T'as raison! Jérémie, il faut aller vérifier! » répondit Aélita.
Ils se levèrent tous et sortirent de la chambre de Jérémie. Ils se rendirent à l'usine pour effectuer toutes les vérifications qui s'imposaient. Jérémie ne s'était toujours pas fait à l'idée que sa trottinette avait été transformée en skate. Pendant le trajet dans les égouts, il avait dû une nouvelle fois monter derrière Aélita. Tout cela s'avéra parfaitement inutile. Jérémie se sentit à la fois soulagé et déçu. Soulagé parce que s'il avait tenté quelque chose alors que le supercalculateur était mal connecté, il aurait surement causé une catastrophe bien plus grande que le problème qu'il voulait résoudre. Et déçu car il ne voyait vraiment pas comment expliquer que l'Hyperscan n'ait rien trouvé.
Puis ils remontèrent de la salle du supercalculateur pour se rendre dans la salle des commandes. Comme à son habitude, Jérémie s'installa sur le fauteuil face au pupitre de contrôle. Lui et Aélita se remirent au travail. Quelques minutes après, Aélita dit à Jérémie:
« Tiens, c'est quoi ça?
- Où ça? » répondit Jérémie.
Aélita lui montra du doigt une ligne de code sur l'écran.
- « Ça! Qu'est-ce que c'est? » dit alors Aélita.
- « Ben, j'en sais rien moi! » répondit Jérémie, avant de poursuivre: « Apparament, on n'arrive pas à lire parce que les données ont été abîmées par le temps dans le réseau. »
Ulrich et Odd, qui étaient restés à l'écart, s'approchèrent de l'écran et regardèrent ce qu'Aélita montrait à Jérémie. Elle montrait une ligne du fichier sur laquelle il y avait inscrit « P#o©oc^l C●thʭg ».
Ce symbole étrange était suivi d'un tas de symboles puis par une date, le jeudi 13 mars, le jour où Yumi avait disparue du collège. Cela ne pouvait donc pas être une coïncidence. Il y avait ensuite d'autres inscriptions encore plus illisibles que la première, et enfin l'endroit du réseau où l'Hyperscan avait trouvé ces informations.
Après quelques minutes de réflexion, Jérémie commença à pianoter furieusement sur son clavier. Les trois autres restèrent le regarder. Aélita lui demanda:
« Qu'est-ce que tu fais, Jérémie?
- Je tente de lancer un programme de récupération des données dans le réseau sur ce qu'on vient de trouver. Je l'avais mis au point au cas où on en aurait eut besoin sur Lyoko, mais il n'a pas servi! » répondit-il.
- « Et tu crois que ça va marcher?
- J'espère! Mais de toute façon, on verra bien. Le temps joue contre nous! Il faut faire vite sinon, on risque de tout perdre! » conclua-t-il.
Il lança alors son programme en question. Cinq minutes plus tard sur son écran apparut une fenêtre dans laquelle s'affichait sur la première ligne du fichier le nom du programme suivi de l'annotation suivante: « engagé le 13/01/ à 07h48m27s », l'heure exacte où Yumi s'était évaporée sous les yeux impuissants de ses amis. La récupération des données n'avait pas aussi bien marchée que Jérémie l'aurait espéré, mais il était sur qu'au moins, il avait récupéré tout ce qui était réccupérable à ce sujet sur le réseau.
- « Cette fois, on en est sûr! Y a pas l'ombre d'un XANA dans le réseau! » déclara Jérémie.
- « Ouais! Mais qu'est-ce que c'est, ce truc, alors? » dit Ulrich.
Épisode 7: « Résurrection »
- « J'en sais rien, moi! Comment veux-tu que je sache! Je suis pas omniscient! » répondit Jérémie.
- « Omni quoi? » demanda Odd.
- « Om-ni-scient!! Ça veut dire que je ne connais pas le secrets de l'univers dans ses moindres détails!!!
- Le secret de l'univers? Facile, c'est 42 ! Je sais, je l'ai déjà vu dans un film! Je sais plus lequel, d'ailleurs! A moins que ce soit dans un documentaire! »
Sur les dires d'Odd, Jérémie commença à se gratter le haut du crâne en regardant son ami avec une mine interloquée. Il se demandait bien d'où pouvait provenir une ânerie pareille. Il se risqua alors à une question, tout en se doutant que la réponse ne serait franchement pas plus claire que la phrase qui l'avait motivée.
- « 42?? Mais pourquoi 42?
- Ben, je sais pas, moi! Ils l'ont pas dit dans le film! Tu sais, c'est celui où le mec va voir le Grand Oracle et il lui dit « Ho Grand Oracle, puits de savoir et de sagesse insondable, quel est le secret de l'univers? » et là il lui répond « Le secret de l'univers? C'est simple, c'est 42 ! ». Et c'est tout! »répondit Odd.
- « Ho!! C'est pas vrai! J'aurais dû m'en douter! C'était évident que c'était une bêtise! » rétorqua Jérémie.
Ulrich, lui, avait compris tout cela au moment où Odd avait ouvert la bouche pour le dire. Il regardait la situation de puis le mur où il était adossé en souriant. Il lança alors à Jérémie:
« Tu t'attendais à quoi? Odd qui regarde un documentaire, c'est pas près d'arriver! Tu devrais le savoir, depuis le temps! »
- « C'est clair, j'aurais dû le voir venir! » répondit le petit blond à lunettes, dépité.
- « Mais si! Je vous jure que c'était dans un reportage... » déclara Odd avec le plus grand sérieux du monde, avant de continuer mais sur un ton déçu, s'apercevant du ridicule de la précision qu'il allait apporter: « ...Sur le film en question! »
Aélita, Ulrich et Jérémie se mirent à rire tous ensemble. Odd ajouta:
« Ouais, je sais! Faut se méfier de ce qu'ils disent dans les reportages!!! »
Tout le monde reprit son sérieux. Jérémie déclara alors:
« En tout cas, ça ne présage rien de bon pour la suite! Parce que si ce truc se remet en application, on ne sait pas ce qui peut se produire! Vu qu'on n'a pas grand chose, on va passer au plan B!
- Le plan B? Mais c'est quoi le plan B? » demanda Aélita.
- « C'est simple » lui répondit Jérémie. « On va relancer l'Hyperscan mais cette fois, on va le régler plus finement. Comme ça, s'il a loupé quelque chose la première fois, il ne le ratera pas la deuxième!
- OK! On y va! » conclut Aélita.
Les deux génies se mirent au travail. Cela ne leur prit que quelques minutes. Quand tout fut fin prêt, Jérémie déclara:
« C'est reparti pour un tour! »
Il était déjà vingt heures trente et ils n'avaient pas mangé. Le ventre sur pattes qu'est Odd ne put s'empêcher de dire:
« Vu le temps que ça va prendre, on peut retourner à Kadic! C'est pas tout ça mais la cantine va fermer dans quinze minutes et j'ai une faim de loup!
- OK, ça va! On a compris, Odd! » répondit Ulrich.
- « Il n'a pas tort... Pour une fois! Ça va prendre au moins toute la nuit! » rétorqua Aélita.
- « Si c'est pas beaucoup plus! » renchérit Jérémie.
Ils quittèrent alors l'usine et se rendirent directement à la cantine du collège. Ils arrivèrent juste à temps. Rosa Petit-Jean leur servit leur repas et leur faisant la remarque:
« Et bien, les jeunes! On arrive bien tard aujourd'hui! C'est pas dans vos habitudes, ça! Surtout toi, mon petit Odd! En plus, il faut que tu manges, t'es tout maigre!
- Je suis pas maigre! » rétorqua l'intéressé. « Je suis svelte! C'est pas pareil! »
Après les quelques éclats de rire qui suivirent, la petite bande alla s'installer sur une table pour enfin assouvir leur appétit. Pendant le repas, ils discutaient de tout et de rien, essayant de se changer les idées. Odd, lui, n'écoutait qu'un mot sur deux, trop occupé à glaner quelques restes à ses amis pour remplir son estomac à ras bord. Puis ils se couchèrent.
La nuit passa tranquillement pour tous. Ou presque. Ulrich n'arrivait pas à dormir. Il pensait à sa bien-aimée, si loin de lui. Pourquoi n'avait-elle jamais voulu qu'il la serre dans ses bras, qu'il l'embrasse, qu'ils sortent enfin ensemble au grand jour. Si elle ne lui avait pas dit qu'entre eux c'était « juste copain et c'est tout », il l'aurait serrée dans se bras avec la plus grande tendresse, il se serait occupé d'elle avec la plus grande attention, il lui aurait montré la profondeur et la pureté de ses sentiments pour elle...
Pourtant, le jour où elle lui avait dit ça, il avait cru percevoir des sentiments qu'elle éprouvait pour lui. Pas de la simple amitié, non, bien plus que ça. Et c'est ce qui lui avait fait garder espoir. Toutes ces pensées mêlées de regrets lui occupaient l'esprit. Vers deux heures du matin, il trouva enfin le sommeil, mais l'esprit toujours aussi tourmenté.
Le matin arriva. A sept heures pile, Jérémie et Aélita se réveillèrent simultanément dans leurs chambres respectives. Dans la chambre d'Odd et Ulrich, il y avait un peu de changement. C'était Odd qui, pour une fois, c'était réveillé en pleine forme. Ulrich, lui, n'arrivait pas à se lever, tant son insomnie partielle de la nuit l'avait éprouvé. Odd mit alors la musique à fond dans la chambre, pour le plus grand désagrément d'Ulrich, qui se cacha sous son oreiller. Il cria alors à Odd:
« C'est quoi ce boxon??? Baisse la musique! J'ai mal aux oreilles! »
Odd s'exécuta et lança à son ami enseveli sous son oreiller:
« Ben ça alors! Je rêve! Quand c'est moi qui arrive pas à me lever, on me fait des réflexions indélicates et on me fait croire des trucs! Et quand c'est Monsieur Ulrich qui reste au lit, il faut pas le déranger!!!
- Arrêtes tes sarcasmes, Odd! C'est juste que j'ai eu du mal à m'endormir cette nuit! Et je suis crevé! Voilà tout!
- Sans blague! Ça se voit à peine sur ton visage! On se demande pourquoi... »
En effet, lorsqu'Ulrich leva sa tête pour signifier son agacement au blondinet, il avait laissé paraître les larges cernes qu'il avait sous ses petits yeux qu'il avait grand peine à maintenir ouverts. Un bon quart d'heure après, ils se rendirent enfin à la douche d'un pas très lent. Les effets de la nuit agitée d'Ulrich se faisaient sentir. Puis vint le temps d'aller rendre visite à Jérémie. Il était déjà sept heures trente neuf et aucun d'eux n'avait pris son petit déjeuner. Aélita était déjà là quand ils pénétrèrent dans la chambre de leur ami. Ulrich demanda à celui-ci:
« Alors, Einstein? Ça en est où, avec l'Hyperscan?
- Comme prévu! Il tourne toujours! Et apparemment, il trouve beaucoup plus de trucs que la première fois! Mais j'ai ma petite idée pour réduire la masse de données!
- Et ça va nous prendre un temps fou pour analyser tout ça! » renchérit Aélita.
- « T'inquiètes pas pour ça! On va soustraire de la liste des données toutes celles qu'on a déjà obtenues avec le premier passage de l'Hyperscan. Comme ça, on ira plus vite! » lui répondit le petit génie.
- « En attendant, j'ai mon estomac qui crie famine, moi! Allez, tous à la cantine!!! » lança Odd.
Pour une fois, la bande n'y trouva rien à redire et se présenta au réfectoire trois minutes plus tard.
En leur servant leur petit déjeuner, Rosa ne put s'empêcher de leur faire une remarque.
« Ben alors? Ce matin aussi, on est en retard? C'est pas une habitude à prendre, ça! Surtout toi, mon petit Odd! Je te le redis pour que tu comprennes bien: il faut que tu manges, t'es tout maigrichon!
- Mais je vous l'ai déjà dit hier soir, je suis pas maigre! » répondit-il. « Je suis svelte! Svelte! C'est pas pareil!
- Allons, allons! Dis pas de bêtises, mon petit! Et va donc manger tout ça, c'est bon pour ce que t'as! » lui dit-elle.
Sur ces bonnes paroles, la bande se dépêcha de manger son premier repas de la journée, car ils se doutaient que celle-ci allait être longue. Quand ils sortirent de la cantine, il était déjà l'heure d'aller en cours car la sonnerie venait de se faire entendre. La journée passa plus ou moins vite, selon le ressenti personnel de nos héros.
Sissi avait, quand à elle, passé sa journée à tenter d'aller voir Ulrich pour essayer de lui parler et de comprendre ce qui se passait entre elle et lui, pourquoi il ne l'aimait plus et pourquoi il était aussi distant avec elle si subitement. Elle était complètement déboussolée. Elle aussi avait l'esprit encombré par un tas de questions auxquelles elle n'avait aucune réponse à apporter. Elle n'osait pas l'aborder et ne parvint à rompre sa timidité qu'à la fin des cours. Elle s'approcha de lui et lui dit timidement:
« Ulrich, il faut que je te parles. Tu peux venir avec moi une minute? »
Ulrich, qui ne lui connaissait pas cette timidité, accepta en lui répondant par un signe de la tête. Il avait bien remarqué qu'elle souffrait en silence. Il se doutait bien qu'il n'agissait pas comme dans les souvenirs de Sissi. Il se mit à l'écart des autres avec elle. Il commença par s'excuser de son attitude envers elle et lui dit qu'en ce moment, il avait plein de soucis, qu'il doutait de ses sentiments envers elle, et qu'il était préférable qu'ils ne se côtoient plus pendant un moment, afin de lui permettre de réfléchir plus sereinement. En fait il lui avait menti pour qu'elle ne souffre pas trop inutilement. Même s'il savait qu'il ne pouvait rien y faire et qu'elle souffrirait malgré tout.
Une fois fini, il alla rejoindre ses amis dans la chambre de Jérémie. Les deux génies s'étaient déjà mis à éplucher les données de l'Hyperscan, qui avait fini de travailler quelques heures plus tôt. Ils avaient ôté les données qu'ils avaient déjà traité auparavant. Jérémie s'approcha brusquement de son écran. Quelque chose avait attiré son attention. Il dit alors:
« Tiens! C'est quoi, ça? »
Il montra du doigt sur son écran ce qui l'intrigait à Aélita. Elle lui répondit alors:
« C'est marrant, on aurait dit un fichier contenant des données d'un ADN numérique!
- Mais alors, il appartient à qui, cet ADN numérique? » demanda Jérémie, interloqué.
- « Regardes! Il y une date en dessous! Le fichier a été créé le... »
Aélita s'arrêta un instant. Elle n'en croyait pas ses yeux. Le fichier avait été créé la veille au soir. A vingt heures dix-sept, précisément. Elle dit la date à haute voix. Puis en descendant son regard d'une ligne, elle vit une inscription et dit alors:
« C'est pas possible, Jérémie! Regardes qui l'a créé! »
Jérémie regarda alors et s'exclama:
« Hé! Mais?! Comment c'est possible? Comment il a fait?? Je croyais qu'il avait été... Il a réussi à...»
A ce moment-là, Aélita commença à ne pas se sentir très bien. Elle avait le cœur qui battait fort, très fort. Si fort qu'elle crut qu'il allait lui sortir de la poitrine. Elle dit à Jérémie d'une voix chevrotante:
« Dis, Jérémie, tu crois qu'il va...? Et qu'on va encore devoir...? »
Fin de l'épisode 7
Épisode 8: « La Cuve »
Odd et Ulrich, qui ne comprenaient rien de ce dialogue saugrenu, se rapprochèrent de leurs deux amis. Odd leur demanda:
« Qu'est-ce qu'il y a? Qu'est-ce que vous avez découvert? On peut savoir?
- C'est vrai, ça! On comprend rien de ce que vous dites! » continua Ulrich.
Jérémie leur montra la découverte du doigt sur l'écran et leur expliqua ce que lui et Aélita en pensaient. Ils restèrent tous les deux sceptiques.
- « Nan... C'est trop beau pour être vrai! Ça doit être une feinte! Faut se méfier, il a dû changer de nom pour qu'on le laisse rentrer dans le supercalculateur! » dit Ulrich.
- « Ouais, t'as raison! Faut le détruire définitivement pendant qu'il est inoffensif! » renchérit Odd.
- « Hé, mais attendez! On sait même pas si c'est lui ou pas! » rétorqua Aélita, toute chamboulée par le découverte qu'ils venaient de faire.
- « Elle a raison! Laissons passer un peu de temps. On verra bien et on agira en conséquence. De toute façon, si c'est ce que tu penses, Ulrich, on a déjà réussi une fois et on a toujours ce qu'il faut pour y parvenir encore une fois! » déclara Jérémie.
- « Ouais, mais si j'ai raison, et qu'il réussit à pénétrer dans le supercalculateur et qu'après il arrive à... Enfin, tu vois, quoi! Comment on fera?? » ajouta Ulrich.
Pendant ce temps-là, loin, très loin de Kadic. Perdu dans la campagne, au fin fond du Massif Central, un énorme bâtiment cylindrique vert pâle (Perso, j'ai rien contre le Massif Central. C'est juste que c'est l'un des endroits de France les plus déserts démographiquement parlant, et là, ça m'arrange bien pour situer la suite de l'action...). Une quarantaine de mètres de haut pour un diamètre d'environ soixante-quinze mètres. Sur le toit en terrasse, des ventilateurs gigantesques crachaient de l'air chaud légèrement brumeux et ronronnaient à longueur de journée. Faisant face au nord, une énorme porte coulissante suspendue à un rail tout aussi démesuré.
De l'autre côté, au pied du cylindre, un bâtiment en forme de L, dont les deux branches étaient longues d'une trentaine de mètres chacune et dont l'une d'elles était accolée à l'énorme cylindre de béton. À chacune des fenêtres de ce petit bâtiment, composé d'un rez-de-chaussée et d'un étage, des barreaux et un dispositif infrarouge anti-intrusions ultra-sophistiqué et inviolable, correspondant au niveau de sécurité exigé pour un tel lieu. L'ensemble se trouvait au milieu d'une immense clairière enherbée au beau milieu d'une forêt non moins gigantesque. Le calme et le silence du lieu étaient à peine troublés par le bruit plutôt discret des ventilateurs.
Derrière l'une de ces fenêtres, un jeune homme brun, grand, les yeux bleus, environ vingt-cinq ans, se tenait debout face à un bureau occupé par un homme assis bien à son aise dans un fauteuil très confortable. L'homme en question était assez petit, il avait les cheveux poivre et sel, les yeux marrons, la cinquantaine bien entamée et l'air pas franchement commode. Il était même très en colère. Le jeune homme, qui se tenait face à lui droit comme un i, était menotté et entouré par deux gardes qui le surveillaient étroitement. L'homme sur son fauteuil se leva brusquement et hurla:
« C'EST INADMISSIBLE CE QUE VOUS AVEZ FAIT!!! VOUS AVEZ VU LE RÉSULTAT?! VOUS VOUS RENDEZ COMPTE QUE VOUS NOUS AVEZ TOUS MIS EN DANGER EN VIOLANT LES RÈGLES DE SÉCURITÉ?! ET COMMENT JE VAIS EXPLIQUER ÇA À MES SUPÉRIEURS, MOI, HEIN??? VOUS SAVEZ QUE JE RISQUE MON POSTE ET MA CARRIÈRE À CAUSE D'UN PETIT C** COMME VOUS??? ET TOUT ÇA GRÂCE À UNE TOUTE PETITE C****RIE QUI TIENT DANS LA MAIN EN PLUS!!! »
La petite boule de nerfs à poils gris n'avait pas cessé d'agiter une petite clé USB avec sa main en direction du jeune homme pendant tout le temps où il lui avait passé un savon. Celui-ci ne broncha pas un instant devant la furie qu'il venait d'affronter. Une pensée très forte lui occupait l'esprit. Il se demandait sans cesse pourquoi il avait fait une chose aussi stupide et qu'est-ce qui lui était passé par la tête pour qu'il ne se posât pas de questions à ce moment-là. Le quinquagénaire reprit un calme approximatif, se rassit et déclara:
« Vous passerez un petit séjour au poste de sécurité, en attendant que la hiérarchie prenne une décision à vôtre égard! Je vous souhaite un bon petit séjour au frais! »
Il fit alors signe aux gardes de l'escorter vers l'endroit où il irait désormais séjourner un petit temps.
Quand, au moment où il allait sortir du bureau, une alarme retentit dans tous les bâtiments.
Le petit nerveux bondit soudainement de son fauteuil, courut hors de son bureau et s'exclama alors:
« TOUT LE MONDE À LA CUVE! IMMÉDIATEMENT! »
Le petit bâtiment se vida alors et le flot de ses occupants se rendit dans le grand cylindre vert pâle via la porte qui communiquait entre les deux constructions. Puis le petit homme se retourna vers le jeune prisonnier en disant:
« Voilà encore une conséquence de vos actes irresponsables! Vous pouvez être fier de vous! »
Les gardes emmenèrent alors le jeune homme avec pour aller dans ce qui était appelé le poste de sécurité. Une fourgonnette bleue l'attendait à la sortie du bâtiment. On le fit monter à l'arrière, toujours accompagné des gardes. L'endroit où on l'emmenait était assez éloigné de la construction où il se trouvait. Il était même encore plus isolé. Il se trouvait au bout d'une petite route faite de sections plutôt rectilignes à travers la forêt. Il y arriva au bout de dix minutes.
Le conducteur du véhicule sortit et s'absenta alors quelques instants. Quand il revint, il ouvrit les portes arrières de la fourgonnette et déclara:
« C'est bon, vous pouvez y aller! »
Les gardes firent alors sortir le jeune homme de la fourgonnette bleue et le firent entrer dans un bâtiment qui paraissait minuscule. Le terrain était en pente et la construction semblait s'enfoncer dans le sol. Il se fit emmener dans un long couloir où la lumière du jour se faisait de moins en moins présente. Puis il arriva avec son escorte devant une lourde porte en acier. Un garde frappa. La porte s'ouvrit alors de l'intérieur.
« Bienvenue à la Cave » déclara l'homme qui venait d'ouvrir au jeune prisonnier en le voyant.
Le jeune homme découvrit alors des cellules séparées par des murs en brique et fermées par des grilles aux barreaux énormes donnant sur un couloir central. C'était une prison souterraine. Il y avait six cellules. Elles mesuraient environ trois mètres de longueur sur quatre mètres de largeur. L'air y était frais et franchement humide. Une atmosphère lugubre y régnait. Le tout était éclairé par une faible lumière blafarde distribuée par des ampoules dans des plafonniers répartis environ tous les trois mètres environ. Dans le fond d'une de ces cellules, le prisonnier aperçut une forme, blottie dans un coin, dans la pénombre. Le maitre des lieux s'adressa alors à cette forme dans le fond de la cellule:
« Hé, Pinkie, t'as de la compagnie! Comme ça, t'aura quelqu'un pour faire la conversation! Ça te changera de l'habitude!! »
La forme ne bougea pas. Le jeune homme fut introduit dans la cellule juste en face. Il la regarda alors. C'était un autre prisonnier. Cette personne avait les cheveux longs. Il ne pouvait pas en distinguer la couleur tant la lumière était faible. Il ne pouvait pas distinguer non plus si c'était un homme ou une femme. Il se posait plein de questions. Qui était cette personne dans la cellule en face? Depuis quand était-elle là? Et pourquoi? Elle n'avait pas bougé depuis qu'il était arrivé. Était-elle seulement encore en vie? Allait-il lui arriver le même triste sort?
Au même moment, dans la « Cuve », l'alarme résonnait toujours. Il régnait une atmosphère tendue la salle. Tout le monde était à son poste. L'endroit était occupé de centaines de pupitres répartis en cercles concentriques. Au milieu, un puits d'une dizaine de mètres de diamètre dans lequel des milliers de câbles plongeaient, provenant des pupitres alentours. Des tuyaux d'aération en remontaient jusqu'au toit. Au dessus de la cavité, trois écrans géants répartis en triangle, de sorte que l'on puisse en voir au moins un depuis n'importe quel pupitre de la salle circulaire.
Des données défilaient sur les écrans géants. Tout le monde semblait ne rien y comprendre et ne rien maitriser de la situation. C'en était presque la panique générale.. Le petit homme nerveux était, quand à lui, assis à un pupitre surélevé d'un bon mètre cinquante par rapport aux autres et situé contre le mur de la gigantesque pièce, face à l'un des écran géants et étrangement très proche de la sortie. L'homme, qui semblait être le grand chef du lieu, était penché sur son écran et regardait défiler les données. Il était accompagné par un de ses assistants.
Soudain, plus rien. Plus aucune donnée ne défilait sur les écrans. L'alarme s'arrêta. Le petit homme écarquillait les yeux devant ce phénomène inexplicable. Pourquoi tout semblait s'emballer tout à coup puis s'arrêter aussi subitement? Il se leva de son siège et demanda d'une voix puissante à tous les techniciens présents:
« Quelqu'un y comprend quelque chose à tout ce bazar??? »
Aucune réponse. Tout le monde se regardait dans la salle, l'air interrogateur. Ils n'y comprenaient pas plus que lui.
« C'est bien ce que je pensais! » se dit alors l'homme, « On n'est pas dans la m****, là! »
À Kadic, quelques instants plus tôt, alors que la discussion sur ce qu'il fallait faire à propos de la découverte continuait, une masse de données apparut sur l'écran et l'ordinateur de Jérémie sonna pour signaler une alerte.
« Regardez! Ça a recommencé! » s'écria alors Jérémie.
Quelqu'un frappa à la porte au même instant.
Fin de l'épisode 8
Épisode 9: « Jeu de pistes »
Jérémie fut surpris. Il n'attendait personne. Il se leva alors de sa chaise et se dirigea vers la porte pour l'ouvrir. Il trouva Milly et Tamiya plantées devant lui, essayant d'épier les personnes présentes dans la pièce.
« Salut, Jérémie! » dit Milly. « On nous a dit qu'Ulrich était avec vous dans ta chambre, on peut le voir? C'est pour le Kadic News!
- Heu... Ça dépend... Qu'est-ce que vous lui voulez?? » répondit Jérémie.
- Bon, il est là, oui ou non? » poursuivit Milly.
- « On veut discuter avec lui, pas avec toi! » rétorqua Tamiya, en essayant de jeter un œil derrière Jérémie, qui lui obstruait la vue sur l'intérieur de sa chambre, pour voir si Ulrich y était.
Jérémie se retourna pour dire à son ami de s'en occuper. Il balaya la chambre du regard. Il afficha alors un air stupéfait. Ulrich n'était plus dans la pièce alors que deux secondes plus tôt, il parlait avec eux. Odd et Aélita, eux aussi, n'en crurent pas leurs yeux. Ils étaient tout aussi abasourdis que Jérémie. Celui-ci répondit alors aux deux investigatrices en herbe:
« Heu... Ben... Heu, non, il n'est pas là!
- Bon ben c'est pas grave, on repassera peut-être. » répondit Tamiya.
- « Tu pourra lui dire qu'on le cherche, s'il te plait? On a plein de questions à lui poser! » dit Milly.
- « OK, je lui dirais! » lui répondit Jérémie.
Les deux filles s'en allèrent et Jérémie referma la porte de sa chambre. Les trois lyokoguerriers restants se posaient plein de questions. Qu'était-il advenu d'Ulrich? Où pouvait-il bien se trouver?
Était-il en bonne santé? Pourquoi avait-il disparu à son tour? Eux aussi risquaient-ils de disparaître l'un après l'autre, tout en restant impuissant face à cette force qui modifiait le monde petit à petit à sa guise? Les fichiers trouvés dans le réseau appartenaient-ils donc bien à XANA? Et celui-ci aurait-il appris à se rendre totalement invisible dans le réseau, même pour l'Hyperscan de Jérémie? Toutes ces questions occupaient leurs esprits.
Quand soudain, le téléphone d'Odd sonna. Il le sortit de sa poche. Il regarda le nom et le numéro de l'appelant. Il afficha alors un air surpris.
« Hé! C'est Ulrich!!! » dit-il tout en s'empressant de décrocher. « Mais où est-ce que t'es? Tu nous a fait super peur!
- Je suis à l'hôpital! » répondit Ulrich, d'une voix grave.
- À l'hôpital??? T'as rien de grave, j'espère?? »
En entendant ce venait de dire Odd, Jérémie et Aélita se tournèrent l'un vers l'autre avec une mine inquiète. Que pouvait-il faire à l'hôpital? Était-il blessé? Et si oui, à quel point? Ulrich répondit alors à Odd:
« C'est pas moi, c'est Sissi!
- Sissi? Mais qu'est-ce qu'elle a?
- Je sais pas! D'après ce que j'ai entendu, elle a eu un accident!
- Et elle va bien?
- En fait, je suis dans sa chambre, juste devant son lit et là, elle est...Elle est... »
Ulrich s'arrêta un instant. Il avait la voix chevrotante. Il était bouleversé par le triste spectacle qui s'offrait à ses yeux. Après quelques instants, il se reprit et continua:
« Là, elle est inconsciente. Les médecins disent qu'elle risque de rester handicapée à vie! Et qu'elle ne serait plus capable de faire quoi que ce soit toute seule... »
Lorsqu'il dit cela, des larmes commencèrent à couler sur ses joues. Celle qu'il détestait cordialement avant le début de toutes ces péripéties était devenue gentille pendant si peu de temps. Avait-elle alors montré son vrai visage, celui qu'elle cachait derrière ses airs de petite peste dans les souvenirs d'Ulrich? Il regrettait de ne pas s'être un peu plus intéressé à elle avant qu'elle ne se retrouve sur ce lit d'hôpital. À l'autre bout du fil, Odd était choqué par ce qu'il venait d'entendre. Il s'empressa alors répéter tout cela à Aélita et Jérémie qui, de leur côté, n'avaient cessé de le questionner sur ce que lui disait Ulrich. Eux aussi furent bouleversés en apprenant la nouvelle.
Ulrich dit alors à Odd:
« Dis à Einstein et Aélita de se remettre au boulot! Il faut qu'on arrête tout ça le plus vite possible! Ça devient vraiment urgent!
- OK, je transmets! Mais toi aussi, rentres le plus vite possible à Kadic!
- D'accord! J'y vais. De toute façon, je pensais pas m'éterniser ici! À Plus! »
Puis il raccrocha. Au moment où il s'apprêtait à sortir de la chambre où se trouvait Sissi, son père y rentra en panique. Visiblement, il n'avait été prévenu que tardivement que sa fille était à l'hôpital. Quand il vit Ulrich, il s'empressa de lui demander:
« Ha! Mon petit Ulrich! Vous êtes là! Dites-moi ce qui s'est passé? Elle va bien? »
Ulrich était gêné. Il ne savait pas quoi lui répondre, étant donné qu'il n'en avait aucun souvenir. Monsieur Delmas vit que le jeune garçon était dans l'embarras. Ulrich lui avait dit que pour tout savoir de l'état de santé de sa fille, il valait mieux qu'il s'adresse à une infirmière. Monsieur Delmas se tourna ensuite vers le lit de sa fille. Quand il vit dans quel état elle était, il éclata en sanglots. Ulrich ne savait pas quoi faire. Il décida de rester dans la chambre pour essayer de le soutenir dans sa douleur et sa détresse. Il rentrerait plus tard au collège.
Pendant ce temps, dans la chambre de Jérémie, le petit génie et Aélita s'étaient remis au travail. Ils inspectaient minutieusement les données qui venaient d'apparaitre sur l'écran du PC. Simultanément, Jérémie surveillait le fichier qu'ils avaient trouvé la veille et tous ceux qui y étaient associés.
Il était déjà dix-neuf heures trente. Odd, Aélita et Jérémie se rendirent à la cantine. Quand ils arrivèrent à la porte d'entrée, ils furent rejoints par Ulrich qui arrivait tout juste de l'hôpital.
« ben alors! T'en as mis, du temps pour revenir! » lui lança Odd.
- « Je sais, mais quand j'allais sortir, Monsieur Delmas est arrivé! Je me suis senti obligé de rester un peu avec lui! » lui répondit Ulrich. « Et sinon, vous, de vôtre côté? Ça avance?
- Ben, en fait, pas vraiment! » avoua Aélita.
- On a des tonnes de données qui sont apparues lorsque t'as été téléporté à l'hôpital. On est en train de les passer au peigne fin. Mais pour l'instant, on n'a rien. » poursuivit Jérémie.
Ils entrèrent dans la cantine et prirent leur repas comme à leur habitude. Ils étaient assis à leur table habituelle quand Milly et Tamiya s'approchèrent du groupe.
« Ulrich! On peut te parler deux minutes? On a quelques questions à te poser. » demanda Milly.
- « Heu... Ben... Oui, mais faites vite, j'ai pas que ça à faire! » répondit-il.
- « On voudrait savoir comment tu te sens après ce qui vient de se passer et de comment tu le vis...
- « Mais de quoi vous parlez?! » dit-il, d'un air surpris.
- Ben, la séparation, la distance entre toi et elle, la communication difficile... Tout ça, quoi! » déclara Tamiya.
- « Mais comment vous êtes au courant pour Yumi? » répondit-il.
- « Yumi?? C'est qui celle-là? » dirent les deux filles simultanément en tournant la tête l'une vers l'autre.
- « À peine Sissi partie que tu la remplaces déjà! Ça, ça va faire une une d'enfer pour le Kadic News de demain! » déclara Milly, toute souriante.
- « Ha ouais! C'est clair! En plus, on va exploser nos ventes avec ça! » rajouta Tamiya, surexcitée.
- « Heu... Attendez! » dit Ulrich. « De quoi vous parlez, là? »
- « Ben, du Kadic News! » répondit Tamiya.
- « Mais non! À propos de Sissi! Vous savez ce qui lui est arrivé, au juste?
- Ben, t'étais là quand ça lui est arrivé! Tu t'en souviens pas? T'es même monté dans l'ambulance pour l'accompagner à l'hôpital! » lui dit Milly.
- « Arrivé quoi?! » rétorqua Ulrich, intrigué.
- « ben, son accident, tiens! De quoi tu veux qu'on parle d'autre? C'est pour ça qu'on est venues te poser des questions!!! » continua Milly.
- « D'ailleurs, on raconte que c'est toi qui l'a poussée, Ulrich! Est-ce que c'est vrai? Qu'est-ce que tu as à nous répondre? Nos lecteurs ont le droit de savoir! » ajouta Tamiya.
- « Heu... Ben... Heu... » répondit-il, ne sachant plus quoi dire.
- « Ben... Qu'est-ce que t'as??? T'es devenu amnésique ou quoi?? » lui demanda-elle. « Faudra qu'on rajoute ça dans nôtre article... »
Odd prit alors la parole, voyant qu'Ulrich n'arrivait pas à s'en sortir tout seul:
« En fait, il est encore sous le choc! C'est pour ça qu'il s'en souvient pas! D'ailleurs, il est tellement choqué qu'il nous a même pas raconté ce qui c'est passé! Vous pouvez nous le dire? Parce que nous, on ne sait rien du tout! »
Milly et Tamiya leur racontèrent alors ce qu'elles savaient de ce triste événement. Le petit groupe les écouta religieusement. Elles leur racontèrent qu'après la fin des cours, Sissi et Ulrich se dirigeaient main dans la main vers la chambre de Sissi. Ils étaient presque arrivés en haut des escaliers quand Sissi y tomba à la renverse et finit sa course en bas, totalement inconsciente. Ulrich était alors paniqué, mais eut quand même le réflexe d'avertir l'infirmière qui appela les pompiers. Une fois leur récit terminé, les deux filles s'éloignèrent de la tablée, laissant la bande vaquer à ses occupations.
Ils finirent leur repas dans le calme puis sortirent de la cantine pour se rendre une fois de plus dans la chambre de Jérémie. Celui-ci, aidé d'Aélita, se remit au travail. Le temps passait. Il était vingt-deux heures trente quand Ulrich et Odd prirent la décision d'aller se coucher. Entre temps, ils avaient appelé Yumi pour lui raconter les événements de la journée. Elle fut surprise mais leur dit qu'elle n'avait rien remarqué de particulier de son côté.
La nuit passa. Les deux surdoués avaient passé une bonne partie de la nuit à farfouiller dans leurs données des indices qui pourraient leur permettre de comprendre enfin ce qui se passait. Et peut-être espérer trouver une solution pour que tout redevienne comme avant.
Au petit matin, Ulrich fut, comme à son habitude, le premier à se réveiller. Il réveilla Odd toujours aussi péniblement. Puis ils allèrent à la douche ensemble. Après en être sortis et s'être habillés, ils se dirigèrent tous deux vers la chambre d'Einstein. Ils trouvèrent Aélita en chemin. Elle revenait de sa chambre et n'était pas encore habillée. Ils arrivèrent tous les trois devant la porte et Ulrich frappa. Pas de réponse. Il recommença un peu plus fort. Toujours pas de réponse. Il itéra une nouvelle fois mais plus violemment avec le poing.
Après quelques secondes, ils entendirent derrière la porte:
« C'est bon, c'est bon! J'arrive! Pas la peine de défoncer la porte! »
La porte s'ouvrit, laissant apparaître Jérémie qui venait juste de se réveiller. Odd lui dit alors:
« Tiens! T'as encore eu des rapports avec ton ordi cette nuit, toi! »
Les trois arrivants se mirent à rire. Jérémie se frotta le front en disant:
« Ho non! Pas encore! »
En effet, Jérémie s'était encore endormi sur son clavier et avait des marques de touches sur le front.
Puis il fit rentrer ses amis et referma la porte. Ulrich demanda:
« Alors? Vous avez trouvé quelque chose ou pas?
- Oui... Enfin presque! » répondit Aélita.
- « Comment ça, presque?? » demanda Odd, un peu étonné de la réponse.
- « En fait, on a trouvé quelque chose de bizarre! » déclara Jérémie. « On a découvert la cause de tout ça! C'est un truc qui s'appelle "Protocole Carthage"
?- Qu'est-ce que c'est? Ça a un rapport avec le projet Carthage? » interrogea Ulrich, perplexe.
- « On n'en sait rien! » répondit Aélita. « En tout cas, on sait qu'il faut un supercalculateur pour l'utiliser. Et on a passé une bonne partie de la nuit à le chercher sur le réseau. Mais on n'a rien trouvé!
- Est-ce qu'il est connecté au réseau, au moins, vôtre calculateur?? » questionna Odd.
- « On y a pensé et on a presque réussi à le localiser, mais il y a comme un petit problème... » dit Jérémie.
- « Ha bon, lequel? » demanda Ulrich.
- « En fait, on l'a localisé à quelques kilomètres près! » déclara Aélita. « il faudra qu'on y soit translaté et qu'on explore la zone à pieds pour le trouver!
- Whoua!! Ça va être un vrai jeu de piste grandeur nature! J'adore!! » dit Odd, tout content.
- « Heu... Attends avant de dire ça! T'as pas vu la taille du terrain de jeu! » rétorqua Jérémie. « Pour faire ça, il va d'abord relancer la construction du Skid. »
Il se mit alors à pianoter quelques trucs sur le clavier de son ordinateur. Il s'arrêta au bout de quelques secondes et déclara:
« Voilà, c'est fait! Ça va prendre la journée entière! »
Puis il se retourna vers ses amis. Mais au moment où il venait de le faire, l'Hyperscan sonna une alerte et une fenêtre apparut sur son écran, avec le visage d'une personne dedans.
« Vous m'entendez? » demanda-t-elle
Fin de l'épisode
Épisode 10: « Contacts »
Sa voix était celle d'un homme. L'image était brouillée par à-coups et laissait parfois apparaître quelques interférences sur l'écran.
« Ohé! Quelqu'un peut me répondre? » continua-t-il.
Les quatre adolescents se regardèrent. Tous furent stupéfaits par ce qui venait de se produire. Ils en restaient bouche bée. Il était parvenu à outrepasser le firewall que Jérémie et Aélita avaient créé et installé eux-même, et il ignorait complètement l'Hyperscan. Comment cela était-il possible? Avaient-ils créé des programmes totalement inefficaces au point qu'il soit devenu aisé de pirater le supercalculateur sans courir aucun risque? Y avait-il une faille dans leur dispositif de sécurité? Jérémie voulut en avoir le cœur net. Il se précipita vers son PC en disant:
« Hein?! C'est pas possible! Comment vous avez fait?? C'est du délire!! »
Il commença à tapoter frénétiquement sur les touches de son clavier. Il cherchait à savoir d'où venait la connexion et pourquoi elle avait pu être établie avec tant de facilité, tout au moins apparente.Les autres restèrent sans voix. C'était la première fois qu'ils voyaient son visage en vrai. Et que lui leur parlait comme un humain normal. Son avatar était très réaliste. Aélita commença à ne pas se sentir bien. Des larmes commencèrent à poindre à ses yeux. Elle sentait son cœur battre fort. Très fort. Si fort, au point qu'elle eut l'impression qu'il allait lui sortir de la poitrine. Elle déclara:
« Ho... C'est... Ho... »
Puis elle s'effondra sur le sol. Comme une crêpe qui vous retombe dessus quelques heures après avoir réussi à la coller au plafond en voulant la faire sauter dans la poêle (Ne riez pas, ceci est une histoire vécue par des milliers de gens tous les ans à la Chandeleur!!!). Odd et Ulrich se précipitèrent vers Aélita, la soulevèrent doucement et la portèrent sur le lit de Jérémie en faisant attention de ne pas la blesser. Au même instant, l'image sur l'écran devint de plus en plus instable. Des interférences de plus en plus nombreuses brouillaient le signal. Brusquement, la connexion fut interrompue et la fenêtre dans laquelle l'image s'affichait se ferma.
Pendant ce temps-là, dans les cachots du Poste de Sécurité. Le jeune homme, tout juste incarcéré de la veille, s'ennuyait fermement dans sa cellule. Il se posait toujours autant de questions sur la personne dans la cellule d'en face. Elle n'avait quasiment pas bougé depuis son arrivée. Il tenta alors d'engager timidement la conversation:
« Je m'appelle Marc. Et vous? »
Pas de réponse. Cette personne mystérieuse était-elle sourde? Ou avait-il parlé si faiblement qu'elle n'avait rien entendu? La porte de la geôle s'ouvrit brusquement dans un grincement métallique à en déchausser plus d'une dent blanche de la gencive d'un dentiste, laissant apparaître un des gardiens avec des plateaux repas pour le déjeuner. Les couverts étaient en plastique afin de parer tout incident dramatique. Le gardien, remarquant le silence du lieu malgré ses occupants, leur dit alors:
« Ben alors! C'est bien calme, ici! Il te plaît pas ton nouveau copain, Pinkie? »
Une fois encore pas de réponse. Le geôlier posa alors les plateaux sur le sol et en glissa un dans chacune des cellules par une petite ouverture prévue à cet effet dans les grilles, avant de se redresser et d'ajouter:
« Elle est pas causante, hein? T'en fait pas, le nouveau, on s'y habitue très vite! Elle n'a pas prononcé un mot depuis le jour où elle est arrivée ici. Et pourtant, elle n'est pas muette. Enfin, c'est ce qu'on m'a dit! »
Puis il s'éloigna vers la porte pour sortir et la referma, produisant le même son strident et désagréable que lorsqu'il l'avait ouverte. Marc s'approcha de son plateau repas pour manger. Il était affamé. Il n'avait rien avalé depuis la veille. Son repas n'était pas tout ce qu'il y avait de plus appétissant mais, comme il disait souvent avant qu'il ne soit enfermé dans ce lieu improbable, c'était comestible et c'était déjà ça, vu l'endroit.
Au bout d'une dizaine de minutes, quand il eut fini de manger, il se releva et alla s'asseoir sur son lit. Ou plutôt ce qui lui servait de lit, car il était franchement très inconfortable. Il était situé contre le mur du fond de sa cellule. Le matelas était dur comme de la pierre. En plus, il était étroit et pas assez long pour lui. Car quand il était allongé, ses pieds dépassaient du lit. Sur le mur de droite se trouvait une cuvette de toilettes surmontée d'une chasse d'eau cachée fixée en hauteur. Ces toilettes se trouvaient derrière un petit mur d'environ quatre-vingt centimètres de haut pour s'extraire des regards indiscrets. En face, sur le troisième mur se trouvait un lavabo surplombé par un vieux miroir qui avait subit quelques ravages du temps. Il y avait une table contre le même mur et un tabouret en dessous. Le sol de la geôle était en béton.
Il soupira puis s'allongea sur son lit. Il regardait la voûte du plafond. Dans la cellule en face, « Pinkie » avait bougé. Elle s'était avancée à quatre pattes pour saisir son plateau repas et le rapprocher de l'endroit où elle était assise. À ce moment, Marc tourna la tête vers elle. C'était la première fois qu'il voyait son visage. Elle était belle. Elle avait les cheveux longs, très longs. Il avait toujours du mal à en distinguer la couleur. Son visage était beau. On aurait dit celui d'un ange. Son teint était clair, tel celui de quelqu'un qui n'a pas vu la lumière du jour depuis plusieurs années. Elle avait les yeux verts. C'était bien la seule couleur qu'il arrivait à voir d'elle dans cette pénombre.
Certes, elle avait un visage d'ange mais elle était triste, profondément triste. Comme saisie jusqu'au plus profond de son être par une tristesse et une mélancolie qui la détruisaient petit à petit de l'intérieur et face auxquelles elle ne pouvait plus lutter. Son regard était vide, désespérément vide. Comme si elle n'avait plus le goût de vivre, comme si elle avait perdu ce qu'elle avait de plus cher au monde.
Marc attendit qu'elle ait finit de manger pour lui adresser à nouveau la parole. Ce fut fait au bout d'environ un quart d'heure. Elle repoussa alors son plateau hors de sa cellule violemment avec le pied. Puis elle posa son regard vers lui. Marc crut alors percevoir tout le désespoir qu'elle ressentait. Il se redressa et s'assit au bord de son lit. Il lui demanda alors:
« Depuis combien de temps êtes-vous là? »
Elle baissa alors la tête et se mit à pleurer à chaudes larmes. Des souvenirs venaient de lui revenir en mémoire. Des souvenirs d'un temps qu'elle croyait à jamais révolu. Du temps où elle était heureuse. Marc fut surpris, il ne s'attendait pas à une réaction aussi vive.
« Ho! Excusez-moi, madame! Je ne voulais pas... Je vous demande pardon... Je suis navré... »
Après quelques instants, elle arrêta de pleurer. Elle releva alors la tête vers Marc et lui dit:
« Ne vous excusez pas, ce n'est pas de vôtre faute. Ça fait depuis le 29 janvier 1993 que je suis ici. »
Marc resta sans voix. Elle était enfermée depuis si longtemps. Elle poursuivit:
« Vous savez, au début, je pensais que j'allais vite sortir d'ici. Et puis, plus le temps passait, plus je perdais espoir. Au point que j'ai fini par arrêter de compter les jours. Je ne connais même pas la date d'aujourd'hui! Vous qui êtes arrivé hier, dites moi quel jour nous sommes, s'il vous plaît. »
Marc hésita un peu. Il ne savait pas comment elle allait réagir à l'annonce de celle-ci. Cela faisait si longtemps qu'elle était ici. Il lui dit alors:
« Si je vous le dis tout de suite, ça va vous faire un choc. Alors je vous demanderais d'abord en quelle année pensez vous qu'on soit.
- On doit être sûrement aux environ de l'an 2000 ou peut-être en 2001 ou 2002. Enfin, je pense, vu tout le temps que je suis restée coupée du monde. » répondit-elle.
Marc réfléchit quelques instants sur la manière de lui dire qu'en fait elle avait passé beaucoup plus de temps dans sa cellule qu'elle ne le pensait. Puis il se décida et lui dit timidement:
« En fait, beaucoup plus de temps s'est écoulé depuis que vous êtes arrivé ici.
- Combien?! Dites-le moi! Je vous en supplie...
- En fait nous sommes en 2008... le mardi 25 mars, pour être exact.
- 25 mars... 2008... » répéta-t-elle lentement comme pour se convaincre de ce qu'elle venait d'entendre.
Elle avait le regard dans le vague, en direction du sol. Elle n'en revenait pas. Ça faisait plus de quinze ans qu'elle était là. Quinze année de sa vie volées. Elle commença à baisser sa tête pour la reposer sur ses genoux. Marc vit qu'elle était choquée et qu'elle était en train de s'enfermer une fois de plus dans son mutisme. Il lui demanda alors:
« Pourquoi êtes-vous ici? »
Elle releva alors la tête et regarda Marc. Après quelques secondes de silence, des larmes firent leur apparition dans ses yeux et se mirent à couler le long de ses joues. Elle répondit alors avec une voix comme remplie de regrets:
« Je suis là parce que je suis coupable d'avoir aimé un homme de tout mon cœur. Un homme extraordinaire et courageux. Un homme qui a travaillé pour eux. Un homme qui, quand il a découvert le but de ceux pour qui il travaillait, a voulu s'y opposer. Il n'était pas le seul. Ils étaient sept. Ensemble, ils ont tout fait pour essayer de s'y opposer. Mais les gens pour qui ils travaillaient les en ont empêché. Pour y parvenir, ils les ont enlevés un par un, eux et leur famille. Et depuis tout ce temps, ils m'ont séparé de ma famille. Je ne sais pas ce que sont devenus ma petite fille et mon mari...»
Elle éclata alors en sanglots. Marc lui dit alors:
« Non, ne pleurez pas! Gardez espoir! Je suis sûr qu'ils vont bien en ce moment et qu'ils vous cherchent en ce moment. »
Elle lui répondit:
« Je n'ose plus y croire. Ça fait si longtemps. Si vous saviez à quel point ils me manquent, tous les trois!
- Comment ça, tous les trois? Je croyais que vous n'aviez qu'une petite fille!
- C'était exact jusqu'à quelques temps avant qu'on ne m'enlève. Je n'ai pas eu le temps d'annoncer à mon mari et ma petite fille que j'étais à nouveau enceinte. J'ai accouché ici. Puis on m'a enlevé mon bébé presque aussitôt après sa naissance. C'était un beau petit garçon. Et je le l'ai plus jamais revu... »
Elle éclata à nouveau en sanglots. Marc, lui, était pétrifié par ce qu'elle venait de lui raconter. Comment avait-il pu travailler aussi longtemps pour des gens qui agissent de façon si inhumaine? Il en était dégoûté. À tel point qu'il s'en dégoûtait lui-même. Un sentiment de malaise et d'horreur s'emparait progressivement de lui. Il n'osait plus la regarder. Il se sentait coupable. Terriblement coupable. Même si ce n'était pas lui le responsable de tout ce qu'elle avait subit.
Après quelques longues minutes, elle arrêta de pleurer. Marc regardait ailleurs. Elle leva la tête et lui demanda:
« Mais vous? Pourquoi êtes-vous ici? Qu'avez-vous fait pour ça? »
Au même instant, à Kadic, Aélita allait se réveiller. Elle avait été emmenée à l'infirmerie. Les trois garçons étaient autour d'elle. Ils étaient venus prendre de ses nouvelles. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle vit Jérémie penché au dessus d'elle et qui la regardait amoureusement. Les deux autres étaient restés en retrait.
« Coucou, ma princesse! Comment tu te sens? » dit-il.
- « Ça va mieux, merci. Mais, et... » répondit-elle, avec les joues rouges et un grand sourire.
- « Whoua!! MA princesse! » dit alors Odd, sur un ton moqueur. « Là, ça commence à être sérieux entre vous deux!!! Qu'est-ce que vous attendez pour vous embrasser?? Allez-y! Vous gênez pas...
- Odd!!! Tais-toi!!! » dirent-ils en même temps
Puis Jérémie continua:
« T'inquiètes pas, on va le retrouver et tout faire pour garder le contact! Je passerais des nuits entières pour ça s'il le faut! Je te le promets!
- Ho, merci Jérémie! » lui répondit-elle.
Il lui avait pris la main pendant qu'il lui avait fait cette promesse, et elle se leva et lui bondit au cou pour le serrer contre elle lorsqu'elle le remercia. Jérémie était tout gêné de cette promiscuité si soudaine avec sa bien-aimée. Ses lunettes en étaient toutes de travers. Il les remit correctement puis posa ses mains dans le dos d'Aélita et rougit. Elle aussi avait rougi. Il ne savait pas quoi lui dire. Elle non plus.
« Haaa! C'que c'est beau, l'amour! » dit Odd.
- « Ouais, t'as raison! » rajouta Ulrich. « Bon, je crois qu'on va les laisser seuls tous les deux! Viens Odd!
-Ben pourquoi? Pour une fois qu'il se passe quelque chose de vraiment intéressant ici!!! » répondit Odd.
- « Viens, je te dis!!! La cantine va fermer et on n'aura rien mangé!!!
- Ho, zut! T'as raison!!! J'allais oublier!!!
- Comment ça??? T'allais oublier de manger?? Comment tu peux oublier de manger, toi??? T'es sûr que t'es pas malade?? » lui lança Ulrich avec un air moqueur.
Ils sortirent tous les deux de l'infirmerie, laissant seuls les deux amoureux enlacés l'un dans les bras de l'autre. Ils restèrent ainsi à se regarder dans les yeux quelques instants, avant que Jérémie ne finisse par vaincre sa timidité et ne tente un baiser. Il commença à rapprocher ses lèvres de celles d'Aélita. Mais au dernier instant, il dévia de sa trajectoire et lui fit un bisou sur la joue, toutefois juste à côté de sa bouche. La timidité avait repris le dessus pendant qu'il allait l'embrasser. Il décolla ses lèvres de la joue de son amie. Celle-ci fut un peu étonnée de la tournure que cet événement avait pris et s'empressa de lui dire:
« Regarde, Jérémie. C'est comme ça qu'on fait! »
Elle prit alors le visage de Jérémie entre ses mains. Elle le regarda dans les yeux. Puis elle colla tendrement ses lèvres sur celles de Jérémie. Ils s'embrassaient enfin pour la première fois. Ce fut un baiser tendre et simple à la fois, mais oh combien rempli d'un amour sincère et fougueux en même temps. Ils étaient tous les deux aux anges.
Au bout de quelques instants, trop courts à leur goût, ils décollèrent leurs lèvres. Ils se regardèrent dans les yeux et se firent un sourire mutuel. Ils se sentaient si bien l'un avec l'autre. Leurs estomacs se mirent à gargouiller de concert, leur rappelant ainsi qu'ils devaient aller à la cantine le plus rapidement possible car celle-ci allait bientôt fermer.
Ils sortirent alors de l'infirmerie main dans la main et se rendirent au réfectoire pour déjeuner. Ils y retrouvèrent leurs deux amis attablés avec William, venu prendre quelques nouvelles à propos des événements récents. Il avait lu ce qui était arrivé à Sissi dans le Kadic News, dont les deux journalistes étaient à proximité et avaient remarqué qu'Aélita et Jérémie se tenaient par la main. Elles tenaient leur « scoop » du lendemain. Tout le monde prit son repas dans une ambiance à la fois inquiète et heureuse. Inquiète pour la tournure que certains événements prenaient, notamment à propos de la chute de Sissi dans les escaliers, et heureuse pour Jérémie et Aélita.
Après être sortis de la cantine, ils se rendirent tous sur leur banc habituel dans la cour. Ils discutaient de ce qu'ils allaient faire pour arranger les choses. Ils prirent la décision de se rendre le soir-même à l'usine pour essayer de comprendre ce qui s'était produit le matin dans la chambre de Jérémie. La sonnerie retentit alors et le petit monde se rendit alors en cours.
Après la fin des cours, ils se rendirent tous à l'usine. Une fois tous arrivés dans la salle des commandes, Jérémie s'installa sur son fauteuil et commença à fouiller dans plein de dossiers et de données les traces de l'événement qui s'était déroulé plus tôt dans la journée. Il était épaulé par sa chère et tendre Aélita. Cela faisait seulement quelques minutes qu'ils cherchaient, et ils avaient déjà trouvé ce qu'ils voulaient.
Quand soudain...
Fin de l'épisode 10
Épisode 11: « Point de non-retour »
... Une odeur pestilentielle se fit sentir dans la salle des commandes. Comme une odeur fermentée d'égouts mais en bien plus fort et écœurant.
« Baaaahhh!!! Mais qu'est-ce que ça chlingue!!! C'est quoi ce truc??? D'où ça vient?? » Dit Ulrich en se pinçant le nez comme pour éviter de respirer cette odeur.
- « Je sais pas, mais là, il faut faire quelque chose, Jérémie! » répondit Aélita.
- « Hein?! Mais de quoi vous parlez?! Ça sent rien!!! » déclara Odd sous les yeux effarés de tous les autres.
Jérémie n'avait pas attendu la fin de la phrase qu'il avait actionné le système d'aération afin de soulager tout le monde. Tout le monde se bouchait le nez à l'exception de Odd. D'où cela pouvait-il bien provenir? Était-ce un nouveau genre d'attaque de l'ennemi invisible qu'ils cherchaient à combattre sans pour autant y parvenir pour le moment? Ou alors était-ce simplement le niveau des effluents des égouts qui augmentait et qui libérait ces relents nauséabonds jusque dans l'usine?
« Voilà! C'est fait! La ventilation est à fond! Normalement dans deux minutes, on ne devrait plus rien sentir! » dit-il. « Bon, maintenant, il faut chercher d'où ça vient pour éviter les mauvaises surprises...
- Vous êtes sûrs que vous allez bien?? Moi, je sens rien du tout! » demanda Odd.
- « C'est peut-être que t'as le nez bouché!!! » lui répondit Ulrich.
- « Ben non, je suis pas enrhumé... » déclara innocemment Odd.
Pendant ce temps, l'odeur avait presque totalement disparu de l'air. Tout le monde retira sa main du nez. Ulrich s'approcha de Odd, qui était resté un peu à l'écart, quand soudain son nez fut à nouveau envahi par cette odeur épouvantable. Il se reboucha le nez presque aussi vite qu'il s'était empressé de le déboucher quelques secondes auparavant..
« Hooo!!! Vite!!! Sortez les masques à gaz!!! » Hurla-t-il en direction des autres qui se retournèrent alors vers lui, avant de poursuivre: « Odd!! T'es vraiment un gros dégueulasse!! Comment tu peux faire des trucs pareils!! C'est pas humain, ça!!
- C'est pas de ma faute! Ça sort tout seul, y a pas moyen de lutter!! » répondit l'intéressé.
- « Tu fais rien pour, non plus!!! Pourtant, on t'avait bien dit de pas en reprendre trois fois, ce midi!!! » lui dit Ulrich.
- « J'en ai pas repris trois fois, mais quatre!
- Hein?! Quatre fois?! Mais t'es malade ou quoi?? » demanda Jérémie
- « Ben quoi? C'est pas de ma faute si j'adore ça! Et puis c'est vachement bon, les flageolets!!! » répondit Odd.
- « C'est pas possible... T'es pas humain... Quatre fois des flageolets... Et en plus, il aime ça... » conclut Jérémie, qui s'était posé la main sur le front et affichait un air de consternation devant ce que venait de dire Odd.
- « Bonjour l'usine à gaz!!! Je te préviens, Odd, cette nuit, si tu lâches une caisse aussi énorme que celles que tu viens de faire, tu dors dehors!!! » dit alors Ulrich.
Les autres se mirent à rire. Ha, les joies de la cohabitation...
William ajouta:
« Et pour l'instant, tu restes à côté de la bouche d'aération!!! Parce que là, t'as vraiment fait fort!!! »
Brusquement, ils furent rappelés à la dure réalité. L'Hyperscan sonnait une alerte. Une fenêtre s'ouvrit de façon impromptue sur l'écran du pupitre du supercalculateur. La même fenêtre que le matin même avec le même visage apparaissant dedans. Quand ils virent la fenêtre apparaître, Jérémie et Aélita lâchèrent simultanément un cri de peur tant ils ne s'y attendaient pas.
Mais qui était-il? Il était brun. Il portait des lunettes rondes. Ses sourcils étaient épais. Tout comme sa barbe, surmontée d'une moustache plus épaisse encore. Il avait l'air d'avoir une cinquantaine d'années. La connexion était toujours aussi instable. L'image était perturbée par des interférences. Les trois garçons, qui étaient restés en retrait, se rapprochèrent de l'écran pour voir ce qui avait fait sursauter les deux génies de la bande. Quand ils virent le visage sur l'écran, ils restèrent cois. Tous les trois n'en revenaient pas.
« C'est... C'est bien toi?? » dit alors Aélita.
- « Oui, ma chérie! C'est bien moi! » répondit l'homme qui venait d'apparaitre sur le moniteur du supercalculateur.
- Papa! Je croyais que tu t'étais sacrifié pour nous!
- Je sais, ma chérie. Mais je n'aurais jamais osé prendre ce risque sans assurer mes arrières et disparaître à jamais en te laissant orpheline. Je n'aurais jamais pu me résoudre à faire ce choix terrible.
- Mais... comment t'as fait?
- En fait, j'ai créé une copie de moi-même que je dirigeais à distance pour vous transmettre les données de l'antivirus multiagents de Jérémie en toute sécurité. Je ne voulais pas que ma propre création me réduise à néant une fois pour toute.
- Ho! Papa! Je suis si heureuse de te revoir enfin!
- Moi aussi ma chérie.
- Heu... Excusez-moi de vous interrompre tous les deux » dit alors Jérémie. « Mais pourquoi vous n'avez pas tenté de vous manifester avant aujourd'hui?
- C'est très simple. Quand j'ai vu que le supercalculateur n'avait pas assez d'énergie pour lancer l'antivirus, j'ai alors décidé de transférer une grande partie de la mienne vers ma copie téléguidée pour y parvenir. »
Il leur expliqua alors que sa copie n'avait pas résisté bien longtemps car le flux d'énergie était trop important pour qu'elle y résiste. Elle avait fini devenir totalement instable et elle finit par être détruite. De son côté, il était si affaibli par ce transfert d'énergie qu'il ne put plus entrer en contact avec eux. Il avait mis beaucoup de temps avant d'en récupérer suffisamment pour avoir de nouveau les capacités de communiquer avec le supercalculateur. Il leur dit aussi qu'à ce moment-là il ne savait pas s'ils étaient finalement parvenus à vaincre XANA, mais que, quand il a vu qu'ils avaient fini par éteindre le supercalculateur, il avait compris qu'ils avaient atteint leur but.
Hélas pour lui, il ne pouvait alors plus communiquer avec Jérémie et Aélita pour leur dire de retourner le chercher dans le réseau. Quand hier, il a remarqué que le supercalculateur avait été rallumé. Et depuis lors, il avait essayé sans relâche d'entrer en contact avec Jérémie, sans y parvenir jusqu'à ce matin. Mais la tâche lui avait été rendue beaucoup plus difficile par le firewall qu'ils avaient installé. Il félicita Jérémie et Aélita pour leur travail car la Grande Muraille, à défaut d'être sans faille, était vraiment très efficace contre les intrusions éventuelles dans le supercalculateur. Tout du moins, bien plus efficace que tous les systèmes de protection qu'il avait rencontré sur le réseau et qu'il n'avait pas eu de peine à forcer pour y trouver refuge.
Pendant tout le temps qu'il était resté seul dans le réseau, il avait travaillé à restaurer et reprogrammer tous les fichiers le concernant, notamment celui de son ADN numérique, pour qu'un jour il puisse se rematérialiser.
Pendant tout ce temps, la connexion était toujours aussi perturbée. L'image était pleine d'interférences et le son coupait de temps à autre. Afin de résoudre ce problème de communication, Jérémie entra alors quelques commandes dans le supercalculateur avec le clavier et effectua quelques réglages sur son firewall. Après quelques instants, tout fut réglé. L'image était enfin nette et le son ne coupait plus.
« Voilà! C'est bien mieux comme ça!! » dit le petit génie.
- « Tu as raison, tu as fait du bon travail, Jérémie. » répondit Franz Hopper. « Maintenant, Jérémie, est-ce que tu peux me faire rentrer dans le supercalculateur? Je m'y sentirais plus en sécurité que dans le réseau car il s'y passe des choses vraiment étranges.
- bien sûr! » répondit alors Jérémie. « Seulement, ça va prendre un peu de temps car Aélita et moi avons créé un sas de contrôle de tous les fichiers entrants. C'est la seule entrée possible dans le supercalculateur depuis le réseau. Il est inclus dans la Grande Muraille et tout ce qui s'y trouve passe à l'antivirus qui a servi à éradiquer XANA. Mais il y a peut-être un risque pour vous.
- C'est un risque à prendre si je veux retourner un jour sur Terre et retrouver ma fille. » déclara alors Franz Hopper.
- « Papa, est-ce que tu es sûr de vouloir le tenter? C'est vraiment risqué, tu sais. » lui demanda Aélita, inquiète.
- « Oui, ma chérie. Je t'ai laissée seule si longtemps que je ne veux plus laisser passer une seule occasion de te rejoindre et essayer de reprendre une vie normale avec toi. » répondit Franz Hopper.
Aélita fut touchée par ce que venait de lui dire son père. Elle était émue ce témoignage d'amour paternel qui lui avait tant manqué pendant tout ce temps. Elle en avait les larmes aux yeux. Jérémie se retourna vers elle. Il posa sa main droite sur la joue gauche d'Aélita comme pour la caresser.
« Ne t'inquiètes pas » dit-il, « Tout va bien se passer, je vais éteindre la fonction de suppression des fichiers infectés pour éviter tout risque fatal. »
Puis il déposa sur les lèvres de sa bien-aimée un baiser plein de tendresse à son égard. Aélita sourit alors. Elle était rassurée par les propos de Jérémie. Mais elle était toujours un peu inquiète pour son père.
Jérémie se retourna alors vers son terminal de commande. Il fit quelques manipulations sur le supercalculateur et dit alors:
« Ouverture porte d'entrée du sas! Vous pouvez y aller, Franz!
- D'accord, merci Jérémie! » répondit-il.
Puis Franz Hopper pénétra dans le sas d'entrée.
« Ça y est, j'y suis, Jérémie! Tu peux refermer la porte!
- OK! Fermeture porte d'entrée du sas! Maintenant, la phase la plus longue va commencer. Protocole décontamination! »
Jérémie attendit quelques secondes. Une fenêtre apparut sur son écran. Celle-ci affichait l'état d'avancement du processus.
« Dis moi, Jérémie, combien de temps ça va durer? » demanda Franz Hopper.
- « En principe, ça devrait prendre environ deux heures.
- Hein?! Deux heures?? » rétorqua Odd. « Mais j'ai faim, moi!! Et ma petite cantine chérie qui va bientôt fermer!!!
- C'est bon! On y va, Odd!! » répondit Ulrich.
- « De toute façon, on a largement le temps de rentrer et de revenir avant que ce soit fini... » conclut Jérémie.
Sur ces paroles, toute la bande se mit en route vers le collège et sa cantine, laissant Franz Hopper subir une vérification par l'antivirus. Il était déjà presque vingt heures. Pendant la remontée via le monte-charge, Odd n'avait pu se retenir de laisser échapper une flatulence dont l'odeur était plus répugnante encore que les premières. Une fois arrivés en haut, tout le monde se mit à courir pour fuir le monte-charge.
« Whouahh!!! Celle-là, je l'ai bien sentie!!! On aurait dû lancer des attaques comme ça contre les monstres de XANA pour voir ce que ça aurait donné!!! » déclara Odd.
- « Ouais, mais n'empêche que t'es toujours un gros dégueulasse!!! T'aurais pu prévenir, quand même!!! » lui dit Ulrich.
Ils sortirent de l'usine et se rendirent à la cantine. Une fois de plus, ils arrivèrent juste avant la fermeture. Rosa Petit-Jean leur servit leur repas et leur faisant la remarque:
« Et bien, les jeunes! Une fois de plus on arrive juste à temps! Vous êtes en train de prendre de bien mauvaises habitudes! Surtout toi, mon petit Odd! En plus, il faut que tu manges, t'es tout maigre!
- Je suis pas maigre! » rétorqua l'intéressé. « Je suis svelte! C'est pas pareil!
- Allons, allons! Dis pas de bêtises et va manger, mon petit! C'est bon pour ce que t'as! » lui dit-elle.
Ils allèrent s'asseoir avec leurs plateaux. Ce soir, c'était choucroute alsacienne. Odd était aux anges. Ulrich l'était beaucoup moins. Il sentait qu'il allait passer une nuit très désagréable, vu ce que Odd avait ingurgité à midi et ce qu'il s'apprêtait à avaler au diner. Une fois fini, ils retournèrent à l'usine. Ils attendirent la fin du processus.
La fenêtre dans laquelle s'affichait la progression de la décontamination se ferma brusquement. Une autre fenêtre s'afficha alors pour indiquer le résultat du passage de l'antivirus. Tout semblait indiquer qu'il n'y avait aucun risque. Aélita fut soulagée. Jérémie dit alors:
« C'est bon, Franz, tout est OK. Ouverture porte sortie! »
La porte de sortie du sas s'ouvrit devant Franz Hopper. Il sortit alors du sas. Il se trouvait dans le cinquième territoire.
« Maintenant, rematérialise-moi Jérémie. » dit Franz Hopper.
- « D'accord, mais d'abord, on doit vous dire quelque chose. » déclara Jérémie.
- « bien, je t'écoute, Jérémie.
- C'est à propos de ces choses étranges que vous avez remarqué dans la réseau. » dit Jérémie. « En fait, elles sont liées à des événements qui se sont produits dans le collège.
- Et de quoi s'agit-il? Ce n'est pas trop grave, j'espère. » répondit Franz Hopper.
- « En fait, si! Yumi a été téléportée au Japon et Sissi a eu un accident et elle est à l'hôpital.
- Ho mon dieu! Et quand cela s'est-il produit? » répondit Franz.
- « Yumi a disparu en premier le 13 mars vers sept heures quarante cinq.
- Dépêchez-vous de faire un retour vers le passé sinon vous allez dépasser le point de non-retour!
- Le quoi?? » demanda Jérémie.
- « Le point de non-retour! » répondit Franz Hopper. « C'est le moment au-delà duquel le supercalculateur ne peut plus retourner dans le temps. Cela correspond à environ trois cent dix heures consécutives après l'événement que l'on veut effacer. C'est une limite infranchissable. Cela correspond à environ treize jours. Dépêchez-vous de le faire sinon vous ne pourrez plus rien pour vôtre amie!
- Jérémie, qu'est-ce que t'attends?! Lance le retour vers le passé maintenant!! » dit Ulrich.
Jérémie se mit aussitôt à la tâche. Il entra la date et l'heure à laquelle il fallait revenir et dit alors en pressant la touche Entrée:
« Retour vers le passé »
Jeudi 13 mars, sept heures. Dans sa chambre, Jérémie s'éveillait péniblement. Il s'était endormi pour la énième fois sur le clavier de son ordinateur, et une fois de plus, son front s'en souvenait: il y avait en effet trois belles traces de touches disposées en triangle dessinées sur le haut de son crâne. Aélita, elle, s'était endormie sur le lit de Jérémie. Jérémie, qui venait de s'étirer quelque peu bruyamment, s'approcha d'elle et lui caressa la joue en lui susurrant à l'oreille:
« Aélita, réveille-toi, il est sept heures! On doit retrouver Yumi aujourd'hui! »
Elle poussa alors un petit gémissement puis leva difficilement la tête. Elle ouvrit les yeux et vit Jérémie qui la regardait. Il la contemplait même. Il la trouvait si belle, et plus particulièrement au réveil.
« Bonjour » lui marmonna-t-elle. Elle remarqua alors les traces de touches sur son front et ne put s'empêcher d'éclater de rire.
« Ho oui, je sais j'ai des traces de touches sur le front! Et Odd va pas pouvoir s'empêcher de me chambrer!!! Mais la bonne nouvelle, c'est que le retour vers le passé a marché! »
Il se pencha alors vers Aélita et lui déposa un baiser affectueux sur les lèvres. Puis ils se décollèrent en laissant apparaitre un sourire sur leurs visages.
Dans la chambre des garçons, Ulrich fut réveillé par son portable qui n'arrêtait pas de sonner. Il décrocha. Il se redressa brusquement dans son liy quand il entendit Yumi dire:
« Hey, Ulrich...
Fin de l'épisode
Épisode 12: « Une lueur... »
« Hey, Ulrich! What happened??? And why am I still in Japan?? » (Trad.: « Hé, Ulrich! Qu'est-ce qui s'est passé??? Et pourquoi suis-je toujours au Japon?? »)
Ulrich bondit alors de son lit en disant:
« Hein?! Quoi?! C'est une blague?! Tu déconnes? Parce que là, c'est pas drôle!!
- Ulrich, I don't understand anything! Speak English, please! » (Trad.: « Ulrich, je ne comprends rien! Parle anglais s'il te plait! »)
Yumi venait de répondre à sa question. Ulrich se précipita hors de la chambre en claquant la porte avec fracas. Odd fut réveillé par le bruit. Il gémit alors puis ronchonna:
« Ouais!! C'est bon! T'excite pas! J'me lève!! »
Il enleva sa tête de sous son oreiller et ouvrit péniblement les yeux. Il regarda le lit de son compagnon de chambrée et constata avec étonnement que celui-ci n'était plus dans son lit ni dans la pièce alors qu'il semblait être là à peine trente secondes avant. Odd sortit de son lit en trombe et commença à s'habiller à toute allure en disant, tout paniqué:
« Ho là là!! Je crois que j'ai trop dormi! Je vais être en retard en cours, vite!! »
Puis il regarda l'heure sur son radio-réveil. Il n'était que sept heures une du matin. Il dirigea alors son regard vers le lit défait d'Ulrich. Il se demandait pourquoi son ami n'y était plus. Il devait s'être passé quelque chose pour qu'il soit déjà levé et sorti de sa chambre à cette heure là. Odd sortit à son tour de la chambre pour se diriger vers celle de Jérémie. Quand il y arriva, il trouva la porte ouverte et les deux tourtereaux accompagnés d'Ulrich venu les avertir de la nouvelle. Aélita et Jérémie étaient assis l'un à côté de l'autre sur le lit et Ulrich était debout devant la porte, tournant le dos à Odd. Ils discutaient tous les trois.
« Mais comment on va faire alors, Jérémie? » demanda Aélita, d'un ton inquiet
- « Je sais pas » répondit celui-ci. « En tout cas, on va avertir ton père de la situation. Peut-être que lui aura la solution.
- OK! On fait comme ça! De toute façon, on n'a pas vraiment le choix... » dit Ulrich.
- « Mais de quoi vous parlez??? » demanda Odd en entrant dans la chambre.
- « Yumi n'est pas revenue!! » déclara Ulrich.
- « Comment ça, pas revenue? Pourtant le retour vers le passé a très bien marché! » rétorqua Odd.
- « Oui, sauf qu'il nous a ramené dans le passé du monde dans lequel on est actuellement, et pas celui où Yumi est avec nous à Kadic! » dit Jérémie.
- « Tu veux dire que c'est comme si on était dans un monde parallèle? » lui demanda Odd, interloqué.
- « Ouais, c'est un peu ça! » répondit Jérémie.
- « Mais comment c'est possible?? » questionna Ulrich.
Ce dernier ne tarda pas à regretter d'avoir posé cette question. En effet, Jérémie se lança alors dans une explication peu claire et que lui et Aélita étaient les seuls à comprendre. Il termina en disant:
« Alors, c'est compris?
- Heu... Ben... Pas trop, mais c'est pas grave! » répondit Ulrich.
- « Moi, pareil! Sauf que j'ai faim!!! Alors zou!! À la douche et ensuite p'tit dej'!!! » déclara Odd.
- « Sacré ventre à pattes! Tu changeras jamais!!! » lança Aélita.
Tous se mirent à rire.
Pendant ce temps, dans la « Cuve ». Une alarme retentissait dans le gigantesque édifice. Tout le monde était à son poste. Ils regardaient tout un tas de données qui s'étaient affichées spontanément sur les écrans. Personne ne comprenait ce qui venait de se passer. Derrière son pupitre, un jeune homme. Grand, brun, les yeux bleus, environ vingt-cinq ans. C'était Marc. Il s'affairait, comme tout le monde autour de lui, à chercher d'où cela pouvait provenir.
À gauche de son clavier se trouvait une petite clé USB. En posant son regard dessus, Marc se dit alors:
« Udanax.tar.bz2, c'est pas aujourd'hui que je verrais ce que t'as dans le ventre!!! Aujourd'hui, je sens que je vais avoir une tonne de boulot » ( ".tar.bz2", c'est du langage de geek...)
Soudain, il entendit une voix puissante derrière lui dire:
« CHALIGNY!! Qu'est-ce que c'est que ça?! »
Marc sursauta en entendant son nom. Il se retourna. C'était son chef de service. Il était en colère. Il pointait du doigt la clé USB de Marc. Il poursuivit:
« Non mais vous êtes fou ou quoi?! Vous voulez compromettre la sécurité informatique du site?! Si jamais le grand chef apprenait ça, vous seriez bon pour le gnouff à vie! Heureusement que vous êtes un des meilleurs éléments de nôtre équipe sinon je n'aurais pas hésité à vous dénoncer! Ai-je besoin de vous rappeler le règlement concernant le matériel informatique?! Faites attention, je vous ai à l'œil! »
il se rappelait en effet qu'il était interdit de connecter tout support numérique aux installations du site tellement le travail qui s'y faisait était sensible. Marc se dit alors qu'il avait évité de faire une grosse connerie qui aurait pu lui couter très cher. Et, au final, il était soulagé de n'avoir rien fait de ce qu'il avait prévu avec sa clé USB.
Et pourtant, le mal était déjà fait. Il était bien présent, tapi dans les entrailles de la « bête ». Il attendait la moindre opportunité pour se manifester. On pouvait d'ailleurs compter sur lui pour cela. C'était son mode de fonctionnement. Il se comportait toujours comme cela. C'était bien le seul point prévisible de son comportement: son imprévisibilité.
Au même instant, à Kadic, tout le monde sortait de la chambre de Jérémie. Les garçons partirent à la douche pendant qu'Aélita retournait dans sa chambre pour prendre ses affaires et aller prendre sa douche. Ils se rejoignirent tous à la cantine pour le petit déjeuner. Puis ils virent Sissi arriver dans le réfectoire et s'assoir à côté d'Ulrich en l'embrassant tendrement sur la bouche. Il se laissa faire, écarquillant les yeux. Tout cela le troublait. Il ne savait plus quoi penser de Sissi. Était-il passé à côté de quelque chose. Les autres regardèrent la scène qui se déroulait sous leurs yeux. Ils n'en revenaient pas. Sissi se tenait devant eux et elle était en pleine forme.
« Hé, Einstein! Comment c'est possible, ça? Je croyait qu'elle était à l'hôpital! » demanda discrètement Odd.
- « Le retour vers le passé!!! L'accident de Sissi n'est pas dû au truc qu'on a trouvé, c'est pour ça! Et là, l'accident n'a pas encore eu lieu! » lui répondit Jérémie tout aussi discrètement.
Au même instant, Sissi décolla ses lèvres de celles d'Ulrich. Elle lui fit un grand sourire en lui caressant la joue affectueusement. Puis elle se retourna vers les autres et leur dit:
« Bonjour tout le monde! Comment ça va?
- Heu... Bah... Ça va bien... Et toi? » répondit Jérémie, décontenancé.
- « Ben qu'est-ce qu'il y a? Vous en faites, une tête...
- Heu... Ben... C'est que... » dit Odd
- Que quoi?
- Non, rien... »
Aélita et Odd ne savaient pas quoi lui répondre. Il est vrai qu'aucun d'entre eux n'était habitué à voir Sissi aussi gentille. Ulrich, ayant repris ses esprits, murmura alors à Sissi dans le creux de l'oreille:
« Heu... Sissi... Faut que je te dise un truc tout à l'heure... Seul à seul... Tu veux bien? »
Sissi se retourna alors vers lui, le regard débordant d'affection pour son bien-aimé bien que contenant aussi un brin d'inquiétude à cause du ton employé par Ulrich pour le dire. Elle lui répondit:
« OK, d'accord. »
Puis la sonnerie retentit. Ils se levèrent, emmenèrent leurs plateaux à la plonge puis se rendirent en cours. En chemin, Sissi avait prit Ulrich par la main. Il s'était laissé faire, ne voulant pas la faire souffrir. Sissi sentit comme de la froideur de sa part. Les deux premières heures passèrent lentement pour Ulrich. Il ne savait pas comment s'y prendre avec Sissi et il avait peur de la blesser une fois encore. Puis la cloche sonna la récréation de dix heures.
Tout le monde sortit de la classe. Jérémie, Aélita et Odd se dirigèrent vers leur banc habituel. Ulrich et Sissi s'étaient, quand à eux, dirigés vers l'entrée du parc. Sissi entama la conversation:
« Alors, qu'est-ce que tu voulais me dire de si important, mon Ulrich chéri?
- Ben... Heu... En fait... Heu... Voilà... Ça fait plusieurs jours que j'y pense... Et j'arrive pas à te le dire... » répondit Ulrich, l'air gêné.
Sissi commença à avoir quelques inquiétudes en voyant Ulrich mal à l'aise avec elle. Elle se colla doucement contre lui et lui dit alors d'une voix douce et rassurante:
« Qu'est-ce qu'il y a? C'est si grave que ça, mon chéri? Tu sais que tu peux tout me dire, faut pas avoir peur.
- Bon, voilà! C'est arrivé comme ça... Je doute... Je voulais pas te faire de peine en te le disant, mais je doute...
- Tu doutes de quoi??
- Ben... De nous deux... De nôtre relation... De mon amour pour toi... Je ne suis plus sûr de ce que je ressens pour toi... »
Sissi se décolla alors d'Ulrich. Des larmes firent leur apparition dans ses yeux, prêtes à couler le long de ses joues. Le malaise d'Ulrich grandissait. Il ne savais plus quoi dire. Elle lui demanda alors:
« Alors... Tu ne m'aimes plus?
- Sissi, c'est pas que je t'aimes plus... Mais je t'aime différemment...
- et tout ce qu'on a vécu ensemble, tu l'oublies?
- Mais non... Comment je pourrais oublier ça? C'était super... C'est juste que tout ça n'est plus très clair dans ma tête... J'ai juste besoin de faire une pause dans nôtre histoire pour mettre de l'ordre dans mes idées, c'est tout... Je ne veux pas te faire de mal, tu le sais... »
Sissi s'éloigna alors d'Ulrich en courant. Elle pleurait à chaudes larmes. Des tas de souvenirs d'eux lui revenaient en mémoire. L'aimait-il encore? Pourquoi cet aveu si soudain alors que, la veille encore, il semblait si bien avec elle? Voyait-il donc une autre fille? Était-ce sa manière de rompre avec elle? Toutes ces questions courraient dans son esprit. Elle ne pensait plus qu'à ça.
Depuis leur banc habituel, Odd, Aélita et Jérémie avaient assisté à la scène, ainsi que William qui était venu les rejoindre pour leur parler du retour vers le passé. Il avait remarqué l'absence de Yumi. Lui aussi était inquiet que le retour vers le passé n'ait pas fonctionné. Ulrich eut à peine le temps de rejoindre les autres sur le banc que la sonnerie se fit à nouveau entendre. Il eut quand même le droit aux sarcasmes de Odd:
« Ben dis donc!! Encore plus radical que la première fois!!!
- Odd? » demanda alors Ulrich.
- « Oui?
-Tais-toi!!! Si tu crois que ça me fait plaisir de lui faire du mal!
- Ho! Mais dis donc! Tu serais pas en train de tomber amoureux de la petite Delmas, toi, par hasard??
- Dis pas de conneries, Odd. Tu fais quoi de Yumi??
- En même temps, c'est le calme plat entre vous deux ces temps-ci, alors je me disais...
- Ouais ben t'as pas intérêt à te le redire sinon t'auras affaire à moi!!! » interrompit Ulrich.
Ils se levèrent tous pour retourner en cours. Sissi n'y assista pas du reste de la journée. Elle s'était enfermée dans sa chambre pour pleurer. Elle souffrait tellement.
À la pause de midi, Aélita, Jérémie, Odd et Ulrich se rendirent à l'usine pour rendre compte de la situation à Franz Hopper. En apprenant la nouvelle, celui-ci déclara:
« Dans ce cas, c'est plus grave que je ne pensais! Jérémie, il faut que tu me matérialises maintenant. Il faut que je vous explique quelque chose...
- Mais je croyais qu'il vous manquait des fichiers importants pour pouvoir vous matérialiser » répondit Jérémie.
- « Ce n'est plus un problème! J'ai réussi à les trouver ce matin dans le supercalculateur.
- Dans ce cas, on peut tenter de le faire tout de suite! Vous êtes prêt? »
Jérémie pianota quelques commandes sur le clavier puis pressa la touche Entrée en disant:
« Matérialisation Franz Hopper! »
Jérémie envoya les quatre autres à la salle des scanners pour accueillir le nouvel arrivant pendant qu'il était resté s'assurer du bon déroulement du processus. Tout le monde était en place devant les scanners. Aélita était prête à bondir sur son père pour le serrer dans ses bras. Elle était toute fébrile rien qu'à l'idée de le revoir en chair et en os à nouveau.
Le supercalculateur se mit alors à biper. Une fenêtre s'ouvrit sur l'écran, affichant le message clignotant « MISSING DATA ». Puis au bout de quelques secondes, un autre message s'afficha en continu: « ABORTING PROCESS ». Puis la fenêtre se referma.
« Jérémie! Pourquoi il ne se passe rien ici? » demanda Aélita, inquiète.
- « C'est normal, Aélita! Ça n'a pas marché! » répondit Jérémie.
- « Comment ça, ça n'a pas marché?? Et Mon père? Il va bien?
- Ça n'a pas marché parce qu'il manque des données! Et pour ton père, attends un peu, je vais voir... »
Jérémie entra quelques commandes sur son clavier. Il essaya alors de contacter Franz Hopper.
« Franz? Vous m'entendez? Est-ce que ça va? »
Pas de réponse. Pourtant il était toujours présent sur Lyoko. Jérémie pouvait le localiser. Il tenta à nouveau:
« Franz? Tout va bien? »
Toujours aucune réponse. Il dut se rendre à l'évidence. Il était arrivé quelque chose à Franz Hopper. Il contacta alors ses amis dans la salle des scanners.
« Aélita, il s'est passé quelque chose! Il faut que vous plongiez tout de suite! » dit-il.
- « Hein?! Quoi?! Mais qu'est-ce qui se passe?? Je croyais qu'on n'aurais plus besoin de le faire?? » demanda Ulrich, interloqué.
- « C'est vrai, ça! Je croyais que XANA avait été vaincu pour de bon? » rajouta Odd.
- « Posez pas de question! Franz Hopper ne répond plus! Et pourtant il est encore sur Lyoko. Il faut aller voir ce qui se passe! C'est peut-être rien mais c'est plus sûr!!! » répondit Jérémie.
En entendant ces paroles, Aélita, Ulrich et Odd sautèrent dans les scanners. William dit alors à Jérémie:
« Tu peux y aller Jérémie, je passerais après eux.
- OK, William! »
Jérémie tripota encore son clavier puis dit:
« Transfert Aélita! Transfert Ulrich! Transfert Odd! Scanner Aélita! Scanner Ulrich! Scanner Odd! Virtualisation!
- OK, Jérémie! On y est! » dit Ulrich.
- « Vous voyez quelque chose? » demanda Jérémie.
- « Non, rien du tout! » déclara Aélita.
- « Dis, Einstein, t'es sûr que tu nous a virtualisé sur le bon territoire? » demanda Odd
- « Ben oui! Prends-moi pour un débutant, aussi!!! Il est à environ six cent mètres au nord-est de vous, vous le voyez pas?
- Ça risque pas! Il y a des rochers à deux cent mètres dans cette direction! On y va! » répondit Ulrich.
- « OK! Je vous envoie William Et ensuite je vous envoie vos bécanes! Mieux vaut être prudent! » dit alors Jérémie.
Un scanner s'ouvrit devant William, qui s'y engouffra. Il fut virtualisé quelques mètres plus loin que les trois autres lyokoguerriers. Il s'empressa de les rejoindre. Ils se dirigèrent tous vers les rochers. Une fois derrière, Aélita s'écria:
« Là!!! Regardez!!! »
En effet, ils virent Franz Hopper gisant sur le sol, totalement inerte. Ils foncèrent le rejoindre. Une fois sur place, ils s'approchèrent de son corps. Il respirait faiblement et péniblement. Aélita dit alors:
« Jérémie, il est vivant!! Mais il est très faible!
- OK! Emmenez-le dans la tour la plus proche. Je vais faire une analyse pour savoir ce qu'il a. La tour est située à vingt-six degrés nord, cinquante neuf degrés ouest.
- D'accord, chef! C'est comme si c'était fait! » répondit Odd.
Ulrich et William soulevèrent Franz Hopper par les épaules en prenant garde de ne pas le blesser. Puis ils l'allongèrent sur l'overboard de Odd et tout le monde se mit en route vers la tour. Une fois arrivés, ils entrèrent et posèrent Franz Hopper au milieu du plateau. Quand soudain, une lueur jaune enveloppa le corps de Franz qui se mit à léviter au dessus su sol. Tout le monde fit un pas en arrière.
« Jérémie, qu'est-ce qui se passe? » demanda Aélita, inquiète pour son père.
Fin de l'épisode 12
Épisode 13: « Intégré »
- « J'en sais rien, Aélita!!! Y a rien sur mon écran!! Qu'est-ce qui se passe?
- Y a une lueur jaune qui vient d'envelopper le corps de mon père et en plus il lévite au dessus du sol!!!
- Comment ça, il lévite au dessus du sol?? Pourtant je devrais le voir sur mon écran s'il arrivait quelque chose à ton père!!! Pourquoi je vois rien, moi?? »
À peine Jérémie avait-il fini sa phrase qu'une fenêtre venait de s'ouvrir sous ses yeux, avec le message suivant: « RECOVERY SYSTEM ENGAGED » (Trad. « SYSTÈME DE RESTAURATION ENGAGÉ »). Une barre de progression indiquait l'évolution du processus. Jérémie s'écria alors:
« Ho!!! Mais c'est génial!!! Le supercalculateur est en train de régénérer Franz Hopper!!!
- Quoi?! Comment ça? » demanda Ulrich.
- « Franz Hopper est un génie!! Il avait prévu un programme pour se régénérer au cas ou il aurait des problèmes de ce genre. Le supercalculateur l'a reconnu et a démarré le programme automatiquement!!! C'est génial!!! »
Puis, dans la tour, des petites lueurs bleus, vertes et rouges se mirent à circuler de manière chaotique le long du corps de Franz Hopper. Tous firent un pas en arrière. William demanda alors:
« Jérémie, c'est normal si ça vient de changer de couleur?
- Je pense, oui! On est à peu près à quatre-vingt quinze pourcent du processus. Ça devrait se voir sur Lyoko! »
Au moment où la barre de progression affichait cent pourcent du processus réalisé, il entendit les cris des quatre lyokoguerriers. Ils venaient de se faire éjecter avec une force incroyable de la tour dans un grand flash blanc. Jérémie n'eut même pas le temps de demander à ses amis ce qui venait de se passer et de prendre de leurs nouvelles que dans la fenêtre où s'était affiché la barre de progression apparut alors le message « INTEGRATION : FRANZ HOPPER ».
En lisant cela, Jérémie se prit la tête avec les mains et fit un bon sur son siège en disant:
« C'est pas vrai!!! C'est pas possible!!! J'hallucine!!! Je rêve!!! Il est... Il va... Non!!! Je rêve!! Je vais bientôt me réveiller!!! C'est trop dingue pour être vrai!!! »
Pendant ce temps, sur Lyoko, les quatre lyokoguerriers étaient dans les vapes. Ulrich se réveilla péniblement. La première chose qu'il vit fut la tour. Il remarqua alors qu'elle n'avait pas une couleur habituelle. Il s'adressa à Jérémie:
« Jérémie! Qu'est-ce qui s'est passé? Et pourquoi la tour est bleue?
- Hein?! Quoi?! Comment ça la tour est bleue?!
- Ben oui, bleue!
- Décidément! J'aurais tout vu aujourd'hui!! Franz Hopper qui se fait absorber par Lyoko et maintenant une tour bleue... Je rêve... C'est ça, je suis en train de dormir et je vais me réveiller bientôt!!!
- désolé de te décevoir, Einstein, mais t'es tout ce qu'il y a de plus réveillé...
- C'est pas vrai!! Et comment vont les autres? Ils n'ont rien, j'espère!
- T'inquiètes, ils sont en train de se réveiller. »
En effet, Aélita, Odd et William étaient en train se de relever avec plus ou moins de difficultés, tant le choc avait été violent. Aélita demanda alors:
« Jérémie! La tour! Elle est...
- Bleue, je sais! Ulrich me l'a déjà dit! » interrompit Jérémie, avant de poursuivre: « Et non, je ne sais pas si c'est normal. Je ne sais pas non plus si c'est normal que ton père se fasse intégrer par Lyoko et que je ne puisse rien y faire!
- Quoi?! Mon père est en train de se faire intégrer par Lyoko?!
- Ben ouais! Et je sais pas comment arrêter ça sans lui causer des dégâts irréversibles...
- Mais comment c'est possible?
- J'en sais rien! Je savais même pas que c'était possible!! »
Au même instant, sur l'écran de Jérémie, la fenêtre indiquant l'intégration de Franz Hopper à Lyoko venait d'afficher le message: « FRANZ HOPPER SUCCESSFULLY INTEGRATED INTO LYOKO » (Trad.: « FRANZ HOPPER INTÉGRÉ À LYOKO AVEC SUCCÈS »), avant de se refermer. Puis une voix se fit entendre à la fois dans l'usine et sur Lyoko.
« Ne vous inquiétez pas! Je vais bien! Je fais maintenant partie intégrante de Lyoko!
- Mais Papa! Qu'est-ce qui s'est passé?
- C'est rien, ma chérie! C'est juste une procédure de Lyoko pour restaurer les fichiers de quelqu'un quand il présente de graves anomalies, comme c'était visiblement mon cas!
- Je croyais que tu étais parvenu à retrouver toutes les données nécessaires à ta matérialisation dans le supercalculateur.
- Moi aussi, je le croyais. J'ai fait quelques erreurs dans certains fichiers pendant ma convalescence sur le réseau et c'est pour ça que je n'ai pas pu être rematérialisé.
- Et maintenant, tu es prisonnier de Lyoko à jamais...
- Mais non, ma chérie! La procédure est réversible! Mais pour cela, il faut que tu ailles dans la tour et que tu te rendes sur le plateau supérieur.
- OK! J'y vais! »
Aélita se rendit alors dans la tour. Elle se positionna au centre du plateau inférieur et s'éleva vers le plateau supérieur. Quand elle fut arrivée, elle demanda à son père:
« Et maintenant, Papa, qu'est-ce que je fais?
- Ouvres un terminal et entres les commandes suivantes » lui répondit Franz Hopper.
Il commença alors à dicter les commandes qu'Aélita entrait dans le terminal qu'elle venait d'ouvrir.
Une fois fini, Franz Hopper demanda à Aélita de sortir de la tour et à Jérémie de rematérialiser tout le monde. Jérémie lui demanda pourquoi. Franz Hopper lui expliqua que l'opération qu'il s'apprêtait à faire monopoliserait trop d'énergie et de ressources numériques pour maintenir tout le monde sur Lyoko en toute sécurité. Jérémie rematérialisa alors les quatre lyokoguerriers sans attendre. Puis Franz Hopper demanda à Jérémie de rentrer quelques commandes dans le supercalculateur. Quand il eut finit, Franz Hopper lui dit alors de lancer la procédure de matérialisation. Jérémie s'exécuta. Il pressa la touche Entrée en disant:
« Matérialisation Franz Hopper! »
Jérémie vit alors une fenêtre s'ouvrir sur son écran. Celle-ci affichait : « EXTRACTION : FRANZ HOPPER » avec la traditionnelle barre de progression du processus. Une fois terminé, le message suivant s'afficha « FRANZ HOPPER SUCCESSFULLY EXTRACTED FROM LYOKO » (Trad.: « FRANZ HOPPER EXTRAIT DE LYOKO AVEC SUCCÈS ») avant d'afficher « MATERIALIZING FRANZ HOPPER ». À ce moment, Jérémie bondit de son siège et se dirigea vers le monte-charge. Il descendit retrouver les autres qui attendaient patiemment dans la salle des scanners. Soudain, la lumière se mit à clignoter dans toute l'usine. Odd demanda:
« Qu'est-ce qui se passe? C'est normal?
- T'inquiètes pas, c'est juste que le supercalculateur a besoin de beaucoup d'énergie pour extraire Franz Hopper de Lyoko et le rematérialiser, c'est tout. »
Puis un des scanners se mit à faire un bruit assourdissant et à produire un souffle puissant. Aélita était toute excitée à l'idée de revoir enfin son père sur Terre et de pouvoir le serrer à nouveau dans ses bras. Jérémie s'approcha d'elle et lui prit la main. Il lui fit un sourire radieux qu'elle lui rendit malgré le fait qu'elle était tendue. Les trois garçons, qui étaient restés en retrait, les regardaient, amusés. Au bout de quelques minutes qui leur parurent interminables, les portes du scanner s'ouvrirent enfin.
« Ho, mon dieu! Non! Papa! » s'écria Aélita.
Fin de l'épisode
Épisode 14: « De noir vêtus »
Quand les portes du scanner s'étaient ouvertes, son père lui était apparu sous la forme d'un énorme ours en peluche façon Teddy Godzilla mais en plus gentil (ou façon Bisounours géant pour ceux de ma génération. Bonjour l'horreur!!).
« Mais qu'est-ce qui t'es arrivé Papa?? » demanda-t-elle.
- « ARORUAIOROAURAOORAU! » lui répondit la peluche géante avec la voix de son père.
- « Jérémie, qu'est-ce qu'on va faire?
- T'inquiètes pas pour lui, XANA s'occupe des glaçons! » lui répondit le blond à lunettes.
- « Mais?! Ça veut rien dire, ça?? » rétorqua Aélita, un peu déboussolée par la réponse de son Einstein préféré.
- « Ben pourtant Kiwi avec de la fraise, ça fait bien Pi au carré, non?
- C'est bizarre! Je comprends plus rien de ce que tu dis, Jérémie!!!
- Mais non, Ulrich est parti préparer l'apéro chez Jim. Et William et moi, on va manger Kiwi à dessert!! Ça te tente? » répondit Odd.
- « IRUAZIORZAUIZRIOUOZOUROZIA » continua la peluche géante.
Aélita était totalement déboussolée par les propos surréalistes qu'elle venait d'entendre. Elle ne comprenait plus rien. Puis Odd s'approcha d'elle et l'embrassa sur la bouche en lui disant:
« Tu sais que t'es mignonne, toi? Ça te dirais de sortir avec moi?
- Mais qu'est-ce qui te prends, Odd?! Tu sais très bien que je suis avec Jérémie! D'ailleurs, pourquoi tu dis rien, Jérémie?! » lui répondit Aélita, choquée par ce qui venait de se passer.
- « Ça va pas, la tête?! Et XANA?! Qu'est-ce qu'il va dire en me voyant avec toi?? Il va vouloir me mettre un douze sur vingt à mon exposé sur les abeilles cubiques!!! Ça va faire chuter ma moyenne!!!» lança alors Jérémie, l'air étonné.
Aélita n'en revenait pas. Elle ne comprenait vraiment rien à tout ce charabia. Elle était de plus en plus perdue. Elle sentit des larmes poindre à chacun de ses yeux quand elle entendit une voix très lointaine mais incompréhensible, qui semblait venir d'ailleurs et se rapprocher. Cette voix commença à se faire de plus en plus forte mais toujours aussi incompréhensible. Puis soudain, elle entendit très clairement cette voix lui disant:
« Aélita! Aélita! Réveilles-toi, ma chérie! »
Elle ouvrit alors les yeux. Elle vit qu'elle était allongée par terre dans la salle des scanners avec quelqu'un en face d'elle qui s'était penché au dessus d'elle et tout le monde autour. En fait, juste avant que le scanner laisse apparaître son contenu, elle s'était évanouie dans les bras de Jérémie. L'excitation de revoir à nouveau son père en chaire et en os l'avait épuisée nerveusement. Elle n'avait pas supporté cette pression intérieure. Elle se redressa alors sans prêter attention à la personne qui s'était penchée au dessus d'elle. Celle-ci s'écarta et Aélita la reconnut alors.
« Ho! Papa! C'est bien toi?
- Oui, ma chérie! Je te retrouve enfin!
- Tu m'as tellement manqué! Si tu savais comme ça a été dur pour moi!
- Pour moi aussi, ma chérie! »
Puis Franz Hopper et Aélita se serrèrent dans les bras sous les yeux attendris, et, quelque part, soulagés, des quatre garçons présents autour d'eux. C'en était enfin fini des problèmes générés par XANA avec le supercalculateur. Aélita avait les larmes aux yeux. Elle était émue au point qu'elle ne pouvait plus parler, sa voix étant devenue quasi inaudible à cause de l'émotion. Puis ils se décollèrent l'un de l'autre. Aélita et Franz se regardèrent dans les yeux. Puis Franz dit alors à sa fille:
« Ne pleures plus, ma chérie. Je suis enfin de retour. Je vais enfin m'occuper de toi comme j'aurai dû le faire il y a de ça très longtemps. Je ferais tout pour te rendre heureuse, ma petite fille adorée. »
Alors qu'il essuyait les larmes d'Aélita, des larmes firent leur apparition à leur tour dans ses yeux. Lui aussi était rempli d'émotion. Puis Aélita plaqua doucement sa tête contre l'épaule de son père en fermant les yeux. Il était enfin là. Elle en avait tant rêvé. Son plus grand souhait était maintenant devenu réalité. Ils étaient si heureux. Elle avait vraiment de quoi l'être. Non seulement elle venait de retrouver son père, mais en plus elle sortait avec Jérémie. Elle était comblée de bonheur. Que lui fallait-il de plus, si ce n'est rattraper le temps perdu avec son père?
Un peu plus tard, quand ces retrouvailles émouvantes furent terminées et les dernières larmes essuyées, tout le monde remonta au labo un étage plus haut via le monte-charge. Une fois arrivés, Franz Hopper demanda:
« Qu'avez-vous de nouveau sur la mystérieuse délocalisation de vôtre amie au Japon?
- Hélas, non! » répondit Ulrich. « Rien n'a changé pour elle!
- Ho! Pauvre Ulrich! Sa chérie lui manque! » lança Odd avec un petit sourire en coin.
- « Odd!! Tais-toi!! » lui rétorqua Ulrich.
- « C'est quand même bizarre que le retour vers le passé ne l'ait pas ramenée... » soupira Jérémie, l'air désespéré.
Franz Hopper posa sa main droite sur son menton et le frotta comme s'il était en train de réfléchir intensément. Après quelques instants, il décolla sa main de son menton et déclara non sans hésitation:
« C'est tout à fait logique... À condition que...
- Que quoi? » demanda Jérémie.
- « Qu'il soit totalement déconnecté du réseau!
- Quoi?! Mais de quoi vous parlez?! » dit le blond à lunettes, surpris par les propos de Franz Hopper.
Pendant ce temps, dans la « Cuve ». Marc et ses collègues avaient travaillé toute la matinée pour trouver l'origine de ce qui venait de s'afficher sur les écrans. Et ils étaient parvenus à une conclusion à laquelle ils ne s'attendaient pas. Marc s'empressa de prendre quelques notes qu'il avait prises tout au long de la matinée et alla voir son supérieur. Il lui dit alors:
« Chef! On a un gros, et même un très gros problème!
- Comment ça, Chaligny? Expliquez-vous » répondit son chef.
Marc lui expliqua alors ce qu'il avait conclu. En entendant ça, son chef fit un bon sur son siège et lui dit alors:
« Venez avec moi, il faut en référer en haut lieu! »
Puis ils se dirigèrent vers la sortie du grand bâtiment cylindrique pour se rendre au bureau du grand patron de ces lieux. Ils traversèrent alors un des longs couloirs du petit bâtiment en L jouxtant la « Cuve » puis empruntèrent l'escalier qui se trouvait à l'extrémité. Ils arrivèrent enfin devant le bureau. Le chef de Marc frappa à la porte. Après quelques secondes, la porte s'ouvrit, laissant apparaître le grand chef du site.
« Que me vaut l'honneur de cette visite, messieurs? » dit-il, d'un ton sec.
- « Nous pensons avoir trouvé l'origine de ces problèmes, monsieur. » répondit le supérieur de Marc.
- « Bien, entrez! Vous allez m'expliquer tout ça! »
Les deux hommes s'exécutèrent. Le grand chef s'assit dans son fauteuil et demanda alors les explications à Marc. Ce qu'il fit sans attendre.
« Hé bien , voilà. Nous avons un gros problème, monsieur.
- Comment ça? » interrogea l'homme dans le fauteuil.
- « Le problème provient d'un supercalculateur extérieur à nôtre site et qui interfère avec nos installations.
- Quoi?! Vous en êtes sûr, jeune homme?
- À cent pourcent, monsieur! De plus nous avons réussi à le localiser. D'ailleurs, voici les coordonnées, monsieur. »
À ce moment là, Marc sortit un papier de ses notes et sur lequel il avait griffonné quelques chiffres correspondant aux latitude et longitude de l'endroit où se trouvait le supercalculateur en question. Il le tendit vers le grand chef qui le saisit et y jeta un coup d'œil. Celui-ci dit alors:
« Excellent travail, jeune homme! Vous êtes bien parti pour avoir de l'avancement prochainement. »
En entendant cela, Marc sourit. L'homme se leva de son fauteuil et dit alors en raccompagnant Marc et son chef à la porte du bureau:
« Bien! Messieurs, vous avez fait du bon travail! Maintenant, vous pouvez retourner à vos postes. Je vais faire le nécessaire pour que le problème soit réglé dans les plus brefs délais! »
Les deux hommes sortirent du bureau et retournèrent d'où ils venaient.
Il était maintenant presque seize heures quarante cinq. Au collège Kadic, après avoir longuement discuté avec Franz Hopper de ce qui lui semblait être la source du problème puis être retournés manger au collège, les cinq lyokoguerriers présents étaient retournés en cours. Dans leur tête résonnait quelques phrases que Jérémie et Franz Hopper s'étaient échangés pendant leur discussion:
« Mais de quoi vous parlez?!
- Leur supercalculateur quantique!
- Quoi?! Un autre supercalculateur quantique?! Mais à qui est-il?
- À ceux qui ont motivé la construction de ce supercalculateur! Apparemment, ils ont réussi à aller jusqu'au bout de leur projet! »
Franz Hopper, lui, était sorti de l'usine pour se rendre à l'Ermitage. Il se trouvait devant la grille du jardin. Il contemplait sa vieille demeure. Il la trouva dans un état de délabrement moindre que ce qu'il aurait imaginé. Il se dit alors:
« Anthéa, si tu avais été là a mes côtés, nous aurions été si heureux dans cette maison. »
Il en avait les larmes aux yeux rien que de penser à elle, l'amour de sa vie, et à son enlèvement. À ce moment, il se promit qu'il ferait tout pour la retrouver. Il le devait. Pour Aélita. Il ne le savait pas encore mais il avait eu une sacrée bonne idée de partir de l'usine car, au même moment, sur le pont, une voiture noire avec une plaque d'immatriculation étrange se gara. Il en sortit trois hommes.Ils étaient tout de noir vêtus et avaient des lunettes de la même couleur sur les yeux.
Ils se dirigèrent vers l'entrée de l'usine...
Fin de l'épisode 14
Épisode 15: « Souricière »
Une fois à l'intérieur, ils commencèrent à chercher ce pourquoi ils s'étaient déplacés. Ils semblaient connaître l'endroit comme leur poche car ils se dirigèrent directement vers le monte charge. Ils descendirent directement à la salle du supercalculateur. Mais la porte du monte-charge ne s'ouvrit pas, à leur grand étonnement. Ils essayèrent alors de la forcer mais n'y parvinrent pas.
Assurément, la porte comportait un système de sécurité qui avait été rajouté depuis leur dernière visite, quatorze ans plus tôt. Ils cherchèrent à me désactiver mais, au bout de plusieurs minutes, ils renoncèrent à y pénétrer et remontèrent. Ils se alors dirigèrent vers les escaliers.
Pendant ce temps, à Kadic, la fin des cours sonna. Odd, Aélita, Ulrich et Jérémie sortirent de la salle de classe et se dirigèrent vers l'Ermitage. En cours de route, William les avait rejoint. Après quelques minutes de marche, ils arrivèrent devant le jardin la bâtisse délabrée. Ils s'arrêtèrent quelques instants devant la grille. Aélita dit alors:
« Vous pouvez rester ici deux minutes, s'il vous plait? J'aimerais être seule quelques instants avec mon père.
- Bien sûr! Vas-y, princesse! » répondit Jérémie.
Il l'embrassa tendrement sur la bouche. Ils s'échangèrent ensuite un sourire. Puis Aélita poussa la barrière du jardin et courut jusque la porte d'entrée. Elle pénétra dans la maison et commença à avancer lentement à la recherche de son père. Elle entendit alors le piano du salon résonner dans la maison. Comme avant Lyoko. Elle s'approcha du salon et vit son père assis sur un tabouret devant l'instrument à peine désaccordé avec le temps. Elle l'écouta quelques instants. Quand il eût fini le morceau qu'il était en train de jouer, il dit:
« C'est incroyable! Il n'a pas vieilli! Il a un son toujours aussi parfait! »
Il se retourna alors vers Aélita. Elle s'approcha de lui et s'assit sur ses genoux pour se serrer contre lui. Il l'enlaça avec ses bras protecteurs. Ils restèrent quelques instants comme cela. C'était un moment d'affection entre un père et sa fille qu'ils auraient voulu éternel. Puis ils entendirent la porte de la maison s'ouvrir.
Il était déjà dix-sept heures quinze. Les quatre garçons avaient patienté à l'extérieur et entrèrent maintenant dans la maison. Ils trouvèrent Franz Hopper et sa fille assis au milieu du salon, à coté du piano droit. Soudain l'ordinateur portable de Jérémie se mit à biper. Il le sortit de son sac et l'ouvrit. Il vit alors le message qui s'affichait sur l'écran: « Supercalculateur déconnecté ». Il dit alors:
« Il y a un problème à l'usine! Je n'ai plus de liaison avec le supercalculateur! Faut qu'on y aille jeter un coup d'œil d'urgence! Ça peut être grâve! »
Au même moment, les hommes en noir, qui venaient de remonter les escaliers, s'affairèrent dans l'usine. L'un d'eux prit son téléphone portable et se dirigea vers la sortie pendant que ses collègues étaient occupés à dissimuler quelques petites boites noires très discrètes au niveau de l'entrée de l'usine et en face du monte-charge. Il appela quelqu'un et lui dit:
« Patron, c'est presque fait! On n'a plus qu'à attendre que le poisson morde à l'hameçon! »
Puis il raccrocha et rejoignit ses collègues dans la voiture. Puis ils s'en allèrent en trombe, laissant quelques marques de pneus sur le pont de l'usine.
À l'Ermitage, tout le monde se mit en route vers vers l'usine. Ils descendirent dans les égouts par le passage aménagé par Franz Hopper quelques années plus tôt. Ils se suivaient en courant. Une fois arrivés à l'échelle de la sortie, Jérémie poussa la plaque et sortit, suivi par tous les autres.
Le regard de Jérémie fut attiré par quelque chose d'inhabituel sur le pont. C'étaient les traces de pneus de la voiture des hommes en noir. Il s'adressa aux autres en les montrant du doigt:
« Regardez! Des traces de pneus! Elles n'étaient pas là ce midi!
- Et alors? C'est peut-être quelqu'un qui s'est trompé de route, c'est tout! » répondit Odd.
- « Ouais, t'as peut-être raison. Je m'inquiète pour rien! » dit Jérémie.
Puis ils entrèrent dans l'usine et rentrèrent dans le monte-charge, passant sans le savoir devant les petits boitiers noirs installés par les visiteurs qui les avaient précédés. Ils descendirent jusqu'à la salle des commandes. Jérémie s'installa sur son fauteuil. Il jeta un coup d'œil sur l'écran en face de lui et se retourna vers les autres, l'air catastrophé:
« Il est éteint!
- Quoi?! » répondit Ulrich.
- « Le supercalculateur! Il est éteint!
- Comment ça, il est éteint? » demanda Aélita, étonnée.
- « Ben oui, éteint! Désactivé, quoi! Il y a bien quelqu'un qui est passé ici! Je vous l'avait dit que c'était pas normal, les traces de pneus sur le pont! Il faut que j'aille le rallumer! » répondit le blond sur son fauteuil.
Il sauta de son siège et commença à se diriger vers l'échelle permettent d'accéder à la salle du supercalculateur. Il s'arrêta net quand il vit arriver derrière les autres les hommes en noir. Ils étaient armés. L'un d'eux leur dit:
« On ne bouge plus! On vous tient enfin, monsieur Franz Hopper! Mettez vos mains en l'air! »
Puis il fit signe à l'un des deux autres pour qu'il aille menotter leurs prisonniers. Une fois cela fait, il leur demanda de se diriger vers le monte-charge et d'y monter. Les prisonniers s'exécutèrent, accompagnés des hommes en noir. Ils étaient installés en trois rangées, un homme en noir devant entouré par Aélita à droite et Franz Hopper à gauche. Derrière eux se trouvaient Ulrich, Odd et William. Et tout au fond Jérémie était entouré des deux autres hommes en noir.
La porte du monte-charge se referma. Ils commencèrent à remonter quand soudain les hommes en noir s'évaporèrent comme ce fut le cas pour Yumi quelques temps plus tôts. Ce fut également le cas de Franz Hopper et Aélita quelques brefs instants plus tard. Puis les quatre garçons restants se retrouvèrent brusquement sur le pont, à l'entrée de l'usine et sans leurs menottes. Le phénomène venait de se reproduire.
Jérémie s'empressa de sortir son portable de sa poche et appela Aélita. Il entendit une sonnerie, puis une autre avant qu'elle ne décroche enfin.
« Aélita! Ça va? Tout va bien? T'es où? » demanda-t-il.
- « Oui, ça va, Jérémie! Ne t'inquiètes pas! On est à l'Ermitage. Et vous? Vous allez bien? » répondit-elle.
- « Oui, oui! On est sur le pont de l'usine, là!
- OK, on vous rejoint! »
Puis ils raccrochèrent tous les deux. William, qui regardait autour de lui, dit alors aux trois autres:
« Heu... Dites... C'est normal, les barrières de clôture de chantier au bout du pont?? »
À peine avait-il fini sa phrase qu'une voix se fit entendre à travers un haut-parleur. Cette voix entama un décompte:
« TRENTE...VINGT-NEUF...VINGT-HUIT...VINGT-SEPT... »
Les quatre garçons se regardèrent. Ils ne comprenaient pas ce qui était en train de se passer. Ils se retournèrent vers l'usine et remarquèrent que des bâches blanches en recouvraient partiellement les murs. Le décompte continuait. William sursauta. Il venait de comprendre ce qui se passait. Il dit alors:
« Jérémie! Il faut faire un retour dans le passé immédiatement! Ils vont faire sauter l'usine! Vite!! »
Fin de l'épisode 15
Épisode 16: « Feu d'artifice »
Jérémie regarda William avec de grands yeux. Il fut vite rappelé à la réalité par le compte à rebours. Il ne restait plus que quinze secondes avant que l'usine ne disparaisse en un gigantesque tas de gravats. Il se mit à courir vers l'usine. Ulrich le suivit. Ils descendirent et rentrèrent dans le monte-charge. La porte métallique descendit. Il ne restait déjà plus que dix secondes. Le monte-charge s'enfonça dans les profondeurs de l'usine.
Odd et William étaient, quant à eux, restés sur le pont. Ils avaient jugé inutile de risquer leurs vies au cas où Jérémie et Ulrich ne parviendraient pas à réussir leur mission urgente. William remarqua un câble qui était posé sur le sol, à ses pieds. Il se baissa et le saisit brusquement pour essayer de le sectionner. Odd, qui le regardait se débattre avec le câble, lui demanda:
« Mais qu'est-ce que tu fais, là? T'as pas autre chose à faire que le guignol avec ce gros câble électrique? Tu crois que ça va changer quelque chose??
- Oui, justement! C'est le câble qui commande les détonateurs! Viens m'aider, vite! Si on le déconnecte, on pourra éviter l'explosion de l'usine! » répondit William.
Odd ne se fit pas prier et saisit le câble à son tour. Ils tiraient dessus de toutes leurs forces. Mais ce fichu câble, celui-là même qui menaçait l'usine et par la même occasion la planète et l'humanité toute entière, ne voulait pas céder. Le compte à rebours se rapprochait dangereusement de la fin. Ils commençaient à avoir sérieusement peur pour leurs deux amis descendus au labo.
Au même instant, dans la « Cuve », c'était presque la panique générale. Un programme intrus avait fait s'afficher tout un tas de données sur les écrans géants. Personne n'arrivait à les comprendre. Marc s'affairait depuis quelques secondes sur son écran. En tripotant quelques unes des données, il aperçut une ligne qui le fit écarquiller grand les yeux. Sur cette ligne était inscrit Udanax. Le même programme qu'il avait trouvé sur internet la veille au soir et qu'il avait chargé sur sa clé USB. Il n'y comprenait rien. Il n'avait pas encore connecté sa clé au réseau informatique. Comment se pouvait-il alors que ce programme soit déjà dans le système?
Sur le pont de l'usine, Odd et William commençaient à s'inquiéter sérieusement pour Ulrich et Jérémie. Ils tiraient toujours sur ce maudit câble qui ne cédait toujours pas malgré leurs efforts. Le compte à rebours s'approchait dangereusement de la fin.
« DIX...NEUF...HUIT...SEPT... »
Dans le labo, la porte du monte charge s'ouvrit. Ulrich et Jérémie trouvèrent Franz Hopper allongé sur le sol, inconscient. Ulrich dit alors à Jérémie:
« Je m'occupe de lui! Va programmer le retour vers le passé! Vite! Traines pas! »
En surface, la panique commença à s'emparer des deux garçons qui avaient redoublé d'effort pour tenter de désamorcer les explosifs, mais en vain jusqu'à présent.
« TROIS...DEUX...UN...ZÉRO »
Quelques déflagrations commencèrent à se faire entendre. Le câble commença à venir avec eux, mais trop tard. L'usine était déjà en train de disparaître dans un immense nuage de poussières de béton. La panique s'estompa pour laisser place à un sentiment de peine et d'impuissance face à la situation. Ils assistaient en direct à la destruction de l'usine avec leurs amis à l'intérieur.
Ils en avaient les larmes aux yeux. Odd s'effondra à genoux. Il pleurait à chaudes larmes. William, lui, était debout, paralysé par l'effroi qui l'avait saisit devant ce sinistre spectacle auquel il assistait sans pouvoir rien y faire. Quand ils virent soudain un immense halo blanc sortir du nuage de poussières, puis grossir jusqu'à l'englober entièrement et les englober à leur tour.
Jeudi 13 mars, sept heures. Dans sa chambre, Jérémie s'éveillait péniblement. Il s'était endormi pour la énième fois sur le clavier de son ordinateur, et une fois de plus, son front s'en souvenait: il y avait en effet trois belles traces de touches disposées en triangle dessinées sur le haut de son crâne. Il se dit alors:
« Ouf! Ça a marché! On a réussi! »
Aélita, elle, dormait sur le lit de Jérémie. Jérémie n'avait pas eu le temps cette fois-ci de s'étirer bruyamment qu'elle se réveilla brusquement. Elle lui demanda alors:
« Qu'est-ce qui s'est passé? Pourquoi on est retournés dans le passé? »
Jérémie lui expliqua alors la situation qu'ils venaient de vivre et la nécessité de cette action, ce qu'elle comprit. Mais elle s'inquiétait pour son père. Elle se demandait s'il était retourné dans le réseau ou s'il était bien sur Terre. Jérémie lui dit alors:
« T'inquiètes pas, Princesse, le retour vers le passé ne peut pas renvoyer quelqu'un sur Lyoko ni dans le réseau. Il doit sûrement être à l'Ermitage ou à l'usine. On ira vérifier après le petit dej', d'accord?
- D'accord. » lui répondit-elle, rassurée.
Puis elle commença à rire doucement en regardant son visage.
« Ho oui, je sais! J'ai des traces de touches sur le front! Ça te fait toujours autant rire! Et Odd va pas encore pouvoir s'empêcher de me chambrer! Il y a des choses qu'on ne peut vraiment pas changer! »
Il l'enlaça doucement par la taille. Il se pencha alors elle vers et lui déposa un baiser affectueux sur les lèvres. Ils prirent le temps de savourer ce délicieux moment d'intimité en le faisant durer un peu plus que la première fois.
Dans la chambre des garçons, Ulrich fut réveillé par son portable qui n'arrêtait pas de sonner. Il décrocha et entendit Yumi dire:
« Hey, Ulrich! What happened??? Why this return to the past?? » (Trad.: « Hé, Ulrich! Qu'est-ce qui s'est passé??? Pourquoi ce retour dans le passé?? »)
Ulrich lui expliqua à son tour les événements de la journée difficile qu'ils venaient de vivre. Yumi lui dit que, de son côté, rien ne s'était produit d'inhabituel et que c'était pour cela qu'elle s'était inquiétée. Il la rassura. Il la mit au courant qu'ils avaient aussi réussi à matérialiser Franz Hopper. Yumi était contante pour Aélita. Elle avait enfin de la famille sur Terre et qui puisse être auprès d'elle quand elle aurait des moments difficiles.
Puis ils raccrochèrent, ayant terminé leur conversation avec un gros blanc qui laissait clairement transparaître leur timidité l'un envers l'autre, suivi par un « bye bye » plus timide. Odd, réveillé par la voix d'Ulrich et l'observant depuis quelques instants, lui fit alors une réflexion:
« Ho! Comme c'est mignon! Il est tout timide avec sa chérie!
- Odd! Tais-toi!
- OK! OK! J'arrête! Au fait, avant que j'oublie, bravo pour tout à l'heure! Vous nous avez donné la frousse de nôtre vie, à moi et William! »
Puis ils se préparèrent pour aller à la douche.
Vers sept heures dix-sept, ils se retrouvèrent tous à la cantine et discutèrent pour savoir ce qu'ils feraient après le petit déjeuner et à midi. Immédiatement après le petit déjeuner, ils iraient à la recherche de Franz Hopper. Ulrich, Odd et William à l'usine, Jérémie et Aélita à l'Ermitage. Pour le midi, ils avaient décidé de partir à la recherche de ce supercalculateur qui jouait les fantômes et leur causait bien des problèmes. Et pour cela, Jérémie avait proposé de tous les translater dans le secteur qu'ils étaient parvenus à délimiter.
Ils s'empressèrent de finir leur petit déjeuner. Ils déposèrent leurs plateaux à la plonge et sortirent de la cantine en courant. Ils se dirigèrent vers le parc. Ils arrivèrent au passage. Ulrich souleva la plaque, et s'engouffra dans les profondeurs de la galerie qui se trouvait en dessous, suivi par les autres. Odd, qui était passé en dernier, avait pris soin de refermer le passage en faisant attention de ne pas être vu par un quelconque voyeur.
Aélita et Jérémie se séparèrent des autres et se dirigèrent vers l'Ermitage. Les trois garçons, eux, avaient pris le chemin habituel de l'usine. Quand ils y arrivèrent, ils commencèrent par descendre au labo. Ils n'y trouvèrent personne. Ils décidèrent de se séparer et de fouiller l'usine de fond en comble. Il était déjà sept heures trente-neuf. Ils avaient fini de chercher Franz Hopper. Ils se retrouvèrent sur le pont et constatèrent leur échec.
Le portable de Odd se mit à vibrer. C'était Jérémie qui essayait de le joindre. Il décrocha et dit:
« Allo, Einstein? On n'a rien trouvé de nôtre côté. Et vous?
- On l'a trouvé! Il était à l'Ermitage, dans sa chambre au premier étage. Par contre, vous devriez venir voir ici! » répondit Jérémie.
- « OK, on arrive! Mais y a intérêt à ce que ça vaille le coup sinon il va t'arriver des bricoles!
- Ça risque pas! Dépêchez-vous! »
Puis ils raccrochèrent. Odd transmit le message à Ulrich et William puis ils se mirent en route vers l'Ermitage. Quand ils y arrivèrent, ils furent étonnés de l'état dans lequel était la maison. Elle était comme neuve. Comme quoi, l'ennemi contre lequel ils se battaient pouvait aussi avoir du bon. Ulrich poussa le portillon du jardin et les trois garçons marchèrent jusqu'à la porte de la bâtisse. Odd sonna. Aélita ouvrit la porte et les fit entrer. Ils admirèrent l'intérieur magnifique de la maison.
« Whoua! C'est magnifique! » dit William, admiratif.
- « Et tout est comme avant! Venez, mon père vous attend! » répondit Aélita.
Elle leur indiqua le chemin vers le salon. Ils ne se firent pas prier et se dirigèrent vers le salon. Ils y trouvèrent Franz Hopper et Jérémie assis confortablement dans un canapé.
« T'avais raison, Einstein! Ça valait le coup de venir! » dit Odd.
- « Je sais, j'ai pas l'habitude de mentir! » répondit le blond à lunettes.
- « Quoi?! T'insinues que je suis un menteur?!
- Mais non! Je rigolais! » déclara Jérémie en riant.
Tout le monde riait autour de Odd qui avait mal pris ce que Jérémie venait de lui dire. Après cela, Jérémie expliqua à Franz Hopper ce qu'ils avaient l'intention de faire le midi même ainsi que la raison du retour vers le passé. Ce dernier approuva mais les mit en garde quand au fait que là où ils seraient translatés, ils risqueraient leur vie. Ulrich lui demanda alors quelques explications sur ce lieu de tous les dangers et notamment ce qu'ils devaient chercher. Franz Hopper leur dit alors:
« Ce que vous devrez chercher, je n'en suis pas sûr. Mais à l'époque où je travaillais là-bas, il y avait un projet de construire un énorme bâtiment cylindrique dans lequel serait installé cette machine de malheur qui nous cause tant d'ennuis. Mais cette construction est entourée d'une immense forêt, elle-même située en plein milieu d'un centre militaire avec le niveau de sécurité maximal. Tout cela est fait exprès car il s'agit d'un projet classé « confidentiel défense ». Tout intrus qui tenterait de s'y infiltrer risque d'être tué car la surveillance y est maximale. Alors ne vous faites surtout pas prendre. »
Il leur dit ensuite qu'il avait eu connaissance d'un lieu encore plus isolé dans ce centre mais qu'il n'y avait jamais mis les pieds. On ne lui avait jamais vraiment dit ce qu'il s'y faisait, cependant il en avait une petite idée. Il leur dit aussi que pour parvenir à leurs fins, il était préférable qu'il vienne avec eux sur le terrain afin de désamorcer une bonne fois pour toute cette bombe à retardement pour l'humanité qui se trouvait en ces lieux coupés du monde. Car il savait comment y parvenir, vu qu'il avait participé lui-même à sa création.
Il était maintenant sept heures quarante-neuf. Aélita remarqua l'heure qu'il était et signifia aux autres de ne pas trop tarder sinon ils seraient en retard en cours. Jérémie, pensant à tout, demanda aussi à Franz Hopper d'arranger le coup pour l'usine car elle devait être détruite le soir même. Celui-ci lui dit alors de ne pas s'en inquiéter et que ce serait fait dans la matinée. Sur ces paroles, les cinq adolescents retournèrent à Kadic afin d'assister à leurs cours.
La matinée passa lentement pour certains. Et plus particulièrement pour Ulrich. Il pensait à Yumi. Elle lui manquait terriblement. Il réfléchissait au moment où ils se retrouveraient. À ce qu'ils se diraient à ce moment-là, surtout à ce qu'il lui dirait. Car il trouvait qu'il était grand temps qu'il lui avoue ses sentiments sans plus attendre, contrairement à ce qu'il avait fait jusqu'à présent. Tout cela le rendait mélancolique. Il en avait le cœur serré. Pour Aélita aussi, la matinée semblait terriblement longue. Elle n'avait qu'une envie: retrouver son père au plus vite. Elle voulait tellement rattraper le temps perdu avec lui et Jérémie à leurs côtés.
Odd, lui aussi trouvait le temps long, mais pour de toutes autres raisons. En effet, il avait encore et toujours faim et n'arrêtait pas de s'en plaindre. Jérémie, quant à lui, kiffait grave sa race. (Ben quoi?! J'ai bien le droit de me lâcher de temps en temps, non?). Une heure de physique, suivie par une heure de chimie et deux de math. Dans sa classe, William, qui n'arrivait pas à suivre ses cours, avait fini par s'endormir sur sa table. Chose étrange: Sissi ne vint pas les ennuyer de toute la matinée. D'ailleurs, elle n'était même pas en cours. Ils ne s'en étaient nullement inquiétés car sa place était restée vide; Ils s'étaient dit qu'elle était sûrement malade.
Vers dix heures, Franz Hopper était allé à l'usine pour empêcher sa destruction. Il y entra en prenant garde de ne pas se faire voir des riverains ou des agents de sécurité postés au bout du pont de l'usine afin d'en interdire l'accès. Il avait pris soin de retirer tous les bâtons de dynamite du bâtiment. Il y était parvenu sans encombre car l'usine était censée être interdite d'accès à tout le monde et personne n'était censé s'y trouvé une fois les préparatifs de la démolition terminés. Il prit avec lui toute sa dangereuse récolte et la balança dans la rivière qui bordait l'usine. Sa mission terminée, il descendit au labo. Une fois sur place, il s'installa sur le fauteuil habituellement occupé par Jérémie et commença à inspecter les travaux que le petit génie et sa fille avaient fait pendant son absence forcée. Il remarqua la grande rigueur et l'excellente qualité de tout cela. Il passa le reste de la matinée à faire cela.
À Kadic, le sonnerie de midi retentit enfin. Les cinq lyokoguerriers se rendirent à la cantine pour y prendre leur déjeuner en vitesse car ils n'avaient pas de temps à perdre. Dix minutes après y être rentrés, ils en sortirent tous les cinq et se dirigèrent vers le parc. Ils empruntèrent le passage habituel et arrivèrent sur les lieux. Ils descendirent au labo. Franz Hopper les y attendait. Jérémie lui expliqua alors comment ils allaient procéder et comment cela allait se passer. Il avait été très technique dans ses explications mais Franz Hopper avait tout compris du premier. Odd le remarqua:
« Whoua! J'hallucine! Einstein a enfin trouvé quelqu'un qui réussit à comprendre du premier coup ses explications sans se froisser un neurone!
- Ouais, mais c'est pas à toi que ça risque d'arriver! » rétorqua Aélita avec un petit sourire en coin.
- « C'est pas de ma faute si c'est trop compliqué pour moi!
- Ha, mais je parlais pas de ça! Je parlais de tes neurones, moi! »
Aélita et les autres éclatèrent de rire. Odd se mit à bouder dans son coin et disant:
« Ha... Ha... C'est très drôle!... Je suis mort de rire, là!
- Ne le prends pas mal, Odd! C'était juste pour rigoler! » dit Aélita.
- « T'as un humour vachement bizarre, je te signale! » rétorqua le blond à la coiffure étrange, vexé.
Puis Ulrich, remarquant que le temps pressait, dit alors à tout le monde de se mettre en place. Il était impatient de retrouver enfin sa bien aimée pour lui déclarer sa flamme. Il monta alors dans le monte-charge suivi d'Aélita, Franz Hopper, Odd et William. Ils descendirent à la salle des scanners. Ulrich rentra dans l'un des scanners, puis Odd et William firent la même chose. La voix de Jérémie se fit alors entendre:
« Vous êtes prêts, les gars?
- Oui! » répondirent les trois garçons dans les scanners.
- « Transfert Ulrich! Transfert Odd! Transfert William! Scanner Ulrich! Scanner Odd! Scanner William! Virtualisation! »
Les garçons se retrouvèrent directement dans le garage Skid. Jérémie leur demanda alors:
« Tout va bien, les gars?
- Ouais, t'inquiètes! Tu peux envoyer Aélita et son père! » répondit Ulrich.
- « OK! Bien reçu! »
Jérémie dit alors à Aélita et Franz Hopper de monter dans les scanners, ce que fit sans problème Aélita. Son père, par contre, avait quelques appréhensions à ce sujet mais s'exécuta quand même. La dernière fois qu'il y était rentré, c'était il y a environ quatorze ans et il venait tout juste d'en ressortir. Mais cette fois, il n'était plus seul aux commandes. Il faisait entièrement confiance à Jérémie. Ce dernier leur demanda alors:
« Aélita, Franz, vous êtes prêts?
- Oui! » répondirent les deux intéressés.
- « Transfert Aélita! Transfert Franz! Scanner Aélita! Scanner Franz! Virtualisation! »
Peu après, le père et sa fille firent leur apparition dans le garage du vaisseau.
« C'est bon, Jérémie! On y est! » dit Aélita
- « OK! Maintenant, tout le monde sur le pont d'embarquement du Skid! Attention au départ! » leur lança Jérémie.
- « Tu ferais un excellent chef de gare! » rétorqua Odd sur un ton humoristique.
- « Je sais, je sais! J'en rêve la nuit! » répondit Jérémie en plaisantant.
Puis les cinq voyageurs se retrouvèrent dans le Skid. Ulrich, Odd et Aélita à leur place habituelle, William à celle qui lui était initialement réservée mais qu'il n'avait jamais eu l'occasion d'occuper, et Franz Hopper à celle de Yumi. Aélita fit décoller l'engin et le fit sortir de son garage. Une fois dans la voute céleste, elle demanda:
« Jérémie, on va où maintenant?
- Rendez-vous dans la salle du cœur de Lyoko! » lui répondit-il.
- « Hein?! Mais pour quoi faire? » demanda Ulrich étonné comme les autres de la réponse du petit génie.
- « Discutez pas! Faites ce que je vous dit! » rétorqua Jérémie.
- « Ça présage rien de bon, ça » dit Odd à voix basse
- « Mais est-ce que le Skid va pouvoir passer dans le passage, au moins? » demanda Aélita.
- « Ne t'inquiètes pas! J'ai fait ce qu'il faut pour ça! Maintenant, allez-y! »
Aélita dirigea alors le Skid en direction du pôle sud du cinquième territoire. Une fois arrivés, elle manœuvra l'engin délicatement pour le faire pénétrer dans le passage. Après quelques instants, le Skid était en vol stationnaire à côté du cœur de Lyoko. Aélita demanda alors:
« Et maintenant, Jérémie?
- Connectes-toi au cœur!
- Mais?! C'est pas possible, Jérémie! Et en plus, c'est pas une tour!
- Je sais que c'est pas une tour! C'est encore plus puissant! Et oui, c'est possible! J'avais prévu ça en reprogrammant le Skid la dernière fois. Et puis, vu que là où vous allez, il n'y a aucun supercalculateur connecté relié au réseau, c'est la seule solution! »
Aélita, rassurée, mit en marche le protocole de mise en place de la connexion. Un faisceau blanc fit alors son apparition entre le Skid et le cœur de Lyoko. La connexion était maintenant établie. Jérémie leur demanda alors:
« Vous êtes tous prêts pour la translation?
- On est prêts, Einstein! » répondit Odd.
- OK! »
Puis Jérémie translata tous les occupants du Skid. Mais après quelques courts instants, il entendit une voix:
« HAAAAAAAAAA... »
Fin de l'épisode 16
Épisode 17: « D'un calme olympien (Comme des lapins) »
Jérémie reconnut cette voix. C'était Odd qui venait de hurler à la mort. Au même instant, il entendit les quatre autres crier à leur tour, mais un peu moins fort, comme si ils avaient été surpris par quelque chose. Jérémie paniqua.
« Odd! Aélita! Qu'est-ce qui se passe?? répondez-moi! » demanda-t-il, très inquiet.
- « Bravo pour la précision, Einstein! » répondit Odd, « J'aurais pas fait mieux! »
- « Comment ça?! Qu'est-ce qu'il y a? Qu'est-ce que j'ai fait? » dit Jérémie, qui ne s'attendait pas à une réponse aussi déconcertante après le cri qu'il venait d'entendre.
- « Tu nous translaté directement en plein milieu d'un marais! » déclara Aélita.
- « Oups! Désolé! Je pouvais pas savoir!
- Ouais, ben c'est malin! Je suis dans la gadoue jusqu'aux genoux! Je suis tout trempé! Et mon futal, il est tout cradossé, maintenant! » déclara Odd, avant de rajouter sur un ton humoristique: « Ça se voit que c'est pas toi qui fait la lessive!
- T'as pas à te plaindre, Odd! » répondit Ulrich.
- Pourquoi??
- Parce que Ulrich et moi, on a de l'eau jusqu'au cou! » dit William. « Et en plus elle vachement froide!
- Ouais, alors si on t'entend te plaindre encore une seule fois, on te force à venir patauger avec nous, OK? » rajouta Ulrich.
- Heu... Non merci! Sans façon!!! » répondit Odd, un peu gêné.
Aélita et Franz Hopper avaient eu plus de chance. Ils avaient atterri dans les roseaux et avaient juste les pieds dans la vase.
« En tout cas, Einstein, tu seras bien gentil de revoir la précision de la translation pour la prochaine fois! » dit Ulrich.
- « Je vais voir ce que je peux faire... En même temps, c'est normal que ça soit moins précis! Plus vous êtes loin d'un supercalculateur relié au réseau, plus le supercalculateur perd en précision pour vous translater! Bon! Assez parlé, mettez vous en route maintenant. » répondit Jérémie.
Tout le monde commençait à papoter et à rigoler de ce qui venait de se produire. Puis l'oreille de Franz Hopper fut attirée par un bruit au loin. Il dit alors à tout le monde de se taire. Le bruit était de plus en plus fort. C'était le bruit d'un moteur de voiture qui se rapprochait. Il dit alors à tout le monde de se dépêcher de se cacher dans les roseaux. Odd rejoignit alors Franz et sa fille. Ulrich et William avaient juste eu le temps de se fondre dans la masse d'herbes hautes du marais qu'une jeep fit son apparition sur une des rives du marais, avec à son bord quatre soldats armés jusqu'aux dents. Ils descendirent tous de leur véhicule, arme au poing, et scrutèrent attentivement les lieux depuis le rivage. Deux d'entre eux étaient munis de jumelles. Les cinq intrus restèrent tapis dans les roseaux sans faire de bruit. Les hommes armés restèrent une dizaine de minutes à chercher d'éventuels intrus depuis la rive mais ne trouvèrent rien. L'un d'eux sortit un talkie-walkie de sa poche et dit alors:
« Poste de sécurité? Ici patrouille dix-sept!
- Je vous écoute, patrouille dix-sept! » lui répondit son interlocuteur.
- « On est au bord du marais! Fausse alerte! Il n'y a rien à signaler, ici! Ça devait être des cris d'animaux! Des sangliers ou des cerfs, sans doute...
- Bien reçu, patrouille dix-sept! Vous pouvez retourner faire vôtre ronde! Terminé!
- Bien reçu, poste de sécurité! Terminé »
Les quatre hommes armés remontèrent dans leur véhicule et s'éloignèrent de l'endroit où étaient cachés les cinq intrus. Au bout de quelques instants, quand ils furent hors de portée de vue de la jeep, Franz Hopper dit alors à tout le monde:
« C'est bon, on peut y aller. »
Ils avaient eu beaucoup de chance. D'une part d'avoir échappé aux soldats, et d'autre part de se trouver à quelques dizaines de mettre du rivage et pas au milieu du marais. Ils parvinrent à sortir de ce lieu après quelques minutes. Quand ils furent sur la terre ferme, tous les cinq commencèrent à regarder la configuration des lieux. Le marais était situé au milieu d'un vallon. Sur les collines qui le bordaient, se trouvait une forêt qui paraissait immense.
« Bon, on va par où, maintenant, Einstein? » demanda Ulrich, tout dégoulinant.
- « Je ne sais pas, Ulrich! C'est pas le genre d'endroit dont on trouve les plans sur internet! Alors vous allez devoir vous débrouiller tous seuls!!! » répondit le blond sur son fauteuil.
- « Ce n'est pas grave, je crois savoir où l'on se trouve. Suivez-moi! » déclara Franz Hopper.
Tous le suivirent et pénétrèrent dans l'immense masse de verdure entourant le marais. Le lieu était d'un calme olympien. Seuls les chants d'oiseaux se faisaient entendre. Ils commencèrent l'ascension de l'une des collines bordant la zone humide. Au bout d'un quart d'heure, ils arrivèrent sur le plateau situé au sommet du petit massif qu'ils venaient de gravir. Quelques minutes plus tard, ils parvinrent à l'orée d'une clairière. Au milieu de celle-ci se trouvait un immense bâtiment cylindrique vert pâle au dessus duquel s'échappaient deux volutes blanches. Sur l'un des côtés se trouvait une énorme porte coulissante suspendue à un rail tout aussi démesuré. De l'autre côté, au pied du cylindre, un bâtiment en forme de L, dont les deux branches étaient longues d'une trentaine de mètres et l'une d'elles était accolée à l'énorme cylindre de béton. Vu de loin, cette construction semblait ne pas être gardée. Ils commencèrent à s'en approcher discrètement. Une fois au pied de la petite construction, ils cherchèrent une solution pour y rentrer sans se faire repérer.
Mais après quelques secondes, une sirène retentit à l'extérieur des bâtiments. Tous se demandaient pourquoi. Ce qu'ils n'avaient pas vu, c'était les caméras de surveillance placées en haut des bâtiments. L'une d'elles était fixée sur eux. William, qui regardait justement vers le toit du bâtiment au pied duquel il se trouvait, la remarqua et dit alors:
« On est repérés!
- Comment ça, on est repérés?! » demanda Aélita.
- « À cause de ça! » répondit William en montrant la caméra du doigt.
Tous les autres se retournèrent vers la caméra puis se mirent à fuir en direction de la forêt d'où ils venaient alors que trois jeeps transportant chacune quatre soldats arrivèrent sur les lieux et se mirent à leur poursuite. Les cinq fuyards pénétrèrent dans les bois avant que les véhicules et leurs occupants n'aient réussi à les rattrapés. Les jeeps s'arrêtèrent à l'orée de la forêt et les hommes armés en sortirent. Ils commencèrent à courir derrière les intrus à travers la forêt. Ils les rattrapaient petit à petit. Ulrich était à l'arrière du groupe de fuyards. L'un des soldats le mit en joue et tira. Ulrich s'effondra sur le sol en hurlant de douleur. Il avait été touché à l'épaule droite. Les autres s'arrêtèrent et se retournèrent vers lui. Le soldat qui avait tiré cria à ses collègues:
« J'en ai eu un!!! »
Odd dit alors:
« Einstein, qu'est-ce que tu fais?! Détranslate-nous!! Ulrich s'est pris une balle!
- Je fais ce que je peux mais il y a comme un bug avec le cœur de Lyoko! Continuez à fuir tant que vous pouvez! » répondit Jérémie qui pianotait comme un fou sur son clavier afin de résoudre le problème.
William n'avait pas attendu la réponse du petit génie qu'il était allé aider Ulrich à se relever. Puis ils se mirent à courir malgré le fait qu'Ulrich souffrait le martyre. Tous se remirent à fuir leurs poursuivants qui avaient gagné beaucoup de terrain sur eux. Ils essuyaient leurs tirs en faisant bien attention de ne pas se faire toucher. Ils se faisaient tirer dessus comme des lapins. Ils ne prirent pas le même chemin par lequel ils étaient remontés du marais. Ils coupèrent une petite route. Aélita et Odd la passèrent en premier, suivi par Franz Hopper, et enfin William et Ulrich qui étaient à la traine. Puis Franz Hopper s'arrêta de courir puis fit marche arrière jusqu'à la route. Les deux retardataires le remarquèrent et lui demandèrent ce qu'il était en train de faire. Il leur répondit:
« Ne vous inquiétez pas pour moi! Ne m'attendez pas!
- Mais pourquoi? » demanda Jérémie, étonné.
- « Je vais juste vérifier quelque chose! Ne me détranslate pas tant que je ne te le demande pas! » répondit Franz, qui retourna vers la petite route.
- « D'accord! J'espère seulement que vous n'êtes pas en train de faire une erreur monumentale!
Ulrich et William avaient rejoint les autres. Aélita regarda son père s'éloigner d'eux et lui dit:
« Papa!...
- Ne t'inquiètes pas, ma chérie! Il ne peut rien m'arriver! Continue à courir. Je vais les occuper pendant un moment.
- Mais...
- Aélita, s'il te plait, fais moi confiance! »
Aélita se résigna à le laisser faire. Elle lui dit alors, non sans une larme à l'œil:
« Je t'aime, Papa.
- Moi aussi, ma chérie »
Puis Aélita et les autres se remirent à courir pour échapper aux soldats. Franz Hopper lui s'assit sur le bord de la route et mit ses mains sur la tête. Les hommes armés arrivèrent au niveau de Franz Hopper et le tinrent en joue. Comme ils virent qu'il se rendait, l'un d'eux s'approcha, le maîtrisa et le menotta. L'homme qui avait neutralisé Franz Hopper prit son talkie-walkie et dit:
« Poste de sécurité?
- Ici le poste de sécurité, je vous écoute » lui répondit son interlocuteur.
- « On a attrapé un des intrus!
- Donnez vôtre localisation!
- Nous sommes sur la route de la Cave, en haut de la petite côte!
- Nous vous envoyons un véhicule tout de suite. Terminé.
- Bien reçu, poste de sécurité! Nous attendons. Terminé. »
Puis quelques uns des soldats reprirent leur course effreinée après le reste des intrus, sans grand succès. Dans leur fuite, ils entendirent Jérémie leur dire:
« Ça y est! J'ai réussi à débuguer le système! Je vous détranslate tous les quatre tout de suite! »
Ils s'arrêtèrent alors de courir et furent détranslatés sur le champ, se soustrayant ainsi à leurs poursuivants. Au bout de deux minutes, une fourgonnette bleue arriva. Elle s'arrêta à côté du groupe d'hommes sur le bord de la petite route. Il en sortit deux hommes en uniforme. Ils saisirent Franz Hopper par les épaules et le firent monter dans le véhicule avec eux. Puis le véhicule redémarra et fit demi-tour. Il se dirigeait maintenant vers la Cave. La fourgonnette s'arrêta après cinq minutes de parcours. Le conducteur du véhicule sortit et s'absenta alors quelques instants. Quand il revint, il ouvrit les portes arrières de la fourgonnette et déclara:
« C'est bon, vous pouvez y aller! »
Les gardes firent alors sortir Franz Hopper de la fourgonnette bleue et le firent entrer dans le minuscule bâtiment. Il se fit emmener dans le long couloir où la lumière du jour s'atténuait peu à peu. Une porte s'ouvrit sur sa gauche. On le fit entrer dans la pièce blanche où se trouvait une chaise libre et une table à laquelle étaient assis deux hommes en noir. Les mêmes qui étaient venus à l'usine avant le retour vers le passé. La porte se referma derrière lui.
Fin de l'épisode 17
Épisode 18: « Révélations - Partie I: La grande évasion »
Pendant ce temps-là, dans le Skid, Ulrich gisait, inconscient, dans son Navskid. Aélita, Odd et William s'inquiétaient pour lui. Il ne répondait à aucun de leurs appels. Au bout de quelques minutes, il poussa un gémissement de douleur. Puis il redressa la tête et dit en posant sa main gauche sur son épaule droite:
« Haaaa! Mais qu'est-ce qui c'est passé?
- Tu t'es évanoui pendant la détranslation! » lui répondit Aélita. « Comment va ton épaule? »
Il regarda sa main pour voir s'il y avait du sang dessus. Il eut sa réponse.
« Ça va! Pas une éraflure! Par contre, c'est normal si j'ai mal? »
Les autres furent tous soulagés à son étude. Aélita demanda alors:
« Jérémie! Et mon père? Qu'est-ce qu'il fait?
- Je ne sais pas, Aélita! En plus, il y a des problèmes de connexion entre lui et le supercalculateur! Ça coupe tout le temps! Il va falloir que je face une interpolation avec un autre supercalculateur plus proche pour ne pas le perdre sinon...
- Sinon quoi, Jérémie? » demanda William.
- « Ben sinon... J'en sais trop rien! Soit il reste prisonnier, soit... Il disparaît à jamais!... »
Dans le Skid, tout le monde fut surpris car ils ne s'attendaient pas à une telle réponse.
« Alors dépêches-toi! Perds pas de temps à papoter! » lui lança Ulrich.
- « Qu'est-ce que tu crois que je suis en train de faire, là? Du flan avec ma grand-mère? » répondit Jérémie.
- « Tiens, tu fais dans l'humour, toi, maintenant? » dit Odd, surpris d'avoir un nouveau concurrent dans ce domaine.
« Ben ouais! Toi et tes blagues pourries, vous n'avez qu'à bien vous tenir! J'arrive avec les miennes! Bon, voyons voir quel est le supercalculateur le plus proche du Massif central... »
Le petit génie fouillait dans sa base de données depuis quelques minutes déjà. Puis son regard s'arrêta sur un nom de ville. Il déclara alors:
« Mais bien sûr! Comment j'y ai pas pensé plus tôt? Il y en a un à Lyon!!!
- Bon, alors au boulot, Einstein! » lui dit Ulrich
- Deux minutes, j'attends que ma grand-mère apporte le flan qu'on a fait ensemble...
- Oublies pas de m'en garder une part! » lui lança Odd.
- « T'inquiète pas, t'en aura comme tout le monde... » répondit Jérémie, qui s'affairait à ne surtout pas perdre la connexion avec Franz Hopper.
Dans la salle d'interrogatoire de la Cave, Franz Hopper était assis face aux hommes en noir. Sur la table, un vieux téléphone poussiéreux et tout aussi noir que les costumes des deux gorilles en face de Franz. Visiblement, il n'avait pas servi depuis très longtemps, peut-être même jamais. Les hommes en noir reluquaient Franz de haut en bas d'une façon étrange. L'un d'eux se décida à parler. Il dit sur un ton ironique:
« Quelle élégance, monsieur Hopper! Vôtre tenue vous sied à ravir! Vous pouvez me donner l'adresse de vôtre tailleur? Je veux le même déguisement que vous... Pour le carnaval!!! »
Puis il éclata de rire ainsi que son collègue. Franz, lui, trouvait la réflexion plutôt puérile. Il n'en rit pas. Il était vêtu à la façon d'un mage. Il portait une longue toge blanche, il avait sur la tête un chapeau pointu blanc. Il avait aussi un grand bâton de marcheur en bois torsadé qui se terminait en un pommeau arrondi lisse.
En réponse à cette moquerie digne d'une cour de récréation d'école primaire, Franz déclara:
« Vous pouvez faire ce que vous voulez de moi, je ne dirais jamais rien!
- C'est ce qu'on verra, monsieur Hopper! Vous ne savez pas de quoi nous sommes capables! Sachez que jamais personne ne nous a résisté très longtemps! » rétorqua l'un des deux hommes en noir.
- « Ne vous inquiétez pas pour nous, monsieur Hopper. Nous obtenons toujours ce que nous voulons! La preuve: vous êtes devant nous! » ajouta l'autre.
Puis il décrocha le combiné du téléphone et composa un numéro interne au camp militaire où ils se trouvaient. Il attendit quelques instants que son interlocuteur réponde. Quand celui-ci décrocha, l'homme en noir lui annonça que l'intrus qui avait été appréhendé plus tôt dans la journée n'était autre que Franz Hopper. Ce dernier entendit l'interlocuteur pousser un cri dans le téléphone mais il n'avait pas compris ce qui avait été dit ensuite. L'homme en noir se contentait de hocher la tête et répondit:
« Bien monsieur, comme vous voudrez, monsieur! »
Puis il raccrocha. Il se retourna vers la glace sans tain qui se trouvait dans son dos et fit signe de l'emmener dans sa cellule. Les gardes firent alors irruption dans la pièce blanche. Franz Hopper se leva et les gardes le firent sortir de l'endroit. Ils l'emmenèrent jusqu'à ce qu'ils arrivent devant la lourde porte en acier. L'un des gardes frappa. La porte s'ouvrit bruyamment alors de l'intérieur.
«Monsieur Franz Hopper! Ça alors! Si l'on m'avait dit que vous viendriez nous faire l'honneur de vôtre visite aujourd'hui... » déclara le gardien en ouvrant la porte lorsqu'il vit Franz Hopper se présenter à lui sous bonne escorte.
Le gardien se retourna alors et dit:
« Pinkie! T'as de la visite! Devines qui viens te voir! »
Il le fit entrer dans la cellule où se trouvait Anthéa, recroquevillée sur elle-même. Quand la porte de la cellule se referma, Anthéa releva la tête.
« F... F... Franz?... C'est toi? »
Elle n'en croyait pas ses yeux. Elle se demandait même si elle n'hallucinait pas. Franz Hopper se tenait devant elle. Elle sentit alors une joie immense l'envahir malgré sa douleur intérieur. Ils se retrouvaient enfin. Quatorze ans de séparation prenaient fin à cet instant. Elle se releva et, sans dire un mot, se jeta dans les bras de l'homme de sa vie. Des larmes firent leur apparition dans les yeux de chacun d'eux. Puis elle dit:
« Ho... Franz... Je ne rêve pas?... C'est bien toi?...
- Oui, ma chérie... C'est bien moi...
- Franz... Ça fait si longtemps... Tu m'as tellement manqué...
- Moi aussi, Anthéa... Il n'y a pas eu un seul jour où je n'ai pas pensé à toi... Je t'aime...
- Moi aussi, je t'aime... »
Puis ils s'embrassèrent tendrement. Elle reposa alors sa tête contre le torse de Franz. Après quelques instants de tendresse qui leur avait tant manqué à tous les deux, Franz lui dit alors:
« Je vais bientôt partir, ma chérie. Mais je ne peux pas t'emmener avec moi.
- Non! Franz! Ne me laisse pas!
- Il le faut, Anthéa...
- Mais pourquoi?
- Je ne peux pas te l'expliquer maintenant...
- Serait-ce un rêve alors? » demanda-t-elle les yeux remplis de tristesse et d'émotions.
- « Non, mon amour. Je suis bien réel. Ne t'inquiètes pas, je reviendrais bientôt pour te sortir d'ici. Je t'aime, ne l'oublie jamais. »
Puis il l'embrassa une nouvelle fois tendrement et dit à Jérémie:
« Jérémie, détranslate-moi
- Non, attends!...Ne pars pas... J'ai quelque chose de très grave à te dire. » dit Anthéa, toute tremblante.
- « Attends un peu Jérémie! » dit alors Franz Hopper
- « OK! Pas de problème » répondit le blond à lunettes.
- « Qu'y a-t-il, Anthéa? » demanda Franz
- « C'est à propos du jour où ils m'ont enlevée... Ce jour-là, je revenais de l'hôpital pour une visite chez le gynécologue... »
Les larmes envahirent soudain ses yeux. Rien que d'y penser, elle en avait le cœur serré. Mais elle devait le lui dire. Il devait savoir. Car il ignorait tout de ce qui s'était passé. Elle n'arrêtait pas de pleurer. Elle ne trouvait pas la force pour le dire. Après quelques instants, elle se reprit:
« Ce jour-là, le gynécologue m'a annoncé que... J'étais enceinte... De deux mois et demi... Le bébé... Nôtre bébé... Il est né ici!... Et ils me l'ont enlevé! »
Cette annonce glaça le sang de Franz. Il eut un frisson. La stupeur commençait à l'envahir, bien vite estompée par la colère. Une colère immense, comme jamais il n'en avait ressenti. C'en devint même de la rage tellement ce qu'il ressentait était violent. Ce qu'il ressentait le rendait malade. Il aurait voulu tout détruire. Il se maitrisait du mieux qu'il pouvait afin de ne pas faire de mal sans le vouloir à celle qu'il aimait tant. Il se retourna alors, se dirigea vers les barreaux de la cellule, et après en avoir saisi un dans chaque main, il hurla:
« JE VOUS TUERAIS!... TOUS!...UN PAR UN S'IL LE FAUT!... AUSSI LOIN QUE VOUS FUIREZ, JE VOUS RETROUVERAIS!... »
Des rires se firent entendre de derrière la lourde porte métallique, ce qui ne fit qu'amplifier ce qu'il ressentait déjà. Il avait crié tellement fort qu'Anthéa avait eu peur. Mais elle n'avait rien à craindre de lui et elle le savait. Elle savait ô combien ce sentiment était légitime. Elle s'approcha de lui et le serra dans ses bras. Il se laissa faire. Elle seule savait comment l'apaiser. Et elle y parvint malgré toutes ces années de séparation. Il l'embrassa une dernière fois tendrement et lui dit:
« Je dois partir maintenant... Mais je reviendrais bientôt te chercher... Ne m'oublies pas... Je ne suis pas un rêve... »
Il la serra une dernière fois dans ses bras. Puis il dit:
« Jérémie, détranslate-moi! »
Le génie de la bande, qui venait de résoudre son problème de connexion avec Franz Hopper, ne se fit pas prier. Il avait réussi à prendre le contrôle du supercalculateur qu'il avait repéré et avait ainsi pu résoudre en même temps son problème de précision pour la translation. Franz Hopper disparut alors des bras de sa femme et se retrouva instantanément dans le Skid. Jérémie s'empressa d'annoncer la bonne nouvelle à Aélita. Elle interrompit alors la connexion entre le Skid et le cœur de Lyoko. Puis elle manœuvra le Skid afin de le faire sortir de la salle du cœur et conduisit l'engin jusqu'à son garage.
Dans Cuve, Marc venait de trouver la source du problème. C'était le programme qu'il avait téléchargé la veille au soir qui déclenchait tout ça. Mais comment se pouvait-il qu'il soit dans le supercalculateur du centre? Il n'avait même pas eu le temps de connecter sa clé USB au système informatique pour inspecter ce programme et trouver à quoi il servait. Il décida alors de cacher sa clé USB afin que personne ne la trouve. Il se rendit compte aussi que ce sur quoi il travaillait fonctionnait aussi très bien, et ce grâce au programme qui était sur sa clé USB. Ou plutôt au virus, car cela y ressemblait fortement. Il n'y comprenait rien. Il décida de faire part de ses conclusions à son chef. Il se leva de son siège, quitta son poste et se rendit au bureau de son supérieur. Celui-ci avait écouté les explications de Marc. Il avait bondit plusieurs fois sur son siège et, quand Marc eut fini, il lui demanda:
« Vous en êtes bien sûr, Chaligny?
- Certain, monsieur! » lui répondit Marc avec assurance.
- « Bien, dans ce cas, suivez-moi! Il faut en référer en haut lieu! »
Les deux hommes sortirent du grand bâtiment cylindrique pour se rendre au bureau du grand patron de ces lieux, le général Herbert. Ils traversèrent alors un des longs couloirs du petit bâtiment en L jouxtant la Cuve puis empruntèrent l'escalier qui se trouvait à l'extrémité. Ils arrivèrent enfin devant le bureau. Le chef de Marc frappa à la porte. Après quelques secondes, la porte s'ouvrit, laissant apparaître le général tout souriant.
« Que me vaut l'honneur de cette visite, messieurs? » dit-il avec un ton jovial, comme si une bonne nouvelle venait de lui être annoncée.
- « Il semblerait que le Protocole Carthage fonctionne enfin, monsieur. » répondit le supérieur de Marc.
- « Bien, entrez! Vous allez m'expliquer tout ça! »
Les deux hommes s'exécutèrent. Le grand chef s'assit dans son fauteuil et demanda alors les explications à Marc. Ce qu'il fit sans attendre. Il lui expliqua ce qui lui faisait penser que le Protocole Carthage fonctionnait dans les détails. Il lui annonça aussi que le supercalculateur avait été contaminé par une sorte de programme très sophistiqué qui ressemblait à un virus, mais ne savait pas comment cela s'était produit. Le programme en question lui semblait aussi instable et c'était sans doute cela la source de l'alerte qui avait eu lieu le matin même. Après ces explications somme toute limpides aux yeux du général, celui-ci semblait tiraillé entre le soulagement que le protocole fonctionne et la colère car aucun virus ne pouvait entrer dans le supercalculateur du centre car il était totalement déconnecté de tout réseau extérieur à la base militaire. Il y avait donc eu des fuites au niveau du personnel. Le Général dit alors:
« Bien, on va pouvoir enfin contrôler quelques événements dangereux sur cette planète grâce à ce protocole. »
Car c'était cela, le Protocole Carthage. Un programme informatique élaboré à la fois par des physiciens et des informaticiens, et capable de modifier le passé pour empêcher certains événements dangereux de se produire. Avec toutes les conséquences que cela implique, aussi bien dans le passé que dans le futur. Ou du moins, c'était ce à quoi il était destiné au début. Pour avoir la puissance nécessaire à cela, il avait été installé sur un supercalculateur quantique, ce qui garantissait une efficacité maximale au Protocole Carthage.
Le général poursuivit:
« En attendant, chassez-moi cette espèce de virus du système! Sinon, ça va encore coûter des millions, cette histoire et je vais me faire tirer les oreilles par ces connards d'en haut. Ceci dit, excellent travail, jeune homme! Vous êtes bien parti pour avoir de l'avancement prochainement. »
En entendant cela, Marc sourit. Le général se leva de son fauteuil et dit alors en raccompagnant Marc et son chef à la porte du bureau:
« Bien! Messieurs, vous avez fait du bon travail! Maintenant, vous pouvez retourner à vos postes. Vous avez encore beaucoup de travail, je crois!»
Fin de l'épisode 18
Épisode 19: « Révélations - Partie 2: Petit frère »
À l'usine, quand tout le monde fut dévirtualisé, ils se réunirent dans le labo. Franz Hopper avait l'air perdu dans ses pensées. Comme si son attention y était monopolisée. Il n'arrêtait pas de repenser à ce que lui avait révélé Anthéa lorsqu'il était dans sa geôle. Jérémie, qui n'avait entendu que partiellement ce qu'avait dit Franz à Anthéa, semblait comprendre ce qui le tracassait mais il n'en était pas sûr. Aélita, Odd et William s'étaient réunis autour d'Ulrich.
« Alors, le blessé de guerre?! Elle te fait pas trop souffrir, ton épaule? » lui demanda Odd en touchant l'épaule en question avec l'index gauche.
- « AÏE! Mais t'es pas bien! Tu m'as fait super mal! En plus je peux presque plus bouger mon bras! » répondit l'intéressé en faisant un bond en arrière à cause de la douleur.
- « Oups! Excuses-moi, vieux frère! J'ai pas fait exprès!
- Si t'as mal comme ça, va falloir que t'ailles à l'infirmerie! » lui dit Aélita. « Et tu pourras plus faire de sport pendant un petit bout de temps!
- Ouais, c'est Jim qui va être déçu! Il a perdu son meilleur élève! Après moi bien sûr! » rajouta Odd, pour ajouter une pointe d'humour à la situation qui n'avait rien de très réjouissant.
Tout le monde se mit à rire. Mais pour Franz, le cœur n'y était pas. Savoir qu'il avait un fils qu'ils n'avaient jamais connu, lui, Anthéa et Aélita, le rendait malade. Il se demandait comment il allait faire pour le retrouver. Jérémie, lui était tracassé par la douleur de son ami. Logiquement, il n'aurait pas dû ressentir une douleur aussi vive après la détranslation. Il demanda à Franz Hopper si cela était normal. Celui-ci, qui fut brusquement sorti de ses pensées, ne savait pas quoi répondre au petit génie étant donné que ce n'était pas lui qui avait mis au point la translation mais Jérémie lui-même. Il suggéra alors de faire un scan d'Ulrich pour savoir ce qu'il avait. Jérémie demanda alors:
« Mais comment vous allez faire?! C'est pas des scanners médicaux qu'on a, ici!
- Détrompes-toi, Jérémie! On peut s'en servir pour ça aussi, étant donné qu'ils servent à récupérer toutes les informations nécessaires sur le corps de la personne qui est dedans. De plus, il y a une fonction cachée qui va permettre de visualiser en détails le corps de vôtre ami! » répondit Franz, ravi de transmettre son savoir à un jeune aussi doué et motivé que Jérémie. « Par contre il ne permet pas de le réparer! Du moins pas encore, mais avec un peu de patience, on pourrait y arriver... »
Puis Jérémie descendit de son fauteuil et laissa Franz Hopper s'y installer pendant qu'Ulrich descendait à nouveau dans la salle des scanner, accompagné de Odd et William. Quand il fut arrivé à destination, il monta dans le premier scanner à sa portée. Franz entra alors des commandes inconnues de Jérémie dans le supercalculateur, qui firent ouvrir une fenêtre toute aussi inconnue de du petit génie. Aélita s'était rapprochée de son père et observait ce qu'il faisait avec l'imposante machine. Les portes du scanner se refermèrent puis Franz lança la procédure de scan. Le corps d'Ulrich apparut alors à l'écran comme sur l'écran d'un scanner à l'hôpital. Après un premier passage, Franz régla le scanner afin qu'il fasse un scan plus précis de l'épaule dont souffrait le jeune lyokoguerrier. Quelques instants plus tard, le zoom s'afficha sur l'écran. Franz, Aélita et Jérémie constatèrent qu'Ulrich avait la clavicule cassée mais que la balle qui avait causé cela ne s'y trouvait plus. Elle n'avait fort heureusement pas été détranslatée avec lui. Puis la porte du scanner s'ouvrit à nouveau, libérant ainsi Ulrich, qui remonta aussitôt, accompagné de ses deux compagnons. Une fois dans le labo, Franz lui annonça la nouvelle. Ulrich ne fut pas trop étonné car son épaule le faisait beaucoup souffrir.
Aélita et Jérémie, remarquant qu'il était presque l'heure de la reprise des cours, pressèrent leurs camarades pour retourner à Kadic au plus vite d'autant que William avait un énième devoir d'histoire et que les autres avaient sport avec Jim. Et qui plus est, lancer de poids! Ils ne se firent pas prier et coururent dans les galeries des égouts afin d'être à l'heure dans leurs cours respectifs, sauf Ulrich qui se rendit directement à l'infirmerie afin d'y être soigné. Quand il y arriva, Yolande lui demanda:
« Alors, Ulrich, qu'est-ce qui t'amènes?
- Je crois que je me suis cassé l'épaule, m'dame!
- Bien! Voyons voir ça! »
Yolande s'approcha du jeune garçon, lui demanda de s'assoir sur le bord du lit et commença à examiner son épaule. Elle posa à peine la main dessus pour l'ausculter qu'Ulrich lâcha un cri de douleur en faisant un petit bon sur le lit.
« Hou là! Ça m'a l'air sérieux, tout ça! Mais comment tu t'es fait ça, Ulrich?
- Ben, j'étais dans le parc en train de me balader avec mes amis. Et puis j'ai trébuché sur une branche et je suis tombé en me cognant l'épaule contre un autre arbre qui était devant moi.
- Il va falloir que tu ailles à l'hôpital pour y faire des radios et y être soigné. »
Pendant ce temps, les autres étaient en cours. William en bavait avec son contrôle d'histoire alors que les trois autres subissaient le cours plus qu'approximatif dispensé par Jim. Franz, lui, était rentré à l'Ermitage pour réfléchir à le révélation qu'Anthéa lui avait faite lorsqu'il la tenait dans ses bras. Il réfléchissait aussi à la manière dont il allait annoncer la nouvelle à sa petite fille ainsi que celle dont il allait s'y prendre pour retrouver la trace de son fils disparu. Pendant qu'il ressassait tout ça dans sa tête, il remarqua que le jour où il avait été dévirtualisé par Jérémie, au moment même où il sortit du scanner, il avait ressentit une drôle d'impression en voyant l'un des garçons autour de sa fille. Comme si il l'avait toujours connu. Même s'il n'avait pas beaucoup parlé avec lui, il ressentait quelque chose de fort envers lui. Quelque chose d'indéfinissable, comme un lien qui les unirait, invisible mais bien réel. Il n'arrivait pas à dire ce que c'était. Peut-être se trompait-il car il n'était sûr de rien. C'était peut-être dû à l'émotion. Mais plus il y pensait et plus il se rendait compte qu'à chaque fois qu'ils étaient réunis, ce sentiment étrange revenait en lui, à chaque fois plus fort.
Puis un souvenir refit brusquement surface dans sa tête. Un souvenir qui datait du temps où il travaillait sur le projet Carthage comme cela s'appelait à l'époque. Avant qu'il ne s'enfuie de ce projet, il avait entendu dire qu'il serait question de faire des sauvegardes des données importantes, comme celles de l'état civile (le registre où on est tous inscrits à nôtre naissance, en mairie), ou d'autres, afin de les comparer avec celles d'après l'utilisation du protocole pour voir ce que celui-ci avait modifié et si des personnes avaient disparu ou bien étaient apparues dans la population ex-nihilo. Puis une idée un peu folle lui vint alors à l'esprit. Pour parvenir à ses fins, il fallait qu'il retourne là-bas et qu'il trouve un moyen de copier les données du supercalculateur du centre militaire sur celui de l'usine. Il aurait ainsi toutes les informations dont il aurait besoin pour retrouver son fils. Plus il y songeait et moins il y croyait. Pourtant ce qu'il ressentait était bien réel. Mais par quel hasard ou par quelle ironie du sort cela aurait-il pu se produire? Il voulait en avoir le cœur net et il était prêt à tout pour cela. Mais il fallait qu'il n'aille pas trop vite, de peur d'être déçu.
Pendant ce temps, à la Cave, l'alerte avait été donnée quand le gardien était venu ramasser les plateaux repas des deux prisonniers et qu'il avait remarqué que Franz n'était plus dans la cellule avec sa femme. Il avait immédiatement prévenu son supérieur, qui avait ensuite relayé l'information au général. Celui-ci, fou de rage, convoqua les responsables de la sécurité, de la Cave ainsi que les hommes en noir pour une réunion expresse qui s'annonçait plutôt houleuse car ils savaient tous qu'ils allaient en prendre pour leur grade. Quand ils furent tous réunis dans le bureau de leur supérieur, le général se mit à hurler:
« BRAVO, MESSIEURS!! UNE INTRUSION DANS LE CENTRE ET UNE ÉVASION DANS LA MÊME JOURNÉE!! POUR QUOI JE PASSE MAINTENANT?! HEIN?! BANDE D'INCAPABLES!!!
- Mais, monsieur... » tenta de répondre l'un des hommes en noir.
- « TAISEZ-VOUS!! SINON VOUS ALLEZ FAIRE UN PETIT TOUR À LA CAVE, VOUS AUSSI!! ÇA VOUS NE VOUS FERA PAS DE MAL!! QUE VA DIRE LA HIÉRARCHIE MAINTENANT?! HEIN?! VOUS VOULEZ RUINER MA CARRIÈRE OU QUOI?? »
Il s'arrêta un moment, dépité par ce qui s'était passé plus tôt dans la journée. Il reprit quelque peu son calme avant d'ajouter:
« Mais qu'est-ce qu'ils vont dire, là-haut?! On a eu une intrusion d'enfants accompagnés par Waldo Schaeffer en tenue de guignol! En plus, les gamins se sont évaporés dans le centre et Schaeffer s'est évadé d'une cellule du poste de sécurité! Mais pour quoi on passe maintenant, hein?! Je vous le demande!! »
Dans le bureau, personne n'osait répondre. Le général reprit alors:
« Moi, je vais vous le dire, pour quoi on passe! Des branquignoles! Voilà! On passe pour des branquignoles! Je vous préviens! Ça va chauffer pour vôtre grade! »
Et il continua à les réprimander comme cela pendant une heure encore. Alors qu'à Kadic, l'après-midi se passait tranquillement pour tous, sauf Ulrich qui avait été emmené à l'hôpital afin de soigner son épaule. À la récréation, les quatre adolescents encore valides se retrouvèrent sur leur banc préféré. Avec l'approbation des trois autres, Jérémie téléphona à Ulrich. Quand celui-ci décrocha, Jérémie lui demanda:
« Ulrich, ça va? T'en es où, là?
- Ben, je suis toujours à l'hôpital! Je suis en train de me faire poser un corset pour maintenir mon épaule en place pendant ma guérison. » dit-il, avant d'ajouter en direction de l'infirmière qui le soignait: « Aïe! Hé, attention! Ça fait mal!
- Jeune homme! » lui répondit-elle. « On éteint son portable dans un hôpital! Il y a des appareils sensibles aux ondes émises par les portables ici! Et ça peut avoir des conséquences très graves pour les patients!
- Heu... Jérémie! Je crois que je vais devoir raccrocher!
- T'inquiètes pas, j'ai entendu! Appelles-moi dès que tu seras de retour à Kadic!
- OK! D'accord! »
Puis Ulrich et Jérémie raccrochèrent. Ulrich éteignit alors son portable afin de se conformer aux instructions de l'infirmière tandis qu'à Kadic, la sonnerie de la reprise des cours venait retentir. Le reste des cours passa très vite. À la fin des cours, les quatre lyokoguerriers présents au collège se rendirent directement à l'Ermitage, avec Ulrich qui les avait croisés dans la cours lors de son retour au collège. Une fois à l'Ermitage, ils s'assirent tous sur le canapé du salon, face à Franz Hopper qui était assis dans un confortable fauteuil. Ils discutèrent des événements de la journée. Puis ils commencèrent à réfléchir à un plan d'action afin de résoudre le problème qui avait tout déclenché: le protocole Carthage. Franz Hopper avait déjà une opinion bien tranchée sur le sujet. Il leur dit alors:
« Il va falloir y retourner, mais cette fois il faudra entrer directement dans le bâtiment où se trouve le supercalculateur. Il faut utiliser le protocole Carthage afin de réparer le passé et ainsi faire revenir vôtre amie et les siens en France. »
Mais Odd, qui semblait réticent à retourner là-bas, déclara:
« Ouais, ben moi, si c'est pour me retrouver encore dans la gadoue et me faire canarder comme Ulrich, c'est pas la peine!
- Il n'y a pas de quoi t'inquiéter cette fois-ci! Avec l'interpolation entre le supercalculateur de l'usine et celui que j'ai trouvé a trouvé à Lyon, la translation sera bien plus précise que la première fois! » lui répondit Jérémie.
- « Oui, mais sans vouloir jouer les rabat-joie, maintenant, il y aura des gardes partout! Ça va être super compliqué pour réussir vôtre plan! » rétorqua William.
- « À l'extérieur des bâtiments, oui! Mais pas à l'intérieur! Car ils ne s'attendent pas à nous voir arriver directement dans leurs locaux! Et en plus les chercheurs et techniciens ne travaillent pas de nuit. C'est pourquoi j'avais pensé à ce que cela se déroule ce soir vers vingt-deux heures. » répondit Franz.
- « Et d'après mes calculs, je devrais pouvoir vous translater à l'endroit précis à quelques mètres près! » rajouta Jérémie, histoire d'enfoncer le clou. « En plus j'ai réussi à récupérer les données concernant vos déplacements dans la base militaire. Et vu que j'avais pas de plan précis, j'ai utilisé le satellite que XANA avait utilisé pour faire une cartographie du centre. J'ai ainsi réussi à obtenir les coordonnées exactes de l'endroit où se trouve ce supercalculateur!
- Comme ça, tu nous translate directement auprès de l'engin et fini les dangers! » dit alors Aélita, avec plein d'étoiles dans les yeux en regardant son petit ami.
Jérémie ne savait plus trop où se mettre en la voyant le regarder comme cela en présence de son père. La situation n'échappa pas à Odd et Ulrich, qui les regardaient amusés. Ulrich chuchota à l'oreille du blondinet excentrique de ne faire aucune remarque car cela l'amusait beaucoup de voir Jérémie embarrassé comme cela devant Aélita en ne sachant pas quoi répondre. Odd se retourna vers lui en répondant avec un regard complice et qui laissait paraître son accord avec son ami. L'espace de quelques instants, aucune voix ne se fit entendre pendant quelques secondes. Puis Franz, sentant comme un malaise de la part de Jérémie, reprit la parole:
« Il faudra aussi détruire le supercalculateur pour empêcher le programme militaire de reprendre une fois pour toute. »
Jérémie, se ressaisissant, dit alors:
« Oui, mais il vaut mieux d'abord faire une copie du protocole dans le supercalculateur de l'usine, au cas où ça se passerait mal là-bas! On ne sait jamais! »
Franz et les autres acquiescèrent. Ils restèrent encore quelques minutes dans la grande demeure à discuter du sujet. Puis les cinq adolescents rentrèrent au collège après qu'Aélita ait dit au revoir à son père. Ils y arrivèrent vers dix-neuf heures trente, juste pour le diner. Au menu, le plat préféré de Odd: couscous boulettes! Quand ce fut fini, ils remontèrent dans la chambre de Jérémie afin d'attendre l'heure du rendez-vous fixé par Franz Hopper. Jérémie et Aélita s'affairaient sur le PC de la chambre, alors que Odd, Ulrich et William discutaient de l'épaule d'Ulrich.
Le temps était passé très vite. Il était déjà vingt-et-une heures cinquante. Il faisait déjà nuit noire. Les lyokoguerriers se rendirent à l'usine. Ils y retrouvèrent Franz Hopper comme convenu. Celui-ci les attendait à l'entrée du monte-charge. Ils y montèrent tous puis descendirent au labo. Jérémie et Ulrich descendirent du monte-charge tandis que les quatre autres continuèrent leur plongée dans les entrailles de la vieille usine. Au labo, le petit génie s'installa sur son siège alors qu'Ulrich s'était assis en bas d'un des murs de la pièce. Ils avaient tous convenu que le blessé ne devait pas venir avec eux car il aurait peut-être ralenti leur fuite si leur opération venait à mal tourner. Un étage plus bas, Odd et William rentrèrent les premiers dans les scanners. La voix de Jérémie se fit alors entendre:
« Vous êtes prêts, les gars?
- Oui! » répondirent les trois garçons dans les scanners.
- « Transfert Odd! Transfert William! Scanner Odd! Scanner William! Virtualisation! »
Les garçons se retrouvèrent directement dans le garage Skid. Jérémie leur demanda alors:
« Tout va bien, les gars?
- Ouais, t'inquiètes! Tu peux envoyer Aélita et son père! » répondit Ulrich.
- « OK! Bien reçu! »
Jérémie dit alors à Aélita et Franz Hopper de monter dans les scanners. Franz avait toujours une petite appréhension à y rentrer, contrairement à sa fille. Jérémie leur demanda alors:
« Aélita, Franz, vous êtes prêts?
- Oui! » répondirent-ils.
- « Transfert Aélita! Transfert Franz! Scanner Aélita! Scanner Franz! Virtualisation! »
Peu après, le père et sa fille firent leur apparition dans le garage du vaisseau.
« C'est bon, Jérémie! On y est! » dit Aélita
- « OK! Maintenant, tout le monde sur le pont d'embarquement du Skid! Attention au départ! » leur lança Jérémie.
- « Tu sais, tu devrais vraiment te renseigner pour devenir chef de gare! Je te jure!» rétorqua Odd sur un ton sarcastique.
- « Qu'est-ce que tu crois que je faisais ce midi quand vous étiez là-bas? » répondit Jérémie sur le même ton.
Puis les cinq voyageurs se retrouvèrent dans le Skid. Quand tout le monde fut à sa place, Aélita fit décoller l'engin et le fit sortir du garage. Puis le vaisseau et ses occupants se dirigèrent vers le pôle sud du cinquième territoire et la salle du cœur de Lyoko. Une fois arrivés à proximité de celui-ci, Aélita mit en marche le protocole de mise en place de la connexion. Un faisceau blanc fit alors son apparition entre le Skid et le cœur de Lyoko. La connexion était maintenant établie. Jérémie leur demanda alors:
« Vous êtes prêts pour la translation?
- On est prêts, Einstein! » répondit Odd.
- Bien reçu! »
Puis Jérémie translata tous les occupants du Skid. Ils arrivèrent tous directement dans la Cuve. Mais pas tous au même endroit. Aélita et William étaient assis sur des bureaux éloignés du centre de la pièce circulaire d'où remontaient de grosses gaines de ventilation, tandis que Franz était à mi-chemin entre eux et le fameux point central de l'endroit. Odd, lui, avait eu moins de chance.
« Dis donc, Einstein! Pour la précision, ça reste à voir! Maintenant, je suis sur des gros trucs accrochés au plafond! Et y a pas moyen de descendre! Bonjour l'efficacité! »
En effet, il avait atterri sur l'un des écrans géants de la grande pièce et il n'y avait pas de moyen sûr d'en descendre pour rejoindre les autres en bas. Les autres, en voyant la situation, se mirent à pouffer de rire.
« Ben dis donc, Odd! Tu t'es pris pour une hôtesse de l'air? » lui lança William.
- « Toujours plus haut! C'est ma devise! » lui répondit le petit blond à la voix de crécelle.
- « Bon! Pas le temps de rigoler! On a du boulot, je vous le rappelle! Odd, restes où tu es, je crois que ça vaut mieux pour toi. » déclara Jérémie.
Aélita, Franz et William se regroupèrent et s'installèrent à un poste informatique et l'allumèrent. Puis ils commencèrent à transmettre une copie du protocole Carthage ainsi que les données associées à Jérémie via un petit boitier virtuel que le petit génie avait inventé quelques temps avant tout cela, pendant son temps perdu. Quand soudain, une porte s'ouvrit brusquement dans le fond de la pièce, laissant apparaître un garde armé. Aélita, Franz et William avaient juste eu le temps de se cacher sous les bureaux sans faire de bruit tandis que Odd s'était reculé du bord et accroupi pour échapper à la vue du soldat. Celui-ci resta quelques instants dans la pièce à se promener entre quelques rangées de bureaux. Ne remarquant rien de suspect à ses yeux, il ressortit de la salle en claquant la porte. Dès lors, les quatre intrus sortirent tous de leurs cachettes.
Quelques secondes après la sortie du garde, Jérémie leur signifia que le transfert de données était terminé et qu'ils pouvaient à présent détruire le supercalculateur et le protocole Carthage avec lui. Mais Franz leur demanda d'attendre un peu. Il prit alors la souris du poste informatique où il se trouvait et se mit ensuite à explorer les données depuis le poste informatique où ils étaient installés. Aélita ne comprenait pas ce qu'il faisait.
« Mais qu'est-ce que tu fais, Papa? On n'a pas le temps! On ne doit pas s'éterniser ici! » lui dit-elle.
- « Je fouille les données pour chercher quelque chose! » répondit Franz.
- « Mais chercher quoi, Papa?
- Les traces de ton petit frère... » dit-il en soupirant.
En entendant cela, tous furent stupéfaits de l'annonce que Franz venait de faire, aussi bien dans la cuve qu'à l'usine. Franz, lui, continuait impassiblement ce qu'il était en train de faire. Il s'était rendu compte qu'il venait de faire une boulette et que, maintenant, il devait tout lui dire ainsi qu'aux autres.
« Mais qu'est-ce que tu racontes? Je n'ai jamais eu de petit frère! » dit Aélita.
- « C'est ce que je croyais jusqu'à ce midi, quand ta mère m'a dit que... » commença Franz.
- « Quoi? Maman est vivante? Mais pourquoi ne me l'as-tu pas dit?
- Je voulais te l'annoncer cet après-midi mais je ne savais pas comment faire. Excuses-moi ma chérie, je n'ai pas voulu te faire de mal. » déclara alors Franz en se retournant vers sa fille qui se tenait à ses côtés.
Aélita était submergée par ses émotions. Des larmes perlèrent à ses yeux. Franz la serra dans ses bras. Il s'en voulait d'avoir annoncé cela aussi brusquement. Puis il lui dit:
« Ne t'inquiètes pas pour ta mère. Elle va bien. Et je crois que j'ai un plan pour la sortir d'où elle est. Maintenant, laisse-moi finir ce que je suis en train de faire. Je t'expliquerais tout quand on sera rentré à l'usine. »
Puis il recommença à étudier le reste du contenu des données qu'il avait trouvé quelques instants plus tôt. Plus précisément, il recherchait dans le registre des adoptions. Au bout de quelques minutes, il s'arrêta sur un nom. Il en avait toujours été convaincu. Ce qu'il ressentait était donc bien réel. Il l'avait instinctivement reconnu, comme un père est capable de reconnaître son fils (ou sa fille) parmi mille. Ce nom, c'était...
Fin de l'épisode 19
Épisode 20: « Baroud d'honneur »
Ce nom, c'était bien celui qu'il croyait. Mais comment cela était-il possible? Lui qui était ami avec sa fille, ou plutôt sa sœur sans le savoir. Et de plus, vivant à proximité de l'usine où son propre père avait installé le supercalculateur.
« Quelle ironie du sort! » pensa-t-il.
Aélita remarqua que son père semblait réfléchir depuis quelques instants. Elle lui demanda:
« Papa? Tu l'as retrouvé?
- Heu... Oui... Mais je préfère attendre qu'on soit à l'usine pour te le dire... » dit-il, l'air déboussolé par ce qui venait de lui être confirmé.
Puis il se leva. Il s'apprêtait à éteindre le poste informatique qu'ils avaient allumé quand une alarme résonna dans la grande pièce. Puis ils virent s'afficher sur l'écran géant où était assit Odd un logo noir qu'ils ne connaissaient que trop bien.
« Ho, non! XANA!* » s'écria Aélita.
- « Quoi?! » s'exclama Jérémie, qui ne s'attendait pas à entendre ce nom à nouveau dans une telle situation.
- « Aélita! William! Détruisez le supercalculateur! Maintenant! » leur cria Ulrich, qui avait bondit en entendant Aélita.
- « On veut bien! Mais il est où cet engin de malheur? » demanda William, ne sachant pas par où aller.
- « Suivez-moi! Je crois savoir où il se trouve! » répondit Franz.
Franz se leva de son siège et se dirigea vers le puits central de la pièce, suivi par Aélita et William, bien décidés à en découdre une bonne fois pour toute avec leur ennemi juré. Une fois au bord de la cavité profonde d'une dizaine de mètres et où s'enfonçaient les gaines de ventilation provenant du toit ainsi que de grosses nappes de câbles en tous genres reliant le supercalculateur aux divers postes de contrôle dans la pièce, Franz leur dit:
« Voilà, le supercalculateur est au fond de ce trou! »
Aélita se concentra quelques instants pour générer un champ de force qu'elle voulait radical envers la machine quantique qui se trouvait plus bas. Quand ce fut fait, elle l'envoya vers son objectif. Simultanément, William avait brandi sa longue et lourde épée au dessus de sa tête puis l'avait abaissée brusquement pour envoyer une onde de choc en même temps qu'Aélita. Quelques instants plus tard, rien ne se produisit. Comme si le supercalculateur semblait avoir encaissé le choc.
« Un coup pour rien! On recommence! » déclara William.
Ils s'apprêtaient à réitérer leur attaque quand la porte d'accès de la salle s'ouvrit sur Marc et ses collègues. Ils avaient été appelés en catastrophe pour essayer de contrôler le supercalculateur. Ils furent stupéfaits de trouver des intrus dans ce lieu. En effet, les assaillants du supercalculateur n'avaient cette fois ci pas eu le temps de se cacher, sauf Odd qui était toujours sur son écran géant et qu'ils n'avaient pas vu. Marc leur demanda:
« Mais qui êtes-vous?? Qu'est-ce que vous faites là?? Et comment êtes-vous entrés?? »
Aélita, Franz et William se retournèrent vers eux, ne sachant pas quoi répondre. Entre temps, l'un des techniciens avait appelé les gardes. Ceux-ci firent leur entrée arme au poing dans la Cuve en bousculant quelque peu les ingénieurs et techniciens qui se trouvaient dans leur passage. Ils n'eurent pas le temps de tenir les intrus en joue qu'une colonne de fumée s'éleva du puits au fond duquel se trouvait le supercalculateur. Aélita se retourna une dernière fois vers le supercalculateur et vit ce qui s'échappait du fond du puits.
« Papa! Regarde! On a réussi! » dit Aélita.
Franz et William se retournèrent et virent ce qui était en train de se passer dans leur dos. Mais très vite ils durent se rendre compte que ce n'était pas de la simple fumée car la colonne se mit à se déplacer anormalement, ce qui surprit les soldats qui en restèrent bouche bée. C'était une manifestation claire et nette de XANA. En effet, après s'être élevée dans les airs, le haut de la colonne de fumée commença à redescendre à vive allure sur Aélita, Franz et William en se scindant en trois. Ces derniers se séparèrent et se mirent à courir dans les allées entre les pupitres pour fuir XANA qui tentait de prendre une dernière fois possession de leurs corps. Cette fois, c'était XANA ou eux. Il fallait à tout prix qu'ils leur échappent. Odd qui ne savait quoi faire et qui, en plus n'était pas poursuivi par XANA, se décida à sauter du haut de son écran pour venir en aide à ses amis.
Puis soudain, un cri sourd se fit entendre. Les trois colonnes de fumée s'arrêtèrent dans leur poursuite, comme paralysées dans leur élan. Puis elles commencèrent à se tordre dans tous les sens, comme si elles se tordaient de douleur. Odd, qui venait d'atterrir à proximité du bord du puits central, jeta un coup d'œil au fond de celui-ci. Il vit alors quelques étincelles orangées et des arcs électriques bleus jaillir du supercalculateur.
« Venez voir! » dit-il alors à ses trois amis présents en montrant le fond du puits et le supercalculateur du doigt.
Ce qu'ils firent sans tarder. Quand ils virent cela, ils surent que tout allait enfin finir. XANA allait enfin disparaître pour de bon. Et ils allaient pouvoir résoudre leurs derniers problèmes sans encombres. À la vue des étincelles de plus en plus nombreuses et des arcs électriques de plus en plus intenses dans le supercalculateur, William déclara:
« Faut pas trainer ici, ça va exploser! »
- « Vous n'irez nulle part! » lui lança alors un garde qui venait de se ressaisir.
- « Jérémie! Détranslate-nous tout de suite! » cria Aélita.
Jérémie ne fit ni une ni deux et les ramena dans le Skid sur le champ. Les gardes n'eurent pas le temps de réagir que leurs prisonniers avaient disparu sous leurs yeux sans qu'ils puissent rein y faire. Pendant ce temps, les trois colonnes de fumée continuaient de crier. En fait, c'était XANA qui hurlait à la mort car il savait qu'il allait disparaître à tout jamais. Il en avait bien conscience car il se rendait compte qu'il avait commis une énorme erreur dans son plan. Cette même erreur l'avait conduit tout droit à sa perte et il ne pouvait rien pour éviter cette fin tragique pour lui. Il n'avait fait qu'une seule sauvegarde de lui-même et n'avait pas prévu le cas où il se retrouverait confiné dans un supercalculateur qui n'aurait aucune connexion avec un quelconque réseau informatique extérieur.
Des étincelles jaillissaient de plus en plus haut du puits, accompagnées par des arcs électriques. Des explosions se faisaient entendre depuis le fond de la cavité, projetant des morceaux de matière incandescente sur les pupitres alentours. Puis la lumière s'éteignit à cause d'un court-circuit produit par l'incendie et les hurlements de XANA cessèrent enfin. Les soldats firent alors évacuer les autres personnes présentes dans la Cuve. Le feu avait pris de l'ampleur et ils ne pouvaient plus en venir à bout par eux-mêmes avec de simples extincteurs. Ils alertèrent alors la brigade de pompiers du centre militaire qui rappliqua en quatrième vitesse. Mais quand ils furent sur place, c'était trop tard. Ils ne pouvaient plus circonscrire l'incendie et n'avaient d'autre choix que de laisser bruler l'édifice et son contenu en s'assurant qu'il n'y avait plus personne à l'intérieur.
L'incendie était si violent qu'on pouvait voir à plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde une énorme colonne de flammes orangées danser dans les airs au beau milieu de cette sombre nuit d'hiver sans lune. Les habitants des environs, voyant cela, n'avaient pu s'empêcher d'affluer vers les hauts grillages entourant le centre militaire. Ils étaient tellement nombreux que les gardes en poste dans les miradors autour du camp avaient dû en descendre pour leur dire de s'éloigner un peu du dispositif de sécurité car ils risquaient à tout moment de faire basculer le grillage derrière lequel ils étaient tous amassés sur celui un peu plus loin qui, celui-là, était électrifié. Aucun d'entre eux, aussi bien civiles que militaires n'avaient jamais vu un tel spectacle.
Pendant ce temps, à l'usine, Aélita avait mis fin à la connexion entre le Skid et le cœur de Lyoko. Elle avait ensuite ramené l'engin dans son garage et tout le monde fut dévirtualisé. À la sortie des scanners, Odd ne put s'empêcher de dire:
« Pfou! On a eu chaud, cette fois-ci!
- Ouais, mais cette fois, XANA est bien tout ce qu'il y a de plus mort! Et on va pas le regretter! » ajouta William.
- « C'était son baroud d'honneur, son ultime combat. Cette fois, il n'existe plus. Nous pouvons enfin vivre tranquillement sans avoir à craindre une quelconque de ses attaques. » déclara Franz Hopper.
Puis ils remontèrent au labo via le monte-charge pour y retrouver Ulrich et Jérémie. C'est alors qu'Aélita demanda des explications à son père à propos de ce qu'il leur avait révélé un peu plus tôt. Celui-ci se frotta le menton en réfléchissant à la manière dont il allait faire son annonce pour ne pas les choquer. Car, après tout, eux ne s'attendaient pas à une telle nouvelle et cela risquait de les bouleverser plus que tout au monde, surtout Aélita qui venait en plus d'apprendre que sa mère était bien vivante. Puis vint le moment de se lancer.
« Bon... Je tiens à vous prévenir... Ça va vous faire un choc. Surtout pour Aélita et l'un d'entre vous! »
Les cinq adolescents, écoutant Franz religieusement, se regardaient tous. Qu'avait-il de si important à leur annoncer? Et qui allait être choqué plus que les autres et pourquoi? Ils n'osaient pas trop lui poser cette question et laissèrent Franz continuer ce qu'il avait à dire.
« Mais d'abord, je dois vous dire ce que j'ai fait ce midi. Je me suis laissé capturer car, quand je travaillais sur le projet Carthage comme on l'appelait à l'époque, j'avais entendu parler d'un lieu appelé la Cave et dont tous ceux qui y rentraient de force n'en ressortaient pas vivants. J'ai donc décidé de vérifier cela. Et je n'ai pas été déçu car ce lieu existe vraiment et en plus j'y ai retrouvé ta mère, Aélita. »
En entendant cette phrase, Aélita avait les larmes aux yeux. Elle sentait son cœur se remplir de peine et de chagrin. Elle sentait aussi monter en elle un sentiment de haine et de colère envers les hommes en noir et tous ceux qui travaillaient dans ce centre. Franz avait bien vu dans quel état de nervosité et de souffrance se trouvait sa fille à ce moment-là mais il décida de continuer car il fallait qu'ils sachent, elle et son frère qui ignoraient leur lien de parenté.
« C'est là qu'elle m'a dit que le jour où elle avait été enlevée, elle venait d'apprendre qu'elle était enceinte. Elle n'a même pas eu le temps de me l'annoncer car les hommes en noir l'ont kidnappée à la sortie de chez le gynécologue d'où elle sortait. Et l'enfant est né dans la cellule de ta mère. Elle m'a dit que c'était un magnifique petit garçon.
- Et cet enfant, qu'est-il devenu? » demanda Odd, horrifié tout autant que les autres en apprenant ce qui était arrivé à Anthéa et son fils.
- « Ils le lui ont enlevé alors qu'elle avait eu à peine le temps de le prendre avec elle pour le serrer dans ses bras. Et ils l'ont mis à l'adoption. » répondit Franz, avec des larmes qui commençaient à perler au coin de ses yeux.
Il s'arrêta un instant pour se ressaisir à cause des émotions qui commençaient à le submerger. Il ajouta alors:
« J'ai réussi à retrouver la trace de ton petit frère, Aélita. Et c'est là que quelqu'un d'autre parmi vous va être bouleversé car... Il se trouve que... C'est mon fils et le frère d'Aélita. »
Franz cessa de parler, laissant un grand silence pesant s'installer dans le labo. L'un d'entre eux allait apprendre qu'il avait été adopté alors qu'il ne s'en doutait pas. Les quatre garçons se regardaient tous les uns après les autres avec de grands yeux. Mais de qui s'agissait-il? Chacun essayait de deviner de qui il s'agissait mais ils avaient tellement de mal à croire ce que venait de leur révéler Franz qu'ils n'osaient pas faire un quelconque pronostic.
Jérémie? Il est vrai qu'il était plutôt doué pour l'informatique, mais il n'avait aucune ressemblance avec Franz ni Aélita. De plus, il sortait avec elle, et Franz sachant cela aurait dû les en empêcher et les mettre au courant. À moins qu'il n'ait préféré attendre car, comme il l'avait dit, cette nouvelle allait être bouleversante, et qu'il n'ait pas voulu les effrayer et briser les liens qui les unissaient. Ils s'entendaient si bien, presque comme un frère et sa sœur. Odd, alors? Lui non plus ne ressemblait pas à Franz. Cela dit, son côté excentrique pouvait provenir d'Anthéa, vu que c'était lui le seul « original » de sa famille. Et comme personne d'autre que Franz ne connaissait vraiment le caractère de la mère d'Aélita, ils ne pouvaient pas en être sûrs. Et Ulrich? Ses parents le lui auraient fait comprendre très tôt, vu la manière dont ils se comportent avec lui. Et aux vues de leur statut social, ils auraient pu penser que cela aurait été mal vu par leur entourage et leur famille. Et puis, il s'entendait très bien avec ses cousins et cousines. Dans ce cas, serait-ce William? Il avait un an de plus que les autres, alors ce ne pouvait pas être lui... Sauf si... Franz et Anthéa s'étaient trompés d'un an dans la date de naissance de leur fils! Et là, ça changeait tout!
Malgré tous ces arguments, ils n'arrivaient pas à déterminer de qui Franz parlait. Celui-ci demanda à Jérémie de lui laisser son fauteuil, ce qu'il fit sans broncher. Franz s'installa dans le fauteuil et commença à rechercher dans les données récupérées du centre militaire la preuve de ce qu'il avançait. Au bout de quelques instants, il y parvint et demanda à tout le monde de s'approcher pour voir. Les cinq adolescents s'exécutèrent et virent à l'écran une fiche d'état civile avec les nom, prénom de l'un d'entre eux.
On pouvait notamment y lire:
Nom: STERN (Né sous X)
Prénom: Ulrich
Date de naissance:17 août 1993
Lieu de naissance: Clermont-Ferrand (63)
Date d'adoption: 7 septembre 1993
Par: M. STERN, Édouard, Jean et Mme STERN, Marie-Agnès, Sylvaine
...
Quand ils virent cela, ils restèrent sans voix. Ulrich, lui, posa sa main gauche sur sa bouche. Il avait les yeux remplis de larmes. Il n'arrivait pas à y croire. Puis il partit en courant vers le monte-charge en criant:
« Non! C'est pas possible! Pas moi! »
Les portes du monte-charges se refermèrent rapidement et personne n'eut le temps de le rattraper. Une foule de questions lui submergeait l'esprit. Pourquoi lui? Pourquoi ses parents ne lui avaient rien dit? Après tout, il était en âge de comprendre. Du moins le pensait-il. Cela expliquait-il la froideur de ses parents envers lui? Et puis par quel hasard s'était-il retrouvé avec sa sœur dans le même collège? Comment se faisait-il aussi qu'il ne trouvait pas de ressemblance entre lui et Aélita? Il était totalement déboussolé. Il ne savait plus quoi penser. Quand le monte-charge arriva au rez-de-chaussée de l'usine, il sortit et se précipita aussi vite qu'il put hors du lieu pour se réfugier dans sa chambre au collège.
Dans le labo, Odd tenta de le rattraper en passant par les escaliers suivi par William. Mais quand ils arrivèrent au niveau du monte-charge, ils constatèrent que leur ami était parti de l'usine depuis un petit moment déjà.
« Le pauvre! Ça a dû sacrément le choquer d'apprendre ça comme ça! » dit Odd
- « Ouais! Mais j'espère qu'il va pas faire une connerie! » lui répondit William, inquiet.
En bas, Aélita et Jérémie n'en revenaient toujours pas. Ulrich Stern n'était autre que le petit frère d'Aélita. Tout cela les perturbait. Ils étaient un peu perdus. Aélita serra alors très fort son père dans ses bras. Franz se laissa faire et la serra tendrement contre lui. Ils avaient tous les deux eu leur dose d'émotions fortes pour la journée. Ils décidèrent avec Jérémie de rentrer car il commençait à se faire tard. Ils firent descendre le monte-charge jusqu'au labo et l'empruntèrent pour remonter à la surface. Ils y retrouvèrent Odd et William qui les y attendaient.
« Et Ulrich? » demanda Aélita.
- « Parti avant qu'on arrive! » répondit Odd, un brin ennuyé.
- « Ha... OK... On le retrouvera demain, alors... » dit Aélita, déçue.
Puis avant de séparer pour la nuit, Aélita et Franz se serrèrent une dernière fois dans les bras. En se décollant l'un de l'autre, Franz lui dit:
« Ne t'en fais pas pour ton frère. Laisse lui le temps, il en a besoin. Et ne t'en fais pas non plus pour ta mère, j'ai un plan pour la sortir de là où elle est. »
Ils se regardèrent une dernière fois sous les yeux attendris des trois garçons encore présents. Aélita dit à son père:
« Je t'aime, Papa.
- Moi aussi, ma chérie, je t'aime » lui répondit-il. « Maintenant, dépêchez-vous de rentrer, il se fait tard et demain, une longue journée mous attend. À demain, ma chérie. À demain tout le monde.
- À demain! » répondirent les jeunes tous ensemble.
Les quatre adolescents encore présents lui obéirent et retournèrent directement à l'internat du collège pendant que Franz rentrait à l'Ermitage, soulagé et déçu à la fois. Soulagé car il n'avait plus ce fardeau qui l'avait taraudé toute l'après-midi à porter. Et déçu de lui-même pour la façon dont il avait appris à Ulrich qu'il était son fils. Il comprenait le choc que cela lui avait fait. Il s'en voulait d'avoir été si peu délicat avec lui à ce sujet. Plus il y repensait et plus il se disait qu'il aurait mieux fait d'attendre le lendemain pour le leur annoncer et surtout pour les y préparer psychologiquement. Pendant ce temps, sur le chemin de Kadic, les quatre internes discutaient.
« Pauvre Ulrich! Ça doit lui faire bizarre de savoir qu'il a été adopté! » déclara Odd.
- « Ouais! Ça doit être dur pour lui. » ajouta William.
- « Et moi donc? » leur lança Aélita. « Non seulement, je viens d'apprendre que ma mère est vivante mais en plus que Ulrich est en fait mon petit frère!
- « Ouais, t'as raison! Mais techniquement, Ulrich a un an de plus que toi et en plus il est plus grand que toi, donc c'est plutôt ton grand frère, non? » lui répondit Odd, avec un air malicieux et pour détendre l'atmosphère.
- « Je m'inquiète pour lui. Je ne l'ai jamais vu comme ça! » dit Jérémie.
- « T'inquiètes pas, Einstein. Je suis sûr qu'on va le retrouver assis sur son lit avec l'envie de ne parler à personne! Allez, venez! On va lui remonter le moral! » rétorqua Odd.
Ils arrivèrent au collège vers vingt-deux heures trente huit. Ils se dirigèrent alors vers la chambre de Odd et Ulrich. Ils furent rapidement devant la porte. Plus personne ne disait un mot. Odd saisit la poignée et la fit tourner lentement afin d'ouvrir la porte sans bruit. Quand ils pénétrèrent dans la pièce, ils furent surpris de constater que leur ami n'y était pas. Où avait-il donc bien pu aller? Visiblement, ils avaient sous-estimé l'ampleur du bouleversement qu'avait ressenti Ulrich un peu plus tôt. Ils commencèrent à s'inquiéter pour lui, d'autant qu'ils n'avaient aucune idée d'où il avait pu trouver refuge.
Fin de l'épisode 20
*:Pour ceux qui n'avaient toujours as compris: Udanax, à l'envers c'est Xanadu!
Et là j'en entends quelques uns qui se demandent: "Oui mais pourquoi Xanadu et pas Xana?"
Là, j'ai envie de répondre: "Je sais pas! Peut-être un petit hommage à Garage Kids parce que c'est le nom que portait alors Lyoko dedans..."
Épisode 21: « Clash »
« Mais où est-ce qu'il est? » demanda Odd, qui s'attendait à retrouver son ami en ce lieu.
- « Halala ! Pourvu qu'il ait pas fait une connerie!. » dit alors William, inquiet en se tenant la tête entre les mains.
- « Qu'est-ce que tu veux dire? » interrogea Aélita.
- « Il a peut-être fait une fugue... » répondit-il.
- « Non! Pas Ulrich! Alors maintenant t'arrêtes avec tes conneries! » renchérit Jérémie. « Il est assez grand pour se dire que ça ne servira à rien et que ça ne fera pas avancer les choses! »
- « Qu'est-ce que t'en sais? » rétorqua William.
- « Tais-toi avec tes idées à la con sinon c'est moi qui vais te donner l'envie de fuguer! Et là, tu vas comprendre ta douleur, crois-moi! » coupa Odd avec un ton qui laissait clairement paraître que ces remarques de mauvaise augure l'excédaient plus que tout. « Si ça se trouve, il est passé par ici et il a pris quelques affaires. Maintenant, aidez-moi à trouver ce qui manque! »
Puis le blondinet, aidé par les trois autres, inspecta la chambre de fond en comble à la recherche d'indices qui le mettraient sur la voie pour retrouver Ulrich. Odd et Jérémie fouillaient dans l'armoire tandis qu'Aélita jetait un œil dans les tiroirs situés sous le lit du brun ténébreux. William, lui, vexé par la remarque de Odd, s'en alla en disant:
« Bon, je vais inspecter le collège, histoire de voir s'il s'y est caché. À plus tard! »
Puis il s'éloigna de la chambre. Les trois autres s'affairaient dans la chambre quand, au bout de quelques minutes, ils durent se rendre compte que rien ne semblait manquer. Rien? Peut-être pas. Odd, qui réfléchissait depuis quelques instants en se grattant la tête, déclara:
« C'est marrant, j'ai l'impression qu'il manque quelque chose mais je sais pas quoi...
- Odd! On a fouillé partout et on n'a rien remarqué qui ait disparu! » répondit Aélita, désespérée.
- « Ha! Je sais! Son journal intime! Je savais qu'on avait oublié un truc! » rétorqua Odd.
Il s'approcha alors du lit d'Ulrich et s'accroupit. Il tira l'un des tiroirs de sous le lit et l'enleva, laissant l'espace libre. Odd baissa la tête pour inspecter la cavité qu'il venait de créer.
« Il n'est plus là! » dit-il en retournant la tête vers ses deux amis.
- « T'en es sûr? » demanda Jérémie.
- « Certain! » répondit Odd.
- « Mais dis donc?! comment tu sais où Ulrich cachait son journal intime, toi, d'abord?! » dit Aélita, étonnée qu'il sache cela.
- « Moi?! Heu... Ben... Heu... » répondit Odd, tout gêné. « Ben... Je l'ai vu faire, une fois... Quand je faisais semblant de dormir...
- Ben c'est sympa, ça! Quand Ulrich le saura...! » rétorqua Jérémie.
- « Ho non, s'il vous plaît! Ne lui dites pas! il va m'en vouloir à mort! » supplia-t-il.
Les deux amoureux se regardèrent l'un l'autre. Après quelques secondes, ils se firent un petit sourire
et se retournèrent vers Odd qui s'était mis à genoux à leurs pieds avec les mains jointes comme pour prier.
« OK, mais dans ce cas, tu arrêtes de nous réclamer nos parts à tous les repas! Sinon on dit lui tout! » déclara Jérémie, avec le sourire aux lèvres.
- « Ouais! On en a marre de pas manger à nôtre fin à chaque repas! » rajouta Aélita avant de lâcher un petit rire moqueur.
- « Ho! » répondit Odd, outré par ce qu'il venait d'entendre. « Dites tout de suite que je suis un tyran aussi pendant que vous y êtes!
- Parfaitement! C'est exactement ça! Alors, c'est oui ou c'est non? Réfléchis bien, Odd! » demanda Jérémie, en continuant à taquiner Odd.
- « OK! OK! Mais c'est bien parce que c'est vous! » capitula le blond à la coiffure extravagante.
Pendant ce temps, tout en haut des escaliers, Sissi, qui errait dans les couloirs de Kadic telle un zombie, regardait l'échelle qui permettait d'accéder au grenier. Elle semblait ne pas être dans son état normal. Comme si elle n'était plus elle-même. Elle gravit les échelons un à un, puis une fois en haut, ouvrit la trappe d'accès au grenier. Elle finit alors de monter l'échelle. Elle entendit alors une voix:
« Sissi?! Mais qu'est-ce que tu viens faire ici?!
- Hein...? Ben... Je sais pas... Et toi? Qu'est-ce que tu fais ici? » répondit-elle avec un ton et une attitude étrangement mous et distants à la fois.
Comme si elle était décérébrée. Ils restèrent se regarder quelques instants sans bouger. Puis elle finit de rentrer dans le grenier et referma la trappe derrière elle, replongeant ainsi le grenier dans la pénombre.
« Moi? je réfléchissais à des trucs que je viens d'apprendre sur moi. Mais toi, t'es sûre que ça va, Sissi? On aurait dit que t'es pas dans ton état normal...
- Ben oui, pourquoi?? Et puis pourquoi tu m'appelles Sissi? Y a que mon Papa qui m'appelle comme ça!
- Heu... Excuses-moi... Je... »
Il ne savait plus quoi répondre. Il n'osait pas lui dire pour ne pas la vexer, mais il avait l'impression qu'elle avait une case en moins depuis la dernière fois qu'il l'avait vue. Il la trouvait bien différente d'avant. Comme si elle était retombée en enfance mais dans son corps d'adolescente.
« Encore une trace de XANA! » pensa-t-il.
Elle s'avança à quatre pattes vers lui et s'assit en face de lui et le regarda dans les yeux. Lui, il était assis sur le sol contre une grosse caisse en bois, avec son journal intime sur les genoux et dans lequel il était en train d'écrire quelques instants plus tôt avant que Sissi ne fasse son apparition dans sa cachette. Elle resta quelques instants à le regarder intensément. Il eût alors l'impression qu'elle pouvait ressentir toute la peine et la douleur qu'il avait dans le cœur.
« Pourquoi tu pleures, Ulrich? » demanda-t-elle alors.
- « C'est rien, ça va passer. » répondit-il timidement en s'essuyant les yeux.
Effectivement, il avait les larmes aux yeux. Il avait aussi l'esprit plein de questions existentielles depuis qu'il était parti de l'usine en courant. Que devait-il faire? Que devait-il dire à ses parents? Devait-il seulement leur dire? Et puis comment réagir face à Aélita et Franz? Tout allait être différent, maintenant. Si seulement il pouvait oublier tout ça. Sissi se rapprocha encore de lui et vint s'asseoir à sa gauche puis posa sa tête sur son épaule. Elle lui saisit ensuite le bras pour le serrer contre elle. Elle lui dit alors:
« Merci, Ulrich.
- Heu... Pour quoi? » lui répondit-il, étonné.
- « Merci d'être gentil avec moi.
- Ha... heu... De rien, Sissi, de rien...
- Tu sais, t'es le seul dans le collège qui ne se moque pas de ma différence. »
Il était maintenant fixé sur l'état de Sissi. Ils restèrent ainsi sans bouger, sans dire un mot. Le temps passant et la fatigue accumulée pendant la journée aidant, ils s'endormirent tous les deux rapidement dans cette position. Quelques étages plus bas, toujours dans la chambre, Odd, Aélita et Jérémie réfléchissaient. Où pouvait bien se trouver leur ami? Ils n'en n'avaient toujours aucune idée. Tout ce qu'ils avaient réussi à déduire de ce qu'ils avaient trouvé, ou plutôt n'avaient pas trouvé, était qu'Ulrich s'était forcément réfugié dans un lieu clos, afin de pouvoir se confier à son journal intime. William, revenant de ses quelques vaines recherches, entra dans la chambre. Il vit alors la mine dépitée des trois autres.
« Alors? Rien de nouveau? » demanda-t-il.
- « Ben, y a son journal intime qui a disparu! » répondit Odd.
- « Et c'est tout? Rien d'autre?
- Non! Par contre, on sait qu'on dit chercher dans un lieu à l'abri des regards indiscrets! »
Ils élaborèrent alors un plan de recherche. William irait voir au sous-sol, Odd dans la remise du jardinier, Jérémie dans le gymnase et Aélita irait vérifier dans tous les toilettes du collège. (On ne sait jamais!). Puis ils se séparèrent pour mettre leur plan en œuvre. Au même instant, dans le grenier, Ulrich fut réveillés par le vibreur de son portable. Il le sortit alors lentement de sa poche pour ne pas réveiller Sissi qui dormait paisiblement à ses côtés. L'expression de son visage changea quand il vit que c'étaient ses parents qui l'appelaient à une heure aussi tardive. Il hésita quelques secondes puis prit son courage à deux mains et décrocha.
« Allô? » dit-il d'une voix basse et sur un ton mal assuré.
- « Allô, Ulrich? C'est ton père! » répondit sèchement son interlocuteur.
- « Heu... Papa? Mais pourquoi tu m'appelles?
- Je viens d'apprendre que tu as dû aller à l'hôpital aujourd'hui! Je peux savoir pourquoi? » déclara le père d'Ulrich sur un ton énervé.
- « Ben, je me suis cassé la clavicule droite.
- Ben voyons! Et on peut savoir comment » rétorqua son père sur un ton inquisiteur.
- « Justement, je sais pas trop comment...
- Tiens donc?! Tu te casses un os et tu ne sais pas comment?! Tu devais encore être en train de faire le pitre avec tes mauvaises fréquentations au lieu de te consacrer à tes études, comme d'habitude!
- Laisse mes amis en dehors de ça! » gronda Ulrich, hors de lui.
- « Ulrich! Je suis ton père! Je n'ai pas à recevoir d'ordres de ta part! C'est compris!
- De toute façon, pour toi, je ne suis qu'un bon à rien!
- Je ne te permets pas de dire ça! Je m'inquiètes pour ton état de santé, figures-toi!
- Ha bon?! Et pourquoi tu ne t'es inquiété de mon sort beaucoup plus tôt dans la journée!
- ULRICH! ARRÊTES!
- NON! ET PUIS JE SAIS QUE VOUS M'AVEZ ADOPTÉ, MAMAN ET TOI! POURQUOI VOUS ME L'AVEZ JAMAIS DIT?! HEIN?! »
Il l'avait dit. C'était sorti tout seul. Au moment où il l'avait dit, des larmes firent leur apparition dans ses yeux puis coulèrent le long de ses joues. Son père se figea en entendant cela. Il ne s'attendait pas à ce que son fils l'apprenne un jour. Il ajouta alors:
« De toute façon, vous ne m'avez jamais montré d'affection, Maman et toi.. Vous vous êtes toujours montré froid avec moi! Pire que des glaçons! Parfois, j'ai l'impression que si je n'existais pas, ça serait pareil pour vous! »
Puis il raccrocha au nez de son père adoptif sans que celui-ci n'ait le temps de se ressaisir et trouver les mots qu'il voulais pour parler à son fils. Tout cela fit l'effet d'une gifle en pleine figure pour le père d'Ulrich. Il s'aperçut qu'il avait tout raté avec lui en plaçant sa réussite personnelle avant son fils et sa famille. Il s'en voulait tellement. Des larmes perlèrent alors dans chacun de ses yeux. Il se rendit compte qu'il était en train de perdre son unique enfant par sa négligeance. Quel père avait-il donc été pour son fils? Toujours absent, ne lui montrant jamais la moindre affection, privilégiant toujours son travail à sa vie de famille. D'ailleurs, avaient-ils réellement une vie de famille? Il partait tôt le matin et rentrait tard le soir, il ne voyait sa femme que pour le petit déjeuner et le dîner, et leur fils était dans un internat, loin de chez eux. Il ne voyait donc jamais ses propres parents. Il se rendit compte alors qu'ils n'avaient plus fait de projets ensemble depuis plusieurs années, lui et sa femme. Sa femme, qui se tenait à côté de lui, le vit blêmir quand il fit face à toutes ces pensées. Elle se rapprocha encore de lui et lui demanda:
« Édouard? Ça va? Que se passe-t-il? »
Il décolla le combiné du téléphone de son oreille et raccrocha. Il tourna lentement la tête vers sa femme et la regarda avec un air décontenancé.
« Il sait... Il est au courant... » déclara-t-il.
- « Au courant de quoi? » demanda sa femme, qui ne comprenait pas.
- « Il sait qu'on l'a adopté » répondit-il, avec les yeux remplis de larmes.
- « Quoi? Mais... Comment...? Qui lui a dit? » dit-elle, abasourdie par la nouvelle.
- « Je... Je... Je ne sais pas...
- Mais que t'as-t-il dit, alors? »
Édouard s'interrogea quelques instants. Devait-il lui dire? Devait-elle vraiment savoir les propos que leur fils lui avaient balancés à la figure? Cette vérité si cruelle et blessante qui ne fait jamais de bien quand on nous la dit aussi crûment. Il se décida:
« Il m'a reproché d'être un mauvais père pour lui. Et il a raison... Je n'ai jamais su m'y prendre avec lui... Je n'ai jamais été là pour lui quand il le fallait... Quand c'était important pour lui...
- Et moi? Que t'as-t-il dit à propos de moi? »
Il la regarda et se tut. Il ne voulait pas la blesser. Mais elle lut clairement dans son regard qu'Ulrich avait été aussi dur dans ses propos avec elle que son père. Ses yeux s'emplirent alors de larmes. Elle éclata en sanglots et s'enfuit alors en courant de la grande maison de maître.
« Marie-Agnès! Marie-Agnès! Où va-t-tu? Attends!... Attends!... » lui dit-il en essayant de la rattraper.
Il courut derrière elle sur la longue allée traversant l'immense jardin. Il parvint à la rattraper alors qu'ils étaient arrivés à mi-chemin entre la maison et la route qui passait à proximité du domaine. Il la prit par le bras et se plaça devant elle, puis la serra dans ses bras. Elle se laissa faire et l'enlaça à son tour. Cela faisait de nombreuses années qu'ils ne s'étaient plus serrés l'un contre l'autre. Ils pleuraient tous les deux en silence. Ils restèrent ainsi quelques minutes sans bouger. Puis, quand leurs émotions furent apaisées, ils décidèrent de rentrer. Une fois dans la maison, le téléphone sonna à nouveau. Le père d'Ulrich décrocha.
« Allô?
- Allô, monsieur Stern?
- Oui, c'est moi. Qui est-ce?
- Ici, c'est le général Herbert.
- Général? Mais pourquoi m'appelez-vous si tard?
- Je vous appelle car on a un gros problème.
- Comment ça, un problème? Quel genre de problème?
- Un problème du genre qui oblige à ce que vous veniez tout de suite... »
Fin de l'épisode 21
Épisode 22: « Visite nocturne »
Pendant ce temps, dans le grenier de Kadic, Sissi avait été réveillée par Ulrich lorsqu'il avait élevé la voix contre son père. Elle s'était légèrement décollée de lui et le regardait. Après avoir raccroché, il s'était pris la tête entre les mains et pleurait à chaudes larmes.
« Pourquoi tu pleures encore, Ulrich? » lui demanda-t-elle avec une voix douce et rassurante.
- « Ho! C'est bon! Lâches-moi, toi! » répondit
Sissi s'écarta brusquement de lui et se recroquevilla sur elle-même en pleurant.
« Pourquoi t'es si méchant avec moi? Je croyais que tu étais mon ami! T'es comme tous les autres, Ulrich!
- Excuses-moi, Sissi. Je voulais pas te faire de mal. Je suis juste énervé contre mon père... Enfin, je me comprends...
- C'est vrai? T'es toujours mon ami, alors? » dit-elle, en relevant la tête, dévoilant ainsi ses yeux pleins de larmes.
-Bien sûr, Sissi! Je serais toujours ton ami. »
Elle s'approcha alors d'Ulrich pour le serrer très fort dans ses bras. Ulrich, ne sachant pas trop quoi faire devant une telle démonstration, se laissa faire et la serra à son tour dans ses bras. Ils restèrent un bon quart d'heure l'un contre l'autre sans dire un mot. Il sentait le cœur de son amie battre la chamade. Il ne savait plus trop quoi penser d'elle. Il se sentait gêné vis-à-vis d'elle. Puis il lui dit:
« Sissi, je dois y aller. Viens, on s'en va, sinon on va s'inquiéter pour nous.
- D'accord! Mais avant, promets-moi que tu ne diras jamais qu'on a été ici tous les deux et que ça restera un secret entre nous. »
Ulrich resta immobile en instant, étonné par la requête de Sissi.
« D'accord, c'est juré. Maintenant, on retourne chacun dans nos chambres, OK? » dit-il.
Sissi lui fit signe qu'elle approuvait sa suggestion. Ils se dirigèrent alors vers la trappe du grenier. Ulrich l'ouvrit et descendit l'échelle, suivi par Sissi qui prit le soin de refermer l'accès. Ils se séparèrent pour prendre chacun un chemin différent après s'être souhaités une bonne nuit et avoir remis l'échelle en place. Il savait que la sienne allait être plutôt agitée, contrairement à celle de Sissi. Dans la chambre, les quatre autres lyokoguerriers s'étaient retrouvés après que leurs recherches se soient montrées vaines, une fois de plus. Ils ne savaient plus quoi faire. Ils se demandaient s'ils devaient prévenir Jim de la disparition de leur ami. Après tout, William avait peut-être raison, pensaient-ils. Ulrich avait peut-être fait une fugue. Au même instant, Ulrich avait fini de dévaler les escaliers et sortit du bâtiment de l'internat. Il se dirigea vers le parc dans la noirceur de cette froide nuit sans lune d'hiver. Il traversa le parc en courant et se rendit à l'Ermitage. Quand il fut face à la bâtisse, il remarqua que la lumière y était encore allumée alors qu'il se faisait presque minuit. Il hésita quelques instants puis poussa le portillon du jardin, s'approcha de la porte d'entrée et sonna. Quelques instants plus tard, la porte s'ouvrit, laissant apparaître Franz tout étonné de voir son fils à une heure aussi tardive devant chez lui.
« Ulrich? Mais qu'est-ce que tu fais là à cette heure-ci?
- Je sais pas... J'avais envie de vous parler...
- Tu sais, tu peux me tutoyer si tu veux... Mais je comprendrais très bien que tu ne m'appelles pas Papa... Allez, rentres sinon tu vas attraper froid! »
Ulrich était un peu gêné devant Franz après ce qu'il venait d'apprendre. Il ne savait pas comment réagir et se comporter face à lui. Franz, lui, était plutôt ravi de cette visite inopinée de son fils tout juste retrouvé.Ils se dirigèrent vers le salon et s'assirent chacun dans un fauteuil.
« Alors? De quoi voulais-tu qu'on parle? » demanda Franz.
- « Je... Je sais pas... J'ai eu envie de venir ici... Comme ça... Sur un coup de tête... » répondit Ulrich, qui paraissait un peu déboussolé.
- Je vois... D'abord, je tiens à m'excuser de la façon dont je t'ai annoncé que tu as été adopté, ce soir.
J'avoue que j'aurais pu te le dire d'une façon moins bouleversante pour toi et les autres.
- C'est pas grave. De toute façon, je ne me suis jamais entendu avec mes parents. Avec mon père, surtout. Et puis... »
Ulrich s'arrêta un moment. Il hésitait à dire ce qui s'était passé plus tôt dans sa cachette, à Kadic.
« Et puis? » Repris Franz, qui voulait en savoir un peu plus.
- « Mon père m'a téléphoné... Et... On s'est encore engueulés... Et puis... Je lui ai tout dit...
- Tout dit? Comment ça, tout dit? » interrogea Franz.
- « Je lui ai dit que je savais que j'avais été adopté... Et je lui ai dit tout ce que j'avais sur le cœur contre lui...
- Ha!... Et comment a-t-il réagi?
- Je sais pas, je ne lui ai pas laissé le temps de réagir! J'ai raccroché aussi tôt! »
Franz se tût. Il réfléchit quelques secondes puis reprit la parole:
« Et tu es venu ensuite directement ici, c'est ça?
- Oui... Enfin, presque...
- C'est-à-dire?
- En fait, j'étais avec Sissi la fille du proviseur quand ça s'est passé. D'ailleurs, il faut faire quelque chose rapidement car elle est un peu bizarre. Comme si elle était handicapée mentale... Ça devient urgent, là.
- Ne t'inquiètes pas, on va s'occuper de tout ça demain. Ça va être une longue journée, demain, très très longue... »
Voyant l'heure tourner au fil de leur discussion, Franz se leva et mit fin à celle-ci:
« Bien, il se fait tard, tu devrais rentrer au collège maintenant. Les autres doivent s'inquiéter pour toi. Va les rassurer. On reparlera de tout ça demain, tu veux?
- D'accord. À demain, alors... » répondit Ulrich en se levant.
- À demain, Ulrich. »
Une fois le seuil de la porte d'entrée passé, le jeune homme brun se mit en chemin en direction du collège où se trouvaient ses amis, inquiets pour lui. Ils ne s'étaient toujours pas résolus à signaler la disparition de leur ami à Jim et faisaient encore et toujours des hypothèses sur le lieu où Ulrich pouvait être et qu'ils n'avaient pas fouillé. Ils furent très vite soulagés car, moins d'une dizaine de minutes plus tard, Ulrich entra dans la chambre où ils étaient tous réunis. Ils le regardèrent, étonnés. Ils ne s'attendaient pas vraiment à le voir arriver à ce moment-là, bien que chacun d'eux l'espérait secrètement. Voyant tous les regards braqués sur lui, il se sentit gêné et se sentit obligé de s'expliquer de sa soudaine disparition.
« Ben quoi? J'ai pas le droit de m'isoler un peu?
- Si si... C'est pas ça... Mais on a eu peur pour toi... » déclara Aélita, qui se jeta au coup de son petit frère nouvellement découvert.
- « Heu... Merci... C'est gentil...» répondit-il. « Mais vous avez eu peur de quoi?
- Ben, en fait... On s'est imaginé plein de trucs... » avoua William.
- Parles pour toi, oiseau de mauvaise augure! » rétorqua Odd en se retournant vers l'ancien homme de main de XANA. « C'est toi qui a dit qu'il avait peut-être fugué! Ou même pire! »
- Je sais pas pourquoi mais ça m'étonne pas trop... » déclara Ulrich en soupirant.
- « Mais au fait, t'étais où? On t'as cherché partout dans le collège! » demanda Jérémie.
- « Je peux pas tout dire parce que j'ai promis à quelqu'un de ne rien dire. » répondit Ulrich. « Mais ensuite, je suis allé à l'Ermitage. Et Franz m'a dit que demain allait être une très longue journée et qu'on devrait aller se coucher pour être frais et dispos. Perso, je suis crevé, alors...
- OK, t'as raison! il est déjà minuit et demi et moi aussi je suis mort de fatigue! » ajouta Jérémie.
Ce dernier se leva et sortit de la chambre après avoir salué Ulrich et Odd, suivi par Aélita et William qui referma la porte derrière lui. Odd en profita pour poser une question à son compagnon de chambre sur une petite phrase qui l'avait fait tiquer.
« Je peux pas tout dire parce que j'ai promis à quelqu'un... Tiens donc?! Et on peut savoir c'est qui ce quelqu'un, par hasard??
- Odd!! T'es relou, là!
- S'te plait, Ulrich!
- ODD!!
- OK! OK! C'est bon...J'arrête... »
Quelques minutes plus tard, toute la petite équipe était dans son lit et dormait. La plupart le faisait paisiblement paisiblement sauf Ulrich qui avait un sommeil assez agité. Il poussait quelques gémissements, certains dûs à la douleur provoquée par son épaule et d'autres à ses rêves.
Une heure du matin, dans la campagne, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Paris. Une voiture sortit en trombe d'une immense propriété avec à son bord un homme. Édouard Stern. Il avait laissé sa femme seule après avoir longuement discuté et fait leurs mea-culpa respectifs quant à l'éducation qu'ils avaient donné à leur fils et le semblant de vie de famille qu'ils entretenaient. En y repensant, il sentait les larmes venir. Au bout d'une vingtaine de minutes, il arriva à un échangeur d'autoroute. Sur les panneaux, on pouvait lire Lyon, Marseille et les noms d'autres villes du sud de la France. Quand il arriva à sa destination, vers six heures vingt, il put voir encore une colonne de flammes rougeâtres danser au loin dans la nuit au milieu de la forêt. Il s'avança jusqu'à la grille du centre. Le général Herbert l'attendait de l'autre côté de la grille, loin des journalistes qui avaient été prévenus par la population locale. Le général fit signe à Édouard Stern de descendre de voiture. Celui-ci obtempéra et se dirigea vers le poste de contrôle de l'unique entrée du centre. La meute de journalistes l'assaillit alors avec une foultitude de questions concernant les événements qui se produisait dans le centre. Il passa sans encombre le poste de contrôle. Il rejoignit alors le général qui s'était éloigné de la grille pour que leur conversation ne puisse pas être entendue des reporters présents sur les lieux.
« Bonjour, monsieur Stern.
- Bonjour, général. Mais qu'est-ce qui se passe ici? Qu'est-ce qui brûle là-bas?
- Et bien, monsieur. Il faut tout d'abord que vous sachiez que la journée d'hier a été... Comment dire? Un peu... Particulière! Et ce que vous avez pu voir au loin en est le dernier acte. » répondit le général, un peu gêné.
- « Comment ça? Je ne comprends rien! Expliquez-vous, général!
- C'est-à-dire que, hier, nous avons eu le droit à deux intrusions successives dans le centre...
- Et que voulaient-ils? Vous avez réussi à les faire parler?
- Justement, c'est bien là le problème! On ne sait pas comment ni par où ils sont rentrés et, en plus, ils ont réussi à nous échapper...
- QUOI?! Ils vous ont échappé, en plus?! Mais qu'est-ce que je vais raconter au ministère, moi?
- Et ce n'est pas tout, hélas... Venez voir. »
Le général emmena Édouard Stern jusqu'à une jeep et les deux hommes montèrent à bord. Puis le véhicule s'éloigna en direction du poste de sécurité. Quand ils furent arrivés devant le petit bâtiment isolé au fin fond de la forêt, ils descendirent tous les deux. Deux hommes en noir les attendaient devant la porte d'entrée. Ces derniers emmenèrent les deux arrivants dans une pièce remplie d'écrans de contrôle où s'affichaient les images captées par toutes les caméras de surveillance du centre. Le général fit un signe à un des techniciens présents et celui-ci amorça la lecture d'une bande de vidéo-surveillance. L'image était en contre-plongée. On pouvait y voir un mur , celui en haut duquel la caméra était fixée, et quelques fenêtres munies de systèmes de sécurité infranchissables. Et brusquement, des intrus qui s'agenouillaient au pied du mur. Puis, quelques instants plus tard, l'un d'eux se retourna vers la caméra, la montra du doigt et ses complices se retournèrent vers celle-ci. Ce fut un choc pour Édouard Stern.
« Non! Ce n'est pas possible! Pas lui!... » dit-il, stupéfait.
Il venait de voir son fils à l'écran. Et, qui plus est, en compagnie d'un fugitif dont il ne connaissait que trop bien le nom et à qui il avait consacré beaucoup de temps pour le débusquer: Waldo Schaeffer.
« Et pourtant si, monsieur! C'est bien lui! Waldo Schaeffer en personne! » rétorqua l'un des hommes en noir.
Mais déjà Édouard Stern ne l'écoutait plus. Il venait de se prendre comme un coup de massue sur la tête. Il croyait rêver, ou plutôt cauchemarder. Tout un tas de questions lui occupaient l'esprit. Comment se faisait-il que son fils connaisse Schaeffer? Depuis quand se connaissaient-ils? Comment étaient-ils rentrés en contact? Et pourquoi étaient-ils habillés aussi étrangement? Était-ce bien son fils, au moins? Et puis depuis quand Waldo Schaeffer avait-il refait surface? Il n'avait que les questions et pas de réponse. Il sentit comme un grand malaise s'installer en lui. Il ne comprenait plus rien de ce qui était en train de lui arriver. Il se prit la tête entre les mains. Il sentait que sa vie était en train d'échapper à son contrôle et qu'il ne pouvait pas lutter. Il se mit alors à crier en pleurant:
« NON! CE N'EST PAS POSSIBLE! NON! PAS ÇA! PAS MON FILS! POURQUOI?! »
Puis il se mit à genoux et frappa plusieurs fois son poing contre un pupitre qui se trouvait devant lui. Dans la petite pièce, tout le monde resta stupéfait par ce que venait de dire Édouard Stern.
Sept heures trente huit, Collège Kadic. Tout le monde se retrouva au réfectoire pour prendre son petit déjeuner, après un réveil plutôt difficile dû à la fatigue accumulée la veille. Ils discutaient de tout et de rien. Puis Odd aborda le sujet qui allait faire que cette journée allait être particulièrement longue.
« Bon, et sinon? Qu'est-ce qu'on fait cet après-midi?
- Vu qu'on n'a apparemment plus cours le vendredi après-midi, je pense qu'on pourrait aller à l'usine pour finir le travail commencé hier soir. Vous en pensez quoi? » déclara Jérémie.
- « Bonne idée, Einstein! Il est temps d'en finir avec tout ça une bonne fois pour toutes! » ajouta Ulrich.
Une fois leur petit déjeuner fini, ils déposèrent leurs plateaux à la plonge et allèrent s'asseoir sur leur banc habituel. Là, ils recommencèrent à parler de tout et de rien jusqu'à ce que Sissi fasse son apparition, toujours dans le même état que la veille. Ils remarquèrent son comportement étrange, et Odd le premier.
« Ho! Regardez! » fit-il en la montrant du doigt. « On aurait dit que Sissi est mongolienne!! »
Puis il se mit à rire à gorge déployée. Il était bien le seul à ce moment-là. Ulrich l'interrompit.
« Odd!! C'est pas drôle de se moquer de ça! Et surtout, c'est pas très intelligent! Surtout pour le délégué de classe! En plus, elle a vraiment un handicap! Alors vous voyez bien que ça devient franchement urgent de réparer le passé au plus vite! »
La sonnerie retentit. Les cinq adolescents se levèrent et se dirigèrent vers leurs salles de classes respectives. Les troisièmes passèrent à proximité de Sissi et l'accompagnèrent jusque dans la salle de classe. La matinée passa plutôt vite. À midi, ils se précipitèrent vers la cantine, pour le plus grand bonheur de Odd. Aujourd'hui, c'était choucroute pour le déjeuner. Jérémie avait prévenu Odd que s'il reprenait plusieurs fois de la choucroute, il ne le laisserait pas entrer dans le labo pour « aromatiser » l'air comme il l'avait déjà fait mais avec des flageolets. (Ben oui! Le chou, c'est comme les flageolets, ça provoque des flatulences...). Vers treize heures, ils sortirent de la cantine et se rendirent dans la chambre de Jérémie pour prendre son ordinateur portable. Puis ils se dirigèrent tout droit vers le passage du parc pour se rendre à l'usine. Ils y arrivèrent une dizaine de minutes plus tard et y retrouvèrent Franz Hopper qui s'était attelé à la tâche depuis le matin même.
En même qu'ils parlaient entre eux, Franz regardait le journal télévisé sur le moniteur du supercalculateur. Puis ils s'arrêtèrent de parler quand on y diffusa un reportage sur l'incendie du centre militaire. Ils se rapprochèrent tous pour mieux voir. On y voyait les impressionnantes images du feu qui avait ravagé la Cuve jusqu'au petit matin. Ces images étaient accompagnées de quelques commentaires alarmistes des journalistes qui ne savaient pas ce qui s'y passait et brodaient des histoires abracadabrantesques sur de possibles dangers pour la population locale, voir pour tout le pays. Puis Ulrich remarqua son père sur les images. Il dit alors:
« Mais?! C'est mon père!! Mais qu'est-ce qu'il fait là-bas?!
- Quoi?! C'est lui, Édouard Stern?! » lâcha Franz, surpris.
- « Ben oui, pourquoi?! Vous vous êtes déjà rencontrés?
- À vrai dire, c'est une longue histoire... C'est lui qui était chargé de diriger les recherches pour me retrouver. On s'est toujours croisés mais on ne s'est jamais parlés ni approchés l'un de l'autre. »
Les cinq adolescents furent surpris d'apprendre cela. L'adoption d'Ulrich par le couple Stern trouvait alors une explication toute simple. Eux qui habitaient dans la région parisienne avaient adopté Ulrich à sa naissance car ils ne pouvaient pas avoir d'enfant. Et Édouard Stern, travaillant au ministère de la défense, avait été contacté par ses supérieurs à propos de la naissance d'Ulrich sans qu'on lui en dise plus et que les formalités administratives lui seraient facilitées, du fait de son poste. Il s'était alors empressé d'annoncer la nouvelle à sa femme. Ils vécurent alors quelques années de bonheur ensemble avant que leur vie de famille ne se dégrade petit à petit jusqu'à ce qu'elle devienne l'ombre de ce qu'elle avait été.
« Je vous raconterais ça plus tard! En attendant, on a du pain sur la planche! » déclara Franz, impatient que tout cela se finisse enfin.
Aélita et Jérémie restèrent alors à proximité de Franz tandis que les trois autres garçons s'installèrent dans un coin du labo pour jouer aux cartes. Jérémie sortit son ordinateur portable de son sac pendant que Franz leur expliquait ce qu'il fallait faire. Les deux petits génies se mirent alors au travail sur leur PC tandis que Franz poursuivait son labeur avec le supercalculateur. Le temps passait lentement. Vers quinze heures quarante-cinq, alors qu'Aélita était sortie du labo pour cause d'envie pressente (Ben oui, ça leur arrive aussi...), Franz demanda à Jérémie de s'approcher car il devait lui faire part d'une chose à laquelle il réfléchissait depuis quelques temps déjà. Le petit blond s'exécuta et Franz commença à lui parler à voix basse. Les trois garçons le remarquèrent, et Odd, qui leur tournait le dos, se retourna et ne put s'empêcher de demander:
« Alors? On nous fait des petites cachoteries?
- Oui! Mais c'est pour la bonne cause! » répondit Franz, tout sourire. « Et vous saurez pourquoi très bientôt, ne vous inquiétez pas!
- Chouette! Une surprise! » dit alors Odd, enthousiaste. « Et on peut savoir c'est quoi?
- Odd! T'es pas possible, toi! C'est une surprise! On va pas te le dire! » rétorqua Jérémie.
Odd, déçu, se remit à jouer aux cartes en faisant la tête, ce qui fit rire Ulrich et William.
Puis les deux complices reprirent leurs messes basses, jusqu'au moment où Jérémie s'écria:
« Mais c'est génial, ça!
- Chut! Un peu moins fort! Faudrait pas gâcher la surprise! » déclara Franz, devant l'enthousiasme du blond à lunettes.
- « Oups! Désolé! » répondit Jérémie en se mettant la main devant la bouche.
Ils entendirent le monte-charge redescendre. Ils mirent alors fin à leur petite conversation. Quelques instants plus tard, Aélita revint dans le labo et tous se remirent au travail aussitôt, comme si de rien n'était. Vers dix-neuf heures, ils décidèrent de faire une pose pour aller diner. Les lyokoguerriers rentrèrent à Kadic tandis que Franz retourna à l'Ermitage. Tout le monde fut de retour vers vingt heures et les trois génies de l'informatique continuèrent leur travail alors que les trois autres poursuivaient leur partie de carte.
À vingt-trois heures douze précises, ils parvinrent à leurs fins. Franz se leva alors de son siège et dit:
« C'est l'heure! Il faut tester nôtre travail! »
Il se dirigea alors vers le monte-charge. Jérémie s'assit alors sur le fauteuil.
« Mais où vas-tu? » demanda alors Aélita à son père, apeurée.
- « Ne t'inquiètes pas! C'est une surprise! Jérémie est au courant, il vous expliquera ça tout à l'heure! » répondit-il, juste avant que les portes du monte-charge ne se referment.
Il descendit jusqu'à la salle des scanners tandis que tous les regards convergeaient vers le petit génie. Quand Franz fut installé dans l'un des scanners, sa voix résonna à l'étage juste au-dessus.
« Jérémie! Tu peux y aller! »
Aélita, Ulrich, Odd et William se rapprochèrent de Jérémie et regardaient l'écran du supercalculateur en s'interrogeant sur ce qui allait se passer. Jérémie, lui, pianotait quelques lignes de commandes et, quand il eut fini, dit alors:
« Transfert Franz! Scanner Franz! Virtualisation!
- Quoi?! Il va sur Lyoko sans nous?! » déclara Odd, étonné.
- « Oui! Et il va inaugurer un nouveau type de translation qu'il a mise au point ce matin! » répondit le petit génie.
- « Mais pour aller où? Et pour quoi faire? » demanda Aélita, qui se rongeait les ongles d'inquiétude.
- « Vous verrez bien demain matin... Ou plutôt hier matin!
- Comment ça, hier matin? » interrogea Ulrich.
- « Surprise! » rétorqua Jérémie pour seule réponse.
Franz venait d'arriver dans le cinquième territoire. Il pénétra alors dans une salle encore inconnue des lyokoguerriers. Et pour cause, il venait de la créer le matin-même. Dans cette nouvelle salle, deux étranges colonnes blanches ressemblant à des scanners faisaient face à l'entrée. Il s'approcha de l'un d'entre eux, ce qui eut pour effet de faire s'ouvrir les portes de celui-ci. Il entra dedans et dit alors à Jérémie de lancer la nouvelle procédure. À ce moment-là, Jérémie tapota quelques touches de son clavier et une interface, qu'aucun d'eux n'avait jamais vu, fit son apparition sur l'écran. On pouvait y lire:
« CONNEXION AU SUPERCALCULATEUR EN COURS... »
Dessous, on pouvait y voir une barre de progression qui avançait rapidement. Quand elle fut à cent pour cent, elle se remit à zéro et un autre message s'afficha au dessus:
« INTERPOLATION EN COURS... »
Quand cette nouvelle étape fut terminée, sur Lyoko, les portes du scanner virtuel où se trouvait Franz se refermèrent. Jérémie dit alors:
« Translation Franz! »
Ce dernier arriva alors directement dans la Cave, dans la cellule où se trouvait Anthéa.
« Anthéa? » dit-il d'une voix douce.
Elle leva alors la tête, étonnée de voir son mari en ce lieu.
« W... W... Waldo?... C'est toi? » dit-elle d'une voix hésitante.
Elle n'en croyait pas ses yeux. Elle se demandait même si tout ceci n'était pas qu'un rêve. Franz Hopper se tenait devant elle en lui tendant la main pour qu'elle se relève. Elle sentit alors une joie immense l'envahir malgré sa douleur intérieur. Elle le retrouvait enfin. Elle n'osa pas saisir la main de Franz et se releva. Sans dire un mot, elle se jeta dans les bras de l'homme de sa vie. Des larmes firent leur apparition dans les yeux de chacun d'eux. Puis elle dit:
« Ho... Waldo... Je ne rêve pas?... C'est bien toi?...
- Oui, ma chérie... C'est bien moi...
- Waldo... Ça fait si longtemps... Tu m'as tellement manqué...
- Je t'aime, Anthéa... Comme au premier jour. Il n'y a pas eu un seul jour où je n'ai pas pensé à toi...
- Moi aussi, Waldo, je t'aime...
Puis ils s'embrassèrent tendrement. Elle reposa alors sa tête contre le torse de Franz. Après quelques instants de tendresse qui leur avait tant manqué à tous les deux, Franz lui dit alors:
« Je suis venu pour te sortir d'ici! Mais avant, je dois te prévenir que nôtre évasion va être un peu spéciale!
- Comment ça, nôtre évasion? Comment es-tu entré ici alors?
- Ne t'inquiètes pas! Je t'expliquerais tout une fois qu'on sera loin d'ici! »
Il serra encore une fois Anthéa dans ses bras puis dit à Jérémie:
« Jérémie! Tu peux lancer la phase finale!
- OK, Franz! » répondit le blond à lunettes, « Retour vers le bon passé! »
Jérémie se remit à pianoter sur son clavier puis appuya sur la touche entrée. Dans la cellule d'Anthéa, de petites sphères blanches se mirent à virevolter autour des deux amants. Elles furent de plus en plus nombreuses, jusqu'à former un grand halo blanc éblouissant. Dans l'usine, tous s'attendaient à voir la grande sphère blanche jaillir du supercalculateur mais rien ne se produisit. Soudain, sur l'écran, une nouvelle carte fit son apparition. Ce fut seulement à ce moment que le halo blanc du retour vers le passé fit son apparition.
Fin de l'épisode 22
Épisode 23: « Ishiyama + 1 »
Jeudi 13 mars, dans la nuit. Yumi se réveilla chez elle, sur son futon*. Elle regarda la pièce dans la pénombre. Elle était enfin chez elle, dans la maison qu'elle avait quitté il y a bien longtemps bien malgré elle, celle d'où elle n'aurait jamais dû disparaître. Voyant cela, elle fit un léger sourire.
« Que c'est bon d'être enfin chez soi. » pensa-t-elle.
Elle regarda son réveil posé sur le sol. Il était cinq heures vingt-neuf du matin. Puis elle saisit rapidement son portable et chercha un nom dans le répertoire. Elle s'arrêta quand elle l'eût trouvé. Un grand sourire s'afficha alors sur son visage. Stern, Ulrich Stern. Elle appuya alors sur une touche, ce qui fit le téléphone composer son numéro. Elle colla ensuite le portable à son oreille. Au même instant, à Kadic, Ulrich fut tiré de son sommeil par la sonnerie strident de son portable. Il ouvrit péniblement les yeux pour regarder qui pouvait bien l'appeler à une heure aussi matinale. Quand il vit qu'il s'agissait de Yumi, il fit un bond énorme sur son lit qui le fit passer de la position allongée à debout sur ses deux jambes au milieu de son lit. Il s'empressa de décrocher. Et de crier:
« Yumi! C'est trop génial! T'es enfin revenue! »
Il l'avait dit tellement fort qu'il avait réveillé Odd qui ronflait jusque là paisiblement. Ulrich faisait des bonds de joie sur son lit en répétant:
« C'est génial! C'est génial!
- Ulrich! Calme-toi! Tu vas finir par te faire prendre par Jim! » lui dit-elle alors en décollant son oreille de son portable.
Ulrich criait tellement fort qu'il lui avait presque démoli le tympan. Il lui répondit en parlant plus bas:
« Ouais! t'as raison! Mais je suis tellement contant que tu sois revenue! Comme tu m'as manqué! Heu... Enfin, je veux dire... »
Il n'eût pas le temps de tenter de se corriger qu'elle l'interrompit.
« Moi aussi, tu m'as manqué... Peut-être même plus que n'importe qui d'autre... »
Elle lui avait dit cela spontanément. Maintenant qu'elle le lui avait dit, elle se sentait comme libérée d'un poids énorme. Elle éprouvait la douce sensation que son corps était en train d'être envahi par le bonheur, de la tête aux pieds. Elle se sentait légère. Ulrich avait cessé de faire des bonds sur son lit. Il ressentait la même sensation agréable. Il ne savait plus quoi dire. Il avait la bouche grande ouverte et souriait en même temps. Odd, qui venait d'émerger, s'était assis sur le bord de son lit et regardait la scène ainsi depuis qu'il était réveillé. Il n'avait jamais vu Ulrich ainsi et cela l'amusait bien. Les deux amoureux n'avaient pas dit un seul mot pendant quelques instants. Puis Yumi, voyant l'heure qu'il était et sentant la fatigue venir, dit alors timidement son habituel:
« Bon, on se voit tout à l'heure...
- OK! On t'attend de pied ferme! Enfin... Surtout moi... » lui répondit-il, plus souriant que jamais.
- « Je n'en doute pas... Bon ben... à plus!
- Ouais! À plus! »
Puis ils raccrochèrent ensemble leurs portables. Odd, ayant bien compris de quoi il retournait, ne put s'empêcher de titiller un peu son ami:
« Alors, Roméo? Contant d'avoir retrouvé ta Juliette?
- Contant?! Seulement contant?! Ha non! Hyper contant, ouais! C'est le bonheur!! » répondit Ulrich avant de se laisser retomber sur le dos sur son lit.
Odd remarqua que, pour une fois, il ne s'était pas fait rembarré pour sa réflexion. Il réfléchit alors quelques instants et parvint à la conclusion que c'était tout à fait normal car le retour de la jeune nippone avait empli son ami de joie. Un peu trop, d'ailleurs, à son goût. Elle devait lui avoir dit quelque chose pour qu'il soit dans un tel état. Odd voulut en savoir un peu plus à ce sujet.
« Alors, qu'est-ce qu'elle t'a raconté de beau, miss Ishiyama?? » dit-il d'un air innocent, après avoir baillé bruyamment en s'étirant comme à son habitude.
- « Tu verras bien tout à l'heure! Comme tout le monde! » lui répondit Ulrich avec un grand sourire aux lèvres.
- « Bon, allez! Tu peux bien me le dire, à moi! À Odd Della Robia! Ton meilleur ami! Le plus fidèle! Le plus valeureux!
- C'est marrant, on aurait dit que tu parles de Kiwi, là!
- Ha... Ha... Très drôle! Bon allez, dis -le moi!
- OK! D'accord, t'as gagné...
- Ouais! Super!
- Ho puis non, tiens!
- Quoi?! Mais t'es un sadique! Tu peux bien me le dire, à moi! Tu sais que je le répèterais pas!
- Ha! Justement! C'est pour ça que je te le dis pas!
- Allez!
- Nan! Tu sauras ça en même temps que les autres! Et puis si je te le dis maintenant, je te refile pas me croissants ce matin! Et je dis aux autres de faire pareil!
- OK... OK... Si tu me prends par les sentiments... »
Puis les deux garçons se recouchèrent, l'un frustré de n'avoir pas obtenu sa réponse, et l'autre heureux comme il ne l'avait jamais été. Ils trouvèrent rapidement le sommeil. Dans sa chambre, Yumi dormait depuis quelques minutes déjà, avec un sourire radieux.
Le radio-réveil d'Ulrich sonna à sept heures tapantes. Il fut vite debout, ce qui ne fut pas le cas de son ami Odd, toujours dans son lit. Ulrich était parti en trombe de la chambre pour se rendre à la douche, laissant le réveil sonner. Il était tout excité à l'idée de revoir enfin sa bien-aimée. Surtout après ce qu'elle lui avait avoué quelques heures plus tôt. Dans sa chambre, Odd pestait contre le radio-réveil et tentait de soustraire ses oreilles à sa sonnerie strident qui l'importunait tant dans son sommeil en les plaquant contre son oreiller.
« Ulrich! Éteints-moi cette horreur! Vite! Je crois qu'elle va me tuer! »
Il ouvrit alors les yeux et constata que son compagnon de chambrée était absent de la pièce.
« Ha, bah sympa le mec! Il me réveille même pas pour aller à la douche! Il veut me piquer mon petit dej' ou quoi? »
Il se leva en trombe, pensant une fois encore qu'il était en retard. Il jeta un coup d'œil dan la pièce et vit que, pour une fois, il était même plutôt en avance. Il prit alors ses affaires de toilette et se dirigea lentement vers les douches après avoir refermé la porte de sa chambre. En chemin, il croisa Ulrich qui en revenait, visiblement pressé.
« Alors, Roméo! On est pressé, ce matin? »lui lança-t-il.
- « Odd! Arrêtes! T'es lourd, là!
- Ha! Enfin! On a retrouvé nôtre Ulrich ronchon d'avant! Je commençais à me poser des questions, moi! »
Puis les deux compères se séparèrent de nouveau. Ulrich arriva dans sa chambre. Il prit alors soin de sortir ses plus beaux vêtements pour faire honneur à celle qui n'avait cessé d'occuper ses pensées.
Il les posa sur son lit et s'habilla. Il portait un jean noir qui le mettait bien en valeur et un t-shirt vert foncé presque moulant. À ses pieds, il avait mis ses chaussures neuves. Il avait pris grand soin de son allure pour accueillir comme il se le devait la fille qu'il aimait plus que tout au monde, celle qui hantait ses rêves depuis si longtemps. Une fois fait, il descendit à la cantine prendre son petit déjeuner. Il fut vite rejoint par Aélita et Jérémie qui se tenaient amoureusement par la main.
« Salut! » dirent-ils simultanément en arborant un sourire radieux.
- « Salut, vous deux! Alors, quoi de neuf? » répondit le beau brun ténébreux.
- « Ho, rien! Juste une petite balade jusqu'à l'Ermitage! Y a rien de tel pour se mettre en forme dès le réveil! » déclara Jérémie en regardant amoureusement.
- « Tiens donc! Une balade à travers le parc tous les deux! Y a pas intérêt à ce que Odd apprenne ça! » lança Ulrich. « Et sinon, quoi de neuf là-bas?
- Tout va bien! » répondit Jérémie.
- « Ha non! Tout ne va pas bien! Tout va IMPECCABLEMENT bien » surenchérit Aélita, tout sourire.
- « Tant que ça? » demanda Ulrich.
- « Ouais, c'est vraiment le cas de le dire! Et y a quelqu'un qui trépigne d'impatience rien qu'à l'idée de te voir, là bas! » répondit sa sœur, toute heureuse.
- « Ouais, je sais. En même temps, j'y suis déjà allé hier soir, et je savais pas trop quoi dire ni faire... » répondit-il, anxieux.
- « T'inquiètes! On te comprend! Mais y a aussi une grosse surprise, une très grosse surprise qui t'y attend! Mais on ne te dira rien! » déclara Jérémie afin de rassurer son ami.
- « OK, j'attends de voir... Et puis, y a Yumi aussi! » ajouta Ulrich, un peu plus souriant.
« Mais, dis donc! Tu t'es fait super beau aujourd'hui, frérot! » lui dit Aélita, le regardant de haut en bas en l'admirant.
- « Ouais! Et on se demande bien pourquoi! » rajouta Odd qui venait de les rejoindre.
- « Où plutôt pour qui! » poursuivit Jérémie avec un petit sourire malicieux, avant d'ajouter intelligemment: « Mais nous en resteront là sur le sujet!
- Bien dit, Einstein! Parce que j'en peux plus des réflexions de Odd. Depuis ce matin et le coup de fil,de Yumi, il n'arrête pas!
- Ha bon?! Elle t'a téléphoné? Et comment elle va? » demanda Jérémie, surpris par cette petite cachoterie de la part d'Ulrich.
- « Ben, vous verrez bien! Elle ne devrais plus tarder, maintenant!
- Rhaaa...! Tu m'énerves avec tes « tu verras bien »! Ça fait depuis ce matin que tu me réponds ça! » déclara Odd, excédé par la réponse plus qu'évasive que son ami lui donnait à la moindre de ses questions sur lui et Yumi.
Les trois autres se mirent à rire. Puis Aélita lui dit:
« Ne sois pas si impatient, Odd!
- Ouais! Tu verras bien! » continua Jérémie.
Et de nouveau, ils éclatèrent de rire. Une fois qu'ils eurent fini leur petit déjeuner, ils sortirent de la cantine et se dirigèrent vers leur banc habituel.
Pendant ce temps, chez les Ishiyama, Yumi dormait encore paisiblement, toujours avec le sourire aux lèvres. Sept heures quarante et une. Elle se réveillait lentement et entendit difficilement sa mère lui dire depuis la cuisine:
« Yumi!
Elle ouvrit soudainement les yeux et regarda l'heure.
« Ho mon dieu! Je vais être en retard! Et Ulrich qui m'attend! »
Elle se dépêcha de d'enfiler ses vêtements puis de prendre ses affaires et de descendre rapidement à la cuisine pour prendre un bref petit déjeuner. Sa mère lui dit alors:
« Dépêches-toi! Tu vas être en retard au collège! Ils sont déjà partis! »
Yumi ne prêta pas attention au coup de pression que sa mère essayait de lui mettre. Elle finit son petit déjeuner en vitesse, se leva et embrassa sa mère sur la joue en disant:
« À ce soir, M'man! »
Elle sortit en trombe de la maison avec toutes ses affaires. Une fois passé le portillon du jardin, elle se mit à courir dans la rue. Quelques instants plus tard, entrèrent dans la cour Hiroki et Yumi, ou plutôt quelqu'un qui semblait être Yumi tant sa tenue et sa coiffure étaient inhabituelles. En effet, elle s'était fait de grands pics dans ses cheveux, façon Yu-Gi-Oh, dans lesquels étaient entremêlés de jolis rubans de couleurs vives dont l'une des extrémités pendait librement, l'autre étant solidement ancrée dans la coiffure de la japonaise. Elle portait également un débardeur multicolore aux tons assortis aux rubans dans ses cheveux, et un jean bleu avec quelques déchirures de ci de là, ainsi qu'une jolie paire d'escarpins dorés pour mettre en valeur ses pieds. Sur le banc, tout le monde la regardait, les yeux écarquillés. Même William qui venait tout juste de les rejoindre. Elle s'approcha du petit groupe, se séparant de son petit frère. Une fois arrivée près d'eux, elle dit, toute souriante:
« Alors? Comment vous me trouvez? »
Puis elle tourna sur elle-même pour leur faire admirer sa tenue.
« Heu... Bah... Heu... C'est-à-dire que... Enfin... » balbutia Ulrich, qui croyait halluciner.
- « Ben quoi? Ça vous plait pas?? » répondit-elle avec un air déçue.
- « Si si! Ce qu'il veut dire, c'est que ça te change vachement de d'habitude » déclara Aélita, qui semblait admirative et plutôt impressionnée par le changement de look de radical de son amie. « En tout cas, ça te va super bien!
- Ouais, c'est clair! On n'a pas du tout l'habitude de te voir comme ça! » rajouta Odd.
- « C'est vrai? Ça te plait, Odd? » demanda-t-elle alors, comme si elle était gênée.
- « Ben oui, pourquoi? Je m'attendais pas à avoir une concurrente au niveau des fringues super classes à la mode, moi! Fallait me prévenir! » répondit Odd en lui faisant un clin d'œil amical.
Puis la belle japonaise se pencha vers Odd, lui déposa un rapide baiser sur la bouche et se redressa en souriant. Ulrich fit un bond de côté en voyant la scène. Mais comme il était à l'extrémité du banc, il se retrouva par terre. Il ne comprenait plus rien. Elle qui, quelques heures plus tôt, lui avait laissé entrevoir ses sentiments, embrassait Odd comme si elle en était amoureuse. Il ne la reconnaissait plus. Tous ces événements l'avaient-ils transformée au point qu'elle ne ressentait plus aucune émotion pour lui? Ou bien était-ce simplement pour le rendre jaloux une fois de plus pour qu'il lui déclare enfin sa flamme de vive voix et devant tout le monde? Odd non plus ne comprenait plus rien. Il s'était retourné vers Ulrich avec un regard dans lequel on pouvait clairement lire la signification:
« C'est pas moi! Je te jure! C'est elle! J'ai rien fait! »
Ulrich se redressa en la regardant presque avec les larmes aux yeux et lui dit:
« Mais... Yumi... »
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'elle l'interrompit:
« Yumi??? »
Elle se mit à rire en le regardant dans les yeux. Puis elle se retourna vers la grille de l'entrée du collège et dit:
« Tiens! Voilà ma moitié! »
Elle se mit à courir vers la grille. Ils la suivirent du regard. Ils virent alors une fille toute essoufflée à l'entrée de l'établissement scolaire. Ils la reconnurent tout de suite. Ils n'en croyaient pas leurs yeux. La jeune fille à l'entrée s'arrêta net quand elle vit la japonaise à la coiffure originale s'approcher d'elle. Elle croyait halluciner. Elle dit alors:
« Na... Naru?! Mais qu'est-ce que tu fais là?
- Ben, je vais en cours! Comme toi, Yumi! T'en a, de ces questions, des fois!
- Mais je croyais que...
- Que quoi? Que j'allais encore sécher les cours avec mon petit Odd adoré?! Allez, viens! Y a Ulrich qui t'attends! Il s'est fait tout beau pour toi, aujourd'hui! D'ailleurs, pour un peu, je te le piquerais bien... » dit Naru en souriant.
Yumi était un peu déboussolée. Elle ne s'attendait pas à voir sa sœur jumelle ici. D'autant plus qu'elle aurait dû disparaître lors du dernier retour dans le passé concocté par Jérémie pour résoudre enfin la situation. Et elle avait aussi peur de ce qu'elle aurait pu dire ou faire à Ulrich et aux autres avant qu'elle n'arrive. Les deux sœurs se déplacèrent vers le banc. Yumi était toute tendue à l'idée de revoir enfin son bien-aimé. Plus elle se rapprochait de lui, plus elle se sentait mal à l'aise. Sur la banc, Odd se retourna vers Ulrich et lui dit, un peu gêné:
« Tu sais, Ulrich... Quand je disais qu'il y en aurait une pour toi et une pour moi... Je déconnais!
- Je m'en doutais bien! Mais là, apparemment, t'es bien parti pour te la coltiner tous les jours... » répondit Ulrich, soulagé de voir qu'en fait ce n'était pas Yumi qui avait embrassé son ami.
- « Chouette! Enfin une fille qui veut bien de moi, à Kadic!
- Ouais, ben profites-en! Parce qu'avec toi, ça peut pas durer!
- Tu peux parler! Toi et Yumi, ça même pas encore commencé, depuis le temps! »
Jérémie les interrompit dans leur petite chamaillerie en disant:
« Ouais, ben en attendant, on a un sérieux problème!
- T'as raison! Maintenant, y a deux Yumi! » déclara William, qui était resté bouche bée depuis l'apparition de Yumi.
- « Naru! Elle s'appelle Naru! » rectifia Aélita.
- « Ouais, mais comment on va faire? » demanda William.
- « Toi, c'est simple! Tu sors avec Hiroki! Comme ça, tout le monde il est contant! » répondit Odd avec un grand sourire aux lèvres.
Tout le monde éclata de rire, sauf William, évidemment. Jérémie, lui, continuait à réfléchir.
« On a un sérieux problème à résoudre, là! » déclara-t-il.
- « Ouais! Mais en attendant, j'ai quelque chose de très urgent à faire! » déclara Ulrich en s'éloignant de la bande.
Il se dirigea vers la fille qui occupait la moindre parcelle de ses pensées et de ses rêves. Quand il fut à proximité d'elle, il lui dit en la regardant dans les yeux:
« Yumi, je peux te parler seul à seul un instant? »
Fin de l'épisode 23
*: pour ceux qui ne savent pas, un futon est un genre de matelas japonais. Et comme chacun sait que chez les Ishiyama, on vit à la japonaise...
Épisode 24: « Retour de flamme »
Elle sourit alors car elle savait ce qu'il allait lui dire. Mais même sachant cela, son cœur battait à cent à l'heure. Naru, sentant qu'elle gênait un peu, leur dit alors:
« Bon, ben... Je vous laisse, les amoureux! À plus... »
Puis elle s'éloigna en direction du reste du groupe sur le banc et en leur faisant un petit signe de la main ainsi qu'un clin d'œil complice à sa sœur. Les deux amoureux restèrent quelques instants à se regarder dans les yeux sans dire un mot, comme pour ne pas gâcher la magie de cet instant qu'ils voulaient éternel tant ils s'étaient manqué l'un l'autre. Ils se rapprochèrent un peu l'un de l'autre.
« Voilà... Je voulais te dire que... » commença Ulrich, hésitant.
À peine avait-il commencé sa phrase que la sonnerie venait de retentir. Ils se regardèrent alors, surpris et déçus d'avoir été coupés dans leur élan. Ils ne savaient pas quoi faire tant ils ne s'attendaient pas à ce que cela se produise.
« Bon... Ben... Je dois y aller... À plus... » dit alors Yumi, avec une pointe de résignation dans la voix.
Elle se mit alors le coin de la lèvre inférieur entre ses dents, comme pour montrer sa déception. Cet instant, elle l'aurait voulu inoubliable, mais le destin s'acharnait à le remettre sans cesse à plus tard. Elle se dit alors qu'ils n'étaient plus à deux heures de cours près. Ils pourraient se parler à la pause de dix heures, après tout.
« D'accord... À plus... » répondit Ulrich, laissant transparaître sa déception dans l'intonation de sa voix.
Puis Yumi commença à lui tourner le dos et s'éloigna lentement de l'amour de sa vie. Ulrich, lui, tourna la tête vers le banc où étaient regroupé le reste de la bande. Ils s'étaient levés et leurs regards convergeaient tous vers lui et Yumi qui venaient de se séparer. Tous semblaient lui dire la même chose. Il mit quelques secondes à comprendre. Yumi, elle, espérait tant qu'il la rattrape et lui déclare sa flamme puis l'embrasse. Comme ça, spontanément, sans prévenir, et devant tout le monde. Elle n'osait pas trop y croire, connaissant le tempérament de l'élu de son cœur, bien que cette idée l'avait saisie depuis le moment ou elle lui avait tourné le dos. Elle avait fait déjà quelques mètres quand elle sentit une main se poser sur son bras gauche. Elle venait de derrière elle. Elle retint alors son souffle. Elle entendit une voix lui dire:
« Yumi! Attends! »
C'était Ulrich. Elle se retourna vers lui. Elle croyait rêver. Exactement comme elle l'avait souhaité quelques instants avant.
« Peut-être qu'enfin... » se dit-elle à cet instant.
Ulrich posa alors sa main gauche contre la joue droite de la belle japonaise comme pour y déposer une douce caresse.
« Yumi... Je voulais te dire que...
- Chut... » l'interrompit-elle avec sa voix douce en posant son index sur les lèvres de l'amour de sa vie
Elle laissa son doigt glisser sur les lèvres du beau brun comme une caresse. Ils se regardaient amoureusement. Puis Ulrich commença à approcha sa tête de celle de Yumi qui fit de même. Et vint enfin le moment où leurs lèvres entrèrent en contact et ils commencèrent à s'embrasser tendrement.
« Ses lèvres sont douces comme de la soie. » pensa-t-il.
« Enfin! Ça y est! Mon prince charmant est venu me réveiller! » se dit-elle. « Et en plus, il embrasse bien! »
Ils s'embrassèrent tendrement ainsi pendant plus d'une minute sous les regards de tous les élèves présents dans la cours. Un grand silence s'imposa dans le lieu où pourtant résonnait habituellement la rumeur des discussions entre élèves. Tellement lourd qu'il en était presque assourdissant. Puis quelques murmures commencèrent à se faire entendre ça et là.
« Hé, Sissi! T'as vu ça? Ulrich, il a roulé une pelle à la noich'! » dit alors Nicolas à son amie, avant de rire bêtement.
Aussi intelligent que ses propres pieds réunis, cet abruti de Nicolas ne se rendit pas compte de ce qu'il venait de faire. En effet, l'événement avait échappé jusque là aux yeux de la petite peste du collège. Sissi en devint toute pâle quand elle vit la scène alors que les deux tourtereaux venaient de décoller leurs lèvres l'un de l'autre et perdaient leur regard dans le plus profond des yeux de l'autre. Ils ressentaient la même émotion qui les envahissait et les enivrait peu à peu. Ulrich posa ses mains autour de la taille de Yumi qui, à son tour posa les siennes sur les épaules de son beau chevalier servant. Puis ils s'échangèrent un timide sourire. Tout avait été si simple. Pourquoi ne s'étaient-ils pas déclaré leur amour plus tôt? Yumi appuya son front contre celui d'Ulrich. Ils continuaient de noyer leur regard dans les yeux de l'autre. Ils profitaient de ces quelques instants de bonheur avant de devoir se séparer pour aller en cour.
Sissi, elle, resta figée sur place, comme pétrifiée. C'était une vision d'horreur pour elle. Celui qu'elle aimait dans les bras d'une autre. Elle en avait mal au cœur. Des larmes, qu'elle ne put retenir, vinrent à couler le long de ses joues. Elle resta ainsi, incrédule, un instant avant de porter ses mains à son visage et de s'enfuir en courant vers sa chambre. Au même instant, le reste de la bande restait à proximité du banc. Aélita se tourna vers Jérémie et lui dit:
« Dis donc, beau blond! Ça te donne pas des idées de les voir comme ça tous les deux?
- Comment ça, des idées?? » répondit-il, intrigué.
- Ben... Des idées comme ça par exemple..."
Aélita se colla contre lui. Elle posa ensuite ses mains sur les joues du blondinet en rapprochant sa tête de celle du petit génie puis déposa un tendre baiser sur sa bouche. Il se sentit rougir mais se laissa faire.
« Ha! Ma Aélita! Elle a vraiment l'art de me faire tourner la tête! Mais je l'aime tellement! Qu'est-ce que je me sens bien avec elle! » pensa-t-il, en faisant en sorte que ce baiser se poursuive encore un peu.
À son tour, il posa ses mains sur les hanches de sa bien-aimée alors que leur baiser semblait s'éterniser. Il se laissait prendre enfin lui aussi au jeu des sentiments dévoilés. Il ne ressentait plus cette peur insensée de lui montrer ce qu'il ressentait pour elle. Eux aussi respiraient le bonheur à pleins poumons. Ils continuèrent ainsi pendant quelques secondes encore. À côté d'eux, Naru, Odd et William regardaient les deux couples se bécoter. Le visage de Naru était marqué d'un grand sourire. Elle était heureuse pour sa sœur. Yumi lui avait fait part tant de fois de ce qu'elle ressentait pour Ulrich, et de ses doutes aussi. Devait-elle lui dire où devait-elle le laisser venir? Ses sentiments étaient-ils réciproques? Même si elle connaissait toutes ces réponses, elle ne pouvait s'empêcher de douter de tout. Mais tout ça, c'était avant ce matin. Désormais, Yumi ne se prendrait plus la tête avec toutes ces questions. Et en cela, Naru était contente pour elle. Et là, c'était fait. Ils étaient enfin ensemble. Naru tourna son ensuite son regard vers les deux génies qui s'embrassaient eux aussi. Elle souriait toujours. Puis une idée lui traversa l'esprit, ce qui son sourire encore plus large. Elle dirigea son regard de braise vers Odd.
« Qu'est-ce que t'attends, Odd? Le déluge? » dit-elle en lui saisissant les mains.
- « Heu... Qu'est-ce que je suis censé faire?? » demanda-t-il naïvement.
- « Voyons, Odd! Fais pas ton timide! Tu sais très bien! »
Il n'eût pas le temps de répondre que Naru colla fermement ses douces lèvres contre les siennes. Il écarquilla les yeux alors qu'elle avait fermé les siens pour l'embrasser. Il était totalement paralysé par ce qui était en train de se passer. C'était elle qui dirigeait la « manœuvre ». Il n'avait pas d'autre choix que de se laisser faire, et, au fond, tout cela n'avait pas l'air de lui déplaire alors que tout se mélangeait dans sa tête. L'aimait-il? Et si c'était le cas, avant qu'elle n'apparaisse, était-il amoureux de Yumi? Se l'était-il caché à lui-même? Pourtant ce n'était pas son genre, à lui, le coureur de jupons, de renier ses sentiments pour quelqu'un. Avait-il alors eu le coup de foudre pour cette autre belle japonaise qui avait l'air d'avoir un caractère bien différent de celui de Yumi, et qui lui convenait mieux? En fin de compte, c'était peut-être bien cela la cause de ce sentiment de bien-être qui naissait en lui. Un sentiment de légèreté aussi.
Dans la cour, personne n'avait l'air de vouloir rentrer en classe et regardait Ulrich et Yumi se tenant dans les bras l'un de l'autre. Ils avaient l'air si heureux tous les deux. Tout le monde avait entendu parler de leur relation compliquée, colportée par Hiroki qui ne s'en était pas privé. Mais ils pensaient tous que cela n'arriverait jamais. Certains pensaient même que William serait parvenu à sortir avec elle avant qu'Ulrich ne tente quoi que ce soit. Cependant, c'était bien le beau brun ténébreux qui y était dans les bras de Yumi. Jim fit soudain son apparition dans la cour en hurlant:
« Ben alors!! Qu'est-ce que vous attendez?! Allez, zou!! Tout le monde en cours!! La cloche a sonné depuis cinq minutes!! »
Il remarqua que tout le monde regardait dans la même direction. Il vit alors Yumi dans les bras d'Ulrich ainsi que Naru avec Odd.
« Ha! Je comprends mieux, maintenant! Les sœurs Ishiyama qui se donnent en spectacle en même temps! Effectivement, c'est suffisamment rare pour qu'on en profite... Heu... Mais qu'est-ce que je raconte, moi?? Allez, zou!! En cours!! On se dépêche!! »
La masse d'élèves présents dans la cour commença alors à fondre comme neige au soleil tandis qu'ils se rendaient dans leurs salles de classes où leurs professeurs les attendaient. Malheureusement pour Yumi et Ulrich, il était l'heure de se séparer. Ils se décollèrent l'un de l'autre, un sourire angélique aux lèvres de chacun et destiné à l'autre.
« Je t'aime, Yumi. » déclara Ulrich tendrement.
Yumi se mordilla la lèvre inférieur en lui lançant un regard rempli d'amour avant de lui répondre timidement:
« Moi aussi, je t'aime, Ulrich. »
Ils furent vite rejoints par les autres. William, déçu, se sépara du petit groupe. Il savait à cet instant qu'il n'avait plus aucune chance de se mettre entre eux. Le deux amoureux s'embrassèrent une dernière fois puis se lâchèrent la main doucement en se regardant s'éloigner l'un de l'autre. Yumi se retourna pour aller en classe, accompagnée de sa sœur et de William, tandis qu'Ulrich rejoignit Odd et les deux génies. Tous, ou presque, s'en allaient le cœur léger vers les lieux où ils passeraient deux heures.
« Dis donc, Odd! T'assures avec Naru! » dit Ulrich qui les avait vus s'embrasser avant que Naru et lui s'en aille. « Et dire que tu la connais à peine! »
- « Heu... Ouais... En fait, c'est elle qui a tout fait! » répondit Odd, gêné.
- « Peut-être, mais t'avais pas l'air de dire non, pourtant!
- Ouais, mais là, c'est pas pareil! »
Aélita, Jérémie et Ulrich éclatèrent de rire. Ils arrivèrent enfin à leur salle de classe. Ils étaient les derniers à y pénétrer. La porte de referma derrière eux. Ils s'installèrent à leurs places. Puis Jérémie saisit un bout de papier sur lequel il griffonna quelques mots, le plia en quatre et le fit parvenir à Ulrich. Celui-ci le déplia et lut le message. On pouvait y lire:
« On a une surprise pour toi à midi! C'est quelque chose que tu n'oublieras jamais! Parole de Jérémie Belpois! »
Fin de l'épisode 24
Épisode 25: « Passé recomposé »
Une chose qui n'était pas coutume se produisit, les deux premières heures de cours passèrent rapidement pour tout le monde. Quand la cloche sonna la récréation, Ulrich se précipita hors de la salle de cours. Dans leur classe, Yumi et Naru, qui étaient assises l'une à côté de l'autre, rangeaient leur sac. Naru releva la tête et regarda vers la porte d'entrée de la classe qui était déjà ouverte. Elle se pencha alors vers pour lui dire:
« Regardes qui viens t'attendre à la porte! Si ça c'est pas de l'amour, je me demande bien ce que c'est! »
Yumi, qui était encore penchée sur ses affaires, se redressa et regarda à l'endroit indiqué par sa sœur.
Elle y vit Ulrich, impatient qu'elle vienne le rejoindre. Son visage s'illumina d'un large sourire. Elle était touchée par ce geste d'attention du beau brun. Elle se dépêcha de finir ce qu'elle était en train de faire et le rejoignit en courant. Quand elle fut à son niveau, elle lui prit la main et lui dit en plongeant son regard dans les beaux yeux de son prince charmant:
« Coucou, toi! Si tu savais comme tu m'as manqué pendant ces deux heures!
- Moi aussi, tu m'as manqué! » lui répondit-il timidement avant de l'embrasser amoureusement.
William, voyant cela, sortit rejoindre ses nouveaux amis* qu'il s'étaient fait après l'extinction du supercalculateur. Il ne voulait plus rien avoir à faire avec les lyokoguerriers, tant il souffrait de ne pas pouvoir être dans les bras de Yumi à la place d'Ulrich. Les deux tourtereaux s'en allèrent vers leur banc favori dans la cour, accompagnés par Naru, pressée de rejoindre son petit Odd adoré, comme elle l'appelait. Quand ils furent arrivés, Naru se jeta littéralement sur Odd pour l'embrasser. Celui-ci, surpris, tomba à la renverse avec elle. Les deux autres couples se mirent à rire car, même après leur chute, Naru continuait d'embrasser Odd fougueusement, ce qui n'avait franchement pas l'air de déplaire à ce dernier. Ils décollèrent leurs lèvres après quelques secondes. Odd ne put s'empêcher de dire:
« Whouaou! Si ça c'est pas de l'amour, je me demande bien ce que c'est! »
En entendant cette phrase, les deux sœurs se retournèrent l'une vers l'autre et s'échangèrent un regard complice en éclatant de rire. C'était exactement ce que Naru avait dit à Yumi quelques instants plus tôt à propos d'Ulrich. Aélita, Jérémie et Ulrich riraient aussi, mais pas pour les mêmes raisons.
« Ben quoi! J'ai rien dit de drôle, là! » déclara Odd, en se relevant en même temps que Naru.
Ils se replongèrent ensuite tous les deux dans les bras l'un de l'autre, mais cette fois ci avec moins de fougue et s'embrassèrent à nouveau, très vite imités par les deux autres couples. Yumi et Ulrich s'embrassaient par intermittences en s'échangeant quelques « Je t'aime » entre deux bisous, tandis qu'Aélita et Jérémie se regardaient dans les yeux alors qu'ils se tenaient par les deux mains tendrement.
Après quelques minutes, quand ils eurent tous comblé leur manque de baisers, ils commencèrent à discuter entre eux. Puis vint le moment où Ulrich demanda:
« Au fait, Einstein, c'est quoi cette surprise?
- Ho, rien! Et puis tu verras bien ce midi! » répondit Jérémie avec un petit sourire en coin.
- « Alors?! Ça fait que de pas savoir quand en plus on veut pas te le dire, hein?! » lança Odd au brun. « Et puis d'abord, c'est quoi cette surprise? Pourquoi je suis pas au courant, moi? »
- « Moi, c'était pour la bonne cause! » rétorqua Ulrich. « Et puis s'ils te l'avaient dit, t'aurais tout gâché! » ajouta-t-il en regardant Odd.
- « Mais nous aussi, c'est pour la bonne! Et on va rien dire à personne, comme ça la surprise ne pourra pas être gâchée! » déclara Aélita avec un grand sourire aux lèvres.
- « Sympa! Dites tout de suite que je suis un gâcheur de surprises, aussi! » dit Odd, vexé.
- « Mais non, c'est pas ça, Odd! C'est une surprise pour tout le monde! C'est pour ça qu'on t'as pas mis au courant! Y a que Aélita et moi qui savons ce que c'est! » rétorqua Jérémie.
Ils parlèrent ensuite de tout et de rien. Soudain, Ulrich sentit une main étrangère lui saisir le bras droit. Il se retourna alors vivement vers la personne qui le retenait ainsi et vit Sissi en pleurs. Dès qu'il eût fini de se retourner, elle lui expédia une grande gifle en travers de la figure et disant:
« Salaud! Comment tu peux me faire ça, Ulrich!
- Mais... Enfin, Sissi! » répondit-il, avec de grands yeux et en se tenant la joue. « Tu sais très bien qu'il n'y a jamais rien eu entre toi et moi! Alors pourquoi tu te mets dans des états pareils? »
Sissi ne sut quoi répondre. Elle resta immobile un instant en le regardant, les yeux pleins de larmes. Puis elle repartit aussi vite qu'elle était venue. La sonnerie retentit alors dans la cours. C'était déjà l'heure de se séparer pour Yumi et Ulrich, ainsi que pour Naru et Odd. Avant que tout le monde quitte le banc, Jérémie déclara:
« Pendant que j'y pense, ça vous tente d'aller à l'Ermitage après le déjeuner? »
Les autres répondirent par l'affirmative. Rendez-vous était donc pris pour rendre visite à Franz Hopper à la sortie de la cantine. Les deux heures de cours suivantes passèrent aussi vite que les deux précédentes. Odd et Ulrich avaient l'esprit ailleurs pendant que Jérémie et Aélita suivaient attentivement le cours de Mme Hertz. Dans une salle un peu plus loin, Yumi était dans le même état que son bien-aimé, elle ne parvenait pas à se concentrer tant elle était heureuse de ce qui leur arrivait, à elle et Ulrich. C'était bien la première fois qu'elle était dans un état pareil. Naru la regardait de temps en temps avec un petit sourire qui en disait long. Cela l'amusait de voir sa sœur comme ça. Elle suivait pas un instant le cours d'italien, se laissant bercer par la musicalité de la langue tout en étant perdue dans ses pensées. Elle, d'habitude si sérieuse et qui ne laissait que très rarement transparaître ses sentiments.
La fin des cours retentit. La petite bande se réunit alors rapidement à l'entrée du réfectoire et prit son déjeuner. Naru riait aux éclats en voyant Odd manger comme un goinfre et quémander la part de ses amis. Quand ils eurent fini, tous les six se précipitèrent vers vers le parc et se rendirent à l'Ermitage. Ils y arrivèrent très vite.
« Dis, Einstein! C'est normal si la maison n'est pas en ruines?
- Oui! C'est Franz qui a bidouillé ça lors du dernier retour vers le passé! Plutôt réussi, non? » répondit l'intéressé.
- « Carrément! C'est grandiose! » déclara Odd, qui restait bouche bée.
- « Mais qu'est-ce que vous racontez? » demanda Naru.
- « Rien, rien! On t'expliquera plus tard! » répondit Jérémie, un peu catastrophé.
Naru semblait n'être au courant de rien. Mais cela ne les perturba pas plus que cela. Ils passèrent le portillon du jardin et se rendirent sur le perron de la bâtisse. Aélita prit alors la parole:
« Ulrich, viens devant la porte et sonnes! Il y a une grande surprise pour toi à l'intérieur!
- Ben! Et nous alors? » demanda Odd avec un air inquiet.
- « C'est aussi une surprise pour vous! Mais c'est d'abord pour Ulrich! » répondit Aélita.
Ulrich s'avança alors vers la porte d'entrée et appuya sur la sonnette. Il attendit quelques secondes avant que la porte ne s'ouvre sur un Franz Hopper qui avait l'air de respirer la joie de vivre et le bonheur à plein nez.
« Ha! Bonjour Ulrich! Te voilà enfin! Entres vite et va au salon! » dit-il en souriant.
Ulrich entra et se dirigea d'un pas hésitant vers la pièce indiquée. Lorsqu'il fut à l'entrée, il aperçut une magnifique silhouette féminine assise dans l'un des fauteuils. Elle était vêtue d'un gros pull blanc en laine qui lui allait à ravir, ainsi que d'un magnifique pantalon noir. Elle lisait paisiblement un magazine alors qu'une musique douce se faisait entendre en fond sonore. Ulrich resta immobile. Elle était tellement belle. Les traits de son visage étaient délicats, sa chevelure longue et rose tombait joliment sur ses épaules et ses yeux étaient d'un profond vert émeraude qui lui allait bien. Elle avait le geste doux quand elle tournait les pages de son magazine. Il ne l'avait jamais rencontrée jusque là, mais dès qu'il la vit, il ressentit au plus profond de lui-même quelque chose qu'il n'avait jamais éprouvé auparavant avec qui que ce soit. Même avec ses parents adoptifs. Et elle, elle ressemblait en tout point à Aélita. Il était là, immobile, à la contempler depuis un peu plus d'une minute mais elle ne l'avait pas remarqué. Franz, qui regardait la scène depuis le perron, fit entrer le reste de la bande, qui s'agglutina derrière le beau brun ténébreux.
Ce n'est qu'à cet instant qu'Anthéa remarqua la présence de ses visiteurs. Elle leva tête et dirigea son regard vers eux. Elle esquissa un sourire. Le regard du jeune homme fut tout de suite capté par ses magnifiques yeux verts. Odd et Yumi la dévisageaient aussi. Ils n'en revenait pas. Ils reconnurent Anthéa immédiatement, tant Aélita lui ressemblait. Ils restèrent tous les deux sans voix, de même qu'Ulrich. Odd et Yumi s'étaient retournés l'un vers l'autre, étonnés de la voir. Anthéa se leva et se dirigea vers le petit groupe puis s'arrêta devant eux.
« Ulrich? » demanda Anthéa.
- « Oui. » répondit-il.
- « Comme tu ressembles à ton père quand il avait ton âge! » dit-elle alors en se prenant la tête entre les mains.
À ces paroles, Ulrich resta muet. Son regard se noyait dans les yeux de sa mère tant il les trouvait beaux. Puis ils se rapprochèrent l'un de l'autre pour se prendre dans les bras. Des larmes perlèrent dans les yeux de chacun d'eux puis roulèrent le long de leurs joues. Ils restèrent ainsi de longues minutes. Yumi semblait perturbée par quelque chose. Elle se tourna vers Jérémie et lui demanda discrètement:
« Dis donc, Einstein! Je comprends plus rien, là! Pourquoi c'est pas Aélita qui est dans les bras de sa mère à la place d'Ulrich?
- Ha... Ben... Heu... » répondit le petit génie, un peu embarrassé et visiblement surpris qu'Ulrich n'ait pas pris le temps de tout lui expliquer à ce sujet.
- « En fait, c'est sa mère à lui aussi! » déclara Odd, en se grattant l'arrière du crâne comme il le faisait quand il était gêné.
- « Quoi?! Mais qu'est-ce que tu racontes, Odd?! C'est le couscous boulettes de ce midi qui passe pas ou quoi?? » rétorqua la belle japonaise, interloquée par cette soudaine révélation.
- « C'est vrai, ça! C'est quoi ce délire?! » ajouta Naru. « T'as pété un câble ou quoi, mon Oddounet?!
- Ben... En fait... Il a raison! » dit alors Jérémie. « On n'a pas eu le temps de vous l'expliquer parce que c'est arrivé tellement vite! C'est une longue histoire! Mais ne vous inquiétez pas, on va tout vous dire! »
Après quoi, Odd ajouta discrètement:
« Au fait, Einstein! C'était pour elle la carte vierge qui est apparue au moment du retour vers le passé? C'est ça?
- T'as tout compris! » répondit l'intéressé.
- « Ouais, ben moi non! » déclara Naru. « c'est quoi ces histoires de retour dans le passé? Déjà que le coup de la mère, j'ai pas trop compris! Alors là, je suis complètement larguée!! »
La mère et son fils se séparèrent. Anthéa se releva et invita tout le monde à entrer dans le salon. Ils lui obéirent sans dire un mot. Yumi, Ulrich s'assirent dans le canapé, suivis par Naru et Odd, tandis que Jérémie s'assit dans l'un des fauteuil, prenant Aélita sur ses genoux. Franz s'assit dans l'autre fauteuil et Anthéa s'appuya sur l'un des accoudoirs. Franz regarda les sœurs Ishiyama et dit alors:
« Si je me souviens bien, on m'a parlé d'une seule jeune et jolie japonaise. Mais là, j'en compte deux! Ou bien mes yeux me jouent des tours, ou bien il y a eu comme un léger problème avec le dernier retour dans le passé! Laquelle de vous deux est Yumi?
- C'est moi! » répondit Yumi timidement en levant légèrement sa main droite qui était posée sur son genou.
- Et toi, comment t'appelles-tu » demanda Franz en se tournant vers l'autre japonaise.
- « Moi, c'est Naru. Mais vous, qui êtes-vous? » répondit l'intéressée.
- Puis que tu ne nous connais pas, je vais faire une rapide présentation. Je m'appelles Franz et voici ma femme, Anthéa. Nous sommes aussi les parents d'Ulrich et Aélita. »
En entendant cela, les jumelles écarquillèrent les yeux. Yumi se retourna vers son bien-aimé à l'instant même où s'était retourné vers elle.
« Mais qu'est-ce que ça veut dire? Et tes parents, alors? » dit Yumi.
- « Justement, j'ai pas eu le temps de te le dire avant le retour vers le passé. Mais en fait, j'ai été enlevé à ma mère le jour de ma naissance pour être adopté par mes parents officiels, entre guillemets, qui sont en fait mes parents adoptifs! » déclara Ulrich.
- « Sans Blague?! Mais c'est dégueulasse de faire ça!! » répondit Yumi, outrée.
- « Et c'est pas tout! Juste avant de retourner dans le passé, on a découvert que mon père adoptif travaillait sur le projet Carthage! Il était chargé de poursuivre Franz dans sa fuite. » poursuivit Ulrich.
- « Hélas, c'est parfaitement exact! » rajouta Franz. « Mais, avant d'expliquer cela en profondeur, j'aimerais éclaircir une petite chose. Depuis quand Naru est-elle parmi vous?
- Ben... Depuis le jour où j'ai atterri au Japon! »
- « Mais c'est quoi toute cette histoire?! La dernière fois qu'on est allées au Japon, c'était à Noël dernier et j'étais là bien avant! Et c'est quoi cette ânerie de retour vers le passé? Et Ulrich, le frère d'Aélita?! Ça se verrait, quand même! Vous me faites une blague ou quoi?! Et puis d'abord, qu'est-ce qu'on fait ici?? Parce que j'aimerais bien savoir ce qui se passe, là!! » dit-elle en se levant.
Tout le monde la regardait. Franz comprit alors qu'elle n'avait été mise au courant de rien du tout.
« Il est temps de retourner à l'usine. » dit-il.
- « Hein?! Mais c'est où, ça, encore?! » demanda Naru.
- « Suis nous sans poser de questions! On va tout t'expliquer là-bas! » répondit Odd en se levant.
Tout le monde se mit alors en marche tranquillement vers l'usine. Ils y parvinrent vers treize heures dix. Naru découvrait les lieux et s'inquiétait de son état, craignant qu'un accident ne se produise. Anthéa aussi pénétrait dans l'endroit pour la première fois mais elle faisait confiance en Franz et ses enfants. Ils montèrent tous dans le monte-charge et descendirent directement dans le labo. Une fois en bas, la s'ouvrit sur le pupitre de commandes du supercalculateur. Tous sortirent du monte-charge d'une manière naturelle, sauf pour Anthéa et Naru qui découvraient l'atmosphère étrange de la pièce. Elles détaillaient l'endroit du regard en avançant d'un pas hésitant.
« Alors, c'est ici que tu travaillais pendant toutes ces années à contrer ce monstrueux projet? » demanda Anthéa à Franz.
- « Oui, Anthéa. » répondit-il avec une pointe de nostalgie et de regret dans la voix.
- « Heu?... Vous pouvez tout m'expliquer maintenant? » questionna Naru.
- « Pas tout de suite. J'ai quelques petites choses à vérifier avant. Mais je te promets que tu sauras tout sur tout! » déclara alors Franz.
- « Suis-nous, on va te faire visiter l'usine en attendant. » ajouta Odd avec un grand sourire et en lui prenant la main.
Ils se dirigèrent alors tous les deux vers le monte charge, accompagnés de Yumi et Ulrich pour descendre à la salle des scanners. Quand ils furent en bas, Naru les questionna sur tous ces appareils étranges qu'elle voyait autour d'elle. Les questions pleuvaient sur les trois autres, qui n'avaient pas toujours les réponses. Pendant ce temps, un étage plus haut, Franz avait lancé le débat sur ce qu'il devait advenir de Naru. Car sa présence posait un grave problème. Y avait-il eu un problème pendant le dernier retour vers le passé? Avaient-ils commis une erreur dans la modification de leur programme? Ou bien encore, y avait-il une erreur dans le protocole Carthage? Celle-là même qui faisait qu'il n'avait pas été au point avant l'arrivée de XANA dans le supercalculateur qui lui était consacré? Tout cela faisait débat. Franz et Jérémie pensaient qu'il fallait faire en sorte qu'elle disparaisse purement et simplement, ce qui offusquait Anthéa et sa fille. Les arguments fusaient de tous bords, mais sans aucune virulence ni colère dans leurs propos.
Au bout d'une dizaine de minutes, Yumi et Ulrich firent leur apparition au labo, laissant Odd et Naru seuls à l'étage inférieurs.
« On peut savoir de quoi vous parlez? » demanda Yumi, en souriant.
- « Ben... Heu... On parlait de...Ta sœur... » répondit Jérémie, un peu gêné.
- « Ben pourquoi? Qu'est-ce qu'elle a, ma sœur?
- On se demandait ce qu'on devait faire à propos d'elle » déclara Franz.
- « Comment ça? Elle ne pose pas de problème, pourtant! » rétorqua Ulrich, étonné.
- « Justement, si! » dit Jérémie. « Elle n'existait pas avant tous ces événements. Elle n'a aucun véritable passé. On n'a trouvé aucune trace d'elle dans les archives de l'état civile qu'on a récupéré au centre militaire!
- Mais comment tu peux dire?! » cria Yumi, avant de partir en courant vers le monte-charge, les yeux remplis de larmes.
Ulrich courut derrière elle pour la rattraper. Les portes du monte-charges se refermèrent juste derrière lui. Aélita dit alors:
« Bravo, Jérémie! Quel tact!
- Je suis désolé! Je pouvais pas savoir qu'elle allait réagir comme ça! » répondit-il.
- « C'est pas à nous qu'il faut le dire mais à elle! » rétorqua-t-elle.
Aélita lui tourna le dos pour lui signifier son mécontentement. Un lourd silence s'imposa dans ces lieux. Naru et Odd firent alors leur apparition par l'échelle qui remontait de la salle des scanner.
« Tiens! C'est bien calme ici! » déclara Odd.
- « Demandes pourquoi à Jérémie! Il t'expliquera ça mieux que moi! » lança Aélita en adressant un regard plein de colère à Jérémie.
Alors que les discutions reprenaient dans le labo, Yumi et Ulrich se réfugiaient dans un endroit tranquille de l'usine, là où ils étaient sûrs que personne ne les dérangeraient. Ils pénétraient dans une pièce située au premier étage, celle-là même où ils s'étaient réfugiés avec Sissi lors du tournage du film d'horreur***. Ulrich referma la porte derrière lui. Yumi se tenait debout face aux baies vitrées de la pièce. Elle était toujours en pleurs. Les propos de Jérémie l'avaient profondément blessée. Ulrich se rapprocha d'elle par derrière et posa ses mains sur la taille se sa petite amie. Il approcha sa bouche de son oreille et lui dit doucement:
« T'inquiètes pas, Yumi. Il y a forcément une autre solution et on la trouvera. Je te le promets. »
Yumi se retourna vers celui qu'elle aimait plus que tout au monde et se blottit contre lui. Ulrich essuya délicatement ses larmes.
« Merci, Ulrich. » lui dit-elle alors en esquissant un léger sourire.
- « De rien, c'est tout naturel. » répondit-il, avant de l'embrasser tendrement.
Ils s'embrassèrent ainsi pendant un court instant. Mais ce qu'ils ressentaient était si intense. Lorsqu'ils décollèrent leurs lèvres, ils se regardèrent dans les yeux amoureusement.
« Tu sais, je comprends ta réaction. Jérémie n'avait pas à te dire ça. »
- « Merci, c'est gentil, Ulrich. » répondit-elle timidement. « Tu sais... Au début de tout ça, quand XANA m'a envoyée au Japon... Quand j'ai vu Naru pour la première fois, ça m'a fait bizarre de voir que j'avais une sœur jumelle.
- J'imagine, ouais. Un peu comme moi quand Franz m'a dit que j'avais été adopté et que j'étais son fils.
- Ce que je voulais te dire, c'est qu'avec le temps, je me suis rendue compte de ce que Naru représentait pour moi. Avant, j'avais l'impression qu'une partie de moi-même manquait. Et depuis que Naru est là, j'ai l'impression que je l'ai retrouvée. Je me sens bien avec elle. Et puis...
- Et puis?
- Et puis... Ce matin, en arrivant au collège, j'ai eu comme un flash...
- Un flash?! Comment ça?
- Ben, il y a un souvenir que j'avais complètement oublié qui m'est revenu en mémoire. Un souvenir de l'époque où on habitait encore au Japon. Avant la naissance d'Hiroki, ma mère et moi, on allait souvent dans un cimetière poser des offrandes sur une tombe. Quand je demandais à ma mère à qui était cette tombe, elle ne me répondait jamais. Je ne savais pas encore lire à ce moment-là. Mais d'après mes souvenirs, il y avait écrit le prénom d'une petite fille dessus... J'en suis pas sûre mais je crois que c'était la sienne. »
Ulrich écarquilla les yeux en entendant cela. La situation lui parut alors beaucoup plus claire.
- « J'y crois pas!! Tu sais ce que ça veut dire? » lui demanda-t-il.
- « Ben... Non, pourquoi?
- Ça veut dire que...
- Que quoi?!
- J'ose pas y croire! Viens avec moi! Vite! »
Ulrich l'entraina avec lui par la main en se dirigeant vers la porte.
« Hé... Attends... Tu me fais mal! » gémit-elle en se laissant tirer par le beau brun.
Ils descendirent à toute vitesse au monte-charge pour aller retrouver les autres. Pendant que Yumi était en train de se confier ses sensations et souvenirs à Ulrich, Franz et Jérémie avaient tout expliqué à Anthéa et Naru. Cette dernière semblait incrédule face à toutes ces révélations. Tout cela lui paraissait un peu trop irréaliste pour être vrai. Mais Franz était si convaincant dans ses explications. Il avait toujours le bon argument quand elle lui faisait part de ses interrogations. Naru, qui voulait en avoir le cœur net, se leva et déclara:
« Si tout ça est vrai, alors on peut aller sur Lyoko tout de suite? Juste histoire de vérifier! Parce que là, j'ai un peu l'impression que c'est une grosse blague, quand même! Pas vrai mon Oddounet? »
Elle les mettait au défi de prouver tout ce qu'ils venaient de lui dire. Les cinq autres se regardèrent, circonspects. Une question se posait alors à eux. Fallait-il la virtualiser? Car, après tout, s'il s'avérait qu'il faille la faire disparaître à jamais pour retrouver le monde tel qu'il était avant le début du protocole Carthage, il ne fallait surtout pas le faire. Cela ne faisait aucun doute pour Odd, qui ne voulait pas la perdre. La question était aussi tranchée pour Jérémie, qui pensait le contraire de son ami. Il pensait que si elle était là, c'est parce qu'ils avaient commis une erreur, rien de plus. Tout comme Franz. Mais ce dernier semblait être gêné de devoir prendre une telle décision. Naru était quand même un être humain. Et ils n'étaient pas des dieux, ils n'avaient pas le droit de décider de son existence ou pas. Mais s'il fallait le faire, il serait contraint de le faire, pour la bonne marche du monde. Il s'interrogeait sur l'influence que sa présence pourrait avoir sur tout cela. Anthéa et sa mère partageaient la même opinion. Naru devait rester parmi eux, quoi qu'il en coûte.
« Bon, alors? Vous vous décidez? » demanda Naru, impatiente de connaître le dénouement de tout cela.
Au même instant, Ulrich et Yumi déboulèrent d'un pas vif dans le labo.
« Je crois que j'ai tout compris! » déclara Ulrich, en sortant du monte-charge. « Il faut qu'elle reste avec nous! Elle ne doit surtout pas disparaître sinon on va faire une énorme erreur!
- Expliques-toi, Ulrich. » demanda Franz, calmement. « Tu as sûrement de bons arguments à nous donner.
- Oui, j'en ai un excellent! Le dernier retour vers le passé a corrigé une événement qui se serait produit lors de la naissance de Yumi! Mais je préfère laisser Yumi vous en parler, elle le fera mieux que moi! » dit-il en se retournant vers elle.
- « Hein?! Mais qu'est-ce que tu veux que je racontes? » demanda la japonaise, étonnée.
- « Ben, ce que tu m'as raconté tout à l'heure, là-haut! Ton souvenir d'enfance, tout ça, quoi... » répondit Ulrich.
Yumi raconta alors ce qu'elle avait révélé à son bien-aimé quelques instants plus tôt. Tout le monde l'écoutait attentivement. Franz se grattait le menton depuis le début du récit de la belle japonaise. Lorsqu'elle eût fini, il se retourna vers les commandes du supercalculateur et commença à promener ses doigts sur le clavier en déclarant:
« Je ne pensais pas que la première fois avait marché!
- comment ça, la première fois? » demanda Yumi.
- Le premier essai du protocole Carthage! Il a eu lieu en 1992! Et je crois savoir que vous êtes toutes les deux nées cette année-là, n'est-ce pas?
- Oui, c'est exact! » répondit Yumi. « Mais qu'est-ce qui s'est passé, alors? »
Franz se retourna vers les autres et commença à leur expliquer ce à quoi il faisait référence:
« Lorsque je travaillais sur ce monstrueux protocole Carthage, qui s'appelait alors projet Carthage, je me rappelle qu'ils ont effectué un essai pour voir si tout marchait correctement. Mais celui-ci c'est mal déroulé. Dans la salle de contrôle, il y a eu un grand accident. Une partie du supercalculateur a explosé et les débris projetés ont fait deux morts parmi les techniciens. C'est peu après cet événement que j'ai appris le but de tout cela. À l'époque, je ne travaillais que sur la partie technique du supercalculateur. Je ne savais pas grand chose sur ce projet, même pas ce à qui ce supercalculateur allait servir. Et c'est quand on a su, avec quelques collègues, ce qu'ils allaient en faire, qu'on a décidé de démissionner et de s'y opposer. La suite, vous la connaissez. Par contre, après le premier essai, tout le monde avait cru qu'il ne s'était rien passé. On avait vérifier et comparé la base de données sauvegardées avec les documents officiels disponibles à l'époque, et on n'a pas remarqué de différences significatives. Tout juste des personnes nées un ou deux jours après leur première date de naissance. Rien de bien grave, en somme. Mais aucune disparition. Ils ne l'avaient fait que dans les archives françaises, et pas celles des autres pays qu'ils avaient patiemment collectées mais pas traduites, faute de temps. Alors il se pourrait que lors du dernier retour vers le passé, on ait corrigé tout cela et que ce soit la raison de ta présence parmi nous, Naru. Je vais vérifier ça dans les archives japonaises de l'époque. Il faudra que vous m'aidiez, mes demoiselles, car je ne sais pas lire les idéogrammes japonais! »
Tout le monde autour de lui tombait des nues. Ils ne pensaient pas que cela pouvait aller jusque là. Franz se tourna vers le supercalculateur alors que Yumi et Naru s'approchaient de lui. Ils fouillèrent tous les trois les archives japonaises de 1992 dont ils disposaient. Les deux jeunes filles étaient tendues. S'ils ne trouvaient rien sur Naru, les jumelles s'attendaient au pire pour le devenir de la petite amie de Odd. Ils cherchaient depuis quelques minutes lorsque les regards des deux japonaises s'arrêtèrent sur une ligne bien précise.
« STOP! Là! » dirent-elles simultanément en pointant la ligne en question du doigt sur l'écran.
Elles en firent alors la traduction à haute voix. Les deux sœurs se regardèrent alors puis se précipitèrent dans les bras l'une de l'autre en sautillant de joie. Tout le monde fut soulagé. Naru avait bien existé auparavant. La question de son devenir ne se posait donc plus. Ils n'avaient donc aucune crainte à avoir. Tout le monde était heureux. Quelques minutes plus tard, Jérémie souleva une épineuse question qui lui trottait dans la tête:
« Vu que pour nous, Naru vient d'arriver alors que pour elle, elle a toujours été là, on n'a pas le même passé! Alors j'imagine qu'il doit y avoir plein de petits trucs différents de ce qu'on a connu avant, surtout pour Yumi. Comment on peut faire pour corriger tout ça? »
Franz se gratta le menton quelques instants avant de déclarer:
« Je crois que j'ai ma petite idée pour y remédier...En attendant, retournez au collège. Il est déjà treize heures quarante trois! On en rediscutera ce soir, si vous le voulez bien. »
Fin de l'épisode 25
*: voir épisode 1.
**: à la fin de la saison 4.
***: voir code Lyoko saison 1, épisode 8: "Clap de fin".
Épisode 26: « Journal d'une Yumi heureuse »
« Jeudi 13 mars 2008, 19h43
Quelle journée que celle d'aujourd'hui! Quelle aventure aussi!
Je suis enfin de retour ici après presque vingt jours au Japon à cause de XANA. J'expliquerais tout ça plus tard. Le plus important, c'est que je suis là. Et en plus, j'ai découvert que j'avais une sœur jumelle. Elle s'appelle Naru. Je la connais à peine depuis le jour où XANA m'a renvoyée au Japon mais je sens que je l'adore déjà. Elle est un peu excentrique, comme Odd, mais je l'aime bien. J'ai l'impression d'avoir retrouvé une partie de moi-même. Elle est comme mon alter ego. C'est dingue comment on arrive à se comprendre. Parfois, on n'a même pas besoin de se parler ni de se faire de signes. C'est comme si on communiquait par télépathie. Et en plus, j'ai l'impression de l'avoir toujours connue, comme si elle avait toujours été avec moi. Quand j'y pense, je trouve ça super bizarre.
Bref, c'est pas ça le plus important! Parce que le plus important, c'est qu'Ulrich m'a embrassée pour la première fois! C'est génial! Je suis folle de lui! Je pense à lui tout le temps. Même en cours, je pense à lui. Je l'aime tellement. Quand je pense qu'on se connaît depuis à peu près un an et demi, et qu'il a fallu tout ce temps pour s'avouer nos sentiments.
Mais ça a failli ne pas du tout se passer comme ça. Ce matin, je me suis réveillée vers 5h30 dans mon lit. J'ai remarqué tout de suite que je n'étais plus au Japon mais ici. Je me suis sentie soulagée. J'ai immédiatement appelé Ulrich pour lui dire. Quand je le lui ai dit, il a crié de joie comme un malade dans son portable et il a failli me crever le tympan! Et là, on a commencé à se dire un peu ce qu'on ressentait l'un pour l'autre. C'est lui qui a commencé. Au départ, il a pas voulu, c'est sorti tout seul. Et il a voulu se corriger mais je lui ai coupé la parole pour lui dire ce que je ressentait pour lui. Et là, je me suis sentie libérée, comme si j'étais plus légère. Quand j'y pense, qu'est-ce que j'ai pu être idiote avec lui! Lui dire qu'entre nous ce serait « copains et c'est tout » alors que j'étais folle amoureuse de lui! Faut être un peu conne quand même pour faire ça, comme dirait Naru. Et ensuite, on a raccroché. Je savais plus trop quoi lui dire et lui non plus ne savait plus quoi me dire, apparemment. Ensuite je me suis recouchée. Et je me suis levée en retard pour aller au collège. C'est bien ma veine! Maman m'a réveillée, je me suis levée et deux minutes plus tard j'étais dans la rue en chemin pour Kadic.
Quand j'y suis arrivée, j'ai découvert que Naru était là, à discuter avec toute la bande. Quand elle m'a vue, elle s'est précipitée vers moi. À ce moment-là, j'ai eu peur de ce qu'elle aurait pu dire aux autres ou même ce qu'elle aurait pu faire à Ulrich. À mon Ulrich. Et là, elle m'a dit qu'elle sortait déjà avec Odd! Ils font la paire ces deux-là! Ils vont super bien ensemble, en tout cas. Quand je suis arrivée devant tout le monde, ils m'ont tous fait un grand sourire pour me dire qu'ils étaient contents de me revoir enfin après tout ça. Et c'est là que j'ai découvert que Aélita et Einstein sortaient aussi ensemble! Enfin, je veux dire qu'ils s'embrassent enfin. Devant tout le monde, en plus! Et ils ne se privent pas!!! Pourtant c'est pas le genre de Jérémie de faire ça! Et Aélita non plus, d'ailleurs! C'est surprenant au début, et puis après, on s'y fait. En tout cas, ils sont mignons à voir tous les deux. Ils vont bien ensemble, eux aussi. Je ne peux pas m'empêcher de sourire quand je les vois en train de se bécoter tous les deux!
Et là, Ulrich m'a demandé de venir avec lui. Je me suis pas trop posé de questions sur ce qu'il voulait me dire. C'était tellement évident! Mais il a à peine eu le temps de dire quoi que ce soit que la cloche a sonné. Alors on a commencé à se séparer. J'ai bien vu dans son regard que ça l'embêtait. Et moi aussi, par la même occasion. À ce moment-là, j'ai cru qu'il avait lu dans mes pensées. Il a fait exactement ce que je désirais au plus profond de moi-même. Il m'a rattrapée et il m'a embrassée. Devant tout le monde, et sans hésiter, en plus! Même Sissi était là. J'aurais jamais cru qu'il ait le cran de le faire. Je me suis laissée faire. J'étais tellement bien dans ses bras, à l'embrasser. Et en plus il embrasse comme un dieu. Je suis folle de lui. J'arrive plus à penser à autre chose que lui. Qu'est-ce qu'il est beau! Il est fort aussi. Pas comme ce gringalet de Odd! Je me demande bien ce qu'elle lui trouve! Nan, je déconne! Ils forment un beau couple tous les deux! Ensuite, on est allés en cours. J'ai rien suivi du tout! C'est bien la première fois que ça m'arrive! Ulrich a occupé la moindre de mes pensées toute la journée.
À midi, après avoir mangé, on est allés à l'Ermitage. J'ai enfin rencontré Franz Hopper, le père d'Aélita. Il est très gentil. Et j'ai aussi rencontré sa mère. Ils ont réussi à la retrouver et à la ramener. Et puis c'est là que j'ai appris qu'Ulrich avait été adopté et qu'en plus c'était le petit frère d'Aélita! C'est incroyable, ça! Ils sont séparés pendant des années à cause du projet Carthage et ils se retrouvent tous quand il est détruit! En tout cas, ils ont des parents super gentils. Ça doit faire bizarre à Ulrich d'avoir des parents naturels comme eux alors que ses parents adoptifs sont super froids avec lui! Ensuite, on est allés à l'usine tous ensemble. Naru, elle, elle ne savait rien de tout ça. Ulrich, moi et Odd, on lui a fait visiter la salle des scanners après lui avoir montré le labo. Elle ne comprenait rien de ce qu'on racontait. On a dû tout lui expliquer. Au départ, elle n'avait pas l'air de nous croire. Ensuite, on l'a laissée seule avec Odd. On se demande bien ce qu'ils ont pu faire, ces deux-là! Moi et Ulrich, on est remontés au labo.
On a retrouvé les autres qui discutaient de Naru. Jérémie m'a dit qu'il fallait faire en sorte qu'elle disparaisse. Si on l'avait fait, ça aurait été l'erreur du siècle! Je leur ai parlé d'un souvenir de l'époque où on vivait encore au Japon. Celui avec la tombe de l'inconnu, au cimetière. En fait c'était celle de Naru. Elle est morte à nôtre naissance. Et c'est à cause du premier essai du protocole Carthage. Franz nous a raconté que ça c'était très mal passé là-bas, et que c'est là qu'il a appris à quoi allait servir son travail. Et c'est à ce moment-là qu'il a fuit tout ça et qu'il a commencé à essayer de le contrer avec l'aide de quelques uns de ses collègues. Ensuite, on a vérifié dans les sauvegardes que Naru existait bien avant tout ça. Et c'était bien le cas. On a toutes les deux sauté de joie.
Et puis là, il y a Jérémie qui a fait la remarque qu'on avait pas les mêmes souvenirs. Franz a dit qu'il savait comment faire pour que ça ne soit plus un problème. Mais il ne nous l'a pas dit tout de suite parce qu'il était déjà l'heure de retourner en classe. Alors on est rentrés à Kadic en passant par les égouts. Ça a dégoûté Naru au début. C'était marrant à voir, la tête qu'elle faisait. Ensuite, quand on est sortis du parc, Hiroki nous a vu et il n'a pas pu s'empêcher de faire des réflexions idiotes! Comme d'habitude! Il changera jamais, celui-là! Mais maintenant, on est deux et on va pouvoir le chopper plus facilement quand ils nous cassera les pieds! Rien que ça, ça promets!
Après les cours, on est retournés à l'Ermitage. Franz et Anthéa sont restés à l'usine toute l'après midi pour réfléchir au problème du passé. Ils nous ont expliqué ce qu'ils avaient fait. Comme d'hab', j'ai rien compris à tout ce charabia. Mais j'étais pas la seule, il y avait Ulrich et Odd aussi. Mais pas Naru! Elle a à peu près tout compris du premier coup! Elle a bouffé du Einstein ou quoi?? En tout cas, c'est elle qui nous a tout expliqué pour qu'on comprenne. C'est marrant, j'avais pas le souvenir que c'était une intello, elle aussi. Au japon, c'était même le contraire!! Elle avait même repiqué deux fois!! Alors que là, c'est la première de la classe! Ça aussi, je l'ai découvert cette après-midi. Jérémie, Aélita et Naru auraient été dans la même classe, ils n'auraient pas arrêté de se disputer pour avoir premier de la classe! Et connaissant Naru, on aurait eu le droit à des crises de jalousies pas possibles! Enfin, heureusement, c'est pas le cas!
À part ça, Franz nous a dit qu'il n'avait pas eu le temps de finir ce qu'il voulait faire. D'après ce que j'ai compris, il ne lui restait plus qu'une ou deux bricoles et tout ça ne sera plus qu'un mauvais souvenir. C'est pas grave, de toute façon, ça presse pas! Il a tout le temps de finir son programme demain ou ce weekend! Par contre, Anthéa, elle n'a pas l'air d'être une pro de l'informatique! Elle avait l'air un peu larguée quand Franz a expliqué ce qu'il avait fait. Il a dit aussi qu'il fallait qu'on passe dans les scanners ce soir pour vérifier si ce qu'il a fait aujourd'hui fonctionne. Il nous a donné rendez-vous à l'usine après le dîner. Ensuite, Naru et moi on est sortis et on est rentrés à la maison. Évidemment, Ulrich et Odd nous ont raccompagnés. Quand on est arrivés, Ulrich et moi, on est restés devant la grille de l'entrée pour se dire des mots doux. Par contre, là, c'est sûr, Naru en plus d'être une super tronche en classe, c'est une super tarée! Elle a trainé Odd avec elle dans le salon et elle l'a embrassé devant les parents! Ma mère a poussé un cri en les voyant, tellement elle était choquée. Elle a crié si fort qu'on l'a entendue de la rue! Alors on est rentrés à tout de suite à l'intérieur, Ulrich et moi. Et là, je vous raconte pas la tête que Papa et Maman tiraient après ça! Quand ils nous ont vu rentrer tous les deux main dans la main, Papa nous a dit:
« Ha, non! Vous n'allez pas vous y mettre, vous aussi! »
On lui a demandé pourquoi Maman avait crié, et ils nous ont raconté ce que Naru et Odd venaient de faire. Ulrich et moi, on s'est regardés. Là, ils se sont bien rendus compte qu'on allait pas leur refaire le coup. Ils se sont calmés immédiatement. Par contre, j'ai l'impression qu'Ulrich a eu peur de mes parents, parce qu'il m'a tout de suite lâché la main. Mais je l'ai regardé et je la lui ai reprise. Il a tourné la tête vers moi et il a sourit. Qu'est-ce qu'il est beau quand il sourit! Il est vachement craquant, quand même! Je comprends mieux pourquoi je suis amoureuse de lui! Déjà que sans sourire, il est super mignon! Alors quand il sourit, là, je fonds littéralement! Après toutes ces émotions, on est allés dans ma chambre. En chemin, on est passés devant celle de Naru. Et là, on a gaulé Hiroki en train de l'espionner alors qu'elle était avec Odd. On était pas trop de deux pour le choper, celui-là. Évidemment, avec le boucan qu'il a fait, Naru et Odd sont sortis de la chambre et ils nous ont demandé ce qui se passait. On s'est pas gênés pour cafter! Et là, franchement, il n'y aurait eu que Naru, Hiroki en aurait déjà pris plein la tronche. Alors, vu qu'on était quatre, on lui a fait passer un sale quart d'heure qu'il n'est pas prêt d'oublier! Si ça peut lui passer l'envie de recommencer. C'était trop pour que ce soit vrai! Dix minutes après qu'on soit allés dans ma chambre, Ulrich et moi, on était en train de s'embrasser, quand on a entendu un bruit derrière la porte. J'ai couru pour l'ouvrir mais il n'y avait personne sauf Hiroki qui courait au bout du couloir! Qu'est-ce qu'il est pénible quand il s'y met, celui-là!
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Jeudi 13 mars, 22h39
Ulrich et Odd sont retournés au collège vers 19 heures. Naru et moi, on est retournées dans sa chambre et on a papoté un peu entre sœurs. Ensuite on est descendues pour aller manger. À table, Hiroki n'a pas pu s'empêcher de faire son carnaval à propos de nous deux et de nos petits copains. Il a tellement énervé Papa qu'il s'est ramassé une énorme tatane dans la figure! Et ça a fait un de ces bruits! J'aurais pas aimé être à sa place! À mon avis, demain matin, Hiroki aura encore la main de Papa dessinée sur la joue! En tout cas, il faisait moins le malin après ça. En même temps, il l'a bien cherché... Papa devait être super énervé pour faire ça parce que je l'ai jamais vu comme ça. Visiblement Maman non plus! Elle l'a regardé avec des grands yeux. Elle a dû se demander ce qui se passait. Elle n'a rien osé lui dire! Nous non plus, d'ailleurs. En tout cas, la maison a été bien calme après.
À la fin du dîner, Naru et moi, on s'est éclipsées pour aller à l'usine. On a retrouvé nos chevaliers servants. Ils ont été super galants avec nous. Décidément, plus je vois Ulrich, plus je suis folle de lui! Je pensais pas que ça se passerait comme ça. Je lui ai raconté ça et il m'a dit que pour lui aussi c'était pareil! Qu'est-ce que je l'aime, mon Ulrich! Plus rien d'autre n'existe quand je suis dans ses bras. Je sens que je ne peux déjà plus m'en passer! Quelque chose me dit que je vais faire de très beaux rêves cette nuit! Et je crois que ça va être pareil pour Naru avec Odd!
Après ces retrouvailles, on est descendus tous les quatre dans le labo pour retrouver tous les autres. Ils nous ont expliqué ce qu'on devait faire. C'était pas super compliqué. On est ensuite tous allés aux scanners et on a tous été virtualisés chacun nôtre tour. Même Naru. Qu'est-ce qu'elle est belle sur Lyoko! Elle a exactement la même coiffure qu'elle avait sur Terre mais en plus grand! Là, les monstres de XANA auraient encore existé, elle les auraient fait fuir, c'est sûr! Elle avait la même tenue que moi sauf qu'elle était verte. Ça lui allait super bien! Dommage qu'on doive éteindre le supercalculateur bientôt! Je suis sûre qu'elle aurait aimé combattre ce monstre de XANA avec nous. Odd n'a pas pu s'empêcher de faire une démo de ce qu'il savait faire. Il s'est ramassé une belle gamelle! On était tous morts de rire! Même Franz qui était resté au labo pour contrôler tout. Franz a réussi à bidouiller un programme pour avoir un visuel de Lyoko.
Ensuite Franz a dit que tout marchait correctement. Il a dévirtualisé Jérémie et il est venu sur Lyoko. Qu'est-ce qu'il est classe dans son costume! Il va super bien avec Anthéa! Il portait une belle toge blanche et un genre de chapeau d'enchanteur. Il avait aussi un grand bâton de marcheur en bois torsadé dans la main. On aurait dit Merlin l'enchanteur! Et Anthéa, elle, elle était sublime! Elle était vêtue comme une fée. Sa robe était d'un bleu magnifique. Pour le coup, je lui aurait bien piqué ses escarpins! J'en ai jamais vu d'aussi beaux!
On est restés sur Lyoko encore une dizaine de minutes puis Jérémie nous a dévirtualisés. On est tous remontés au labo. Là, Franz nous a dit que c'était tout pour ce soir et qu'on finirait demain. J'ai hâte que tout ça se termine! Ensuite on est tous partis de l'usine. Jérémie et Aélita sont partis à Kadic. Franz et Anthéa sont retournés à l'Ermitage. Et Ulrich et Odd nous ont raccompagnés Naru et moi à la maison. Là, par contre, Naru n'a pas recommencé comme tout à l'heure. Après ce que Papa a fait à Hiroki, elle a peut-être eu peur qu'il lui tatoue ses empreintes digitales sur la joue à elle aussi... Enfin bref, on est restés moi et Ulrich à se dire au revoir sur le seuil de la porte d'entrée. Même chose pour Naru et Odd. Ensuite, ils sont retournés à Kadic. Moi et Naru, on est allées se coucher. Je me suis pas endormie tout de suite! Normal, je suis encore en train d'écrire dans mon journal!!! Et Ulrich arrête pas de m'envoyer des mots doux par SMS! Faut que je lui dise d'arrêter sinon il va exploser son forfait! Et son père, enfin, son père adoptif va encore l'engueuler! Bon, là, j'ai sommeil, j'arrête d'écrire pour ce soir.
P.S.: J'allais oublier! Ulrich m'a invitée pour aller au cinéma demain soir. J'ai trop hâte d'y être! Lui et moi, tous les deux!!!! Faut que j'arrête d'y penser sinon je crois que je vais péter un câble et je vais pas dormir de la nuit!!
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Vendredi 14 mars, 22h47
Drôle de journée aujourd'hui. Ça fait bizarre d'avoir deux passés différents l'un de l'autre. Et j'ai l'impression d'avoir vécu les deux à la fois. Si je perds pas la boule après ça!!! Naru aussi, ça lui fait bizarre. On en a reparlé après être rentrés de l'usine, ce soir. Pendant que j'y pense, j'ai pas dit comment ça s'est passé aujourd'hui!
Bon, alors voilà comment la journée s'est passée. Ce matin, je me suis levée un peu plus tôt que d'habitude. J'avais hâte de retrouver Ulrich. Et j'étais pas la seule à être pressée. Quand je suis descendue dans la cuisine pour prendre mon petit dej', Naru était déjà là. Maman était étonnée de nous voir levées et prêtes à partir si tôt. Elle nous a demandé ce qui se passait. Alors on s'est regardées toutes les deux en souriant et Maman a dit qu'elle avait compris. On lui a reparlé de Papa et Hiroki hier soir. Elle nous a dit que Papa s'était emporté parce qu'on avait toutes les deux un petit copain mais que ça lui passerait et qu'il ne fallait plus en parler. Je lui ai demandé si je pouvais aller au cinéma avec Ulrich ce soir. Elle m'a répondu qu'il fallait qu'elle en parle à Papa avant qu'il parte au travail ce matin. Au même moment, Hiroki est descendu dans la cuisine. Il ne nous a pas charrié à propos d'Ulrich et Odd. Il n'avait pas intérêt, après ce qui s'est passé hier soir au dîner. Je crois qu'il a compris sa douleur.
Ensuite, on est partis tous les trois à Kadic. Il n'a pas dit un mot pendant le trajet, jusqu'à ce que Naru lui remue un peu le couteau dans la plaie. Là, il l'a envoyée paître sèchement. Vu comment il a réagi, Naru n'a même pas osé continuer. Elle aussi, elle a compris qu'il avait eu son compte. Alors on a repris nos papotages de filles jusqu'au collège. Et là, surprise! Ulrich et Odd nous attendaient à l'entrée! Quand on les a vus, on s'est mises à courir vers eux comme des dératées, moi et Naru. Je me suis jetée dans les bras de mon Ulrich et on s'est embrassés tendrement. Je me sens tellement bien quand je suis avec lui. Aussi bien que dans mes rêves, hier soir. J'adore quand il me regarde tendrement dans les yeux. Quand il fait ça, je fonds littéralement. On est ensuite allés retrouver Jérémie et Aélita qui se bécotaient sur le banc où on se retrouve habituellement. Apparemment, on les a dérangés un peu parce qu'ils étaient tous les deux gênés qu'on les interrompe. C'était trop mignon à voir! On a ensuite commencé à discuter de tout et n'importe quoi. Pour une fois qu'on n'a pas parlé de XANA, Lyoko et tout le reste, ça fait du bien.
La cloche a sonné et on a du se séparer. On est ensemble depuis hier seulement mais j'ai l'impression que c'est de plus en plus dur de partir des bras d'Ulrich pour aller en cours pour quelques heures. Je lui en ai parlé et il m'a dit que ça lui faisait pareil, à lui aussi. C'est marrant, j'ai remarqué que plus ça va et plus il dévoile ce qu'il ressent. Il a toujours un ton hésitant quand il le fait mais il le fait volontiers, alors qu'avant, c'était pas le cas. Je le trouve touchant quand il me dit tout ça. Et ça me rend encore plus amoureuse de lui. Si seulement on pouvait être dans la même classe! Ça serait tellement mieux! Mais bon, rêvons pas trop... Sinon, pendant les cours , rien à signaler, à part que j'ai pas arrêté de penser à lui. J'ai encore rien suivi du tout! Il faut que je trouve un moyen de me concentrer parce que sinon mes notes vont chuter à vitesse grand V et je vais entendre hurler les parents!
À midi, j'ai téléphoné à Maman pour savoir si Papa était d'accord pour que j'aille au ciné ce soir avec Ulrich. Elle m'a dit qu'il était d'accord si on y allait avec Naru et Odd et qu'on emmenait Hiroki avec nous! Je sens que ça va être sympa la soirée avec le petit morveux. Quand j'ai annoncé à Ulrich, il a été déçu! Lui qui voulait qu'on se fasse une petite soirée en tête à tête, c'est raté! Par contre Odd et Naru, eux, ils étaient contents! Et Naru a élaboré un plan pour éloigner Hiroki de nous! Elle lui a demandé d'inviter Milly au ciné ce soir! Évidemment, tellement trouillard qu'il est avec elle, il n'a pas osé lui demander. Et c'est Naru qui s'en est chargée! Elle est gonflée, quand même! Une grosse tarée, je vous l'ai déjà dit! Et la meilleur, c'est que Milly a dit oui! C'est pas pour médire, mais ça sent quand même la une du Kadic News de lundi à plein nez! Avec plein de photos indiscrètes, je vois le coup venir!
Ensuite, on est allés manger. Naru rigole toujours autant quand elle voit comment Odd mange. Et lui, ça ne le dérange pas plus que ça! On le changera pas, celui-là non plus! En même temps, entre Rosa Petit-Jean qui lui dit sans arrêt qu'il faut qu'il mange parce qu'il est maigrichon et nous qui lui disons qu'il faut qu'il se calme, il a dû faire son choix! Et c'est pas Rosa qui s'en plaindra! Par contre, ça se voit que c'est pas en face d'elle qu'il mange! Sinon, elle ne lui dirait sûrement pas la même chose!
L'après-midi a été plutôt calme. Il n'y avait que moi et Naru qui avions cours. Deux heures d'italien. Et pour une fois, j'ai tout suivi. Enfin presque. J'adore cette langue! Tous ces jolis mots qui sonnent bien. Et tous ces mots d'amour... J'ai bien envie d'en dire quelques uns à Ulrich mais il ne va rien comprendre! C'est dommage parce que c'est une langue si belle. Après la fin du cours, on a couru pour retrouver nos chevaliers servants qui nous attendaient sagement sur le banc. Aélita et Jérémie sont allés tous les deux à l'Ermitage en amoureux. C'est dingue comme Aélita a l'air complètement métamorphosée depuis qu'elle a retrouvé ses parents. Elle se sent beaucoup moins seule maintenant. Surtout que maintenant, elle a Ulrich comme petit frère. Enfin, petit frère... Il est quand même plus vieux qu'elle!
Après m'être jeté dans les bras de mon beau brun, on est allés tous les deux dans le parc pour flâner en amoureux. Naru et Odd nous ont suivi de loin. À un moment, Ulrich et moi, on s'est écartés du sentier principal et on s'est allongés dans l'herbe au pied d'un arbre. On était dans la clairière où passe le petit ruisseau, au pied des rochers. Les rayons du soleil passaient un peu à travers les feuillages. On était bien, là, tous les deux, blottis l'un contre l'autre, à regarder les quelques nuages passer lentement dans le ciel. J'avais posé ma tête sur son épaule. On ne se disait pas un mot. Et puis on a remarqué un nuage en forme de cœur. Alors on s'est regardé avec un sourire aux lèvres, il m'a caressé la joue et on s'est embrassé. Il est tellement craquant quand il me sourit, je ne peux pas y résister. On a ensuite un peu parlé de ce qu'on ressentait l'un pour l'autre. C'est moi qui ai lancé la discussion là-dessus. Au départ, ça a été un peu dur pour Ulrich, vu qu'il n'a pas l'habitude de confier ses sentiments à quelqu'un, mais plus ça allait et plus il était à l'aise. De temps en temps, on s'arrêtait de parler pour se faire des petits câlins. On était tellement bien ensemble qu'on n'a pas vu le temps passer. Il était 17h quand Naru et Odd nous ont rejoint. Ils nous ont vu quand se faisait un petit bisou et, évidemment, Odd n'a pas pu s'empêcher de faire une réflexion du genre:
« Ho! Comme ils sont mignons, tous les deux! On les laisserait une nuit entière ensemble qu'ils nous feraient tout plein de petits neveux et nièces! »
En plus il dit ça avec un grand sourire, comme si c'était naturel. Il ne changera jamais, celui-là! Et apparemment, c'est pas près de s'arranger! Parce que sur ce point-là, je crois qu'on a trouvé pire que lui. Si si, c'est possible! La preuve: Naru! On a beau lui dire d'arrêter, elle continue! Et quand elle s'arrête, elle nous demande si on lui fait la gueule. Décidément, c'est un sacré numéro, cette fille. Et dire que c'est ma jumelle! On ne se ressemble vraiment pas du point de vue du caractère. On est même à l'opposé l'une de l'autre. En fait, je crois bien qu'on est complémentaires toutes les deux. L'une ne va pas sans l'autre. En tout cas, ils font bien la paire, ces deux-là! Ils nous ont rappelé qu'on avait rendez-vous à l'usine pour finir ce qu'on avait commencé hier soir.
On est donc allés tous ensemble à l'usine. Quand on est arrivés au labo, c'était la grande discussion entre Franz et Jérémie. Ils parlaient informatique et ordinateurs, évidemment, pour pas changer! Aélita et sa mère étaient toutes les deux à parler dans leur coin. Elles essayent de rattraper le temps perdu. Elles viennent à peine de se retrouver et elles ont déjà l'air super complices toutes les deux. Un peu comme moi et Naru, d'ailleurs.
Quand on s'est rapprochés du supercalculateur, Franz a dit qu'on devait descendre à la salle des scanners. Alors on est tous montés dans le monte-charge et on est descendus. Franz et Jérémie sont restés tous les deux pour faire les manipulations. Aélita, moi et Naru, on est montées les premières dans les scanners. Les portes se sont refermées, tout s'est mis à fonctionner normalement. Et puis, au bout de trente secondes, j'ai remarqué que j'étais toujours dans le scanner. Alors j'ai demandé à Jérémie et à Franz si c'était normal que je ne sois toujours pas virtualisée. Ils m'ont dit que oui car on n'allait pas sur Lyoko, mais que la procédure se déroulait comme prévu et que je n'avais rien à craindre.
Tout d'un coup, j'ai eu comme une espèce de flash avec plein de souvenirs que je n'avais pas avant qui me sont apparus en mémoire. Des trucs que je ne me souvenais pas avoir vécu. Pourtant ils avaient l'air si réels. Là, j'ai commencé à paniquer. Jérémie m'a dit que c'était normal parce que tout ça servait à corriger les différences entre le passé de Naru et le nôtre. Ça m'a rassuré un peu. Le scanner s'est ouvert. Je me suis sentie un peu bizarre en sortant. Tout se mélangeait dans ma tête. Ce que j'avais vécu sans Naru et avec elle. J'avais l'esprit confus. Ça me mettais un peu mal à l'aise. Je me demande encore pourquoi.
Ensuite ça a été le tour d'Ulrich, Odd et Jérémie. Il est descendu à toute vitesse. Et quand il est arrivé devant son scanner, il a hésité avant de monter dedans. Il s'est sans doute souvenu de la dernière première fois où il s'est virtualisé et sa merveilleuse performance du moment! Qu'est-ce qu'on a pu rire à propos de ça! Franz et Anthéa sont passés en dernier. Quand j'y pense, ça fait bizarre d'avoir deux passés. À ce propos, il faudra que je parle de certains trucs avec Naru. Je crois qu'elle a des explications à me donner sur quelques coups tordus qu'elle m'aurait fait. Ça va chauffer pour son grade, à elle aussi!!!
En partant de l'usine, j'ai remarqué qu'on avait oublié William. Ulrich m'a dit que c'était pas grave. Odd et Jérémie étaient d'accord avec lui. Ça m'étonne d'Einstein... Ensuite, Franz nous a donné rendez-vous demain après-midi pour « l'ultime rendez-vous », comme il dit. Comme il était déjà 18h30, on est rentrées à la maison, moi et Naru, avec mon Ulrich et son Odd. On a dîné en famille et on est partis avec Hiroki rejoindre les garçons et Milly devant le ciné. Et là, Naru a encore frappé! Elle a réussi à feinter Milly et Hiroki pour qu'ils ne regardent pas le même film que nous. Comme ça, on a été tranquilles pendant tout le film, moi et mon Ulrich d'un côté, Naru et Odd du leur, et de préférence loin de nous! Franchement, c'était la soirée la plus géniale que j'ai vécu de toute ma vie! Même si je ne me souviens pas trop du film! Forcément, voilà ce qui arrive quand on est occupé à autre chose que regarder le film... On n'a pas arrêté de s'embrasser, tous les deux.
Et puis, on a dû rentrer. Visiblement, ça ne s'est pas passé comme ça aurait dû entre Milly et Hiroki. Ils sont ressortis en se faisant la tronche! Ulrich et moi, on a dû se séparer quand on est arrivés devant la grille du jardin. Ça a été super dur. Sur le coup, j'ai cru que j'allais pleurer tellement j'ai trouvé ça difficile. Il m'a réconforté et il m'a dit que c'était pas si grave parce qu'on se reverrait demain. On s'est embrassés une dernière fois et puis je suis rentrée dans la maison. Là, j'arrête pas de penser à lui. Et lui, il est encore en train d'exploser son forfait à m'envoyer des mots doux par SMS. Je crois que j'ai trouvé le petit copain idéal. Qu'est-ce que je l'aime, mon Ulrich!
P.S.: Hier soir, j'ai pas arrêté de rêvé de lui. C'était de la folie! Et je crois que ça va être pareil cette nuit!
Fin de l'épisode 26
Épisode 27: « Ultime rendez-vous » (Épilogue)
Yumi était dans les bras de son bien-aimé. Elle avait remarqué qu'il avait beaucoup grandi, au point qu'il était maintenant plus grand qu'elle d'une dizaine de centimètres. Son corps lui paraissait plus musclé. Une barbe avait aussi fait son apparition sur ses joues, et quand bien même il était rasé de près, elle réussissait à la deviner. Il lui chuchota quelques mots doux dans l'oreille. Elle ressentit alors une sensation jusqu'alors inconnue mais très agréable lui parcourir le corps entier. Elle le regarda dans les yeux. Elle éprouvait un sentiment encore plus fort que le jour où ils s'étaient embrassés la première fois dans la cour du collège. L'espace d'un instant, tout lui parut si fou, si irréel. Elle se trouvait aussi différente mais, sur le moment, elle n'aurait pas su dire en quoi. Elle se recula de lui pour le regarder et remarqua qu'il portait un magnifique smoking noir. Elle trouvait qu'il lui allait vraiment bien. Il la détailla du regard et lui dit:
« Le blanc te va vraiment à ravir! Tu es vraiment magnifique! »
Elle regarda alors sa tenue et constata qu'elle portait une magnifique robe blanche, pleine de volutes en tulle, telle une robe de mariée. Une légère bise souffla et fit bouger un voile blanc accroché au chignon de la belle japonaise. Elle le saisit pour voir ce qui s'agitait dans ses cheveux. Elle fut étonnée de sa découverte. Elle regarda ensuite Ulrich. Elle sentait son cœur battre vite et fort dans sa poitrine. Elle en ignorait la raison. Elle se demandait pourquoi ils étaient dans cette tenue qui, certes, leur allait à ravir tous les deux mais qui ne lui paraissait pas de circonstance. Ulrich lui demanda alors avec un grand sourire en plongeant son regard tendre dans les yeux de sa dulcinée:
« Alors, belle enfant? Quelle sensation cela vous fait-il d'être devenue madame Stern? »
Elle n'en crut pas ses oreilles. Ulrich venait de lui dire qu'ils s'étaient mariés. Elle était si heureuse et lui aussi en avait l'air. Elle approcha son visage du beau brun pour l'embrasser quand, brusquement, un brut extérieur, ou plutôt une voix, vint briser ce moment de magie.
« DEBOUT YUMI!! RÉVEILLE-TOI!! ULRICH T'ATTENDS!! »
Yumi fit alors un bond dans son lit. C'était la voix de Naru, qui se mit à rire en voyant sa sœur se réveiller en sursaut. Elle était rentrée dans la chambre de sa sœur alors que celle-ci dormait paisiblement.
« Naru! Tu fais chier! Je dormais bien! T'es vraiment une grosse tarée! » déclara Yumi en se frottant les yeux.
- « Je sais! Tu me le répètes assez souvent!
- Ouais bah visiblement, c'est pas encore assez!!!
- Mais si, mais si!! Tiens, au fait, je peux savoir de quoi tu rêvais?
- Pourquoi??
- Parce que t'arrêtais pas de sourire en poussant des petits gémissements!
- Quoi?! Et c'est pour ça que tu m'as réveillée comme ça??
- Ben ouais, pourquoi?
- T'es vraiment une perverse!! Faut que t'ailles te faire soigner! Ça devient urgent, là! »
Yumi se leva et s'étira en baillant. Elle regarda l'heure qu'il était. Puis elle saisit sa sœur par le bras en l'accompagnant jusqu'à la porte de sa chambre. Elle déclara alors:
« Quoi?! Huit heures trente-deux!! Un samedi!! Non mais je rêve! Allez, oust! Dehors, petite peste! Faut que je m'habille! Et après, je te fais ta fête!!!
- Ben, depuis quand ça te dérange de te changer devant moi?? Je te rappelles qu'on a le même corps, ma sœurette adorée!
- Et si j'avais pas envie de te le montrer?! Et puis, si t'aimes me mater quand je suis en petite tenue, c'est peut-être que t'es un peu lesbienne sur les bords, non?? » répondit Yumi avec un petit sourire en coin.
Naru ne sut pas quoi répondre et se laissa reconduire jusqu'à l'extérieur de la chambre. Elle ne s'attendait pas à une telle réponse de la part de sa sœur. Yumi, elle, savait qu'elles étaient très proches toutes les deux, mais elle n'avait aucun souvenir que c'était à ce point-là. Naru resta plantée devant la porte tant ce que sa sœur lui avait dit l'avait éberluée. Elle était toujours là, immobile quand Yumi sortit pour aller prendre son bain matinal. Cette dernière, surprise de la trouver encore là dans la position exacte dans laquelle elle l'avait quittée, lui demanda:
« Ben, Naru? Ça va pas?? Qu'est-ce qu'il y a??
- Non, non... Rien... » répondit sa sœur sur un ton évasif.
- Si si, quelque chose! Je vois bien que ça va pas! Qu'est-ce qu'il y a?
- Ben... C'est-à-dire que t'étais pas comme ça, avant... Ça fait bizarre...
- Ha... C'est ça! T'inquiètes pas, moi aussi, ça m'a fait bizarre au début quand t'étais là! Mais tu verra, on s'y habitue très vite!
- Ouais, mais là... »
Naru avait les larmes aux yeux. Elle était perdue. Pour elle, sa sœur avait beaucoup changé. Elle ne la reconnaissait plus. Yumi s'approcha de Naru et la prit dans ses bras pour la réconforter. Elle essuya les larmes de sa sœur.
« Pleures pas, ma puce! Ça va finir par passer! Moi aussi, ça me fait bizarre d'avoir deux passés simultanément! Mais je m'y fais! » dit-elle sur un ton rassurant.
- « Oui mais si je disparais à nouveau?? Est-ce que tu m'oublieras? » demanda Naru, inquiète.
- « Aucun risque que ça arrive, d'après Jérémie. Tu es passée dans le scanner et t'es allée sur Lyoko donc t'as plus rien à craindre pour ça! »
Naru fut soulagée. Elle serra sa sœur dans ses bras et posa sa tête sur son épaule. Elle lui dit alors:
« Je t'aime, sœurette. Heureusement que je t'ai sinon je ne sais pas ce que je deviendrais sans toi. T'es vraiment une fille formidable.
- Moi aussi, je t'aime, Naru. Ça fait à peine deux jours que t'es dans ma vie et je ne peux déjà plus me passer de toi! »
Les jumelles se décollèrent l'une de l'autre puis échangèrent un sourire complice. Naru mit une petite tape sur les fesses de Yumi en lui disant:
« Allez! Files à la salle de bain! Sinon j'en connais un qui va s'impatienter!
- Ouais, t'as raison! » répondit Yumi en lui faisant un clin d'œil complice.
Une heure plus tard, les deux japonaises arrivèrent à Kadic pour retrouver leurs princes charmants. Après une demi heure quelques démonstrations de leurs sentiments intenses, ils furent rejoints par Aélita et Jérémie. Puis ils se mirent en route pour l'usine. Franz et Anthéa étaient déjà sur place, les attendant à l'entrée du monte-charge. Ils descendirent tous ensemble directement à la salle du supercalculateur. C'était donc « l'ultime rendez-vous », comme l'avait dit Franz. Ils allaient enfin éteindre à jamais cette machine qui leur avait apporté tant de soucis et fait tant de frayeurs. Quand la porte du monte-charge s'ouvrit dans la pièce où trônait l'engin, Franz déclara:
« Nous y voilà enfin. Je n'espérais plus voir arriver ce jour. Nous allons enfin pouvoir éteindre le supercalculateur définitivement et sans crainte »
Tous sortirent du monte-charge pour s'approcher de l'engin. Franz pressa un bouton, ce qui eût pour conséquence de rendre accessible le levier qui permettait de couper l'alimentation du supercalculateur. Il demanda si quelqu'un voulait déclarer quelque chose pour l'occasion. Chacun des adolescents prit alors la parole tour à tour, racontant ses souvenirs et ce qu'il avait retiré de toute cette aventure. Anthéa, elle, exprima son regret face à la tournure de certains événements mais n'en voulait pas à Franz pour cela car ce n'était pas de sa faute, et qu'à sa place, elle en aurait fait autant pour sauver le monde. Puis ce fut au tour de Franz. Il évoqua, lui aussi, ses souvenirs et ses regrets. Cela faisait bien quarante cinq minutes qu'ils étaient là quand Franz abaissa le levier pour la dernière fois. Une alarme* retentit alors. Le supercalculateur se rétracta alors dans le puits qui lui était destiné et les portes recouvrant celui-ci se remirent en place pour en boucher l'accès. Tout le monde remonta dans le monte charge et s'en alla de l'usine. Celle-ci replongea alors dans le calme qu'elle avait perdu le jour où Jérémie y avait pénétré la première fois.
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Après le dernier retour vers le passé, ce fut la panique dans la Cuve. Lorsqu'il arriva à son travail, Marc découvrit avec effroi que le protocole Carthage et tout ce qui s'y rapportait avaient disparu du supercalculateur. Et pour cause, l'incendie qu'avaient provoqué Aélita et William avait détruit toute la mémoire quantique du supercalculateur qui s'y trouvait, rendant irrécupérables toutes les données et tous les programmes qui s'y trouvaient, même avec un retour vers le passé. Le fiasco de ce programme militaire top secret remonta jusqu'aux plus hautes sphères du ministère de la défense, qui ordonna aussitôt l'abandon de ce programme de recherches qui commençait à lui coûter très cher. Dans la foulée, le père adoptif d'Ulrich fut affecté à une nouvelle mission top secrète mais nettement moins avant-gardiste du point de vue technologique.
Quelques jours après l'extinction du supercalculateur, William, jaloux d'Ulrich, et Sissi, jalouse de Yumi, s'étaient mis à faire semblant de sortir ensemble pour tenter d'obtenir quelques réactions de leur part et parvenir à briser leur couple. Mais en vain. Ils pensaient que leur histoire d'amour n'était qu'éphémère mais ils se trompaient lourdement. À force de passer leur temps ensemble à manigancer des plans tordus pour séparer Ulrich et Yumi, ils n'avaient pas vu poindre en eux-même des sentiments envers l'autre. Au bout de six mois, ils sortaient ensemble. Mais leur histoire ne dura que deux ans. Après quoi, ils avaient jeté leur dévolu sur d'autres personnes que ceux qu'ils voulaient séparer initialement.
Contre toute attente, quelques jours après la sortie au cinéma, Hiroki et Milly sortaient ensemble. Ils étaient mignons à voir, tous les deux. Mais cela ne dura que trois mois, au grand regret d'Hiroki. Pendant cette période, Tamiya se sentit quelque peu délaissée par sa meilleure amie et le Kadic News ne faisait plus que quelques parutions épisodiques. Mais quand Milly fut séparée du jeune japonais, celui-ci reprit un rythme de parution normal et les critiques envers un élève de sixième dont le nom commençait par un H se mirent à fleurir dans le journal du collège, jusqu'aux grandes vacances. Celles-ci disparurent dès la rentrée suivante.
Dix années plus tard, Ulrich et Yumi s'étaient mariés. Tout s'était déroulé exactement comme dans le rêve de Yumi. Ils avaient eu trois beaux enfants. Un fils, nommé Keitaro, et deux filles, nommées Shinobu et Mistuné. Yumi était devenue avocate dans un cabinet de grande renommée et Ulrich professeur d'arts martiaux dans un grand club et champion de Pentchak Silat. Il s'était aussi réconcilié avec ses parents, qui lui avaient annoncé qu'il avait été adopté. Celui-ci les surprit en leur avouant qu'il était au courant depuis de nombreuses années mais s'était bien gardé de dire comment et par qui il l'avait appris.
Aélita et Jérémie ne s'étaient pas mariés mais vivaient ensemble et s'apprêtaient à s'unir à leur tour. Ils avaient déjà un enfant de trois ans qui s'appelait Jean. Jérémie était devenu informaticien. Les affaires tournaient bien pour lui. Il s'apprêtait à fonder sa propre entreprise de nanotechnologies appliquées aux systèmes informatiques. Aélita, quant à elle, avait fait des études en sciences mais avait vite abandonné ce domaine pour se consacrer avec succès à la musique.
Pour Naru et Odd, c'était un peu différent. Leur histoire était un peu chaotique au début, parsemée de disputes, de séparations et de retrouvailles. Ils s'aimaient passionnément mais n'étaient parvenus à stabiliser leur relation que très récemment. Ils n'avaient pas pas encore d'enfants mais envisageaient de se marier dans un avenir proche. Lui était dessinateur de BD à succès et elle avait suivit une voie proche de celle de sa sœur. Elle était devenue juriste dans un cabinet spécialisé.
Franz et Anthéa vivaient tranquillement à l'Ermitage, où personne ne venait les ennuyer. Lors du dernier retour vers le passé, Franz avait réussi à faire en sorte de se réhabiliter dans la vie civile ainsi qu'Anthéa pour pouvoir reprendre une vie normale, loin des regards indiscrets. Quelques mois après l'extinction du supercalculateur, il était retourné à l'usine en compagnie de Jérémie et Aélita pour le démonter et le remonter dans la cave de l'Ermitage. Ils avaient eu peur que quelqu'un ne le trouve à nouveau et ne commette quelques méfaits avec, comme créer un programme qui soit susceptible d'accéder un jour à la conscience... Ils l'avaient aussi fait au cas où ils en auraient besoin à nouveau un jour, mais, de l'avis de tous, c'était très peu probable.
Malgré tout cela, une question restait dans toutes les têtes. Comment XANA avait-il fait pour se retrouver dans ce complexe militaire perdu au milieu de nulle part et sans aucune connexion avec un quelconque réseau internet? Personne n'avait de réponse à ce propos et c'est pour cela qu'ils s'étaient bien gardés de détruire le supercalculateur.
Et depuis le jour de la première extinction du supercalculateur, on peut trouver sur internet en cherchant bien un petit programme compressé qui porte le nom de Udanax, qui n'a l'air de rien quand on le télécharge mais qui, une fois installé sur un engin suffisamment puissant, peut créer des ravages. Au fil du temps, les copies de ce petit programme ont tendance à disparaître du réseau. Mais on ne sait jamais, un jeune doué en informatique, un supercalculateur abandonné dans une vielle usine et une connexion à internet...
Fin de l'épisode 27
*: la même alarme qui retentit dans l'épisode 95 « Souvenirs ».
Fin de la fic